9590e séance – matin     
CS/15646

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale pour la RDC s’alarme de « la catastrophe humanitaire » dans l’est du pays, causée par les violences armées

Devant « la catastrophe humanitaire » suscitée par les agissements du M23 au Nord-Kivu, mais aussi par les violences armées qui se poursuivent en Ituri et au Sud-Kivu, la Représentante spéciale du Secrétaire général en République démocratique du Congo (RDC) a, ce matin, lancé un cri d’alarme au Conseil de sécurité.  Mme Bintou Keita, qui est également la Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays (MONUSCO), a appelé les bailleurs de fonds à fournir les ressources nécessaires à la fourniture d’une aide humanitaire adéquate aux nécessiteux.  Simultanément, plusieurs voix se sont élevées pour appeler les acteurs extérieurs à mettre fin au soutien qu’ils prêtent aux groupes armés opérant en RDC.

Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a signalé la haute fonctionnaire, plus de 7,1 millions de personnes sont déplacées, soit 800 000 au cours des trois derniers mois.  Et l’insécurité alimentaire touche 23,4 millions de personnes, soit un Congolais sur quatre, faisant de leur pays le plus affecté au monde par ce problème.  Par ailleurs, pour le seul mois de janvier 2024, 10 400 cas de violences sexistes ont été signalés à travers tout le pays, une hausse beaucoup plus importante que les années précédentes.  Une catastrophe humanitaire qui exige de la communauté internationale des réponses adéquates, a plaidé la Représentante spéciale. 

La situation sécuritaire dans l’est de la RDC, a poursuivi Mme Keita, s’est encore détériorée depuis la fin des élections, le M23 réalisant des gains territoriaux sans précédent, avec pour conséquence d’aggraver la crise humanitaire et d’entraîner des déplacements de populations sans précédent. Pendant ce temps, la médiation angolaise s’est efforcée d’atténuer les tensions entre la RDC et le Rwanda, tandis que la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIDRC) a entamé son déploiement au Nord-Kivu.  Le représentant congolais a rappelé qu’à la suite de la création de cette mission en mai 2023, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a approuvé son déploiement dans l’est de la RDC le 4 mars dernier.  À ses yeux, cette démarche s’inscrit dans la droite ligne du principe de subsidiarité et de celui prônant « des solutions africaines aux problèmes africains ».

Pour sa part, la Fédération de Russie s’est dite prête à discuter des paramètres d’une éventuelle assistance aux forces régionales par la Mission dès qu’elle aura reçu le rapport pertinent du Secrétariat de l’ONU.  En outre, alors qu’approche la date butoir du 30 avril 2024 pour l’achèvement de la première phase du retrait de la MONUSCO, le groupe des A3+1 (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone), a souligné l’importance d’établir une forte présence de l’État dans toutes les zones d’où la Mission s’est retirée.  À cet égard, ils ont souligné la nécessité de disposer de forces de défense et de sécurité nationales bien entraînées et équipées préalablement à leur déploiement.

La Cheffe de la MONUSCO, qui a fermement condamné les attaques visant son personnel, a précisé que l’engagement militaire doit aller de pair avec un investissement continu des autorités congolaises dans les processus de paix aux niveaux régional, national et local, et être complété par une réforme du secteur de la sécurité et la mise en œuvre du Programme de désarmement, de démobilisation, de relèvement communautaire et de stabilisation que le système des Nations Unies envisage de soutenir.  Elle a également relevé que le Président Tshisekedi Tshilombo, fraîchement réélu pour un second mandat, a annoncé qu’une telle réforme de l’appareil de sécurité et de défense constituerait l’une de ses principales priorités.

Le Rwanda, qui a été vivement critiqué par plusieurs délégations, a de son côté dénoncé les déclarations des dirigeants de la RDC et du Burundi, qui ont menacé le Rwanda d’un « changement de régime », fustigeant aussi l’appui des Forces armées congolaises (FAC) aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).  Ce soutien doit cesser, a-t-il tranché, affirmant que ces éléments doivent être désarmés, démobilisés et renvoyés au Rwanda.

