En cours au Siège de l'ONU

9830e séance – matin   
CS/15959

Conseil de sécurité: vives inquiétudes face aux attaques répétées contre les hôpitaux de Gaza

« Porter une blouse blanche, c’est porter une cible dans le dos. »  C’est en ces termes que la docteure Tanya Haj Hassan a décrit, ce matin devant le Conseil de sécurité, la situation tragique du personnel de santé et de tout le système médical de Gaza, une semaine après l’attaque lancée par Israël contre l’hôpital Kamal Adwan, le dernier hôpital en activité dans le nord de l’enclave palestinienne.

La tenue de cette séance a été demandée par l’Algérie, qui préside les travaux du Conseil pendant le mois de janvier, et qui a dénoncé, comme la plupart des orateurs, la destruction « insensée » des infrastructures médicales à Gaza.  L’agression israélienne a un objectif clair et alarmant: expulser les Palestiniens de leurs territoires par une politique délibérée de purge.  Et un des piliers de cette politique est la destruction systématique du système de santé, a asséné la délégation.

Justement, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Volker Türk, a détaillé les schémas des attaques israéliennes contre les hôpitaux de l’enclave, à commencer par des frappes aériennes, suivies de raids par des troupes terrestres, la détention de certains patients et membres du personnel, le déplacement forcé d’autres et le retrait des troupes, laissant ces installations pratiquement non fonctionnelles.  Il a également fait état d’au moins 136 frappes contre au moins 27 hôpitaux et 12 autres installations médicales à Gaza, ce qui a causé de nombreux morts et blessés parmi le personnel médical et d’autres civils.  D’après le Ministère de la santé de l’État de Palestine, plus de 1 050 professionnels de la santé ont été tués à Gaza, a-t-il précisé.

« Mes collègues et amis ont été tués, mutilés, détenus illégalement et torturés », a dénoncé Mme Haj Hassan qui travaille, en tant que médecin, pour l’organisation caritative Medical Aid for Palestinians. 

Faisant état d’un secteur de la santé « systématiquement démantelé et poussé jusqu’au point de rupture », le représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la Cisjordina et Gaza, M. Rik Peeperkorn a précisé que seuls 16 des 36 hôpitaux de Gaza restent partiellement fonctionnels, avec une capacité totale de 1 822 lits seulement, « soit bien en deçà de ce qui est nécessaire pour faire face à l’écrasante crise sanitaire ».  Il a ajouté que les demandes de protection des agents de santé et des hôpitaux, relayées par l’OMS presque chaque semaine depuis octobre 2023 sont restées lettre morte. 

En dépit de ces défis extrêmes, le système de santé de Gaza est profondément atteint et meurtri mais, contre toute attente, les agents de santé, l’OMS et leurs partenaires ont maintenu les services autant que possible, a assuré M. Peeperkorn.

Ce qui est en jeu à Gaza est « l’humanité même ».  Les médecins et soignants palestiniens se battent pour sauver des vies et perdent la leur, a affirmé l’Observateur permanent de l’État de Palestine, étreint par l’émotion.  Selon lui, rien ne peut expliquer pourquoi depuis 15 mois les Palestiniens de Gaza vivent l’enfer et ont été abandonnés à leur sort, rien ne peut justifier que des médecins soient eux-mêmes devenus des victimes.  Il a mentionné le cas du docteur Hussam Abu Safiya qui indiquait, quelques semaines avant l’assaut donné contre l’hôpital Kamal Adwan, refuser de quitter son poste et d’abandonner ses patients.  En représailles, l’armée israélienne aurait tué son fils.  « Il est de notre responsabilité collective de mettre fin à cet enfer et de mettre un terme à ce génocide », a-t-il lancé.

Le sort du docteur Safiya, victime de disparition forcée, selon Mme Haj Hassan, a préoccupé de nombreuses délégations qui ont exigé sa libération immédiate.  Israël doit se conformer au droit international humanitaire, qui prévoit la protection des infrastructures et personnels médicaux, a souligné la France.

