En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/3287

Deuxième Commission: l’interdépendance accrue entre les nations exige une lutte universelle contre la corruption, défi majeur posé à la croissance économique

20/10/2010
Assemblée généraleAG/EF/3287
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

15e séance – matin


DEUXIÈME COMMISSION: L’INTERDÉPENDANCE ACCRUE ENTRE LES NATIONS EXIGE UNE LUTTE UNIVERSELLE

CONTRE LA CORRUPTION, DÉFI MAJEUR POSÉ À LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE


La lutte contre la corruption et le blanchiment de l’argent qui en est issu, ainsi que la prévention du transfert d’avoirs acquis illicitement et la restitution de ces mêmes avoirs doivent devenir des priorités pour les États Membres, ont ce matin souligné les délégations qui ont pris part au débat tenu par la Commission économique et financière (Deuxième Commission) sur le thème: Mondialisation et interdépendance: rôle de l’ONU s’agissant de promouvoir le développement dans le contexte de la mondialisation et de l’interdépendance; et action préventive et lutte contre la corruption et le transfert d’avoirs d’origine illicite et restitution de ces avoirs, notamment aux pays d’origine, conformément à la Convention des Nations Unies contre la corruption.


La Commission était saisie d’un rapport* du Secrétaire général, qui indique que l’adoption, en 2009 à Doha, d’un Mécanisme d’examen de l’application de la Convention des Nations Unies contre la corruption a constitué une étape « décisive » vers l’application pleine et entière de cet instrument juridiquement contraignant.  Mais le succès du Mécanisme d’examen reste subordonné à l’appui inconditionnel et à l’engagement constructif de tous les États parties envers ses obligations, prévient M. Ban Ki-moon.


À la suite des idées, recommandations et principes énoncés par le Secrétaire général, les représentants du Yémen et de la Belgique, qui respectivement s’exprimaient au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et au nom de l’Union européenne, ont vivement encouragé les États Membres, qui ne l’ont pas encore fait, à adopter des lois et à mettre en œuvre des mesures pour lutter contre la corruption sous toutes ses formes, ce phénomène ayant été identifié comme « un défi majeur à la croissance économique et au développement des nations », selon les mots de la délégation de la Suisse qui a pris part au débat.


À cet égard, l’Initiative pour la restitution des avoirs volés (Stolen Asset Recovery Initiative -StAR), mise en place en 2007 par la Banque mondiale et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), a été saluée par plusieurs intervenants, dont le représentant de la Belgique, comme étant un instrument efficace de mise en œuvre de la Convention.


Un certain nombre de délégations ont repris à leur compte la proposition du Secrétaire général d’inviter les États Membres à désigner des autorités centrales chargées de l’entraide judiciaire afin de faciliter le recouvrement d’avoirs détournés et transférés dans des institutions financières étrangères.  Prenant la parole au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), le représentant de l’Indonésie a expliqué que ce groupe de pays avait mis en place en 2004 une plate-forme de coopération entre les agences régionales de lutte contre la corruption.  Dans son intervention, le représentant du Nigéria, dont le pays a ratifié la Convention contre la corruption, a indiqué que grâce à la création de la Commission de lutte contre les crimes économiques, le Nigéria a pu recouvrer environ 6,5 milliards de dollars de ressources publiques détournées et déposées dans des banques étrangères.  Le Nigéria a aussi pu restituer 250 millions de dollars à des personnes ayant été victimes de fraudes, commises par des individus opérant à partir de son territoire, alors que les victimes résidaient dans des lieux aussi divers que la Chine, l’Inde, le Brésil ou Hong Kong.


Le débat autour de la corruption s’est tenu dans le contexte plus large de l’interdépendance des nations à l’heure de la mondialisation.  La Deuxième Commission était saisie à ce sujet d’un rapport** du Secrétaire général portant sur l’instauration d’un nouvel ordre économique international, qui souligne que la principale gageure aujourd’hui réside dans le fait de « réaliser concrètement les avantages potentiels de la mondialisation tout en réduisant au minimum les coûts, les risques, et les facteurs de vulnérabilité considérables qu’elle a également engendrés ».


