En cours au Siège de l'ONU

9822e séance – après-midi
CS/15947

Soudan: le Conseil de sécurité informé des efforts humanitaires de l’ONU sur fond d’appels au cessez-le-feu et d’accusations d’ingérences étrangères

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La réunion mensuelle du Conseil de sécurité sur la situation au Soudan a permis, cet après-midi, d’entendre une responsable du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) faire rapport de la récente visite dans le pays du nouveau Coordonnateur des secours d’urgence et exiger des efforts accrus en matière d’acheminement de l’aide et de protection des civils.  En présence de plusieurs ministres, dont le Secrétaire d’État des États-Unis, les interventions ont aussi porté sur la nécessité d’un cessez-le-feu, après 19 mois de combats entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide, et sur des ingérences étrangères présumées en soutien de ces dernières. 

À l’entame de son exposé, la Directrice de la Division des opérations et de la communication de l’OCHA a rappelé le terrible bilan humain de ce conflit qui tend à s’intensifier dans les zones peuplées du pays.  Mme Edem Wosornu a évoqué le grand nombre de morts et de blessés, les millions de personnes menacées par la famine, la généralisation de la violence sexuelle et la propagation du choléra et d’autres maladies. Au Soudan, a-t-elle souligné, plus de 12 millions de personnes, soit un quart de la population, sont déplacées depuis avril 2023, tandis que 3,2 millions d’autres Soudanais ont cherché refuge dans des pays voisins. 

Première visite au Soudan du nouveau Coordonnateur des secours d’urgence

Mme Wosornu a ensuite rendu compte de la visite, le mois dernier, du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, au Soudan et au Tchad voisin, à l’occasion de son premier déplacement dans ses nouvelles fonctions.  Au Soudan, a-t-elle rapporté, M. Thomas Fletcher a pu échanger avec les autorités sur la nécessité d’intensifier la réponse humanitaire, de protéger les civils et de mettre fin à la violence sexuelle comme arme de guerre.  Il a aussi été à la rencontre des communautés locales et des équipes humanitaires de première ligne dans les sites de déplacement de la région de Port-Soudan, de l’État de Kassala et de l’État du Darfour occidental, qu’il a pu atteindre via le point de passage d’Adré, depuis le Tchad. 

Saluant le prolongement de trois mois de l’autorisation d’utilisation de ce point de passage par les autorités soudanaises, Mme Wosornu a ajouté que, dans l’est du Tchad, le Secrétaire général adjoint a rencontré des réfugiés soudanais, des réfugiés tchadiens rapatriés et les communautés qui les accueillent, avant d’annoncer une allocation immédiate de 5 millions de dollars du Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) afin de soutenir la réponse humanitaire locale. 

Alors que l’aide alimentaire au Soudan a été renforcée et que des organisation non gouvernementale (ONG) internationales ont pu acheminer par avion des fournitures vitales, notamment vers les États du Nil-Bleu et du Kordofan méridional, ces espoirs de progrès ont été tempérés par la reprise des hostilités, a déploré la responsable de l’OCHA, faisant état de bombardements répétés sur le camp de Zamzam, la ville d’El-Fasher et d’autres lieux du Darfour.  Dans le même temps, des combats ont été signalés dans l’État de Gazira et à Khartoum, tandis que des affrontements ont éclaté dans les États du Nil-Blanc et du Nil-Bleu, provoquant des déplacements de population vers le Soudan du Sud. 

Le Conseil sommé d’adopter une résolution sur la protection des civils

Après avoir exhorté les membres du Conseil à user de leur influence pour garantir l’ouverture de toutes les voies d’acheminement de l’aide humanitaire et la levée des obstacles bureaucratiques, Mme Wosornu a plaidé pour la mise en œuvre immédiate des recommandations du rapport d’octobre du Secrétaire général sur la protection des civils au Soudan.  Elle a été rejointe dans cette supplique par Mme Shayna Lewis, Conseillère principale de l’ONG Preventing and Ending Mass Atrocities, qui a insisté sur l’urgence, pour le Conseil, d’adopter une résolution sur cette question, alors qu’aucun cessez-le-feu n’a pu être obtenu des belligérants. 

