LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND DES DECLARATIONS DE LA NORVEGE ET DU PAKISTAN
Communiqué de presse CD/G/602 |
LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND DES DECLARATIONS DE LA NORVEGE ET DU PAKISTAN
GENEVE, le 2 septembre -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations de la Norvège et du Pakistan auxquelles ont réagi l'Iran, la République populaire démocratique de Corée et l'Inde.
La Norvège, par la voix de son Secrétaire d'État au Ministère des affaires étrangères, M. Kim Traavik, a notamment déploré l'annonce de retrait du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) faite par la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Elle a réitéré son appel à la RPDC afin que celle-ci respecte ses obligations en vertu du Traité et coopère pleinement et sans condition avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Elle s'est réjouie de l'initiative qui a mené à la récente réunion à six pays tenue à Beijing et a souligné que, même si cette réunion n'a pas été aussi productive qu'on l'aurait souhaité, ce processus doit continuer. Selon la Norvège, il en va de l'intérêt de tout pays suspecté de non-respect du TNP que de coopérer pleinement avec l'AIEA et cela s'applique aussi à l'Iran. La Norvège, qui a pris dûment note du dernier rapport de l'Agence au Conseil des gouverneurs et se réjouit que l'Iran semble être disposée à travailler plus étroitement avec l'AIEA, attend la consolidation de cette évolution positive.
L'Iran comme la République populaire démocratique de Corée ont estimé que la Conférence n'était pas le lieu approprié pour discuter des questions soulevées par la Norvège les concernant. L'Iran a affirmé faire de son mieux pour répondre à toutes les questions que peut se poser l'AIEA et ce, de manière transparente. Ce pays a également précisé qu'il connaît parfaitement ses obligations mais aussi ses droits en ce qui concerne l'utilisation pacifique du nucléaire et qu'il n'entend pas se doter de l'arme nucléaire. Quant à la RPDC, elle a notamment expliqué qu'il est injuste de lui demander, alors qu'elle n'appartient pas actuellement au TNP, de respecter ses obligations au titre de ce Traité, tout en passant sous silence les raisons qui l'ont poussé à s'en retirer.
Le Pakistan a pour sa part souligné que l'un des facteurs contribuant de manière significative à l'instabilité à tous les niveaux à travers le monde reste l'accumulation par les États d'armes conventionnelles en quantité excédant de loin leurs exigences légitimes en matière de sécurité. Au nombre des facteurs contribuant à la course aux armements conventionnels, le Pakistan a notamment cité les différends non résolus ainsi que les ambitions de domination de certains États qui s'engagent dans des dépenses militaires exorbitantes pour maintenir ou acquérir un statut de grande puissance, ces ambitions hégémoniques acculant des pays de moindre taille à consentir un haut niveau de dépenses militaires. Le Pakistan se trouve ainsi tenu de dépenser chaque année 3 milliards de dollars pour sa défense face aux dépenses militaires massives de l'Inde, qui atteignent 15,6 milliards de dollars pour 2002.
L'Inde a assuré qu'elle ne procède pas à une course aux armements, avec quelque pays que ce soit et que, pays bien plus grand et plus peuplé que le Pakistan, elle a su maintenir ses dépenses militaires à un niveau minimum.
En fin de séance, la Présidente de la Conférence, la Japonaise Kuniko Inoguchi, a indiqué que le Secrétariat a reçu une note verbale de la Mission du Kazakhstan, datée du 29 août 2003, indiquant que ce pays n'assurera pas la présidence de la Conférence qui devait lui échoir à partir de janvier 2004.
La prochaine séance de la Conférence se tiendra jeudi 4 septembre, à 10 heures.
Aperçu des déclarations
M. KIM TRAAVIK, Secrétaire d'État au Ministère des affaires étrangères de la Norvège, a souligné que le climat sécuritaire a beaucoup changé ces dernières années, le terrorisme international et la prolifération des armes de destruction massive constituant des menaces majeures pour la paix et la sécurité internationales. "Nous savons que certains États cherchent à obtenir ces armes meurtrières", a-t-il ajouté. Des preuves attestent en outre que certains groupes terroristes cherchent activement à acquérir des armes de destruction massive, a poursuivi M. Traavik. Aucun effort ne doit être épargné pour empêcher que cela ne se produise, a-t-il affirmé. La lutte contre le terrorisme et la poursuite sans relâche de l'objectif de non-prolifération sont donc essentielles pour notre sécurité commune, a déclaré M. Traavik. Il a relevé que beaucoup a déjà été fait à travers le Conseil de sécurité des Nations Unies et la large coalition contre le terrorisme. La Norvège contribue activement à cette coalition et continuera à le faire, a-t-il précisé. Il a estimé que les instruments multilatéraux existants en matière de désarmement et de non-prolifération sont essentiels pour faire face aux nouvelles menaces auxquelles est confrontée notre sécurité. L'adhésion universelle à ces instruments est essentielle si l'on veut réussir, a-t-il insisté. À cet égard, il s'est dit préoccupé par les défis auxquels est confronté le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Il a profondément déploré l'annonce de retrait du TNP faite par la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Il a réitéré l'appel lancé par son pays à la RPDC afin que celle-ci respecte ses obligations en vertu du Traité et coopère pleinement et sans condition avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Il s'est réjoui de l'initiative qui a mené à la récente réunion à six pays tenue à Beijing et a souligné que, même si cette réunion n'a pas été aussi productive qu'on l'aurait souhaité, ce processus devrait et doit continuer. La péninsule coréenne a besoin d'un nouveau départ menant à la stabilité, à la réconciliation et au règlement durable de tous les aspects des questions nucléaires, a déclaré M. Traavik.
