9596E SÉANCE - MATIN
CS/15653

Le Conseil de sécurité fait le point sur la situation humanitaire à Gaza suite au meurtre de sept travailleurs de World Central Kitchen

Le Conseil de sécurité s’est réuni, ce matin, pour faire le point sur la situation humanitaire à Gaza suite à « l’attaque tragique » qui a tué sept travailleurs humanitaires de la World Central Kitchen, le 1er avril.  Commentant cet « incident qui n’est pas isolé », selon les États-Unis, le Directeur de la Division de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a appelé les États Membres à conditionner leurs exportations d’armes au respect des règles de la guerre et à coopérer dans la lutte contre l’impunité.  Plusieurs délégations ont demandé en outre l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur « cette tragédie ». 

Selon M. Ramesh Rajasingham, la World Central Kitchen avait informé l’armée israélienne du mouvement de son convoi.  Ces sept victimes rejoignent dans l’au-delà plus de 220 travailleurs humanitaires dont 179 membres du personnel de l’ONU, a-t-il signalé.  « C’est le plus grand nombre de victimes humanitaires des temps modernes », a déploré la Présidente de Save The Children US qui a alerté en outre que 350 000 enfants âgés de moins de 5 ans risquent de mourir de faim dans une famine « provoquée par l’homme ». 

« Si toutes les parties au conflit continuent de violer de manière flagrante l’état de guerre et le droit international humanitaire, avec une responsabilité zéro, et que des nations puissantes continuent de refuser d’utiliser les leviers d’influence à leur disposition, alors la prochaine série de morts massives d’enfants gazaouites ne sera pas causée par des balles et des bombes, mais par la famine et la malnutrition », a prévenu Mme Janti Soeripto. 

Détaillant la situation sur le terrain, le Directeur de la Division de la coordination a alerté que dans toute la bande de Gaza, la nourriture et l’eau potable se font de plus en plus rares.  La semaine dernière, l’ONU et ses partenaires ont fourni une aide alimentaire pour 550 000 personnes par jour, mais cette aide est insuffisante, et le principal obstacle lié à notre capacité à la distribuer à Gaza, en particulier dans le nord, où l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) n’est pas autorisé à opérer, a signalé M. Rajasingham.  Si l’on veut éviter la famine et faire face à la situation humanitaire catastrophique à Gaza, l’UNRWA et toutes les organisations humanitaires impartiales doivent avoir un accès sûr, rapide et sans entrave à tous les civils dans le besoin.  Il n’y a pas de substitut aux services fournis par l’UNRWA, a-t-il insisté. 

La Cour internationale de Justice a ordonné à la Puissance occupante d’alléger les souffrances des Palestiniens, mais celle-ci n’a pas obtempéré et elle refuse également d’appliquer la résolution 2728 (2024) demandant un cessez-le-feu immédiat, a noté l’Algérie qui, avec Malte et la Slovénie, a demandé la tenue de cette réunion. La Slovénie a enjoint à Israël de se conformer pleinement aux mesures provisoires de la Cour des 26 janvier et 28 mars.  Malte a souligné une fois de plus la nécessité urgente d’un cessez-le-feu immédiat et permanent, notant en outre que le recours à la famine comme arme de guerre peut constituer un crime de guerre.  La délégation a également exhorté Israël à permettre que toutes les routes et points de passage disponibles vers et à travers la bande de Gaza puissent être empruntés. 

Le Royaume-Uni, l’Australie et la Pologne, dont des ressortissants ont été tués le 1er avril par la frappe israélienne, ont souligné que les travailleurs humanitaires ne doivent jamais être pris pour cibles, la représentante britannique exhortant en outre Israël à mettre en place immédiatement un mécanisme de déconfliction efficace.  Il faut également permettre l’acheminement de l’aide à Gaza et apporter des changements immédiats dans la campagne militaire afin de protéger les civils. 

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a regretté pour sa part qu’il ait fallu le meurtre d’étrangers pour que certains reconnaissent le sort réservé aux Palestiniens depuis 180 jours.  Personne ne devrait armer ou protéger ceux qui commettent des atrocités, a-t-il exigé se disant « scandalisé » du limogeage de deux officiers supérieurs israéliens à la suite de la tragédie du 1er avril.  C’est donc ça la punition pour avoir commis des crimes de guerre?  Qui sera tenu responsable des dizaines de milliers de civils palestiniens tués? s’est-il emporté. 

« Peiné » par la tragédie qui a coûté la vie aux sept travailleurs de World Central Kitchen à Gaza, le délégué israélien a affirmé que les forces israéliennes respectent à la lettre le droit de la guerre et ne ciblent jamais des civils ni des travailleurs humanitaires.  Les résultats de l’enquête sur cet incident montrent selon lui qu’il s’agit d’une erreur d’identification, pour laquelle deux responsables ont été licenciés.  S’agissant de l’acheminement de l’aide humanitaire, il a fait savoir qu’Israël a facilité l’entrée de 19 000 camions et qu’aucune limite n’est imposée au montant de l’aide qui entre à Gaza.  Les problèmes d’acheminement s’expliquent par le pillage du Hamas et l’incapacité de l’ONU à gérer les livraisons, a pointé le délégué. 

Les États-Unis ont toutefois estimé qu’Israël « n’en a pas fait assez » pour protéger les travailleurs humanitaires et les civils.  Israël doit annoncer et mettre en œuvre une série de mesures concrètes et mesurables pour répondre aux problèmes des civils touchés, des souffrances humanitaires et de la sécurité des travailleurs humanitaires, a martelé le représentant qui a prévenu que « la politique des États-Unis concernant Gaza sera déterminée par la réaction immédiate d’Israël sur l’ensemble de ces points ».

