9613e séance – après-midi     
CS/15674

Conseil de sécurité: confronté à une spirale de violence « sans précédent et sans fin », Haïti demande le déploiement urgent de la mission d’appui à la sécurité

Dans un contexte d’extrême insécurité en Haïti, les autorités nationales et la Représentante spéciale du Secrétaire général pour ce pays ont réclamé de concert le déploiement « immédiat » de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) afin de freiner la spirale de violence sans précédent que traverse le pays, avec des conséquences humanitaires dévastatrices. 

« Il est impossible d’exagérer l’augmentation de l’activité des gangs à Port-au-Prince et au-delà, la détérioration de la situation des droits humains et l’aggravation de la crise humanitaire », s’est alarmée Mme María Isabel Salvador, qui est aussi la Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), en évoquant une « spirale de violence dramatique, sans précédent et sans fin » dans le pays.  Début mars, des gangs ont lancé des attaques coordonnées ciblant des infrastructures clefs de l’État, notamment des commissariats de police et deux des principales prisons de Port-au-Prince.  Les gangs lancent régulièrement des attaques ciblant le palais présidentiel, occasionnant des affrontements meurtriers avec la Police nationale d’Haïti.  Depuis le 3 mars, a-t-elle ajouté, des affrontements entre gangs autour de l’aéroport de la capitale ont contraint l’ensemble des compagnies aériennes à interrompre leurs services. 

Au cours du premier trimestre de 2024, quelque 2 500 personnes ont été tuées ou blessées du fait de la violence des gangs, a relevé la Représentante spéciale, une augmentation de 53% par rapport à la période précédente.  De violents affrontements entre les deux principales coalitions de gangs ont entraîné des massacres de civils, des pillages et des incendies de maisons.  Les attaques systématiques lancées par les gangs armés contre les infrastructures ont encore affaibli les institutions publiques, a ajouté la haute fonctionnaire.  Par conséquent, l’accès déjà limité aux services essentiels a exacerbé l’insécurité alimentaire, tandis qu’un nombre alarmant d’enfants ont été recrutés par les gangs. 

Néanmoins, a noté Mme Salvador, la Police nationale d’Haïti, soutenue par l’armée haïtienne et conseillée par le BINUH, a déployé d’immenses efforts pour contenir la spirale de violence.  Or, la gravité de la crise actuelle ne fait que souligner les lacunes structurelles du pays ainsi que le besoin urgent d’une aide internationale, notamment le déploiement immédiat de la MMAS.  La Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Mme Ghada Waly, a également noté que les deux principales fédérations de gangs, le G9 et le GPEP, ont uni leurs forces afin de mener des attaques contre les prisons de Port-au-Prince, libérant plus de 4 600 détenus, dont des chefs de gangs. 

Ces assauts, a-t-elle ajouté, rappellent une fois de plus que la puissance de feu dont disposent les gangs en Haïti a considérablement augmenté.  Mme Waly a réitéré l’importance de renforcer les capacités nationales d’Haïti en matière de réglementation des armes à feu et de contrôle frontalier, en particulier dans les ports et à la frontière avec la République dominicaine.  Devant une telle situation, la délégation haïtienne a appelé la communauté internationale à faire respecter l’embargo sur les armes décrété par la résolution 2700 (2023) du Conseil de sécurité.

La coordination croissante des bandes criminelles en Haïti pour mener des attaques simultanées contre la population, les infrastructures critiques et les institutions de l’État exige l’application urgente de tous les outils approuvés par le Conseil de sécurité pour restaurer la sécurité et la stabilité du pays, a plaidé l’Équateur.  Un avis partagé par les A3+1 qui, par la voix du Guyana, ont souhaité que les obstacles au déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité soient surmontés.  Le Japon a souligné pour sa part la nécessité d’une coordination étroite entre le Conseil présidentiel de transition et Nairobi afin d’assurer le déploiement rapide de cette force. 

Sur le plan politique, la Représentante spéciale a salué l’engagement pris lors de la réunion organisée par la Communauté des Caraïbes (CARICOM) du 11 mars dernier en faveur de la création d’un Conseil présidentiel de transition.  Selon elle, la mise en place d’un plan d’action sécuritaire à court terme, y compris le déploiement rapide de la MMAS, ainsi que l’organisation d’élections crédibles et inclusives doivent figurer au nombre de ses priorités.  Depuis cette annonce, un processus de consultation d’un mois entre les parties prenantes a mené à la désignation de sept membres votants et de deux observateurs auprès du Conseil de transition, a relevé Mme Salvador. 

Plusieurs délégations, dont le Royaume-Uni, ont salué les efforts déployés par la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour parvenir à un accord sur un nouveau gouvernement de transition fondé sur le partage du pouvoir.  Pour les États-Unis, la constitution d’un Conseil présidentiel de transition marque un pas décisif pour rétablir la sécurité et jeter les bases d’un scrutin libre ouvrant la voie au déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité. 

