La Deuxième Commission fait de l’autonomisation des femmes et de la démarginalisation des pauvres des questions à inclure dans le débat sur le développement
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Deuxième Commission
18e& 19eséances – matin & après-midi
LA DEUXIÈME COMMISSION FAIT DE L’AUTONOMISATION DES FEMMES ET DE LA DÉMARGINALISATION DES PAUVRES DES QUESTIONS À INCLURE DANS LE DÉBAT SUR LE DÉVELOPPEMENT
C’est à l’examen de deux questions récemment inscrites à son ordre du jour que la Deuxième Commission (économique et financière) a aujourd’hui consacré ses travaux: la démarginalisation des pauvres par le droit, et la participation des femmes au développement. Les deux sujets ont fait l’objet d’un débat général conjoint auquel ont participé une trentaine de délégations.
Si le premier de ces deux thèmes a fait l’objet d’une table ronde vendredi dernier, 16 octobre, le second n’avait jamais été inscrit comme un point à part entière de l’ordre du jour de la Deuxième Commission qui était, à ce titre, saisie aujourd’hui de deux rapports* du Secrétaire général, présentés par Mme Christine Brautigam, de la Division de la promotion de la femme.
Portant sur la maîtrise des ressources économiques et sur l’accès des femmes aux ressources financières, notamment le microfinancement, l’un des rapports examinés révèle que les progrès accomplis dans la répartition équitable des ressources de base entre hommes et femmes ont été très inégaux au cours de la dernière décennie, tandis que l’autre souligne la nécessité d’« intégrer les femmes dans les stratégies nationales de développement ».
Une « ségrégation » professionnelle persistante confine les femmes à des tâches ménagères ou à des activités non rémunérées, tandis qu’elles continuent de se heurter à la discrimination en ce qui concerne l’accès à la propriété foncière, mobilière, ou à d’autres moyens de production, relève le Secrétaire général dans ces rapports. Seules 10% des femmes, qui forment pourtant la moitié de la population mondiale, sont propriétaires de terres ou d’autres moyens de subsistance économique, alors qu’elles produisent 80% des denrées dans les pays en développement, est-il noté dans ces rapports.
Afin d’inverser cette dynamique, Ban Ki-moon parie sur « l’interdépendance des politiques économiques et sociales ». Par exemple, les investissements dans la santé, l’éducation et la protection sociale, traditionnellement considérés comme « politiques sociales », non seulement allègent le fardeau que constituent les tâches non rémunérées qui jusqu’à aujourd’hui étaient dévolues aux femmes, mais ils contribuent également à une productivité dans leur travail. D’autre part, les améliorations apportées aux routes et aux systèmes de transport, catégorisées comme investissements économiques, ont des impacts sociaux qui se traduisent par la baisse de la mortalité des femmes et la hausse des inscriptions scolaires, notamment pour les filles, relève aussi Ban Ki-moon dans les rapports soumis aujourd’hui à la Deuxième Commission.
Ces constats et propositions ont été repris à leur compte par les délégations, qui ont présenté les initiatives prises par leur gouvernement respectif. À cet égard, la délégation de la Chine a indiqué que son gouvernement a lancé un Programme pour le développement de la femme chinoise pour la période 2001-2010. Celle de l’Inde a, pour sa part, dit que son pays a récemment atteint son objectif d’impliquer un million de femmes dans le processus de la vie politique au niveau local.
Alors qu’a débuté en 2008 la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017), la Deuxième Commission a choisi cette année d’aborder cette question sous l’angle inédit de la démarginalisation des pauvres par le droit. Présenté ce matin par le Directeur adjoint de la Division du développement social, M. Jean-Pierre Gonnot, le rapport** du Secrétaire général sur cette question a été diversement commenté par les délégations.
Les délégations du Venezuela et Nicaragua ont reproché à ce document de ne faire nulle part mention des exemples de démocraties participatives existants. Le Groupe des États d’Afrique a, quant à lui, par la voix de l’Algérie, enjoint l’Assemblée générale « à la prudence », estimant que les implications juridiques et sociales de ce nouveau concept de « démarginalisation des pauvres par le droit » doivent être examinées avec soin.
Dans son rapport, le Secrétaire général estime notamment que la démarginalisation des pauvres par le droit passe par l’élargissement de l’accès des pauvres aux services judiciaires et aux services d’assistance judiciaire. Il recommande, en outre, de sensibiliser les populations locales –les femmes en particulier, qui sont les victimes les plus nombreuses de la pauvreté. S’exprimant au nom de l’Union européenne, la représentante de la Suède a déploré le fait que 70% des enfants dans les pays les moins avancés (PMA) ne disposent pas de documents d’identité et se trouvent privés d’accès aux soins de santé.
En début de séance, la délégation du Soudan a présenté deux projets de résolution*** relatifs aux activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies et à la coopération Sud-Sud. Ils feront l’objet d’une décision ultérieurement.
En fin de journée, la Deuxième Commission a entamé l’examen du point de son ordre du jour consacré au développement agricole et à la sécurité alimentaire, qu’elle poursuivra demain, vendredi 23 octobre, à partir de 10 heures.
**A/64/133
*** A/C.2/64/L.2 et A/C.2/64/L.3
ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT
Rapport du Secrétaire général sur la démarginalisation des pauvres par le droit et l’élimination de la pauvreté (A/64/133)
Ce rapport du Secrétaire général résume la nouvelle manière d’envisager la démarginalisation des pauvres par le droit et en dégage l’ampleur et la portée concrètes. Il résume par ailleurs l’expérience accumulée par les pays et les régions dans ce domaine et évoque le rôle joué par les divers organismes des Nations Unies. Enfin, il décrit les enseignements tirés et les difficultés rencontrées.
Le rapport rappelle que la démarginalisation des pauvres par le droit est à la fois une stratégie et un objectif de développement. Ses priorités doivent être définies par les pauvres, dans l’intérêt des pauvres, et être dictées par les principes d’égalité, de non-discrimination, de participation et de responsabilité qui sous-tendent les droits de l’homme. Il importe, poursuit le rapport, de s’assurer qu’il existe un nombre suffisant de mécanismes judiciaires adaptés et équitables et qu’ils sont accessibles et abordables pour les pauvres et d’une qualité satisfaisante. Il faudrait aussi sensibiliser les populations locales
–les femmes en particulier, victimes majoritaires de la pauvreté- et faciliter l’accès aux services judiciaires et aux services d’assistance judiciaire. Le document note enfin que le succès des initiatives et des réformes menées sur le terrain dépendra de nombreux facteurs, notamment de la volonté et de l’engagement politiques des pouvoirs publics et des parties concernées.
Rapport du Secrétaire général sur l’étude mondiale sur le rôle des femmes dans le développement: maîtrise sur les ressources économiques et accès des femmes aux ressources financières, y compris le microfinancement (A/64/93)
Ce rapport du Secrétaire général, soumis tous les cinq ans à la Deuxième Commission, traite des récentes questions de développement qui ont une incidence sur le rôle des femmes dans l’économie. Il est le sixième d’une série d’études portant sur le rôle des femmes dans le développement. Conformément à une demande de l’Assemblée générale, il porte sur la maîtrise sur les ressources économiques et l’accès des femmes aux ressources financières, y compris au microfinancement. Élaborée dans un contexte de crise économique et financière mondiale, cette étude constate que les contraintes structurelles qui entravent l’émancipation économique des femmes n’ont pas été correctement abordées au cours de la dernière décennie. Elle estime que les perspectives d’égalité des sexes ont généralement été négligées dans les analyses macroéconomiques et que la plupart des mesures en faveur de l’égalité n’ont été prises qu’à un micro-niveau.
