En cours au Siège de l'ONU

Session de 2025, Forum sur le suivi du financement du développement
1re & 2e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7200

ECOSOC: lancement du forum sur le suivi du financement du développement deux mois avant la conférence de Séville

Le forum sur le suivi du financement du développement intervient à un moment charnière, caractérisé par des possibilités et nombre de difficultés, a déclaré le Président du Conseil économique et social (ECOSOC) en résumant le contexte dans lequel se prépare la quatrième conférence internationale sur ce sujet, prévue à Séville du 30 juin au 3 juillet. M. Bob Rae a misé sur ce forum, aujourd’hui et demain, pour préparer l’avenir en rappelant que les financements alloués aux objectifs de développement durable (ODD) sont insuffisants. 

« Nous nous heurtons à de dures réalités », a reconnu M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, tout en observant que c’est dans les périodes difficiles qu’un investissement responsable et durable s’impose.  Alors que les négociations sur le projet de document final de Séville se poursuivent, le Secrétaire général a insisté pour que des mesures soient prises dans trois domaines clefs, à commencer par la dette. 

M. Guterres a invité notamment à mettre en place un dispositif pour aider les pays en développement à gérer leurs dettes et à améliorer leur situation de trésorerie en temps de crise.  De leur côté, les agences de notation doivent revoir leurs méthodes, qui font grimper les coûts d’emprunt pour les pays en développement, a-t-il recommandé.

Le Secrétaire général s’est également adressé aux banques multilatérales de développement, qui sont selon lui le moteur du développement. « Nous continuerons à faire pression pour tripler la capacité de prêt des banques multilatérales de développement, en les agrandissant et en les rendant plus audacieuses, comme le prévoit le projet de document final. »  Et il faudra que les pays en développement soient représentés équitablement –et aient voix au chapitre– dans la gouvernance de ces institutions, dont ils dépendent, a-t-il ajouté. 

Pour augmenter tous les flux de financement, le Secrétaire général a souhaité des mesures concrètes.  Le Président de l’ECOSOC a souligné à cet égard l’importance de la mobilisation des ressources publiques nationales.  M. Rae a mis l’accent sur le commerce, qui est un moyen de sortir de la pauvreté, et appelé à ne pas ériger de nouveaux obstacles.  Pointant les récentes décisions de l’Administration Trump à cet égard, il a exprimé le besoin de relations commerciales durables entre les pays.  « Dans une guerre commerciale, tout le monde est perdant, en particulier les pays et les populations les plus vulnérables, qui sont les plus durement touchés », a mis en garde leSecrétaire général.

« Le temps presse », a reconnu M. Philemon Yang, Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale en soulignant qu’il ne reste que cinq ans pour atteindre les ODD. « Utilisons ce forum pour combler les fractures, bâtir la confiance et jeter les bases d’une conférence de Séville couronnée de succès », a lancé M. Yang en appelant à agir pour réaffirmer le Programme d’action d’Addis-Abeba.

Cette séance d’ouverture a entendu également les coprésidents du Comité préparatoire de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement.  M. Zéphyrin Maniratanga (Burundi) a signalé la tenue de plus de 60 événements parallèles dans le cadre du forum, qui démontrent l’intérêt soutenu pour ces travaux.  Rappelant qu’il faut aujourd’hui 4 000 milliards de dollars par an pour pouvoir atteindre les ODD en 2030, comme le souligne le projet de document final de la Conférence, il a appelé à une mobilisation ambitieuse d’investissements en faveur des ODD et à une réforme en profondeur de l’architecture financière internationale.

M. Rui Vinhas (Portugal) a, lui, salué la participation au forum de la société civile et des Directeurs exécutifs de la Banque mondiale et du FMI après les réunions de printemps qui viennent de se tenir à Washington.

Le dialogue et la coordination sont plus importants que jamais, a enchaîné la Secrétaire d’État à la coopération internationale de l’Espagne, pays hôte de la Conférence.  Mme Eva María Granados Galiano a assuré que son pays est engagé à assurer le multilatéralisme, convaincue que « la coopération nous emmènera plus loin que la concurrence entre nous ».