Mme Jacquie-Anna, du STN 2250, a demandé combien de temps la situation actuelle devra durer avant que la communauté internationale dise « non, trop c’est trop ».  Elle a évoqué la situation de jeunes Congolais qui n’ont connu que la guerre et sont exposés à tous les abus possibles dans les camps de réfugiés ou de déplacés, accusant l’armée « d’occupation » rwandaise de recourir aux viols et aux violences sexuelles comme « armes de guerre ». C’est pourquoi le Conseil de sécurité doit franchir le « Rubicon de l’impunité » et imposer à Kigali des sanctions à la hauteur de son « récidivisme criminel », a acquiescé le délégué congolais. 

Si le Rwanda persiste dans son appui à ce groupe armé, il faudra « réévaluer » son rôle en tant que participant constructif aux opérations de paix, ont menacé les États-Unis, avant d’inviter les pays fournisseurs de contingents à ne pas créer d’instabilité au sein du pays hôte.  La France a aussi condamné avec la plus grande fermeté la reprise des offensives du M23 ainsi que le soutien prêté par le Rwanda à ce groupe. Pour cette délégation, le déploiement et l’utilisation par ce pays sur le territoire congolais de systèmes antiaériens marque le franchissement d’un nouveau seuil, raison pour laquelle le Burundi a exhorté le Rwanda à opter pour un choix qui le placera du « bon côté de l’histoire ». 

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO S/2024/251

Déclarations

Mme BINTOU KEITA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays (MONUSCO), qui s’est exprimée par visioconférence depuis Kinshasa, a indiqué que depuis la réunion d’information sur le renouvellement du mandat du 11 décembre 2023, la dynamique politique nationale s’est concentrée principalement autour du processus électoral.  Ainsi, malgré d’importantes difficultés logistiques, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a organisé les élections le 20 décembre comme prévu, mais a dû prolonger la période de vote sur plusieurs jours.  La Cour constitutionnelle a maintenant rendu son arrêt final sur la validation des résultats, ouvrant la voie à la confirmation de la majorité au Parlement, au début de sa session de printemps et à la formation du nouveau gouvernement.  Mme Keita a salué l’adoption par le Ministère du genre d’une feuille de route pour lutter contre la violence électorale à l’égard des femmes. 

Mme Keita a déclaré que la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) s’est encore détériorée depuis la fin des élections, le M23 marquant des avancées significatives et étendant son territoire à des niveaux sans précédent.  Cette situation a abouti à une situation humanitaire encore plus désastreuse, avec des déplacements internes atteignant un nombre sans précédent. Pendant ce temps, les tensions régionales entre la RDC et le Rwanda ont fait l’objet de la médiation angolaise, tandis que la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIDRC) a commencé son déploiement au Nord-Kivu. 

Sur le plan politique, le Président Tshisekedi Tshilombo a été réélu pour un second mandat et a annoncé que la réforme de l’appareil de sécurité et de défense constituerait l’une de ses principales priorités.  Il n’existe pas de solution militaire durable au conflit, a insisté la Représentante spéciale, soulignant que la solution doit être ancrée dans un processus politique durable qui prend en compte les causes profondes de la violence. Dans ce contexte, elle a dit soutenir le processus de Luanda et salué les efforts actuellement entrepris par le Président angolais João Lourenço.  Alors que la crise du M23 suscite une grande attention, nous devons également souligner les atrocités commises par les Forces démocratiques alliées (ADF) et leurs conséquences désastreuses sur les populations civiles, notamment à la frontière entre le Nord-Kivu et l’Ituri, a-t-elle poursuivi.  Presque 200 personnes y ont été tuées depuis le début de l’année, a-t-elle déploré.  Dans le même temps, en Ituri, l’insécurité reste dramatique, alimentée, notamment par les exactions des milices CODECO, Zaïre, la Force de résistance patriotique d’Ituri (FRPI), le Front patriotique et intégrationniste du Congo (FPIC), de même que les ADF.  Au Sud-Kivu, malgré des progrès importants, on a assisté ces derniers mois à une résurgence des tensions, alimentées par des groupes armés et les rivalités intercommunautaires, a fait encore observé la haute fonctionnaire.

