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AG/EF/3243

Table ronde de la Deuxième Commission: face à la crise, les promesses faites en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement doivent être tenues

12/10/2009
Assemblée généraleAG/EF/3243
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Deuxième Commission

Table ronde sur les OMD - matin


TABLE RONDE DE LA DEUXIÈME COMMISSION: FACE À LA CRISE, LES PROMESSES FAITES EN FAVEUR DE LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT DOIVENT ÊTRE TENUES


C’est d’une question urgente dont la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a débattu ce matin, dans le cadre du deuxième des Évènements spéciaux de sa session de 2009,  au cours d’une table ronde dont le thème était: « Réaliser les OMD d’ici à 2015: Préparer le Sommet de 2010 sur les OMD ».  Dans le contexte actuel, marqué par des crises diverses, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) a pris du retard, a rappelé M. Park In-kook (République de Corée), Président de la Deuxième Commission et modérateur de la discussion interactive.  Il faut donc agir, notamment au cours du sommet de l’année prochaine, a-t-il poursuivi.  Ce constat a été partagé par les quatre experts-panélistes qui sont intervenus devant les délégations et qui, chacun à sa manière, ont appelé à la prise de décisions et au lancement d’actions concrètes en vue de permettre la réalisation des OMD dans les temps impartis.


Citant diverses études, le Président de la Commission, Park In-kook a dressé un portrait peu reluisant de la situation économique mondiale actuelle: pour la première fois en 27 ans, le commerce mondial connaîtra cette année un net ralentissement; le chômage devrait augmenter, et le produit national brut combiné des États du monde sera en baisse, a-t-il noté, avant d’indiquer que tous ces facteurs vont contribuer à remettre en cause les progrès déjà enregistrés dans la réalisation des OMD.  De plus, a-t-il poursuivi, la crise économique affectera la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, ce qui entraînera la réduction des montants des financements destinés au développement, à l’éducation et à la santé.  Dans ce contexte difficile, M. Park a lancé un appel à soutenir les efforts en vue de réaliser les OMD et de garantir qu’un monde sans pauvreté voie véritablement le jour.  Le Sommet sur les OMD prévu en 2010 doit justement, a-t-il déclaré, être l’occasion de réaffirmer l’engagement collectif en faveur de ce projet qui s’avère plus nécessaire que jamais.  Les travaux du Sommet devront être consacrés à l’action et à la mise en œuvre des engagements pris, a encore suggéré M. Park.


Balisant la discussion, le Président de la Commission s’est notamment demandé comment favoriser l’inclusion d’acteurs nationaux, des parlements et des organisations de la société civile, dans les initiatives visant à réaliser les OMD, et il s’est interrogé sur la nature et le modèle des politiques et des initiatives à mettre en œuvre à cet égard.



Table ronde sur le thème « Réaliser les OMD d’ici à 2015: préparer le Sommet de 2010 sur les OMD »


Déclarations liminaires


M. JEFFREY SACHS, Directeur de l’Institut de la terre et professeur de politique et gestion sanitaires à l’Université Columbia, à New York, a noté que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) représentent l’effort concerté le plus sérieux lancé par la communauté internationale dans la lutte contre la pauvreté.  « Nous n’avons pas réussi, mais nous n’avons pas encore échoué concernant la réalisation de ces importants objectifs », a-t-il précisé.  M. Sachs s’est réjoui de ce que les OMD n’aient pas été oubliés et continuent à figurer en bonne place dans l’agenda international.  Mais il a mis en garde contre les risques d’un échec.  Si rien n’est fait, il ne sera pas facile de recommencer et nous rendrons le monde plus dangereux, a prévenu M. Sachs.  « Je supplie les gouvernements de prendre leurs engagements vis-à-vis des OMD très au sérieux », a lancé Jeffrey Sachs.  Notant que les promesses faites par les gouvernements n’ont pas été réalisées, il a souligné qu’« il ne s’agit pas de faire de nouvelles promesses, mais de respecter celles qui ont été faites ».  D’après les engagements pris par les pays du G-8, l’aide à l’Afrique devait augmenter de 30 milliards de dollars par an, mais à ce jour, elle a seulement augmenté de 7 milliards, a-t-il regretté.  En dépit de leurs succès, divers projets ne sont pas soutenus, a-t-il déploré, évoquant le cas du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  « Arrêtez les études, passez à l’action.  Les OMD ne peuvent plus attendre. Le monde perd 9 millions d’enfants chaque année, mais nous avons encore le temps de les sauver », a encore plaidé M. Sachs.  Énumérant les huit OMD, le Directeur de l’Institut de la terre en a rappelé la pertinence et a souligné la nécessité de les réaliser.


