AG/EF/3295

La Deuxième Commission place son dialogue annuel avec les Commissions régionales sous le signe de la croissance équitable

3/11/2010
Assemblée généraleAG/EF/3295
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LA DEUXIÈME COMMISSION PLACE SON DIALOGUE ANNUEL AVEC LES COMMISSIONS RÉGIONALES

SOUS LE SIGNE DE LA CROISSANCE ÉQUITABLE


Les Secrétaires exécutifs des commissions régionales et des délégations

d’États Membres s’inquiètent qu’une croissance positive ne soit pas suivie de la création d’emplois stables


La Commission économique et financière de l’Assemblée générale (Deuxième Commission) a tenu, aujourd’hui, son dialogue annuel avec les Secrétaires exécutifs des cinq Commissions économiques régionales des Nations Unies, venus cet après-midi évoquer les tendances économiques prévalant dans leurs régions respectives et les moyens et mesures qui pourraient être adoptés afin de parvenir à y réaliser une croissance équitable.  Bien que la plupart des régions connaissent des taux de croissance positifs, elles ont du mal à créer les conditions qui permettent la création d’emplois stables, ont noté la plupart des intervenants. 


Dialogue avec les SecrÉtaires exÉcutifs des commissions rÉgionales sur le thÈme « Croissance Équitable: L’expÉrience rÉgionale »


Exposés


M. ABDOULIE JANNEH, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), s’est dit heureux de savoir que le dialogue d’aujourd’hui avait pour intitulé: « Croissance équitable: L’expérience régionale ».  Il a rappelé que, dans le cas de l’Afrique, le taux de croissance du PIB par habitant, au cours de la période allant de 1980 à 2000, était à peine supérieur à celui de la croissance démographique du continent au cours de la même période.  Si les taux d’inflation et la croissance démographique sont pris en compte dans l’équation, en Afrique le PIB par habitant a en réalité chuté de 42,5% pendant les années 80 et 90, périodes qui ont été décrites comme les « décennies perdues » de l’Afrique, a rappelé M. Janneh.  En revanche, le PIB de l’Afrique a augmenté de manière remarquable depuis le début des années 2000, a-t-il relevé.  Les économies africaines ont démontré leur résistance et leur capacité de résilience pendant la crise économique, et elles ont maintenu un taux de croissance de 2% en 2009 et devraient afficher un taux supérieur à 5% cette année et l’année prochaine, a déclaré le Secrétaire exécutif de la CEA.


Mais, M. Janneh a mis en garde contre les dangers qu’il y aurait pour les pays africains s’ils décidaient de s’appuyer sur une croissance qui ne serait pas soutenue par une demande interne.  Le taux de croissance généralement appréciable de l’Afrique ne s’est malheureusement pas accompagné de création d’emplois, a-t-il déploré.  Or, l’emploi est le vecteur-clef d’une croissance capable d’éradiquer la pauvreté, a rappelé M. Janneh à la Commission.  Sachant que les taux d’inactivité et de chômage de la population en âge de travailler atteignent 25% en Afrique du Sud et jusqu’à 83% en Ouganda, il est clair que la croissance africaine n’a pas été équitable et reste loin de répondre aux besoins en matière d’emploi.  Pour que la croissance économique en Afrique soit viable pour tous, elle doit être appuyée par l’intégration régionale, un financement adéquat, et des structures de production diversifiée, a affirmé le Secrétaire exécutif de la CEA, qui a également souligné l’importance des dépenses publiques, en particulier en vue de promouvoir et d’assurer un certain niveau de protection sociale.


M. JAN KUBIŠ, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE), a déclaré qu’en dépit de la hausse des inégalités dans les pays des régions d’Amérique du Nord, d’Europe occidentale et orientale, du Caucase et de l’Asie centrale, elles y étaient moins marquées qu’ailleurs.  Les données disponibles indiquent que le nombre de personnes à risque est plus important aux États-Unis qu’en Europe, dans la mesure où les régimes de protection sociale y sont moins importants et que l’économie de marché ne génère pas une répartition équitable du revenu.  M. Kubiš a expliqué que la création d’une économie équitable envers tous les travailleurs et citoyens d’un pays exigeait un gouvernement dont l’action efficace renforce le développement des infrastructures, met en place des programmes de protection sociale et élargit l’assiette fiscale de la puissance publique.  En outre, a-t-il poursuivi, il faut s’assurer que tous les travailleurs intègrent l’économie formelle et que celle-ci se diversifie pour ne pas dépendre entièrement des secteurs minier ou agricole.  Le Secrétaire exécutif de la CEE a souligné aussi la nécessité de promouvoir l’égalité entre les sexes en surmontant notamment le fossé qui existe entre l’adoption de législations et la mise en œuvre de ces textes.  Il faut également veiller à intégrer les groupes vulnérables, en particulier les minorités ethniques, qui sont souvent exclues du partage de la richesse dans la plupart des pays.  M. Kubiš a enfin attiré l’attention sur la nécessité de préserver ou de promouvoir une forme d’égalité, que l’on a parfois tendance à négliger, et qui est celle qui doit prévaloir entre gens de générations différentes dans le milieu du travail.


Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et Coordonnatrice en exercice des commissions régionales, a indiqué que les politiques poursuivies depuis les années 1980 n’avaient pas produit la croissance économique rapide et soutenue qui était attendue, et n’avaient pas davantage permis de combler le fossé qui persiste, en matière de productivité, dans la région, avec les États-Unis.  Mais les excellentes conditions externes prévalant au cours de la période 2003-2008 ont fortement contribué à une croissance historique dans la région de la CEPALC.  Cette croissance a été renforcée par une balance commerciale extérieure excédentaire et des finances publiques plus saines.  Il n’en reste pas moins que l’embellie qu’ont connue les cours des produits de base a conduit à une restructuration des exportations régionales, a poursuivi Mme Bárcena.


Selon elle, en Amérique latine et dans les Caraïbes, la croissance économique et les améliorations dans la réparation des revenus ont été déterminants dans la lutte contre la pauvreté.  En 2009, le revers infligé par la crise économique et financière n’a pas effacé les gains enregistrés au cours des six années précédentes, même si elle a freiné la croissance, a noté Mme Bárcena.  Mais la vitesse de redressement a été plus importante dans la région qu’ailleurs, a ensuite noté la Secrétaire exécutive de la CEPALC.  Ainsi, a-t-elle précisé, la région connaîtra un taux de croissance supérieur de 5,6% en 2010.  Aussi Mme Bárcena a-t-elle préconisé un agenda de développement basé sur les piliers suivants: des politiques macroéconomiques inclusives, une économie diversifiée, et des régimes de protection sociale forts.


Mme GEETHA KARANDAWALA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a déclaré que des disparités sont visibles entre les différents pays faisant partie de la région Asie-Pacifique en termes de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  À l’intérieur des pays, a-t-elle noté, on constate aussi beaucoup de disparités au niveau des revenus, notamment entre les habitants des zones rurales et ceux des zones urbaines, ainsi qu’entre personnes des deux sexes et entre différents groupes sociaux.  Le dernier rapport relatif à la réalisation des OMD pour les années 2010/2011 permet de constater qu’entre 1990 et 2008, les pays d’Asie et du Pacifique ont réduit, au sein de leurs populations, le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour, a noté Mme Karandawala.  Ainsi, 553 millions de personnes sont sorties de la pauvreté, faisant passer le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour de 1,5 milliard à 947 millions dans la zone Asie-pacifique.  Ce succès, a-t-elle précisé, est d’autant plus retentissant que, dans le même temps, la population globale de la région a augmenté de 800 millions de personnes.


Soulignant que des disparités sont visibles entre les différentes sous-régions de l’Asie et du Pacifique en ce qui concerne la réalisation des OMD, Mme Karandawala a tout de même salué l’augmentation du PIB par habitant dans 15 pays de la région.  Ce PIB par habitant est passé de 1 880 dollars en 1990 à 3 700 dollars au début des années 2000, a-t-elle indiqué.  En gardant le rythme de croissance actuelle, a-t-elle annoncé, le Bangladesh devrait éradiquer la pauvreté de son territoire en 2021.  Afin de faire en sorte que la croissance serve à réduire les inégalités, Mme Karandawala a suggéré un certain nombre de mesures.  À cet égard, elle a cité: le rééquilibrage de la balance des échanges des économies d’Asie et du Pacifique, qui pourrait se faire en incitant les populations à consommer davantage de produits locaux au lieu de produits importés; faire que la croissance économique soit plus inclusive et durable en mettant l’accent sur la promotion de certains domaines, comme celui de l’agriculture, ce qui permettrait de réduire la proportion de pauvres; renforcer la protection sociale; réduire les inégalités liées au genre; assurer l’inclusion financière en permettant aux plus pauvres d’avoir accès au crédit; renforcer l’assistance internationale au développement des pays de l’Asie-Pacifique, notamment en les aidant dans la réalisation des OMD; et enfin, exploiter le potentiel de la coopération régionale.