Constatant plutôt que le « véritable pouvoir » repose entre les mains de groupes armés, la Fédération de Russie a, au contraire, estimé que le processus politique en Haïti n’a donné aucun résultat depuis plusieurs années, et exprimé des doutes quant à la capacité du Conseil présidentiel de transition de mener à bien son mandat sur la base « d’exigences imposées à ses membres » concernant la présence de forces étrangères sur son propre territoire. 

Dans l’intervalle, la situation humanitaire continue de se détériorer, a poursuivi la Représentante spéciale, alors que près de 100 000 Haïtiens ont quitté Port-au-Prince depuis le 8 mars en quête de sécurité.  L’insécurité alimentaire reste également endémique dans tout le pays, la moitié de la population souffrant d’une grave insécurité alimentaire.  Pas moins de 4,97 millions d’Haïtiens souffrent de la faim, a indiqué Haïti, quelque 362 000 personnes étant désormais déplacées à l’intérieur du pays.  Or, à ce jour, seul 8,1% des 674 millions de dollars requis par le plan de réponse humanitaire 2024 pour Haïti a été financé.

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI S/2024/310

Déclarations

Mme MARÍA ISABEL SALVADOR, Représentante spéciale pour Haïti et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a constaté que ses appels répétés à agir de toute urgence pour éviter qu’Haïti ne s’enfonce dans la crise sont demeurés vains.  « Il est impossible d’exagérer l’augmentation de l’activité des gangs à Port-au-Prince et au-delà, la détérioration de la situation des droits humains et l’aggravation de la crise humanitaire » a-t-elle noté, en évoquant une « spirale de violence dramatique, sans précédent et sans fin » dans le pays.  Pendant ce temps, seul 8,1% des 674 millions de dollars requis par le plan de réponse humanitaire 2024 pour Haïti a été financé.

Début mars, a poursuivi la Représentante spéciale, des gangs ont lancé des attaques coordonnées ciblant des infrastructures clefs de l’État, notamment des commissariats de police et deux des principales prisons de Port-au-Prince, ainsi que des établissements d’enseignement et de santé.  Les gangs ont régulièrement lancé des attaques contre le palais présidentiel, occasionnant de violents affrontements avec la Police nationale d’Haïti.  Depuis le 3 mars, des affrontements entre gangs autour de l’aéroport de la capitale ont contraint toutes les compagnies aériennes à interrompre leurs services, a-t-elle noté, une situation qui perdure à ce jour.  Néanmoins, des travaux de sécurisation du périmètre de l’aéroport sont en cours, avec le soutien de la police nationale et des Forces armées d’Haïti, certaines compagnies aériennes ayant annoncé qu’elles reprendraient leurs vols d’ici au mois prochain. 

Au cours du premier trimestre de l’année, environ 2 500 personnes ont été tuées ou blessées du fait de la violence des gangs, une augmentation de 53% par rapport à la période précédente qui fait du premier trimestre 2024 le plus violent depuis 2022, a relevé Mme Salvador.  De violents affrontements entre les deux principales coalitions de gangs ont entraîné des massacres de civils, des pillages et des incendies de maisons.  Qui plus est, les gangs ont systématiquement ciblé les infrastructures de l’État et attaqué des juges et des policiers, ainsi que des défenseurs des droits humains et des journalistes, s’est alarmée la haute fonctionnaire, attaques qui ont encore affaibli les institutions étatiques et aggravé les défis déjà critiques au rétablissement de l’état de droit.  En conséquence, l’accès déjà limité aux services essentiels a exacerbé l’insécurité alimentaire, tandis qu’un nombre alarmant d’enfants ont été recrutés par les gangs, avec lesquels ils commettent à leur tour des actes de violence.  De plus, les femmes et les jeunes filles continuent d’être victimes de violences sexuelles.

Dans ce contexte d’extrême insécurité, la Police nationale d’Haïti, aidée par l’armée haïtienne et conseillée par le BINUH, a déployé d’immenses efforts pour contenir la spirale de violence, avec quelques opérations réussies. Néanmoins, a poursuivi Mme Salvador, la gravité de la crise actuelle souligne les lacunes des structures nationales et le besoin urgent d’une aide internationale, notamment par le biais du déploiement immédiat de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS).  L’augmentation « spectaculaire » de la violence à Port-au-Prince a également contraint l’ONU et des organisations internationales à ajuster leur présence dans la capitale.

Toutefois, la Représentante spéciale a salué l’engagement pris lors de la réunion organisée par la Communauté des Caraïbes (CARICOM) du 11 mars dernier en faveur de la création d’un Conseil présidentiel de transition afin d’ouvrir la voie à la stabilité démocratique.  Selon elle, ses priorités devraient inclure un plan d’action pour la sécurité à court terme, y compris le déploiement rapide du MMAS, et l’organisation d’élections crédibles et inclusives.  Elle a reconnu à cet égard l’engagement du Premier Ministre Henry qui a démissionné à la suite de l’installation du Conseil présidentiel de transition, ouvrant ainsi la voie à la nomination d’un nouveau premier ministre et d’un nouveau gouvernement par intérim.  Depuis cette annonce, un processus de consultation d’un mois entre les parties prenantes a abouti à la désignation de sept membres votants et de deux observateurs auprès du Conseil de transition, a expliqué Mme Salvador. Le mandat non renouvelable du Conseil prendra fin le 7 février 2026, date à laquelle un nouveau président doit être investi.  Parallèlement, un comité de sécurité nationale et un conseil électoral provisoire doivent être établis.  La haute fonctionnaire a salué la publication, les 12 et 16 avril, des décrets exécutifs portant création du Conseil présidentiel de transition. 