Dans le climat actuel, caractérisé par des crises touchant des secteurs multiples (alimentation, énergie, changement climatique, crise financière), la tâche paraît difficile à accomplir, souligne le Secrétaire général dans son rapport, dont l’ensemble des délégations ont partagé l’analyse.  Comme lors de plusieurs autres débats, elles ont souligné l’importance du rôle qui incombe au système des Nations Unies dans l’instauration d’une mondialisation plus juste et plus équitable pour les pays en développement, notamment ceux en situation particulière.  La réforme des institutions financières internationales et la conclusion réussie des négociations commerciales du Cycle de Doha ont été évoquées par beaucoup d’intervenants comme étant des préalables indispensables.


En fin de séance, la délégation du Yémen, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a présenté deux projets de résolution portant sur « le système financier international et le développement »*** sur « les activités opérationnelles de développement »****.  Ces deux textes seront soumis à une prise de décisions des délégations ultérieurement.


La prochaine séance plénière de la Deuxième Commission se tiendra demain, jeudi 21 octobre, à partir de 10 heures.  Elle sera consacrée à la question de l’éradication de la pauvreté.


*           A/65/90

**          A/65/272

***         A/C.2/64/L.3

****        A/C.2/64/L.4


Mondialisation et interdÉpendance


Rôle des Nations Unies s’agissant de promouvoir le développement dans le contexte de la mondialisation et de l’interdépendance


Rapport du Secrétaire général sur l’instauration d’un nouvel ordre économique international (A/65/272)


Ce rapport du Secrétaire général offre un aperçu des divers aspects de la mondialisation, des changements majeurs intervenus dans l’économie internationale et les politiques économiques, et aborde les grands problèmes que soulève la réalisation d’une croissance économique soutenue, équitable et sans exclusive, et la promotion d’un développement durable.  Le rapport présente ensuite le rôle joué par les Nations Unies, à travers l’organisation de grandes conférences et sommets mondiaux, dans le traitement de ces problèmes et leur pertinence pour l’examen et la mise en œuvre des principes contenus dans la Déclaration et le Programme d’action relatif à l’instauration d’un nouvel ordre économique international.


L’accélération des échanges mondiaux de biens et de marchandises, des mouvements de ressources financières et de la main-d’œuvre au cours des 30 dernières années a entraîné une mondialisation sans précédent de l’économie, note le Secrétaire général dans ce document.  Avec cette mondialisation rapide, les différents éléments de l’économie mondiale sont devenus de plus en plus interdépendants.  Cela a créé des possibilités remarquables d’innovation, mais aussi de graves difficultés résultant de la répartition inégale des avantages et des coûts qu’entraîne la propagation du phénomène.  La mondialisation a également exacerbé le risque de bouleversements sociaux, économiques et environnementaux qui se propagent d’un pays à un autre, accompagnés d’effets nocifs et d’une recrudescence de l’insécurité économique, note M. Ban Ki-moon.  Les populations les plus pauvres et les plus vulnérables vivant, en particulier, dans les pays en développement ont subi de plein fouet des chocs d’origine extérieure, souligne le Secrétaire général.


Les crises alimentaire et énergétique de la période 2007-2008 et l’actuelle crise financière et économique mondiale sont des exemples récents d’une propagation des difficultés d’une partie du monde à une autre, puisqu’elles ont embrasé rapidement toute l’économie mondiale et frappé lourdement les pays en développement.  Ainsi, relève le Secrétaire général, la transmission de chocs d’origine extérieure –par une contraction brutale des échanges, des envois de fonds des travailleurs migrants, des investissements et des mouvements de capitaux– a exacerbé les inégalités liées à la mondialisation et compromis le développement et le bien-être de l’humanité.  Étant donné que le montant de l’aide internationale diminue également, les effets de ces crises ont été encore plus dévastateurs sur les pays à faible revenu et sur les pauvres, regrette M. Ban.  L’aide publique au développement (APD) a légèrement augmenté en termes réels entre 2008 et 2009, mais elle demeure nettement en dessous de ce qu’elle devrait être si les engagements d’aide qu’ont pris les pays riches il y a longtemps étaient tenus.


