Soixantième session,
13e séance – matin
FEM/2076

Droits des femmes: le plaidoyer des organisations internationales et non gouvernementales

La Commission de la condition de la femme a achevé son débat général ce matin en écoutant des organisations internationales et d’autres de la société civile faire le plaidoyer du plein respect de tous les droits de la femme, sans exclusive.

Elles ont ainsi appelé à une coopération plus étroite entre les États Membres et la société civile pour faire le suivi de l’application des lois votées en faveur des femmes, et pour s’assurer que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 œuvre véritablement à un monde égalitaire.

La représentante d’International Women’s rights action watch Asia Pacific a par exemple estimé que l’autonomisation allait rester lettre morte si l’on ne faisait pas le lien entre les divers droits des femmes. 

Sa collègue d’Amnesty International s’est dite alarmée par toutes les violations des droits des femmes qui continuent de se produire dans toutes les sociétés, et elle a demandé aux États de prendre toute une série de mesures et notamment de défaire les stéréotypes sexistes qui empêchent les femmes et les filles d’exercer pleinement leurs droits.

Parmi ces stéréotypes, la représentante de World Association of girl Guides and Girls Scouts (WAGGGS) a dénoncé les normes qui accordent la priorité aux garçons et aux hommes, déplorant également que les médias accordent trop d’attention à une « image sexualisée » des femmes.

De nombreuses organisations ont également dénoncé la violence qui cible particulièrement les femmes, invitant les États Membres à faire davantage sur le plan législatif notamment pour lutter contre ce fléau.  Certains orateurs ont aussi préconisé un plus grand rôle des femmes dans la promotion de la culture de la paix, en faisant référence aux attentats de Bruxelles d’hier et à la montée du terrorisme et de l’intolérance à travers le monde.

Le droit à la santé des femmes aura été maintes fois revendiqué par les intervenants de ce matin.  Le représentant de la Fédération internationale de la planification familiale a ainsi fait observer que dans le monde, 225 millions de femmes n’avaient pas d’accès à la planification familiale, revendiquant pour l’occasion un accès universel à des services de santé sexuelle et génésique en leur faveur.    

Le représentant du Programme commun des Nations Unies sur le VIH et le sida (ONUSIDA) a, de son côté, rappelé que le VIH était la première cause de mortalité des femmes en âge de procréer, et que 56% des nouvelles infections chez les jeunes de 15 à 24 ans en 2014 étaient apparues chez des femmes.  Il a indiqué que l’ONUSIDA venait d’adopter sa stratégie pour la période 2016 à 2022, un accent étant mis sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes.

Des voix ont en outre demandé aux États de fournir une éducation de qualité à toutes les femmes et filles, y compris les autochtones et tous les autres groupes vulnérables et ou marginalisés.

Dans la sphère professionnelle, le droit à un emploi décent a retenu l’attention, avec la représentante de l’Organisation internationale du Travail (OIT) qui a rappelé que les femmes gagnaient 23% de moins que les hommes, alors que plus de 586 millions de femmes sont dans le secteur informel.  De plus, les femmes passent en moyenne deux fois plus de temps par jour que les hommes à faire du travail non rémunéré et du travail domestique et trois fois plus de temps dans les pays en développement.     

La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a insisté sur le fait que les politiques commerciales devaient être utilisées pour renforcer l’égalité des sexes, appelant à la production des données commerciales ventilées par sexe par les États Membres. 

L’Association internationale des juristes démocrates et les organisations membres du Comité des organisations non gouvernementales de Vienne sur la condition de la femme ont demandé aux États Membres de « promouvoir la sélection et la nomination d’une femme au poste de Secrétaire général de l’ONU ».  Elles ont aussi demandé à tous les membres du Conseil de sécurité d’associer davantage les femmes aux processus de paix.

La représentante du Centre de recherche Asie-Pacifique pour les femmes a résumé le débat en notant que dans l’optique de la réalisation des objectifs de développement durable, la communauté internationale ne devait pas seulement claironner que « personne ne sera laissé de côté », mais qu’elle devait également s’assurer que des ressources étaient investies à cette fin.

Par ailleurs, la représentante de la Thaïlande, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a présenté un projet de résolution intitulé « La situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter » pour lequel une décision sera prise demain.