Alors que la famine se dessine à Gaza, la délégation américaine a également estimé que les restrictions imposées à l’UNRWA sont inacceptables, invitant par ailleurs à ne pas ignorer que les actions du Hamas mettent également en péril les travailleurs humanitaires. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. RAMESH RAJASINGHAM, Directeur de la Division de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a signalé que le conflit à Gaza aura duré six mois ce dimanche.  Citant les chiffres du Ministère de la santé de Gaza, il a indiqué que plus de 32 000 personnes ont été tuées et plus de 75 000 ont été blessées dont deux tiers sont des femmes et des enfants.  Quelque 17 000 enfants sont aujourd’hui non accompagnés ou séparés de leur famille et 1,7 million de personnes, soit 75% de la population, ont été déplacées de force.  Comme la population ne bénéficie pas de protection contre les dangers d’un conflit armé, elle doit être autorisée à la chercher ailleurs, a plaidé le haut fonctionnaire. 

Touchant mot du meurtre des sept travailleurs humanitaires de la World Central Kitchen, M. Rajasingham a indiqué que cette organisation avait informé l’armée israélienne du mouvement de ses employés.  Cette attaque tragique n’était pas un incident isolé dans ce conflit.  Ces sept victimes rejoignent dans l’au-delà plus de 220 travailleurs humanitaires dont 179 membres du personnel de l’ONU, a-t-il déploré.  Les allégations de violations graves du droit international humanitaire doivent faire l’objet d’une enquête et les suspects doivent être poursuivis.  Il a également appelé les États Membres à exercer des pressions diplomatiques et économiques; à conditionner leurs exportations d’armes au respect des règles de la guerre et à coopérer dans la lutte contre l’impunité. 

La tragédie du 1er avril était une tragédie pour la population de Gaza, a-t-il poursuivi.  World Central Kitchen et l’ONG « ANERA » ont suspendu leurs opérations au milieu d’une crise d’insécurité alimentaire sans précédent.  Et dans toute la bande de Gaza, la nourriture et l’eau potable se font de plus en plus rares.  Dans le nord, l’UNICEF signale qu’un enfant sur six souffre de malnutrition aiguë et que 3% d’entre eux nécessitent un traitement immédiat.  Cette situation exige une action concertée « maintenant », a-t-il insisté.  Toute tergiversation est indéfendable.  Il a indiqué qu’en dépit des dangers, les travailleurs humanitaires continuent la distribution de nourriture, d’eau, d’articles médicaux, d’articles non alimentaires, de carburant et procèdent à des évacuations sanitaires.  La semaine dernière, l’ONU et ses partenaires ont fourni une aide alimentaire pour 550 000 personnes par jour.  L’UNRWA continue de gérer sept centres de santé, qui dispensent 23 000 consultations par jour, et a administré 53 000 vaccins depuis le début de la guerre. 

Mais l’aide actuelle est insuffisante, s’est inquiété le haut fonctionnaire et le principal obstacle à voir avec notre capacité à la distribuer à Gaza, en particulier dans le nord, où l’UNRWA n’est pas autorisé à opérer.  Si l’on veut éviter la famine et faire face à la situation humanitaire catastrophique à Gaza, l’UNRWA et toutes les organisations humanitaires impartiales doivent avoir un accès sûr, rapide et sans entrave à tous les civils dans le besoin.  Il n’y a pas de substitut aux services fournis par l’UNRWA, a-t-il insisté.  Cette tragédie ne peut pas se poursuivre.  Tous les otages doivent être immédiatement libérés et bien traités.  La population de Gaza a besoin que soient respectés le droit international humanitaire, l’ordonnance de la CIJ et les décisions du Conseil.  Elle a besoin que cette guerre dévastatrice cesse, a-t-il tranché. 

Mme JANTI SOERIPTO, Présidente et Directrice exécutive de Save The Children US, a déclaré que 203 travailleurs humanitaires ont été tués à Gaza – le plus grand nombre de victimes humanitaires « des temps modernes ». Elle a rendu hommage à ces personnels, presque tous palestiniens.  C’étaient des professionnels respectueux des principes internationaux qui gouvernent l’aide humanitaire: « Ils ont respecté leur part éthique du contrat.  Les parties à ce conflit –y compris les membres du Conseil de sécurité de l’ONU– ne l’ont pas fait », a-t-elle tranché. 

Après des mois de refus systématique et délibéré de l’accès humanitaire, des enfants meurent aujourd’hui de malnutrition et de déshydratation à Gaza, a constaté Mme Soeripto.  Privés de nourriture et d’eau à cause d’un blocus brutal et illégal, ils meurent de faim. La première chose qui m’a frappée en arrivant sur place, c’est le nombre d’enfants sans chaussures.  Du verre et des décombres partout et ils n’ont pas de chaussures, a-t-elle insisté.  Ils courent partout, en quête de nourriture et d’eau parce qu’il n’y a pas assez d’eau autorisée à entrer à Gaza.  Près de 350 000 enfants âgés de moins de 5 ans risquent de mourir de faim à l’heure actuelle, dans une famine « provoquée par l’homme », s’est alarmée la Directrice exécutive, précisant que la situation dans le nord de la bande est particulièrement préoccupante. 

Si toutes les parties au conflit continuent de violer de manière flagrante l’état de guerre et le droit international humanitaire, avec une responsabilité zéro, et que des nations puissantes continuent de refuser d’utiliser les leviers d’influence à leur disposition, alors la prochaine série de morts massives d’enfants gazaouites ne sera pas causée par les balles et les bombes, mais par la famine et la malnutrition, a prévenu l’oratrice.  « Soyons clairs: l’indécision et l’inaction sont un choix. Et les choix entraînent des conséquences: une malnutrition sévère n’est pas une mort tranquille ou indolore ». 