« Cette opération n’était pas une opération de choix mais de nécessité, et les forces israéliennes ont veillé à l’évacuation des patients », s’est dédouané Israël.  La délégation a indiqué que le Directeur de l’hôpital Kamal Adwan, soupçonné d’être un agent du Hamas, fait l’objet d’une enquête et que l’organisation aurait fait de cet établissement de santé un centre de commandement pour le terrorisme.  Selon elle, 240 terroristes y ont été appréhendés dont 15 ayant participé au massacre du 7 octobre.  « Le Conseil de sécurité doit se rendre à l’évidence que le Hamas ne reconnaît pas le caractère sacro-saint des hôpitaux, des écoles et des lieux de culte qu’il utilise pour ses opérations », a-t-elle affirmé.

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a cependant estimé qu’Israël n’a pas fourni suffisamment d’informations pour étayer la plupart de ces allégations « souvent vagues et générales », et qui dans certains cas, « semblent être contredites par des informations accessibles au public ».  Il a appelé à des enquêtes indépendantes, approfondies et transparentes sur toutes les attaques israéliennes contre les hôpitaux, les infrastructures de santé et le personnel médical, ainsi que sur les allégations d’utilisation abusive de ces installations. 

Si ces allégations étaient vérifiées, cela soulèverait de graves inquiétudes quant au fait que les groupes armés palestiniens utilisent intentionnellement la présence de civils pour se protéger des attaques, ce qui équivaudrait à un crime de guerre, a indiqué M. Türk qui a souligné que le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des hôpitaux et des lieux où sont soignés les malades et les blessés, à condition qu’ils ne soient pas des objectifs militaires, constitue également un crime de guerre. 

Les États-Unis ont dit avoir contacté Israël pour en savoir plus sur le sort du docteur Safyia, tout en assurant que l’État hébreu combat le Hamas et non pas les civils palestiniens.  En s’implantant dans des infrastructures civiles, le Hamas a clairement mis en danger les civils palestiniens et le personnel médical, a également regretté le Royaume-Uni.  La délégation a toutefois rappelé que les obligations de protection des hôpitaux et du personnel médical prévues par le droit international humanitaire sont inconditionnelles. 

Le Danemark a pour sa part exhorté les parties à respecter les infrastructures civiles, conformément au droit international humanitaire.  « Tout en reconnaissant le droit d’Israël de se défendre, nous lui rappelons qu’en tant que Puissance occupante, il doit garantir le bon accès des Palestiniens au système de soins », a dit la délégation danoise.  Pour la Fédération de Russie, « l’inhumanité des agissements d’Israël est possible grâce au soutien de Washington ».  La délégation a également souhaité que le Conseil consacre une séance aux enfants de Gaza, « sujet que les membres occidentaux préfèrent ignorer ». 

Nulle part au monde le droit international n’a été bafoué avec une impunité aussi éhontée qu’en Palestine occupée par Israël, s’est emporté le Pakistan. Pour la délégation, « ce n’est pas une guerre, c’est une campagne de dépossession, de nettoyage ethnique et d’annihilation ». 

Au nom du Groupe des États arabes, l’Égypte a elle aussi réfuté les affirmations d’Israël selon lesquelles les hôpitaux de Gaza seraient utilisés à des fins terroristes, affirmant que l’objectif poursuivi par Israël est de rendre la bande de Gaza inhabitable, via une politique de déplacements forcés.  Elle a exhorté le Conseil de sécurité à adopter une résolution sur un cessez-le-feu immédiat et sans condition, au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Il importe aussi, a-t-elle ajouté, d’obliger Israël par tous les moyens juridiques et politiques possibles à mettre en œuvre les résolutions du Conseil et de l’Assemblée générale, ainsi que les mesures conservatoires de la Cour internationale de Justice (CIJ). 

La Chine a elle aussi exhorté Israël à entendre les appels de la communauté internationale en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et d’une levée des restrictions à l’acheminement de l’aide humanitaire et des mesures ciblant l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Rappelant que les opérations de l’UNRWA restent vitales pour la population civile, la Grèce s’est élevée contre la récente législation israélienne qui interdit tout contact entre les entités de l’État israélien et l’agence onusienne.  Soulignant que la crise humanitaire dans la bande de Gaza ne peut être résolue sans dialogue et sans diplomatie, elle a indiqué que la seule solution à long terme pour la région est de revitaliser le processus politique afin d’ouvrir la voie à un horizon politique pour une solution à deux États. 

