En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/3245

Une table ronde de la Deuxième Commission fait le point sur les négociations en cours sur les changements climatiques et sur les préparatifs de la Conférence de Copenhague

13/10/2009
Assemblée généraleAG/EF/3245
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

Table ronde sur le thème «Négociations

sur les changements climatiques:

En route pour Copenhague »- matin                         


UNE TABLE RONDE DE LA DEUXIÈME COMMISSION FAIT LE POINT SUR LES NÉGOCIATIONS EN COURS SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET SUR LES PRÉPARATIFS DE LA CONFÉRENCE DE COPENHAGUE


Moins de deux mois avant la très attendue Conférence de Copenhague, la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a débattu ce matin de l’enjeu des changements climatiques, dans le cadre du troisième de ses Évènements spéciaux, entrant dans son ordre du jour de la soixante-quatrième session de l’Assemblée générale.  Au cours d’une table ronde dont le thème était: « Négociations sur les changements climatiques: En route pour Copenhague », M. Park In-kook (République de Corée), Président de la Deuxième Commission, a noté que plus que jamais « le monde a besoin de se fixer des objectifs ambitieux en matière de préservation de la planète.  Si nous échouons à Copenhague, a-t-il poursuivi, nous prendrons des risques considérables pour notre futur et pour l’avenir de notre monde ». 


Entouré des cinq experts-panélistes qui ont pris la parole après lui, M. Park a tout d’abord rappelé la trop grande lenteur de la mobilisation internationale sur la question des changements climatiques, mais s’est félicité de la prise de conscience qui a finalement eu lieu en faveur de la protection de la planète.  Il a ensuite précisé que l’accord qui doit être atteint à Copenhague doit prévoir la stabilisation de la température moyenne de l’atmosphère du globe terrestre à l’horizon 2020 par le biais d’une baisse importante des émissions de gaz à effet de serre dans les pays industrialisés.  De même, a-t-il souligné, dans les pays en développement, des efforts devront être consentis, tant pour limiter les émissions de gaz à effet de serre que pour combattre la déforestation notamment.  L’accord de Copenhague doit aussi, a ajouté le président de la Deuxième Commission, renforcer l’aide multiforme qui doit être apportée aux pays en développement afin qu’ils puissent faire face aux conséquences des changements climatiques sur leur environnement et sur la survie de leurs populations.


Tout en exprimant l’espoir que Copenhague soit un succès, M. Park a relevé que quelques questions centrales structurent les débats qui ont lieu autour du futur accord.  En l’occurrence, celle de savoir jusqu’où les pays développés, d’un côté, et les pays en développement, de l’autre, sont prêts à aller de l’avant dans la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre; ainsi que celles de savoir comment sera financée l’aide aux pays en développement dans le combat contre les changements climatiques, et enfin, comment seront gérées les ressources financières et techniques de cette assistance.


Table ronde sur le thème «   Négociations sur les changements climatiques: En route pour Copenhague »


Déclarations liminaires


M. ROBERT ORR, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et à la planification stratégique, a estimé que le récent sommet tenu aux Nations Unies sur les changements climatiques était extraordinaire par le degré d’implication des chefs d’État sur la question.  Il a noté qu’avant ce sommet, une telle mobilisation à ce niveau était inédite et sans doute inconcevable.  L’annonce faite par le Premier Ministre du Japon de réduire, d’ici à 2020, les émissions de gaz à effet de serre de son pays, de 25%, fut un grand moment de cette rencontre, a dit M. Orr.  L’engagement de la Chine, a-t-il poursuivi, fut tout aussi significatif et important, de même que celui de l’Union européenne et d’autres délégations.  M. Orr a regretté que ces initiatives n’aient attitré qu’une couverture médiatique assez marginale.  À Bangkok, où se tient la session préparatoire à la Conférence de Copenhague, il a été estimé qu’en dépit des avancées, il reste beaucoup à faire concernant les négociations sur les points essentiels, alors même qu’il ne reste que cinq jours de pourparlers formels avant Copenhague.  Il s’est félicité de l’annonce faite par la Norvège, à Bangkok, de réduire davantage le niveau de ses émissions de gaz à effet de serre, et de porter cette réduction de 40% en 2020 par rapport à ce qu’elles étaient en 1990.  Il a rappelé que tous les pays, développés et en développement, doivent faire des concessions en vue d’avancer vers un accord.  M. Orr a rendu compte des points d’achoppement qui sont apparus dans les débats en cours à Bangkok.  Ceux-ci sont liés à la question du financement de la lutte contre les effets des changements climatiques, à celle de la catégorisation des pays selon leurs responsabilités dans la lutte contre le réchauffement de la planète, et à celle des responsabilités historiques de chaque pays ou groupe de pays dans l’émission de gaz à effet de serre et dans la pollution du globe.