Mme Soeripto a également indiqué que plus aucun enfant n’est scolarisé à Gaza où 80% des établissements scolaires ont été détruits.  Presque tous les équipements éducatifs de la bande de Gaza –chaises, bureaux, tableaux blancs, manuels scolaires– ont été soit détruits par les bombardements incessants, soit brûlés par des civils désespérés pour essayer de se réchauffer. 

À tout cela s’ajoutent les attaques persistantes contre le personnel et les installations humanitaires, qui restreignent encore davantage les opérations et les mouvements humanitaires.  Nous entendons les dirigeants du monde souligner l’importance de l’accès humanitaire et appeler à la déconfliction, à la protection des civils, à des enquêtes rapides et au respect du droit humanitaire.  « Ce discours crée la fausse impression que le système humanitaire à Gaza est une priorité.  Ce n’est pas le cas.  Les mots masquent l’inaction et l’apathie », a dénoncé l’intervenante.  « La vie humaine n’est pas une priorité – ni la vie des civils, des enfants et des femmes, et encore moins celle des humanitaires. Une enquête ne suffit pas.  Nous avons besoin d’action.  Nous avons besoin de changement.  Et nous en avons besoin maintenant », a exigé Mme Soeripto. 

Elle a appelé le Conseil de sécurité à adopter une résolution de cessez-le-feu permanent, prévoyant des mesures robustes pour garantir le respect par les parties au conflit du cessez-le-feu et des résolutions déjà adoptées.  Et les États Membres doivent cesser d’alimenter la crise en cours avec leurs livraisons d’armes aux parties en conflit. 

Je sais que les résolutions adoptées dans cette salle n’entraînent pas immédiatement un changement de comportement sur le terrain, a poursuivi la Présidente de Save The Children US.  À Gaza la semaine dernière, les bombardements à Rafah ont semblé s’intensifier dans la soirée après l’adoption de la résolution 2728 (2024).  « Mais ce qui se passe dans cette salle est important, pour la responsabilité et pour l’établissement de normes que nous attendons de tous que chacun respecte », a-t-elle insisté.  Elle a appelé le Secrétaire général à lister toutes les parties au conflit comme auteurs de violations graves contre les enfants dans son prochain rapport annuel sur les enfants et les conflits armés.  Confrontés à une crise de responsabilité, nous devons y remédier pour briser le cycle de la violence et prévenir de nouvelles violations à l’avenir.  Ceux qui sont assis dans cette salle disposent des outils nécessaires pour faire face à cette crise.  Il leur manque simplement la volonté politique de les utiliser.  Au nom de tous les enfants de Gaza, je vous exhorte à agir, a conclu la Directrice exécutive. 

Le représentant de l’Algérie a rappelé que l’agression contre les Palestiniens innocents dure depuis six mois maintenant.  « Six mois de barbarie et de châtiment collectif, six mois qui mettent au défi l’humanité en chacun d’entre nous. »  Il a rappelé que la Cour internationale de Justice a ordonné à la Puissance occupante d’alléger les souffrances des Palestiniens, mais noté que celle-ci n’a pas obtempéré et qu’elle refuse également d’appliquer la résolution 2728 (2024) demandant un cessez-le-feu immédiat.  Il a ensuite dénoncé l’assassinat des membres de World Central Kitchen.  « Comme l’a dit José Andres, le fondateur de World Central Kitchen, c’était une attaque systématique, qui a ciblé une voiture après l’autre. » 

Il a demandé que l’indignation soulevée par ces morts soit la même que pour la mort de civils palestiniens.  Il a en effet rappelé que la Puissance occupante a tué plus de 33 000 Palestiniens, dont 70% d’enfants et de femmes.  « Pourquoi les autorités de la Puissance occupante ont fait part de leurs excuses pour ces sept personnes tuées, et pas pour les milliers de Palestiniens massacrés depuis six mois? » a demandé le délégué.  « Pour nous, toutes les vies comptent. »  Enfin, il a estimé que la communauté internationale ne peut rester passive alors « que la vie se retire de Gaza. »  Au nom de l’humanité, nous devons agir maintenant, a conclu le représentant. 

La représentante du Guyana a déploré que la résolution 2728 (2024), adoptée il y a deux semaines, soit totalement ignorée tandis que la situation humanitaire continue de se détériorer.  Depuis le 25 mars, a-t-elle noté, l’hôpital Chifa a été entièrement détruit et le monde a été témoin d’une attaque des plus brutales contre un convoi de World Central Kitchen, entraînant la mort de sept membres du personnel.  La déléguée a réitéré que les mécanismes de déconfliction ne fonctionnent pas, ce qui compromet la sécurité des travailleurs humanitaires dans la bande de Gaza. 

Ces « meurtres aveugles » de membres du personnel humanitaire, y compris de l’ONU, constituent à ses yeux une tendance de ce conflit dont les civils subissent les conséquences.  La stratégie de punition collective infligée au peuple palestinien a fait de la famine une méthode de guerre, a-t-elle ajouté, comme en témoignent ces « attaques sauvages ».  « Nous connaissons les résultats de cette stratégie: malnutrition, famine, maladie et décès. »   Considérant que le droit international humanitaire interdit le recours à la famine comme arme de guerre, la représentante a déclaré que ceux qui apportent une aide humanitaire aux civils affamés devraient être « protégés et non ciblés ».  De même, le financement adéquat de l’UNRWA doit être assuré, et des routes supplémentaires ouvertes vers Gaza, a plaidé la déléguée. 

