SG/SM/22387

Le Secrétaire général dénonce la double aberration des armes nucléaires: leur existence et qu’on aille dans la direction opposée à leur élimination

On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée à l’occasion de la réunion de haut niveau célébrant et promouvant la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, à New York, aujourd’hui:

Je vous remercie d’abord de vous être joints à nous en ce jour spécial qui nous rappelle combien il importe d’éliminer totalement les armes nucléaires. Ces engins de mort n’ont pas leur place sur notre planète.

Les armes nucléaires sont une folie à deux titres.  D’abord, l’existence même de ces armes, capables d’anéantir des populations, des communautés et des villes entières en une seule frappe, est une aberration.  Nous le savons, tout emploi de l’arme nucléaire déclencherait une catastrophe humanitaire – un cauchemar qui ne connaîtrait pas de frontières et nous toucherait toutes et tous.  Loin d’apporter une véritable sécurité et stabilité, ces armes constituent un danger imminent et font peser une menace constante sur notre existence.

Deuxième aberration, malgré les risques énormes et existentiels que ces armes font courir à l’humanité, nous ne sommes pas plus près de les voir disparaître qu’il y a 10 ans.  À vrai dire, nous allons dans la direction complètement opposée. 

Jamais, depuis les pires heures de la guerre froide, le spectre des armes nucléaires n’a jeté une telle ombre.  Les rodomontades nucléaires ont atteint leur paroxysme.  On entend même des menaces d’emploi d’armes nucléaires.  On craint une nouvelle course aux armements.

Parallèlement, on voit s’éroder les normes qui, laborieusement, avaient été élaborées au fil des décennies pour prohiber l’emploi, la dissémination et la mise à l’essai de ces armes.  Ce qu’ont vécu dans leur chair les hibakusha – ces courageux survivants d’Hiroshima et de Nagasaki –nous rappelle où conduit inévitablement le chemin du nucléaire.  Ces femmes et ces hommes continuent de sonner l’alarme, en nous conjurant de ne pas oublier les leçons tirées des horribles frappes atomiques de 1945.

Pourtant, près de 80 ans plus tard, les États dotés d’armes nucléaires continuent de jouer avec le feu, de se soustraire aux mesures de désarmement et de croire que, d’une manière ou d’une autre, la chance les servira toujours.

Toutefois, la chance n’est pas une stratégie.  Ils doivent cesser de jouer avec l’avenir de l’humanité.  Avant tout, il faut que les États dotés d’armes nucléaires honorent leurs engagements et respectent leurs obligations en matière de désarmement.

Tant que les armes nucléaires n’auront pas été éliminées, ces États doivent s’engager à ne jamais les utiliser, quelles que soient les circonstances. En outre, ils doivent faire preuve d’une plus grande transparence sur toutes les questions concernant ces armes.

Je demande également à la Fédération de Russie et aux États-Unis de s’engager de nouveau dans une démarche visant à limiter les armes nucléaires.  Les autres États dotés d’armes nucléaires pourront s’y joindre en temps voulu.

Le désarmement et la non-prolifération sont les deux faces d’une même médaille.  Tout progrès d’un côté entraîne des progrès de l’autre.  Les États doivent s’employer à atteindre ces deux objectifs de toute urgence.

Il y a quelques jours seulement, lors du Sommet de l’avenir –et dans le texte même du Pacte pour l’avenir qui a été adopté– la communauté internationale a pris un nouvel engagement: celui de revitaliser le régime mondial de désarmement et de faire en sorte que le monde progresse vers la réalisation de l’objectif commun qu’est l’élimination totale des armes nucléaires.

C’est un objectif auquel souscrit la grande majorité des États Membres, qui se sont notamment exprimés en ce sens dans la toute première résolution appelant au désarmement nucléaire adoptée en 1946 par l’Assemblée générale.

Le moment est venu de prendre des mesures pour que l’arme nucléaire ne soit plus jamais utilisée.  Nous vivons –depuis bien trop longtemps– sous la menace des armes nucléaires.  Les générations précédentes ont appris à se cacher sous leur bureau ou à se réfugier dans des bunkers pour échapper à une attaque nucléaire.  Mais les dirigeants ne peuvent pas échapper à leur responsabilité primordiale de prendre des mesures concrètes pour réduire la menace nucléaire – et y mettre fin, une fois pour toutes.

L’heure de l’élimination totale des armes nucléaires a sonné.  L’Organisation des Nations Unies est aux côtés de tous les États Membres ‒ tandis que nous œuvrons ensemble pour bâtir l’avenir que nos enfants et petits-enfants méritent: un avenir pacifique et débarrassé des armes nucléaires. 

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