Pour protéger les civils, la MONUSCO et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont continué à mener des opérations conjointes en Ituri et au Nord-Kivu, a poursuivi la Cheffe de la MONUSCO, qui a fermement condamné les attaques visant les personnels de la Mission.  Elle a précisé que l’engagement militaire doit aller de pair avec un investissement continu des autorités congolaises dans les processus de paix régionaux, nationaux et locaux, et cela doit être complété par une réforme en profondeur du secteur de la sécurité et la mise en œuvre du Programme de désarmement, de démobilisation, de relèvement communautaire et de stabilisation (P-DDRCS) que le système des Nations Unies envisage de soutenir à travers un programme commun. 

Sur le plan humanitaire, Mme Keita a lancé un cri d’alarme face à « la catastrophe qui se déroule sous nos yeux », notamment en raison de l’escalade de la crise du M23 au Nord-Kivu mais aussi des violences armées prolongées en Ituri et au Sud-Kivu.  Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 7,1 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, soit 800 000 de plus en trois mois.  De même, 23,4 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, ce qui signifie qu’un Congolais sur quatre est confronté à la faim et à la malnutrition, faisant de la RDC le pays le plus touché par l’insécurité alimentaire au monde.  Par ailleurs, pour le seul mois de janvier 2024, 10 400 cas de violences basées sur le genre ont été signalés à travers tout le pays, une augmentation beaucoup plus élevée que pendant les années précédentes. Cette catastrophe humanitaire exige de la communauté internationale des réponses adéquates, a-t-elle plaidé. Pourtant, en février, le Plan de réponse humanitaire du pays pour 2023 restait considérablement sous-financé, avec seulement 40% des 2,25 milliards de dollars requis jusqu’à présent.  Cela représente une forte baisse par rapport aux 53,2% de 2022 et n’augure rien de bon pour le Plan de réponse humanitaire de 2024, lancé avec l’objectif de lever 2,6 milliards de dollars et dont le financement n’a atteint que 14,2% aujourd’hui.  Elle a appelé les donateurs à fournir les ressources nécessaires pour garantir qu’une aide humanitaire adéquate parvienne à ceux qui en ont dramatiquement besoin. 

La Cheffe de la MONUSCO a indiqué que la Mission avance dans la mise en œuvre de la phase 1 du plan de désengagement, et les enseignements tirés de la phase 1 seront également appliqués aux phases suivantes.  Le désengagement et la transition sont traités de manière concomitante, a-t-elle précisé, ajoutant que cela permettra à l’équipe de pays des Nations Unies d’aider le Gouvernement congolais à maintenir et à consolider les acquis de la MONUSCO.  La Mission a continué de faire face à des campagnes de désinformation sophistiquées au cours de la période considérée, a déploré la Représentante spéciale.  Cela a sapé nos efforts et mis la vie de nos soldats de la paix en danger, a-t-elle encore dit.  Pour contrer ces tactiques, nous avons renforcé notre collaboration avec des dizaines de journalistes et de membres de la société civile à Goma et ailleurs pour aider à contrer la désinformation et clarifier le sens de notre mandat, a indiqué Mme Keita. 

Mme JACQUIE-ANNA, STN 2250, a indiqué que ce mécanisme gouvernemental créé en 2020 a œuvré à l’élaboration d’un plan d’action national sur la participation des jeunes aux processus de décision, qui a été lancé officiellement en août 2022.  La RDC est ainsi devenue le troisième pays au monde après la Finlande et le Nigéria à se doter d’un plan d’action national sur ce thème, a-t-elle précisé, ajoutant que ce dispositif doit encore être approuvé par le Parlement congolais pour entrer dans l’arsenal juridique du pays.  Rappelant que, dans son pays, les jeunes sont le groupe de population le plus vulnérable aux conséquences des conflits armés « en tant que victimes de choix », l’intervenante a expliqué que le Secrétariat technique national a pour mission de renforcer et valoriser la participation de la jeunesse aux décisions et aux négociations, tout en faisant rapport de ses activités en lien avec le programme sur les jeunes et la paix et la sécurité. 

« Dans un pays à forte proportion de jeunes, ignorer et écarter ceux-ci de la sphère décisionnelle constituerait une attitude suicidaire pour la nation », a-t-elle souligné, avant de rappeler que, depuis deux décennies, l’agression de la RDC par le Rwanda, via le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) ou le M23, « détruit tout sur son passage ». Il en ressort une précarité généralisée et une perte de repères et d’espoir pour la jeunesse congolaise qui devient un vivier d’enfants soldats et une « proie facile » de l’extrémisme violent, a dénoncé Mme Jacquie-Anna.  Beaucoup de ces jeunes, qui n’ont connu que la guerre, sont en outre exposés à tous les abus dans des camps de réfugiés ou de déplacés, a-t-elle alerté, accusant l’armée d’occupation rwandaise de recourir aux viols et aux violences sexuelles comme « armes de guerre ».  Selon elle, plusieurs centaines de milliers de femmes dans l’est de la RDC vivent avec le « dilemme moral de garder un enfant issu d’un viol ou de le tuer ».  Toutes savent ce que signifie d’être victime de violences sexuelles, a-t-elle insisté, avant de demander combien de temps cette situation devra durer avant que la communauté internationale dise « non, trop c’est trop ».  Pour Mme Jacquie-Anna, la jeunesse congolaise ne veut rien d’autre que la paix.  La « proportion résiliente » de cette jeunesse veut, elle, se retrouver sur la table des décisions et des négociations pour travailler « main dans la main » avec les autorités et agir dans les cinq axes de la résolution 2250 (2015), mais aussi dans la prise en compte de la participation des femmes sans discrimination, a-t-elle souligné, invitant les bailleurs de fonds à investir dans la jeunesse congolaise pour accompagner ce mouvement.

Le représentant de la France a condamné avec la plus grande fermeté la reprise des offensives du M23 ainsi que le soutien qu’apporte le Rwanda à ce groupe et la présence de ses forces sur le territoire congolais.  Kigali doit y mettre un terme sans tarder, a-t-il exigé, notant que le déploiement et l’utilisation en territoire congolais de systèmes antiaériens marquent le franchissement d’un nouveau seuil.  Il s’est inquiété des graves conséquences de cette escalade sur la situation humanitaire et les violations des droits de l’homme, notamment au Nord-Kivu, et a condamné les discours de haine ciblant certaines communautés, notamment les Tutsis.  Pour mettre un terme à l’escalade, le dialogue doit reprendre de toute urgence, a-t-il souligné, encourageant les parties à continuer de renouer le fil du dialogue, sur la base des engagements de la feuille de route de Luanda et du processus de Nairobi.  Il a également salué la proposition congolaise d’un plan pour démobiliser et désarmer les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), groupe issu des milices ayant commis le génocide contre les Tutsis, y voyant une réponse concrète à la principale menace identifiée par le Rwanda lors de la réunion du Conseil le mois dernier.  Sa concrétisation serait de nature à rétablir la confiance entre les deux pays, a-t-il estimé. 

Après avoir vigoureusement dénoncé les attaques contre la MONUSCO, le représentant a argué que les récents combats ont démontré que la coordination de la MONUSCO avec la force de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) en cours de déploiement est essentielle et doit être renforcée.  Les termes d’un soutien des Nations Unies ont été définis clairement dans la résolution 2717 (2023) de décembre dernier, a rappelé le représentant, et c’est sur cette base que le Conseil de sécurité devra se prononcer.

La représentante de Malte a déploré l’inquiétante escalade dans l’est de la RDC.  La région entière se rapproche davantage encore du précipice, s’est alarmée la déléguée. Elle a exhorté les groupes armés à déposer les armes, tout en demandant la « cessation immédiate de tout soutien étatique » afin d’ouvrir la voie à un désarmement.  Les armes sophistiquées dont disposent le M23 doivent attirer l’attention du Conseil, a-t-elle ajouté.  Elle a souligné que le dialogue est capital pour répondre aux motifs de discorde sous-jacents, y compris par le biais de la feuille de route de Luanda et du processus de Nairobi.  Elle s’est aussi inquiétée de la récente levée d’un moratoire sur la peine de mort en réponse au conflit dans le Nord-Kivu.  Enfin, elle a rappelé que tout retrait de la MONUSCO doit aller de pair avec le renforcement des forces armées nationales.

Le représentant de l’Équateur a noté que l’utilisation d’armes et d’équipements sophistiqués prouve que le M23 bénéficie d’un soutien militaire extérieur. Il a condamné l’utilisation de ces armes contre des soldats de la paix de l’ONU, de même que les menaces publiques proférées par le M23 à l’encontre de la MONUSCO et la diffusion de fausses informations visant à la discréditer.  Il s’est rallié à l’appel du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine au 4 mars pour la cessation immédiate et inconditionnelle des hostilités, ainsi que le cantonnement et le désarmement du M23 et de tous les autres groupes armés actifs dans l’est de la RDC. 