Les travaux de la soixantième session de la Commission de la condition de la femme prendront fin demain. 

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXISIÈCLE »

c) Transversalisation de la problématique hommes-femmes, situations et questions de programme

Présentation du projet de résolution E/CN.6/2016/l.3

Suite et fin du débat général

M. KLOSI (Albanie) a dit que de nombreux efforts avaient été déployés pour l’autonomisation des femmes, notamment en adoptant des lois afin d’améliorer, par exemple, la participation des femmes en politique.  Le Gouvernement compte aujourd’hui huit femmes ministres soit 32%, tandis que le Parlement dénombre 23% de femmes députées. 

D’autres mesures sur la parité ont été prises dans la réforme du Code électoral, aux termes duquel 50% des maires sont des femmes.  Il faut renforcer la coordination des efforts pour que les acquis réalisés se pérennisent, a dit la délégation.  L’égalité des sexes est une des conditions du développement et de bonne gouvernance, a reconnu le représentant. 

Après avoir énuméré les acquis réalisés par son gouvernement dans le cadre de l’amélioration de la condition de la femme, M. MEHER AFROZ CHUMKI, Ministre d’État, Ministre des affaires des femmes et des enfants du Bangladesh, a dit que les « succès ont été entachés d’incidents de violence contre les femmes, de mariages ou de traites d’enfants ».  Le Gouvernement reste ferme pour briser toutes les barrières politiques et sociales qui entravent la réalisation de l’égalité des sexes dans la société. 

Le Gouvernement dépense 307 millions de takas, soit 2,2% du produit intérieur brut, pour la couverture sociale dont la plupart des bénéficiaires sont des femmes insolvables et divorcées.

La Ministre a ajouté que l’autonomisation politique des femmes était un autre domaine dans lequel le Bangladesh a fait des progrès remarquables.  Les postes de premier ministre, de président du Parlement, de vice-président de l’Assemblée et de chef de l’opposition sont occupés par des femmes.  

De plus, beaucoup de femmes et d’enfants souffrent de malnutrition et d’anémie.  Elle a assuré que son gouvernement s’efforçait de relever ces défis mais que les efforts nationaux devraient être complétés par la coopération internationale par laquelle peut être réalisée la cible « Planète 50-50 ».

M. SIDY GUEYE, Secrétaire général du Ministère de la femme, de la famille et de l’Enfance du Sénégal, a indiqué que son pays avait inscrit les problématiques du genre, de l’autonomisation des femmes et du développement social équitable dans les priorités de son programme de développement dénommé « Plan Sénégal émergent » (PSE), et qui vise à œuvrer à l’avènement d’une société solidaire dans un état de droit à l’horizon 2035. 

Le délégué a ensuite présenté un ensemble de projets gouvernementaux visant à renforcer l’autonomisation de la femme, notamment sur le pan économique.  Il s’est félicité du fait que le Sénégal ait connu des avancées en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles.  À ce propos, il a relevé que le Code pénal et le Code de procédures pénales avaient été révisés afin de garantir la protection des femmes et des filles contre toutes les formes de violence.

M. KEITH MARSHALL (Barbade) a déclaré que la violence domestique était une préoccupation majeure dans son pays.  Pour y remédier, le Gouvernement a mis en place des centres d’accueils pour femmes battues.  Il a créé, depuis 2013, une unité spéciale de police pour faire face aux conflits familiaux.  

Le mois dernier, une loi sur la répression de la violence domestique a été adoptée par le Parlement de la Barbade, a-t-il relevé, rappelant également que les actes de viol au sein des couples étaient désormais criminalisés.  Il a en outre déploré le fait que les femmes soient les plus touchées par la pauvreté, déplorant aussi que de nombreux stéréotypes barrent la voie à leur épanouissement.

M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a dit que la participation des femmes à la vie publique était une condition préalable à l’atteinte des objectifs du plan stratégique national du développement de la femme au Guatemala.  Le représentant a ajouté que pour réaliser les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 relatifs aux femmes, il était important d’accorder une attention particulière au travail non rémunéré de la femme et à sa contribution de la femme à l’économie. 

