En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/3291

Deuxième Commission: dans une économie mondialisée en crise, les migrations peuvent être un facteur de soutien au développement

27/10/2010
Assemblée généraleAG/EF/3291
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

DEUXIÈME COMMISSION: DANS UNE ÉCONOMIE MONDIALISÉE EN CRISE, LES MIGRATIONS PEUVENT ÊTRE

UN FACTEUR DE SOUTIEN AU DÉVELOPPEMENT


Les délégations demandent que la migration soit gérée

au profit de toutes les parties et en respectant les droits de l’homme des travailleurs migrants


Les migrations peuvent toujours être un moteur de développement dans une économie mondiale en crise, ont estimé ce matin de nombreuses délégations lors d’un débat de la Deuxième Commission (économique et financière), auquel ont pris part une quinzaine d’intervenants.


De plus en plus de gouvernements ont pris conscience du fait que les migrations internationales constituent une partie intégrante du processus de développement et du fonctionnement des économies modernes, relève le Secrétaire général dans le rapport* dont était saisie la Commission lors de l’examen du point de son ordre portant sur les migrations internationales et le développement.


La crise financière et économique survenue en 2008 et qui a affecté l’économie mondialisée a causé une augmentation notable du chômage au niveau global, en particulier dans les pays développés, principales destinations des migrants internationaux, fait observer M. Ban Ki-moon dans le document soumis à la Deuxième Commission.


Ceci n’a cependant pas empêché une augmentation du nombre de migrants au niveau mondial, puisqu’ils sont passés de 195 millions enregistrés en 2005 à 214 millions en 2010, précise le Secrétaire général.  Alors que les femmes représentent 49% du total des travailleurs migrants, six migrants internationaux sur dix -soit 128 millions d’entre eux- résident actuellement dans les pays d’accueil de la migration et sont dans leur majorité –soit 74 millions d’entre eux- originaires de pays en développement, précise M. Ban Ki-moon.


Les délégations qui ont pris la parole ont souligné l’importance, pour leurs économies et pour les familles des migrants, des envois de fonds de ces travailleurs.  La délégation du Bangladesh a indiqué que les transferts de fonds des migrants représentaient plus de 15% de son produit national brut (PNB).  Les sommes d’argent reçues à travers ces envois de fonds sont près de cinq fois supérieures à celle des ressources de l’aide publique au développement que reçoit le Bangladesh, et dix fois plus importantes que l’investissement étranger direct pour l’année 2009, a souligné le représentant du Bangladesh.


Les pays en développement, quoiqu’affectés par une baisse des envois de fonds et un recul des perspectives de migration de main-d’œuvre, continuent d’appliquer des stratégies visant à tirer parti des avantages que peuvent offrir les migrations internationales pour le développement.  Le processus d’une migration bien gérée mérite un soutien continu de la part des pays développés et du système des Nations Unies, indique le Secrétaire général dans son rapport.


Cependant, suivi en cela par plusieurs autres délégations, le représentant du Mexique a prévenu des risques de la migration, qui entraîne pour les pays d’origine une perte significative de capital humain et une fuite importante des cerveaux, qui se font au profit des pays d’accueil.  Les délégations ont également relevé la montée croissante de la xénophobie et du racisme dans les pays développés vers lesquels vont les migrants.  Le représentant du Mexique a d’autre part vivement dénoncé l’adoption, dans les pays d’accueil, de législations qui visent et stigmatisent des minorités ethniques, souvent d’origine étrangère.  Quant à elle, la délégation de l’Afrique du Sud s’est plainte de la saignée que subissent les pays en développement dont les personnels de santé, déjà en nombre insuffisant, sont recrutés de manière disproportionnée par des organismes des pays riches pour aller y exercer des prestations dont leur pays d’origine ont pourtant cruellement besoin.


Son homologue du Sri Lanka a pour sa part invité les États Membres ne l’ayant pas encore fait à ratifier la Convention de l'ONU sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille, entrée en vigueur en 2003.  Pour sa part, l’Observatrice de l’Organisation internationale des migrations (OIM) a regretté que la plupart des stratégies de développement, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté, ne tiennent pas systématiquement compte du phénomène des migrations.  Aussi l’OIM a-t-elle conçu un annuaire afin d’inviter les pays à mettre l’accent sur les liens entre la migration et le développement dans leurs stratégies de réduction de la pauvreté, a-t-elle indiqué.