La difficulté à affronter consiste alors à traduire dans la vie concrète les avantages potentiels de la mondialisation tout en réduisant au minimum les coûts et les risques qui lui sont liés, et les facteurs de vulnérabilité considérables qu’elle a également engendrés, note M. Ban.  Dans le climat actuel, caractérisé par des crises multiples (alimentation, énergie, changement climatique, crise financière), la tâche paraît redoutable, constate-t-il.  Néanmoins, les crises mondiales ont également offert une rare occasion à la communauté internationale de guider l’économie mondiale sur la voie d’une croissance économique et d’une reprise plus durables en abordant simultanément les problèmes de l’insécurité alimentaire et énergétique, des changements climatiques et des aspirations au développement des pays défavorisés.  Cet objectif peut être atteint par la pratique d’un multilatéralisme sans exclusive et par la participation équitable de tous les pays, développés ou en développement, aux échanges mondiaux, comme le prévoyaient la Déclaration et le Programme d’action concernant l’instauration d’un nouvel ordre économique international, adoptés à la sixième session extraordinaire de l’Assemblée générale en 1974.  L’Organisation des Nations Unies, en sa qualité de principale institution d’un multilatéralisme sans exclusive, peut jouer un rôle important dans cette entreprise, souligne le Secrétaire général dans ce rapport.


Dans le régime issus des arrangements de Bretton Woods et du GATT, qui a été mis en place à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et a duré jusqu’aux années 70, les pays étaient libres d’adopter les politiques commerciales et industrielles de leur choix pour autant qu’ils éliminaient un certain nombre de restrictions aux échanges entre pays et ne faisaient pas de distinction entre leurs partenaires commerciaux.  Ces règles décourageaient l’adoption de restrictions quantitatives, mais non de droits de douane.  Dans le domaine de la finance internationale, les pays étaient autorisés, et même encouragés, à maintenir certaines restrictions sur les mouvements de capitaux.  Cela leur a permis d’adopter des politiques macroéconomiques anticycliques et favorables à l’investissement, ce qui a donné ce qui est maintenant considéré comme un « âge d’or », rappelle le Secrétaire général.


Aujourd’hui, la mondialisation oblige les pays à rester attractifs sur les marchés internationaux des capitaux et des biens, observe ensuite M. Ban Ki-moon.  La réglementation et les politiques intérieures sont harmonisées avec le marché ou avec d’autres exigences de l’intégration économique internationale.  Les nouvelles obligations internationales relatives au commerce et à l’investissement étranger limitent ainsi la marge d’action des gouvernements et amenuisent leur espace et leur marge de manœuvre politique, ce qui contredit l’esprit du Nouvel ordre économique international de 1974.  Dans de pareilles conditions, les organes qui définissent la politique économique d’un pays, par exemple sa banque centrale ou ses autorités fiscales, se trouvent de plus en plus isolés de la vie politique, ostensiblement pour maintenir la confiance des marchés, mais ceci réduit la marge de manœuvre que devraient avoir les États dans le choix de leurs politiques et de leurs stratégies de développement.  Il n’en a pas résulté une plus grande prospérité pour les pauvres et les populations les plus vulnérables, constate le Secrétaire général.


Au cours des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies depuis les années 90, les États Membres ont tenté de reconquérir le terrain ainsi perdu.  Ils ont affirmé leur volonté de maîtriser leurs stratégies de développement et ont exigé une plus grande participation à la gouvernance économique mondiale.  L’Agenda des Nations Unies pour le développement, qui découle de ces conférences et réunions au sommet tenues par les Nations Unies, reflète en partie l’esprit du Nouvel ordre économique international de 1974 ainsi que les objectifs du « développement pour tous », conclut le Secrétaire général.


Débat général


M. MOHAMMED AL HADHRAMI (Yémen) qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a relevé que la mondialisation a conduit à des innovations économiques, scientifiques, technologiques et culturelles qui affectent tous les domaines de la vie ainsi que l’essor des pays en développement.  Soulignant que la mondialisation peut être une force dynamique pour le renforcement de la coopération et l’accélération de la croissance, il a tout de même noté qu’elle peut aussi créer un certain nombre de défis pour les pays en développement.  Le représentant a indiqué que l’ONU apparaît comme un acteur majeur de la mondialisation car, elle pourrait, grâce au renforcement de la coopération internationale, permettre aux pays en développement de s’intégrer dans l’économie mondiale.