Dans la même veine, les délégations ont unanimement appelé les parties au conflit à respecter leurs engagements contenus dans la Déclaration d’engagement de Djedda en faveur de la protection des civils du Soudan.  Les membres occidentaux du Conseil, États-Unis, France et Royaume-Uni en tête, ont cependant rappelé que, le mois dernier, un projet de résolution sur ce thème n’a pu être entériné en raison du veto mis par la Fédération de Russie, à rebours de la position des 14 autres pays représentés.  Les États-Unis en ont profité pour dénoncer le fait qu’« un pays » continue d’alimenter « la plus grande guerre en Afrique » en envoyant des drones, des mercenaires et des armes, et en profitant du commerce illicite d’or et de ressources minérales. 

La Fédération de Russie a répondu que le texte soumis à son veto « sapait le rôle du Gouvernement soudanais légitime dans la défense des intérêts et des frontières de son pays ».  Elle a ajouté qu’elle continuera à réprimer « toute tentative d’empiéter sur la souveraineté de ce pays ami et à empêcher l’adoption de décisions unilatérales visant à maintenir à flot les forces politiques qui ont perdu leur crédibilité auprès des Soudanais ». 

Reste que, comme en a témoigné le Sultan des Massalit, communauté vivant dans l’ouest du Soudan, des mesures robustes sont attendues du Conseil pour « sauver le peuple soudanais de cette tragédie ».  M. Saad Bahr el-Din a indiqué que son sultanat a été le théâtre d’un conflit sanglant entre différentes factions, souvent étrangères, à peine une semaine après l’irruption de la guerre à Khartoum en avril 2023.  Évoquant le siège de la capitale, Geneina, par les Forces d’appui rapide, il a affirmé que cette agression, « déclenchée par des mercenaires étrangers », a entraîné la fuite de plus d’un million de personnes, qui ont cherché refuge au Tchad. 

Accusations autour de l’afflux d’armes aux Forces d’appui rapide

La principale cause de la guerre qui ravage le Soudan est, selon le Sultan, « l’afflux massif d’armes vers les Forces d’appui rapide ».  Il a donc demandé au Conseil d’exercer sans tarder une pression sur les pays qui fournissent ces armes, avant d’exiger l’ouverture d’enquêtes impartiales sur les violations perpétrées à l’encontre des Massalit et d’autres communautés soudanaises. 

Dénonçant à son tour l’entrée illicite d’armes sur son territoire, le Soudan a clairement parlé d’« ingérences étrangères » dans le conflit.  Selon lui, des « éléments de preuves récents » démontrent qu’un soutien est apporté aux « milices » rebelles par des pays voisins.  Sur la foi d’informations d’« experts », la délégation soudanaise a précisé que, sur 170 vols partis des Émirats arabes unis vers la région, 75% appartenaient à des opérateurs aériens affrétant des cargaisons d’armes pour un seigneur de guerre dans le sud de la Libye.  Lesdites cargaisons auraient ensuite été acheminées vers le théâtre soudanais via le Tchad.  Il a également accusé les Émirats arabes unis de soutenir des activités de mercenaires dans le nord du Darfour et d’utiliser ce réseau pour faciliter l’accès des milices aux armes.  Il a enfin pointé le fait que, lors de leurs attaques contre des installations humanitaires à El-Fasher, les Forces d’appui rapide ont utilisé des armes « dont ne disposent pas les Forces armées soudanaises ». 

Le Soudan a appelé le Conseil à désigner les Forces d’appui rapide comme organisation terroriste, au motif qu’elles s’attaquent à des civils pour des « raisons d’appartenance », avant de sommer les Émirats arabes unis de cesser ces fournitures d’armes aux « milices ».  Des allégations qualifiées d’infondées par la délégation des Émirats arabes unis, qui y a vu un moyen de détourner l’attention de la nécessité de lancer des pourparlers de paix « pour qu’une gouvernance civile s’installe au Soudan ».  De son côté, la Türkiye a déclaré avoir d’ores et déjà déployé des efforts de médiation et s’est dite prête à contribuer à la stabilité et à la sécurité du Soudan, moyennant l’ouverture d’un processus politique et un renforcement des activités humanitaires. 