Plusieurs délégations, à l’instar de celle de la Suisse, se sont déclarées impatientes de participer au débat thématique informel que l’Assemblée générale organisera en 2011 pour donner aux États Membres la possibilité de réfléchir à de nouvelles solutions aux questions posées par la migration.


En début de séance, la Deuxième Commission a conclu le débat qu’elle avait entamé hier sur les technologies de l’information et des communications au service du développement.


La Commission économique et financière se réunira de nouveau demain, jeudi 28 octobre, en séance plénière, à partir de 10 heures, pour débattre des relations entre l’agriculture, le développement et la sécurité alimentaire.


*     A/65/203


LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT A/65/64-E/2010/12, A/65/276, A/65/78  


Suite et fin du débat général


M. DALIUS ČEKUOLIS (Lituanie) a estimé que le Forum sur la gouvernance de l’Internet était devenu un cadre unique des débats afin de répondre aux défis et saisir les opportunités générées par le développement rapide de l’Internet.  Les consultations informelles avec les membres du Forum lors de la réunion de Charm el-Cheikh de 2009 ont démontré le soutien écrasant dont jouit la proposition visant la prorogation du mandat du Forum, a-t-il affirmé.  Il a souhaité en conclusion que les principes fondateurs du Forum soient maintenus, estimant que l’Assemblée générale devrait en discuter dans les mois à venir.


M. IVAN A. IZOTOV (Fédération de Russie) a relevé que les activités de l’ONU dans le domaine concernant la promotion de la société mondiale de l’information sont très importantes.  Nous encourageons, a-t-il noté, la publication d’un rapport annuel de l’ONU sur la gouvernance électronique.  Il a ensuite indiqué qu’il serait judicieux pour la communauté internationale de s’intéresser particulièrement à la gouvernance de l’Internet.  En invitant tous les États à s’impliquer dans les activités du Forum sur la gouvernance de l’Internet, le représentant a suggéré la prolongation du mandat de ce Forum.


M. AARON HOLTZ (Royaume-Uni) a souhaité que soit lancée une réflexion sur la prorogation du mandat du Forum de la gouvernance de l’Internet.  Il a estimé qu’il s’agissait d’une excellente plate-forme pour partager les meilleures pratiques, promouvoir l’innovation et trouver des solutions aux problèmes actuels.  Le représentant s’est déclaré convaincu que l’interaction entre parties prenantes ne fonctionnerait pas de manière aussi efficace si le mandat du Forum l’amenait à faire des recommandations ou prendre des décisions.  Le Royaume-Uni soutient donc la poursuite de l’approche qui prévaut actuellement, et qui permet au Forum de tenir compte des attentes et des besoins de toutes les parties prenantes, dans tous les pays.  M. Holtz a enfin appuyé l’établissement d’un Groupe de travail par la présidence de la Commission sur la science et la technologie au service du développement.


M.QAZI SHAUKAT FAREED, Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a déclaré que cette organisation est engagée, de concert avec la communauté internationale, dans la réduction de la fracture numérique.  Relevant que l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel a signé des accords de partenariats avec des entreprises du secteur des technologies de l’information et des communications (TIC), le représentant a affirmé qu’une des petites et moyennes entreprises (PME) mise en place en Ouganda par l’ONUDI a été reconnue comme la meilleure PME de ce pays et a reçu le prix « Africa Award ».  Dans le même temps, l’ONUDI a lancé en mai 2008 le programme « Get IT » en partenariat avec l’entreprise Hewlett-Packard (HP), afin de former les jeunes sans emplois d’Afrique et d’Asie aux principes de base de l’entrepreneuriat.  Ce programme a permis de former plus de 18 000 jeunes en Afrique et au Moyen-Orient, a-t-il révélé.