Dans l’intervalle, la situation humanitaire continue de se détériorer, a poursuivi la Représentante spéciale, alors que près de 100 000 Haïtiens ont quitté Port-au-Prince depuis le 8 mars en quête de sécurité.  L’insécurité alimentaire reste également endémique dans tout le pays, la moitié de la population souffrant d’une grave insécurité alimentaire. 

Mme GHADA WALY, Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a constaté que, depuis sa dernière intervention devant le Conseil en janvier, la situation en Haïti s’est encore aggravée, entraînant des troubles sécuritaires et humanitaires.  La violence de gangs, rendue possible par l’afflux continu d’armes à feu en Haïti et soutenue par la corruption, a augmenté en fréquence et en intensité, et elle s’étend géographiquement, a-t-elle observé, ajoutant que les déplacements croissants et les situations d’extrême vulnérabilité font croître les risques de trafic de migrants et de traite des êtres humains.  Faisant état d’une collusion inquiétante entre différents gangs, la haute fonctionnaire a indiqué qu’hier encore, des attaques simultanées ont eu lieu dans plusieurs endroits de Port-au-Prince.  Elle a noté que la dernière vague de violence a été marquée par des combats entre gangs, mais aussi par des signes de collaboration entre certains groupes pour mener des attaques.  Celles qui ont visé des infrastructures clefs en mars ont ainsi vu les deux principales fédérations de gangs, le G9 et le GPEP, unir leurs forces, a-t-elle signalé, évoquant aussi les attaques contre les prisons de Port-au-Prince, qui ont permis de libérer plus de 4 600 détenus, dont des chefs de gangs et des individus soupçonnés d’être impliqués dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse. 

Pour Mme Waly, les attaques de gangs contre des infrastructures clefs rappelle une fois de plus que la puissance de feu dont disposent les gangs en Haïti a considérablement augmenté.  Énumérant les différentes armes dont disposent ces gangs, elle a dénoncé un trafic largement dirigé depuis l’étranger.  Selon les informations du Ministère américain de la justice, a-t-elle rapporté, un ancien chef du gang des 400 Mawozo, M. Joly Germine, conduisait les opérations de trafic depuis sa cellule de prison.  Il décidait de transferts de fonds à des associés en Floride, qui achetaient les armes auprès d’armureries, principalement des armes automatiques et de gros calibre, avant de les introduire clandestinement en Haïti dans des conteneurs prétendument chargés de nourriture et d’articles ménagers.  La haute fonctionnaire a indiqué que l’ONUDC a cartographié les routes par lesquelles la contrebande circule vers le nord, l’est et l’ouest d’Haïti.  Dans le dernier rapport, a-t-elle précisé, nous examinons les activités illégales dans le sud du pays, qui constitue une zone de préoccupation croissante en matière de trafic de drogue et d’armes à feu, en particulier si l’on considère l’espace aérien mal surveillé et le littoral incontrôlé. 

Selon la Directrice exécutive de l’ONUDC, les départements du sud sont devenus des points d’entrée critiques pour la cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et le cannabis arrivant des Caraïbes.  Les armes à feu et les munitions entrent également par la côte sud et sont transportées directement vers Port-au-Prince par des itinéraires qui seraient contrôlés par des gangs affiliés à la fédération GPEP, a-t-elle expliqué, relevant que d’éminentes personnalités politiques et économiques sont soupçonnées d’être impliquées dans ces marchés criminels.  Elle a ajouté que, depuis l’entrée en vigueur de la loi anticorruption en 2014, l’unité chargée de ce fléau a signalé des dizaines de cas de délits financiers impliquant des contrats gouvernementaux et des fonds publics.  Cette unité a aussi observé que les produits du crime sont blanchis par le secteur privé, notamment dans le secteur pétrolier et gazier.  En outre, les gangs se livrent à des enlèvements contre rançon, ainsi qu’à une taxation informelle de l’utilisation des infrastructures critiques qu’ils contrôlent, a-t-elle indiqué, déplorant que très peu de condamnations aient été prononcées dans des affaires de corruption et de crime organisé. 