Il faut également surmonter la disparité salariale au détriment de la femme.  Dans le pays, a continué le représentant, le Gouvernement a mis l’accent notamment sur la santé génésique et reproductive des femmes.  Mais, a-t-il indiqué, le Guatemala a des réserves quant à la pratique de l’avortement.  Il a terminé en déclarant que le principal obstacle à l’autonomisation des femmes était la difficulté économique du pays.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a indiqué que la protection des droits de la femme était la priorité du Gouvernement.  Depuis l’indépendance, le principe de l’égalité des sexes est garanti par la Constitution.  La femme algérienne a beaucoup progressé sur le plan politique, économique et social.  Citant le Président algérien, le représentant a émis des réserves sur certaines dispositions de la Convention internationale sur la discrimination à l’égard des femmes. 

M. THIERRY ALIA (Bénin) a évoqué les deux défis dans l’autonomisation des femmes dans son pays.  Le premier est de pouvoir impliquer davantage les femmes dans les instances de prise de décisions.  Dans cette perspective, le Gouvernement béninois s’est engagé à continuer de prendre des initiatives visant à aboutir à des réformes structurelles et normatives au profit des femmes en matière de gouvernance politique, économique et sociale. 

Le second défi est celui de la transformation progressive des valeurs culturelles au sein de la société béninoise.  Ce défi est en rapport avec la perception que la société a du rôle et de place de la femme.  Il implique des changements profonds de mentalité tant du côté des femmes que de celui des hommes aussi bien aux plans traditionnel qu’éducationnel.

Mme MAKURITA BAARO (Kiribati) a salué le fait que les femmes représentaient un peu plus de la moitié des fonctionnaires de Kiribati, se félicitant également du fait que le nombre de femmes occupant des postes de responsabilité dans le Gouvernement avait augmenté, et que les trois ambassades que le pays comptait à travers le monde étaient toutes dirigées par des femmes. 

Elle a aussi présenté quelques initiatives visant à lutter contre la violence sexiste à Kiribati, mais elle a déploré les barrières géographiques qui empêchent le Gouvernement de pouvoir mettre en œuvre ses programmes partout.  Elle a ainsi expliqué que le pays était un vaste ensemble d’îlots éloignés les uns des autres, une situation qui le rend également très vulnérable aux changements climatiques, a-t-elle affirmé.

M. AMJAD MOHAMMAD SALEH AL-MOUMANI, Union pour la Méditerranée, a dit que son organisation avait développé des activités pour le développement de la région, avec un accent mis sur l’autonomisation des femmes.  Pour ce faire, un programme d’appui à l’égalité des sexes est en cours, et l’Union entend également supprimer les stéréotypes qui bloquent les efforts en vue de l’égalité des genres.  Le représentant a aussi dit que la parité était une option intelligente qui devrait permettre la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a en outre assuré qu’avec le terrorisme qui s’étend à travers le monde, comme on l’a encore vu hier à Bruxelles, il était important que les femmes soient davantage impliquées en matière de promotion de la culture de la paix.

Mme DEBORAH O’HARA RUSCKOWSKI (Malte) a estimé qu’il fallait faire plus pour accélérer les progrès dans le domaine de l’autonomisation des femmes.  Le mouvement pour l’égalité des sexes doit commencer à la base, a suggéré la représentante, qui a cité des exemples de coopération de Malte en Haïti, en Ouganda et au Zimbabwe ainsi qu’au Moyen-Orient. 

Les femmes, avec un peu d’aide, peuvent être la force pour mener notre génération vers le prochain niveau de réalisation des objectifs de la Commission de la condition de la femme, a-t-elle dit.  La représentante a aussi souligné l’importance des traditions familiales qui sont la base des droits de l’homme. 

Mme MUNAH E. PELHAM-YOUNGBLOOD, Union interparlementaire (UIP), a dressé un bilan de la réunion de l’Union de la semaine dernière relative à l’autonomisation des femmes.  La représentante a indiqué que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes faisaient face à de nombreux obstacles dans de nombreuses parties du monde.  Elle a pointé du doigt le fait que le statut économique et personnel des femmes n’est pas clair, de même que la persistance de la violence contre les femmes.  Pour y remédier, elle a reconnu que l’Union interparlementaire devrait veiller à ce que les droits des femmes soient protégés comme tous les autres droits notamment les droits de l’homme. 