Le représentant de la Slovénie a dénoncé l’utilisation de la famine comme arme de guerre à Gaza. Il a estimé que seul un cessez-le-feu immédiat pourrait changer la situation sur le terrain, laquelle signe selon lui « l’échec absolu de la communauté internationale ».  Un accès humanitaire complet, sûr, sécurisé et sans entrave est absolument indispensable pour faire entrer de la nourriture, de l’eau et des médicaments en quantité suffisante, a-t-il plaidé, appelant également à la restauration des services de santé, d’eau et d’assainissement, à un approvisionnement en énergie et à la fourniture d’abris adéquats aux civils. Alors que la famine s’installe à Gaza, il a enjoint à Israël de se conformer pleinement aux mesures provisoires de la Cour internationale de Justice (CIJ) des 26 janvier et 28 mars. Notant que l’« effroyable attaque » contre World Central Kitchen fait suite à celles subies par Médecins Sans Frontières (MSF), l’UNRWA et d’autres, il a condamné toutes les attaques contre le personnel humanitaire et médical, avant d’appeler à la responsabilisation.  Le représentant a enfin rappelé que les trois résolutions sur la situation à Gaza adoptées par le Conseil, notamment la résolution 2728 (2024), sont contraignantes et a espéré qu’elles seront mises en œuvre pour faire cesser les souffrances de la population civile et des otages ainsi que les retombées de ce conflit dans toute la région. 

Le représentant de la Suisse a regretté qu’en dépit de l’adoption de la résolution 2728 (2024), qui exige un cessez-le-feu immédiat à Gaza, les combats s’y poursuivent, sur fond d’aggravation de l’insécurité alimentaire, ce territoire étant rapidement devenu l’endroit le plus dangereux au monde pour les humanitaires. L’insécurité généralisée et les restrictions de mouvement forcent les organisations présentes sur le terrain à suspendre leurs opérations et ce, au moment où les besoins sont les plus importants, a-t-il noté.  Par conséquent, il a estimé que l’ensemble du système d’aide risque de s’effondrer, le maintien du corridor d’aide maritime en provenance de Chypre étant notamment en péril.

L’UNRWA ainsi que d’autres organisations humanitaires doivent avoir un accès sans entrave aux nécessiteux, a exhorté le délégué.  « Chaque jour compte », a-t-il lancé en citant la classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC) qui craint un risque de famine d’ici à la fin du mois de mai 2024.  Et selon l’UNICEF, Gaza connaît le pire niveau de malnutrition infantile au monde, a-t-il encore fait valoir.  Le représentant a rappelé que, le 28 mars 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) a demandé à Israël de travailler en étroite collaboration avec l’ONU afin d’assurer, sans restriction et à grande échelle, la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence.  Sa délégation attend donc que ce pays s’y conforme.  En outre, un cessez-le-feu immédiat est le seul moyen de ne pas perdre plus de vies civiles, a ajouté le délégué.

La représentante du Royaume-Uni, rappelant que trois des employés de World Central Kitchen tués étaient de nationalité britannique, a déclaré que les travailleurs humanitaires ne doivent jamais être pris pour cibles.  Israël doit en faire bien plus pour les protéger, a dit la déléguée. Elle a ensuite exhorté Israël à mettre en place immédiatement un mécanisme de déconfliction efficace.  Il est capital que les personnes qui sauvent des vies puissent le faire, a-t-elle insisté.  Elle a invité Israël à faire tout son possible afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire nécessaire à Gaza.  Cette aide est pour l’heure insuffisante, a-t-elle jugé.  Enfin, elle a demandé des changements immédiats dans la campagne militaire israélienne afin de protéger les civils, exigeant notamment l’application immédiate de la résolution 2728 (2024). 

Le représentant de la Fédération de Russie a rappelé qu’il ne reste que quatre jours avant la fin du ramadan et constaté que, à en juger par la rhétorique des dirigeants israéliens, le cessez-le-feu immédiat auquel appelle la résolution 2728 (2024) n’est pas à l’ordre du jour.  En conséquence, le nombre total des Palestiniens tués dans la bande de Gaza dépasse désormais les 33 000, dont plus de 13 000 enfants, tandis que 70% des bâtiments résidentiels de l’enclave ont été détruits, a-t-il dénoncé, avant de relever que la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 est arrivée à la conclusion que « le seuil permettant à Israël de commettre le crime de génocide a été dépassé ».  Mme Francesca Albanese a également qualifié de « camouflage humanitaire » les déclarations des autorités israéliennes sur leur prétendu respect du droit international humanitaire lors de l’opération militaire à Gaza, a-t-il poursuivi, avant de réitérer l’appel de son pays à un arrêt immédiat des hostilités pour prévenir « une apocalypse humanitaire et une famine massive à Gaza ». 

Notant qu’Israël ne met en œuvre aucune des trois résolutions adoptées par le Conseil sur la situation à Gaza, notamment la résolution 2728 (2024) qui exige un cessez-le-feu immédiat, le représentant a estimé que l’organe devrait convenir des mesures à prendre contre « Jérusalem-Ouest », lesquelles pourraient par exemple inclure « un embargo sur les armes et d’autres types de sanctions ».  Dans ce cas, le Conseil devrait agir « à l’unisson », a-t-il dit, jugeant inacceptable que certains membres « envoient des signaux remettant en question la nécessité de mettre en œuvre les résolutions adoptées par le Conseil ». 