Le Groupe des 77 et la Chine reconnaît, a t-il relevé, que la corruption est un frein à la mobilisation des ressources pour le développement.  La corruption n’est pas seulement un danger pour la stabilité des sociétés, a-t-il affirmé, elle se présente aussi comme un frein à la promotion du développement durable.  À ce propos, le représentant a invité les États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption à prendre des mesures afin de mettre en application ladite Convention.  Soulignant que les migrations apparaissent comme un facteur positif pour la croissance des pays en développement, il a invité la communauté internationale à renforcer la coopération internationale sur cette question. Rappelant que chaque pays est responsable de son propre développement, M. Al Hadhrami a déclaré que la communauté internationale doit tenir compte des spécificités de tous les pays, afin que les décisions prises à l’échelle internationale au sujet de la mondialisation, soient profitables à toutes les nations et à tous les peuples du monde.  Il a enfin rappelé que les différences culturelles constituent un héritage et une richesse pour toute l’humanité.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M.PIERRE CHARLIER (Belgique) a déclaré que l’Union européenne avait, depuis longtemps, entrepris de se doter de politiques visant à assurer la croissance économique et le progrès social parmi ses États membres.  L’approche privilégiée par l’Union européenne est de répondre aux transformations profondes qui affectent les pays européens sur les plans sociaux et économiques, a expliqué le représentant.  La communauté internationale ne doit épargner pour sa part aucun effort pour garantir le partage équitable par tous, et au profit de tous, des bienfaits de la mondialisation, a-t-il poursuivi, expliquant qu’un travail considérable reste à faire, notamment au sein des Nations Unies, pour y parvenir.  Dans ce contexte, l’Union européenne s’est dite prête à travailler avec ses partenaires pour mettre en œuvre des stratégies de développement vigoureuses et cohérentes, comme en témoigne son niveau de contribution et d’assistance, qui en fait le premier donateur d’aide publique au développement (APD), a dit le représentant de la Belgique.  Évoquant ensuite la corruption, le représentant a déclaré qu’elle constituait un obstacle fondamental à la bonne gouvernance et au développement durable.  L’importance de lutter contre ce fléau aux niveaux national et international a été réitérée dans le Document final adopté au terme de la Réunion plénière de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a–t-il rappelé, avant d’indiquer que l’Union européenne appuyait l’Initiative pour le recouvrement des avoirs volés, lancée conjointement par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) et la Banque mondiale.


M. AGUS HERYANA (Indonésie), qui prenait la parole au nom des pays de  l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a reconnu que la mondialisation offre de nombreuses opportunités pour une croissance économique durable.  Mais elle comporte, dans le même temps, de nombreux défis pour les pays en développement qui ont de la peine à s’ajuster aux canons internationaux engendrés par la mondialisation.  Les Nations Unies, a-t-il noté, qui ont une expérience avérée dans les questions multilatérales, devrait jouer un rôle majeur dans les sujets relatifs à la mondialisation.  Concernant la lutte contre la corruption et le transfert des avoirs illicites, le représentant a indiqué que les États de l’ANASE ont mis en place depuis 2004 une plate-forme de coopération entre les agences de lutte contre la corruption existant dans leur région.  Reconnaissant que 13,5 millions de migrants originaires de l’ANASE travaillent à travers le monde, le représentant à souligné l’importance, pour les pays d’accueil et les pays d’origine des migrants, d’établir des politiques communes car, a-t-il précisé, la migration est bénéfique pour toutes les parties impliquées.


S’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a déclaré que la mondialisation économique ne s’était pas traduite par des effets positifs dans des pays comme le Népal en termes de commerce international, d’Investissement étranger direct (IED), de financements internationaux, de renforcement de la propriété intellectuelle et de gouvernance économique internationale.  Bien au contraire, a-t-il dit, la plupart des PMA ont enregistré un recul en raison du manque de capacités, d’infrastructures, d’expertise et de capital qui leur seraient nécessaires pour être compétitifs sur le marché mondial.  Si la plupart des PMA ont tenté de mettre en œuvre les politiques économiques préconisées par les institutions de Bretton Woods, y compris les programmes d’ajustement structurel, ces politiques n’ont pas produit les résultats escomptés, a regretté le représentant, qui a demandé que les politiques économiques mondiales soient alignées sur les priorités nationales de chaque pays.  Aussi les PMA demandent-ils, à nouveau, un élargissement de leur participation au processus de prise de décisions des institutions financières internationales et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Dans ce contexte, la conclusion réussie des négociations commerciales du Cycle de Doha demeure un préalable indispensable, a souligné M. Rai, avant d’ajouter qu’un partenariat renforcé des PMA et des autres pays avec les partenaires de développement et les Nations Unies pouvait ouvrir la voie à une mondialisation plus juste.