Appels au financement de l’aide et à un règlement négocié du conflit

Sur ce dernier point, Mme Wosornu a demandé aux donateurs internationaux de fournir les 4,2 milliards de dollars dont les humanitaires ont besoin pour venir en aide à près de 21 millions de personnes au Soudan en 2025, ainsi que les 1,8 milliard de dollars nécessaires pour soutenir les 5 millions de personnes réfugiées dans sept pays voisins.  Les délégations soudanaises et égyptiennes ont, elles, exprimé leur gratitude aux États-Unis, après l’annonce par le Secrétaire d’État américain du déblocage de 200 millions de dollars d’aide supplémentaire, ce qui porte à 2,3 milliards de dollars le total de l’assistance de Washington au Soudan. 

De son côté, la Chine a remercié le Programme alimentaire mondial (PAM) pour ses efforts, tout en se félicitant des mesures pris par le Gouvernement soudanais pour faciliter l’accès de l’aide.  Elle a également enjoint à la communauté internationale d’aider le Soudan à renforcer ses capacités de riposte humanitaire, non sans rappeler que « toute opération humanitaire doit respecter les préoccupations légitimes du Gouvernement soudanais ». 

Les délégations ont par ailleurs réitéré leur soutien aux efforts déployés par l’Envoyé personnel du Secrétaire général, M. Ramtane Lamamra, pour parvenir à un règlement négocié du conflit.  Au nom du Groupe des A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone), l’Algérie s’est réjouie de l’annonce d’une prochaine série de « pourparlers de proximité » entre les parties soudanaises, convoqués par M. Lamamra pour le début de l’année prochaine.  Plusieurs pays, dont l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Suisse, ont pour leur part mis en avant leur participation au Groupe « The Aligned for Advancing Lifesaving and Peace in Sudan » (ALPS), qui vise à faciliter l’accès humanitaire et à renforcer la protection des civils. 

 

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RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Exposés

Mme EDEM WOSORNU, Directrice de la Division des opérations et de la communication du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), s’est exprimée au nom de M. THOMAS FLETCHER, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, actuellement en déplacement.  Rappelant que la guerre au Soudan fait rage depuis plus de 19 mois, elle a indiqué que le bilan humain de ce conflit continue de s’alourdir et que les hostilités dans les zones peuplées s’intensifient et se propagent. Dans ce contexte, des civils sont tués et blessés en nombre, des millions de personnes sont menacées par la famine, la violence sexuelle est monnaie courante et le choléra et d’autres maladies se propagent.  Au total, ce sont plus de 12 millions de personnes, soit un quart de la population, qui sont déplacées depuis avril 2023, tandis que 3,2 millions ont cherché refuge dans des zones déjà fragiles des pays voisins. 

Face à ce qui est la plus grave crise humanitaire du monde, le volume de l’aide parvenant aux personnes dans le besoin reste « une fraction de ce qui est nécessaire », a constaté Mme Wosornu, précisant que M. Fletcher s’est rendu au Soudan et au Tchad le mois dernier, à l’occasion de son premier déplacement en tant que Coordonnateur des secours d’urgence.  Au Soudan, a-t-elle rapporté, il a pu échanger avec les autorités sur la nécessité d’intensifier la réponse humanitaire, de protéger les civils et de mettre fin à la violence sexuelle comme arme de guerre. Après sa rencontre avec le Secrétaire général adjoint, le Président du Conseil souverain de transition a annoncé que les organisations humanitaires seraient en mesure d’établir des vols réguliers vers les États du Nil-Bleu, du Kordofan septentrional et du Kordofan méridional.  Il a également annoncé un soutien accru aux déplacements du personnel humanitaire. 

Lors de sa visite, a poursuivi l’intervenante, M. Fletcher a été à la rencontre des communautés locales et des équipes humanitaires de première ligne dans les sites de déplacement dans la région de Port-Soudan, l’État de Kassala et à Geneina, dans l’État du Darfour occidental, qu’il a pu atteindre via le point de passage d’Adré, depuis le Tchad.  Le Secrétaire général adjoint a également lancé, aux côtés des femmes soudanaises, la campagne « 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre » et s’est entretenu avec le Sultan des Masalit. 

