En cours au Siège de l'ONU

9788e séance – après-midi
CS/15903

Conseil de sécurité: 1 000 jours après l’invasion russe, des États réaffirment leur soutien à l’Ukraine

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Présidé cet après-midi par le Secrétaire d’État britannique aux affaires étrangères, M. David Lamy, le Conseil de sécurité a tenu une réunion d’information de haut niveau sur l’Ukraine, en présence du Ministre ukrainien des affaires étrangères, M. Andrii Sybiha.

Dans son exposé, Mme Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a sobrement rappelé que depuis ces 1 000 jours fatidiques où la Fédération de Russie a lancé son invasion à grande échelle de l’Ukraine, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international, le territoire ukrainien est profondément meurtri. 

Des millions de personnes traumatisées dépendent de l’aide humanitaire pour leur survie.  Près de 4 millions sont toujours déplacées et plus de 6,8 millions ont fui le pays, a rappelé Mme DiCarlo, avant de réclamer un accès humanitaire sans entrave pour atteindre les quelque 1,5 million de personnes habitant les régions d’Ukraine occupées par la Fédération de Russie. 

Nombreux ont été les orateurs comme l’Union européenne (UE), la Lituanie, au nom des pays baltes, ou le Ministre d’État aux affaires étrangères du Japon, M. Fujii Hisayuki, à réaffirmer leur soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ce qui n’a empêché le Ministre ukrainien des affaires étrangères de s’inquiéter de la réduction éventuelle du soutien militaire international. 

Pour M. Andrii Sybiha, le prix de l’inaction ou de l’apaisement est bien plus élevé que celui de la force.  Les pays baltes ont en effet condamné les pressions exercées sur l’Ukraine pour qu’elle négocie à des conditions défavorables.  Laisser la Fédération de Russie poursuivre son agression en toute impunité, c’est aggraver, de manière inacceptable, les risques pour la sécurité mondiale, la sûreté nucléaire, l’environnement ou encore les migrations, a prévenu le Ministre ukrainien des affaires étrangères. 

Plus grand donateur de l’Ukraine avec 57 milliards de dollars d’aide militaire depuis février 2022, les États-Unis ont défendu la même position: nous annoncerons dans les prochains jours de nouvelles aides militaires et quand la guerre cessera, l’Ukraine retrouvera ses frontières internationalement reconnues.  La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques a d’ailleurs invoqué les médias qui affirment que les États-Unis ont donné leur feu vert à l’utilisation de missiles à longue portée.

Équiper militairement l’Ukraine et lever les restrictions « artificielles » à l’utilisation des armes, c’est accélérer la réalisation d’une paix juste et durable, a acquiescé le Ministre ukrainien des affaires étrangères car, a renchéri la France, laisser cette guerre d’agression atteindre ses objectifs, c’est prendre le risque de voir prospérer partout la loi du plus fort, les politiques de révision agressive des frontières, la revendication de sphères d’influence au mépris de l’égalité souveraine des États.  Nul n’a intérêt à laisser s’installer la loi de la jungle et tel est le sens de notre engagement aux côtés de l’Ukraine, s’est expliquée la France.

Oubliez votre idée de nous vaincre sur le champ de bataille.  Vous avez déjà essayé et nous savons comment cela s’est terminé, a prévenu la Fédération de Russie.  En réaction, les pays baltes ont estimé que la paix passe par l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, « clef de la sécurité et de la stabilité à long terme en Europe ». 

La Fédération de Russie a prévenu: tant que l’Ukraine aura des velléités d’entrer à l’OTAN, tant que son nid de guêpes nationaliste et néonazi existera, tant qu’elle maintiendra sa discrimination contre les russophones, tant qu’elle continuera de blanchir la réputation des partisans d’Hitler, nous poursuivrons notre opération militaire spéciale.

Quels bénéfices tirez-vous de votre soutien militaire à l’Ukraine?  Qu’en est-il de la corruption qui a accompagné ce soutien? Aujourd’hui, l’élite ukrainienne commence à paniquer parce que la nouvelle Administration américaine ne manquera pas de faire les comptes et d’essayer de savoir comment a été dépensée l’aide financière des États-Unis, dont une grande partie a été détournée.  Avec ses 9 milliards de dollars d’aide, le Royaume-Uni a contribué à la corruption en Ukraine, a tranché la Fédération de Russie.

Certains pays comme le Mozambique ont critiqué le Conseil de sécurité pour avoir servi principalement de forum pour des narratifs contradictoires plutôt que pour une action efficace.  Une formule lapidaire de la Slovénie a résumé ce sentiment: « 1 000 jours de guerre, 1 000 jours de destruction, 1 000 jours d’inaction du Conseil.  Soyons honnêtes, les mécanismes internationaux ont échoué, a reconnu, à son tour, le Ministre ukrainien des affaires étrangères qui a réclamé de nouveaux mécanismes. 