Le rapport révèle que les progrès dans l’instauration de l’égalité entre hommes et femmes en ce qui concerne la répartition des ressources de base ont été très inégaux au cours de la dernière décennie. L’inégalité dans l’éducation a été réduite, ceci notamment dans l’enseignement primaire et secondaire, mais les progrès ont été lents et très variables d’une région du monde à l’autre. Un nombre accru de femmes ont eu accès à des emplois non agricoles au cours des années 1980 et 1990, mais leur part d’emploi est restée relativement constante au cours de la dernière décennie. De plus, souligne le document, la concentration des femmes dans des formes de travail « non standard » est en partie une réponse à la ségrégation professionnelle et au partage inégal des responsabilités s’agissant des travaux ménagers et du rôle consistant à s’occuper des autres membres de la famille auxquels sont reléguées les femmes, et qui sont autant d’activités qui ne sont pas rémunérées. En outre, selon l’étude du Secrétaire général, dans de nombreuses régions du monde, les femmes continuent d’être en butte à la discrimination en ce qui concerne l’accès à la propriété foncière, mobilière ou à d’autres moyens de production. Le rapport note encore que, alors que les femmes sont de plus en plus visibles dans la vie publique, elles sont sous-représentées dans la plupart des domaines, notamment dans les postes décisionnels.
Face à cette situation, le document estime que l’interdépendance des politiques économiques et sociales, des secteurs structuré et non structuré de l’économie, et du travail rémunéré et non rémunéré, doit retenir l’attention et être ouvertement abordée. Par exemple, les investissements dans la santé, l’éducation et la protection sociale, traditionnellement considérés comme « politiques sociales » non seulement allègent le fardeau des tâches non rémunérées qui incombent aux femmes, mais contribuent également à la productivité de leur travail et à la capacité de prendre des risques et de s’adapter à des conditions économiques changeantes. D’autre part, constate le rapport, les améliorations apportées aux routes et aux systèmes de transport, catégorisées comme investissements économiques, ont des impacts sociaux tels que la baisse de la mortalité des femmes et la hausse des inscriptions scolaires, notamment pour les filles.
Le rapport souligne notamment le besoin de renforcer l’appui aux prestations de soins non rémunérées et de promouvoir un partage plus équitable de ces tâches entre hommes et femmes. Il note que les prestations de soins résultant du VIH/sida retombent essentiellement sur les femmes et les filles, et que les soins aux personnes âgées figurent également à l’ordre du jour des politiques. Dès lors, poursuit le Secrétaire général dans ce document, l’existence d’installations de soins de santé de qualité et offrant des prestations à des prix abordables, ainsi que l’accès aux soins de santé et à l’éducation, se présentent partout dans le monde comme des besoins critiques pour les femmes. Enfin, afin que les femmes puissent normalement accéder aux ressources économiques et financières et en avoir la maîtrise, le rapport recommande de mettre en œuvre la stratégie d’intégration des sexospécificités tant dans la définition des politiques macroéconomiques, que dans celles de l’emploi, ainsi que dans celles relatives à l’accès à la propriété ou encore à la protection sociale.
Rapport du Secrétaire général intitulé « intégrer les femmes dans les stratégies nationales de développement » (A/64/162)
Dans ce rapport consacré à la participation des femmes au développement, le Secrétaire général fait état des progrès réalisés dans la prise en considération des priorités et des besoins spécifiques des femmes en matière de développement, notamment dans la formulation des stratégies nationales de développement. Le rapport constate que si la participation des femmes au développement a augmenté dans certains domaines, par exemple au chapitre des objectifs de l’Objectif 3 du Millénaire pour le développement (éducation, emploi et participation à la vie politique), les avancées ont été lentes et inégales d’une région à l’autre. Le Secrétaire général estime dans ce rapport que malgré les initiatives prises pour inscrire la problématique hommes-femmes dans les mesures pour l’emploi, la création d’entreprises et la protection sociale élaborées dans le cadre de l’effort de développement national, les inégalités entre les hommes et les hommes n’ont pas disparu. Il note encore que de lourdes contraintes continuent de peser sur l’accès des femmes au plein emploi et au travail décent dans de nombreuses régions du monde.
Le rapport préconise par conséquent que les actions engagées face à la crise procèdent d’une démarche attentive aux sexospécificités, qu’elles prennent la forme de création d’emplois ou de mesures de protection sociale. Autrement dit, le document recommande de tenir compte des sexospécificités dans la conception, l’application, le suivi, l’évaluation et la publication des résultats de l’ensemble des politiques, des stratégies et des plans, et cela de manière coordonnée dans tous les domaines de l’action publique, y compris la croissance économique et le développement, la protection sociale et la réduction de la pauvreté. En outre, toujours selon l’étude, il faudrait augmenter la part de l’aide au développement allant à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, à travers des activités en faveur de l’égalité mais aussi du renforcement du pouvoir d’action des femmes.
Échange de questions-réponses
Les représentants du Nicaragua et du Venezuela ont demandé pourquoi le rapport sur l’éradication de la pauvreté mettait l’accent sur la démarginalisation des pauvres par le droit, sans faire nulle part référence à des exemples de démocratie participative, comme ceux qui existent dans leur pays respectif, ni à des programmes nationaux efficaces. Réagissant à ces propos, le Directeur adjoint de la Division du développement social, M. JEAN-PIERRE GONNOT, a expliqué que le rapport mettait l’accent sur cette problématique parce qu’elle constitue un cadre opérationnel très pragmatique au niveau national avec des effets concrets sur le développement. Il a expliqué que les aspects qu’auraient souhaité voir les délégations du Nicaragua et du Venezuela dans ce rapport seraient examinés dans le cadre d’autres documents à paraître au cours de cette session et l’an prochain.
Débat général
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme NADIA M. OSMAN (Soudan) a indiqué que la crise économique et financière ne saurait constituer une excuse pour ne pas tenir les engagements déjà pris au niveau international, en particulier par les pays développés. « Aussi devrions-nous nous appuyer sur les leçons apprises au cours de la Première Décennie pour l’éradication de la pauvreté », a-t-elle dit, « notamment en adoptant une approche holistique intégrée qui comprendrait un réalignement de l’aide publique au développement sur les objectifs agréés au niveau international ». La représentante a également préconisé d’investir dans l’éducation et la formation, dans la science et la technologie au service du développement, dans le développement agricole et dans la création d’emplois et le travail décent.
En outre, a poursuivi Mme Osman, le système de développement des Nations Unies devrait veiller à ce qu’une priorité soit accordée à la question de l’éradication de la pauvreté. Pour sa part, le Groupe des 77 et la Chine, qui a réaffirmé sa volonté de contribuer de manière significative à la deuxième Décennie pour l’éradication de la pauvreté, a souligné qu’il existe un besoin de tenir compte des causes profondes de la pauvreté. Par ailleurs, comme cela est souligné par le Secrétaire général dans son rapport, l’accès des femmes aux ressources financières et à la propriété, notamment, devrait être renforcé, a plaidé la représentante. Il est donc capital que des politiques soient adoptées aux niveaux national, régional et international pour mettre fin à des inégalités de longue date dans la distribution des richesses qui empêchent que les femmes prennent pleinement part aux processus de développement. Leur représentation au sein des entités de développement devrait être également accrue, a estimé en conclusion Mme Osman, de même que leur accès à la microfinance.