À ce propos, la France a rappelé qu’elle Coprésidera, en juin prochain, aux côtés de l’Arabie saoudite, une conférence internationale sur la mise en œuvre de la solution des deux États. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposés

M. VOLKER TÜRK, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a indiqué qu’un récent rapport du Haut-Commissariat couvrant la période du 7 octobre 2023 au 30 juin 2024 documente les schémas d’attaques contre les hôpitaux de Gaza, à commencer par des frappes aériennes israéliennes, suivies de raids par des troupes terrestres, la détention de certains patients et membres du personnel, le déplacement forcé d’autres et le retrait des troupes, laissant ces établissements pratiquement non fonctionnels. Le rapport détaille également les meurtres de patients, de membres du personnel et d’autres civils.

Dans le même temps, a-t-il relaté, le Hamas et d’autres groupes armés continuent de lancer des attaques sporadiques et indiscriminées contre Israël, et d’exposer les civils et les infrastructures civiles, y compris les établissements de santé, aux attaques, en opérant au milieu d’eux, ce qui est totalement inacceptable.  La destruction causée par les attaques de l’armée israélienne vendredi dernier contre l’hôpital Kamal Adwan, le dernier hôpital en activité dans le nord de Gaza, reflète les schémas d’attaques documentés dans le rapport.  Certains membres du personnel et des patients ont été expulsés de l’hôpital tandis que d’autres, dont le Directeur général, ont été détenus, et de nombreuses informations ont fait état de torture et de mauvais traitements.  L’armée israélienne a annoncé le lendemain que son opération de plusieurs mois dans le nord de Gaza était terminée, avec la séparation du nord de Gaza de la ville de Gaza.  En outre, certaines zones du nord de Gaza auraient été entièrement vidées de Palestiniens. 

Selon le Haut-Commissaire, dans toute la bande de Gaza, les opérations militaires israéliennes dans et autour des hôpitaux et les combats qui y sont associés ont eu un impact terrible, précisément à un moment où les demandes de soins de santé sont massives en raison du conflit en cours.  Les femmes, en particulier celles qui sont enceintes, ont beaucoup souffert.  D’après le Ministère de la santé de l’État de Palestine, plus de 100 000 Palestiniens ont été blessés à Gaza, et beaucoup de ces blessés sont morts en attendant d’être soignés.  Selon la même source, plus de 1 050 professionnels de la santé ont été tués à Gaza. Le récent rapport du Haut-Commissariat fait état d’au moins 136 frappes contre au moins 27 hôpitaux et 12 autres installations médicales à Gaza, ce qui a causé de nombreux morts et blessés parmi le personnel médical et d’autres civils, et endommagé ou détruit de nombreux bâtiments ciblés. 

Les opérations militaires doivent toujours faire la distinction entre les cibles militaires et les civils, a rappelé le Haut-Commissaire, notant que l’utilisation d’armes lourdes contre les hôpitaux est difficile à concilier avec ce principe.  Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des hôpitaux et des lieux où sont soignés les malades et les blessés, à condition qu’ils ne soient pas des objectifs militaires, constitue un crime de guerre, a assené M. Türk. Et si ces actes sont commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique contre une population civile, ils peuvent également constituer des crimes contre l’humanité.

Dans la plupart des cas, Israël allègue que les hôpitaux étaient utilisés de manière inappropriée à des fins militaires par des groupes armés palestiniens, a poursuivi le haut fonctionnaire.  Il a dit qu’il vient de recevoir une lettre de l’Ambassadeur israélien affirmant que l’hôpital Kamal Adwan a été militarisé par le Hamas et que les forces israéliennes ont pris des mesures extraordinaires pour protéger la vie des civils tout en agissant sur la base de renseignements crédibles.  Mais Israël n’a pas fourni suffisamment d’informations pour étayer la plupart de ces allégations qui sont souvent vagues et générales, et qui dans certains cas, semblent être contredites par des informations accessibles au public, a-t-il constaté.  Si ces allégations étaient vérifiées, a-t-il ajouté, cela soulèverait de graves inquiétudes quant au fait que les groupes armés palestiniens utilisent intentionnellement la présence de civils pour se protéger des attaques, ce qui équivaudrait également à un crime de guerre.

Il a appelé à des enquêtes indépendantes, approfondies et transparentes sur toutes les attaques israéliennes contre les hôpitaux, les infrastructures de santé et le personnel médical, ainsi que sur les allégations d’utilisation abusive de ces installations.  Il a souhaité en outre que les futurs efforts de relèvement et de reconstruction donnent la priorité à la restauration du système de santé à Gaza.