M. CAMILLO M. GONSALVES (Saint-Vincent-et-les Grenadines), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé qu’entre les XVIe et XIXe siècles, des esclaves enlevés d’Afrique ont été installés dans la région des Caraïbes.  Ce commerce triangulaire, qui se faisait entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques, présageait déjà des migrations et de la mondialisation que nous vivons de nos jours, a-t-il estimé.  Reconnaissant les aspects positifs de la mondialisation, le représentant a précisé que la mondialisation du XXIe siècle doit être plus inclusive et plus équitable que les précédentes, et il a invité les Nations Unies à s’impliquer dans ce processus.  Il a de ce fait rappelé que la communauté internationale voudrait que les États de la CARICOM se plient aux exigences de l’Organisation mondiale du commerce quand, dans le même temps, certains pays développés ignorent des aspects cruciaux de régulation du commerce international qui sont favorables aux membres de la CARICOM.  Avec une région peuplée par des descendants de migrants, volontaires ou non, les États de la CARICOM voient leurs populations les mieux formées et les plus productives partir vers les pays développés, a-t-il regretté.  Il a invité l’ONU à jouer un rôle central dans la gestion des questions de migration pour que ce phénomène soit bénéfique à tous les pays.


S’exprimant au nom du Groupe des États arabes, M. SIDATI OULD CHEIKH (Mauritanie) a appelé la communauté internationale à jeter les fondations d’un système commercial équitable, ouvert, multilatéral et règlementé, qui permette aux pays en développement de prendre part à la mondialisation et d’en partager les bénéfices.  Demandant la conclusion des négociations commerciales du Cycle de Doha, il a affirmé qu’il fallait saisir cette occasion pour prendre des mesures visant à assurer des flux financiers suffisants en direction des pays en développement, notamment sous la forme de l’investissement étranger direct, pour aider ces nations à se doter de capacités productives suffisantes pour être compétitives sur le marché mondial.  Le Groupe des États arabes défend le droit des peuples à tirer parti des dividendes de la mondialisation et rappelle la nécessité de surmonter les défis qui se posent à la réalisation d’une croissance économique durable, a dit M. Ould Cheikh.  Abordant la question de la corruption, le représentant de la Mauritanie a déclaré que celle-ci constituait un obstacle important à la mobilisation et à la distribution efficace des ressources dont les pays en développement ont besoin pour éradiquer la pauvreté et la faim et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  À cet égard, le secteur privé, qu’il s’agisse des petites et moyennes entreprises ou de compagnies transnationales, devrait jouer un rôle important dans la prévention de ce fléau et dans la lutte contre la corruption.  C’est la raison pour laquelle les États du Groupe arabe ont promulgué les législations nécessaires au soutien de l’action du secteur privé dans ce domaine, a indiqué le représentant.  Des actions similaires sont indispensables de la part du système des Nations Unies, a-t-il souligné en conclusion.


M. WANG QUN (Chine) a noté que du fait de leurs différents niveaux de développement, les pays du monde ne tirent pas les mêmes bénéfices de la mondialisation, et que les pays en développement courent le risque d’être marginalisés dans ce processus.  Afin de mettre en place une coopération internationale bénéfique pour tous, le représentant a suggéré des mesures telles que le renforcement de la coopération internationale; accorder la priorité au développement en comblant l’écart qui existe entre pays développés et pays en développement; améliorer la gouvernance économique mondiale en permettant aux pays en développement de faire entendre leur voix dans la prise de décisions sur les questions économiques internationales et renforcer le rôle de l’ONU, qui a une expérience avérée du traitement des questions multilatérales.  Soulignant que la Chine a, pendant 30 ans, déployés des efforts pour son développement et son ouverture au monde, M. Wang a noté que l’économie chinoise est devenue plus importante sur l’échiquier mondial et que de ce fait, l’avenir de la Chine est devenu beaucoup plus lié à celui du reste du monde.  Le Gouvernement chinois accorde une place importante à la lutte contre la corruption, a-t-il indiqué.  À cet effet, la Chine a mis en place des mesures de lutte qui ciblent les conséquences et les causes du phénomène, et les lois nationales en la matière sont alignées sur les principes internationaux contenus dans la Convention des Nations Unies contre la corruption.  M. Wang a terminé son intervention en invitant la communauté internationale à mettre en place des mécanismes de lutte conte la corruption aux niveaux régional et mondial et à favoriser une plus grande collaboration à cet effet.