Mme FREDRIKA ORNBRANT (Suède), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a estimé que l’éradication de la pauvreté est l’un des défis les plus importants de l’heure. Des progrès considérables ont été enregistrés, mais ils sont désormais menacés par l’impact de la crise économique et financière notamment, a-t-elle poursuivi. La représentante de la Suède a regretté qu’en dépit des engagements pris au titre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) de réduire de moitié la pauvreté extrême à l’horizon 2015, tout indique qu’à cette date le monde comptera encore 1 milliard de personnes vivant dans cette situation difficile contre 1,4 milliard enregistrées en 2005. Mme Ornbrant a rappelé l’engagement de l’Union européenne à aider les pays en développement à réaliser leurs objectifs de développement, en réalisant, notamment, d’ici à 2015 l’objectif de consacrer 0,7% du produit intérieur brut (PIB) des pays de l’Union à l’aide publique au développement (APD).
Abordant l’enjeu de la démarginalisation des pauvres par le droit, la représentante de la Suède a déploré le fait que 70% des enfants dans les pays les moins avancés (PMA) ne disposent pas de documents d’identité et sont privés d’accès aux soins de santé. Les femmes, a-t-elle encore regretté, qui représentent la moitié de la population mondiale, ne sont propriétaires que de 10% des biens, alors même qu’elles produisent 80% des denrées alimentaires dans les pays en développement. Relevant les conclusions du rapport du Secrétaire général sur la démarginalisation des pauvres par le droit et l’élimination de la pauvreté (A/64/133), Mme Ornbrant a précisé qu’il existe un lien fort entre démarginalisation des pauvres et éradication de la pauvreté, et elle a souligné, en outre, l’engagement de l’Union européenne à soutenir les efforts menés en ce sens. Elle a conclu en relevant, dans le cadre de ces efforts, la nécessité d’être tout particulièrement à l’écoute des enfants.
S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), M. MOHAMAD OEMAR (Indonésie) a reconnu que les progrès accomplis dans l’éradication de la pauvreté et la réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) no 1 étaient mitigés. Pour sa part, l’ANASE est fermement engagée en faveur du bien-être des populations de ses États membres et, a indiqué le représentant, entreprend à cet égard des actions concrètes pour réduire la pauvreté. M. Oemar a fait notamment référence à une feuille de route de l’ANASE et à l’établissement d’une base de données sur l’incidence de la pauvreté et les programmes entrepris au sein de cette organisation régionale. Il a encore évoqué un projet de marché commun s’étalant sur la décennie 2007-2017 et qui permettra aux populations les plus pauvres des pays de l’ANASE notamment d’avoir accès à divers biens et produits et offrira des occasions d’échanges entre responsables de différents pays en vue de lutter contre la pauvreté au sein des couches les plus défavorisées.
Selon le représentant de l’Indonésie, les pays de l’ANASE récoltent déjà les fruits des actions entreprises dans le domaine de la lutte contre la pauvreté. La proportion de la population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour est passée de 39% en 1995 à 19% en 2005, a-t-il indiqué. Notant que les pays développés n’ont toujours pas honoré leurs engagements en matière d’aide au développement et de libéralisation commerciale, M. Oemar a observé qu’une évolution sur ces questions serait très profitable aux pays en développement en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. La responsabilité d’éradiquer la pauvreté, a-t-il conclu, incombe à tous, et il en va de la stabilité et du développement de tous les pays du monde.
M. MANI RATNA SHARMA (Népal), qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a noté que les progrès enregistrés dans le domaine de l’éradication de la pauvreté dans de nombreux pays sont moins visibles dans les PMA, par la faute notamment des crises diverses auxquelles le monde fait face. Pourtant, a-t-il observé, les PMA ont fait d’importants efforts dans la lutte contre ce problème. Le représentant du Népal a, de plus, observé que la baisse de l’aide publique au développement et l’impasse dans le Cycle de négociations commerciales de Doha contrarient davantage les efforts des PMA. En vue de relever les défis de la deuxième Décennie pour l’éradication de la pauvreté, le monde a besoin d’une approche pragmatique et constructive s’inspirant des expériences passées, a-t-il encore déclaré. M. Sharma a estimé que cet engagement nouveau devrait se traduire par un renforcement de l’appropriation nationale, du partenariat intergouvernemental, de la société civile et du secteur privé ainsi que par une meilleure coordination de la présence des Nations Unies sur le terrain.
Poursuivant sur la même question, M. Sharma a estimé que la persistance de la pauvreté dans le monde est, entre autres, le résultat de l’exclusion et du non-respect des droits de l’homme. Dès lors, a-t-il conclu, cette question est un problème de développement de dimension internationale pour lequel il faut mobiliser des ressources.
M. NOEL GONZÁLEZ SEGURA (Mexique), s’exprimant au nom des pays membres du Groupe de Rio, a noté que selon les prévisions, par la faute de la crise économique et financière, entre 55 à 90 millions de personnes devraient tomber dans la pauvreté en 2009, contrariant ainsi la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Rappelant les nombreux engagements internationaux en matière d’éradication de la pauvreté et de financement du développement, le représentant du Mexique a souligné la nécessité d’agir enfin tant dans le domaine de l’éducation que dans la mise à disposition des ressources financières. Il s’est félicité de la tenue en 2010 d’une Conférence de haut niveau sur la question de l’éradication de la pauvreté, et il a espéré qu’elle permette de mobiliser la volonté politique au plus haut niveau en vue de réaliser les objectifs que le monde s’est fixés.
Abordant le rôle des femmes dans le développement, le représentant du Mexique a noté que ces femmes sont les plus affectées dans les situations de pauvreté. Enfin, tout en déplorant la croissance continue du chômage des femmes à la suite de la récession mondiale, il a exprimé la volonté des pays membres du Groupe de Rio de favoriser une plus grande présence des femmes dans la vie publique, en dépit des progrès déjà réalisés.
S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. NOR EDDINE BENFREHA (Algérie) a souligné que la démarginalisation des pauvres par le droit, telle qu’elle est présentée par le Secrétaire général dans son rapport, est une nouvelle approche qui mérite d’être examinée avec prudence par l'Assemblée générale. En effet, le Groupe des États d’Afrique est d’avis que les aspects juridiques et sociaux de ce concept doivent être longuement discutés. Estimant ensuite que la pauvreté constituait un déni des droits fondamentaux de l’homme, le représentant a jugé que le droit à l’alimentation devrait être placé au cœur d’une stratégie universelle visant à éliminer les distorsions qui persistent dans les pays en développement les plus vulnérables et les autres. Alors que nous approchons de la date butoir de 2015 pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, de nombreux défis demeurent, comme l’impact de la crise économique et financière et des changements climatiques, en particulier sur le continent africain. M. Benfreha a ainsi rappelé qu’en raison de ce dernier phénomène, ce sont près de 600 millions d’Africains de plus qui pourraient souffrir de malnutrition et 1,8 milliard d’autres personnes de pénuries d’eau à travers le monde. D’où l’importance du développement agricole, a-t-il relevé. Un autre défi qui pèse lourdement sur le continent, c’est celui du VIH/sida, a poursuivi le représentant, indiquant que l’Afrique subsaharienne demeure la région du monde la plus touchée par la pandémie, avec 67% des malades et 75% des décès en 2007. Dans ce contexte, le besoin de ressources financières prévisibles et appropriées ne saurait être assez souligné, a-t-il ajouté. Aussi est-il nécessaire que les pays développés consentent à porter les niveaux d’aide publique au développement à hauteur de 0,7% de leur PIB respectif, a conclu le représentant.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a estimé que la réduction de la pauvreté était la base fondamentale de la construction de sociétés plus équitables et plus démocratiques, et nécessitait des politiques qui favorisent une croissance économique durable et la confiance citoyenne. Dans ce contexte, la Colombie a renforcé son système de protection sociale, augmenté l’accès à la santé et à l’éducation, amélioré la qualité de vie dans les villes et facilité l’accession aux crédits et à la propriété, a-t-elle énoncé, ajoutant que le « Réseau Ensemble (Red Juntos) pour la prévention et l’éradication de la pauvreté extrême » était un exemple de succès dans la coordination des services sociaux de l’État. La représentante a également évoqué le programme « Familles en Action » qui vient en aide plus spécifiquement aux mères et aux jeunes filles en favorisant leur autonomisation.
