AG/EF/3080

UNE MEILLEURE UTILISATION DE L’AIDE FINANCIÈRE INTERNATIONALE CONTRIBUERA AU DÉVELOPPEMENT DURABLE, ESTIMENT DES DÉLÉGATIONS À LA COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

14/10/2004
Communiqué de presse
AG/EF/3080


Deuxième Commission

12e séance – après-midi


UNE MEILLEURE UTILISATION DE L’AIDE FINANCIÈRE INTERNATIONALE CONTRIBUERA AU DÉVELOPPEMENT DURABLE, ESTIMENT DES DÉLÉGATIONS À LA COMMISSION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE


Les États-Unis se déclarent opposés à toute idée de créer des taxes

mondiales pour mobiliser des ressources de financement du développement


« Les États-Unis soutiennent les efforts visant l’éradication de la pauvreté et sont attachés à la mise en œuvre du Consensus de Monterrey », a déclaré cet après-midi la représentante de ce pays, devant la Commission économique et financière (Deuxième Commission).  Lors de la Conférence sur le financement du développement, a-t-elle précisé, le Président Bush avait annoncé la création du Compte du Millénaire dont les ressources, destinées aux pays les plus pauvres, se sont élevées cette année à un milliard de dollars.  Parmi les 16 pays éligibles aux financements de ce Compte, a précisé la représentante, huit sont d’Afrique subsaharienne.


Cependant, a poursuivi la représentante des États-Unis, appuyée en ce sens par le représentant du Japon, l’aide financière internationale devrait être mieux utilisée par les pays qui en bénéficient.  À cet égard, les deux délégations ont indiqué que l’amélioration de la gouvernance et l’adoption de bonnes pratiques de gestion respectant la transparence, la promotion de la liberté économique, et l’esprit d’entreprise, étaient indispensables.  Citant les exemples du Nigéria, du Nicaragua, de la Géorgie et du Pérou, qui se sont engagés à respecter des règles de partenariat et de transparence avec le G-8, la représentante américaine a rappelé que les clauses du Consensus de Monterrey relatives à l’aide publique au développement et aux autres sources extérieures de financement du développement, stipulaient que les pays en développement étaient en premier lieu responsables de leur essor économique, qui passe par la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.  Concernant les sources novatrices de financement du développement, elle a averti que son gouvernement était opposé à toute proposition de créer des taxes mondiales sur les transactions financières internationales et sur l’environnement, une idée avancée hier par un certain nombre de pays, et dont l’étude a été confiée à l’Université des Nations Unies.


Sur cette question, le représentant du Japon a appelé les pays, notamment africains, à s’inspirer des stratégies adoptées au cours des décennies écoulées par les pays d’Asie de l’Est, dont la croissance économique remarquable, basée sur une utilisation rationnelle des ressources et sur la promotion d’activités de croissance, a permis de mettre fin à la pauvreté et de créer des économies modernes et compétitives.  « Parce que nous considérons le commerce et les investissements comme les premières sources de mobilisation de ressources, notre pays a engagé, à travers le processus de la TICAD, un dialogue avec l’Afrique », a dit le représentant du Japon, en annonçant que les 1er et 2 novembre prochains se tiendra à Tokyo la « Conférence Asie/Afrique sur le commerce et les investissements », qui aura pour objectif de promouvoir les échanges et les investissements entre les deux continents.


Après avoir achevé l’examen de la mise en œuvre et du suivi des textes issus de la Conférence internationale sur le financement du développement, la Deuxième Commission a entendu la Directrice du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), Mme Anna Tibaijuka, qui a présenté les rapports du Secrétaire général sur l’application des décisions prises par la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II).  La Commission ouvrira le débat sur cette question demain, vendredi à 15 octobre, à 10 heures.


Outre les délégations déjà citées, les représentants pays suivants se sont exprimés cet après-midi: Maroc, Viet Nam, Brésil, Népal, Mongolie, Algérie, Venezuela, Pérou, Thaïlande, République de Corée, Éthiopie, Gabon, Côte d’Ivoire, Indonésie, Ukraine, Bahamas, Liban et Azerbaïdjan.  