Le représentant a d’autre part estimé que les « mesures palliatives », telles que le largage aérien d’aide humanitaire et la construction d’une jetée maritime temporaire, n’amélioreront pas la situation dans la bande de Gaza.  Selon lui, ces opérations de « relations publiques humanitaires » dissimulent le refus ou l’incapacité de prendre des mesures pour mettre fin à l’effusion de sang et garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave.  De surcroît, a-t-il ajouté, la situation est considérablement aggravée par la crise alimentée par Israël autour de l’UNRWA, qui, à la suite d’accusations « à la fiabilité très discutable », connaît de graves difficultés financières et ne peut plus opérer, d’autant plus qu’Israël lui refuse l’accès au nord de Gaza. Cela doit cesser, a martelé le représentant, avant d’évoquer la sécurité du personnel humanitaire et la mort de sept employés de l’organisation bénévole World Central Kitchen à la suite de frappes israéliennes ciblées.  Observant que cet incident a provoqué une vive réaction dans les capitales occidentales, les victimes étant majoritairement occidentales, il a rappelé que les attaques de missiles israéliens contre des installations humanitaires à Gaza ont déjà entraîné la mort de 224 travailleurs.  Ces atrocités feront-elles l’objet d’une enquête? a-t-il demandé, voyant un « deux poids, deux mesures » compte tenu du traitement subi par l’UNRWA. 

Dénonçant une utilisation de la famine comme méthode de guerre, le représentant a noté que la Puissance occupante a décidé d’ouvrir temporairement les postes frontière d’Erez et de Kerem Shalom à la veille de cette réunion du Conseil « afin de réduire l’intensité de l’indignation susmentionnée dans les capitales occidentales ».  À ses yeux, cela ne change pas le tableau d’ensemble.  Le Conseil est tenu de garantir la pleine mise en œuvre par toutes les parties au conflit de toutes ses décisions visant à mettre fin à la violence à Gaza, à accroître l’aide humanitaire aux civils et à empêcher leur déplacement forcé.  Ce n’est qu’après cela que l’on pourra réfléchir à de nouvelles initiatives visant à un règlement à long terme du conflit palestino-israélien sur une base juridique internationale connue, a-t-il conclu. 

Le représentant du Japon a constaté que la mort de sept travailleurs humanitaires de World Central Kitchen à la suite de frappes israéliennes a déclenché l’indignation mondiale et amené d’autres organisations humanitaires à suspendre leurs opérations.  Qualifiant ces attaques d’« absolument inacceptables », il a appelé Israël à tout faire pour empêcher que de tels incidents ne se reproduisent, avant de rappeler que la famine se propage dans le territoire palestinien.  Si les attaques contre les travailleurs humanitaires se poursuivent, ces derniers ne pourront pas mener à bien leur travail vital, et ce, même si de nombreux pays, dont le Japon, ont repris le financement de l’UNRWA, a-t-il ajouté.  

Le représentant a plaidé pour que l’aide soit acheminée à Gaza par tous les moyens possibles, qu’ils soient terrestres, aériens ou maritimes.  Il a espéré à cet égard que l’annonce récente de l’ouverture du terminal d’Erez permettra à davantage d’aide humanitaire d’atteindre la population gazaouite.  Enfin, après avoir exhorté toutes les parties concernées à parvenir sans plus tarder à un cessez-le-feu, conformément à la résolution 2728 (2024) du Conseil, il a réitéré l’appui de son pays aux efforts diplomatiques en cours menés par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar pour faire taire les armes, accélérer les livraisons humanitaires et œuvrer à la libération des otages.

Le représentant de la Chine a qualifié la situation à Gaza de « catastrophe humanitaire sans nom », plus de 33 000 civils innocents ayant perdu la vie dans les combats.  Malgré l’adoption par le Conseil, en mars, de la résolution 2728 (2024) exigeant un cessez-le-feu immédiat, les hostilités se poursuivent et des milliers d’enfants et de femmes sont victimes au quotidien des bombes et de la famine. Devant un tel constat, le représentant chinois a appelé à la mise en œuvre urgente de cette résolution.  Israël doit en outre cesser son attaque contre Gaza et le « châtiment collectif » qu’il inflige à sa population. 

Face à la famine et à l’effondrement du système médical de l’enclave, Israël doit mettre en œuvre les mesures conservatoires de la Cour internationale de Justice (CIJ) et autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza à travers tous les points de passage, a poursuivi le délégué.  Il a condamné fermement l’attaque récente contre un convoi humanitaire, en invitant Israël à respecter le droit international humanitaire.  Ce conflit nous rappelle une nouvelle fois que seule la pleine réalisation de la solution des deux États permettra de corriger les injustices historiques dont souffre le peuple palestinien, a-t-il ajouté.  Pour faire de cette revendication une réalité, le délégué a demandé d’appuyer la demande de l’État de Palestine de devenir membre à part entière de l’Organisation. 

Le représentant de la France a condamné la frappe israélienne qui a causé la mort de sept personnels humanitaires de l’ONG World Central Kitchen.  Il a dit avoir demandé aux autorités israéliennes de mener une enquête approfondie et de ne pas laisser les responsables de cet acte impunis.  La protection des travailleurs humanitaires doit être garantie en toutes circonstances, conformément au droit international humanitaire, a-t-il rappelé en demandant l’acheminement massif de l’aide humanitaire à la population civile de Gaza de façon sûre et sans entrave, avec la coordination des Nations Unies.  La France prend note des mesures annoncées ce jour par le Gouvernement israélien pour accroître l’aide humanitaire à Gaza, a dit le représentant qui a souhaité leur mise en œuvre sans délai ainsi que des mesures supplémentaires pour appliquer le droit international humanitaire. 