Face à cette détérioration générale, Mme Waly a réitéré l’importance de renforcer les capacités nationales d’Haïti en matière de réglementation des armes à feu, ainsi que les capacités frontalières et douanières, en particulier dans les ports et à la frontière entre Haïti et la République dominicaine. Il importe également d’améliorer les cadres anticorruption et les capacités d’enquête, a-t-elle souligné, assurant que l’ONUDC continue d’être présent et actif en Haïti, où il travaille en coopération avec le BINUH pour fournir une assistance sur le terrain. Saluant les vaillants efforts des forces de l’ordre haïtiennes, elle a prévenu qu’en l’absence de déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité mandatée par le Conseil, parallèlement à une solution politique à long terme, la situation restera extrêmement difficile.  Si la formation récente du Conseil présidentiel de transition est une étape bienvenue, rendue possible grâce à la CARICOM, les obstacles restent de taille, a-t-elle conclu, appelant la communauté internationale à rester aux côtés des institutions et des citoyens haïtiens pour faire face à la violence, à la corruption et au chaos. 

La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme CATHERINE RUSSELL, a dit s’exprimer également en tant qu’avocate principale pour la situation humanitaire en Haïti, au nom du Comité permanent interinstitutions.  Elle a relevé que 5 millions et demi de personnes, dont 3 millions d’enfants, soit deux enfants sur trois en Haïti, ont besoin d’une aide humanitaire. Dans de nombreuses régions, les services essentiels se sont effondrés, alors que les gens perdent l’accès à la nourriture et à l’eau potable.  Dans certaines communautés, la vie est plus dangereuse aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été auparavant.  La crise en Haïti est au fond une crise de protection, a-t-elle dit, soulignant que des années de troubles politiques et de conditions économiques dévastatrices ont conduit à la prolifération des gangs armés.  Aujourd’hui, l’on estime que 2,7 millions de personnes, dont 1,6 million de femmes et d’enfants, vivent dans des zones contrôlées par ces gangs.  Chaque jour, des enfants sont blessés ou tués, quand ils ne rejoignent pas, par pur désespoir, les gangs armés.  Les données récentes de l’UNICEF indiquent qu’entre 30 et 50% des gangs en Haïti comptent des enfants dans leurs rangs. 

Dans le même temps, les femmes et les filles continuent d’être la cible d’une violence sexuelle et fondée sur le sexe qui a atteint un niveau extrême. L’année dernière, des milliers de cas de violence sexuelle ont été signalés, dont beaucoup ont été commis contre des enfants.  Le nombre réel de cas est probablement beaucoup plus élevé, a avoué la Directrice exécutive.  Depuis le début de l’année, plus de 2 500 personnes ont été tuées, blessées ou kidnappées, et plus de 180 000 enfants sont désormais déplacés. Les gangs armés ont également bloqué les principales voies de transport depuis Port-au-Prince vers le reste du pays, détruisant les moyens de subsistance et restreignant l’accès aux services de base.  À mesure que ces gangs gagnent des territoires, les quartiers installent des barricades et des équipes d’autodéfense pour se défendre. 

Environ 1,64 million de personnes sont confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë, ce qui augmente le risque de malnutrition chez les enfants.  L’insécurité à Port-au-Prince a rendu pratiquement impossible la fourniture de soins de santé et de produits nutritionnels.  La route de Martissant, seul corridor humanitaire de Port-au-Prince vers les régions du sud, reste bloquée, menaçant de malnutrition environ 15 000 enfants.  Pire encore, le choléra est réapparu, avec plus de 80 000 cas, plongeant encore davantage le pays dans la crise et l’incertitude.

La violence compromet également le travail des organisations humanitaires sur le terrain, a indiqué Mme Russell.  Elle a appelé à plus de soutien, rappelant que les besoins humanitaires pour 2024 nécessitent la somme de 674 millions de dollars pour aider 3,6 millions de personnes.  Or, ce plan n’est financé qu’à hauteur de 8%.  La Directrice exécutive a appelé le Conseil de sécurité à obtenir des parties le respect du droit international et la protection des gens dans le besoin. En cas de déploiement de la Mission multinationale, elle a souhaité que les pays contributeurs de forces de police prennent toutes les mesures nécessaires pour mener des enquêtes sur les allégations d’exploitation et d’abus sexuel.  De même, tous les enfants associés aux gangs armés doivent être traités d’abord et avant tout comme des victimes et remis en toute sécurité aux acteurs de la protection de l’enfance.  La communauté internationale doit également donner la priorité à une coopération active avec les partenaires haïtiens, y compris la société civile, les parties prenantes et dirigeants communautaires.

Le représentant des États-Unis a salué le travail des équipes des Nations Unies en Haïti, ainsi que les progrès engrangés depuis la dernière réunion notamment dans la lutte contre les gangs.  Il s’est félicité de l’annonce de la constitution d’un Conseil présidentiel de transition, qui marque un pas pour rétablir la sécurité et résoudre la crise jetant les bases d’un scrutin libre et ouvrant la voie au déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité.  Le représentant s’est inquiété de l’insécurité alimentaire et de l’environnement sécuritaire en Haïti, avant de souligner que le peuple haïtien a aussi besoin d’une situation politique plus stable.  Pour la délégation américaine, le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité pourrait œuvrer en ce sens et permettrait d’épauler l’action de la police nationale contre les gangs.  Elle pourra également contribuer à réunir les conditions pour l’organisation d’un scrutin libre et transparent selon le représentant. Mais pour que cette mission soit couronnée de succès, elle a besoin du soutien de la communauté internationale à la fois financier et en nature, a-t-il insisté, en exhortant les États Membres à s’engager en ce sens, à soutenir les partenaires, comme la CARICOM, et à renouveler le mandat du BINUH.

