En cours au Siège de l'ONU

9808e séance - après-midi
CS/15931

Haïti: le Conseil de sécurité fait le point sur l’application, plus nécessaire que jamais, des sanctions

Le Conseil de sécurité a entendu, cet après-midi, un exposé de Mme Carolyn Rodrigues-Birkett (Guyana), Présidente du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2653 (2022) sur les sanctions concernant Haïti.  Invité à cette séance, le représentant haïtien a confirmé le caractère indispensable de ces sanctions (embargo sur les armes, interdictions de voyage et gel des avoirs) pour faire baisser l’insécurité dans le pays, « à condition d’être strictement appliquées ».  Il a dénoncé les flux d’armes illicites et les complicités locales et internationales pour contourner l’embargo, avant d’appeler à renforcer les sanctions ciblées pour inclure dans la chaîne criminelle tous les acteurs impliqués.

Faisant le point sur les travaux du Comité 2653 entre le 12 décembre 2023 et aujourd’hui, sa présidente a mentionné la tenue de trois réunions dans le cadre de consultations informelles et de deux séances d’information à l’intention des États Membres pendant lesquelles le coordonnateur du Groupe d’experts a présenté les conclusions et recommandations de son rapport intérimaire (S/2024/253), puis de son rapport final (S/2024/704).  Ces rapports ont été discutés en présence de représentants de la Mission permanente d’Haïti auprès des Nations Unies, d’États de la région et d’autres États Membres.   

En plus de ces rapports, le Groupe d’experts du Comité a soumis à celui-ci deux mises à jour périodiques confidentielles, qui ont fourni des informations extrêmement utiles sur la situation en Haïti, y compris sur plusieurs individus qui pourraient être responsables ou complices, ou s’être engagés, directement ou indirectement, dans des actions menaçant la paix, la sécurité ou la stabilité du pays.  Comme prévu par la résolution 2752 (2024) du Conseil de sécurité, qui a renouvelé les sanctions contre Haïti pour une période d’un an et prorogé le mandat du Groupe jusqu’au 17 novembre 2025, le Comité a donc procédé à une mise à jour de la liste des personnes et entités qui y sont désignées en inscrivant, le 27 septembre, deux personnes nouvelles sur cette liste qui en compte désormais sept. 

Venant apporter un éclairage concret de la situation sur le terrain en Haïti, son représentant a fait cas d’un « énième cas » de violence collective de gangs armés qui « sèment le deuil et la désolation dans la population haïtienne ».  Il est ainsi revenu sur l’attaque de la Cité-Soleil à Port-au-Prince, le week-end dernier, qui a fait plus de 180 morts.  Une attaque menée par des hommes du chef de gang dénommé Micanor, a-t-il précisé. Cette tragédie traduit l’urgence absolue de rétablir la sécurité et la stabilité en Haïti pour protéger les civils, a insisté son représentant.

Alors que le pays est aux prises avec une crise multidimensionnelle « sans précédent » -sécuritaire, humanitaire, institutionnelle et économique- qui le paralyse, le représentant haïtien a mis l’accent sur le rôle des bandes armées violentes qui opèrent « sans crainte, ni retenue ». Il en a voulu pour preuve qu’au moins 5 000 personnes ont été tuées depuis janvier 2024 par ces gangs, un chiffre avancé par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  L’insécurité ne fait qu’aggraver une situation humanitaire déjà difficile, a-t-il expliqué. 

Le dernier massacre de la Cité-Soleil illustre cruellement, selon lui, la nécessité pour la communauté internationale de renforcer son appui à Haïti en appliquant strictement les sanctions contre ceux qui alimentent ces crimes et en soutenant une intervention robuste pour restaurer la sécurité et l’état de droit dans le pays.  Il a également plaidé pour un soutien massif aux forces de l’ordre haïtiennes en leur fournissant des équipements, des formations et un appui logistique.

Il ne fait aucun doute que la prolifération d’armes et de munitions en Haïti constitue l’un des principaux moteurs de cette spirale de violence, a argué le représentant, en notant que tout cela se passe en dépit de l’embargo sur les armes décidé par le Conseil de sécurité.

À titre de rappel, le régime de sanctions a été mis en place par la résolution 2653 (2022), adoptée le 21 octobre 2022, et renouvelé en 2023, puis cette année encore pour un an de plus.

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