Le délégué français a exigé que le droit de la guerre et les principes humanitaires de précaution et de proportionnalité dans la conduite des hostilités soient respectés. Il a demandé la pleine mise en œuvre de la résolution 2728 (2024) et un cessez-le-feu immédiat et durable, ainsi que la protection des civils et l’entrée massive de l’aide d’urgence.  Il a réaffirmé son opposition à une offensive terrestre à Rafah et exigé la libération immédiate et inconditionnelle des otages détenus par le Hamas et d’autres groupes terroristes.  Parvenir à un cessez-le-feu est une priorité absolue de la France.  Il est urgent de poser les bases d’un règlement politique durable pour mettre en œuvre la solution des deux États, a-t-il plaidé en rappelant que le projet de résolution soumis par la France s’inscrit dans cette perspective. 

Le représentant de l’Équateur a rendu hommage aux sept employés de World Central Kitchen tués cette semaine.  « Les travailleurs humanitaires ne doivent jamais être pris pour cible », a-t-il exhorté.  Il a souligné le travail vital accompli à l’UNRWA et demandé aux États qui le peuvent de soutenir financièrement cette agence.  Il a demandé l’application immédiate de la résolution 2728 (2024) afin que la liste des tués à Gaza ne s’allonge pas.  Si cette résolution avait été appliquée, des civils et des agents humanitaires seraient encore en vie et les otages auraient pu rentrer chez eux, a noté le délégué en conclusion. 

Le représentant de la République de Corée s’est dit consterné par le meurtre de sept membres du personnel de World Central Kitchen, organisation qui, à elle seule, a fourni plus de 35 millions de repas chauds à travers Gaza depuis le début de la catastrophe actuelle.  Aucune des parties au conflit ne doit attaquer les travailleurs humanitaires et entraver l’accès à l’aide humanitaire, a-t-il exhorté.  Il a demandé la levée des obstacles à la fourniture de l’aide à Gaza, comme l’exige la résolution 2728 (2024).  Il a espéré que l’annonce faite hier par le Gouvernement israélien au sujet des mesures visant à accroître le flux d’aide en direction de Gaza entraînera des améliorations tangibles sur le terrain.  Simultanément, les procédures de notification humanitaire et les mécanismes de déconfliction doivent être améliorés pour empêcher que des incidents tels que celui qui a causé la mort de membres de World Central Kitchen ne se reproduisent.  Enfin, le délégué a de nouveau appelé à la mise en œuvre de la résolution 2728 (2024), soulignant qu’un cessez-le-feu humanitaire immédiat « est le seul moyen viable de garantir un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire ».

Le représentant des États-Unis a constaté que les dispositions des résolutions récentes du Conseil exigeant de protéger le personnel humanitaire « n’ont pas été respectées », comme l’a démontré la frappe qui a tué sept travailleurs de World Central Kitchen.  « Nous savons tous que ce n’était pas un incident isolé », a-t-il ajouté, ce conflit étant l’un des plus meurtriers pour les travailleurs humanitaires.  Jugeant ces incidents « inacceptables », le représentant a déclaré qu’Israël « n’en a pas fait assez » pour protéger les travailleurs humanitaires et les civils.  C’est pourquoi la résolution présentée le mois dernier par les États-Unis exigeait que toutes les parties au conflit respectent les mécanismes de déconfliction ainsi que les systèmes de notification humanitaire.  Israël doit annoncer et mettre en œuvre une série de mesures concrètes et mesurables pour répondre aux problèmes des civils touchés, des souffrances humanitaires et de la sécurité des travailleurs humanitaires, a martelé le représentant.  La politique des États-Unis concernant Gaza sera déterminée par la réaction immédiate d’Israël sur l’ensemble de ces points, a-t-il ajouté. 

Le représentant s’est dit impatient de prendre connaissance du résultat de l’enquête concernant des liens entre le personnel de l’UNRWA et le Hamas.  Dans l’intervalle, étant donné la famine qui se dessine à Gaza, le délégué a estimé que les restrictions imposées à l’UNRWA sont inacceptables.  Il a aussi invité à ne pas ignorer que les actions du Hamas mettent également en péril les travailleurs humanitaires.  L’aide humanitaire doit être facilitée de toute urgence pour atténuer les effets d’une famine qui ne saurait tarder, a-t-il noté, toute la population de l’enclave étant désormais soumise à des niveaux aigus d’insécurité alimentaire.  Enfin, la délégation américaine a exhorté le Premier Ministre israélien et le Hamas a accepter l’accord proposé. 

Le représentant de la Sierra Leone a rendu hommage au personnel humanitaire, qui, malgré la volatilité de la situation à Gaza et les dangers encourus, a continué d’aider la population civile à accéder à une aide vitale.  Rappelant que les trois résolutions adoptées par le Conseil sur cette situation exigent des parties qu’elles respectent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, il s’est dit préoccupé par l’absence de respect flagrant de ces décisions en dépit de leur caractère contraignant.  Il s’est également alarmé des frappes récurrentes et souvent fatales qui ciblent des travailleurs humanitaires, dont plus de 220 ont trouvé la mort à Gaza.  

Alors que la famine gagne du terrain chaque jour dans l’enclave palestinienne, il a appelé à la mise en place urgente de mesures de déconfliction.  Il a également exhorté les parties au conflit à mettre pleinement en œuvre les résolutions du Conseil, avant de réaffirmer la pertinence des mesures provisoires de la CIJ, qui obligent Israël à coopérer avec l’ONU pour fournir à l’échelle nécessaire des services de base et une aide humanitaire.  Enfin, après avoir souligné l’importance de faire en sorte que des comptes soient rendus pour toutes les violations du droit international, il a réitéré l’appui de son pays au rôle vital que joue l’UNRWA et a appelé à relancer des discussions de paix au niveau politique.  