Dans le contexte actuel, il est nécessaire d’avoir une vision globale des problèmes, afin de pouvoir mieux répondre aux conséquences de la crise économique et de développer les stratégies les plus efficaces possibles de lutte contre la pauvreté, a-t-elle poursuivi, plaidant pour le maintien de la perspective de développement dans les analyses et les négociations de la Deuxième Commission. L’autonomisation des plus vulnérables doit être appréhendée dans une perspective globale, a-t-elle insisté, qui passe à la fois par une amélioration de leur situation économique et sociale, et leur plus grande participation aux prises de décisions. La clef de nos efforts est de transcender les discussions sur les notions et les concepts et de nous concentrer sur la consolidation de stratégies qui nous permettent de combler les lacunes existantes dans la mise en œuvre de nos engagements, a-t-elle enfin dit.
M. DAVID CARBAJAL (États-Unis) a rappelé l’engagement de son pays en vue de contribuer à la lutte contre la pauvreté et a indiqué l’importance de la bonne gouvernance, de l’État de droit, d’un contexte économique propice à l’investissement et de la paix et de la sécurité. Le monde, a-t-il poursuivi, a réalisé d’importants progrès dans la lutte contre la pauvreté, notamment en Chine et dans les régions de l’Asie du Sud et du Sud-Est. Il a noté cependant que ces progrès sont plus contrastés en Afrique, au sud du Sahara, tout en insistant sur la volonté de son pays de soutenir, ici également, les efforts entrepris.
Tout en observant qu’en 2008 les États-Unis ont consacré 26 milliards de dollars à l’aide publique au développement, soit 4,2 milliards de plus qu’en 2007, M. Carbajal a rappelé que davantage que l’aide internationale, les flux de capitaux privés vers les pays du Sud, l’investissement, et d’autres sources de financements au niveau local, de même que la bonne gouvernance sont essentiels en vue de promouvoir le développement. Il a enfin espéré que la reprise économique notée dans les pays du Nord touche bientôt ceux du Sud, et il a rappelé les efforts internationaux, ceux du G-20 notamment, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.
M. LI KEXIN (Chine) a associé sa déclaration à celle prononcée par le Soudan, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, avant de déclarer que des efforts avaient été faits par la communauté internationale en matière de formulation de stratégies pour la réduction de la pauvreté. Cependant, a-t-il constaté, l’objectif de réduire de moitié la portion de la population mondiale vivant avec moins d’un dollar par jour reste hors d’atteinte pour beaucoup de pays. S’attaquant aux causes de cette pauvreté, le représentant de la Chine a estimé qu’elle avait pour origine de multiples facteurs économiques, sociaux et historiques, aggravés, a-t-il poursuivi, par un ordre international inéquitable. La communauté internationale doit saisir l’opportunité de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’éradication de la pauvreté pour adopter des politiques qui visent et améliorent la coopération, a-t-il suggéré. Les pays développés ont l’obligation et la responsabilité de fournir de l’aide aux pays en développement, a-t-il préconisé.
Revenant sur le plan national, M. Li Kexin a présenté les résultats obtenus par son pays dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Il a ainsi cité la réduction du nombre de personnes en milieu rural vivant sous le seuil de pauvreté, passé de 250 millions en 1978 à 14,79 millions en 2007. Le nombre de personnes à faible revenu est passé de 62,13 millions à 28,41 millions entre 2000 et 2007, a chiffré le représentant.
Concluant sur la question de l’égalité des sexes, M. Li Kexin a estimé que la question de la promotion des droits des femmes ne pouvait être isolée et devait être intégrée dans le cadre stratégique global de la paix et du développement. Les pays devraient effectivement appliquer la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), la Déclaration de Beijing, et sa Plate-forme d’action, a-t-il dit, avant d’affirmer que son pays avait pour sa part pris des mesures en cette faveur, notamment avec la promulgation du Programme pour le développement de la femme chinoise pour la période 2001-2010.
M. SEYLA EAT (Cambodge) a déclaré que l’élimination de la pauvreté était l’élément clef du programme de développement du Cambodge, pour ensuite signaler que la crise actuelle avait sapé les progrès réalisés jusqu’à présent par les pays en développement dans ce domaine. Ma délégation, a-t-il ajouté, est de l’avis que tout doit être mis en œuvre pour relancer les pourparlers du Cycle de négociations commerciales de Doha et les mener à bien. Le représentant a notamment évoqué l’importance de lever les obstacles au commerce, d’assurer un meilleur accès aux marchés, surtout pour les produits agricoles, et de réduire les subventions agricoles. Il a également estimé qu’un nouvel élan devait être insufflé au Consensus de Monterrey afin d’aider les pays pauvres à alléger la pauvreté de leur population et à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Passant ensuite aux changements climatiques, M. Seyla Eat a expliqué que le Cambodge était particulièrement vulnérable aux désastres climatiques. Selon lui, la communauté internationale doit s’employer à faire baisser la température moyenne du globe « avant qu’il ne soit trop tard ». Il s’est ensuite félicité de l’engagement pris par de nombreux pays développés de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement. L’éradication de la pauvreté et la réalisation des OMD est une responsabilité qui doit être partagée aussi bien par les pays développés que par les pays en développement, et les pays développés doivent faire preuve de transparence et de responsabilité dans ce domaine. a-t-il affirmé en conclusion de son intervention.
M. TARIQ KHADDAM ALFAYEZ (Arabie saoudite) a déclaré que son pays était fermement engagé en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, dont l’éradication de la pauvreté. Ainsi, par l’entremise du Fonds saoudien pour le développement, notre gouvernement s’efforce d’aider des pays en difficulté à mener à bien certains projets de développement, a-t-il précisé. Le représentant de l’Arabie saoudite a en outre fait état de la participation saoudienne à des initiatives administrées par le Fonds monétaire international (FMI), relatives à l’allègement de la dette de certains pays. D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, notre pays était le premier contributeur mondial aux opérations de secours en 2008, s’est félicité le représentant. Il a enfin encouragé la communauté internationale à renforcer les niveaux d’assistance aux pays pauvres et à améliorer l’efficacité de l’aide au travers d’une meilleure coordination des donateurs.
M. GIRIJA VYAS (Inde) a noté que dans le contexte actuel de crise, la lutte contre la pauvreté doit plus que jamais rester une priorité. Il a salué le rôle des Nations Unies dans la mobilisation autour de cet enjeu au cours de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006) et a souhaité que celle-ci se poursuive dans le cadre de la seconde (2007-2017). En plus de la contribution de l’ONU, l’accès aux marchés, l’allègement de la dette, et le transfert des technologies sont des facteurs importants dans ce combat, a-t-il ajouté. M. Vyas a, en outre, plaidé en faveur d’une plus grande flexibilité des mesures à mettre en œuvre dans chaque pays pour faire face à la crise. Il a lancé un appel au renforcement du partenariat mondial, par la mise en œuvre d’un Conseil de sécurité économique et social au sein des Nations Unies. Évoquant le rôle des femmes dans le développement, le représentant de l’Inde a souligné la nécessité de mettre en place des politiques inclusives et a fait état des efforts de son pays sur ce terrain. L’Inde, a-t-il déclaré, a réussi récemment le pari d’impliquer un million de femmes dans le processus de la vie politique au niveau local.
