9678e séance – matin
CS/15757

Conseil de sécurité: la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza dit compter sur la volonté politique pour progresser

À l’occasion de son quatrième exposé devant le Conseil de sécurité depuis l’adoption de la résolution 2720 (2023), qui la charge de faciliter, coordonner, surveiller et vérifier la nature humanitaire de tous les envois de secours acheminés à Gaza, la Coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaire et de la reconstruction dans l’enclave palestinienne a souligné, ce matin, la nécessité d’un flux soutenu d’aide via tous les points de passage terrestres et maritimes.  Elle a toutefois reconnu que, face aux blocages actuels, aggravés par la poursuite des combats, « rien ne peut remplacer la volonté politique, le plein respect du droit international humanitaire et un environnement sûr et propice à une distribution efficace ». 

De l’aveu de Mme Sigrid Kaag, la situation humanitaire à Gaza reste en effet extrêmement alarmante, d’autant plus que les températures estivales et les graves pénuries de services de base font se profiler le spectre d’épidémies de maladies infectieuses et transmissibles.  Rappelant que, depuis le lancement de l’offensive israélienne contre Rafah, le 6 mai, plus d’un million de personnes ont à nouveau été déplacées et cherchent désespérément sécurité et abri, elle a appelé à un cessez-le-feu immédiat, total et complet, assorti de la libération de tous les otages et d’un accès continu et sans entrave pour acheminer l’aide à grande échelle dans toute la bande de Gaza, conformément à la résolution 2735 adoptée le 10 juin 2024. 

S’agissant de son action à la tête du mécanisme créé par la résolution 2720, Mme Kaag a dit collaborer avec les parties prenantes régionales au plus haut niveau politique. Elle a ainsi rencontré à nouveau le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu et les principaux membres du Cabinet il y a deux semaines afin d’accélérer et rationaliser la fourniture de l’aide humanitaire dans tout Gaza.  La Coordonnatrice a précisé que le mécanisme englobe désormais les expéditions d’aide en provenance de Jordanie, de Chypre, d’Israël et de Cisjordanie, et que l’approvisionnement en provenance d’Égypte est attendu d’ici à la mi-juillet.  Parallèlement, a-t-elle ajouté, des discussions sont en cours sur la faisabilité et la planification à long terme du corridor maritime chypriote donnant un accès direct à l’enclave. 

Évoquant les engagements pris par le Cabinet de guerre israélien en lien avec la résolution 2720, Mme Kaag a dit en avoir surveillé la mise en œuvre, notamment pour ce qui concerne l’entrée directe de l’aide depuis le nord via les points de passage de Ziqim et d’Erez, ainsi que l’utilisation du port d’Ashdod.  Elle a indiqué que M. Netanyahu s’est engagé à accélérer la livraison des fournitures essentielles pour l’eau, l’assainissement, la gestion des déchets et les besoins médicaux et éducatifs.  De plus, après l’évacuation la semaine dernière de 21 enfants palestiniens gravement malades et des adultes qui les accompagnaient de Gaza vers l’Égypte via le passage de Kerem Shalom, des discussions sont menées pour établir un système plus régulier et plus prévisible d’évacuations médicales, facilité par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

Mme Kaag a plaidé devant le Conseil pour que les fournitures puissent être acheminées via tous les points de passage terrestres et maritimes, y compris le poste frontière de Rafah, dont la fermeture début mai a entraîné une baisse considérable du volume d’aide destinée à Gaza.  En complément du dispositif humanitaire, il importe aussi de prévoir un relèvement et une reconstruction rapides, en impliquant l’Autorité palestinienne dans la planification, a-t-elle préconisé, non sans avertir qu’un tel effort nécessitera un financement ambitieux et généreux de la communauté internationale. Autant de projets pour lesquels une volonté politique est indispensable, a-t-elle souligné, appuyée par bon nombre des membres du Conseil, notamment l’Équateur, le Mozambique et la République de Corée. 