MISE EN ŒUVRE ET SUIVI DES TEXTES ISSUS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT


Déclarations


M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) a estimé que, face au processus irréversible de la mondialisation et aux défis qu’elle pose, la question du financement du développement est cruciale, tout particulièrement pour les pays en développement.  Il incombe à la communauté internationale de s’atteler sans tarder à la recherche de moyens susceptibles d’accélérer la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, a-t-il ajouté.  Le représentant marocain a également souhaité la mobilisation des efforts de toutes les parties prenantes afin, entre autres, d’augmenter le niveau de l’aide publique au développement (ADP) et de l’investissement direct étranger (IED), d’appuyer les réformes macroéconomiques financières et monétaires dans les pays en développement ainsi que la recherche de solution pour la crise de la dette, d’assurer l’accès des produits des pays en développement aux marchés des pays développés et d’améliorer la coopération internationale en matière fiscale.  Enfin, il a estimé que le processus de Monterrey se trouverait renforcé par la tendance actuelle quant à la recherche de sources novatrices de financement, qui méritent un examen approfondi.


M. NGO DUC THANG (Viet Nam) a averti de l’impossibilité de résoudre les problèmes de la pauvreté sans un effort conjoint de tous les pays et des organisations internationales et sans une coopération renforcée entre les Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et l’OMC.  Il a estimé qu’il était indispensable que soient respectés les engagements du Consensus de Monterrey.  Sans cela, a-t-il dit, les pays les plus pauvres ne pourront pas réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Appelant à la réalisation rapide de l’engagement consistant pour les pays développés à consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD, le représentant a relevé que selon la Banque mondiale, il fallait un surplus de 50 à 100 milliards d’APD pour donner une chance à la réalisation des OMD, et a dit attendre avec impatience les conclusions de l’étude de l’Université des Nations Unies sur les sources novatrices du financement du développement.  Il a aussi estimé nécessaire de mettre sur pied un système global et transparent pour surveiller les problèmes dans la mise en œuvre des engagements pris à Monterrey, ce qui implique, a-t-il précisé, d’identifier clairement les responsabilités des pays pauvres et de leurs partenaires au développement.  Le représentant a enfin appelé la Banque mondiale à étudier de nouveaux concepts et instruments en matière de financement du développement avant de dire son attachement à un élargissement de la composition de l’OMC.  Toutefois, a-t-il prévenu, les conditions d’accès à cette organisation ne devraient pas être plus sévères que celles qui ont été imposées aux anciens membres.  


M. BENEDICTO FONSECA FILHO (Brésil), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, a réitéré son soutien au Consensus de Monterrey dont la mise en œuvres est plus que jamais indispensable.  Le Groupe de Rio estime qu’il est nécessaire que les pays industrialisés versent 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement.  En outre, l’examen de sources novatrices de financement du développement doit se faire de manière accélérée, afin de mettre à la disposition des pays les moins favorisés les moyens dont ils ont besoin pour promouvoir un développement durable qui leur permettrait de faire face à la pauvreté.  Le Groupe de Rio est d’avis que les Nations Unies doivent se pencher sur les possibilités de dialogue existant entre le secteur privé et les pouvoirs publics dans le domaine du développement. 

Concernant les institutions de Bretton Woods, a poursuivi le représentant, le Groupe de Rio demande une meilleure représentation des pays en développement dans leur processus de réflexion, de conception de politiques et de prise de décisions.  Il en est de même en ce qui concerne l’OMC, a ajouté le représentant du Brésil, en invitant les États membres de cette organisation à respecter l’esprit du Cycle de Doha, dont les négociations commerciales doivent, en principe, se faire au bénéfice des pays en développement.