Le représentant de l’Équateur a estimé que la coordination croissante des bandes criminelles en Haïti pour mener des attaques simultanées contre la population, les infrastructures critiques et les institutions de l’État exige l’application urgente de tous les outils approuvés par le Conseil de sécurité pour restaurer la sécurité et la stabilité du pays.  Le déploiement rapide de la mission multinationale de soutien à la sécurité autorisée par la résolution 2699 (2023) est donc aujourd’hui nécessaire, avec l’appui de la communauté internationale, tant en termes de contribution au fonds d’affectation spéciale que de personnel. Il s’agit selon lui de la première étape pour renforcer les institutions haïtiennes et rétablir la gouvernance du pays. De même, a continué le délégué, il est essentiel d’actualiser la liste des sanctions et d’adopter des mesures afin d’empêcher le transfert d’armes entre les mains d’acteurs non autorisés, conformément à l’embargo territorial sur les armes. 

Afin de parvenir à des réponses coordonnées et rapides pour restaurer l’état de droit en Haïti, le représentant a jugé crucial que le dialogue politique entre les acteurs haïtiens se poursuive.  De plus, les institutions haïtiennes doivent être soutenues pour enquêter sur des crimes tels que les meurtres de masse, les enlèvements, le recrutement d’enfants et les violences sexuelles.  À cet égard, le représentant a souligné l’importance de renforcer le système judiciaire et les capacités des forces de sécurité haïtiennes pour faire en sorte que les responsables soient traduits en justice.  Le délégué s’est par ailleurs félicité de l’adoption du décret des 12 et 16 avril créant le Conseil présidentiel de transition, tout en notant que les bons offices de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) seront essentiels à la poursuite du dialogue.  « Aujourd’hui plus que jamais, la communauté internationale doit redoubler son soutien et sa solidarité envers Haïti de manière coordonnée et soutenue », a-t-il conclu.

Le représentant de la Slovénie a condamné fermement les attaques coordonnées des gangs contre les institutions étatiques et les infrastructures cruciales. Il a salué les efforts louables de la Police nationale d’Haïti qui, malgré des défis importants, a persisté dans la protection des emplacements critiques et stratégiques, y compris l’aéroport international.  Il a appelé au déploiement rapide de la Mission multinationale de soutien à la sécurité.  Il a aussi appelé au renforcement du secteur de la justice pénale haïtienne, notamment le système pénitentiaire, afin de garantir que les responsables de violations graves des droits humains soient tenus responsables. 

Dans le même temps, la mise en œuvre effective de l’embargo sur les armes, visant à endiguer le flux illicite d’armes et de munitions, est impératif pour le succès des efforts de la Police, a fait valoir le délégué qui a ensuite pris note de la récente création formelle du Conseil présidentiel de transition et de la nomination de ses membres, dont il a encouragé la mise en œuvre rapide.  Il a appelé à garantir la représentation des femmes haïtiennes dans les arrangements de gouvernance de transition et leur participation active au dialogue politique en cours.  Le représentant a en outre condamné avec la plus grande fermeté les violences sexuelles et sexistes qui touchent les femmes et les filles.  L’accès humanitaire doit être sans entrave et durable, et le personnel humanitaire doit œuvrer en toute sécurité, a-t-il ajouté.

La représentante du Guyana, au nom des A3+1(Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), a dit son inquiétude en ce qui concerne la situation sécuritaire critique en Haïti.  Les récents incidents montrent la nécessité de déployer la Mission multinationale d’appui à la sécurité et d’appuyer la Police nationale d’Haïti, a-t-elle déclaré. Elle a espéré que les obstacles au déploiement de la mission précitée seront surmontés, en vue de permettre au Kenya de s’acquitter de ses engagements et de prendre la direction de ces efforts internationaux.

De plus, la représentante a plaidé pour une solution politique, placée sous le contrôle des Haïtiens.  Elle a souligné la détérioration de la situation humanitaire et s’est inquiétée que le plan de réponse humanitaire ne soit financé qu’à hauteur de 7%.  Enfin, la déléguée a encouragé les États Membres à lutter contre la prolifération illicite d’armes dans le pays, avant de se dire en faveur de l’élargissement du régime de sanctions.