Il a souligné la nécessité de mettre en place des corridors humanitaires pour venir en aide aux 7 millions de personnes déplacées en RDC, dont 6 millions se trouvent dans le nord-est du pays.  Les responsables des possibles crimes de guerre, violations des droits humains et violences sexuelles et sexistes ne doivent pas rester impunis, a-t-il exigé.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à soutenir les efforts régionaux, en particulier la feuille de route de Luanda et le processus de Nairobi. Les initiatives régionales, bilatérales et internationales doivent être coordonnées en faveur de la paix, du dialogue et de la stabilité politique, en reconnaissant et en poursuivant le travail accompli par la MONUSCO, a fait valoir le délégué.

Le représentant de la Sierra Leone, qui a pris la parole au nom des A3+1 (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), ont pris note des résultats des élections et du verdict de la Cour constitutionnelle le 12 mars 2024 sur les recours relatifs aux législatives du 20 décembre 2023.  Compte tenu des conséquences des élections, le groupe encourage les autorités de la RDC à faciliter un processus de réconciliation et à maintenir un système de gouvernance qui reflète les aspirations nationales.

Au vu de la situation humanitaire dans le pays, les A3+1 ont appelé tous les États Membres de l’ONU et les acteurs du développement à intensifier de toute urgence leur soutien au plan de réponse humanitaire d’un montant de 2,6 milliards de dollars lancé par le Gouvernement de la RDC et les partenaires humanitaires pour financer la réponse humanitaire en 2024.  En outre, alors qu’approche la date butoir du 30 avril 2024 pour l’achèvement de la première phase du retrait de la MONUSCO, les A3+1 soulignent l’importance d’établir une forte présence de l’État dans toutes les zones où la Mission s’est retirée.  À cet égard, ils ont souligné la nécessité de disposer de forces de défense et de sécurité nationales bien entraînées et équipées qui seront déployées dans les zones actuellement couvertes par la MONUSCO.  Les A3+1 ont appelé tous les groupes armés, y compris le M23, les ADF, la CODECO, les factions Nyatura et les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), à cesser immédiatement les hostilités et à se retirer de toutes les zones occupées de la RDC.  Ils ont condamné tout soutien de parties extérieures à des groupes armés en RDC.  De plus, ils ont exhorté toutes les parties à s’engager pleinement et à se conformer aux initiatives de Nairobi dirigées et de Luanda.  Le groupa a enfin dit espérer que le soutien de la force de la Communauté de développement de l'Afrique australe aux Congolais contribuera à stabiliser la situation et empêcher la progression des groupes armés dans la région.

Le représentant de la Chine a jugé préoccupante la situation dans l’est de la RDC et exhorté les parties concernées à privilégier le dialogue afin de désamorcer les tensions.  Il a également appelé la communauté internationale à renforcer sa réponse humanitaire.  Il a estimé que les pays de la région bénéficieraient d’une RDC stable.  L’ONU doit suivre le principe de solutions africaines à des défis africains et promouvoir la feuille de route de Luanda et le processus de Nairobi, a déclaré le délégué.  Il a appuyé la mise en œuvre du plan de désengagement de la MONUSCO. La Mission doit travailler en étroite coopération avec les autorités congolaises afin d’éviter tout vide sécuritaire.  Enfin, il a souligné l’urgence de renforcer la sécurité des Casques bleus après les récentes attaques qui les ont visés.