Reste que, de l’avis de plusieurs délégations, la résolution 2720 se solde pour l’instant par un échec patent.  Pointant l’inefficacité du mécanisme créé par ce texte, l’Algérie a noté que le flux d’accès à Gaza ne dépassait pas 73 camions par jour le mois dernier, contre 500 avant le 7 octobre 2023.  Elle y a vu « le résultat de la politique délibérée de l’occupant visant à utiliser la famine comme méthode de guerre », un avis partagé par la Chine, qui, tout en dénonçant le blocage de l’aide par l’armée et les activistes israéliens, a demandé que soit examiné urgemment ce qui « n’a pas marché ». 

Constatant que les principales voies d’acheminement de l’aide sont soit fermées, soit ouvertes pendant une courte période, selon le bon vouloir d’Israël, la Fédération de Russie a également déploré que les mécanismes de déconfliction, prévus par la résolution 2720, ne fonctionnent pas, faute d’une fermeté suffisante des États-Unis à l’égard de leur allié israélien.  La France, le Royaume-Uni, la Sierra Leone ont, eux, demandé à tous les acteurs de contribuer à la déconfliction pour garantir la sécurité du personnel humanitaire et permettre l’acheminement rapide de l’aide. 

Pour que cela se réalise, le Hamas doit accepter le cessez-le-feu auquel appelle la résolution 2735 (2024) et cesser de formuler de nouvelles exigences, ont argué les États-Unis, tout en assurant maintenir leur pression sur Israël afin qu’il accepte l’arrivée massive d’aide à Gaza « par tous les points d’entrée possibles ».  Renvoyant les parties au conflit dos à dos, la Slovénie a quant à elle estimé que la famine qui menace la population gazaouite est un double « choix »: celui du Hamas, qui préfère sacrifier son peuple plutôt que d’accepter une cessation des hostilités, et celui d’Israël, qui ne remplit pas ses obligations de Puissance occupante. 

Dans ce contexte, l’Algérie a regretté que le rôle de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans les efforts de reconstruction à Gaza n’ait pas été évoqué dans l’exposé de Mme Kaag.  L’UNRWA est pourtant « irremplaçable », a-t-elle affirmé, rejointe dans ce constat par le Guyana, le Japon et Malte, compte tenu des années d’expérience de cette agence onusienne dans la fourniture de services aux habitants de Gaza. 

Au-delà de l’arrêt des combats et de l’augmentation de l’aide humanitaire, il faut aussi rétablir un horizon politique, a plaidé la Suisse, à l’instar d’une majorité de délégations attachées à la solution des deux États, la seule, selon la France, qui puisse assurer aux Israéliens et aux Palestiniens la paix et la sécurité.  

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Mme SIGRID KAAG, Coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, a rappelé que près de neuf mois se sont écoulés depuis l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier, dont la cicatrice reste profonde, et la riposte israélienne qui a plongé les civils palestiniens de Gaza dans un abîme de souffrances.  Avec la flambée des températures estivales et les graves pénuries de services de base, le spectre d’épidémies de maladies infectieuses et transmissibles se profile, a-t-elle averti.  Elle a également rappelé qu’à la suite de l’offensive israélienne contre Rafah débutée le 6 mai, plus d’un million de personnes ont à nouveau été déplacées, cherchant désespérément sécurité et abri.  Dans ce contexte, nous avons besoin d’un cessez-le-feu immédiat, total et complet à Gaza, a lancé la Coordonnatrice, exigeant aussi la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et un accès continu et sans entrave pour acheminer l’aide à grande échelle dans toute la bande de Gaza, conformément à la résolution 2735 (2024) du Conseil.  Appelant au respect par tous du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, elle a souhaité que l’UNRWA soit autorisé à remplir le rôle qui lui a été confié.

