Le Conseil de sécurité exige des houthistes qu’ils mettent fin à leurs attaques en mer Rouge et demande le respect de l’embargo sur les armes
Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, exigé que les houthistes mettent fin immédiatement à toutes les attaques qu’ils mènent contre les navires marchands et les navires de commerce en mer Rouge et libèrent immédiatement le navire marchand Galaxy Leader et son équipage, tout en demandant aux États Membres de respecter pleinement l’embargo sur les armes qui vise ce groupe.
Adoptée par 12 voix pour et 3 abstentions (Algérie, Chine et Fédération de Russie), la résolution 2768 (2025), qui a été présentée par les États-Unis et la Grèce, prolonge jusqu’au 15 juillet 2025 la demande du Conseil au Secrétaire général de lui présenter des rapports écrits mensuels sur toute nouvelle attaque perpétrée par les houthistes contre des navires marchands et des navires de commerce en mer Rouge, « afin d’éclairer ses futures consultations ».
Le texte engage en outre toutes les parties à redoubler d’efforts diplomatiques afin de prévenir une nouvelle détérioration de la situation en mer Rouge et dans la région, notamment en continuant de favoriser le dialogue et le processus de paix du Yémen sous les auspices de l’ONU.
Dans le préambule du texte, le Conseil rappelle les précédentes attaques menées par les houthistes contre des terminaux pétroliers dans des zones contrôlées par le Gouvernement yéménite, et se déclare préoccupé par les répercussions désastreuses que ces attaques touchant les exportations de pétrole ont sur la situation économique et humanitaire au Yémen, la monnaie du pays et les moyens d’existence des civils yéménites.
La Somalie s’est dite vivement préoccupée par ces attaques et leurs conséquences économiques, humanitaires, sécuritaires et environnementales. Cette résolution, a-t-elle estimé, est un pas dans la bonne direction, mais sa mise en œuvre nécessitera la prise en compte des sensibilités et des réalités régionales, la sécurité de ce couloir maritime étant indissociable de la stabilité des États côtiers. La délégation a rappelé que les autorités de son pays ont récemment réaffirmé, lors d’un dialogue trilatéral avec l’Égypte et l’Érythrée, leur engagement à renforcer leur cadre de sécurité collective afin de lutter contre l’insécurité maritime en mer Rouge, pour qu’elle redevienne un « pont de paix et de prospérité » qui relie peuples et nations.
Nation maritime, « gestionnaire responsable » du canal qui porte son nom, le Panama a condamné les attaques contre les navires commerciaux en mer Rouge, demandant que le droit à la navigation soit garanti par tous. La République de Corée et le Danemark ont souligné pour leur part l’importance de redoubler d’efforts pour faire respecter l’embargo sur les armes.
Pour la Fédération de Russie, cette résolution est la suite logique de la résolution « originale » 2722 (2024) du Conseil de sécurité, « à propos de laquelle nous avions déjà de sérieuses questions ». Si nous avions globalement soutenu l’idée elle-même –assurer la sécurité de la navigation dans les eaux adjacentes au Yémen, y compris en mer Rouge–, sa mise en œuvre pratique n’a malheureusement pas été à la hauteur des attentes, a constaté la délégation. En outre, la résolution tout juste adoptée est extrêmement « déséquilibrée et politisée ». En effet, si nous jugeons la situation dans les eaux adjacentes au Yémen uniquement à partir de ce texte, alors on pourrait penser que le facteur déstabilisateur dans la région est l’action d’Ansar Allah. Il omet pourtant l’aspect le plus important de la situation « sur le terrain » – à savoir la campagne militaire agressive qui dure depuis plus d’un an par la prétendue « coalition internationale » menée par les États-Unis et le Royaume-Uni contre un pays souverain, le Yémen.
Dans un même ordre d’idées, l’Algérie a justifié son abstention par sa préoccupation quant à la mise en œuvre de la résolution 2722 (2024) et ce qu’elle considère comme une utilisation « à mauvais escient » du droit à la légitime défense « en menant des attaques contre des pays souverains ». En outre, elle a estimé qu’il aurait fallu faire explicitement référence à la situation dévastatrice à Gaza, qui est la cause fondamentale « ou au moins un facteur déclenchant » des tensions actuelles en mer Rouge et dans l’ensemble de la région.
La Chine a pareillement déploré que la résolution ne fasse pas le lien « évident » entre la situation en mer Rouge et celle à Gaza. La Sierra Leone, satisfaite de la référence faite à la nécessité de faire face aux causes profondes des attaques des houthistes, s’est félicitée de l’annonce d’un accord pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et à la libération des otages israéliens.
De son côté, le Guyana a salué l’inclusion d’un nouveau libellé sur les armes sophistiquées employées par les houthistes, là où la Slovénie a regretté qu’il ne mentionne pas les risques de marée noire provoqués par leurs actions.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Texte du projet de résolution (S/2025/33)
Le Conseil de sécurité,
Rappelant toutes ses résolutions sur la situation au Yémen et en mer Rouge, notamment les résolutions 2216 (2015), 2722 (2024) et 2739 (2024),
Condamnant les attaques incessantes perpétrées par les houthistes contre les navires marchands et les navires de commerce,
Réaffirmant son attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des États côtiers de la mer Rouge, et soulignant de nouveau que les États de la région doivent jouer un rôle moteur, en étroite coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, pour contribuer à la paix et à la sécurité,
Rappelant l’importance de la sécurité maritime et conscient que le maintien de la sécurité maritime dans la région de la mer Rouge est essentiel pour la stabilité des chaînes d’approvisionnement et le développement économique,
Rappelant les précédentes attaques menées par les houthistes contre des terminaux pétroliers dans des zones contrôlées par le Gouvernement yéménite, et se déclarant préoccupé par les répercussions désastreuses que ces attaques touchant les exportations de pétrole ont sur la situation économique et humanitaire au Yémen, la monnaie du pays et les moyens d’existence des civils yéménites,
1. Prolonge jusqu’au 15 juillet 2025 la demande qu’il a faite au paragraphe 10 de la résolution 2722 (2024) au sujet des informations dont il doit lui être rendu compte;
2. Exige de nouveau que les houthistes mettent fin immédiatement à toutes les attaques qu’ils mènent contre les navires marchands et les navires de commerce et qu’ils libèrent immédiatement le navire marchand Galaxy Leader et son équipage;
3. Souligne de nouveau qu’il faut s’attaquer aux causes profondes de ces attaques, y compris les conflits qui alimentent les tensions régionales et contribuent à perturber la sécurité maritime, afin d’intervenir rapidement et en toute efficience et efficacité;
4. Prend note de l’utilisation d’armes de pointe lors de ces attaques et réaffirme que tous les États Membres doivent respecter les obligations que leur impose la résolution 2216, qui établit un embargo sur les armes ciblé et, à cet égard, enjoint aux États Membres de cesser de fournir des armes aux houthistes et d’empêcher les houthistes de se procureur des armements et matériels connexes qui serviront à mener de nouvelles attaques;
5. Appelle à la prudence et à la retenue afin de prévenir une nouvelle détérioration de la situation en mer Rouge et dans la région, et engage toutes les parties à redoubler d’efforts diplomatiques à cette fin, notamment en continuant de favoriser le dialogue et le processus de paix du Yémen sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies;
6. Décide de rester activement saisi de la question.
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