Le représentant des États-Unis a constaté que les incursions du M23 et des forces armées rwandaises dans l’est de la RDC ont mis en péril les Casques bleus de la MONUSCO.  Réaffirmant le soutien de son pays aux efforts de l’opération de maintien de la paix des Nations Unies en RDC, il a dénoncé le soutien apporté par certains au M23 et le silence de la communauté internationale à ce sujet.  Si le Rwanda persiste dans son appui à ce groupe armé, il faudra le « réévaluer » en tant que participant constructif aux opérations de paix, a déclaré le délégué, avant d’inviter les pays fournisseurs de contingents à ne pas créer d’instabilité dans le pays hôte.  Alors que la MONUSCO met en œuvre son plan de désengagement du Sud-Kivu, les États-Unis restent préoccupés par la capacité des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à combler le vide sécuritaire créé par ce retrait, a-t-il ajouté, souhaitant que le dispositif soit adapté en conséquence.  Il faut selon lui réfléchir au calendrier et à la vitesse de mise en œuvre des phases ultérieures.  Évoquant par ailleurs la proposition du Gouvernement congolais en faveur d’un mécanisme d’identification des anciens membres de groupes armés, il a invité le Conseil à l’examiner de près, compte tenu de la menace que représentent ces groupes pour la RDC comme pour le Rwanda.  Il a ajouté que toute violation de l’embargo sur les armes doit être prise au sérieux et entraîner une intervention du Comité des sanctions.  Le délégué a enfin réitéré l’appui des États-Unis à la reprise des processus de Luanda et de Nairobi, invitant les dirigeants congolais et rwandais à agir pour la paix « dans l’intérêt de la région et du monde ».

Le représentant de la République de Corée a exhorté tous les groupes armés, en particulier le M23, à cesser immédiatement leur offensive dans l’est de la RDC.  Dans le même temps, toutes les parties au conflit doivent s’engager de manière constructive dans un dialogue diplomatique pour trouver une solution négociée, a-t-il enjoint.  Condamnant fermement les attaques visant les positions et les moyens de la MONUSCO, en particulier au moyen de systèmes d’armes sophistiqués, le délégué a estimé que cela compromet la capacité de la MONUSCO à remplir efficacement son mandat, en particulier pour assurer la protection des civils, dans le cadre du retrait en cours de la Mission du Sud-Kivu.  L’escalade des crises humanitaires et des droits humains exige une attention urgente, a souligné le représentant, en exhortant toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, et à garantir un accès humanitaire sans entrave à ceux qui en ont besoin.  Enfin, il a salué le rôle de la MONUSCO dans la facilitation du dialogue, la promotion de la participation inclusive des femmes et des jeunes et le soutien au processus électoral, notamment par la fourniture de matériel électoral.  L’aboutissement rapide et transparent des enquêtes sur les irrégularités électorales sera vital, a ajouté le délégué.

Le représentant de la Fédération de Russie s’est dit très préoccupé par l’escalade du conflit en RDC impliquant le groupe armé illégal M23. Les actions offensives de ce groupe doivent cesser, a-t-il exigé, avant de demander le déblocage des voies d’approvisionnement terrestres de Goma.  Gravement préoccupé par l’utilisation de systèmes d’armes avancés dans la zone des combats, y compris contre la MONUSCO, il a insisté sur la nécessité de revenir à la pleine mise en œuvre des accords de la feuille de route de Luanda.  Le délégué a mis en garde contre l’impact de la poursuite du conflit militaire dans l’est du Congo sur la situation humanitaire, l’aggravation des souffrances de la population civile, mais également sur la situation dans l’ensemble de la région des Grands Lacs et sur les relations interétatiques et la stabilité régionale.

Il ne fait aucun doute selon lui qu’un règlement rapide de la crise, en particulier dans la perspective du début du retrait de la MONUSCO, est dans l’intérêt, avant tout, des pays de la région des Grands Lacs eux-mêmes, et seules des décisions politiques conduiront à une cessation globale des hostilités et à la création de conditions réelles pour une stabilisation durable.  Pour cela, il lui a paru fondamental d’intensifier la médiation régionale afin de surmonter les tensions entre Kinshasa et Kigali, et de veiller à ce que tous les groupes armés illégaux déposent les armes et participent au programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration sans conditions préalables.  Tout engagement de l’État avec le Front patriotique rwandais doit également cesser, a estimé le délégué avant de réaffirmer le soutien de la Fédération de Russie aux activités de la MONUSCO.  Lors du retrait de la Mission, il faudra, selon lui, prendre en compte l’évolution de la situation sur le terrain et agir de manière progressive et responsable. Appelant à veiller à ce qu’il n’y ait pas de vide sécuritaire, le délégué a argué que cela passe par le respect du calendrier de retrait établi dans la résolution 2717 (2023). 