Revenant à son action, Mme Kaag a dit collaborer avec les principaux gouvernements et autres parties prenantes régionales au plus haut niveau politique. Elle a ainsi rencontré à nouveau le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu et les principaux membres du Cabinet il y a deux semaines, pour la mise en œuvre de la résolution 2720 (2023) qui établit un cadre pour accélérer et rationaliser la fourniture de l’aide humanitaire dans tout Gaza et qui prescrit la création d’un mécanisme de suivi et de vérification de l’aide humanitaire.  Le mécanisme englobe désormais les expéditions d’aide humanitaire en provenance de Jordanie, de Chypre, d’Israël et de Cisjordanie, a-t-elle précisé, ajoutant que l’approvisionnement en provenance d’Égypte est attendu d’ici à la mi-juillet.  Parallèlement, sous réserve de l’approbation de leur visa, les observateurs de l’ONU se préparent à se déployer dans les bureaux nouvellement créés du mécanisme à Gaza, tandis que des discussions sont en cours sur la faisabilité et la planification à long terme du corridor maritime chypriote donnant un accès direct à l’enclave.  Le mécanisme servira également de plateforme principale pour faciliter l’entrée à Gaza de tous les articles humanitaires essentiels, a expliqué l’intervenante, avant d’encourager les États Membres à continuer de prépositionner des fournitures et d’allouer des financements aux agences humanitaires.  Des contributions supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour répondre à l’appel éclair de 2,5 milliards de dollars, a-t-elle rappelé. 

Évoquant les engagements pris, le 5 avril, par le Cabinet de guerre israélien en lien avec la résolution 2720 (2023), la Coordonnatrice a dit en avoir surveillé la mise en œuvre, notamment pour ce qui concerne l’entrée directe de l’aide depuis le nord via les points de passage de Ziqim et d’Erez, ainsi que l’utilisation du port d’Ashdod.  Elle a indiqué que M. Netanyahu a pris de nouveaux engagements pour accélérer la livraison des fournitures essentielles pour l’eau, l’assainissement, la gestion des déchets et les besoins médicaux et éducatifs.  De plus, après l’évacuation la semaine dernière de 21 enfants palestiniens gravement malades et des adultes qui les accompagnaient de Gaza vers l’Égypte via le passage de Kerem Shalom, des discussions sont en cours pour établir un système plus régulier et plus prévisible d’évacuations médicales des patients, facilité par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Pour Mme Kaag, un flux soutenu d’aide est nécessaire pour acheminer des marchandises de qualité et en quantité via tous les points de passage terrestres et maritimes, y compris le poste frontière de Rafah dont la fermeture début mai a entraîné une baisse considérable du volume d’aide entrant et distribué dans Gaza.  La Mission a fait des propositions pour favoriser la réouverture de ce poste frontière, a-t-elle indiqué. 

Mme Kaag a ensuite estimé qu’au-delà de l’aide humanitaire, il importe de prévoir un relèvement et une reconstruction rapides.  Même si la politique et les conditions sur le terrain peuvent dicter le rythme et la nature de ces efforts, les préparatifs ne doivent pas attendre, a-t-elle plaidé, considérant que l’Autorité palestinienne fait partie intégrante de la planification de la mise en œuvre du redressement et de la reconstruction de Gaza.  Après avoir invité la communauté internationale à garantir la stabilité financière de cette dernière et à soutenir sa réforme et sa gouvernance, elle a assuré que le mécanisme 2720 peut être utilisé pour faciliter l’augmentation, l’accélération et l’expédition de tous les biens nécessaires à Gaza en vue d’un redressement rapide.  Un tel effort nécessite également un financement ambitieux et généreux, a-t-elle ajouté, appelant à la création de nouveaux fonds fiduciaires et d’instruments innovants. Se félicitant des progrès réalisés grâce à la résolution 2720 (2023), la Coordonnatrice a cependant estimé que rien ne peut remplacer la volonté politique, le plein respect du droit international humanitaire, en particulier la protection des civils, et un environnement sûr et propice à une distribution efficace.  Beaucoup reste à faire dans ces domaines, a-t-elle conclu, non sans plaider pour une paix durable entre Israël et un État palestinien pleinement indépendant, viable et souverain. 

La représentante du Japon a salué les réels progrès accomplis dans la coordination de l’aide humanitaire à Gaza, alors que les opérations militaires israéliennes se poursuivent.  Elle a salué la pleine opérationnalisation du mécanisme prévu par la résolution 2720 (2023) en vue d’accélérer l’acheminement de cette aide.  Elle a souligné le rôle crucial que joue l’UNRWA dans l’atténuation des souffrances du peuple palestinien, avant d’appeler à soutenir financièrement cette agence.  « De son côté, le Japon a depuis octobre fourni plus de 120 millions de dollars d’aide humanitaire. »  Enfin, la déléguée a jugé que l’application de la résolution 2735 (2024) est plus importante que jamais en vue d’une libération des otages, d’un cessez-le-feu immédiat et d’un accès humanitaire sans entrave.  Le Japon exhorte le Hamas à œuvrer de bonne foi à l’application de ce texte, a conclu la déléguée.