M. FÁBIO MOREIRA CARBONELL FARIAS (Brésil) a déclaré que la crise économique et financière, l’insécurité alimentaire, la volatilité des coûts de l’énergie et les changements climatiques avaient démontré, si besoin était, à quel point était forte l’interdépendance entre les nations.  Plutôt que d’essayer d’imposer une solution unique à tous les pays, il est temps pour la communauté internationale de faire preuve de souplesse et de soutenir les politiques nationales des différents États, en particulier pour leur permettre d’adopter des mesures contre-cycliques en vue de sortir de la tourmente économique, a préconisé M. Farias.  Les Nations Unies ont un rôle déterminant à jouer à cet égard, a poursuivi le représentant, en recommandant une coopération renforcée avec les États Membres dans les domaines de l’aide internationale et des transferts de technologies.  L’ONU a le mandat et les ressources nécessaires à sa disposition pour pouvoir aider les pays à faire face à la crise, mais aussi pour leur permettre de mettre en œuvre des plans de développement sur le long terme, a estimé M. Farias.  Par ailleurs, le recouvrement des biens détournés par certains gestionnaires et par la pratique de la corruption est une question clef dans la lutte conte ce fléau, a-t-il relevé.  Le représentant a souligné en conclusion l’importance de la coopération internationale dans le renforcement des capacités pour permettre à tous les États Membres de mettre en œuvre les dispositions de la Convention des Nations Unies contre la corruption.


M. HAWZEHEN KHORSHID (Iraq) a déclaré que le niveau de corruption, que les rapports internationaux disent élevé dans son pays, est un héritage de l’ancien régime politique.  Depuis 2004, le Gouvernement iraquien, a t-il relevé, a mis en place des mesures pour confronter ce problème.  Tous les ministères sont pourvus d’une structure d’inspection générale et un organisme national de lutte contre la corruption a été mis en place en 2009 avec un plan stratégique à suivre pour les cinq prochaines années.  Relevant que cet organisme national de lutte contre la corruption a adopté une approche à la fois préventive et dissuasive, le représentant a évoqué le dernier rapport semestriel publié pour la première moitié de l’année courante.  Selon ce rapport, a-t-il précisé, 1 706 personnes ont été interpellées à travers l’Iraq pour des questions de corruption, et 764 personnes sont en détention.  Dans le même temps, 45 opérations ont été menées au niveau provincial et le phénomène du versement de pots-de-vin tend à baisser, selon une enquête contenue dans ce rapport.  Toutes ces mesures de lutte contre la corruption, a reconnu le représentant, renforcées par des politiques de transparence, tendent à mettre en place une nouvelle culture administrative qui permettra de pleinement mettre en œuvre la démocratie en Iraq.


M. MATTHIAS BACHMANN (Suisse) a mis l’accent dans sa déclaration sur la question de la corruption, qui constitue aux yeux de la Suisse un défi majeur à la croissance économique et au développement des nations.  La Suisse, a-t-il indiqué, s’est résolument engagée, sur les plans national et international, dans la lutte contre la corruption, et ceci est un corolaire de son engagement contre le blanchiment d’argent et le crime organisé.  Elle a largement participé à l’élaboration et au renforcement de la Convention des Nations Unies contre la corruption, a poursuivi le représentant, avant de se féliciter de l’accord conclu à Doha en 2009, pour instaurer un mécanisme d’examen de l’application de cet instrument.  Notre pays s’est également engagé dans le domaine du recouvrement des avoirs détournés et de leur retour dans leur pays d’origine, au point d’être aujourd’hui l’État qui a procédé au plus grand nombre de restitutions d’avoirs dérobés par des personnes politiquement en vue.  Par ailleurs, en matière de restitution d’avoirs illicites, le Parlement suisse vient d’approuver en septembre 2010 une nouvelle loi facilitant encore davantage la restitution de fonds aux pays et aux populations qui ont subi un préjudice.  M. Bachmann a en conclusion indiqué que sa délégation partageait l’avis du Secrétaire général qui, dans son rapport, souligne le rôle critique du secteur privé dans la lutte contre la corruption.