Relevant que la crise économique et financière mondiale freinait la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, M. MATTHIAS BACHMANN (Suisse) a estimé important d’intensifier les approches innovantes pour « dynamiser » la réalisation des OMD. Il a évoqué la démarginalisation des pauvres par le droit, faisant remarquer que l’insécurité juridique entravait le développement économique durable et empêchait les pauvres d’accéder à des marchés plus larges pour commercialiser leurs produits. De l’avis de sa délégation, une plus grande attention devrait être portée au lien qui existe entre les opportunités économiques et la protection juridique. Le représentant a également expliqué que la démarginalisation des pauvres par le droit reposait sur quatre piliers interdépendants, à savoir l’accès à la justice, le droit à la propriété, le droit d’entreprendre et le droit du travail. Il a également évoqué l’accès à l’information, la non-discrimination et la participation, autres éléments importants, selon lui, pour la démarginalisation des pauvres. Il est essentiel, a-t-il ajouté, de renforcer les capacités, non seulement économiques, mais aussi sociales et politiques des pauvres, afin de leur permettre de participer aux décisions qui les concernent. Il a estimé que les femmes et les populations autochtones méritaient une attention particulière.
Le représentant de la Suisse a ensuite fait remarquer que les pauvres n’avaient souvent pas pleinement droit au statut de citoyen, d’où l’importance, selon lui, d’améliorer les systèmes d’identification et d’enregistrement à la naissance. Il a également avancé que les mécanismes traditionnels de la justice informelle pouvaient être d’utiles compléments aux systèmes de justice formelle, car ils sont souvent plus « culturellement accessibles » aux pauvres. M. Bachmann a également proposé la mise en œuvre d’un système de protection minimale allant au-delà de la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail, et qui serait applicable aux travailleurs, tant dans le secteur formel qu’informel. Il a également engagé la communauté internationale à appuyer le renforcement des capacités et des institutions des pays en développement.
Mme CLAUDIA LOZA (Nicaragua) a estimé que le Nicaragua d’aujourd’hui n’était plus celui d’il y a deux ans, lorsque le Gouvernement de réconciliation et d’unité nationale a été élu par un peuple désireux de se réapproprier les droits dont il avait été spolié. Elle a affirmé qu’il n’existait plus dans le pays d’analphabétisme, que ses habitants avaient gratuitement accès à l’éducation et aux soins de santé, et que le Nicaragua s’était doté d’un programme de nutrition scolaire considéré comme l’un des quatre meilleurs du monde par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Au nombre des réalisations de son gouvernement, la représentante a également cité l’accès au microcrédit des pauvres, l’émancipation des femmes, l’étendue de la couverture sociale. Par ailleurs, alors qu’il y a quelques jours, a été observée la Journée mondiale pour l’éradication de la pauvreté, la représentante s’est demandée ce que le monde célébrait exactement: les 1,4 milliard de personnes qui vivent dans la pauvreté, dont 550 dans la pauvreté extrême? ou les 18 milliards de dollars accordés sous la forme de paquets de stimulation à une banque privée, soit 150 fois plus que les dépenses destinées en 2008 à lutter contre la pauvreté au niveau mondial et 20 fois plus que les sommes promises pour les 50 prochaines années? La représentante s’est indignée que les produits intérieurs bruts des 40 pays les plus pauvres du monde soient inférieurs aux fortunes des sept personnes les plus riches du monde, dénonçant un système dans lequel le capital est concentré dans les mains de quelques-uns.
M. MOHAMED TARAWNEH (Jordanie) s’est félicité des conclusions du rapport du Secrétaire général sur la démarginalisation des pauvres par le droit et l’élimination de la pauvreté (A/64/133). La pauvreté est un défi majeur posé au développement, qui prive ceux qui en sont victimes de la jouissance de leurs droits, a-t-il poursuivi. Le représentant de la Jordanie a estimé que combattre la pauvreté est une cause internationale et a fait référence aux efforts de son pays, sur le plan légal notamment, en vue d’y contribuer. Enfin, il a rappelé les conventions et initiatives internationales auxquelles la Jordanie s’est jointe.
M. EDUARDO R. MEÑEZ (Philippines) a affirmé que la Constitution des Philippines s’efforce de faciliter la démarginalisation des pauvres par le droit. La Cour suprême a pris ainsi des décisions pour leur permettre de mieux participer à la création de richesses, tandis que le Gouvernement philippin a ouvert un fonds fiduciaire pour le développement, a dit le représentant. Au travers de ce fonds, le Gouvernement a investi deux milliards de pesos dans un programme qui fournit des moyens aux populations les plus défavorisées. S’agissant du droit des femmes, l’État philippin a mis en place toute une série d’initiatives visant à protéger les femmes des violences domestiques ou de violations de leurs droits fondamentaux, a indiqué le représentant.
M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a déclaré qu’il était essentiel de créer un cadre juridique propice à l’élimination de la pauvreté. La création d’une société mondiale juste et équitable nécessite une approche intégrée et un changement de paradigme économique et social, a-t-il préconisé. Au cours de la période couverte par les différents rapports soumis à la Commission, des mesures ont été prises en Occident pour réduire la pauvreté, mais pas pour l’éliminer, a relevé M. Valero Briceño. Pour sa part, le Gouvernement vénézuélien a lancé un Plan d’équité sociale qui universalise les droits de l’homme en garantissant l’éradication de la pauvreté dans le cadre d’une démocratie participative, a-t-il ajouté. Par ailleurs, les ressources pétrolières du pays sont au service du peuple, a poursuivi le représentant, qui a dit que la redistribution des richesses, la démocratisation de la propriété et la réalisation du plein-emploi étaient des priorités du Venezuela, qui a atteint tous les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Mme DANIYAR AIMANRETOV (Kazakhstan) a relevé l’importance de l’engagement des Nations Unies sur la question de la lutte contre la pauvreté, par le biais du lancement de la deuxième Décennie pour l’éradication de la pauvreté (2008-2017). Dans le contexte actuel de crises, cet engagement est plus que jamais nécessaire en vue de réaliser, dans les zones rurales notamment, les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-elle ajouté. Le Kazakhstan, a déclaré la représentante, est heureux d’annoncer qu’il a atteint ses Objectifs du Millénaire pour le développement en matière de réduction de la pauvreté et d’éradication de ses formes extrêmes, de même que ceux fixés dans les domaines de l’accès à l’éducation primaire et dans l’égalité entre hommes et femmes. Mme Aimanretov a abordé les stratégies mises en œuvre par son pays au-delà des OMD. Elle a, enfin, plaidé en faveur du respect des engagements internationaux relatifs au financement du développement.
M. SHIN BOONAM (République de Corée) a regretté qu’en dépit des progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté ces dernières années, 55 à 90 millions de personnes vont s’appauvrir en 2009, par la faute de la crise économique et financière mondiale. Plus que jamais, l’aide internationale doit venir en aide aux populations vulnérables, a-t-il plaidé, avant d’annoncer que son pays triplerait sa contribution à l’aide publique au développement en portant le montant de sa contribution à 3 milliards de dollars en 2015. De même, a-t-il encore annoncé, la République de Corée accroîtra son soutien financier à l’Asie et au continent africain. Évoquant le rôle des femmes dans le développement, M. Shin Boonam a estimé que les progrès en vue de combattre la pauvreté dans le monde resteraient insuffisants tant que l’amélioration du statut des femmes ne sera pas réalisée. Il a exprimé l’engagement de son pays à promouvoir des politiques fondées sur le genre et destinées, en outre, à favoriser la démarginalisation des pauvres. Sur ce dernier problème, le représentant de la République de Corée a apporté le soutien de son pays au projet de résolution présenté par le Guatemala.