Le représentant de la Chine a souligné que la tragédie qui se déroule à Gaza a été créée par les hommes.  Il a dénoncé le fait que l’aide soit bloquée par les opérations militaires israéliennes et, parfois, par des activistes israéliens.  De plus, les sites d’agences humanitaires sont ciblés et les travailleurs humanitaires sont attaqués, y compris l’UNRWA et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) alors que l’on dénombre plus de 200 humanitaires ayant perdu la vie à Gaza, « un record choquant ».  Le délégué a fait valoir que l’aide ne peut être politisée ou devenir une arme de guerre.  « C’est pourquoi la Chine appelle Israël à se conformer à ses obligations en matière de droit international humanitaire. »  Quant à la communauté internationale, le délégué lui a demandé de s’assurer que l’aide parvienne à Gaza.  Il a rappelé que la résolution 2720 (2023) du Conseil de sécurité devait permettre de faciliter l’accès humanitaire, ce qui ne fut pas le cas.  Il serait de bon ton d’examiner ce qui n’a pas marché, a-t-il suggéré.

Le représentant de la France a demandé que soit levées les entraves à l’aide humanitaire à Gaza, celle-ci devant emprunter tous les points de passage. Il a appelé Israël à rouvrir immédiatement celui de Rafah et à veiller à ce que soient fournis les services de base et l’aide humanitaire, sans restriction, à grande échelle et dans l’ensemble de la bande de Gaza.  « Israël doit permettre un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entrave, comme demandé par la Cour internationale de Justice (CIJ). » Cela implique la délivrance des autorisations nécessaires à tous les programmes et agences humanitaires, y compris l’UNRWA, a-t-il précisé en misant sur le travail de la Coordonnatrice spéciale pour faciliter la coordination de l’aide humanitaire et veiller à l’efficacité de l’aide.  Il a également pointé les nombreuses restrictions quant aux objets et denrées pouvant entrer dans Gaza soulignant aussi le risque de propagation d’épidémies à cause de la chaleur.

Le représentant a également insisté sur la protection des travailleurs humanitaires, conformément au droit international humanitaire et en tant qu’impératif moral et juridique.  Il a demandé que le droit de la guerre et les principes humanitaires de précaution et de proportionnalité dans la conduite des hostilités soient respectés.  La France demande à tous les acteurs de garantir l’efficacité des mécanismes de déconfliction, a-t-il ajouté en soulignant le rôle essentiel de coordination des Nations Unies à cet égard.  Exigeant un cessez-le-feu immédiat et durable, ainsi que la libération sans délai de tous les otages, il a rappelé qu’Israël doit « arrêter immédiatement son offensive militaire et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah », conformément à l’ordonnance de la CIJ.  Il a conclu en plaidant pour la solution des deux États, « la seule qui puisse assurer aux Israéliens et aux Palestiniens la paix et la sécurité ».

La représentante de Guyana a pris note de « l’environnement opérationnel complexe » dans lequel les travailleurs humanitaires tentent d’apporter des secours à la population palestinienne.  L’aide n’atteint pas les Palestiniens à grande échelle, a-t-elle constaté en demandant d’accroître l’accès humanitaire à Gaza et en appelant Israël à faciliter cet acheminement.  Elle a appelé à mettre en œuvre les ordonnances de la CIJ des 26 janvier, 28 mars et 24 mai 2024, selon lesquelles « la fourniture sans entrave et à grande échelle par toutes les parties concernées de services de base et d’une aide humanitaire dont elles ont un besoin urgent exige qu’Israël maintienne des points de passage terrestres ouverts dont le point de passage de Rafah ».  La déléguée a également appelé les parties à se conformer pleinement au dispositif de la résolution 2730 (2024) sur la sécurité du personnel humanitaire et du personnel des Nations Unies. 