M. DURGA B. SUBEDI (Népal), réaffirmant le rôle essentiel des partenaires pour le développement, a indiqué que les pays en développement étaient capables de définir seuls leurs priorités et leur agenda national.  L’imposition de conditionnalités en contrepartie des contributions financières des donateurs multilatéraux ou bilatéraux, a-t-il ajouté, a plus souvent contribué à compliquer le problème qu’à le résoudre.  Tout en regrettant que les engagements pris en faveur de l’aide publique au développement (APD) n’aient pas été respectés, il a salué les résultats de la CNUCED XI qui, à son sens, devraient remettre sur la bonne voie les négociations sur le commerce international.  Les pays en développement, a-t-il insisté, doivent accéder librement aux marchés mondiaux et bénéficier d’une réduction des taxes afin de réaliser une croissance économique et un développement durable.  En ce qui concerne les pays les moins avancés (PMA), M. Subedi a déclaré qu’en plus du chômage, de la faim, du fardeau de la dette et du manque d’infrastructures, certains devaient faire face à un conflit interne ou à une situation géographique les rendant encore plus vulnérables et, qu’à ce titre, ils devaient bénéficier d’une attention particulière de la part de la communauté internationale.


M. CHOISUREN BAATAR (Mongolie) a regretté que la perspective « irréaliste » de doubler le montant de l’APD ait forcé la communauté internationale à rechercher d’autres sources de financement du développement.  La Mongolie, a-t-il poursuivi, coopère étroitement avec ses partenaires bilatéraux et multilatéraux pour assurer une croissance économique forte, corriger sa faiblesse institutionnelle et celle de son marché, et renforcer ses capacités locales.  Rappelant que la Mongolie est le premier pays éligible au Compte du Millénaire, il a indiqué que des projets de développement sont en préparation en vue des négociations avec le Compte.  Il s’est aussi félicité des résultats de la réunion du Groupe consultatif sur la Mongolie qui s’est tenue l’année dernière à Tokyo.  Malgré ses efforts visant à lutter contre la pauvreté et la dégradation de l’environnement et en faveur des droits de l’homme, de l’état de droit et de la bonne gouvernance, a conclu le représentant, la Mongolie a toujours besoin d’une stratégie globale à long terme pour répondre à ses besoins en matière de financement de développement.  Il a donc estimé que l’étude effectuée par l’Université des Nations Unies sur les sources novatrices de financement devrait faire l’objet d’un examen approfondi. 


M. DJIHED EDDINE BELKAS (Algérie) a appelé à une mise en œuvre rapide de l’engagement pris dans le Consensus de Monterrey de renforcer la cohérence des systèmes monétaire, financier et commercial internationaux.  Quant aux sources novatrices de financement du développement, le représentant a estimé que toutes les propositions avancées dans le rapport dont est saisie la Commission ont chacune leurs propres limites.  Elles dépendent toutes, s’est-il expliqué, d’une décision qui ne peut être prise que globalement, avec en prime des négociations techniques longues et difficiles.  Le représentant a ensuite plaidé pour faciliter les envois de fonds des migrants avant de saluer l’Initiative du Président du Brésil qui prévoit également de chercher de nouvelles sources de financement pour la lutte contre la faim et la pauvreté.  En la matière, il a estimé que les sources de financement passent par le respect des engagements pris dans les domaines de l’aide publique au développement (APD), des investissements étrangers directs (IED), de l’ouverture des marchés aux pays du Sud et du commerce international.  


M. FERMIN TORO JIMÉNEZ (Venezuela) a déclaré que l’élimination de la pauvreté au niveau mondial dépendrait de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey.  Les engagements pris dans le cadre de ce Consensus ne pourront cependant être tenus que si les pays industrialisés font preuve d’une forte et sincère volonté politique, a déclaré le représentant.  Les politiques financières actuelles, et notamment la manipulation de la question de le dette, sont en grande partie responsables de la mauvaise situation de l’économie de nombreux pays en développement, a-t-il estimé, en accusant les pays débiteurs d’utiliser la dette comme un moyen de pression politique sur les pays du Sud.  Un élargissement et une amélioration de la coopération Sud-Sud pourraient permettre aux pays en difficulté de trouver de nouvelles sources de rentrées financières à travers des échanges commerciaux plus importants entre pays en développement.  Cette question, a rappelé le représentant, a été examinée par la CNUCED XI, tenue à Sao Paulo.  Pour sa part, le Venezuela a démontré sa solidarité avec les autres pays en développement en créant un fonds de solidarité Sud-Sud après la Conférence de Monterrey, et nous sommes prêts à participer au Fonds mondial de lutte contre la faim et la pauvreté, proposé par le Président Lula da Silva du Brésil, a dit le représentant.