Dans l’est du Tchad, M. Fletcher a rencontré des réfugiés soudanais, des réfugiés tchadiens rapatriés et les communautés qui les accueillent.  Alors que les intervenants locaux et internationaux sont débordés et manquent de ressources, il a annoncé une allocation immédiate de 5 millions de dollars du Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) pour soutenir la réponse dans l’est du Tchad.  Mme Wosornu a cependant averti que les communautés et les intervenants « ont besoin de plus ».  Cela étant, elle a constaté une dynamique positive en matière d’accès, saluant le prolongement de trois mois de l’autorisation d’utilisation du point de passage frontalier d’Adré.  Elle a aussi noté que l’aide alimentaire a été renforcée, notamment grâce à un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) qui a atteint le camp de Zamzam, au Darfour septentrional, le 22 novembre.  De plus, les partenaires des ONG internationales ont pu acheminer par avion des fournitures vitales vers les États du Nil-Bleu et du Kordofan méridional. 

Ces espoirs de progrès ont cependant été tempérés par la reprise des hostilités, a déploré la responsable de l’OCHA, selon laquelle un deuxième convoi du PAM à destination de Zamzam a été retardé par une escalade de combats violents. Elle a également évoqué des bombardements répétés sur le camp lui-même, qui ont poussé des milliers de personnes à fuir.  Ces derniers jours, a-t-elle ajouté, de nouvelles informations ont fait état de victimes civiles dues à des attaques apparemment aveugles à El-Fasher et dans d’autres régions du Darfour.  Parallèlement, les combats se poursuivent dans l’État de Gazira et à Khartoum, tandis que des affrontements ont éclaté dans les États du Nil-Blanc et du Nil-Bleu, provoquant des déplacements de population, notamment vers le Soudan du Sud. 

Sur la base des constatations du Coordonnateur des secours d’urgence, Mme Wosornu a appelé la communauté internationale à faire davantage pour s’acquitter de ses responsabilités.  Au nom de M. Fletcher, elle a formulé des demandes clefs au Conseil de sécurité, à commencer par l’exigence d’un respect par les parties du droit international humanitaire.  Les recommandations du rapport d’octobre du Secrétaire général sur la protection des civils au Soudan doivent être pleinement mises en œuvre, a-t-elle plaidé, avant d’exhorter les membres du Conseil d’user de leur influence pour garantir l’ouverture de toutes les voies d’acheminement de l’aide humanitaire et la levée des obstacles bureaucratiques.  Elle a enfin demandé aux donateurs de fournir les 4,2 milliards de dollars dont les humanitaires ont besoin pour venir en aide à près de 21 millions de personnes au Soudan en 2025, ainsi que les 1,8 milliard de dollars nécessaires pour venir en aide à 5 millions de personnes –principalement des réfugiés– dans sept pays voisins. 

Mme SHAYNA LEWIS, Conseillère principale et Spécialiste du Soudan à Preventing and Ending Mass Atrocities (PAEMA), a insisté sur l’urgence, pour le Conseil de sécurité, d’adopter une résolution sur la protection des civils au Soudan.  Si le Conseil de sécurité ne peut pas en faire davantage pour protéger la population du Soudan, ce ne sera pas seulement leur vie qui sera en jeu, mais aussi la crédibilité même de cette enceinte, a-t-elle affirmé.  Ce Conseil, a-t-elle ajouté, doit faire la démonstration de son action en faveur des vies menacées de 49 millions de Soudanais. 

L’intervenante a relevé que certains de ses membres prétendent que toute action de l’ONU visant à protéger les civils violerait la souveraineté du Soudan, un argument avancé par la délégation russe lorsqu’elle a mis son veto à la résolution sur le Soudan le mois dernier.  Mais la souveraineté s’accompagne de la responsabilité de protéger les civils et n’est pas un blanc-seing pour commettre des crimes de guerre, a indiqué Mme Lewis.  Si les autorités de facto du Soudan ne veulent pas et ne peuvent pas assumer cette responsabilité primordiale, ce Conseil est tenu d’agir conformément à son mandat, a-t-elle souligné. 