M. ABDU YASSIN (Éthiopie) a relevé que son pays a mis en place des mesures afin de s’intégrer à l’économie mondiale.  À ce propos, il a déclaré que la communauté internationale a reconnu que l’Éthiopie est devenue le pays en développement, qui est sans ressource pétrolière, qui cependant connaît la plus rapide croissance en matière de développement.  De même, l’Éthiopie fait partie, a-t-il ajouté, des 20 nations du Sud les plus susceptibles de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Invitant les Nations Unies à jouer un rôle majeur dans le cadre de la mondialisation pour la promotion du bien-être de toute l’humanité, le représentant a souhaité la mise en place de règles devant régir la mondialisation afin de la rendre profitable à tous les peuples et toutes les nations.


M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou) a rappelé que les Nations Unies et les institutions financières internationales ont des mandats dont la complémentarité est déterminante dans la réalisation d’une mondialisation plus juste.  Un des aspects qui préoccupe le plus les pays en développement dans le contexte de la mondialisation est la relation entre culture et développement, a-t-il indiqué.  L’essor du secteur de la culture, y compris des industries culturelles, du tourisme culturel et des moyens multimédias, représente en effet un énorme capital économique, a précisé le représentant.  M. Gutiérrez a estimé que ce secteur contribue à réduire la pauvreté en créant de nombreuses opportunités économiques et des emplois.  D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le secteur culturel représenterait 6,2% du PIB des États membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de nombreux pays en développement.  C’est donc le moment adéquat, a indiqué M. Gutiérrez, pour adopter une résolution sur la question de la culture et du développement, qui prévoirait l’inclusion d’une perspective culturelle dans les initiatives liées au développement.


M. SHANTA KUMAR (Inde) a souligné lui aussi que les bienfaits de la mondialisation étaient inégalement répartis entre les différents pays.  Il a rappelé qu’un grand poète indien avait un jour dit: « Il ne peut y avoir de paix dans le monde sans partage équitable des biens entre tous.  Personne ne devrait avoir plus et personne ne devrait avoir moins ».  Le représentant a ensuite souligné la nécessité de promouvoir une bonne gouvernance et d’éradiquer la corruption, qui constitue un obstacle dans la lutte contre la pauvreté.  Il a exhorté la communauté internationale à faire pression au besoin sur les pays qui offrent des paradis fiscaux pour qu’ils n’autorisent pas le dépôt dans leurs banques de flux financiers illicites.  L’Inde estime aussi que les Nations Unies, compte-tenu de leur légitimité et de leur universalité, doivent jouer un rôle central dans la mise en place d’une gouvernance mondiale, au sein de laquelle les pays en développement, et en particulier ceux en situation particulière, devraient se voir accorder une priorité.  À cet égard, M. Kumar a appelé à une conclusion des négociations commerciales du Cycle de Doha.


M. Daniil V.MOKIN (Fédération de Russie) a relevé que dans le monde d’aujourd’hui, marqué par la mondialisation, la lutte contre la corruption ne pourrait être efficace que dans le cadre d’efforts déployés au niveau international.  À ce propos, a-t-il indiqué, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la corruption est d’une grande importance.  Rappelant que la Fédération de Russie a ratifié cette Convention en 2006 et travaille à son application, le représentant a évoqué le Plan national de mis en place en Russie, qui fournit déjà des résultats positifs.  Nous devons travailler sur le recouvrement des avoirs détournés et transférés à l’étranger et sur le renvoi de ces avoirs vers leurs pays d’origine, a t-il souligné.  Il a enfin suggéré qu’un appui technique soit apporté aux pays qui en ont besoin, afin de leur permettre de lutter efficacement contre la corruption. 


Mme DIANA AL-HADID (Jordanie) a déclaré que la coopération internationale était déterminante dans la lutte contre la corruption.  Au niveau national, son propre pays, la Jordanie, a mis en place un cadre institutionnel pour répondre aux défis qui se posent en ce domaine.  Ce cadre comprend plusieurs agences spécialisées, notamment une Commission anticorruption, un bureau d’audit, une commission de sécurité, un bureau de l’Ombudsman et un bureau chargé des déclarations de situation financière, a-t-elle précisé.  La représentante a ensuite attiré l’attention de la Deuxième Commission sur l’impact qu’ont les migrations sur la réalisation de plusieurs des OMD, soulignant que les envois de fonds en provenance des migrants devraient de nouveau connaitre une croissance après le recul observé en 2009.