M. MASSIMO TAVONI, de l’Université de Princeton, a déclaré qu’au cours des 20 dernières années, peu de choses avaient été faites pour réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre.  Il est donc devenu indispensable d’envisager Copenhague comme une chance historique d’y parvenir, dans le respect de l’application du principe de la responsabilité commune mais différenciée, au lieu de vouloir, comme le font certaines délégations, blâmer les pays en développement ou émergents pour leur croissance démographique et l’augmentation de leurs niveaux d’émissions, a-t-il estimé.  Les nombreuses études des Nations Unies et de la Banque mondiale sur la distribution des revenus pourraient être utilisées pour comprendre les données sur les changements climatiques et proposer des pistes de réflexion sur la mise en place et la promotion d’économies faibles en carbone, a dit M. Tavoni.  Rappelant que la population mondiale atteindrait 8 milliards de personnes en 2030, et que les émissions augmenteraient de manière assez contrastée d’une nation à l’autre, il a dit qu’en vérité, un petit nombre de personnes sont en fait directement responsables du problème des émissions de gaz à effet de serre: ce nombre d’individus s’élève à environ 600 millions, soit 10% de la population mondiale, vivant dans les pays riches et qui émettent près de la moitié des émissions mondiales, tandis que 1,5 milliard sont responsables de 75% des émissions.  Une personne vivant aux États-Unis émet en moyenne 20 tonnes de carbone chaque année, alors que la moyenne mondiale par habitant est de 5 tonnes, a encore fait observer M. Tavoni.  L’expert a ensuite expliqué que les stratégies de réduction de la pauvreté devaient aller de pair avec les politiques sur les changements climatiques.  Il est possible de permettre aux personnes, en partie les faibles émetteurs de carbone, de répondre à leurs besoins énergétiques de base et en même temps, d’atténuer les effets des changements climatiques, a indiqué l’expert.  « Les populations pauvres du monde, qui ne sont en rien responsables de la situation actuelle, ne doivent pas se voir refuser l’usage d’énergies fossiles », a ajouté M. Tavoni, avant de préciser que d’ici à 2030, les émissions annuelles de CO2 seraient négligeables pour environ 3 milliards de personnes –environ 1 tonne par personne.


M. TARIQ BANURI, Directeur de la Division du développement durable du Département des affaires économiques et sociales, a déploré le fait que la lutte contre les changements soit perçue comme un jeu à somme nulle, ce qui retarde à la fois la coopération et l’action.  Or, a-t-il poursuivi, une approche fondée sur des engagements collectifs contraignants pourrait transformer cette lutte en un jeu profitable à tous.  Ceci nécessiterait, a précisé M. Banuri, que d’un côté les pays du Nord accèdent au plein-emploi et à la sécurité énergétique, et que de l’autre les pays du Sud rattrapent leur retard économique et disposent d’un accès amélioré à l’énergie.  L’accès à l’énergie au moindre coût contribue indiscutablement au développement humain, a souligné Tariq Banuri.  Il a regretté le fait qu’en raison du coût élevé de l’énergie solaire, de nombreux pays en développement choisissent la voie de l’utilisation des énergies fossiles, moins chères certes, mais cependant plus polluantes.  Les appels lancés à ces pays afin qu’ils réduisent le niveau de leurs émissions de manière significative ont peu de chance de porter, a-t-il analysé.  Il conviendrait, selon M. Banuri, d’investir davantage dans l’accès aux énergies propres dans les pays en développement, afin qu’ils réalisent un bond qualitatif important sur cette voie.  C’est à ce prix qu’on ramènera le prix de l’énergie au chiffre magique d’un dollar le watt, a-t-il conclu.


M. MICHAEL LEVY, Directeur du Programme sur la sécurité énergétique et les changements climatiques du Conseil des relations extérieures, a mis en garde contre la tentation de ne penser qu’à signer un accord, quel qu’il soit, lors du prochain sommet de Copenhague.  « La lutte contre les changements climatiques ne s’arrête pas à Copenhague, mais elle passe par le Sommet de Copenhague », a-t-il précisé.  Il a exprimé son scepticisme à l’égard de l’imposition de mesures contraignantes et a dit qu’il espérait voir la naissance « d’un cercle vertueux d’ambitions toujours plus élevées ».  Ceci aurait l’avantage de pousser les États à être plus transparents dans les actions qu’ils mènent, a-t-il souligné.  M. Levy a analysé que dans les débats en cours aux États-Unis sur le niveau de pollution, il fallait davantage retenir la transformation politique qui a eu lieu dans le pays, et non pas la discussion autour du pourcentage de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.  Il a estimé que le Congrès américain ne voterait sans doute pas la loi relative aux changements climatiques avant le sommet de Copenhague.  « Il est difficile de négocier avec les États-Unis sur cet enjeu, mais il est essentiel de le faire », a-t-il conclu.


Mme JESSICA SEDDON WALLACK, du Centre pour le financement du développement, à l’Institut pour la recherche et la gestion financière, Chennaï (Inde), a pour sa part noté que l’accent devrait être mis sur le besoin de transparence aux niveaux national et international lors des débats qui mènent à Copenhague.  Elle a fait état des appels lancés afin que les discussions relatives à la protection de la couche d’ozone notamment fassent partie du débat à Copenhague, mais a noté qu’un élargissement de l’agenda des travaux les ralentirait.


Dialogue interactif


Au cours de la discussion interactive qui a suivi ces présentations, une délégation a plaidé en faveur de la signature d’un accord légalement contraignant à Copenhague, expliquant que des objectifs chiffrés permettraient d’atteindre le but visé, qui est celui de la limitation de l’augmentation de la température mondiale de 2 degrés Celsius seulement par rapport au niveau actuel.  La délégation a, en outre, posé la question de savoir ou en étaient les préparatifs de la Conférence de Copenhague, notamment au niveau du Secrétaire général et du Secrétariat des Nations Unies.


Répondant à cette question, M. Orra noté qu’une dose de scepticisme et de fatigue entourent les préparatifs de ce sommet.  Mais, a-t-il poursuivi, lors de consultations avec le Premier Ministre danois, le Secrétaire général des Nations Unies s’est entretenu de stratégies en vue de mobiliser les leaders du monde autour du rendez-vous de Copenhague.  Il a rappelé l’importance et la nécessité de bâtir la confiance lors de négociations de ce type.  M. Ban, a-t-il en outre annoncé, envisage la mise sur pied d’un groupe de travail autour de l’enjeu du développement et des changements climatiques.  M. Orr a ensuite félicité l’Union européenne et la Suède pour leurs contributions aux débats sur l’adaptation face aux changements climatiques. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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