« La conférence de Séville devra démonter qu’ensemble nous pouvons agir, que la volonté politique de nos pays pour améliorer la vie des personnes est plus forte que les difficultés ou les incertitudes. »  Mme Granados Galiano a émis l’espoir d’atteindre ainsi des résultats ambitieux et pragmatiques, en prévoyant un mécanisme de suivi efficace.  Le coût de l’inaction serait plus élevé que les déficits de financement, a-t-elle mis en garde.  Elle a annoncé qu’une « plateforme d’action de Séville » s’ajoutera au document final de la Conférence, pour faire tout ce qui est possible au niveau de la mise en œuvre.

La journée s’est articulée autour de cinq discussions au niveau ministériel.

Réduire les coûts d’emprunt et promouvoir des solutions de dette axées sur le développement

Modérée par M. Claver Gatete, Secrétaire général adjoint et Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique, la première discussion de la journée a permis aux ministres présents et aux délégations de débattre de solutions au problème de la dette souveraine et notamment de l’opportunité de créer un mécanisme multilatéral pour la gérer. La restructuration de la dette, le rôle des agences de notation des crédits et le crédit carbone ont également été abordés.  En introduction, le modérateur a rappelé que le coût d’emprunt sur le continent africain se situe entre 12% et 20%, des chiffres qui ont fait grimper la dette des pays africains à 1 000 milliards de dollars.  Ces pays, qui doivent rembourser chaque année quelques 100 milliards de dollars aux créanciers, font face à des déficits budgétaires chroniques et manquent des ressources pour des secteurs essentiels comme la santé, l’éducation et les infrastructures.  La crise est aggravée par les barrières douanières et, dans des pays comme le Botswana et Maurice, la situation ne cesse de se dégrader, s’est désolé M. Gatete. 

« Je suis préoccupée par toutes ces incertitudes qui entourent la réalisation des ODD et par l’augmentation du coût de l’emprunt », a admis Mme Rania Al-Mashat, Ministre de la planification, du développement économique et de la coopération internationale de l’Égypte, lançant la série d’exposés.  Selon elle, la priorité pour les gouvernements est d’avoir un « message clair » sur leurs programmes de réformes et leurs objectifs afin de renforcer leur crédibilité et réduire les coûts de l’emprunt.  La clarté est une condition nécessaire pour impliquer le secteur privé, pour réduire les coûts et mobiliser les financements, a-t-elle explicité.  S’agissant de la restructuration de la dette, elle a conseillé de l’orienter vers des projets de développement qui offrent un intérêt mutuel, y compris pour le secteur privé.  La Ministre a invité à saisir la fenêtre de tir pour permettre la restructuration de la dette et pour qu’il y ait moins de nervosité sur le marché.

« À la conférence de Séville, ce qu’il faudrait faire, c’est renforcer les unités de remboursement », a suggéré M. William Roos, Secrétaire adjoint pour les affaires multilatérales, de développement et du commerce de la France.  Nous avons besoin de transparence, d’une meilleure gestion des passifs, a-t-il poursuivi.  Ensuite, le haut fonctionnaire français a exhorté à mobiliser les ressources et l’épargne au niveau national en créant une passerelle entre les obligations souveraines et la population.  La capacité d’absorption des chocs est importante selon lui, tout comme les clauses de suspension de la dette en cas de catastrophe naturelle d’origine climatique. Tout ceci contribue à abaisser le coût de l’emprunt, a-t-il assuré.  L’intervenant a de plus souligné le rôle essentiel des banques de développement s’agissant des financements concessionnels et à faible coût. 

Prenant le cas de l’Afrique, M. Roos a recommandé, pour réduire les risques, de développer des bases de données de meilleure qualité et de renforcer la coopération avec les agences de notation de crédits.  À cela, il a ajouté la réforme des réglementations financières des pays développés si elles sont fondées sur les risques.  Concernant la coordination de ces initiatives, M. Roos a attiré l’attention sur le « cadre commun » proposé par le G20.  La restructuration de la dette n’est pas un outil de développement en soi mais elle ouvre la voie à de nouveaux prêts et de nouveaux financements qui contribuent au développement, a-t-il résumé. 