Elle a appelé à une coopération plus étroite avec la société civile pour faire le suivi de l’application des lois votées en faveur des femmes.  Elle a ajouté que toutes les sociétés du monde devraient se pencher sur les lois discriminatoires contre les femmes et prendre des mesures.  Elle a également exhorté à ce que les lois adoptées en faveur de l’autonomisation des femmes soient dotées de moyens financiers pour leur application et leur mise en œuvre. 

M. PUVAN J. SELVANATHAN, International Trade Centre (ITC), a estimé que la participation des femmes au niveau macroéconomique mondial au même titre que les hommes représenterait l’équivalent des économies américaines et chinoises réunies avant 2025.  Le représentant a ajouté que le commerce peut être un moyen efficace pour la résilience et la transformation pour les pays en développement et les pays les moins avancés.  La réalisation de la pleine potentialité de cet outil exige que les femmes aient la possibilité de participer pleinement. 

Il a indiqué que les femmes détenaient seulement un cinquième des compagnies d’exportation et que les femmes entrepreneurs faisaient face à des obstacles à l’exportation.  C’est pourquoi, ITC a lancé l’initiative « SheTrades » et un appel à l’action au niveau mondial qui ont pour objectif d’amener un million de femmes sur les marchés mondiaux avant 2020.     

Mme JALEEL PARTOW, Programme commun des Nations Unies sur le VIH et le sida (ONUSIDA), a affirmé que le VIH/sida se propageait à cause des inégalités, et que la réalisation de l’égalité des sexes est cruciale pour mettre fin à la pandémie.  Elle a rappelé que le VIH était la première cause de mortalité des femmes en âge de procréer, et que 56% des nouvelles infections chez les jeunes de 15 à 24 ans en 2014 étaient apparues chez des femmes. 

Au vu de cette situation, elle a appelé à la promotion de la santé reproductive et sexuelle des jeunes femmes.  Elle a indiqué que l’ONUSIDA venait d’adopter sa stratégie pour la période 2016-2022, un accent étant mis sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes, avec par exemple des directives pour faire en sorte que la réponse des pays face à la pandémie du VIH tienne compte de l’approche genre, y compris de la réalité de la violence sexiste.

Mme ISABEL GARZA RODRIGUEZ, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a appelé à lutter contre les obstacles à l’autonomisation économique des femmes.  Elle a dit que la CNUCED insistait sur le fait que les politiques commerciales devaient être utilisées pour renforcer l’égalité des sexes, et elle a appelé à la production des données commerciales ventilées par sexe par les États Membres. 

Elle a déclaré que la treizième Conférence ministérielle de la CNUCED, qui se tiendra en juillet prochain à Nairobi, sera l’occasion de passer des mots à l’action afin de véritablement changer la vie des femmes dans la sphère du commerce.

Concernant l’issue de la soixantième session de la Commission de la condition de la femme, Mme ANNE CHRISTENSEN, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a demandé un texte équilibré qui intègre des références sur la mise en place d’un climat national sensible à l’égalité des sexes et des plans d’action de gestion des catastrophes naturelles.  Le projet de résolution devrait reconnaître le rôle vital des femmes dans la réduction des risques de catastrophe, la réponse et le relèvement, et la nécessité d’améliorer l’accès, les capacités et les possibilités pour les femmes de participer efficacement et de manière égale dans ces actions. 

La représentante a ensuite procédé à une longue énumération des activités de la Fédération en faisant état notamment de l’adoption, par la trente-deuxième Conférence internationale de la Croix-Rouge, d’une résolution sur « la violence sexuelle: action commune sur la prévention et la réponse ». 

M. KEVIN CASSIDY, Organisation internationale du Travail (OIT), a attiré l’attention des membres de la Commission sur les initiatives « End Poverty », « Future of Work » et « Woman at Work) qui contribueront à soutenir les efforts de la communauté internationale dans la réalisation des Objectifs de développement durable.  Il a ajouté que le dernier rapport du BIT sur les tendances 2016 du travail des femmes dévoilait des nouvelles données sur les écarts inacceptables dans le domaine de l’emploi des femmes. 