Exigeant un cessez-le-feu immédiat et la fin de cette guerre, la représentante a martelé que la dévastation doit cesser et que les Palestiniens doivent pouvoir reconstruire leur vie.  S’adressant à la communauté internationale, elle lui a demandé de faciliter la reconstruction de Gaza, un facteur essentiel pour faire avancer la solution des deux États. Elle a souligné l’importance de la coopération de toutes les parties pour la mise en œuvre de la résolution 2720 (2023) ainsi que le rôle crucial de l’UNRWA dans tout effort de reconstruction à Gaza en raison de ses décennies d’expérience dans la fourniture de services aux Palestiniens dans le territoire.  Le Conseil ne doit jamais s’habituer ou être privé des rapports sur la douleur et la souffrance du peuple palestinien, a-t-elle lancé, s’inquiétant que les yeux du Conseil regardent ailleurs.  « Notre soif d’agir ne doit jamais diminuer. » 

La représentante de la Suisse a constaté que, malgré l’adoption de la résolution 2720 (2023) en décembre dernier et les efforts déployés par Mme Kaag et son équipe pour accélérer l’acheminement de l’aide à la population civile, la situation humanitaire reste effroyable à Gaza.  Le droit international humanitaire oblige les parties à autoriser et faciliter l’accès humanitaire aux civils dans le besoin et interdit d’utiliser la famine comme méthode de guerre, a-t-elle fait valoir, avant de rappeler que la Cour internationale de Justice (CIJ) a confirmé l’urgence d’acheminer l’aide humanitaire à Gaza.  Dans ces conditions, l’accès sûr, rapide et sans entrave par tous les points de passage reste un défi majeur, a souligné la déléguée, selon laquelle tout doit être fait pour qu’une assistance suffisante parvienne aux personnes qui en ont besoin. 

Après avoir remercié la Jordanie, l’Égypte et l’ONU pour la tenue à Amman de la Conférence sur l’intervention humanitaire d’urgence pour Gaza, la déléguée a réitéré son appel urgent à un cessez-le-feu et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.  À cet égard, elle a exigé que toutes ces personnes aient la possibilité de recevoir les visites du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et soient traitées humainement.  Au-delà de l’augmentation de l’aide humanitaire, il faut une cessation des hostilités et le rétablissement d’un horizon politique, a ajouté la représentante selon qui seuls deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, sauront apporter paix, sécurité et dignité aux populations dans la région. 

Le représentant de la Sierra Leone a exprimé son soutien à Mme Kaag et salué la récente visite qu’elle a effectuée dans le nord de Gaza.  Il a estimé que les discussions actuelles avec le Gouvernement israélien devraient être axées sur la fourniture de l’aide humanitaire, avant d’exhorter les parties belligérantes à s’acquitter de leurs obligations en vertu du droit international en vue de protéger les civils et les infrastructures civiles.  Un mécanisme efficace de déconfliction est nécessaire pour garantir la sécurité du personnel humanitaire et permettre l’acheminement rapide de l’aide, a-t-il ajouté.  Enfin, il a appelé à la libération des otages et à la conclusion d’un cessez-le-feu.

Le représentant de l’Équateur a constaté que les efforts humanitaires continuent d’être affectés par des restrictions.  La distribution reste une tâche compliquée et extrêmement risquée. Pendant ce temps, les conditions de vie se détériorent et le risque de famine ne diminue pas.  Ces problèmes et défis proviennent du manque de volonté politique, a-t-il argué, appelant à un changement de paradigme. Il a également rappelé que la résolution 2720 (2023) exige des parties au conflit de coopérer avec la Coordonnatrice sans délai.

Le représentant du Mozambique a constaté à regret que six mois après l’adoption de la résolution 2720 (2023), par laquelle le Conseil a exprimé sa détermination à faire face à la situation humanitaire catastrophique de la bande de Gaza, les objectifs de ce texte ne sont toujours pas atteints.  « Actuellement, nous assistons à des décès quotidiens et à grande échelle à Gaza. »  Les otages n’ont pas encore été libérés et l’aide humanitaire n’est pas parvenue aux millions de Gazaouites qui en ont besoin, a-t-il ajouté.  Il n’existe aucune raison plausible pour expliquer les souffrances injustifiées et insupportables que subit actuellement le peuple palestinien à Gaza, a observé le représentant en exigeant que la catastrophe humanitaire cesse.