M. YOUSEF NUSSEIR, Directeur à la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a indiqué que les pays de la région de l’Asie occidentale ont connu une période de croissance particulièrement notable entre 2004 et 2007 grâce à la hausse des prix des produits pétroliers.  Néanmoins, les Objectifs du Millénaire pour le développement ne devraient pas pouvoir être réalisés par les pays de la région à l’échéance prévue de 2015 parce que les fruits de la croissance ont été inégalement répartis à l’intérieur de ces États, a-t-il regretté.  Soulignant que la plupart des économies des pays de la région arabe se caractérisent par une croissance statistique qui cependant ne crée pas d’emplois, il a ajouté que c’est une faiblesse.  En effet, la croissance du PIB devrait aussi se traduire en création d’emplois stables et durables, a noté M. Nusseir.  Relevant que la promotion de l’égalité entre les sexes reste faible dans la région de la CESAO, M. Nusseir a aussi évoqué la dépendance de la région en matière alimentaire.  La plupart des produits de consommation courante restent en effet importés.  Cette situation expose la région à la volatilité des prix des produits agricoles et aux impacts des chocs externes, a-t-il prévenu.


La croissance verte, a noté le Directeur, est un concept qui mérite d’être introduit et propagé en Asie occidentale en tenant compte des besoins locaux.  La croissance verte permettrait de créer de nouveaux emplois et améliorerait, dans le même temps, les conditions environnementales de la région de la CESAO.  Évoquant un certain nombre de pistes pour créer les conditions d’une croissance équitable dans la région, M. Nusseir a suggéré l’amélioration du climat des affaires; l’autonomisation des pauvres et des personnes vulnérables, qui pourrait se faire en adoptant des lois favorisant les libertés civiles des populations; et une plus grande coordination des politiques économiques et sociales conduites au niveau régional.


Débat interactif


Au cours d’un bref échange, le représentant de la République de Corée s’est félicité de la tenue de ce dialogue avec les Secrétaires exécutifs des commissions régionales, dans la mesure où ce débat a permis de mettre à jour la nécessité de générer une croissance économique qui soit, autant que possible, créatrice d’emplois stables.  La délégation de la République de Corée présentera bientôt, a-t-il annoncé, un projet de résolution dans lequel il sera notamment demandé au Secrétaire général de faire des recommandations en vue de mettre au point des politiques de croissance inclusives et équitables, a dit le représentant.  Le représentant de l’Éthiopie a indiqué que le fossé existant entre les ressources naturelles dont dispose l’Afrique et les problèmes énergétiques qui se posent à ce continent devait être perçu comme l’opportunité de le résoudre.  Le continent est prêt à s’engager dans une croissance énergétique propre compatible avec les exigences du développement propre et de la croissance verte, a-t-il assuré.  Dans le contexte de la lutte contre les changements climatiques et dans le respect des accords de Copenhague, l’Afrique devrait recevoir 40% des fonds destinés aux mesures d’adaptation aux changements climatiques.  Ces fonds seraient gérés par la Banque africaine de développement (BAD) qui a mis en place des mécanismes de gestion du Fonds africain vert, a-t-il suggéré.


Le représentant du Guatemala s’est demandé de son côté comment la Deuxième Commission percevait la « carte » de la pauvreté dans la région de la CEPALC.  Il a en outre souhaité savoir le rôle que jouerait la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes dans les préparatifs de la dix-septième Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 17).  En Amérique latine, a répondu Mme Bárcena, Secrétaire exécutive de la CEPALC, 90% des pauvres vivent dans des pays à revenu moyen, où l’effet de la crise s’est fait durement sentir.  Elle a également indiqué qu’après la Conférence de Cancún, prévue à la fin de ce mois, une réunion sera organisée à Santiago, au Chili, pour évaluer les résultats de la dix-septièmeConférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 17). 


Le représentant de la République islamique d’Iran a relevé pour sa part que la plupart des projets-programmes de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) étaient concentrés sur les parties sud et est de la région d’Asie occidentale.  Après avoir souligné les problèmes économiques et de sous-emploi qui touchent son pays, la représentante du Liban s’est, quant à elle, félicitée du partenariat mis en place avec la CESAO.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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