Le délégué du Japon a salué la promulgation du décret portant création du Conseil présidentiel de transition, une étape majeure pour Haïti. Maintenant, a-t-il souligné, les parties prenantes ont la responsabilité de s’engager pour des arrangements de transition rapides, y compris la mise en place d’un Conseil électoral provisoire. Il a appelé à la coordination étroite des efforts entre le Conseil présidentiel de transition et le Kenya pour le déploiement rapide de la force de soutien multinationale, qui va appuyer le travail de la Police nationale haïtienne.  Dans le même temps, un soutien financier et logistique en temps opportun de la communauté internationale est nécessaire, a-t-il souligné. Le représentant a enfin encouragé les Haïtiens à poursuivre les efforts en vue d’une sortie de crise, y compris par un dialogue politique inclusif visant à organiser des élections, lesquelles permettraient de restaurer les institutions démocratiques et l’état de droit.

Le représentant de la Fédération de Russie a évoqué « deux réalités parallèles » qui se développent en Haïti, l’une faite de querelles politiques sans fin pour parvenir à un accord à l’intérieur de paramètres décidés par des acteurs externes; l’autre constituée du quotidien « terrifiant » des Haïtiens ordinaires, déjà habitués à survivre en l’absence du pouvoir de l’État et des services de base qu’il devrait fournir. Aujourd’hui, a-t-il noté, le véritable pouvoir est entre les mains de groupes armés qui contrôlent des régions entières du pays.  Force est d’admettre que le processus politique n’a donné aucun résultat depuis plusieurs années et que l’administration actuelle s’est « complètement discréditée », notamment par son incapacité à enquêter sur l’assassinat du Président Moïse, commis il y a trois ans « avec une ingérence étrangère directe ».  Pour les Haïtiens lassés d’attendre le changement, le Conseil de sécurité semble selon lui « impuissant et inutile ».  « La réalité est également que la communauté internationale et le Conseil n’ont pas jusqu’à présent donné la priorité aux intérêts du peuple haïtien », a poursuivi le représentant.  Il a également exprimé des doutes quant à la capacité du Conseil de transition haïtien de mener à bien son mandat, sur la base « d’exigences imposées à ses membres » s’agissant de la présence de forces étrangères dans son propre État. 

Selon le délégué, la formation de structures de pouvoir de transition en Haïti doit se faire avec la participation directe de toutes les parties haïtiennes, sans aucune ingérence extérieure.  D’ailleurs, a-t-il ajouté, Haïti n’a jamais pu se libérer de cette ingérence qui lui a déjà coûté des milliers de vies et des milliards de dollars, par exemple pour payer les « honteuses réparations » exigées par la France pour son indépendance.  Le représentant a considéré que la perspective de mettre en œuvre la décision « précipitée » du Conseil d’envoyer une mission multinationale de sécurité sur l’île reste « vague ». Il est clair à ses yeux que la crise multidimensionnelle que traverse le pays ne comporte pas de solutions simples. 

Le représentant du Royaume-Uni a rendu hommage à l’ONU, en particulier pour avoir mis en place un pont aérien et facilité ainsi l’acheminement des fournitures et du personnel humanitaires.  Il a salué le courage de la Police nationale d’Haïti, avant de souligner que l’on ne saurait laisser les gangs armés prendre le pays en otage et commettre des actes d’une violence effroyable contre la population.  Le délégué a exhorté tous ceux qui ont de l’influence sur ces gangs à les maîtriser maintenant.  Il a également suggéré de recourir au régime de sanctions pour changer le comportement de ceux qui déstabilisent Haïti.  Nous continuerons à travailler avec tous les membres du Conseil à cette fin, a promis le représentant.  Partant du principe qu’une solution politique reste essentielle pour résoudre cette crise, il a salué les efforts déployés par la CARICOM pour parvenir à un accord sur un nouveau gouvernement de transition fondé sur le partage du pouvoir.  Il est essentiel que ce gouvernement de transition soit formé dès que possible pour organiser des élections législatives et présidentielle inclusives, libres et équitables.  En dernier lieu, le représentant a assuré que le Royaume-Uni continuera de soutenir le déploiement rapide de la Mission multinationale d’appui à la sécurité et qu’il s’est engagé à verser plus de 6 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies.

Le représentant de la République de Corée a salué le décret du 12 avril portant création du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, y voyant là une étape préliminaire importante vers la finalisation du processus politique.  Il a encouragé toutes les parties prenantes à accélérer la nomination du premier ministre par intérim afin d’ouvrir la voie à l’élection libre et équitable du prochain président.  Il a par ailleurs souligné l’importance du rôle de la CARICOM et du BINUH dans la facilitation du processus dirigé par Haïti et a souhaité que cette assistance se poursuive.  Le délégué a ensuite appelé à la cessation immédiate de la violence des gangs et de tous les actes criminels alimentés par le flux illicite d’armes et de munitions. Il a d’ailleurs exhorté les États à prendre les mesures nécessaires pour appliquer l’embargo sur les armes. 

Il a également réitéré l’appel de son pays en faveur du déploiement rapide de la mission multinationale, comme l’a demandé Haïti et comme l’a autorisé le Conseil de sécurité dans sa résolution 2699 (2023).  Il a souhaité que la création du Conseil présidentiel de transition serve de catalyseur pour ce déploiement dont a grandement besoin la Police nationale d’Haïti (PNH).  Le représentant a enfin estimé que l’impact disproportionné de la violence des gangs sur les femmes et les enfants nécessite une attention accrue aux populations les plus vulnérables. 