S’adressant aux membres du Conseil, il leur a rappelé leur devoir de traiter la situation à Gaza comme d’une question urgente.  Le délégué a également encouragé le Conseil à être uni dans le soutien qu’il apporte au travail de Mme Kaag, de son équipe et des autres parties prenantes, en vue de résoudre la crise humanitaire actuelle à Gaza.  Il a argué que les efforts humanitaires à Gaza nécessitent un cessez-le-feu solide.  Il a aussi plaidé pour des efforts menant à la libération des otages, à l’accès et l’assistance humanitaires, au dialogue pour la paix, à la reconstruction de Gaza, ainsi qu’à la mise en œuvre d’une solution à deux États conduisant à une coexistence pacifique entre la Palestine et Israël, vivant côte à côte à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues. 

Le représentant de Malte a constaté que neuf mois après le début du conflit, la situation à Gaza continue de se détériorer, en pesant particulièrement sur les enfants.  La mise en œuvre des résolutions du Conseil et des ordonnances de la CIJ reste essentielle, a-t-il estimé, rappelant l’obligation primordiale d’assurer l’acheminement sans entrave et en toute sécurité de l’aide humanitaire à Gaza.  Le délégué a insisté pour cela sur les routes terrestres, qui demeurent le moyen le plus réaliste et le plus efficace pour faire parvenir des niveaux d’aide suffisants à Gaza.  Toutefois, la pénurie de carburant entrave l’acheminement de l’aide et le fonctionnement des infrastructures civiles, s’est-il désolé avant de rappeler que les marchandises doivent également être prioritaires, car la population de Gaza ne peut pas dépendre uniquement de l’aide. 

Le représentant a dit être préoccupé par les problèmes d’insécurité, d’anarchie, de criminalité et de pillage.  Il a souhaité des garanties solides de sûreté et de sécurité pour les personnels onusiens et humanitaires.  Toutes les parties doivent respecter et utiliser pleinement la déconfliction, a-t-il poursuivi, souhaitant des enquêtes sur tous les meurtres du personnel de l’ONU et des humanitaires.  Le délégué a en outre demandé que le travail de l’ONU ne soit pas politisé.  « L’UNRWA est un acteur irremplaçable, sans lequel il ne peut y avoir de véritable opération d’aide à Gaza. »  En conclusion, le délégué s’est opposé à la normalisation de la situation à Gaza et a appelé à la libération de tous les otages ainsi qu’à parvenir à un cessez-le-feu immédiat et permanent.  « Le Hamas et Israël doivent accepter les termes de la proposition énoncée dans la résolution 2735 (2024) et mettre fin à de nouvelles souffrances humaines. »

Le représentant de l’Algérie a constaté que, neuf mois après la mise en branle de la « machine à tuer » israélienne, la situation humanitaire reste catastrophique à Gaza.  Rappelant que la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondiale (PAM) a alerté contre un risque imminent de famine et appelé à un plein accès de l’aide dans le nord de l’enclave, il a estimé que la résolution 2720 (2023) et son mécanisme de facilitation des acheminements se sont révélés inefficaces face aux blocages imposés par l’administration d’occupation.  Lorsque cette résolution a été adoptée 100 camions entraient chaque jour, contre 500 avant le 7 octobre 2023, a-t-il noté.  Le mois dernier, le taux d’accès ne dépassait pas 73 camions par jour.  Selon lui, c’est le résultat de la politique délibérée de l’occupant visant à utiliser la famine comme méthode de guerre. Alors que des images montrent que plus de 1 200 camions attendent du côté égyptien de la frontière, il a jugé que la solution au problème dépend de la volonté de la Puissance occupante, laquelle est entièrement responsable de la grave crise alimentaire à Gaza. 