Il a indiqué que les femmes gagnaient 23% de moins que les hommes.  Plus de 586 millions de femmes sont dans le secteur informel.  Les femmes passent en moyenne deux fois plus de temps par jour que les hommes à faire du travail non rémunéré et du travail domestique et trois fois plus de temps dans les pays en développement.  Il a aussi noté les difficultés des femmes à accéder à la protection maternelle ou à recevoir des pensions.  « Ces écarts doivent être comblés par la communauté internationale si nous voulons réaliser les objectifs de développement durable », a-t-il estimé. 

M. PETER THOMSON (Fidji) a dit qu’en 2014, le pays avait adopté une politique d’égalité entre les sexes, affirmant ainsi son engagement en faveur de la justice sociale.  Il a souligné que la participation des femmes au tissu économique était importante pour réaliser un développement qui soit durable. 

Le représentant a aussi dit que les femmes de Fidji étaient particulièrement vulnérables face aux catastrophes naturelles, et il a invité la communauté internationale à soutenir les femmes de son pays afin qu’elles puissent participer aux rencontres internationales comme la présente. 

« Action by Churches Together » (ACT) Alliance, un réseau de 146 églises et organisations religieuses travaillant dans 140 pays, s’oppose à toute discrimination fondée sur la nationalité, la race, le sexe, l’identité sexuelle, l’orientation sexuelle, la croyance religieuse, la classe ou l’opinion politique.  Si la religion peut constituer un obstacle au progrès vers la parité des sexes, elle peut aussi avoir un effet transformateur, comme on l’a vu récemment avec la réponse à la crise de l’Ebola.  L’Alliance considère donc que les États devraient reconnaître le rôle joué par la foi et par les organisations de droits des femmes dans les situations d’urgence.

Alarmé par toutes les violations des droits des femmes qui continuent de se produire dans toutes les sociétés, Amnesty International a demandé aux États de prendre toute une série de mesures et notamment de défaire les stéréotypes sexistes qui empêchent les femmes et les filles d’exercer pleinement leurs droits, et de « faire en sorte que les coutumes, les traditions ou la religion ne soient pas utilisées pour justifier la discrimination ou des pratiques néfastes ». 

Les États devraient aussi s’assurer que les objectifs de développement durable, les cibles et les indicateurs aux niveaux national et régional tiennent compte de la problématique hommes-femmes et se fondent sur les droits de façon inclusive.    

La représentante du Centre de recherche Asie-Pacifique pour les femmes a déploré le peu d’attention qui est accordé à l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires.  Elle a aussi regretté les effets négatifs qu’ont les changements climatiques sur les femmes de la région Asie et Pacifique.  « Nous avons besoin de plus de lois et de politiques contre les violences sexistes et le viol », a-t-elle ensuite plaidé, précisant que les viols qui avaient court à l’intérieur du mariage devaient être également pris en compte.  Elle a souligné que dans l’optique de la réalisation des objectifs de développement durable, la communauté internationale ne devait pas seulement claironner que « personne ne sera laissé de côté », mais qu’elle devait également s’assurer que des ressources étaient investies à cette fin.

La représentante de la Communauté internationale Baha’i a dit que les dirigeants religieux avaient un rôle majeur à jouer en matière d’égalité des sexes.  Pour réaliser un changement, il faut démanteler les pratiques sociales qui perpétuent les inégalités, a-t-elle demandé.  Elle a aussi appelé à mettre fin à la logique de confrontation entre les responsables laïques et les dirigeants religieux, affirmant que tous doivent travailler ensemble en vue d’envoyer un message unique qui met l’accent sur notre humanité commune et sur la paix.

Le Centre pour les droits reproductifs (Center for Reproductive Rights), a proposé de mettre en place de véritables mécanismes, tels des ombudsmans, un suivi citoyen ou des tribunaux pour les droits des patients, afin de combattre la violence, la coercition et la discrimination pratiquées à l’encontre des individus qui cherchent des services et des informations relatifs à la santé sexuelle et génésique.  Il faudrait également permettre aux personnes affectées et aux organisations non gouvernementales de faire rapport, de façon indépendante, sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

La représentante du Centre pour l’économie communautaire et le développement a souligné la reconnaissance du rôle des femmes rurales pour assurer la réalisation des objectifs de développement durable.  La vie des femmes rurales ressemble à un potentiel non exploité tant elles s’occupent non seulement du bien-être de leurs familles mais aussi de la survie économique et sociale de leurs sociétés. 

