Cinquième Commission: aux propositions du Secrétaire général pour gérer la crise de trésorerie à l’ONU, la Fédération de Russie ajoute la réduction de la masse salariale
Comme l’ONU redoute un déficit de plus de 600 millions de dollars et une situation d’insolvabilité dès le mois d’octobre de cette année, si les dépenses ne sont pas réduites de 400 millions de dollars, le Secrétaire général a soumis aujourd’hui, à la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, ses propositions pour prévenir d’autres problèmes de liquidités.
Les mesures d’austérité peuvent être efficaces pour éviter les défauts de paiement mais elles ne peuvent pas résoudre ces problèmes, dit le Secrétaire général dans son dernier rapport (A/79/734). Aux propositions de M. António Guterres, la Fédération de Russie a ajouté la réduction des salaires dans toutes les catégories du personnel de l’ONU et ce, pour une période de six mois.
S’agissant du budget ordinaire, le Secrétaire général impute les crises récurrentes à plusieurs facteurs, y compris, le versement tardif et partiel des contributions; les fluctuations importantes des habitudes de paiement des États Membres; l’insuffisance des réserves, en particulier du Fonds de roulement; ou encore les méthodes budgétaires, dont la restitution des fonds inutilisés aux États Membres, tous les deux ans, et l’ajout de mandats en cours d’année.
M. Guterres propose donc de relever le plafond du Fonds de roulement, de 150 à 350 millions de dollars, d’utiliser le solde de trésorerie des tribunaux pénaux internationaux fermés et de ne déduire les fonds inutilisés des futures contributions que lorsque le montant des sommes non acquittées est inférieur à celui des réserves de liquidités.
En règle générale, les délégations ont promis d’accorder à ces propositions l’attention qu’elles méritent. L’Union européenne, soutenue par le Royaume-Uni, a tout de même voulu que les mesures proposées n’alourdissent pas le fardeau financier de ceux qui honorent toujours leurs obligations financières. La meilleure façon de résoudre les problèmes de liquidités est d’obtenir des États qu’ils honorent leurs obligations financières à temps et intégralement, ont souligné le Groupe des 77 et la Chine.
Ils n’ont pas manqué de dénoncer le fait qu’un seul pays, les États-Unis, bénéficiaires exclusifs du taux plafond dans les quotes-parts, doit 90% des arriérés au titre du budget ordinaire. Une chose est claire, a souligné l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la crise financière de l’ONU est principalement due aux paiements tardifs et aux non-paiements des contributions.
Il est temps que les États Membres comprennent l’importance d’honorer leurs obligations financières à temps et intégralement, s’est-elle impatientée. La viabilité financière de l’ONU ne devrait pas être un sujet de débat récurrent, mais une responsabilité partagée par tous les États Membres, s’est, à son tour, agacée la Suisse, qui parlait également au nom du Liechtenstein.
Si nous ne dotons pas l’Organisation des ressources nécessaires, nous perdons également une partie du contrôle sur le processus budgétaire, a-t-elle prévenu. Nos décisions restent lettre morte, tandis que nous subissons, sans maîtrise, des réductions dans certaines sections du budget, affaiblissant ainsi la souveraineté budgétaire des États Membres sur l’ONU, a fait observer la Suisse.
Le Groupe des 77 et la Chine ont aussi rappelé qu’il appartient à l’Assemblée générale de suspendre ou pas la restitution des fonds inutilisés aux États. Le Royaume-Uni s’est également dit préoccupé par l’idée d’un mécanisme automatique de conservation de ces fonds. Ce qu’il nous faut, ce sont des solutions durables et un équilibre avec les budgets nationaux.
La discipline budgétaire doit être de mise à l’ONU. Il ne fait aucun doute que la solution réside dans la promotion d’une culture de l’efficacité institutionnelle fondée sur la formulation de budgets réalistes, a ajouté le Mexique. Il faut, a-t-il plaidé, s’attaquer à la rigidité structurelle des règles financières de l’ONU.
Munie de ses propres solutions, la Fédération de Russie a d’abord réclamé la levée des sanctions unilatérales « injustes » qui empêchent les pays concernés d’honorer leurs obligations financières vis-à-vis de l’ONU. Elle a aussi proposé un moratoire sur la mise en œuvre de certains mandats de l’Assemblée générale, en particulier ceux qui ont été adoptés par vote et sans consensus.
N’épargnant en aucun cas le personnel de l’ONU, elle a défendu l’idée de réduire la masse salariale: retenir, pendant une période de six mois, 10% des salaires de la catégorie des services généraux et des administrateurs de grade 1 à 4 et 20% des salaires des administrateurs P5 et au-dessus, à savoir, les directeurs, les sous-secrétaires généraux et les secrétaires généraux adjoints.
La Fédération de Russie a aussi proposé une réduction drastique des dépenses liées aux voyages du personnel de l’ONU. En revanche, elle s’est dite favorable à une augmentation de 15% de la charge de travail des traducteurs.
« Je demande de nouveau instamment aux États Membres de trouver des solutions pour remédier à la précarité de la situation financière de l’Organisation et éviter que l’exécution des mandats ne soit systématiquement mise à mal de ce fait », insiste le Secrétaire général dans son rapport, tout en assurant que l’Organisation reste résolue à utiliser efficacement et rationnellement les fonds qui lui sont confiés, à gérer la crise de liquidités de manière à réduire autant que possible son incidence sur l’exécution des mandats et à communiquer aux États Membres des informations à ce sujet de la façon la plus transparente possible.
En fin de la séance de ce matin, la Cinquième Commission a été saisie du rapport (A/79/575/Add.1) et (A/79/7/Add.47) du Secrétaire général sur les dépenses supplémentaires estimées à 871 000 dollars découlant des décisions du Conseil des droits de l’homme. Le Comité consultatif de la Cinquième Commission a rabaissé ce montant à 479 900 dollars.
L’Uruguay, qui s’exprimait également au nom des Bahamas, du Chili, du Costa Rica, de l’Équateur, du Guatemala, du Honduras, du Mexique, du Paraguay et de la République dominicaine, a insisté sur le fait que le financement adéquat et prévisible des mandats découlant des résolutions et décisions du Conseil des droits de l’homme est une priorité. La Cinquième Commission ne saurait devenir un organe destiné à saper les mandats établis.
La Cinquième Commission tiendra une autre séance publique lundi 17 mars, à partir de 10 heures, pour examiner le projet de budget révisé de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI).
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