M. HLA MYINT (Myanmar) a affirmé que le Myanmar faisait tout son possible pour éradiquer la pauvreté au niveau national et ce, en dépit du fait que le pays n’a pas reçu la moindre assistance de la part de la Banque mondiale, du FMI ou de la Banque asiatique de développement depuis 1988. Cette situation déjà difficile a déjà été aggravée par les sanctions unilatérales imposées par certains pays occidentaux, qui ont compromis la mise en œuvre des plans de développement nationaux, a poursuivi le représentant, qui a aussi évoqué l’impact de la crise économique et financière. Axée sur l’agriculture, l’économie du Myanmar repose sur 43 millions d’acres de terres arables, a-t-il dit. Aussi le Gouvernement a-t-il mis l’accent sur l’expansion de la production agricole et l’établissement des industries du secteur privé. La production du riz a ainsi doublé, tandis que 18 zones industrielles ont été créées dans tout le pays, à proximité des grandes villes, qui offrent des opportunités professionnelles aux jeunes âgés de 18 à 24 ans, a précisé le représentant.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a rappelé l’importance d’honorer l’objectif de consacrer 0,7% du PNB à l’aide publique au développement (APD) et de verser 0,15% à 0,20% en faveur des PMA. Pour les pays en développement, surtout ceux qui souffrent de l’extrême pauvreté, l’appropriation du processus du développement et de la lutte contre la pauvreté passe d’abord par l’instauration de la sécurité alimentaire, a-t-il ajouté. Pour le représentant, cet objectif ne peut être atteint sans l’augmentation de la part d’aide au développement destinée à l’agriculture. Il a noté que, selon la FAO, cette part de l’APD a diminué de 37% par rapport à son niveau de 1988, les changements climatiques exerçant de plus une pression énorme sur les pays pauvres qui dépendent du secteur agricole pour leur sécurité alimentaire. Le représentant a donc souhaité que la Conférence de Copenhague sur le climat réponde aux intérêts des pays les plus touchés par le réchauffement climatique.
Évoquant ensuite les politiques menées par le Gouvernement du Royaume du Maroc, M. Loulichki a souligné l’Initiative nationale de développement humain, un programme ambitieux de développement dans le cadre duquel, le Maroc, dès 2007, a atteint les valeurs cibles des OMD en matière de lutte contre la pauvreté et la faim. Il a ajouté que le Maroc a entrepris d’importantes réformes pour faire de la femme l’égale de l’homme, tant dans les domaines sociaux et économiques que politiques. Sur ce dernier point, il a souligné que dans le Gouvernement marocain actuel, sept femmes occupent des postes ministériels, 34 femmes ayant par ailleurs été élues au Parlement.
M. MILOŠ KOTEREC (Slovaquie) a estimé que face à la crise actuelle, les pays riches avaient une responsabilité plus grande envers les autres et se devaient d’assister les pays en développement à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. La Slovaquie, a-t-il indiqué, est résolue à respecter ses obligations en ce sens. M. Koterec a plaidé en faveur de la promotion du statut de la femme et de l’amélioration des conditions de vie des enfants et s’est félicité des efforts des Nations Unies dans ces domaines. Le représentant de la Slovaquie a, enfin, souhaité l’accession de son pays au Conseil économique et social (ECOSOC), à l’issue des élections prévues la semaine prochaine.
M. ADAM KUYMIZAKIS (Malte) a souligné d’entrée l’opposition de son pays à l’avortement en tant que procédure « légitime » en matière de santé reproductive, et il a rappelé les réserves de son pays vis-à-vis de certaines des conclusions de la Conférence internationale sur la population et le développement tenue au Caire en 1994. Abordant la question de l’émancipation de la femme, le représentant de Malte a évoqué les efforts de son pays en vue de la réaliser tant dans les domaines de l’accès aux soins de santé que dans celui de l’accès à l’emploi et de la lutte contre le chômage notamment. M. Kuymizakis a, enfin, fait état de diverses initiatives lancées par son pays dans le secteur de la protection de l’enfance.
M. FARID JAFAROV (Azerbaïdjan) a rappelé que les crises financière et économique actuelles avaient eu de graves conséquences à travers le monde, telles que la montée du chômage et l’augmentation de la pauvreté. Pour réduire les effets négatifs de cette situation, le Gouvernement de l’Azerbaïdjan a pris une série de mesures, dont le lancement de plusieurs projets d’infrastructures régionales qui ont non seulement stimulé l’économie nationale mais aussi contribué au développement des États voisins », a-t-il souligné.
Engagé dan la réalisation de Objectifs du Millénaire pour le développement, l’Azerbaïdjan, a-t-il poursuivi, a déjà posé divers actes pour éradiquer la pauvreté. Il a cité à cet égard l’encouragement du secteur privé, la promotion de mesures socioéconomiques au bénéfice des populations, et la fourniture aux citoyens d’un accès égal à la protection sociale et aux services sociaux. Aujourd’hui le taux de pauvreté a baissé de 13,2%, a-t-il souligné. Le représentant a estimé que la pauvreté « dérive non seulement du manque de moyens de subsistance pour satisfaire les besoins essentiels, mais aussi du cadre juridique inapproprié destiné à assurer l’égal et raisonnable accès de tous les groupes sociaux à la justice, l’éducation, la santé et la protection sociale ». C’est pour cela qu’il a appelé à l’instauration de cadres adéquats en vue de favoriser cette égalité dans l’accès à tous les citoyens sans distinction de sexe ou de condition sociale. Il a aussi plaidé pour la levée des barrières douanières et des entraves à l’obtention de crédits et prêts financiers. Le représentant a conclu en partageant la position selon laquelle chaque pays doit être en premier responsable de son propre développement, mais que ses efforts doivent être harmonisés et équilibrés par des programmes de soutien mondiaux.
M. IMAD IBRAHIM TAGURI (Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé que l’impact de la pauvreté se faisait ressentir dans tous les secteurs de la société, notamment en Afrique subsaharienne, une région déjà accablée par les changements climatiques et la pandémie de VIH/sida. Aussi, la solidarité des donateurs est-elle indispensable, a affirmé le représentant, qui a recommandé de mettre l’accent sur l’investissement et la création d’emplois, ainsi que sur la réduction des disparités entre villes et campagnes. M. Imad Ibrahim a donc exprimé sa préoccupation devant la baisse des niveaux d’APD cette année, soulignant aussi que les Nations Unies devaient jouer un rôle clef dans la mise en œuvre de tous les programmes de développement. Le représentant a par ailleurs estimé qu’il était important de répondre suffisamment tôt aux conséquences des catastrophes naturelles. Il a enfin dit que le Colonel Kadhafi avait lancé une initiative pour renforcer la sécurité alimentaire en Libye et pris des mesures en vue de faciliter les investissements dans les pays africains.
M. ELYES LAKHAL (Tunisie) a noté le caractère contrasté des progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement à travers les différentes régions du monde, avant de préciser que « la pauvreté n’est pas une fatalité, mais le produit d’un contexte mondial créant l’inégalité ». Cependant, a-t-il regretté, un partenariat mondial solidaire contre ce problème fait défaut. Le représentant de la Tunisie a dès lors appelé à davantage de solidarité et lancé un appel afin que le Fonds mondial de solidarité (FMS), créé en 2002 à l’initiative de son pays, soit enfin doté de moyens opérationnels. M. Lakhal a enfin évoqué les succès de la Tunisie dans la lutte contre la pauvreté, où elle se situe actuellement à 3,8% de la population, contre 33% en 1967, et 6% il y a moins de 10 ans.
M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a rappelé qu’« ActionAid », une ONG spécialisée dans la sécurité alimentaire et la nutrition, avait publié, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, qui a été observée le 16 octobre, un rapport qui multiplie les références aux politiques adoptées par le Gouvernement du Brésil. Ainsi le programme « Zero Hunger » est cité en exemple pour son impact considérable sur la population. Il s’est notamment traduit par la création de banques alimentaires et de magasins d’alimentation communautaires; par la fourniture de repas gratuits dans les écoles; et par un soutien accru aux petites familles d’agriculteurs. La promotion de l’égalité entre hommes et femmes est aussi une priorité du Gouvernement brésilien, qui est convaincu, comme le Secrétaire général de l’ONU, de la pertinence des programmes de protection sociale. C’est la raison pour laquelle le Brésil a lancé un programme intitulé « le sac à main familial » (The family purse), qui fournit une allocation mensuelle aux ménages vivant avec des ressources se situant en dessous du revenu minimum pour leur permettre de se pourvoir en médicaments, vaccins et soins de santé, et de scolariser leurs enfants. À ce jour, ce programme a permis de venir en aide à 30% de la population brésilienne, soit 55 millions de personnes, s’est félicité le représentant.
M. JIDE OSUNTOKUN (Nigéria) a relevé que toute discussion relative au développement doit forcément aborder l’enjeu de l’éradication de la pauvreté pour être légitime. La question de l’insécurité alimentaire et celle de ses implications au niveau de la sécurité doivent être abordées à leurs racines et de manière coordonnée, a-t-il ajouté. Abordant l’impact de la crise mondiale sur les pays africains et le Nigéria en particulier, M. Osuntokun a relevé les initiatives prises par son pays pour faire face à la récession. L’amélioration du statut de la femme est un élément essentiel de la lutte contre la pauvreté, a-t-il enfin indiqué, avant d’évoquer les actions menées par le Nigéria dans ce domaine précis
M. LUCA DALL’OGLIO, Observateur permanent de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a indiqué devant la Deuxième Commission que « la pauvreté et la mobilité physique avaient toujours été en relation étroite depuis des milliers d’années, mais bien plus encore aujourd’hui ». Il a estimé à 212 millions le nombre de migrants dans le monde, soit une force de travail équivalente à 305 milliards de dollars de production de richesses. « Ce sont des acteurs d’importance dont le comportement économique et social et les aspirations doivent être inclues dans une discussion sur la réduction de la pauvreté », a-t-il déclaré. M. Dall’Oglio a déploré que les migrations internationales n’aient pas été complètement intégrées dans les stratégies nationales de développement, alors que les Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté les plus récents soulignent « l’impact positif en matière de développement des migrations ». Le représentant de l’Organisation internationale pour les migrations a donc appelé à renforcer la coopération internationale sur les migrations et le développement.
Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, a regretté qu’en dépit de la relance économique, les progrès dans les domaines de la santé ou de la protection sociale soient remis en cause dans les pays en développement. La vraie crise actuelle, a-t-il poursuivi, est l’aggravation de la pauvreté et le risque d’une plus grande misère dans le monde. Le représentant du Saint-Siège a, de plus, déploré la marginalisation des pauvres dans un débat qui les concerne pourtant. Il a noté que le taux de chômage des 12 derniers mois se situe au niveau de celui enregistré dans les années 30, et que la malnutrition a augmenté de 11%. Tout ceci, a-t-il jugé, nécessite un changement d’approche dans la gestion des affaires mondiales. Il faudrait par exemple, a-t-il indiqué, se servir d’une partie des réserves en or des institutions financières internationales pour venir en aide aux pauvres. De même, a-t-il ajouté, il faudrait honorer les nombreux engagements internationaux en matière de lutte contre la pauvreté notamment. La démarginalisation des pauvres, a conclu Mgr Migliore, doit dépasser le seul domaine du droit et s’étendre à tous les domaines.
M. RICHARD MICHAEL KENNEDY, représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a indiqué que celle-ci participera au lancement, à Vienne en octobre 2009, de l’Étude mondiale sur le rôle des femmes dans le développement, et qu’elle organisera, en février 2010, l’atelier biennal conjoint du Comité d'aide au développement et du Réseau interinstitutions pour les femmes et l'égalité des sexes. Il a par ailleurs encouragé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour soutenir l’autonomisation des femmes, conformément aux recommandations du Secrétaire général.
Mme AMBER BARTH, Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé que depuis l’adoption en décembre dernier de la résolution 63/230 sur la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017), l’Organisation internationale du Travail s’était activement engagée auprès des partenaires de l’ONU pour développer une politique cohérente et construire un vaste système de synergie autour du thème « Plein-emploi et travail décent pour tous ». Atteindre cet objectif est déjà un défi difficile à relever en période de croissance économique; il est encore plus difficile de le faire en période de crise, comme c’est actuellement le cas, a-t-elle souligné, avant d’ajouter qu’il fallait concentrer les efforts sur les segments sociaux les plus vulnérables, en particulier les femmes.
Rappelant ensuite le décalage entre retour de la croissance économique et création d’emplois, Mme Barth a estimé que si la croissance revenait en 2010 comme le prédisent les experts les plus optimistes, il faudrait cependant attendre 2015 pour que l’emploi retrouve son niveau d’avant la crise, or 2015, c’est l’année au cours de laquelle les OMD sont censés être atteints. Reconnaissant que la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté sera une décennie de réponses à la crise, l’OIT concentre son action sur la réduction de ce décalage en mettant en œuvre les mesures communes adoptées par l’ONU en réaction à la crise. Rappelant par ailleurs que l’OIT a toujours défendu l’idée selon laquelle la pauvreté ne peut pas être combattue sans que l’on s’attaque au problème de l’absence de jouissance de leurs droits, dont souffrent certaines catégories de personnes, et qui les pousse ou les enferme dans la pauvreté (fermiers, migrants, personnes âgées…), Mme Barth a appelé au renforcement de la coopération entre l’OIT et les États Membres, les partenaires sociaux, les agences de l’ONU, la société civile ou les ONG. « C’est seulement avec un réseau de soutien, une collaboration mutuelle et une volonté politique soutenue que l’on peut nourrir l’espoir que la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté soit la dernière du genre », a-t-elle conclu.
M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES, Observateur de l’Ordre militaire souverain de Malte, a expliqué que l’élimination de la pauvreté était la raison d’être de l’Ordre militaire souverain de Malte, qui est au service des déshérités dans plus de 120 pays. L’Ordre compte sur ses 12 500 membres et ses 80 000 bénévoles, sans compter son personnel médical et paramédical parfaitement qualifié, pour l’accomplissement de ses missions, a-t-il indiqué. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’Ordre militaire souverain de Malte n’a cessé d’accroître sa contribution au développement de la communauté internationale, a précisé M. de Looz Karageorgiades. Malteser International a ainsi permis la mise au point des projets pilotes efficaces fondés sur les notions d’accueil, d’intégration et d’éducation dans différents pays en développement. L’observateur de l’Ordre militaire souverain de Malte a notamment cité le Viet Nam, où un programme de formation à destination des femmes est en cours; l’Ouganda, où une initiative a été lancée pour lutter contre la malnutrition des enfants; et la Roumanie, où un appui spécial est apporté aux plus pauvres.