En outre, les femmes rurales sont dépositaires de savoirs ancestraux et de connaissances traditionnelles.  Pour bénéficier de cette potentialité, il faut tenir compte dans les plans de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 de leur apport, notamment dans les domaines de la protection de l’environnement, de leurs connaissances traditionnelles et de la transmission des valeurs familiales et traditionnelles. 

La Coalition contre la traite des femmes (Coalition against Trafficking in Women), a exhorté les gouvernements à respecter le droit international et à faire en sorte « que le commerce sexuel n’apparaisse jamais en tant que travail dans quelque projet d’autonomisation des femmes que ce soit ».  Le commerce sexuel, y compris la prostitution et diverses formes de violence sexuelle, résulte de la soumission historique des femmes aux hommes; il perpétue le bas statut social des femmes en les reléguant au rôle de « marchandise sexuelle ».  La Coalition est préoccupée par la légitimation croissante d’un tel commerce qui promeut la sexualisation et la transformation de femmes en objets. 

La Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine (IFMSA), a déploré le manque d’accès adéquat à des services de santé sexuelle et génésique, y compris à une éducation sexuelle de qualité, à l’avortement légal et sûr, et à des services de planification familiale.  Ce manque contribue aux taux de grossesses non désirées chez les adolescentes, à la mortalité maternelle et aux décès résultant d’avortements à risque.  Il faut lever les barrières qui empêchent les femmes de décider « si, quand, et à quelle fréquence elles veulent avoir des enfants ».  Il faut également mettre un terme aux pratiques néfastes telles que les mutilations génitales féminines, les mariages précoces et forcés et la violence sexiste sous toutes ses formes. 

L’Association internationale des juristes démocrates et les organisations membres du Comité des organisations non gouvernementales de Vienne sur la condition de la femme ont, dans une déclaration formelle, demandé aux États Membres et au système des Nations Unies d’introduire des indicateurs sexospécifiques dans les plans de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elles ont demandé aux États Membres de « promouvoir la sélection et la nomination d’une femme au poste de Secrétaire général de l’ONU ».  Elles ont aussi demandé à tous les membres du Conseil de sécurité d’associer davantage les femmes aux processus de paix.

La Fédération internationale des femmes universitaires (IFUW), a exhorté les États Membres à consacrer un minimum de 6% de leur produit intérieur brut (PIB) à une éducation de qualité pour tous.  À cet égard, les enseignants, dont le statut doit être mieux reconnu, doivent aussi recevoir une excellente formation et des salaires compétitifs.  De plus, la Fédération a demandé aux États de fournir une éducation à toutes les femmes et filles autochtones, en tenant compte des savoirs traditionnels.  Elle les a appelés à utiliser des données ventilées par sexe dans leurs politiques éducatives.  

Le représentant de la Fédération internationale de la planification familiale, a dit que 225 millions de femmes n’avaient pas accès à la planification familiale dans le monde actuellement.  Mais pour atteindre l’objectif de développement durable numéro 8, les femmes doivent avoir accès aux méthodes de contraception moderne et jouir de leurs droits à déterminer le nombre de leurs enfants et la taille de leurs familles.  Pour ce faire, il faut investir dans les droits sexuels et génésiques des femmes et des filles, a estimé le représentant, qui a appelé les gouvernements à agir.

La représentante d’International Women’s rights action watch Asia Pacific a estimé que l’autonomisation allait rester lettre morte si l’on ne faisait pas le lien entre les divers droits des femmes.  Elle a rappelé que le nouveau programme de développement avait mis l’accent sur l’intégration de tous les droits de l’homme.  Elle a souhaité que des précisions soient apportées sur les notions d’égalité et de non-discrimination, assurant que l’égalité ne devait pas être confondue avec l’équité qui est essentiellement subjective.  Elle a également souhaité que les indicateurs de mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable soient établis en tenant compte de la nécessité du respect des droits de l’homme.