De son côté, Mme ESTHER DUFLO, Professeur de dépaupérisation et d’économie du développement, titulaire de la chaire  Abdul Latif Jameel au Massachusetts Institute of Technology (MIT), et Fondatrice et Directrice du Laboratoire d’action contre la pauvreté Jameel (J-PAL), a rappelé sept stratégies de lutte contre la pauvreté qui ont fait leurs preuves et dont la mise en œuvre garantirait, selon elle, la réalisation des OMD.  La première de ces stratégies est le déparasitage, qui permet, a-t-elle souligné, de garantir la présence des enfants à l’école.  La deuxième stratégie, selon Mme Duflo, est l’accès à l’éducation primaire universelle.  La troisième stratégie, a-t-elle poursuivi, est l’utilisation des moustiquaires afin de prévenir la mortalité due au paludisme.  L’égalité entre hommes et femmes, qui favorise la participation politique des femmes, représente la quatrième stratégie à mettre en œuvre.  La lutte contre le sida doit être au centre de la cinquième stratégie.  La vaccination, dont notamment celle des enfants, est le but de la sixième.  Enfin, la septième stratégie est le versement de subventions intelligentes aux agriculteurs.  La réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement nécessite à la fois des financements, mais aussi des stratégies simples et faciles à réaliser, a conclu Mme Duflo.


M. OLAV KJǿRVEN, Sous-Secrétaire général et Directeur du Bureau des politiques de développement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a noté que les OMD sont encore réalisables, à condition que le monde se décide à agir.  Il faudra, pour se faire, mobiliser la volonté politique des gouvernements et de divers partenaires, a-t-il ajouté.  Évoquant le Sommet de 2010 consacré aux OMD, il a espéré que sa tenue soit l’occasion de passer des paroles aux actes afin de réaliser à une échelle plus large les succès enregistrés dans certains pays.  « Les obstacles sont réels, a-t-il remarqué, mais ils ne seront insurmontables que si nous les laissons le devenir », a ensuite estimé Olav Kjǿrven.  Lors du prochain Sommet sur les OMD, a-t-il conclu, « il ne s’agit pas de répéter les mêmes vieilles promesses, mais de trouver des solutions aux problèmes auxquels les gens font face.  Il y va de la crédibilité de nos engagements futurs », a-t-il dit.  Il a enfin annoncé que dans les prochains mois, les Nations Unies vont coordonner une série d’initiatives en vue de relancer l’intérêt autour des OMD.  De même, l’ONU renforcera les évaluations nationales sur la mise en œuvre des programmes relatifs à l’atteinte des OMD, a dit le représentant du PNUD.


M. PATRICK HAYFORD, Directeur du Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique, a noté dans sa présentation que les OMD constituent des indicateurs clefs qui ont été intégrés dans les actions de développement économique de tous les pays.  Ceci est surtout vrai dans les pays africains où, a-t-il poursuivi, les défis sont plus importants.  M. Hayford a relevé que les efforts des pays africains en vue de réaliser les OMD doivent être reconnus et soutenus par la communauté internationale, surtout dans un contexte de crise qui affectent plus durement le continent.  Afin de relever les défis qui se posent au continent africain, M. Hayford a estimé qu’il y a « un énorme problème de financement », soulignant que « les partenaires internationaux doivent faire leur part.  À cet égard, nous connaissons les chiffres », a-t-il noté.  Dans cette optique, il s’est félicité du développement de nouveaux partenariats, à l’instar de celui existant entre les pays africains et la Chine ou l’Inde par exemple. 


