La Cinquième Commission achève une session marquée par l’absence de décision sur plusieurs questions, dont les solutions aux crises de trésorerie récurrentes de l’ONU
Parvenue à la fin de sa reprise de session avec sur la table cinq projets de résolution seulement, la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a reporté à sa session du mois de mai, sa décision sur les solutions aux crises de trésorerie récurrentes qui affectent le Secrétariat de l’ONU (A/C.5/79/L.34).
Pourtant, le 12 mars dernier, le Secrétaire général, M. António Guterres, proposait plusieurs solutions: la restitution des crédits inutilisés au titre du budget ordinaire, des opérations de paix et des tribunaux de manière cohérente, sur la base de la pratique suivie actuellement pour les opérations de paix, et la création d’un mécanisme permettant de suspendre temporairement cette restitution, s’agissant du budget ordinaire, lorsque l’état de la trésorerie risque d’empêcher l’Organisation d’exécuter ses mandats, l’année suivante.
Le Secrétaire général proposait aussi le maintien de la gestion commune de la trésorerie des opérations de paix en cours, à l’issue de la période d’essai qui se terminera en juin 2027; et l’utilisation, en dernier recours, de l’excédent de trésorerie des tribunaux ayant fermé pour que ces opérations puissent obtenir des liquidités.
Pour éviter à l’ONU une situation d’insolvabilité dès le mois d’octobre, la Fédération de Russie ouvrait sa boîte à idées: la réduction de la masse salariale par la rétention, pendant une période de six mois, de 10% des salaires de la catégorie des services généraux et des administrateurs de grade 1 à 4 et de 20% des salaires des administrateurs P5 et au-dessus, à savoir, les directeurs, les sous-secrétaires généraux et les secrétaires généraux adjoints.
Il faudra donc attendre la deuxième reprise de session, au mois de mai, pour voir ce que la Cinquième Commission en pense.
Projets de résolution adoptés aujourd’hui
Avant même l’adoption sans vote de tous les textes, l’Argentine s’est dissociée de toute mention du Pacte pour l’avenir et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, au nom de sa souveraineté politique. Le projet de texte sur les prévisions révisées de l’application des dernières décisions du Conseil des droits de l’homme recommande l’inscription au budget ordinaire d’un montant supplémentaire de 479 900 dollars (A/C.5/79/L.31).
Dans le même, la Commission a aussi recommandé un montant supplémentaire de 774 200 dollars à inscrire au budget ordinaire pour la lutte contre l’islamophobie. Elle s’est prononcée pour l’inscription au même budget d’un poste, financé auparavant par des contributions volontaires, et la création de deux postes (P-5 et P-3) au secrétariat de l’Alliance des civilisations.
Le Pakistan s’est félicité de ce consensus, en ce jour particulier de la période du ramadan. Ce succès montre l’importance de la lutte contre toutes les discriminations, y compris religieuse, a salué Israël qui a averti de l’aggravation de l’antisémitisme. L’ONU, a-t-il dit, doit prendre des mesures décisives contre l’antisémitisme dans ses sièges comme dans le monde entier.
Pour la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), c’est une somme passant de 86,5 milliards de dollars à 95,4 milliards qui est à inscrire au budget. La même résolution demande également au Secrétaire général une estimation des ressources nécessaires à l’application de la stratégie sur les technologies de l’information et des communications et la liste de toutes les initiatives et activités envisagées, assorties de leur coût, d’un calendrier de mise en œuvre et des indicateurs de performance. Le Secrétaire général est aussi prié de présenter un plan pluriannuel, dans le cadre du Plan d’investissement
Dans un autre texte (A/C.5/79/L.30), la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale l’évaluation et l’examen des fonctions et de la procédure d’établissement des rapports du Bureau des services de contrôle interne (BSCI). Le texte paru sous la cote A/C.5/79/L.32 rappelle aux chefs de secrétariat leur obligation d’étudier les rapports du Corps commun d’inspection et surtout de soumettre leurs commentaires, y compris des informations sur ce qu’ils ont l’intention de faire pour mettre en œuvre lesdites recommandations. La Fédération de Russie a fait observer que ce texte invite le Corps commun d’inspection à participer aux initiatives de réforme du Secrétaire général reprises dans UN80.
Enfin, un dernier projet de résolution (A/C.5/79/L.33) rappelle que tous changements aux directives relatives aux niveaux et grades des fonctionnaires de la catégorie des administrateurs et de rang supérieur doivent être conformes aux résolutions et décisions de l’Assemblée générale. Par exemple, dans le cadre d’une promotion, un fonctionnaire sous contrat à durée déterminée ou permanent doit commencer au grade le moins élevé.
Haro sur les méthodes de travail de la Cinquième Commission
Au nom du Groupe des 77 et la Chine, l’Iraq a certes salué ces textes de consensus mais a regretté l’absence d’accord sur l’efficacité administrative et financière de l’ONU, sa situation financière et la gestion des ressources humaines. Après avoir insisté sur la nécessité de résoudre de façon durable les problèmes de liquidités, l’Iraq a attiré l’attention sur les progrès attendus s’agissant des voyages en avion du personnel de l’ONU et le recrutement des stagiaires, y compris issus des pays en développement.
La Cinquième Commission n’a pas réussi à fournir les orientations nécessaires pour réfléchir à la manière de la rendre plus efficace, a tranché l’Union européenne. Une fois de plus, rien n’a été décidé sur la majeure partie des points à l’ordre du jour dont, a-t-elle dit en ajoutant aux questions soulevées par l’Iraq, la gestion de la chaîne d’approvisionnement.
Elle s’est aussi dite « déçue » de l’examen quinquennal du mandat du BSCI qui n’a donné lieu à aucune action décisive. De plus, un seul texte sur l’application des résolutions et décisions du Conseil des droits de l’homme a été adopté. La prolongation de cette session de 4 à 5 semaines, à un coût considérable pour l’Organisation et les délégations, n’est qu’est un gaspillage, s’est agacée l’Union européenne. Pas moins de 7 jours et 3 demi-journées, soit presque 2 semaines entières, n’ont rien donné; des progrès n’ayant été enregistrés que pendant les tout derniers jours, donc trop tard.
La Commission n’a pas besoin de plus de temps, mais d’engagement plus tôt, plus actif et plus constructif. Plutôt que d’augmenter le nombre d’heures, elle doit utiliser le temps qui lui est imparti plus efficacement. Elle devrait, a insisté l’Union européenne, s’imposer les mêmes normes, si ce n’est plus, que celles qu’elle exige de l’Organisation et de son personnel. La Commission demande à l’ONU de réduire les coûts mais elle ne lui donne pas les orientations nécessaires pour y parvenir, a tranché, à son tour, le Japon.
Qu’a-t-elle fait pour que l’ONU puisse éviter les doubles emplois et revoir et supprimer les mandats anciens et obsolètes? a-t-il demandé. L’amélioration des méthodes de travail doit rester un objectif permanent et un engagement continu en faveur de la responsabilité, de la flexibilité et de l’excellence, avec le souci de donner l’exemple, a ajouté l’Union européenne.
Il faut dire aussi qu’une seule délégation a réussi à faire barrage au consensus nécessaire, a révélé le Royaume-Uni, tout aussi « déçu » des résultats de cette reprise de session. Ces maigres résultats, ont embrayé les États-Unis, montrent que la Cinquième Commission n’arrive pas à renforcer son efficacité, ce qui est une tendance « ingérable ».
NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE