9905e séance – matin
CS/16051

Conseil de sécurité: les déplacements forcés dans le monde

(Le compte rendu de la réunion sera disponible ultérieurement.)

Ce matin, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, fera un exposé devant le Conseil de sécurité sur les défis posés par les déplacements forcés dans le monde.  Au cours de cette séance au format interactif, les membres du Conseil pourront poser des questions au Haut-Commissaire.

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Exposé du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés

Exposé

M. Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, qui a indiqué qu’il s’agit « probablement » de son dernier discours devant le Conseil de sécurité en sa qualité de Haut-Commissaire, a affirmé s’adresser au Conseil au nom des 123 millions de personnes déplacées de force à travers le monde.  Il s’est notamment attardé sur la situation au Soudan, où une personne sur trois a fui son foyer à cause d’une situation indescriptible: violence aveugle, maladies, famine, atrocités sexuelles généralisées, inondations, sécheresses. 

Il a averti que les conséquences de ce conflit s’étendent désormais aux pays de la région qui accueillent collectivement plus de 3 millions de réfugiés soudanais.  Les plus touchés sont le Tchad et le Soudan du Sud qui sont confrontés à d’énormes défis, outre l’afflux de réfugiés, mais qui ont maintenu leurs frontières ouvertes malgré un financement humanitaire largement insuffisant. Il a rappelé que le dernier appel régional pour les réfugiés n’est financé qu’à hauteur de 11% tandis que les besoins sont énormes, a-t-il déploré, signalant par ailleurs les lois et politiques tchadiennes relatives aux réfugiés sont parmi les plus progressistes au monde.  Ce qui leur manque, ce sont les ressources nécessaires pour continuer à accueillir des réfugiés, a-t-il déploré, appelant à ne pas les laisser seuls: car rien n’est inévitable dans la décision d’accueillir, de protéger et d’aider les réfugiés – comme le démontre les réponses bien moins accueillantes aux déplacements dans des pays bien plus riches. 

M. Grandi a indiqué que si la dynamique actuelle, caractérisée par une impuissance résignée et une aide en baisse, ne change pas, les effets déstabilisateurs de la guerre au Soudan vont s’accroître, y compris les mouvements de population.  Il y a déjà plus de 200 000 Soudanais en Libye aujourd’hui, dont beaucoup pourraient se diriger vers l’Europe, a-t-il précisé. 

Le Haut-Commissaire s’est dit également très préoccupé par les derniers développements en Ukraine, appelant à ne pas oublier le sort de plus de 10 millions d’Ukrainiens déplacés, dont 7 millions de réfugiés.  Il a jugé crucial de continuer à planifier leur retour éventuel dans leurs communautés, tout en reconnaissant que ces personnes ne reviendront pas si elles ne sont pas en sécurité, à court et à long termes, si elles n’ont pas accès à un logement décent, à des services et à un emploi, et si elles ne sont pas convaincues que les conditions de paix sont durables. 

Il a ensuite rappelé qu’au Myanmar, la situation critique de la minorité rohingya s’est également aggravée.  De ce fait, 1,2 million de Rohingya sont aujourd’hui réfugiés, principalement au Bangladesh, où ils croupissent dans des camps, sans emploi, privés de liberté d’action, et entièrement dépendants d’une aide humanitaire de plus en plus précaire. Pour trouver des solutions à la situation critique des Rohingya et commencer à recréer les conditions du retour des réfugiés, a-t-il préconisé, le dialogue avec toutes les parties est une première étape essentielle pour que les agences humanitaires, y compris le HCR, puissent rétablir leur présence et reprendre l’aide humanitaire dont elles ont désespérément besoin, en toute sécurité et en toute liberté. 

Poursuivant, le Haut-Commissaire a constaté que pour la première fois depuis des décennies, une lueur d’espoir se fait jour en Syrie, notamment pour les millions de Syriens toujours déplacés, dont 4,5 millions sont réfugiés dans les pays voisins.  Il a appelé à alléger les sanctions, soutenir sérieusement le relèvement rapide, stimuler les investissements du secteur privé et d’autres acteurs, afin de créer les conditions pour que les éléments fondamentaux d’une vie digne (sécurité, eau, électricité, éducation, opportunités économiques) soient accessibles au peuple syrien alors qu’il commence à reconstruire ses communautés. 

M. Grandi a enfin mentionné la situation critique du financement de l’aide.  « On entend parler de priorisation des intérêts nationaux, d’augmentation des dépenses de défense – autant de préoccupations légitimes, bien sûr, et de visées étatiques légitimes.  Mais ces préoccupations ne sont pas incompatibles avec l’aide, bien au contraire », a-t-il clamé.  Il a rappelé sa position selon laquelle « l’aide est synonyme de stabilité ».  En gelant ou en réduisant les budgets d’aide, ce qui signifie, entre autres, retirer le soutien de pays d’accueil parfois très fragiles et abandonner les personnes déplacées à leur sort, on compromet sa propre stabilité, a-t-il expliqué.  « Après plus de 40 ans dans l’humanitaire et près de 10 ans à mon poste actuel, je continue de croire que c’est en s’asseyant à la même table que toutes les voix peuvent être entendues, les fortes comme les moins fortes », a-t-il affirmé. 

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