M. GARY FOWLIE, Union internationale des télécommunications (UIT), a évoqué les conclusions de la Commission chargée de l’étude sur la bande passante pour le développement digital, une initiative conjointe de l’UIT et de l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).  Le rapport de cette Commission, qui a été présenté au Secrétaire général, contient une déclaration de haut niveau, qui appelle à l’« élargissement de la bande passante pour tous ».  Un plan d’action en 10 points y spécifie les moyens de parvenir à cet objectif, a précisé le représentant, avant de souligner le potentiel extraordinaire de cet outil.  Ainsi, a-t-il expliqué, grâce à une bande passante moins coûteuse et plus efficace, l’accès aux services financiers en ligne pourrait permettre à des centaines de millions de citoyens à travers le monde de recourir au crédit et d’y avoir accès.


M. EVGENY STANISLAVOV, Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), a dit que l’UNICEF soutenait toutes les initiatives lancées dans le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC), qui valorisent la prise en compte des identités culturelles et promeuvent le dialogue interculturel.  Il a aussi émis le vœu que les TIC puissent permettre de faire évoluer le dialogue sur les droits de l’enfant aux niveaux familial, communautaire et national.


MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE


Migrations internationales et développement


Rapport du Secrétaire général sur les migrations internationales et le développement (A/65/203)


Les migrations internationales au niveau mondial, régional et national font l’objet d’une attention croissante depuis que l’Assemblée générale a décidé en 2003 d’organiser le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement en 2006, relève le Secrétaire général dans les paragraphes d’ouverture de ce rapport.  De plus en plus de gouvernements en sont ainsi arrivés à prendre conscience que les migrations internationales constituent une partie intégrante du processus de développement et du fonctionnement des économies modernes. Toutefois, la crise financière qui a commencé en 2007, et la crise économique qui s’en est suivie, ont entraîné une augmentation du chômage au niveau mondial, en particulier dans les pays développés, principales destinations des migrants internationaux, modérant ainsi les attentes quant aux tendances à venir des migrations internationales, indique le Secrétaire général.


Au niveau mondial, le nombre de migrants internationaux en 2010 est estimé à 214 millions, et est en progression par rapport aux 195 millions enregistrés en 2005.  Les femmes représentent 49% du total.  Six migrants internationaux sur dix (soit 128 millions) résident actuellement dans les pays développés et sont dans leur majorité (74 millions) originaires des pays en développement, souligne le Secrétaire général.  Même si la crise économique ralentit la hausse du nombre des migrants internationaux dans les pays développés, leur nombre a, dans l’ensemble, continué d’augmenter: de 12,8 millions entre 2000 et 2005, et de 10,5 millions entre 2005 et 2010.  La réduction de la hausse nette du nombre de migrants internationaux dans les pays développés entre ces deux périodes ne se retrouve pas dans les pays en développement, où le nombre de migrants a augmenté de 4 millions de 2000 à 2005, et de 8,2 millions de 2005 à 2010, relève M. Ban Ki-moon.  Toutefois, cette hausse tient pour l’essentiel au nombre croissant de réfugiés, constate-t-il cependant.  Ainsi, le nombre de réfugiés dans les pays en développement a baissé de 1,1 million de 2000 à 2005.  Mais il a augmenté de 2,7 millions de 2005 à 2010.  Hormis les réfugiés, le nombre des autres types de migrants dans les pays en développement à travers le monde aurait augmenté selon le même ordre de grandeur durant ces deux périodes: soit 5,1 millions et 5,5 millions respectivement.  À l’horizon 2010, 86 millions de migrants internationaux, dont 14 millions de réfugiés, vivaient dans les pays en développement.


La crise économique mondiale réduit les flux migratoires vers les pays développés, mais les arrivées de nouveaux migrants se poursuivent en dépit de la hausse rapide du chômage, en particulier parmi les migrants, mentionne M. Ban Ki-moon.  Les personnes nées à l’étranger vivant dans les pays développés, ayant dans leur majorité immigré depuis longtemps, y sont pleinement installées et sont nombreuses à avoir acquis la citoyenneté du pays d’accueil, ce qui les rend ainsi plus à même de résister aux difficultés actuelles.  En outre, la plupart des gouvernements réagissent à la crise en réduisant les admissions discrétionnaires des nouveaux migrants et en continuant généralement de garantir l’accès à leurs marchés du travail à tous les migrants déjà résidents sur le territoire.  C’est une approche qu’il convient de maintenir, recommande le Secrétaire général.  Les quelques pays qui offrent des incitations financières aux migrants au chômage désireux de retourner dans leur pays d’origine ont trouvé relativement peu de candidats, constate-t-il cependant.