« Sao Tomé-et-Principe est un tout petit pays », a dit M. Gareth do Espírito Santo Guadalupe, Ministre des finances de Sao Tomé-et-Principe, mais nous avons choisi de transformer l’une de nos deux îles pour préserver la diversité biologique et faire office de puits de carbone pour le bien de la planète, pour en faire une réserve spéciale. »  Le Ministre a attiré l’attention sur le sacrifice que cela représente pour la population, tout en reconnaissant que cela avait permis de préserver la forêt, « un service essentiel ».  Les outils d’amélioration des crédits, les garanties, les assurances face aux risques climatiques doivent être mis à disposition pour réduire les paiements et les risques, a-t-il recommandé avant de demander l’élargissement des financements concessionnels.  Le Ministre a salué l’effacement par le Portugal de la dette de son pays et a invité tous les créanciers à faire de même.  Il a aussi plaidé pour l’automaticité des clauses de suspension de la dette dans les catastrophes naturelles, ainsi que pour une aide particulière en faveur des pays insulaires au vu de leurs situations particulières.

Au cours du dialogue interactif avec les délégations, une représentante de la société civile a repris l’idée de réformer les agences de notation des crédits, soutenue en cela par l’Indonésie et l’Érythrée, qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique. Ce groupe a demandé la restructuration de la dette extérieure, la création d’une autorité de la dette, l’amélioration de l’accès aux marchés financiers, la réduction des coûts des crédits ainsi que la mise en place d’un réseau commun de projets. 

« Préparons-nous aux crises de la dette en créant des économies résilientes fondées sur des ressources renouvelables, dans la transparence », a prescrit en amont le Ministre des finances des Maldives.  De nombreux intervenants, comme la Chine, ont demandé la réforme du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.  Les propositions de gestion de la dette souveraine par ces deux institutions ne font que reporter la solution aux problèmes, a analysé Cuba.

Mobiliser les investissements privés pour plus de résultats

Les intervenants de cette discussion ont proposé quelques pistes de réflexion pour une meilleure mobilisation du secteur privé afin de remédier au « colossal déficit de financement » du développement durable, selon l’expression de la Secrétaire d’État à la coopération pour le développement international de la Suède

M. Jozef Síkela, Commissaire de l’Union européenne aux partenariats internationaux, a rappelé que 4 000 milliards de dollars sont nécessaires pour réaliser les ODD.  Il a également noté que l’Europe apporte 42% de l’aide publique au développement (APD) alors qu’elle ne représente que 16% du PIB mondial. « Cette somme de 4 000 milliards paraît inimaginable mais il faut garder à l’esprit que les actifs des principaux portefeuilles privés dans le monde représentent 24 000 milliards de dollars. »  La conférence de Séville sera capitale pour promouvoir de nouvelles approches et montrer que le système multilatéral peut apporter des mesures tangibles malgré l’incertitude qui nous entoure, a dit le Commissaire.  Il a estimé que l’élément important sera la création d’emplois, 1,2 milliard d’emplois devant être créés dans un avenir proche.  Il a conclu son intervention par cette citation d’Aristote: « La pauvreté est le parent des révolutions. »  Moins de développement signifie plus d’instabilité et celle-ci n’est jamais bonne pour les entreprises, a conclu M. Síkela

« Nous vivons des temps incertains », a déclaré Mme Diana Janse, Secrétaire d’État à la coopération pour le développement international de la Suède.  Elle a noté que la moitié de l’APD aura disparu d’ici à la fin de l’année du fait des coupes opérées et des attaques contre le multilatéralisme.  L’APD, lorsqu’elle est bien utilisée, peut favoriser la mobilisation des capitaux privés, mais elle ne peut être la seule réponse pour remédier au « colossal déficit de financement » du développement durable, a-t-elle dit.  Elle a détaillé certains projets menés par son pays, notamment la coopération avec les industries de textile suédoises au Bangladesh pour une transition verte.  Elle a aussi rappelé l’importance de conditions adéquates pour une meilleure mobilisation des investissements privés, telles que le respect de l’état de droit et la lutte contre la corruption.  Toutes les réformes nationales allant dans ce sens doivent être encouragées, a-t-elle conclu.

Mme Tatiana Rosito, Secrétaire aux affaires internationales au Ministère des finances du Brésil, a déploré que seuls 10 à 15% des capitaux privés dans le monde soient alloués aux pays émergents.  Il faut corriger ce déséquilibre, a-t-elle dit, en plaidant pour une réforme de l’architecture financière internationale. « Nous devons aboutir à une vraie réforme des banques multilatérales de développement qui représentent un gisement de 23 000 milliards de dollars. » Elle a redit l’importance de la prochaine conférence de Séville mais aussi de la Conférence des Parties (COP30) de Belém pour répondre au défi du financement climatique.  « Il faut trouver le juste équilibre entre investissements privés et publics », a-t-elle conclu, en rappelant que les capitaux publics restent essentiels.

