SG/SM/12380-ENV/DEV/1061

Le Secrétaire général souligne combien la Chine peut peser sur les négociations relatives au changement climatique lors du lancement du programme " Green Lights "

24/07/2009
Secrétaire généralSG/SM/12380
ENV/DEV/1061
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SOULIGNE COMBIEN LA CHINE PEUT PESER SUR LES NÉGOCIATIONS RELATIVES AU CHANGEMENT CLIMATIQUE LORS DU LANCEMENT DU PROGRAMME « GREEN LIGHTS »


On trouvera ci-après les observations sur le changement climatique que le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a faites lors du lancement du programme « Green Lights » à Beijing le 24 juillet:


Cette visite est la troisième, en deux ans et demi, que j’effectue en tant que Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies dans votre pays, où je suis heureux d’être de retour une nouvelle fois.  Je tiens à remercier le Gouvernement chinois, et vous tous, pour votre accueil chaleureux et une excellente organisation.


C’est avec un plaisir singulier que je me joins à vous pour célébrer cet ambitieux projet consistant à promouvoir l’éclairage à économie d’énergie, ce qui pourrait faire baisser de 8% la consommation énergétique chinoise.  Je félicite la Commission du développement national et de la réforme, le Ministère des finances et mes collègues des Nations Unies pour avoir mené à bien ce programme.


En premier lieu, ce programme met en relief l’un des multiples moyens permettant aux citoyens ordinaires et aux entreprises de diminuer leurs besoins énergétiques et de réduire les gaz à effet de serre.  Deuxièmement, il souligne le rôle essentiel que les gouvernements peuvent –et doivent– jouer au service d’une économie verte.  Troisièmement, il fait ressortir l’importance de la Chine et le rôle phare qui est nécessairement le sien dans la lutte mondiale contre le changement climatique.


La Chine est de longue date celle des principales économies mondiales qui enregistre la croissance la plus rapide.  Elle est aussi l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre et l’un des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique.  C’est pourquoi les progrès que la Chine accomplit de front s’agissant d’appliquer des politiques économiques et énergétiques durables représentent un intérêt primordial non seulement pour ses citoyens mais aussi pour ceux du monde entier.


L’approche que vous adopterez face au changement climatique peut apporter la preuve, aux yeux de la planète, que la Chine est prête à assumer un rôle de chef de file mondial au XXIe siècle.  En investissant dans une économie et une croissance vertes, votre pays a la chance de passer outre des décennies de développement traditionnel faisant appel à des combustibles fortement polluants.


La solution consiste à faire de l’énergie propre une priorité, ce que la Chine a déjà entrepris, permettant de créer de nouveaux emplois, de stimuler l’innovation et d’introduire une ère nouvelle de prospérité mondiale.  Ce faisant, la Chine peut devenir le fer de lance de l’économie de demain, dès aujourd’hui. Elle peut servir de modèle non seulement aux pays en développement, mais au monde entier.


Les pays qui s’engageront dans cette voie en récolteront les fruits. Ce sera pour eux le succès sur le marché mondial, mais aussi sur le marché intérieur, la société dans son ensemble étant bénéficiaire.


La Chine est aujourd’hui une puissance mondiale.  Et à puissance mondiale, responsabilités mondiales. Sans la Chine, il ne peut y avoir de succès cette année dans l’élaboration d’un nouveau cadre de travail mondial sur le climat.  Mais avec la Chine, d’énormes possibilités s’offrent au monde pour parvenir à un accord à Copenhague. Un accord mondial pour un gain mondial.  Tous les pays peuvent tirer avantage d’un accord juste, efficace, reposant sur des données scientifiques, ambitieux et équitable.


Le 22 septembre prochain, je convoquerai un sommet réunissant les dirigeants de la planète pour examiner les défis –et les possibilités– qui se présentent à nous sur le chemin de Copenhague.  Le verdict de la science est clair. Nombre des solutions possibles existent déjà, comme nous le reconnaissons ici aujourd’hui.  Nous savons aussi que le coût de l’inaction éclipsera le prix des mesures prises aujourd’hui.


Ce dont nous avons besoin, c’est d’une plus grande volonté, de la part des chefs d’État et de gouvernement, de prendre les choses en main aux niveaux national et international.  Nous aurons aussi besoin de confiance. La confiance mutuelle entre pays en développement et pays développés est indispensable pour parvenir à des conclusions concertées à Copenhague.  Pour aller de l’avant, nous devons nous laisser guider par le Consensus de Bali, le principe d’équité et les exigences de la science.


La science nous dit que les émissions –ainsi que leurs effets– ont des retombées mondiales.  Les rejets pénètrent dans notre atmosphère et s’intègrent à notre espace carbone commun.  Nous devons trouver des moyens de partager cet espace équitablement en tenant compte de nos responsabilités passées, présentes et futures.


Le changement climatique s’accélère beaucoup plus vite qu’on ne s’y attendait, ce qui signifie que tous les pays doivent agir davantage, sur la base du principe des responsabilités partagées mais différenciées.


Au début du mois en Italie, les dirigeants du G-8 se sont mis d’accord pour réduire les émissions de carbone de 80% d’ici à 2050.  Je m’en suis félicité.  Mais j’ai aussi indiqué que ce n’était pas suffisant.  Pour être crédibles, il nous faut des objectifs ambitieux à long terme qui soient à la hauteur d’objectifs à moyen terme tout aussi ambitieux, assortis de points de référence précis.  C’est l’appel que je lancerai de nouveau en septembre.  J’insisterai aussi sur le fait que les principales économies en développement –le Brésil, l’Inde, le Mexique, l’Afrique du Sud et, surtout, la Chine– ont un rôle essentiel à jouer dans les négociations.