Les pays en développement, quoiqu’affectés par une baisse des envois de fonds et un recul des perspectives de migrations de main-d’œuvre, continuent d’appliquer des stratégies visant à tirer parti des avantages des migrations internationales pour le développement, processus qui mérite un soutien continu.  Les donateurs et les organisations internationales ont apporté une aide, en particulier pour abaisser les frais de transferts de fonds de migrants, mobiliser l’active participation des expatriés, et faciliter leur contribution à la promotion des investissements dans les pays d’origine et de l’entreprenariat parmi les populations non migrantes. 


De même, le système des Nations Unies intensifie, et c’est crucial, ses activités pour garantir les droits de tous les migrants, protéger les migrants en situations vulnérables, et préconiser une approche fondée sur les droits en matière de gestion des migrations internationales, note M. Ban Ki-moon.  Le maintien de cet esprit de coopération est essentiel pour assurer le succès du processus conduisant au Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement que l’Assemblée générale organisera en 2013, relève le Secrétaire général.  Enfin, les autorités des pays affectés par la crise actuelle doivent gérer les migrations internationales selon une vision de long terme, en particulier si l’on veut maintenir les migrations comme réponse possible aux conséquences du vieillissement de la population des pays industrialisés ou comme garantie d’accès aux compétences voulues.


La communauté internationale a déjà effectué de sensibles avancées dans l’élaboration d’une conception réaliste et équilibrée du rôle que les migrations internationales peuvent jouer dans le développement, conception propice à la collaboration dans la poursuite d’initiatives bénéfiques au développement.  À ce jour, précise M. Ban Ki-moon, la crise économique n’a pas entamé ces réalisations.  Le débat thématique informel que l’Assemblée générale organisera en 2011 offrira une occasion pour les États Membres de continuer de s’appuyer sur les avancées effectuées, a indiqué le Secrétaire général.


Débat général


M. CHRISTOPHE DE BASSOMPIERRE (Belgique) a indiqué que les migrations, si elles sont bien gérées, peuvent être profitables à la fois aux pays d’origine et aux pays d’accueil et aux migrants eux-mêmes.  À travers sa politique globale sur les migrations, a-t-il noté, l’Union européenne veut renforcer le dialogue sur les migrations et le développement.  Soulignant que l’Union européenne soutient le travail du Forum mondial sur la migration et le développement, le représentant a notamment relevé le rôle du Forum dans la mise en œuvre de la coopération internationale entre pays d’origine et pays destinataires des migrants.


S’exprimant au nom du Groupe des États arabes, M. SIDATI OULD CHEIKH (Mauritanie) a rappelé que les dirigeants des États de la planète s’étaient engagés, lors du Sommet du Millénaire, à protéger les droits des migrants et à mettre fin aux actes de racisme et de xénophobie dont ils sont victimes dans de nombreux pays et communautés.  Le fossé qui se creuse sur le plan économique et social entre pays développés et pays en développement, et la marginalisation de certains pays au sein de l’économie mondialisée, ont contribué à la hausse des flux migratoires internationaux, a estimé M. Ould Cheikh.  Il a indiqué que les pays arabes avaient adopté une Déclaration à l’issue de la Conférence arabe sur la population et le développement, qui s’est tenue en mai 2009 à Doha, au Qatar, ceci afin de réévaluer la nature des efforts à déployer en matière de développement et de migrations.  Le représentant a conclu son intervention en encourageant la communauté internationale à réfléchir également à la réponse qui pourrait être apportée au phénomène complexe et multidimensionnel des migrations internationales.