Lors de la discussion qui a suivi, le Lesotho et le Zimbabwe ont déploré la baisse constante de l’APD, tandis que la Guinée a demandé un meilleur accès aux financements concessionnels. « Quand un financement durable est mobilisé, il est possible de transformer les défis en opportunités », a dit cette délégation.  La République-Unie de Tanzanie a appelé à réformer les méthodes de notation pour l’accès aux crédits, l’Inde plaidant, de son côté, pour l’élaboration de mécanismes d’atténuation des risques liés aux taux de change.  Le Bangladesh a, lui, souligné l’importance pour les entreprises de consentir à des « investissements sociaux », dans le droit fil de l’approche prônée par M. Muhammad Yunus.  Ces investissements ne visent pas seulement le profit mais aussi à avoir un impact positif pour la société tout entière, a déclaré la délégation du Bangladesh, en soulignant que ce modèle alternatif favorise l’inclusion sociale.

Le Libéria a redit l’acuité du défi de la dette, tandis que l’Ouganda a appelé à davantage d’investissements dans les infrastructures.  Enfin, l’Espagne a avancé plusieurs idées, dont la suspension du paiement du service de la dette en cas de catastrophe naturelle ou de crise alimentaire et la promotion du dialogue social entre gouvernements et syndicats. « Il s’agit de quelques éléments pour avancer ensemble à Séville. »

Revitaliser la coopération au développement pour davantage d’impact et promouvoir l’inclusion

Dans une intervention liminaire en introduction de cette table ronde, Mme Stine Renate Håheim, Secrétaire d’État au développement international de la Norvège, a prévenu d’une baisse sensible de l’aide publique au développement (APD) en 2025.  Alors que la Norvège y consacre plus de 1% de son produit intérieur brut (PIB), Mme Håheim a encouragé les autres États à dépasser l’engagement de consacrer 0,7% du PIB à l’APD.  En 20 ans, a-t-elle encore noté, l’aide a été fragmentée et réduite de moitié, alors que le nombre des agences et de donateurs a augmenté. 

En effet, le nombre de bailleurs de fonds est passé de 64 à 117 et le nombre d’agences de financement de 227 à 630, a recensé le modérateur de la discussion, M. NAVID HANIF, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique du Département des affaires économiques et sociales (DESA).  Ces 20 dernières années, la coopération pour le développement ne s’est pas alignée sur les ODD, a-t-il en outre regretté, et l’appui du public en faveur de cette coopération diminue, ce qui fait que l’engagement politique n’est plus au même niveau que par le passé. 

Que devrait-on voir dans le document final de la conférence de Séville pour résoudre ce problème de fragmentation? a demandé le modérateur aux ministres.  Mme Kenyeh Laura Barlay, Ministre de la planification et du développement économique de la Sierra Leone, a répondu qu’il fallait consolider les aides par secteur, mettre sur pied des plateformes de coordination, partager les données, se concentrer sur les résultats et recourir aux technologies innovantes.  Elle a insisté sur l’importance de la souplesse.  « La Sierra Leone veut des interventions qui apportent des transformations notamment dans l’agriculture et la technologie. » 

Constatant, en plus de sa baisse, une certaine inefficacité de l’APD, M. Aleksandr Pankin, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a préconisé sa dépolitisation et la fin des conditions pour son octroi.  Il faut en revanche lier l’aide à d’autres domaines comme l’industrialisation et écouter les besoins des pays bénéficiaires, a-t-il suggéré. M. Pankin a également souligné l’importance de la coopération bilatérale qui peut aider à mobiliser le secteur privé des deux pays.  « L’aide n’est pas de la philanthropie », a-t-il ajouté en souhaitant que l’ONU saisisse l’occasion de la conférence de Séville pour refaçonner l’aide au développement. 

