À l’ouverture de la Commission du désarmement, la Haute-Représentante met en garde contre le risque élevé d’un recours à l’arme nucléaire
« À aucun moment depuis la guerre froide, le risque d’utilisation d’une arme nucléaire n’a été plus élevé qu’aujourd’hui et les mécanismes conçus pour en empêcher l’usage aussi fragiles. » C’est sur une mise en garde de la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement que se sont ouverts, ce matin, les travaux de la session 2025 de la Commission du désarmement, un organe que Mme Izumi Nakamitsu a décrit comme une « avenue unique », dont les recommandations peuvent montrer la voie à suivre, alors que se multiplient les défis à la sécurité internationale.
Un seul accord de contrôle des armements nucléaires, le Nouveau Traité START, reste actuellement en vigueur, a rappelé la haute fonctionnaire. « Nous nous éloignons des normes efficaces de désarmement et de non-prolifération établies de longue date pour entrer dans un territoire dangereux et inexploré », en l’absence des garde-fous sécuritaires qui ont fait leurs preuves par le passé, a prévenu Mme Nakamitsu. Elle a rappelé que, grâce aux traités internationaux, les stocks mondiaux d’ogives nucléaires sont passés de plus de 70 000 en 1986 à environ 12 000 aujourd’hui.
À rebours de ces réalisations, a souligné la Haute-Représentante, nous voilà confrontés à une expansion et à une modernisation des puissance nucléaires, à une érosion des cadres multilatéraux et autres qui ont assuré notre sécurité pendant des décennies, à une propension à une rhétorique incendiaire et à l’élargissement, dans certaines doctrines militaires, des critères permettant de déterminer à quel moment recourir aux armes nucléaires. Parallèlement, les avancées technologiques fulgurantes, notamment l’intelligence artificielle, exigent une gouvernance adaptée. « Elles révolutionnent la dynamique des conflits, outrepassant largement les cadres de gouvernance en vigueur », s’est alarmée Mme Nakamitsu, qui a jugé crucial de tirer parti des bénéfices de ces technologies tout en atténuant leurs risques.
Pour la Haute-Représentante, il est donc temps pour les États Membres de renouveler leur engagement en faveur du désarmement et de prendre des mesures urgentes pour éviter un retour à la course aux armements: « Le monde ne peut se permettre davantage de retours en arrière ».
Estimant pour sa part que la Commission du désarmement est un outil dont l’efficacité peut être améliorée, son Président élu, M. José Eduardo Pereira Sosa, a signalé que les États Membres ne peuvent se permettre de passer à côté de cette opportunité de formuler des recommandations pertinentes pour un monde plus sûr, « pour nous-mêmes ainsi que pour les générations futures ». Ne cédons pas aux points de vue intransigeants et efforçons-nous de parvenir à des consensus là où ils semblent possibles, a encore encouragé le Président.
Lors de la session d’organisation des travaux qui a précédé, outre l’élection de M. José Eduardo Pereira Sosa, du Paraguay, à la présidence, la Commission a élu MM. Mohammed Lawal Mahmud, du Nigéria, et Amr Essameldin Sadek Ahmed, de l’Égypte (pour le Groupe des États d’Afrique), et Mme Vivica Olympia Maria Muenkner, de l’Allemagne (pour le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États), Vice-Présidents.
Dans la mesure où la session d’organisation des travaux ne peut se conclure tant que tous les membres du Bureau n’ont pas été élus, le Président a lancé un appel aux groupes régionaux concernés pour qu’ils finalisent toutes les consultations nécessaires pour pouvoir permettre à la Commission d’aborder sa session de fonds avec un bureau complet.
La Commission a également élu M. Akaki Dvali, de la Géorgie, et Mme Julia Elizabeth Rodríguez Acosta, d’El Salvador, comme Présidents des Groupe de travail I et II, respectivement.
La Commission achèvera ses travaux le 25 avril.
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