Mme DiCarlo s’est aussi alarmée du récent déploiement de milliers de soldats de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) dans la zone de conflit et de leur implication dans les combats.  Cette alliance viole plusieurs résolutions du Conseil de sécurité que la Fédération de Russie elle-même a soutenues et s’est engagée à respecter, ont réagi les pays baltes. L’engagement de Pyongyang dans le conflit montre à quel point la sécurité de l’Europe est liée à celle de l’Asie de l’Est, a fait observer la République de Corée. 

La Fédération de Russie a rejoint le club des États voyous, a commenté le Ministre ukrainien des affaires étrangères.  Qu’attend d’elle la RPDC?  La technologie des missiles nucléaires et d’autres programmes militaires, et il en va de même pour l’Iran.  Devant une telle situation, le Secrétaire d’État britannique aux affaires étrangères, a annoncé de nouvelles sanctions contre Iran Air et les Lignes maritimes iraniennes. 

Critiquée par l’UE et les États-Unis pour son soutien à la Fédération de Russie, la Chine a reproché à l’Administration américaine d’être à l’origine de la guerre et de mettre de l’huile sur le feu.  Elle a espéré que la nouvelle Administration saura se hisser à la hauteur de l’histoire. 

La guerre doit cesser et pour ce faire, il faut des efforts diplomatiques concertés et une volonté politique, a plaidé la Secrétaire générale aux affaires politiques. Le Conseiller fédéral pour les affaires étrangères de la Suisse, M. Ignazio Cassis, a insisté sur la diplomatie et évoqué la réunion de Bürgenstock lancée il y a cinq mois, pour parler de paix en Ukraine et pour la première fois au plus haut niveau. 

La Chine en a profité pour mettre en avant sa proposition en six points, élaborée avec le Brésil, ainsi que son initiative lancée avec le Brésil et l’Algérie pour former un « groupe des Amis de la paix », qui tâcherait de trouver un règlement politique au conflit et de promouvoir la paix.

D’autres pays, comme la Slovénie, ont réclamé dans les plus brefs délais un plan de paix fondé sur la Charte des Nations Unies et ses principes clefs.  Des négociations sur des sujets tels que la sécurité alimentaire et énergétique, ou l’échange de prisonniers de guerre, seraient un bon début pour des pourparlers de paix, a estimé la Türkiye.  Appuyer le plan de la victoire et la formule de paix du Président Zelenskyy est la seule voie « réaliste » vers une paix juste et durable en Ukraine et dans le monde, a martelé le Ministre des affaires étrangères.

 

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MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Exposé

Au nom du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a sobrement rappelé que 1 000 jours se sont écoulés depuis que la Fédération de Russie a lancé son invasion à grande échelle de l’Ukraine – en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international. 

Des batailles meurtrières engloutissent de plus en plus l’est et le sud de l’Ukraine et des villes entières ont été réduites en cendres.  Depuis février 2022, au moins 12 164 civils ont été tués, dont plus de 600 enfants.  Au moins 26 871 autres ont été blessés, « et ce ne sont que les chiffres confirmés », a-t-elle précisé.  Ces derniers mois ont vu une augmentation significative des victimes civiles, ainsi que les attaques de missiles et de drones les plus intenses et les plus massives de toute la guerre.  Au cours du week-end, la Russie a lancé l’une de ses plus grandes frappes combinées. Impliquant 120 missiles et 90 drones, elle a visé les infrastructures énergétiques de toute l’Ukraine et entraîné de lourdes pertes.

Les médias rapportent que les forces ukrainiennes seraient autorisées à utiliser des armes à longue portée fournies par des partenaires pour des frappes en Russie, mais il ne faut pas oublier que toutes les parties doivent assurer la sécurité et la protection des civils, où qu’ils se trouvent.  Dans toute l’Ukraine, les zones résidentielles sont de plus en plus souvent la cible d’attaques.  Les habitants de Kyïv sont à nouveau contraints de se mettre à l’abri des barrages nocturnes de drones et de missiles. 

L’Ukraine est désormais devenue l’un des endroits les plus minés au monde.  Près d’un quart de son territoire est recouvert de mines, soit une zone quatre fois plus grande que la Suisse.  Des millions de personnes traumatisées dépendent de l’aide humanitaire pour leur survie.  Près de 4 millions de personnes sont toujours déplacées et plus de 6,8 millions ont fui le pays, a rappelé Mme DiCarlo, avant de réclamer un accès humanitaire sans entrave pour atteindre les quelque 1,5 million de personnes habitant les régions d’Ukraine occupées par la Russie. 

Elle s’est alarmée du récent déploiement de milliers de soldats de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) dans la zone de conflit et de leur implication dans les combats.  Il ne fait aucun doute que cette guerre au cœur de l’Europe est un conflit aux implications mondiales, qui approfondit les divisions géopolitiques.  Elle doit cesser. 

Pour inverser la tendance dangereuse actuelle, des efforts diplomatiques concertés et une volonté politique seront nécessaires afin de parvenir à une paix juste, durable, conforme à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale, a conclu Mme DiCarlo, au nom du Secrétaire général. 

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