Toutes les allégations de non-respect du régime du TNP doivent être traitées de manière transparente. Il en va de l'intérêt de tout pays suspecté de non-respect que de coopérer pleinement avec l'AIEA. Cela s'applique aussi à l'Iran, a affirmé M. Traavik. Il a indiqué que son pays a pris dûment note du dernier rapport de l'Agence au Conseil des gouverneurs et se réjouit que l'Iran semble être disposée à travailler plus étroitement avec l'AIEA. La Norvège attend la consolidation de cette évolution positive, a-t-il affirmé. En même temps, un besoin urgent se fait sentir de poursuivre les investigations afin de vérifier pleinement le programme nucléaire iranien, a déclaré M. Traavik. Notre objectif doit être de préserver et de renforcer l'intégrité et l'autorité du TNP, a-t-il affirmé. À cet égard, il a souligné que la Conférence d'examen serait décisive pour l'avenir du Traité. Pour la Norvège, il est de la plus haute importance que la Conférence de 2005 se solde par un régime de non-prolifération renforcé, a-t-il insisté. Tout pays cherchant à se doter d'une technologie nucléaire pour un programme pacifique doit pleinement appliquer les garanties globales de l'AIEA ainsi que le Protocole additionnel: tel devrait être le principal message de la Conférence d'examen de 2005 du TNP, a expliqué M. Traavik.
Tout en se réjouissant de la récente ratification de l'accord russo-américain de Moscou concernant une nouvelle réduction d'ogives nucléaires stratégiques, la Norvège juge nécessaire de procéder aussi à de nouvelles réductions dans le domaine des armes nucléaires tactiques. Les alliés de l'OTAN ont déjà beaucoup fait en la matière, a affirmé M. Traavik. La notion d'irréversibilité est importante pour parvenir à l'objectif à long terme d'élimination des armes nucléaires, a-t-il poursuivi. Ce principe constitue en outre la meilleure garantie que les armes nucléaires démantelées ne finiront pas entre les mains de groupes terroristes, a-t-il précisé. Il est essentiel que toutes les puissances nucléaires ratifient le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, a par ailleurs déclaré M. Traavik. Il a fait part des inquiétudes de son pays de voir l'élaboration de nouvelles armes se traduire par une reprise des essais. La Norvège considère que le traité cut-off sur les matières fissiles constitue la prochaine étape logique dans le domaine du désarmement nucléaire, a-t-il indiqué. À cet égard, il a déploré qu'il n'ait pas été possible de progresser sur cette question prioritaire.
M. Traavik a par ailleurs mis l'accent sur l'importance du Code de conduite de La Haye pour les efforts globaux visant à stopper la propagation des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Il convient de chercher à obtenir une adhésion universelle à ce Code, a-t-il précisé, ajoutant que l'objectif à long terme de la Norvège dans ce domaine reste que ce Code se traduise par un accord juridiquement contraignant et globalement accepté. L'impasse dans laquelle se trouve la Conférence est contraire à nos intérêts de sécurité communs, a d'autre part déclaré le Secrétaire d'État. Tout en reconnaissant qu'il faut chercher à l'extérieur de la Conférence les raisons de l'impasse actuelle, il a jugé évident que la Conférence a besoin d'être réformée. La forme actuelle du débat général en Première Commission de l'Assemblée générale empêche les échanges de vues ainsi que l'élaboration de perspectives communes concernant la manière de répondre aux nouveaux défis sécuritaires, a-t-il déclaré.
M. SHAUKAT UMER (Pakistan) a rappelé qu'en 1978, la première session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement avait entrepris d'œuvrer en faveur du désarmement général et complet afin de promouvoir la paix et la sécurité internationales. Vingt-cinq ans plus tard, le monde est malheureusement toujours aussi instable en dépit de quelques réalisations dans le domaine du désarmement, en particulier en ce qui concerne les armes de destruction massive. L'un des facteurs contribuant de manière significative à l'instabilité à tous les niveaux reste l'accumulation par les États d'armes conventionnelles en quantité excédant de loin leurs exigences légitimes en matière de sécurité, ce qui engendre une spirale de courses aux armements. Le monde a dépensé en 2001 quelque 839 milliards de dollars pour la défense, ce qui est particulièrement alarmant lorsqu'on pense que des millions de personnes à travers le monde vivent en dessous du seuil de pauvreté, a poursuivi M. Umer. De toute évidence, la communauté internationale ne peut s'attendre à ce qu'une structure de sécurité stable s'établisse sur la base de la pauvreté, de la faim, de la maladie et de l'analphabétisme, a-t-il insisté.