Le représentant du Mozambique a déclaré que l’adoption de la résolution 2728 (2024) est la preuve qu’aucun membre du Conseil ne trouve les opérations militaires incessantes à Gaza justifiées.  Ces opérations ne semblent pas respecter le droit de la guerre, comme le montre le nombre élevé de travailleurs humanitaires tués.  Il a déploré la mort des employés de World Central Kitchen et dénoncé l’attaque contre l’hôpital Chifa en violation de la quatrième Convention de Genève.  Il a exhorté Israël à remédier à la crise humanitaire à Gaza, en permettant l’ouverture de davantage de voies terrestres d’acheminement de l’aide.  Il a aussi appelé les États Membres à appuyer l’UNRWA qui joue un rôle vital à Gaza.  Enfin, le délégué a estimé que la solution des deux États est capitale pour un Moyen-Orient stable et pacifique.

La représentante de Malte s’est dite profondément choquée par la mort de sept travailleurs humanitaires de World Central Kitchen, tués par Israël à Gaza le 1er avril, exigeant une enquête approfondie, indépendante et urgente sur cet « événement totalement inacceptable » qui, a-t-elle ajouté, souligne une fois de plus la nécessité urgente d’un cessez-le-feu « immédiat et permanent ».  Elle a observé que les obstacles « bureaucratiques et administratifs onéreux et arbitraires » imposés par Israël empêchent la facilitation sûre, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire vers et à l’intérieur de Gaza, alors qu’un demi-million de personnes sont au bord de la famine. 

Après avoir rappelé que la résolution 2417 (2018) indique clairement que le recours à la famine comme arme de guerre peut constituer un crime de guerre, la représentante a affirmé qu’Israël doit permettre que toutes les routes et points de passage disponibles vers et à travers la bande de Gaza puissent être empruntés.  L’ouverture annoncée de ceux d’Erez et de Kerem Shalom, ainsi que du port d’Ashdod, constitue une évolution nécessaire et positive, s’est félicitée la déléguée maltaise, pour qui la mise en œuvre complète et rapide de ces mesures est fondamentale. 

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a dénoncé le cynisme des États-Unis après que ce pays a critiqué le veto russe et chinois exercé sur un projet de résolution américain.  Ce texte ne comprenait pas d’appel à un cessez-le-feu et donnait carte blanche aux forces militaires israéliennes.  Les États-Unis doivent cesser de livrer des armes à Israël, a conclu le délégué, en rappelant que ces armes sont utilisées pour tuer des civils palestiniens.

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a décrit la détresse d’un père assistant impuissant à la lente mort de son enfant de deux mois après avoir passé des jours entiers à chercher de la nourriture dans le nord de Gaza, en vain. Il a également cité le cas d’une mère qui tentait de trouver de la farine: pendant son absence, ses enfants ont été tués dans un bombardement.

Combien de temps ces parents devront-ils attendre avant d’être tués eux aussi?  Israël détruit les maisons, tue des familles entières, déplace toute la population, démoli les hôpitaux et s’assure qu’aucune aide ne puisse parvenir à notre peuple, a accusé l’intervenant.  Israël tue les survivants, ceux qui sauvent des vies, ceux qui fournissent une aide et ceux qui informent.  Il suffit d’être Palestinien pour être tué.  Essayer d’aider les Palestiniens suffit pour se faire tuer. 

Poursuivant, il s’est indigné de l’attaque contre l’hôpital Chifa et du meurtre du personnel humanitaire de World Central Kitchen « qui n’est pas un incident isolé ».  Depuis des mois, Israël cible ceux que les lois de la guerre protègent.  L’Observateur a regretté qu’il ait fallu le meurtre d’étrangers pour que certains reconnaissent le sort réservé aux Palestiniens depuis 180 jours.  « C’est impardonnable », a-t-il dit.  Israël, qui a tué plus de 32 000 Palestiniens et mutilé plus de 72 000 autres, a créé une famine affectant plus de 2 millions de personnes et ignore la résolution du Conseil exigeant un cessez-le-feu immédiat. 

Il a rappelé que la CIJ a ordonné à deux reprises à Israël de prendre des mesures pour prévenir la menace réelle et imminente de génocide, affirmant qu’Israël a délibérément enfreint cet ordre.  Personne ne devrait armer ou protéger ceux qui commettent des atrocités.  Ces auteurs doivent être tenus responsables. L’Observateur s’est dit « scandalisé » du limogeage de deux officiers supérieurs israéliens à la suite de la tragédie du 1er avril.  C’est donc ça la punition pour avoir commis des crimes de guerre?  Qui sera tenu responsable des dizaines de milliers de civils palestiniens tués? s’est-il emporté.  Nous savions tous ce qui allait arriver il y a six mois, nous savions et vous saviez qu’Israël allait recourir à des massacres aveugles, à une destruction et dévastation totales, et que la famine était en route.  Ce génocide a été annoncé par les dirigeants israéliens.  Cela a été perpétré en plein jour et discuté lors de vos réunions.  Il faut agir maintenant pour mettre un terme à ces massacres, a-t-il plaidé.

Le représentant d’Israël a exprimé la « peine » de son pays face à la tragédie qui a coûté la vie à des travailleurs de World Central Kitchen à Gaza, assurant que les forces israéliennes ne ciblent jamais des civils ni des travailleurs humanitaires. Les résultats de l’enquête sur cet incident montrent selon lui qu’il s’agit d’une erreur d’identification, pour laquelle deux responsables ont été licenciés.  « Nous n’avons pas commencé cette guerre, et nous n’avons pas voulu cette guerre », a-t-il insisté, en évoquant « les attaques et les massacres » perpétrés par des « terroristes impitoyables ».  Israël, a-t-il assuré, « respecte à la lettre le droit de la guerre ».  Contrairement au Hamas, ses forces armées prennent toutes les précautions nécessaires pour minimiser les dommages civils.  « Est-ce que vous avez quelque chose à dire quant à la façon dont le Hamas a fait de l’hôpital Chifa une base terroriste? » a-t-il demandé aux membres du Conseil.  « Nous avons été massacrés et nous luttons maintenant pour ne pas l’être à nouveau », a martelé le délégué en soulignant la nécessité de neutraliser le Hamas.  Si ce groupe libère tous les otages, le conflit prendra fin aujourd’hui, a-t-il prédit. 