Dialogue interactif


Ouvrant la discussion interactive, le représentant de l’Éthiopie s’est félicité, comme d’autres représentants après lui, de l’appel à l’action lancé par Jeffrey Sachs et a espéré que le monde l’entende.  Les représentants du Venezuela et du Brésil ont rappelé les engagements toujours non respectés des pays riches, dont celui visant à consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement.  Le représentant du Pérou a relevé qu’en Amérique latine, la mise en œuvre des OMD se situe à une phase très avancée.  Il a cependant noté que pour ces pays, il y a des objectifs supplémentaires à atteindre et a plaidé pour la publication d’une liste récapitulative du niveau d’avancement de la réalisation des OMD. 


Alors que le représentant du Pakistan s’est interrogé sur la pertinence du Sommet de 2010, celui de la République de Corée, à l’instar du représentant de la République-Unie de Tanzanie s’est interrogé sur ce qui adviendra après 2015, date prévue pour la réalisation des OMD.


La représentante de la Suède, qui s’exprimait au nom de l’Union Européenne, s’est interrogée sur l’inégalité des progrès enregistrés.  Pourquoi certains pays avancent-ils mieux que d’autres?  Comment faire pour reproduire les succès enregistrés dans certains pays ailleurs? a-t-elle interrogé.  Le représentant des Pays-Bas a estimé pour sa part qu’afin de réaliser les OMD, il faut sans doute beaucoup plus que les « financements des pays donateurs ».  Il a mis en garde contre le risque d’être « obnubilé » par cette « question de financements ». 


Répondant aux principales remarques et questions soulevées, le Directeur de l’Institut de la terre et professeur de politique et gestion sanitaires à l’Université Columbia a estimé que les initiatives qui marchent sont celles qui disposent des financements nécessaires et qui sont gérées de manière responsable et transparente.  Il a regretté que peu de donateurs respectent leurs engagements en matière d’aide, ce qui a des conséquences dans la réalisation de programmes.  Jeffrey Sachs s’est fait l’avocat des Fonds mondiaux, comme celui contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  « Ces mécanismes sont transparents et efficaces.  Il faut les multiplier », a-t-il ajouté.  M. Sachs s’est dit favorable à une « liste d’OMD + » s’adressant aux pays les moins avancés (PMA) qui ont réussi à réaliser les OMD.  Il a également estimé que dès 2010, le monde doit se fixer des objectifs allant au-delà de 2015.  


Le représentant du Mali a soulevé la question des subventions agricoles dans les pays du Nord qui contrarient les efforts des pays producteurs de coton comme le sien.  Il a demandé ce qu’il fallait pour faire face à ce problème.  De son côté, le représentant des États-Unis a rappelé les efforts de son pays dans le dialogue sur les questions d’insécurité alimentaire notamment et a espéré la mise en œuvre d’initiatives efficaces.  Il a lié les questions relatives aux OMD à celles de la paix et de la sécurité ainsi qu’à diverses autres.


Réagissant à certaines de ces interventions, le Professeur de dépaupérisation et d’économie du développement, titulaire de la chaire Abdul Latif Jameel au Massachusetts Institute of Technology (MIT) a souligné l’importance des initiatives menée sur le terrain par le passé.  Les leçons tirées de ces initiatives enrichissent la mise en œuvre des OMD, a-t-elle précisé. 


Évoquant le Sommet sur les OMD de 2010, M. Olav Kjǿrven, Sous-Secrétaire général et Directeur du Bureau des politiques de développement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a estimé que son succès dépendra des États.  « Les États peuvent refuser d’agir comme ils le font depuis 20 ans sur les changements climatiques, mais ils peuvent aussi décider de faire une percée sur la question », a-t-il suggéré.  Abordant lui aussi la question de la pertinence du Sommet de 2010, le Directeur du Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique a relevé qu’il « n’y a pas meilleur forum pour mobiliser la volonté politique autour d’un enjeu aussi important ».  Un avis que M. Jeffrey Sachs a dit qu’il partageait.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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