M. TIMOTHY ANAELE MGBOKWERE (Nigéria) a relevé que depuis le retour de la démocratie dans son pays en 1999, des efforts considérables ont été consacrés à la lutte contre la corruption.  Le Nigeria, a-t-il indiqué, a ratifié la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la corruption et a mis en place des institutions pour lutter contre ce fléau social.  Grâce au travail mené par la Commission de lutte contre les crimes économiques et financiers, le pays a pu recouvrer, a t-il noté, plus de 250 millions de dollars qui ont été retournés aux victimes de fraudes en Chine, en Inde, au Brésil ou encore à Hong Kong.  Depuis la mise en place de cette Commission en 2003, près de 6,5 milliards de dollars ont été recouvrés par le Nigéria, s’est félicité le représentant.  Soulignant que le Nigéria est engagé dans la lutte contre l’argent sale au niveau régional, il a indiqué que son pays fait partie du Groupe intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest.


M. EMMANUEL OLOBO BWOMONO (Ouganda) a souligné la nécessité de gérer de manière plus efficace la mondialisation, afin de minimiser ses effets négatifs et de veiller à ce que ses bienfaits profitent équitablement à tous.  Une mondialisation inclusive doit s’appuyer sur les forces du marché, mais en l’absence de règlementation de celui-ci, le partage des richesses ne pourra pas se faire de manière équitable et transparente.  La mondialisation ne connait pas de frontière, ni en matière de défis, ni en matière de risques, a insisté le représentant, qui a appelé les Nations Unies à jouer un rôle plus important à l’avenir.  L’Agenda du développement de l’ONU, qui est fondé sur la Déclaration concernant l’instauration d’un nouvel ordre économique international de 1974, reconnaît les immenses disparités qui existent dans le monde d’aujourd’hui, a rappelé M. OLOBO BWOMONO.  Une ONU renforcée doit jouer le rôle qui lui revient dans la promotion du développement à l’heure de la mondialisation et de l’interdépendance, a-t-il ajouté en conclusion.


M. DENIS ZDOROV (Bélarus) a indiqué que les barrières douanières et autres  mesures de protectionnisme économiques sont en grande partie défavorables aux pays en développement.  Il a ensuite regretté que certaines mesures imposant des contraintes économiques visent des pays spécifiques et sont guidées par des considérations politiques.  Il est important, a-t-il souligné, que les pays à revenu moyen collaborent davantage avec les pays développés afin d’assurer une certaine stabilité de l’économie mondiale.  Des succès en matière économique et sociale ont été engrangés par le Bélarus, a déclaré le représentant qui a aussi évoqué à cet égard l’augmentation de la production agricole et le doublement du produit intérieur brut de son pays.  L’ONU, en partenariat avec la communauté internationale, a-t-il suggéré, devrait contribuer à l’établissement d’un ordre mondial plus juste.


M. ALMAT IGENBAYEV (Kazakhstan) a estimé que le système de soutien au développement des Nations Unies devait prendre en compte les besoins spécifiques et les exigences des pays en difficulté.  Dans ce contexte, la mondialisation devrait être gérée de manière plus efficace et équitable, a préconisé le représentant, qui a appelé à une réforme des institutions financières, monétaires et commerciale internationales, en vue de les rendre plus justes et plus démocratiques.  M. Igenbayev a ensuite plaidé en faveur d’une intensification de la coopération internationale dans le domaine des sciences et des technologies.  Soulignant enfin la gravité des problèmes posés par la corruption, il a indiqué que son pays était le premier au sein de la Communauté des États indépendants à avoir adopté une loi portant sur la lutte contre ce fléau, puis à s’être doté d’un code de conduite pour les fonctionnaires et autres personnel de la fonction publique.


M. PHILIPPE KRIDELKA, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a relevé l’importance de la culture dans les politiques de développement car, a t-il ajouté, le développement ne peut se faire au détriment de la culture.  Rappelant que l’UNESCO est l’agence du système des Nations Unies chargée de piloter la thématique « culture et développement » en relation avec la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il a relevé que la mise en œuvre de cette thématique est pourvue d’un budget de 95,5 millions de dollars consacrée au financement de projets dans 18 pays.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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