L’organisation « Solar Cookers International » a mis l’accent sur les avantages de la cuisson de l’eau et des aliments à partir de l’énergie solaire, qui permet de libérer les femmes d’une grande partie de leur travail quotidien.  En effet, ce sont presque trois milliards de personnes, en majorité des femmes et des filles, qui cuisent encore au bois ou en utilisant des déchets agricoles, du charbon et des combustibles fossiles.  Outre leurs problèmes de santé liés à la pollution qui s’en dégage, elles consacrent la part la plus importante de leur budget à ces combustibles et ne sortent pas du cycle de la pauvreté.       

L’Association des États-Unis pour les Nations Unies (UNA-USA), a indiqué qu’elle avait organisé, de 2013 à 2015, une cinquantaine de consultations nationales sur les objectifs de développement durable qui ont fait ressortir de façon prioritaire l’impératif de la parité des sexes.  Aux États-Unis, malgré une quantité de progrès, les femmes issues des minorités continuent d’avoir un accès inégal à la justice et des salaires inégaux.  Enfin, les États-Unis restent l’une des rares nations à ne pas avoir ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.   

La représentante de Women’s global network for reproductive rights a dénoncé les lois restrictives des droits reproductifs des femmes dans certaines régions du monde.  Les gouvernements doivent assurer les droits sexuels des femmes et des filles pour qu’elles puissent s’épanouir dans des sociétés exemptes de violence et de discrimination contre les femmes.  Tous les autres droits dépendent notamment de la jouissance des droits sexuels et reproductifs des femmes, a estimé la représentante.

La représentante du Centre régional des droits de l’homme et de la justice des genres, a demandé une réglementation plus rigoureuse contre les violences sexistes.  Elle a exigé la modification des législations nationales afin qu’elles promeuvent l’égalité des sexes et l’exercice des droits fondamentaux des femmes.  La représentante a mis aussi l’accent sur les droits des femmes vulnérables et des femmes victimes des conflits armés.  Elles devraient participer au processus de réconciliation, a-t-elle suggéré.  S’agissant des femmes rurales, elles devraient avoir le droit d’accès à la terre, a estimé la représentante.

La représentante de World Association of girl Guides and Girls Scouts (WAGGGS), a dénoncé les normes qui accordent la priorité aux garçons et aux hommes, et les médias qui accordent trop d’attention à une « image sexualisée » des femmes.  Pour améliorer la condition et l’autonomisation de la femme, elle a demandé notamment la fin des mariages précoces et des mutilations génitales féminines, des préjugés et des inégalités économiques et sociales au détriment des femmes.  Elle a également exigé la création d’un système assurant la santé reproductive et sexuelle des femmes et des filles dans chaque pays.

L’Association chrétienne des jeunes femmes du monde (World YMCA), a fait remarquer que plus de 15% d’entre elles vivaient dans l’extrême pauvreté et que, dans les pays du Sud, une fille sur trois était mariée avant d’avoir atteint l’âge de 18 ans.  « Les hommes prennent de plus en plus le contrôle de nos corps et ils ont le pouvoir de décision dans les confrontations politiques et les conflits armés », s’est plainte la représentante.  Elle a notamment demandé qu’il soit mis fin à la violence contre les jeunes femmes et les filles et que celles-ci aient accès à une éducation de qualité aux niveaux secondaire et supérieur.  Elle a également revendiqué un accès universel à des services de santé sexuelle et génésique. 

La représentante de GRAIL a invité les États Membres à adopter des lois en faveur de l’inclusion des jeunes filles.  Elle a demandé une éducation de qualité pour ces dernières, ainsi qu’un environnement scolaire sûr pour les élèves.  Elle a dit que l’éducation des filles devait être une priorité mondiale afin de rompre avec le cycle des inégalités entre les genres.  Elle a ensuite déploré la violence sexiste, appelant les gouvernements à promouvoir des lois adéquates pour y faire face.  La représentante a aussi plaidé en faveur de la santé reproductive et sexuelle des filles, et elle a dit la volonté des filles à participer au dialogue intergénérationnel et au développement durable.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.