M. FÁBIO MOREIRA CARBONELL FARIAS (Brésil) a déclaré que la crise économique et financière mondiale a exacerbé la vulnérabilité des migrants.  Soulignant que la discrimination dont souffrent les migrants dans les pays d’accueils ne constitue pas seulement un problème de droits de l’homme, il a estimé qu’il s’agit plus globalement de l’existence d’obstacles majeurs dans le processus d’intégration des migrants.  Les femmes et les jeunes migrants sont de plus en plus vulnérables à des conditions de travail qui sont indécentes ainsi qu’a des trafics d’êtres humains, et sont exposés à la contrebande, a indiqué le représentant.  Rappelant que les flux migratoires augmentent à cause du fossé grandissant entre les pays développés et ceux en développement, le représentant a appelé la communauté internationale à soutenir les pays en développement afin qu’ils mettent en place des programmes économiques susceptibles de créer des emplois et préserver ainsi leurs citoyens de l’exile et de la recherche de mieux-être dans des terres inconnues.


Mme NADIA ISLER (Suisse) a, après avoir salué les conclusions du rapport du Secrétaire général sur la question à l’ordre du jour, estimé que les Nations Unies exerçaient une influence incontestable sur les objectifs et les priorités des États Membres en ce qui concerne la question des migrations internationales et du développement.  De par sa légitimité universelle, l’ONU est et devrait être à la fois le catalyseur et le point focal du dialogue sur les migrations à tous les niveaux.  La représentante a déclaré qu’elle attendait avec impatience le prochain débat sur ce thème, prévu en 2011, et le deuxième Dialogue de haut niveau, programmé pour 2013.  Selon elle, ces deux manifestations permettront aux États Membres de porter un jugement sur les progrès réalisés par les gouvernements et de donner de nouvelles impulsions à l’examen de la question des migrations internationales sous formes d’idées et de lancement d’initiatives.  « Ce n’est que si nous parvenons à changer la vision déformée des migrants que ceux-ci pourront déployer pleinement leurs capacités en faveur d’un développement durable », a ajouté Mme Isler.


M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou) a relevé qu’il faudrait, dans le débat sur les migrations internationales, considérer la contribution positive des migrants dans leurs pays d’accueil en ce qui concerne les domaines culturel et économique.  Le Pérou compte 3 millions de ressortissants vivant hors de ses frontières nationales, a indiqué le représentant, ajoutant que ce chiffre représente 10% de la population du pays.  Soulignant que les transferts de fonds des Péruviens de l’étranger vers leur pays d’origine contribuent pour 2% au produit intérieur brut du Pérou, il a invité les pays d’accueil à assouplir la réglementation relative à ces envois de fonds.  On ne peut favoriser une plus grande circulation de capitaux et de biens et en même temps restreindre les déplacements de travailleurs, a ensuite fait remarquer M. Gutiérrez.


M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) s’est félicité des initiatives lancées par les Nations Unies pour soutenir les pays en développement dans le renforcement de leurs capacités et les aider à concevoir des projets visant à faire en sorte que les migrations soient réellement mises au service du développement.  En dépit des progrès réalisés en ce sens, le système des Nations Unies doit redoubler d’efforts, a estimé le représentant.  M. Mashabane a indiqué que l’Union africaine avait adopté, en 2006, un cadre politique pour les migrations en Afrique qui définit des priorités en ce domaine, comme le respect des droits humanitaires des migrants et la promotion du travail des migrants.  Il a ensuite réaffirmé le soutien de la délégation sud-africaine au Code de pratique mondial de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui concerne les pratiques à respecter pour le recrutement international des personnels de santé.  Ce Code demande notamment aux États de s’abstenir de se livrer au recrutement de ce type de personnels dans des pays où ils font déjà défaut, comme par exemple dans les pays d’Afrique.


M. Amar A. I. Daoud (Soudan) a relevé que la migration n’a pas que des effets négatifs dans les pays d’accueil.  Elle permet aussi de raffermir les liens entre les peuples de la planète, a-t-il noté tout en invitant la communauté internationale à renforcer la coopération existant dans ce domaine.  Regrettant la montée des actes de xénophobie et d’exclusion dans certains pays d’accueils des migrants, le représentant a souligné le poids qu’ont les migrants dans l’activité économique de leur pays d’origine.  Rappelant que le Soudan est un pays multiracial et multiculturel du fait des migrations successives que le pays a connu, le représentant a invité la communauté internationale à soutenir son pays dans la voie de la recherche de la paix, condition impérieuse d’un développement économique durable.