L’importance cruciale de la coopération Sud-Sud a été l’axe de l’intervention de M. Fahad Hamad Al-Sulaiti, Directeur général du Fonds du Qatar pour le développement , qui a rappelé que le Qatar et l’Arabie saoudite avaient payé la dette de la Syrie due à la Banque mondiale.  Les pays du Sud devraient tirer profit de leurs ressources naturelles et éviter de trop s’endetter, a-t-il aussi recommandé, les encourageant aussi à investir dans les infrastructures de base.  C’est la voie qu’a suivie le Qatar et les pays du Golfe. 

L’inclusion voulue par la coopération passe également par la révision des structures de gouvernance des institutions financières internationales, a ensuite plaidé Mme Patricia Blankson Akakpo, du Network for Women’s Rights in Ghana (NETRIGHT), qui a espéré que la conférence de Séville donne l’occasion de mettre en place un tel processus. Séville doit être une occasion de rendre l’architecture financière internationale « effective et transparente » et de combler le manque de financement, a reconnu la République de Corée, qui s’exprimait au nom d’un groupe de pays. 

Si certains ont augmenté leur APD, comme le Portugal qui l’a augmentée de 24%, d’autres ont appelé à faire plus.  Le Maroc a ainsi demandé aux banques de développement de faire plus pour les pays à revenu intermédiaire.  Le Venezuela a dénoncé les sanctions unilatérales et les tarifs douaniers qui étranglent les pays en développement.  « Il faut faire preuve d’humanisme à la conférence de Séville », a plaidé le Sénégal qui a rappelé la diminution de l’APD. « On a besoin de solidarité et de respect des engagements de l’APD », a défendu le Guatemala

Mettre le commerce et la technologie au service du développement durable

Cette discussion a été marquée par les appels lancés par plusieurs délégations afin de lutter contre le protectionnisme.  « Le moteur du commerce ne doit pas tomber en panne », a notamment déclaré le Brésil. 

Première oratrice, Mme Fatoumata Bako Traore, Ministre du budget du Burkina Faso, a redit son engagement en faveur d’un développement durable « pleinement souverain » conformément aux souhaits du peuple burkinabé.  Le Burkina Faso souffre de vulnérabilités structurelles en tant que pays moins avancé et pays sans littoral, a-t-elle déclaré.  Le commerce international doit à son avis être adossé à des politiques industrielles et de création d’emplois.  La technologie, si elle est bien encadrée, peut être un catalyseur du changement, a ajouté la Ministre, en soulignant la nécessité de remédier à la fracture numérique.  Les pays en développement doivent être des acteurs souverains de la révolution technologique, a-t-elle ajouté.  Enfin, elle a demandé que l’Afrique devienne la co-architecte d’un nouvel ordre économique mondial.  « Il est plus que temps. » 

De son côté, M. Ismaël Nabé, Ministre de la planification et de la coopération internationale de Guinée, a déclaré que le commerce et la technologie sont des accélérateurs de prospérité.  Il a détaillé certaines politiques de son pays dans ce domaine, en indiquant notamment que le traitement des minerais de fer est désormais mené localement plutôt qu’à l’étranger.  Le défi principal en Afrique est le manque d’infrastructures, a-t-il reconnu avant de déclarer que le commerce doit être vert, juste et bénéficier à toutes et tous.  La planification est un élément clef, a dit le Ministre, en rappelant l’importance de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Le commerce peut transformer les choses de manière positive mais aussi négative, a tempéré M. Steven Collet, Vice-Ministre adjoint pour le commerce extérieur et le développement des Pays-Bas, en expliquant que son pays a besoin du système commercial international, alors que celui-ci est aujourd’hui en crise.  M. Collet a détaillé la coopération menée par les Pays-Bas en Afrique, notamment ses investissements dans des « agri-corridors ». Il a enfin mentionné l’appui apporté par l’Union européenne aux pays en développement afin de s’adapter aux restrictions imposées aux échanges commerciaux. 