La représentante de la France a salué la résistance de la Police nationale d’Haïti face à la violence, même si elle est éprouvée par les événements récents et manque cruellement d’effectifs et d’équipements.  Le déploiement rapide de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) est indispensable, a-t-elle assuré, avant de saluer l’engagement du Kenya à cet égard, ainsi que les contributions financières et en personnels annoncées par plusieurs États Membres.  La France prend sa part en contribuant au fonds dédié des Nations Unies et en finançant des formations linguistiques en français et en créole aux policiers qui seront déployés, a-t-elle relevé.  Elle a également mentionné le soutien bilatéral de la France à la Police nationale d’Haïti, à hauteur d’un million d’euros en 2023, un effort qui sera renouvelé en 2024. 

La déléguée a salué la publication du décret établissant le Conseil présidentiel de transition, le 12 avril 2024, et l’arrêté de nomination de ses membres le 16 avril.  Il faut rapidement désigner un président coordinateur du conseil, puis nommer un nouveau premier ministre, a-t-elle plaidé.  Les sanctions individuelles doivent contribuer à endiguer l’action de ceux qui déstabilisent le pays et participent à des trafics illicites, a avancé la représentante, et pour cela, il faut étendre ces sanctions aux acteurs qui financent les gangs ou soutiennent leurs objectifs.  Dans l’immédiat, elle a appelé au rétablissement de l’accès humanitaire afin de pallier les manquements dans les domaines de la nutrition, l’eau et l’assainissement, la santé, l’éducation et la protection. 

Le représentant de la Chine a demandé une accélération du processus politique en Haïti, en saluant les progrès enregistrés dernièrement.  Les partenaires extérieurs doivent rester impartiaux, a martelé le délégué qui s’est félicité des efforts de la CARICOM. Il a souligné la gravité de la situation humanitaire et plaidé pour des efforts accrus.  Il a en outre espéré que les modalités de déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité seront acceptées par la population haïtienne. Notant que de nombreuses armes qui circulent dans le pays proviennent des États-Unis, il a exhorté les États Membres à renforcer le contrôle de leurs exportations.  Enfin, il a apporté le soutien de la Chine au BINUH.

La représentante de la Suisse a salué la récente formation du Conseil présidentiel de transition ainsi que le rôle de facilitateur joué par la CARICOM dans ce cadre.  Compte tenu de l’importance de la phase de transition politique ouverte par ces mesures encourageantes, il est essentiel qu’elles soient mises en œuvre rapidement, de manière inclusive, sans créer de vide politique susceptible de perturber davantage la situation sécuritaire, a-t-elle recommandé.  La déléguée a appelé à accroître de manière significative l’aide humanitaire pour répondre aux besoins de la population haïtienne, alors que près de la moitié, notamment les enfants, souffre d’insécurité alimentaire. Et la crise humanitaire pourrait encore s’aggraver avec le début de la saison des ouragans et des tempêtes tropicales en juin. 

Le mécanisme de surveillance des droits humains du BINUH, ainsi que ses activités dans le domaine de la réduction de la violence communautaire et du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration sont à saluer, a poursuivi la déléguée.  Elle a appelé le Bureau à continuer à œuvrer de concert avec les autorités haïtiennes au rétablissement d’un système judiciaire et pénitentiaire garant de l’état de droit.  Elle a appelé la communauté internationale à recourir à tous les moyens disponibles pour soutenir la Police nationale d’Haïti, avant de plaider pour le déploiement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité qui a été autorisée par le Conseil de sécurité depuis des mois.

La représentante de Malte s’est dite préoccupée par la détérioration rapide de la situation sécuritaire en Haïti qui a entraîné une hausse des violations des droits humains et des besoins humanitaires.  Sur le plan politique, elle a salué de la mise en place du Conseil présidentiel de transition et demandé à toutes les parties prenantes haïtiennes de continuer à progresser dans la mise en place de dispositifs de gouvernance transitoire.  Malte insiste sur l’importance de la représentation des femmes sur un pied d’égalité, de manière significative et en toute sécurité, a-t-elle précisé.  Saluant le rôle de la CARICOM pour faciliter les efforts visant à sortir de l’impasse, la déléguée a réaffirmé le soutien de son gouvernement à un processus politique dirigé et contrôlé par les Haïtiens eux-mêmes, ce qui passe par la tenue d’élections libres, équitables et ouvertes à tous, lorsque les conditions de sécurité seront réunies. 