M. IoannisPAPAMELETIOU (Grèce) a déclaré que la question des migrations et du développement était extrêmement importante pour son pays, qui est à la fois un pays d’émigration et d’immigration.  En novembre 2009, la Grèce a organisé le troisième Forum mondial sur les migrations et le développement, dont le thème était « Intégrer les politiques migratoires dans les stratégies de développement pour le bénéfice de tous ».  Cette réunion a été aussi l’occasion d’explorer les moyens d’engager les communautés des différentes diasporas à prendre part à de telles politiques.  La réunion visait aussi à renforcer l’autonomisation des migrants et à promouvoir l’égalité entre les sexes au sein de ces communautés, a précisé le représentant.


Mme CAROLINA POPOVICI (Moldova) a relevé que son pays est très affecté par les migrations car un cinquième de la population active de la Moldova vit hors du pays à cause de ce phénomène.  Indiquant que la Moldova a adopté en 2008 un plan national consacré aux migrations, elle a affirmé que le retour au pays des émigrés est favorisé grâce au financement, par l’État, de la moitié des fonds nécessaires à la création d’entreprises et au lancement d’activités économiques par des ex-migrants.


M. MOHAMMED ABDUL HAMAN (Bangladesh) a rappelé les coûts politique, économique et social de la migration, ainsi que la vulnérabilité des migrants à l’exploitation.  Il a estimé que la facilitation des envois de fonds pouvait se traduire par des résultats très positifs, soulignant que les envois de fonds des expatriés bangladais représentaient plus de 15% du produit national brut (PNB) du pays.  Ce pourcentage est près de cinq fois supérieur à celui de l’aide publique au développement que reçoit le Bangladesh et de dix fois à celui de l’investissement direct étranger pour l’année 2009, a fait observer le représentant.  Il a appelé en conclusion à une meilleure coopération entre pays d’émigration, pays d’accueil et pays de transit pour qu’ils puissent tous percevoir les bénéfices potentiels des migrations.


M. DRAGAN MIČIČ (Serbie) a relevé que la Serbie fait face à de nombreux flux migratoires tant internationaux que nationaux.  Des jeunes quittent le pays pour aller chercher du travail à l’étranger quand, dans le même temps, des populations serbes reviennent d’ailleurs pour s’installer dans leur pays d’origine.  Il a indiqué que la moyenne d’âge de la population serbe est de 40,7 ans, et a souligné que le taux de chômage élevé est une cause majeure du départ des jeunes Serbes de leur pays.  Pour résoudre le problème, le Gouvernement de la Serbie encourage les jeunes Serbes diplômés à l’étranger à retourner au pays afin de contribuer à construire l’économie nationale, a-t-il conclu.