Après 180 jours, le Conseil de sécurité n’a toujours pas été en mesure de condamner les attentats d’octobre dernier, a poursuivi le représentant.  Cet organe s’est contenté selon lui d’exiger un cessez-le-feu sans condition, une « recette pour la violence et la survie du Hamas ». Pour dénouer l’impasse, il a appelé le Conseil à désigner le Hamas en tant qu’organisation terroriste.  Tel-Aviv a déjà facilité l’entrée de 19 000 camions chargés d’aide humanitaire, aucune limite n’étant imposée au montant de l’aide qui entre à Gaza.  Selon le délégué, les problèmes d’acheminement de l’aide humanitaire s’expliquent par le pillage du Hamas et l’incapacité de l’ONU à gérer les livraisons.  Comme les agences de l’ONU n’arrivent pas à mettre en place un mécanisme efficace de distribution, elles jettent la pierre à Israël. « Malgré tous ces mensonges, Israël fait tout pour faciliter l’aide », a souligné le délégué.  C’est pourquoi il a décidé d’accroître la quantité d’aide qui entre à Gaza, notamment en ouvrant davantage de points de passage. 

Pour le représentant, les Nations Unies ont rapidement oublié les horreurs du 7 octobre pour se focaliser sur la situation dans l’enclave.  Malgré les roquettes et les missiles lancés depuis Gaza et le Liban, l’ONU a décidé d’ignorer cette situation.  Devant l’inaction du Conseil de sécurité, il a estimé qu’il incombe à Israël d’agir. 

S’exprimant au nom du Groupe des États arabes, le représentant de l’Arabie saoudite a condamné l’attaque ciblée à laquelle la « machine de guerre » israélienne a procédé contre un convoi humanitaire à Gaza, entraînant la mort de travailleurs dont le seul crime était d’apporter de l’aide à des personnes dans le besoin.  Voyant dans cette attaque une preuve supplémentaire des violations commises par la Puissance occupante à l’encontre du personnel humanitaire, il a rendu hommage aux travailleurs de World Central Kitchen et d’autres organisations qui mettent leur vie en péril pour servir des innocents.  Il a ensuite dénoncé l’utilisation de la faim comme arme de guerre, avant de constater qu’Israël continue de fermer des points de passage, d’empêcher l’afflux d’aliments, d’eau et de carburant, et de cibler des civils qui tentent d’accéder à cette aide.  Pour le représentant, l’attaque perpétrée contre un convoi de World Central Kitchen confirme les intentions génocidaires de la Puissance occupante.  Il a donc appelé à l’ouverture d’une enquête internationale sur cet incident qui survient six mois après le début d’une agression ayant fait au moins 33 000 morts dans la population palestinienne. 

Après avoir rappelé que la résolution 2728 (2024), adoptée le 25 mars dernier, appelait à un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan, le représentant a exhorté le Conseil à prendre une résolution au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies pour faire en sorte que la Puissance occupante respecte ses résolutions et les ordonnances de la CIJ, donne accès à l’aide humanitaire et mette fin à son agression contre le peuple palestinien.  Le représentant a ensuite réaffirmé le soutien du Groupe des États arabes à l’UNRWA, dont le rôle est « irremplaçable » pour la population gazaouite.  Condamnant le fait que l’armée israélienne ait tué 176 membres de l’UNRWA à Gaza, il a salué la décision des « pays amis » qui ont repris leur financement de cette agence onusienne afin qu’elle puisse reprendre ses activités dans ses cinq zones d’opération. 

Le représentant de l’Australie s’est déclaré horrifié par la trajectoire du conflit à Gaza et la crise humanitaire « catastrophique » qui y règne.  Parmi les travailleurs humanitaires tués à Gaza, figurent Zomi Frankcom, une ressortissante australienne, et ses collègues de World Central Kitchen, a-t-il déploré.  Nous avons été très clairs avec le Gouvernement israélien quant au fait qu’une enquête transparente et impartiale soit menée pour établir les responsabilités dans cet incident, a indiqué le délégué, qui a également exigé la mise en œuvre intégrale de la résolution 2728 (2024) par toutes les parties au conflit.  L’ouverture par Israël de points de passage doit maintenant se traduire par un élargissement de l’aide humanitaire en direction de Gaza, a-t-il demandé, avant d’exiger un cessez-le-feu humanitaire immédiat: « les otages doivent être libérés, les civils protégés, l’aide acheminée », a ajouté le représentant.

Le représentant de la Pologne a rappelé qu’un des employés de World Central Kitchen tués, Damian Soból, était de nationalité polonaise.  Il a transmis ses condoléances à la famille et aux amis de ce dernier.  « Que son âme repose en paix. »  Il a qualifié de profondément perturbants les détails de l’attaque contre le convoi de World Central Kitchen, attaqué à trois reprises par l’armée israélienne, alors que celle-ci avait été notifiée, a déploré le délégué.  Tout en rappelant le droit d’Israël à se défendre, il a rappelé que ce droit doit être exercé en conformité avec le droit international, y compris le droit international humanitaire.  Les travailleurs humanitaires doivent être protégés en toutes circonstances, a-t-il insisté.

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