Dans ce contexte, le représentant a regretté que l’UNRWA soit toujours empêché de travailler dans l’enclave et continue de faire l’objet d’attaques, malgré les assurances apportées par les rapports du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) et de Mme Catherine Colonna.  Déplorant que le rôle de l’UNRWA dans les efforts de distribution et de reconstruction à Gaza n’ait été évoqué dans l’exposé de Mme Kaag, il a jugé que cette agence onusienne est « irremplaçable pour ces tâches ».  Enfin, après avoir dénoncé le ciblage des convois d’aide par la Puissance occupante, il a demandé au Conseil d’imposer une solution qui permette de mettre un terme aux souffrances des Palestiniens.  « Si l’on n’agit pas de toute urgence, le monde sera témoin d’une tragédie humanitaire qui entrera dans les pages les plus sombres de l’histoire », a-t-il averti. 

La représentante des États-Unis a loué le rôle de leader endossé par l’ONU dans l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.  « Nous n’avons cessé de rappeler aux dirigeants israéliens la nécessité d’un bon acheminement de l’aide par tous les points d’entrée possibles », a dit la déléguée.  Elle a salué les efforts de dialogue des autorités israéliennes sur ce dossier humanitaire, en soulignant la nécessité d’un environnement sûr.  Elle a appelé de ses vœux un mécanisme de déconfliction efficace afin de garantir la sécurité du personnel humanitaire.  Le Hamas doit accepter un cessez-le-feu en application de la résolution 2735 (2024) afin de fournir une aide vitale à Gaza et de commencer les efforts de reconstruction, a-t-elle tranché, en regrettant que le Hamas ait formulé de nouvelles exigences non prévues par la résolution précitée.  Enfin, la déléguée a assuré de l’appui de son pays à la réponse humanitaire à Gaza et apporté son soutien aux efforts de Mme Kaag.

Le représentant de la Slovénie a relevé que malgré quatre résolutions, l’ordonnance de la CIJ, les briefings au Conseil de sécurité et les assurances reçues, la situation ne s’améliore pas.  Les besoins augmentent tandis que l’environnement opérationnel humanitaire s’effondre, s’est-il inquiété.  Il a indiqué que la famine à Gaza est d’origine humaine.  « C’est un choix.  Un choix du Hamas qui sacrifie volontiers son peuple plutôt que d’accepter un cessez-le-feu. »  Et un choix d’Israël de ne pas remplir son devoir premier de Puissance occupante.  Il a rappelé que le recours à la famine comme méthode de guerre est interdit par le droit international et peut constituer un crime de guerre.  S’il n’y a pas de limite à l’aide qui parvient à Gaza comme le prétend Israël, pourquoi 50 000 enfants palestiniens ont-ils besoin d’un traitement pour malnutrition aiguë? a-t-il lancé.  Le représentant a condamné la poursuite des attaques contre les travailleurs et les organisations humanitaires, notamment l’UNRWA et le CICR.  Selon lui, il est temps que le Conseil de sécurité commence à réfléchir à Gaza au-delà d’un cessez-le-feu, « même si aujourd’hui cela semble si loin ».

Le représentant de la République de Corée a salué les efforts de Mme Kaag et de son équipe, destinés à faire progresser le mécanisme humanitaire au titre de la résolution 2720 (2023).  Il a cependant constaté que malgré le lancement de ce mécanisme, la situation humanitaire à Gaza continue de se détériorer, en particulier depuis qu’Israël a commencé ses opérations militaires à Rafah en mai.  Face à cette « tragédie », il a rappelé qu’en vertu du droit international, il incombe à Israël, Puissance occupante, et non à l’ONU ou aux ONG, de rétablir et d’assurer l’ordre public et la sécurité à Gaza.  De plus, a-t-il plaidé, toute entrave à l’acheminement de l’aide humanitaire, qu’elle soit imposée par Tsahal ou par des citoyens israéliens extrémistes, doit être supprimée et un approvisionnement suffisant en carburant à Gaza doit être assuré. 

Le délégué a également demandé à donner la priorité aux biens humanitaires sur les biens commerciaux, avant d’appeler Israël à faire davantage pour protéger les travailleurs humanitaires.  De même, a-t-il ajouté, tous les points de passage terrestres doivent être ouverts, en particulier celui de Rafah, qui, outre l’entrée de l’aide, permet aussi l’évacuation d’habitants ayant besoin de soins médicaux.  Pour garantir toutes ces exigences, un cessez-le-feu immédiat, ainsi que la libération de tous les otages, sont urgents, a conclu le représentant, selon lequel, une fois l’accord accepté par toutes les parties, la reconstruction devra commencer, suivie de négociations sur la solution des deux États. 