Mme CLAUDIA ALEMÀN (Pérou) a indiqué que les résultats du Consensus de Monterrey avaient été inégaux et que, pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il fallait mettre en œuvre les engagements souscrits à Monterrey et mobiliser davantage de ressources pour le développement.  Le Gouvernement du Pérou est conscient qu’il est urgent d’élargir les possibilités des pays en développement afin d’augmenter les investissements nationaux publics et privés, a-t-elle ajouté, en plaidant pour la création de mécanismes financiers novateurs visant à renforcer la démocratie et éliminer la pauvreté.  Elle a souligné que l’initiative péruvienne prévoyait une réforme de la comptabilité budgétaire, la création d’une autorité sud-américaine d’infrastructures et la promotion de mesures anticycliques.  Elle a également demandé que des moyens soient trouvés pour élargir le créneau fiscal pour l’investissement public dans les infrastructures ainsi que l’allègement des impôts dans ce domaine, et a souhaité que des décisions rapides soient prises à ce sujet. 


Mme JANE HULL (États-Unis) a déclaré que plus de 70% des populations des pays en développement étaient sur la bonne voie dans la réalisation des OMD.  Les pays où la réalisation de ces objectifs est menacée sont surtout ceux qui ont été touchés par des conflits, a-t-elle estimé.  Les États-Unis ont récemment lancé une initiative en faveur de l’annulation de la dette et soutiennent une conclusion heureuse des négociations du cycle de Doha.  Le Compte du Millénaire, lancé par le Président Bush à Monterrey, et qui s’appuie sur des fonds d’un montant d’un milliard de dollars pour l’année 2004, est accessible aux pays les plus pauvres respectant des critères de bonne gouvernance et de liberté économique, a précisé la représentante.  Actuellement, 16 pays sont éligibles pour bénéficier des ressources de ce Compte, dont huit en Afrique subsaharienne, a dit Mme Hull.  La politique américaine d’aide au développement se base sur les termes du Consensus de Monterrey, a-t-elle ajouté.  Ces termes visant l’augmentation de l’APD s’appuient sur certains postulats.  Les pays en développement doivent notamment accepter que la responsabilité de leur essor économique leur incombe en premier lieu, et ils doivent adopter des méthodes de gestion et de bonne gouvernance qui ont fait leur preuve au niveau mondial.  Nous notons que certains pays, comme le Nigéria, le Pérou, le Nicaragua et la Géorgie, se sont lancés dans cette voie.  Les États-Unis, a poursuivi Mme Hull, pensent que chaque pays donateur devrait être libre d’augmenter son APD de la manière qui lui convient.  Les États-Unis, a-t-elle prévenu, sont également opposés à certaines propositions visant à créer des taxes mondiales sur l’emploi de l’énergie, sur l’environnement ou encore sur les transactions financières internationales. 


M. KHUNYING LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) a estimé que le commerce est la source de financement la plus importante.  Dans ce contexte, il a jugé important que le Programme de Doha donne lieu à l’élimination des subventions à l’exportation et à un meilleur accès aux marchés des produits du Sud.  Se félicitant, en conséquence, des accords conclus en juillet dernier au sein de l’OMC, il a appelé toutes les parties concernées à faire preuve de souplesse, de bonne foi et d’esprit de compromis pour assurer la conclusion, dans les délais impartis, du cycle des négociations de Doha.  Il a aussi estimé que la réalisation du développement exige une amélioration de la gouvernance internationale, à savoir la participation des pays en développement aux processus de prise de décisions et d’élaboration des normes financières ainsi qu’au contrôle financier.  Il s’est joint à l’appel en faveur d’une plus grande cohérence, coordination et coopération entre les Nations Unies, les institutions de Bretton Woods, l’OMC et les autres parties prenantes afin de renforcer la complémentarité et assurer une meilleure division du travail dans la conduite des différentes activités.  Il s’est donc félicité de la réunion spéciale de haut niveau tenue entre les institutions de Bretton Woods et l’OMC, en avril dernier, en espérant un arrangement similaire entre cette dernière et la CNUCED.  Le représentant a ensuite souligné l’importance des efforts régionaux, sous-régionaux et nationaux, en illustrant ses propos par plusieurs exemples.  Il a conclu en se félicitant de la qualité des rapports dont est saisie la Commission.