Mme DHAMMIKA SEMASINGHE (Sri Lanka) a déploré l’incidence de la crise mondiale sur la réalisation du premier des huit Objectifs du Millénaire pour le développement, qui est celui de parvenir à réduire de moitié le nombre de pauvres à travers le monde. Le Sri Lanka, a-t-elle poursuivi, a réalisé d’importants progrès dans la lutte contre la pauvreté en la faisant passer de 22,7% de sa population en 2002 à 14% en 2008. De même, a-t-elle relevé, le pays a maintenu son taux de chômage à moins de 10% et est en voie de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement en matière d’accès à l’éducation et à la santé, par le biais d’un plan décennal (2006-2016) consacré à la lutte contre la pauvreté. La représentante du Sri Lanka a aussi évoqué les initiatives en matière d’accès au crédit lancées dans son pays et qui visent précisément les catégories les plus vulnérables de la population. Abordant l’enjeu de l’autonomisation des femmes, elle a également fait part des efforts de son pays en vue de parvenir à l’égalité entre femmes et hommes, et s’est félicitée de ce que le Sri Lanka se situe au deuxième rang, parmi 160 pays, en matière de parité entre hommes et femmes.
DÉVELOPPEMENT AGRICOLE ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Rapport du Secrétaire général sur le développement agricole et la sécurité alimentaire (A/64/221)
Dans ce rapport, le Secrétaire général note que la crise alimentaire de 2008 a eu des conséquences complexes et de grande portée: elle a causé une augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim et sous-alimentées à travers le monde et battu en brèche les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement convenus au plan international.
L’étude constate que les changements climatiques, les besoins en énergie, la diminution des ressources naturelles et des systèmes de marchés en déclin ou archaïques sont autant de facteurs qui entravent la capacité à relever de manière stratégique et systématique le défi de la sécurité alimentaire. Elle rappelle qu’un cadre d’action stratégique adopté par consensus au plan mondial prévoit des mesures d’amélioration à court terme et des solutions à plus long terme, qui doivent être mises en œuvre par le biais d’une stratégie intégrée de développement durable. Cette stratégie, souligne l’étude, est mise en œuvre dans divers pays à des degrés divers de détermination et de réussite.
Selon le rapport, les mesures suivantes pourraient permettre d’obtenir ces résultats: renforcer la productivité agricole; traduire dans les faits une révolution verte durable; promouvoir la coopération en matière de mobilisation de nouvelles ressources; et investir dans les infrastructures, la recherche et le développement en milieu rural et dans les capacités techniques et sociales des organismes publics ainsi que dans celles des collectivités locales.
Débat général
Mme NADIA OSMAN (Soudan) s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine s’est félicitée de la tenue d’un débat consacré au développement agricole et à la sécurité alimentaire, estimant qu’il offre l’occasion d’une nécessaire mobilisation politique autour de ces questions. Ces enjeux, a-t-elle poursuivi, sont étroitement liés aux engagements internationaux en matière de développement dans un monde ou 1 milliard de personnes, dans les pays en développement en particulier, sont confrontées à l’insécurité alimentaire. Mme Osman a jugé que l’insécurité alimentaire est une conséquence des déséquilibres structurels de l’économie mondiale, et qu’elle représente un des plus grands défis de notre temps. Elle a souhaité que, dans la lutte contre ce problème, l’accent soit mis sur une aide à long terme à l’agriculture des pays en développement ainsi que sur les causes fondamentales de l’insécurité alimentaire. La solution à ce problème doit être globale et intégrer autant des financements additionnels que le renforcement du secteur privé et d’institutions favorisant la bonne gouvernance, a-t-elle encore déclaré.
De plus, la représentante du Soudan a suggéré que l’insécurité alimentaire résulte de la mise en œuvre de politiques économiques et commerciales incohérentes qui ont mis un frein au développement agricole, changé les habitudes de consommation alimentaire et privilégié, dans les pays en développement, les produits importés des pays riches. Dès lors, a-t-elle plaidé, il faut investir dans l’agriculture des pays en développement et promouvoir un commerce international équitable. Mme Osman s’est enfin félicitée de la contribution du système des Nations Unies dans le domaine du développement agricole et dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, avant de se réjouir de la tenue dans quelques jours à Rome d’un sommet international sur la sécurité alimentaire.
S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, M. HASAN KLEIB (Indonésie) a estimé que les politiques de sécurité alimentaire et agricole devaient être pleinement intégrées aux processus de développement aux niveaux national et international. En outre, a poursuivi le représentant, les petits agriculteurs doivent être soutenus à travers un meilleur accès aux semences, à l’irrigation, aux fertilisants et aux marchés. Il a également recommandé de renforcer les dispositifs de protection sociale à leur intention et de veiller à ce que le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) disposent de stocks suffisants en cas de situations d’urgence. Une plus grande maîtrise du prix des produits de base est indispensable, de même qu’une réforme fondamentale du commerce agricole mondial pour corriger les disparités qui affectent les pays en développement, a ajouté M. Kleib. Il a en outre relevé la nécessité de renforcer la gouvernance mondiale de la sécurité alimentaire, en veillant à faire des agences pertinentes, telles que la FAO, les garants de ce processus. Le représentant a enfin rappelé que près 646 millions de personnes souffraient de la faim en Asie-Pacifique, d’où la décision, prise lors du quatorzième Sommet de l’ANASE, par les dirigeants de ses États Membres de faire de la sécurité alimentaire une priorité de leurs politiques.
M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal), qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA) a noté que pour ces pays, le secteur agricole est celui qui emploie le plus grand nombre de travailleurs et contribue le plus à leurs économies. Il connaît malheureusement beaucoup de problèmes, responsables notamment de l’aggravation de la pauvreté, a-t-il ajouté. En Afrique, a-t-il rappelé, l’agriculture compte en moyenne pour 70% des emplois, 33% du produit national brut (PNB) et 40% des importations.
Le représentant du Népal s’est dit préoccupé par les subventions agricoles versées par les gouvernements dans les pays du Nord et a souhaité la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha. M. Bahadur Rai a déploré la baisse de la part de l’aide publique au développement destinée à l’agriculture au cours des dernières décennies, mais s’est félicité des efforts internationaux récents, ceux du dernier Sommet du G-8 en particulier. Il s’est dit troublé par l’insécurité alimentaire dans laquelle se trouvent plus d’un milliard de personnes dans le monde et a appelé à une mobilisation mondiale contre la faim et la pauvreté. Le prochain sommet de Rome sur l’insécurité alimentaire devrait être l’occasion de réorienter l’attention internationale sur cet enjeu par la création de mécanismes mondiaux efficaces, a relevé M. Bahadur Rai. Le représentant du Népal a enfin noté le lien qui existe entre cette question et celle des changements climatiques et a espéré que lors de la prochaine Conférence de Copenhague, ce lien soit clairement reconnu.
Mme ZALWANI ZALKAPLY (Malaisie) a jugé que les subsides agricoles n’étaient pas une solution de long terme. Ensuite, elle a déclaré que la plupart des pays en développement avaient investi des sommes considérables dans l’industrialisation de leurs économies, au détriment de leur agriculture, estimant qu’il était temps d’inverser cette dynamique. La représentante a dit qu’elle aurait souhaité que le rapport du Secrétaire général mette davantage l’accent sur la question de la spéculation sur les produits de base et son impact sur le développement. Pour sa part, a-t-elle ajouté, le Gouvernement malaisien a consacré un milliard de dollars à la modernisation des exploitations agricoles traditionnelles. Près de 560 millions de dollars ont été distribués jusqu’à présent. La Malaisie est désormais considérée par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires comme l’un des pays ayant le plus largement réformé son secteur agricole, s’est félicitée Mme Zalkaply.
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