La représentante du Royaume-Uni a tenu à souligner au début de la présidence russe du Conseil de sécurité ce mois-ci, que tous les membres du Conseil –en particulier les membres permanents, et plus encore la présidence du Conseil- ont la responsabilité de faire respecter les principes de la Charte, « ce que la Russie échoue à faire en Ukraine ».

Elle a estimé qu’une pause négociée dans les combats conduisant à un cessez-le-feu durable est le meilleur moyen de garantir la libération des otages et de permettre une augmentation importante de l’aide humanitaire.  Il y a maintenant un accord sur la table, approuvé par ce Conseil, pour atteindre ces objectifs, a-t-elle rappelé ajoutant qu’il incombe désormais au Hamas de l’accepter. 

Elle a également demandé à Israël de respecter ses engagements d’augmenter la quantité d’aide entrant à Gaza et de faciliter l’accès humanitaire sans entrave, exigeant notamment la réouverture immédiate du point de passage de Rafah.  La distribution de l’aide à l’intérieur de Gaza doit également s’améliorer, a poursuivi la représentante en plaidant pour l’opérationnalisation rapide d’un mécanisme de déconfliction, tel que prévu par la résolution 2720 (2023).  De même, elle a appelé Israël à soutenir les exigences minimales de fonctionnement des agences de l’ONU, en approuvant les visas en temps voulu et en autorisant l’entrée de véhicules blindés et d’équipements de protection individuelle.

Le représentant de la Fédération de Russie a dit avoir pris bonne note de la déclaration de « la représentante du Royaume-Uni qui fait la leçon aux membres du Conseil de sécurité, y compris aux membres permanents, sur le respect du droit international ».  Ce sont le Royaume-Uni et ses autres partenaires occidentaux qui ont déclenché le conflit en Ukraine, a-t-il affirmé.  Alors qu’on allait y mettre fin en avril 2022, le Premier Ministre du Royaume-Uni s’était opposé aux négociations entre la Russie et l’Ukraine qui auraient permis la fin du conflit à ce moment-là et auraient sauvé d’innombrables vies de malheureux ukrainiens, a expliqué le délégué russe.  Revenant à la situation à Gaza, il a fait remarquer que l’opération militaire de Tsahal, qui dure depuis près de neuf mois, avec le soutien total de Washington dans la bande de Gaza, rend impossible toute fourniture d’aide à la population de Gaza de manière durable et adéquate.  Le mécanisme de déconfliction ne fonctionne pas, a-t-il tranché avant de recenser les 274 membres du personnel humanitaire tués, dont 197 membres du personnel de l’ONU et 193 employés de l’UNRWA, depuis le début de la crise. 

Le représentant a relevé que les principales voies d’acheminement de l’aide sont fermées. Même si elles sont ouvertes pendant une courte période « avec la bénédiction des autorités israéliennes », leurs capacités ne couvrent pas suffisamment les besoins de la population civile, a-t-il averti.  Il s’est dit préoccupé par les niveaux de réserves de carburant devant alimenter les hôpitaux de Gaza.  Toute aide fournie, même en petites quantités, est importante et peut sauver des vies ou, du moins, soulager les souffrances, a insisté le délégué en implorant les parties palestinienne et israélienne à trouver des options pour l’acheminement de l’aide humanitaire.  Le représentant a dénigré la jetée temporaire construite par les États-Unis qui, selon lui, n’a pas été à la hauteur des attentes.  « Washington devrait exiger qu’Israël assouplisse le blocus de Gaza et autorise l’importation de quantités substantielles d’aide », a-t-il conseillé indiquant que la Russie a livré plus de 500 tonnes d’aide humanitaire.  Il a aussi demandé aux membres du Conseil de faire pression sur « Israël et son allié américain » afin d’établir un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent, et de créer les conditions d’un règlement politique et diplomatique relatif au statut définitif.  Le résultat de ce processus devrait être la mise en œuvre de la solution des deux États, a-t-il plaidé. 

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