M. KWON JAE-HWAN (République de Corée) a estimé que la Conférence de Monterrey n’était que le début d’un long processus visant à mobiliser des ressources pour le développement et qu’il fallait faciliter et surveiller les progrès accomplis.  Il a espéré que l’examen à mi-parcours de la Déclaration du Millénaire en 2005 serait l’occasion de renouveler l’engagement pris en faveur des pauvres du monde.  Il faut maintenant traduire ces engagements en actions concrètes, a-t-il ajouté.  En ce qui concerne la recherche de sources novatrices de financement pour le développement, le représentant a souhaité que les sources traditionnelles ne soient pas pour autant oubliées.  Il a affirmé qu’une augmentation de l’APD devait s’accompagner de transparence et de bonne gouvernance au niveau national de manière à faciliter le développement économique dans les pays récipiendaires.  À ce sujet, il a noté que son pays accueillerait, en coopération avec les Nations Unies, le sixième Forum mondial pour renforcer la gouvernance à Séoul en 2005, et que le succès de cette rencontre sera décisif pour la réalisation des OMD. 


Mme TSEDAY JEMANEH (Éthiopie) a déclaré que les pays en développement étaient responsables de leur propre développement.  Ce constat n’exempte cependant pas la communauté internationale de ses obligations, a-t-elle indiqué en demandant aux pays industrialisés d’honorer les engagements qu’ils ont pris dans le cadre du Consensus de Monterrey.  Les promesses faites en matière d’APD, a-t-elle relevé, n’ont pas été tenues.  L’Éthiopie encourage les pays industrialisés à simplifier les procédures régissant l’octroi de leur aide au développement.  Il est urgent, a dit la représentante, que le problème de la dette soit rapidement résolu, étant donné que le service de la dette extérieure est devenu si insoutenable que les pays à bas revenu n’auront aucune chance, dans les conditions actuelles, de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  


Après avoir rappelé les grandes lignes du Consensus de Monterrey, M. GRÉGOIRE LOMBA (Gabon) a affirmé qu’en dépit des efforts faits par les pays en développement pour s’acquitter de leurs engagements, le niveau prévu d’APD n’avait pas été atteint, entravant ainsi la réalisation des OMD.  Il a demandé que des mesures courageuses soient prises afin de mobiliser des ressources additionnelles pour atteindre ces objectifs.  Il a également pris note des propositions pertinentes de l’Institut mondial de recherche de l’Université des Nations Unies (UNU) sur les sources novatrices de financement mais a estimé que le financement du développement devait viser l’accroissement des ressources existantes et non leur substitution.  Il a souhaité que le Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale sur le suivi du financement du développement soit l’occasion de renforcer la coopération internationale en matière de développement.  Les moyens et la volonté politique pour réaliser les objectifs de développement existent, il nous suffit simplement de coordonner nos efforts pour accélérer leur mise en œuvre, a-t-il conclu. 


