3e et 4e séances - matin et après-midi
PI/2327

Comité de l’information: désinformation, mésinformation et usage malveillant des nouvelles technologies de l’information au cœur du débat

« À l’ère numérique, l’accès à l’information s’est élargi mais la menace de la désinformation et des discours de haine s’est précisée. »” Voilà le constat sans appel de la délégation israélienne au second jour du débat général du Comité de l’information, qui tient sa quarante-septième session jusqu’au 9 mai.  Dès lors, la lutte contre la désinformation n’est pas seulement un défi technique mais aussi une obligation morale, a martelé la délégation. 

Partageant cette préoccupation, la plupart des États Membres qui sont intervenus depuis hier ont pointé du doigt la prolifération de campagnes de désinformation, en particulier sur les plateformes en ligne.  Ils ont aussi fait le constat que cela porte atteinte à la souveraineté politique des États, perturbe la cohésion sociale, encourage les discours de haine et incite à la violence, à l’intolérance et à la discrimination.  Ils ont salué les Principes, de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), pour la gouvernance des plateformes numériques. 

L’Allemagne a attiré l’attention sur un autre problème: celui des opérations de paix de l’ONU mises à l’épreuve dans leur environnement de travail mais aussi dans l’espace médiatique.  Les Casques bleus, a-t-elle expliqué, sont de plus en plus la cible de campagnes de mésinformation et de désinformation, qui mettent leurs vies en danger, érodent la confiance dans les opérations de paix et affaiblissent l’appui à l’engagement international.  En tant que Présidente de la Commission de consolidation de la paix, l’Allemagne s’est dite déterminée à rendre cet organe plus visible et plus lisible, en collaboration avec le Département de la communication globale, parce que « même si la Commission ne fait pas souvent la une des journaux, son impact est réel ». 

Alors qu’hier l’Ukraine avait affirmé que depuis le début de son invasion, la Russie aurait tué au moins 102 professionnels des médias, dont la journaliste ukrainienne Viktoriia Roshchyna et 7 journalistes étrangers, la Fédération de Russie a rétorqué aujourd’hui, en dénonçant le « harcèlement des médias et des journalistes russes ».  Le site Web du Ministère russe des affaires étrangères, a-t-elle affirmé, comporte une section constamment mise à jour sur la répression des journalistes russes à l’étranger. 

L’allergie de la « clique de Kiev » à tout autre point de vue pousse ses services de renseignement à persécuter les journalistes dissidents, à les kidnapper et à exercer sur eux des pressions psychologiques, sans parler des cas de torture et de violence, a dénoncé la Fédération de Russie.  Rien que depuis le début de l’année, cinq journalistes et professionnels des médias russes auraient été tués et d’autres blessés. 

La Fédération de Russie s’est également indignée du manque de réaction des agences internationales face à l’existence, depuis 2014, de « l’odieuse plateforme ukrainienne Myrotvorets » qui publie de véritables « listes d’exécution » avec des données personnelles. 

Il est temps, a contré le Royaume-Uni lui, de dénoncer et de sanctionner l’agence russe Social Design Agency, responsable du réseau russe Doppleganger dont le seul but est de déformer la réalité et d’inciter à des manifestations anti-ukrainiennes en Europe.  Depuis son invasion de l’Ukraine, a accusé le Royaume-Uni, la Fédération de Russe recourt à la désinformation pour affaiblir l’appui mondial à l’Ukraine.  Elle a aussi fait Conseil de sécurité une plateforme de désinformation, en invitant des dizaines d’individus à prendre la parole pour propager des fausses informations sur ce qui se passe en Ukraine. 

Tous les États ont la responsabilité de protéger l’intégrité de l’ONU, comme source fiable d’information, a tranché le Royaume-Uni, un point de vue partagé, entre autres par la Chine, qui a appelé le Département de la communication globale (DCG) à publier des informations exactes, neutres et crédibles, mais à veiller à ce que la voix des États Membres soit portée.

Le commentaire de la délégation américaine sur l’absence de liberté d’expression en Iran lui a valu un droit de réponse.  La représentante iranienne a rappelé le soutien des États-Unis aux violations des droits des Palestiniens et à la répression de la parole des manifestants, des étudiants, des enseignants sur le sol américain. 

Les États-Unis ne sont certainement pas bien placés pour se présenter en défenseurs des droits humains, a taclé la délégation iranienne.  Ils feraient mieux d’arrêter de soutenir les conflits, de causer l’instabilité dans d’autres pays et régions et de respecter l’opinion des autres. 

Ayant ainsi terminé son débat général, après avoir entendu hier la déclaration annuelle de Mme Melissa Fleming, Secrétaire générale adjointe et Cheffe du Département de la communication globale (DCG), le Comité de l’information se propose de négocier jusqu’au 9  mai, ses deux résolutions annuelles intitulées « L’information au service de l’humanité » et « Politiques et activités de l’ONU en matière de communication globale ».  

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