M. RIK PEEPERKORN, représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour les territoires palestiniens occupés, a dit se rendre tous les deux mois dans la bande de Gaza et participer à des missions de l’OMS dans les hôpitaux de l’enclave palestinienne.  Il a indiqué que, depuis octobre 2023, environ 7% des habitants de la bande de Gaza ont été tués ou blessés, et que plus de 25% des 105 000 blessés auront besoin de soins tout au long de leur vie.  Il a expliqué que le secteur de la santé local est « systématiquement démantelé et poussé jusqu’au point de rupture », sa résilience étant mise à l’épreuve par les graves pénuries de fournitures médicales, d’équipements et de personnels spécialisés.  Seuls 16 des 36 hôpitaux de Gaza restent partiellement fonctionnels, avec une capacité totale de 1 822 lits seulement, « soit bien en deçà de ce qui est nécessaire pour faire face à l’écrasante crise sanitaire ».  Il a également déploré la lenteur des évacuations médicales, précisant que, depuis octobre 2023, seuls 5 383 patients ont été transférés à l’étranger pour y recevoir des soins médicaux avec le soutien de l’OMS.  Parmi eux, seulement 436 ont été évacués depuis la fermeture du passage de Rafah le 6 mai 2024.  Alors que plus de 12 000 personnes ont besoin d’une évacuation sanitaire, il faudrait, au rythme actuel, entre 5 et 10 ans pour évacuer tous ces patients gravement malades, dont des milliers d’enfants, a-t-il constaté.

Malgré cet environnement difficile, l’OMS et ses partenaires font tout ce qui est en leur pouvoir pour maintenir les hôpitaux et les services de santé opérationnels, a affirmé le docteur Peeperkorn.  Il a cependant reconnu que la capacité à acheminer l’aide est gravement compromise, l’entrée des fournitures dans et à travers Gaza restant extrêmement lente en raison des restrictions, des retards dans le dédouanement des articles entrants et des obstacles posés aux missions.  En 2024, seules 111 missions de l’OMS sur 279, soit 40%, ont été facilitées, « ce qui a eu un impact direct sur notre capacité à réapprovisionner les hôpitaux, à transférer les patients critiques et à déployer des équipes médicales d’urgence ».  Il a ajouté qu’en dépit des demandes de protection des agents de santé et des hôpitaux, effectuées par l’OMS presque chaque semaine depuis octobre 2023, ces appels « restent lettre morte ».  À ce jour, a-t-il dit, l’OMS a vérifié 654 attaques contre des établissements de santé à Gaza, lesquelles ont fait 886 morts et 1 349 blessés.  Notant que la situation sanitaire et humanitaire continue de se détériorer dans le nord de Gaza, assiégé depuis environ 90 jours, il a indiqué que seul l’hôpital Al-Awda reste à peu près fonctionnel et qu’il n’y a aucun établissement de soins de santé primaires dans ce secteur. 

L’hôpital Kamal Adwan, le principal établissement de santé du nord de Gaza, a été mis hors service à la suite d’un raid la semaine dernière et d’attaques incessantes depuis octobre de cette année, a poursuivi le docteur Peeperkorn. Il a dénoncé que les difficultés d’accès imposées à l’OMS pendant cette période, précisant que seules 10 missions sur 21 ont été partiellement facilitées.  Le 27 décembre, a-t-il ajouté, l’hôpital a été vidé, la majorité des patients ont été contraints de se rendre dans un endroit proche, tandis que les blessés graves ont été transférés vers un hôpital indonésien non fonctionnel, dépourvu de l’équipement et des fournitures nécessaires pour prodiguer des soins adéquats.  Il s’est dit profondément préoccupé par le sort du docteur Hussam Abu Safiya, Directeur de l’hôpital Kamal Adwan, arrêté lors du raid, et a exigé sa libération immédiate.  Alors que des informations font état de graves dommages infligés à plusieurs zones clefs de l’hôpital, notamment le laboratoire, l’unité chirurgicale, le service de maintenance, la salle d’opérations et le magasin médical, l’intervenant a déploré que les efforts déployés par l’OMS et ses partenaires pour soutenir les opérations des hôpitaux aient été « réduits à néant ». Réclamant qu’un accès urgent à l’hôpital soit accordé à l’OMS pour évaluer les dégâts, il a également demandé que soit facilité le transfert du matériel médical de Kamal Adwan vers Al-Awda et d’autres hôpitaux de la ville de Gaza.