Pour avoir osé dire sa vérité au pouvoir, le peuple soudanais souffre aujourd’hui de la triade des plus grandes crises de déplacement, d’insécurité alimentaire et de protection au monde -toutes dues à une guerre qui, selon certaines estimations, a coûté la vie à plus de 150 000 civils, a déploré Mme Lewis.  Elle a exigé que les bailleurs de fonds extérieurs qui continuent à financer et à tirer profit de la mort, du viol et de la famine des Soudanais soient tenus de rendre des comptes par le biais de sanctions.  Ces bailleurs de fonds, « dont les Émirats arabes unis », ne doivent pas être autorisés à tirer profit de l’or ensanglanté de contrebande du Soudan, a tranché Mme Lewis.  Elle a également exigé que les membres du Conseil qui entretiennent des liens étroits avec ces bailleurs de fonds extérieurs démontrent qu’ils accordent plus d’importance à la vie des civils soudanais qu’à des partenariats avec des acteurs malveillants. 

« Permettez-moi d’être claire: c’est l’absence de cessez-le-feu à l’échelle nationale qui exige que ce Conseil prenne des mesures pour protéger les civils au Soudan. »  Alors que le Procureur de la Cour pénale internationale estime que les Forces d’appui rapide et les Forces armées soudanaises ont commis des atrocités au Soudan, l’intervenante a appelé à ne pas établir une fausse équivalence entre les actions de ces deux entités. 

Elle a également dénoncé le black-out des télécommunications au Soudan qui prive plus de 30 millions de civils d’un accès à Internet et aux lignes téléphoniques depuis près de 12 mois, les coupant de facto du monde extérieur.  « Vous avez le pouvoir de briser le black-out au Soudan et d’empêcher les belligérants de cacher leurs atrocités ». 

De même, il est crucial que le Conseil cesse d’ignorer les enquêtes menées par l’ONU elle-même en appuyant la recommandation de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits pour le Soudan concernant le déploiement d’une force indépendante et impartiale ayant pour mandat de protéger les civils.  Ce Conseil, en partenariat avec l’Union africaine, doit également envisager de créer une mission de surveillance à distance afin d’empêcher de nouvelles atrocités grâce à des systèmes d’alerte et une action précoces. 

M. SAAD BAHR EL-DIN, Sultan des Massalit, une communauté qui vit dans l’ouest du Soudan, a lancé un vibrant appel au Conseil de sécurité pour « sauver le peuple soudanais de cette tragédie » en adoptant des mesures robustes.  Il a rendu hommage aux dizaines de milliers de victimes à Dar Massalit, El-Fasher, Zamzam et ailleurs au Soudan, en espérant que les réfugiés et les déplacés pourront à termes retourner en sécurité chez eux. 

M. Bahr el-Din, a indiqué que son sultanat a été le témoin d’un conflit entre différentes factions, souvent étrangères, à peine une semaine après l’irruption de la guerre à Khartoum en avril 2023.  Des crimes odieux ont été commis, la capitale Geneina a été assiégée puis bombardée par les Forces d’appui rapide.  Cette agression a été déclenchée par des mercenaires étrangers, a affirmé le Sultan.  Après avoir été assigné à résidence pendant 56 jours, M. Bahr el-Din a lui-même été contraint à fuir son domicile dans des conditions très difficiles, à l’instar de plus d’un million de personnes de son sultanat qui ont cherché refuge au Tchad.  Il a parlé de cadavres gisant dans les rues, de personnes brûlées vives et de milliers de réfugiés qui risquent aujourd’hui de sombrer dans la famine.  S’indignant de la réaction timide de la communauté internationale, il a sollicité le soutien du Conseil de sécurité pour trouver des solutions radicales en termes de sécurité et de justice et répondre d’urgence aux besoins du peuple soudanais. 

La principale cause de la guerre qui ravage le Soudan est, selon lui, l’afflux massif d’armes vers les Forces d’appui rapide.  Il a donc demandé au Conseil d’exercer sans tarder une pression sur les pays qui fournissent ces armes.  Sur le plan humanitaire, il a plaidé pour une aide urgente à la hauteur des besoins des Soudanais et pour l’ouverture de couloirs humanitaires.  En dernier lieu, le Sultan a exigé des enquêtes impartiales sur les violations perpétrées à l’encontre des Massalit et d’autres Soudanais.  Il a également appelé les parties belligérantes à retourner à la table des négociations et à engager un dialogue sincère pour ouvrir la voie à une paix pérenne. 

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