Au nombre des facteurs contribuant à la course aux armements conventionnels, M. Umer a cité les différends non résolus, au nombre de 46 selon le Secrétaire général des Nations Unies, qui constituent une menace pour la paix et la sécurité internationales. À titre d'exemple, du fait de la dispute au sujet du Cachemire, déjà fort ancienne et non résolue, l'Inde et le Pakistan se sont tous deux trouvés obligés de consacrer à des objectifs militaires des ressources pourtant rares. Le Pakistan se trouve ainsi tenu de dépenser chaque année 3 milliards de dollars pour sa défense face aux dépenses militaires massives de l'Inde, qui atteignent 15,6 milliards de dollars pour 2002. Selon certaines estimations, l'Inde envisage d'acheter pour 100 milliards de dollars d'armements au cours de la décennie actuelle. Parmi les facteurs contribuant à la course aux armements conventionnels, M. Umer a également cité les ambitions de domination de certains États qui s'engagent dans des dépenses militaires exorbitantes pour maintenir ou acquérir un statut de grande puissance, ces ambitions hégémoniques acculant les pays de moindre taille de la région à consentir un haut niveau de dépenses militaires. M. Umer a aussi fait observer qu'avec la fin de la guerre froide, les industries du complexe militaro-industriel des principaux producteurs d'armes avaient enregistré un déclin de leur production; elles sont néanmoins parvenues à survivre, notamment en élargissant et en diversifiant leurs exportations, même en direction de pays qui défiaient ouvertement le droit international et étaient source d'instabilité permanente dans leur sous-région. D'autre part, la révolution en cours dans les affaires militaires complique les choses en ce sens qu'elle brouille la distinction entre armes conventionnelles et armes de destruction massive. De plus, les nouvelles perceptions relatives aux menaces du terrorisme et de l'extrémisme ont encouragé les lobbies de l'armement à plaider en faveur d'une acquisition accrue d'armements de la part des États.
Il va sans dire que lutter contre le terrorisme est un objectif global fondamental qui requiert la coopération internationale - coopération dans laquelle le Pakistan a été pleinement impliqué. Toutefois, il serait plus rentable que la communauté internationale se mobilise pour traiter les causes profondes du terrorisme au lieu de consacrer des ressources pourtant limitées à l'obtention d'armes et de technologies toujours plus sophistiquées. Rappelant que la résolution 57/77 de l'Assemblée générale demande à la Conférence d'envisager la formulation de principes qui puissent servir de cadre pour des accords régionaux en matière de contrôle des armements conventionnels, M. Umer a souhaité que la Conférence se penche sur cette question à titre prioritaire.
M. MANSOUR SALSABILI (Iran) a souhaité commenter la déclaration faite ce matin par M. Traavik afin de dissiper un malentendu inédit entre la Norvège et l'Iran. La Conférence n'est pas l'endroit approprié pour discuter du malentendu entre l'AIEA et l'Iran, a-t-il indiqué. L'Iran possède un programme nucléaire à des fins pacifiques, ce qui est son droit le plus strict, a-t-il rappelé. L'Iran fait de son mieux pour répondre à toutes les questions que peut se poser l'AIEA et ce, de manière transparente, a-t-il ajouté. Il a affirmé que l'Iran connaît parfaitement ses obligations mais aussi ses droits en ce qui concerne l'utilisation pacifique du nucléaire. L'Iran n'entend pas se doter de l'arme nucléaire, a assuré M. Salsabili.
M. JANG CHUN SIK (République populaire démocratique de Corée, RPDC) a lui aussi souhaité commenter la déclaration faite ce matin par M. Traavik. Il a rappelé que la Conférence n'est pas l'endroit approprié pour débattre de questions telles que celle de la péninsule de Corée. Il est injuste de demander à la RPDC, qui n'appartient pas actuellement au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), de respecter ses obligations au titre du TNP tout en passant sous silence les raisons qui ont poussé ce pays à se retirer du TNP. Quant aux pourparlers à six qui se sont tenus la semaine dernière à Beijing, la RPDC y a participé dans l'espoir de résoudre pacifiquement le problème nucléaire sur la péninsule de Corée. Elle y a présenté des propositions concrètes mais lors des conversations, il est apparu que la position de l'un des partenaires essentiels de ces pourparlers était restée inchangée.
M. RAKESH SOOD (Inde) a souhaité répondre à certaines allégations prononcées par le Pakistan en assurant que l'Inde ne procède pas à une course aux armements, avec quelque pays que ce soit. L'Inde a néanmoins ses propres préoccupations en matière de sécurité. L'Inde, qui est un pays bien plus grand et plus peuplé que le Pakistan, a su maintenir ses dépenses militaires à un niveau minimum, a affirmé M. Sood. Il faut espérer que le Pakistan, grâce à un dialogue productif, pourra réduire ses dépenses de défense à un niveau approprié, a-t-il ajouté.
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