Avant de conclure, le représentant de l’OMS a souligné qu’en dépit de ces défis extrêmes, « le système de santé de Gaza ne s’est pas effondré ». Il est profondément atteint et meurtri mais, contre toute attente, les agents de santé, l’OMS et leurs partenaires ont maintenu les services autant que possible, a-t-il assuré.  L’hôpital Chifa et le complexe médical Nasser, qui ont été restaurés après avoir été laissés en ruines à la suite de graves attaques au début de cette année, constituent selon lui « d’excellents exemples de la résilience du système de santé de Gaza et du dévouement inspirant de ses agents de santé ».  Cet « exploit » montre ce qui peut être réalisé si les soins de santé sont protégés et si l’on donne une chance à la paix, a-t-il affirmé, rappelant que les hôpitaux bénéficient d’une protection particulière en vertu du droit international humanitaire.  À cette aune, il a appelé à garantir de toute urgence que les hôpitaux du nord de Gaza puissent être aidés pour redevenir fonctionnels, à accélérer le rythme des évacuations médicales et à utiliser tous les couloirs depuis l’enclave pour faire sortir les patients et garantir un accès durable aux hôpitaux. 

Mme TANYA HAJ HASSAN, médecin au Medical Aid for Palestinians (MAP) Charity, a dénoncé les attaques « systématiques et intentionnelles » contre les institutions de santé à Gaza, des attaques qui, a-t-elle souligné, ont été largement documentées par les organes de l’ONU.  Elle a indiqué que malgré le siège, les professionnels de la santé de Gaza ont réussi à mettre en place un vaste système de soins de santé de qualité, et prennent très au sérieux leur serment de soigner leurs patients. Elle a notamment relaté les propos du docteur Hamman Alloh, à qui on avait demandé pourquoi il n’avait pas quitté son hôpital lorsqu’il était assiégé: « Mais qui s’occuperait de mes patients alors? ».  L’intervenante a ajouté que le docteur Alloh a ensuite été tué par une frappe aérienne israélienne le 12 novembre 2023, à l’âge de 36 ans.

Depuis le mois d’octobre de l’année dernière, les professionnels de la santé sont devenus une cible de la violence militaire israélienne, s’est indignée la docteure Haj Hassan.  « Mes collègues et amis ont été tués, mutilés, détenus illégalement et torturés. »  Plus d’un millier de professionnels de la santé ont été tués à Gaza, et des centaines ont été retenus en captivité par Israël, dont au moins quatre ont été tués pendant leur détention.  « Porter une blouse blanche, c’est comme porter une cible dans le dos. » Pourtant, les hôpitaux et les professionnels de la santé représentent la vie et la volonté de maintenir les gens en vie, a-t-elle rappelé, avant de s’inquiéter du sort de ses collègues palestiniens, y compris le docteur Hussam Abu Safiya, Directeur de l’hôpital Kamal Adwan, qui a plaidé à plusieurs reprises pour une protection internationale de son hôpital, de son personnel médical et de ses patients, avant de disparaître de force.

L’intervenante s’est indignée du fait que malgré tous les témoignages accablants de première main, la communauté internationale n’a toujours pas pris de mesures significatives.  En dépit d’innombrables discours dans les médias et même ici aux Nations Unies, on en est encore à essayer de convaincre « qui veut bien écouter qu’il faut que cela cesse », a-t-elle déploré. 

On en est encore là alors que 96% des enfants de Gaza croient que leur mort est imminente, et que beaucoup d’entre eux souhaitent leur propre mort. On en est encore là après que sept nourrissons sont morts d’hypothermie –littéralement morts de froid– la semaine dernière.  On en est encore là alors que la violence militaire d’Israël a créé la plus grande cohorte d’amputés pédiatriques de l’histoire, la plus grande cohorte de journalistes tués, et la plus grande cohorte de travailleurs de l’ONU tués. Et on en est encore là alors qu’Israël a tué 90 Palestiniens à Gaza dans le peu de temps qui s’est écoulé depuis que j’ai reçu l’appel hier soir me demandant de m’adresser à vous ici aujourd’hui, s’est-elle indignée.

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