Affirmant qu’on ne pouvait parler de développement sans aborder son financement, M. SERGE GBA (Côte d’Ivoire) a déclaré que la mobilisation des ressources restait la préoccupation de tous les États, particulièrement ceux en développement.  Il a indiqué que son pays avait élaboré un Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) qui n’avait pu être mis en œuvre en raison de la crise qui sévit en Côte d’Ivoire depuis deux ans.  Rappelant que les pays en développement devaient recourir aux financements extérieurs en raison de leur faibles ressources, le représentant a déploré le non-respect de l’engagement de 0,7% d’APD et le faible niveau d’IED tout en souhaitant plus de souplesse pour les conditions d’éligibilité à l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettées (PPTE), notamment pour les pays exposées à des crises.  Par ailleurs, il a souhaité que les sources novatrices de financement du développement n’entraînent pas de nouvelles obligations insurmontables pour les pays en développement, en particulier les pays africains qui profitent peu des flux de capitaux privés. 


M. PRAYONO ATIYANTO (Indonésie) a déclaré que la communauté internationale devait se montrer à la hauteur des engagements pris à Monterrey pour permettre la réalisation des OMD.  L’Indonésie estime que la priorité devrait être accordée au développement rural, la plupart des populations des pays du Sud vivant dans cet environnement.  L’APD reste irremplaçable pour promouvoir les bases du développement durable dans les pays qui sont les plus pauvres, a dit le représentant.  Les nouveaux mécanismes de mobilisation de ressources envisagés dans le cadre de la recherche de nouvelles sources de financement doivent être envisagés en complément de l’APD, a estimé le représentant.  Concernant le commerce, dont on dit qu’il est la principale source de mobilisation de ressources, les pays en développement ne peuvent pas en profiter dans le cadre actuel, a indiqué le représentant.  Les mécanismes commerciaux internationaux étaient inéquitables, a-t-il relevé.  La plupart des pays en développement, a-t-il précisé, ne sont pas intégrés à la mondialisation, dont les règles établies les excluent.


Mme SVITLANA HOMANOVSKA (Ukraine) a déclaré que la mise en œuvre des engagements pris à Monterrey ne pouvait attendre.  Elle a salué la cohérence et la coordination accrue entre l’ECOSOC, les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce, mais a souhaité que des domaines de coopération plus précis soient identifiés.  Elle a rappelé que l’Ukraine avait fait des efforts pour pleinement mettre en œuvre le Consensus de Monterrey au niveau national et a lancé cette année une stratégie de développement économique et social pour 2004-2015, afin de mobiliser les ressources nationales et internationales, notamment en favorisant un climat d’investissement propice ou en stimulant l’épargne nationale.  Elle a également plaidé pour une augmentation plus importante de l’IED, indiquant que pour sa part, son pays s’employait à en tirer le meilleur parti en améliorant, par exemple, la législation relative à l’investissement.  Soulignant que le commerce est un moteur important pour le développement et que l’admission des pays en transition à l’OMC doit être facilitée, la représentante a estimé qu’il faudrait renforcer l’universalité du système commercial multilatéral en augmentant le nombre des membres de l’OMC.  Toutefois, a-t-elle précisé, les conditions d’accès ne doivent pas être plus sévères que pour les membres actuels.


M. KAZUO SUNAGA (Japon) a déclaré que sa délégation ne pensait pas que le versement de ressources accrues d’APD allait automatiquement aboutir à un meilleur développement de certaines régions du Sud.  L’APD seule, quel qu’en soit le montant, ne peut résoudre tous les problèmes auxquels font face les pays en développement.  Il faudrait y ajouter les revenus que pourraient tirer ces pays des activités commerciales, et les Investissements étrangers directs (IED) qu’ils pourraient recevoir.  À la lumière de l’expérience positive des pays d’Asie de l’Est, il est clair que la croissance économique, soutenue par la promotion des échanges commerciaux et des investissements, est la solution à la pauvreté.  Les autres régions du monde devraient imiter l’exemple des pays d’Asie de l’Est, a estimé le représentant.  Par conséquent, nous soutenons le cycle de négociations commerciales de Doha et espérons qu’il aboutira à l’adoption d’accords favorables au développement des pays du Sud, a dit M. Sunaga.  Le Japon, a-t-il poursuivi, a engagé un dialogue avec l’Afrique et organisera les 1er et 2 novembre prochains, à Tokyo, la Conférence Asie/Afrique sur le commerce et les investissements.  L’objectif de cette rencontre sera de promouvoir les échanges commerciaux entre les deux continents.