M. PALITHA T. B. KOHONA (Sri Lanka) a déclaré que son pays était engagé dans une phase de croissance économique soutenue après qu’il y ait été mis fin à un conflit de trois décennies.  Le Gouvernement sri-lankais considère qu’une approche de la migration basée sur le respect des droits de l’homme est indispensable.  M. Kohona a rappelé que son pays avait été l’un des premiers à ratifier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles, qui est entrée en vigueur en 2003.  Exprimant sa préoccupation devant l’exclusion de la plupart des migrants des prestations des services de santé dans les pays d’accueil, M. Kohona a indiqué que le Gouvernement du Sri Lanka s’était doté d’une politique nationale sur la santé et les migrations, qui, a-t-il souhaité, pourrait servir de modèle à d’autres pays.  En outre, le Sri Lanka a adopté en 2008 une politique nationale sur le travail des migrants, qui vise notamment à promouvoir une meilleure réglementation du travail des migrants, a-t-il précisé.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a regretté que de nombreux pays qui constituent la destination des flux migratoires n’aient pas encore ratifié la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles, adoptée en 1990.  De par sa position géographique et en raison des politiques de restriction et de refoulement de certains pays développés, a indiqué le représentant, l’Algérie constitue aujourd’hui un pays de destination des migrations après en avoir été pendant longtemps un point de départ et de transit.  Pour terminer, le représentant a indiqué que les migrations internationales posent un problème commun à la communauté internationale, et que les solutions à apporter à ce phénomène ne peuvent être que communes et concertées.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a indiqué que les migrations revêtaient une importance fondamentale dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui.  Elles contribuent à satisfaire la demande en main d’œuvre existant dans les pays développés, ainsi qu’à la restructuration démographique de ces pays, sans compter le rôle que jouent les diasporas dans le développement économique de leurs pays d’accueil et d’origine, a-t-il affirmé.  Après avoir estimé que les migrations pouvaient donc produire des résultats positifs, le représentant a reconnu que ce phénomène pouvait aussi poser des défis, comme la perte de capital humain dans les pays d’origine des migrants, ou encore la montée de la xénophobie et du racisme dans les pays d’accueil.  À cet égard, les législations visant des minorités ethniques, souvent d’origine étrangère, dans différents pays sont inacceptables, a-t-il souligné.  Pour sa part, le Mexique accueillera en novembre le quatrième Forum mondial sur les migrations et le développement, a annoncé M. Heller, en indiquant que ce Forum sera l’occasion de mieux percevoir la question des migrations dans toutes ses dimensions et de veiller à ce que les politiques nationales des États reflètent les apports des migrants à ces sociétés.


M. LIBRAN N. CABACTULAN (Philippines) a relevé que les transferts de fonds des Philippins vivant à l’extérieur de leurs pays d’origine ont permis aux Philippines de faire face à l’impact de la crise économique et financière mondiale.  Reconnaissant que 10% des Philippins vivent hors des frontières nationales, le représentant s’est félicité des politiques promues pour la protection des droits des Philippins émigrés, où qu’ils soient, et quel que soit leur statut, dans leurs différents pays d’accueil.  Il a terminé son intervention en invitant les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.


Mme MICHELE KLEIN SOLOMON, Observatrice permanente de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a souligné les liens étroits existant entre la question des migrations et celle du développement.  C’est une relation complexe, qui comporte des aspects aussi bien positifs que négatifs, a-t-elle expliqué.  C’est la raison pour laquelle il faut œuvrer à l’élaboration de politiques visant à la fois à réaliser les potentialités des migrations et à en atténuer les contrecoups et les aspects négatifs, a préconisé l’observatrice de l’OIM.  Or, bien que la prise de conscience autour de cette question fondamentale se renforce, la plupart des stratégies de développement, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté, n’en tiennent pas systématiquement compte, a-t-elle relevé.  Aussi l’OIM a-t-elle conçu un annuaire afin d’inviter les pays à mettre l’accent sur les liens entre migrations et développement dans leurs stratégies de réduction de la pauvreté, a-t-elle indiqué.  Mme Klein Solomon a également souligné l’importance de tenir compte des questions de santé dans ce cadre, alors que l’accès des migrants aux soins de santé est indispensable pour faire de leur présence dans le pays d’accueil une contribution positive à l’évolution de sa société.  Le respect des droits de l’homme des migrants constitue également une composante déterminante de la bonne gouvernance des migrations, a ajouté l’observatrice.


Mme AMBER BARTH, Organisation internationale du Travail (OIT ), a relevé que les migrations aujourd’hui sont essentiellement liées au travail.  Les données de l’Organisation internationale du Travail (OIT) indiquent que 105 des 214 millions de personnes vivant hors de leur pays de naissance ou de citoyenneté en 2010, sont engagées dans le monde du travail, a dit Mme Barth.  Soulignant que la crise économique et financière a eu un impact négatif sur le travail des migrants, elle a affirmé que les travailleurs étrangers sont disposés à accepter des conditions de travail qui sont très souvent extrêmement déplorables.  La manière avec laquelle nous traitons les immigrés, a-t-elle déclaré, est déterminante dans le processus de mise en place d’une société de justice, de dignité, de démocratie et de sécurité humaine.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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