Les principales économies émergentes, y compris la Chine, ont fait de grands pas en avant. Je suis impressionné par l’action menée par la Chine.  Dans les domaines des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, par exemple, des progrès remarquables ont déjà été réalisés dans ce pays.  Je vous encourage vivement à tirer parti de ces progrès, notamment en vous fixant des objectifs en matière de rendement énergétique et d’intensité d’émission de carbone.


En annonçant, avant Copenhague, des mesures destinées à atténuer les effets du changement climatique, la Chine enverra un signal fort qui donnera une impulsion au processus de négociation.  Ce signal peut aussi inciter d’autres pays clefs à prendre leurs responsabilités et en faire plus dans ce domaine. Je salue les efforts que vous avez entrepris à ce jour.  Vous avez consacré une part considérable de votre plan national de relance aux énergies renouvelables et à la croissance économique verte.  Vous êtes devenus un chef de file en matière de technologies éolienne et solaire.


Votre dynamique secteur des énergies renouvelables pèse presque 17 milliards de dollars et emploie près d’un million de personnes.  C’est en soi un résultat impressionnant, mais l’avenir vous réserve des possibilités encore plus grandes.  La Chine dispose d’un potentiel extraordinaire en matière d’énergies éolienne et solaire. Ces dernières lui permettraient de réduire encore plus sa dépendance à l’égard du charbon, qui représente 85% de ses émissions de carbone.  Imaginez les avantages que la Chine peut en tirer.  Et imaginez les avantages pour le monde entier si d’autres pays suivent l’exemple de la Chine.


Il ne s’agit pas d’une chimère, mais de la réalité présente.  Pas plus tard que la semaine dernière, la Chine et les États-Unis ont annoncé un projet de centre de recherche commun dans le domaine des énergies non polluantes, où l’accent sera mis sur le charbon épuré et les bâtiments et véhicules écologiques.  Nous aimerions voir plus d’initiatives de la sorte.  La coopération dans le partage des technologies vertes doit figurer largement dans l’accord recherché à Copenhague.


Nous aimerions voir des partenariats faisant la démonstration qu’un futur à faibles rejets dans l’atmosphère est une possibilité – et cela dès maintenant.  Il nous faut un nouveau modèle de développement, qui permette aux pays en développement de faire l’impasse sur les technologies énergétiques d’antan.  La Chine a la possibilité de tracer une nouvelle voie pour le monde.  Elle a la vision et la capacité de montrer l’exemple nécessaires pour ouvrir le nouveau chemin des énergies propres qui conduira à la prospérité.  Elle peut amener le reste du monde à conclure un ambitieux marché climatique.  En menant à bien une telle réalisation, vous aurez assuré la place de la Chine aux premières loges du XXIe siècle.


Les glaciers de l’Himalaya fondent. Si le phénomène se poursuit, les moyens d’existence de 1 milliard de personnes seront affectés dans toute l’Asie.  Trois cents millions d’entre elles se trouvent en Chine.  Les pénuries d’eau sont d’ores et déjà réelles et graves, dans le nord de la Chine et en Mongolie, où mon prochain voyage me conduira.  Si le phénomène se poursuit, le désert de Gobi deviendra encore plus vaste, le fleuve Jaune continuera de rétrécir, les récoltes diminueront d’un tiers dans la seconde moitié du XXIe siècle, selon les experts.


Je pourrais citer d’autres statistiques émanant de nombreux pays.  Le changement climatique pose un défi à l’humanité tout entière.  Il constitue une menace pour nos objectifs du Millénaire pour le développement.  C’est à la fois une crise sanitaire, une crise énergétique, une crise alimentaire et une crise sécuritaire.


Cependant, il représente aussi une chance, qui nous est offerte à tous, de concevoir le développement autrement, de générer un développement vert, durable et à faibles émissions.  C’est pourquoi il doit être la priorité de chaque gouvernement.  Et pourquoi nous, à l’Organisation des Nations Unies, en avons fait une priorité majeure dès ma prise de fonctions en tant que Secrétaire général. Si les crises de l’année écoulée nous ont enseigné quelque chose, c’est bien que nos destins sont étroitement liés les uns aux autres.  Le changement climatique n’est que l’un des nouveaux défis qu’il nous faut relever, ensemble.


Votre Premier Ministre Wen Jiabao, qui voit loin, s’est adressé au Forum économique mondial au début de l’année.  Il y a déclaré que: « Des questions telles que le changement climatique, la dégradation de l’environnement, les maladies, les catastrophes naturelles, l’énergie, les ressources et la sécurité alimentaire, ainsi que l’extension du terrorisme pèsent sur la survie même de l’humanité.  Aucun pays ne peut s’isoler de ces difficultés ni les affronter seul. La communauté internationale se doit d’intensifier la coopération et d’apporter des réponses communes ».


Je trouve ces propos particulièrement encourageants.


Nous sommes à un tournant historique. Ce qui est en jeu n’est rien moins que l’avenir de notre planète et de notre civilisation tel que nous le concevons. L’inaction est inexcusable.  J’insiste auprès des dirigeants du monde entier pour qu’ils fassent tout leur possible en vue de sceller un accord à Copenhague en décembre.  Ce que je demande à tous les pays, y compris à la Chine, est dans leur intérêt national, et c’est aussi l’intérêt public mondial.  Car au bout du compte, comme le Premier Ministre Wen l’a pertinemment relevé, il s’agit bien d’un seul et même intérêt.


Je vous remercie vivement de l’engagement qui est le vôtre.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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