Lors du débat qui a suivi, Cuba a souhaité une réforme du système commercial international qui, actuellement, ne fait que creuser les inégalités économiques.  « Il convient également de dénoncer les sanctions et les politiques commerciales protectionnistes qui entravent la compétitivité des pays en développement », a-t-elle lancé.  Appuyé par le Lesotho, le Bangladesh a également demandé une action collective face au protectionnisme et plaidé pour des transferts de technologies rapides en faveur des pays en développement.  « Les dividendes de la mondialisation doivent être mieux répartis. »  Le Honduras a demandé une meilleure adaptation des produits financiers avec notamment des lignes de crédit plus souples.  Le document final de la conférence de Séville doit contenir des engagements concrets dans les domaines de la technologie et du commerce, a tranché l’Éthiopie.  « Le moteur du commerce doit continuer de fonctionner », a renchéri le Brésil, en appelant également à lutter contre le protectionnisme.  La Chine a, elle aussi, dénoncé « les abus sur les tarifs douaniers » pratiqués par certains pays, avant de rappeler que le protectionnisme ne fait pas de gagnants.  Enfin, les pays, à l’instar du Mexique, ont été nombreux à souligner l’importance de remédier à la fracture numérique, notamment en ce qui concerne l’intelligence artificielle.

Investir dans les données afin d’accélérer le développement

La modératrice de cette cinquième table ronde de la journée sur le thème, Mme Mariana Mazzucato, professeure en économie de l’innovation et de la valeur publique à la University College London, a rappelé que 70% des données publiques mondiales sont concentrées entre les mains de cinq entreprises privées.  Comment dans ce cas garantir des investissements dans les données et les plateformes numériques pour le développement inclusif et durable? a-t-elle demandé au Ministre des finances et des affaires économiques de Gambie. M. Seedy Kaita a répondu que son gouvernement investit des milliards de francs CFA dans la collecte de données avec son département de la statistique pour développer une politique économique fondée sur des éléments décisifs et ainsi lutter contre l’évasion fiscale.  L’exécutif a mis en place un cadre juridique robuste pour une utilisation efficiente des données, a-t-elle précisé. 

« Le développement durable exige des données de qualité et à jour », a ajouté Mme María Luisa Ramírez Coronado, Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala.  Elle a vu dans ces données des moyens de débusquer les inégalités structurelles qui ont exclu les gens du développement.  De plus, les données sont également utiles à la lutte contre les changements climatiques, a observé la Vice-Ministre dont le gouvernement a établi un dialogue avec les communautés autochtones pour avoir accès à leurs données.  Il s’efforce d’améliorer leur transparence et une culture d’utilisation des données, a-t-elle expliqué en recommandant en outre une utilisation éthique des données.

Cadre juridique solide et qualité des données ont également été recommandés par M. Dehpue Yenpea Zuo, Vice-Ministre de la gestion économique du Libéria.  « Investir dans les données, c’est accélérer d’abord la collecte », a-t-il relevé, ce qui passe par le renforcement du service de la statistique et un cadre juridique robuste.  Le Vice-Ministre a vanté les mérites du tableau de bord mis au point par son gouvernement pour les indicateurs de développement basés sur des données de qualité. Après la décision de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) de suspendre son aide, ce tableau de bord a été utilisé pour répondre à la situation.

Mme Elizabeth Lockwood, du Groupe des personnes handicapées et de Society for International Development, a réclamé pour sa part le financement de la collecte des données sur les personnes handicapées afin notamment de traquer les pratiques discriminatoires à leur encontre. Pour cela, a préconisé Cabo Verde, travaillons avec le secteur privé et la société civile, mettons ensemble les ressources à disposition et créons des cadres de gouvernance robustes protégeant les données.  Il faut également prendre en compte les données informelles collectées par les associations de la société civile, a préconisé l’organisation non gouvernementale International IDEA

Les Maldives ont insisté sur l’importance pour chaque pays de se doter de ses propres données au lieu de dépendre de l’aide extérieure dans ce secteur.  « Il faut des données sur le genre et l’inclusion », a rappelé l’Inde demandant des financements pour la collecte et la formation dans leur traitement.  Le Mexique a proposé des alliances avec les entreprises et les citoyens pour avoir des données fiables et inclusives dans le cadre d’un partenariat participatif. 

Les données à elles seules ne servent à rien.  L’important est d’obtenir des informations utiles, a tenu à souligner la Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala. Le deuxième élément important est l’éthique parce que les données doivent répondre à des besoins collectifs et individuels spécifiques.  Les données publiques doivent donc être accessibles au public.  Interrogés sur l’importance de la confiance dans les données, le Ministre gambien des finances a insisté sur l’importance de leur intégrité, de leur transparence et de leur accès pour chaque citoyen, tandis que son homologue du Libéria a mis l’accent sur la mise en commun des données au niveau régional, insistant sur la pertinence du tableau de bord de son gouvernement. 

 

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