Estimant que les volets politique et sécuritaire progressent en parallèle, elle a insisté sur l’impératif du déploiement rapide de la Mission multinationale d’appui à la sécurité afin de soutenir la police nationale haïtienne, avant d’encourager les États Membres à doter le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies. Cette mission doit agir selon les normes de conduite et de discipline les plus strictes, a-t-elle insisté, sur la base de protocoles clairs en matière de droits humains, et sous un contrôle efficace.  Elle a demandé que le Conseil mette à jour la liste des personnes et entités désignées par les sanctions, en particulier celles qui soutiennent ou financent les activités des gangs, et qu’il veille à la mise en œuvre complète de l’embargo sur les armes pour endiguer le flux illicite d’armes, qui est essentielle. Haïti a besoin de toute urgence de la solidarité et du soutien de la communauté internationale pour relever les défis politiques, sécuritaires et humanitaires, a-t-elle conclu, et les institutions démocratiques et l’état de droit doivent y être rétablis pour mettre fin au cycle de la violence et instaurer une paix durable.

Le représentant d’Haïti a convenu de la dégradation continue de la situation sécuritaire de son pays, laquelle exacerbe la crise humanitaire. Citant les chiffres du rapport du BINUH, il a relevé qu’au moins 2 505 personnes ont été tuées ou blessées au premier trimestre de cette année à la suite de violences liées aux gangs, soit une augmentation de plus de 53% par rapport au trimestre précédent, et que 438 personnes ont été enlevées contre rançon.  Il a ajouté qu’à la fin du mois de février, des gangs ont mené des attaques coordonnées d’envergure contre des institutions publiques et des infrastructures stratégiques de la capitale, saccageant 22 commissariats et autres bâtiments de police et tuant ou blessant 19 policiers.  Pendant cette période, a-t-il précisé, le département de l’Artibonite a continué d’être fortement touché par la violence, tandis que l’aéroport international de Port-au-Prince est resté fermé, à la suite d’attaques menées par ces groupes armés. Le délégué a reconnu que les forces de l’ordre haïtiennes ne disposent pas des ressources humaines et matérielles adéquates pour rétablir la sécurité, d’autant plus qu’elles font aussi l’objet d’attaques et d’enlèvements.  Cette semaine, a-t-il ajouté, les gangs ont commencé à s’en prendre au commerce maritime en attaquant des bateaux qui transportaient des marchandises dans les autres départements du pays. 

Parallèlement, la situation humanitaire continue de se dégrader, a constaté le représentant.  Ainsi, pas moins de 4,97 millions d’Haïtiens souffrent de la faim et ont besoin d’une forme d’assistance alimentaire.  En outre, on estime que 362 000 personnes sont désormais déplacées à l’intérieur du pays et ont des difficultés à se nourrir.  Selon lui, les enfants sont particulièrement touchés, avec une augmentation de 19% de ceux qui souffrent de malnutrition aiguë sévère en 2024.  Du fait des pillages perpétrés par les gangs, on assiste également à une pénurie de médicaments et de fournitures médicales dans le pays, principalement dans la capitale, a-t-il ajouté, avant de saluer les efforts déployés par les institutions onusiennes pour aider les hôpitaux à faire face à cette situation. 

Au regard de l’augmentation des activités violentes, le délégué a constaté que les gangs continuent à trouver des armes illégalement.  Face à cette situation, il a appelé la communauté internationale à faire respecter l’embargo sur les armes décrété par la résolution 2700 (2023) du Conseil de sécurité.  Après s’être félicité de l’appel lancé par les ministres des affaires étrangères du G7 dans leur déclaration du 19 avril qui encourage le renforcement du soutien humanitaire à la population haïtienne, il a estimé que le déploiement de la Mission d’appui à la sécurité ne peut plus attendre.  Ce soutien apporté à la Police nationale d’Haïti (PNH) permettra de combattre des gangs lourdement armés et de restaurer un climat sécuritaire, a-t-il assuré.  Malgré ce contexte difficile, il a fait état de « signes d’espoir », facilités par la CARICOM, notamment la publication d’un décret établissant le Conseil présidentiel, composé de sept membres avec droit de vote et de deux membres observateurs.  Après l’installation du Conseil présidentiel cette semaine, suivront la nomination d’un premier ministre et d’un gouvernement de transition, a-t-il indiqué. 

M. ROBERTO ÁLVAREZ GIL, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a noté avec satisfaction la récente formation du Conseil présidentiel de transition en Haïti.  Ce développement suggère que la situation commence à évoluer favorablement après des semaines d’incertitude.  Il a appuyé le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, avant d’exhorter les dirigeants à se montrer à la hauteur des défis considérables auquel Haïti est confronté.  Cela fait presque deux ans que ce Conseil a adopté, en octobre 2022, la résolution 2653 (2022) établissant un régime de sanctions à l’encontre des principaux responsables du financement de la violence et du chaos en Haïti, a rappelé le Ministre.  Il a néanmoins jugé inconcevable qu’à ce jour, le Conseil n’ait sanctionné que quatre criminels connus, sans identifier et sanctionner aucun des véritables responsables de la violence généralisée en Haïti.  Si le régime de sanctions n’est pas rigoureusement appliqué, le processus politique pourrait dérailler, a-t-il prévenu. Enfin, le Ministre a déclaré que l’insécurité a obligé son pays à prendre des mesures de lutte contre le trafic d’armes, très coûteuses sur plan budgétaire.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.