Mme PAULETTE BETHEL (Bahamas), intervenant au nom de la CARICOM, a affirmé que les États membres de la Communauté remplissaient leurs engagements en vertu du Consensus de Monterrey, notamment en matière de démocratie, d’infrastructures sociales et économiques ou d’ouverture de marché.  Toutefois, a-t-elle ajouté, ces efforts sont entravés par l’environnement économique international qui ne prête pas assez d’attention aux besoins spécifiques des membres de la CARICOM.  C’est pourquoi, elle a souhaité une meilleure cohérence des systèmes financier, monétaire et commercial internationaux.  Reconnaissant que le financement du développement était un défi pour tous les pays en développement, la représentante a salué les efforts visant à rechercher des sources novatrices de financement tout en affirmant que celles-ci ne devaient pas faire peser un nouveau fardeau sur les pays en développement.  Elle a également souligné la nécessité d’établir un dialogue aux Nations Unies sur la coopération internationale en matière de taxes.  Elle a conclu en appelant la communauté internationale à traduire les engagements de Monterrey en actions visibles et effectives. 


Mme KALACHE (Liban) a déclaré que sa délégation regrettait qu’aucune solution viable n’ait encore été trouvée à la question de la dette.  Bien que nous nous félicitions de l’Initiative PPTE, a dit la représentante, ses effets sont négligeables.  Quatorze pays qui y sont éligibles, a-t-elle fait remarquer, n’ont toujours pas atteint le point d’achèvement qui leur permettrait de bénéficier des retombées financières de l’Initiative.


Mme HUSNIYYA MAMMADOVA (Azerbaïdjan) a souligné que la mobilisation de ressources ne peut se faire si des conflits règnent et que la paix et la sécurité sont intimement liées au développement.  Sa délégation est très attachée au Consensus de Monterrey et particulièrement au principe de transparence pour lequel d’importants efforts sont accomplis au niveau national.  La représentante a fait siennes les préoccupations des pays dépendants des produits de base et celles des pays en développement sans littoral qui demandent un accès préférentiel aux marchés.  Soulignant l’écart important entre les ressources disponibles et les ressources nécessaires, elle a insisté sur l’importance des partenariats et du rôle accru du secteur privé.  De l’avis de Mme Mammadova, les sources novatrices de financement devraient compléter les moyens de financement existants.  Par ailleurs, elle a déclaré que la révision de la dette dans le cadre de l’Initiative PPTE était une mesure positive pour son pays afin de trouver une solution à la dette insoutenable.



APPLICATION DES DÉCISIONS PRISES PAR LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS (HABITAT II) ET PAR L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE À SA VINGT-CINQUIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE


Présentation de rapports


Mme ANNA TIBAIJUKA, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a présenté les rapports du Secrétaire général sur la mise en œuvre coordonnée du Programme pour l’habitat, et sur l’application des décisions prises par la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains et le renforcement du Programme.  ONU-Habitat a renforcé ses efforts de partenariats avec les États et la société civile en vue de mettre en œuvre les programmes agréés sur l’accès à l’eau potable, sur l’amélioration de l’assainissement et sur la destruction et la reconstruction des zones insalubres où vivent actuellement les pauvres en milieu urbain, a dit Mme Tibaijuka.  Le deuxième Forum mondial des villes qui s’est tenu à Barcelone en Espagne, du 13 au 17 septembre 2004, a réuni 4 200 participants représentant toutes les régions du monde, a indiqué Mme Tibaijuka.  Des informations relatives à la rencontre de Barcelone figurent dans les rapports du Secrétaire général, qui contiennent également des observations et des recommandations sur la gouvernance locale des villes et l’amélioration de la vie en milieu urbain.  Le succès du Forum de Barcelone fait espérer que la prochaine rencontre, prévue à Vancouver au Canada en 2006, nous permettra de parvenir à des résultats encourageants pour la création d’une coalition opérationnelle qui travaillerait en faveur d’un développement durable des villes.


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