Il a pris note de la récente décision de l’Union africaine d’accorder ses auspices aux forces de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ainsi que du soutien que cette dernière apporte à Kinshasa pour faire face à la crise, conformément au principe « aux problèmes africains, des solutions africaines ».  Il est important, selon le représentant, d’assurer le niveau nécessaire de coordination avec la MONUSCO et de définir des modalités efficaces de travail en commun.  Pour sa part, la Fédération de Russie est prête à discuter des paramètres d’une éventuelle assistance aux forces régionales par la Mission dès qu’elle aura reçu le rapport pertinent du Secrétariat de l’ONU, a assuré le représentant.

Le représentant du Royaume-Uni a exhorté toutes les parties à mettre immédiatement fin aux attaques contre les troupes de maintien de la paix et à privilégier des activités de déconfliction pour permettre à la MONUSCO de remplir son mandat.  Le retrait de la MONUSCO du Sud-Kivu risque de laisser un vide sécuritaire, a-t-il averti, appelant le Gouvernement de la RDC à assumer ses responsabilités en matière de protection de la population civile.  Il a appelé les acteurs externes à mettre fin à leur soutien aux groupes armés en RDC, notamment le M23, dont les activités ont poussé au déplacement massif de civils.  Le Royaume-Uni a promis 126 millions de dollars dans le cadre d’un programme humanitaire de trois ans en RDC, a-t-il rappelé.  Il a ensuite pris note de l’arrivée de la force régionale de la SADC et a souligné l’importance de son ancrage dans un processus politique régional comme celui de Luanda. 

La représentante de la Suisse a souligné que seule une solution politique peut mener à un apaisement durable en RDC.  Elle a appelé les parties à reprendre les négociations, et à s’engager dans un processus politique crédible et inclusif.  Elle a salué les efforts réalisés dans le cadre de la feuille de route de Luanda, avant d’encourager les Présidents Tshisekedi Tshilombo et Kagame à entamer un dialogue sincère et apaisé, dans les meilleurs délais.  Et c’est pourquoi nous réitérons encore une fois notre appel au Rwanda à cesser immédiatement tout soutien au M23 et à retirer ses soldats présents sur le territoire de la RDC, a-t-elle déclaré. 

Évoquant le désengagement de la MONUSCO du Sud-Kivu, elle a appelé les Forces de défense et de sécurité congolaises à se déployer rapidement en priorisant la protection des civils.  De même, si la RDC a la responsabilité première de protéger les civils, elle a également la responsabilité de protéger le personnel humanitaire et onusien, a-t-elle affirmé, déplorant que les positions des soldats de la paix continuent d’être la cible de nombreuses attaques. 

Le représentant de la Slovénie a appelé le M23 à cesser immédiatement les hostilités et à se retirer des territoires occupés, conformément à la feuille de route de Luanda.  Il a condamné tout soutien apporté aux FDLR et au M23 ainsi que toute présence militaire non autorisée en RDC.  Il faut renforcer les efforts coordonnés visant à s’attaquer aux causes profondes du conflit et de l’instabilité régionale, a estimé le délégué pour lequel le processus de Nairobi et la feuille de route de Luanda restent au cœur de ces efforts. 

Compte tenu de l’escalade sécuritaire, en particulier dans le Nord-Kivu, le retrait de la MONUSCO nécessite une planification stratégique, a-t-il fait valoir en plaidant pour un retrait sûr, ordonné, responsable, progressif et durable.  Ce retrait doit aussi tenir compte de la capacité des forces nationales à assurer la protection des civils, en particulier des femmes et des enfants. La mise en place d’une coordination efficace entre la MONUSCO et les autres forces régionales déployées dans la même zone reste importante à cet égard.

La représentante du Japon a exprimé son inquiétude face à la poursuite des combats entre le M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).  Le récent incident, au cours duquel huit soldats de la MONUSCO ont été blessés, est une conséquence regrettable de ces hostilités, a-t-elle noté.  Constatant que d’autres groupes armés exploitent le vide sécuritaire provoqué par la focalisation actuelle sur le M23 pour étendre leurs activités, elle s’est également alarmée de l’introduction de grandes quantités d’armes sophistiquées sur ce théâtre, avant d’évoquer la présence présumée de « troupes étrangères déguisées ».  Tout soutien, de la part de quelque État que ce soit, au M23 et à tout autre groupe armé doit cesser, a plaidé la déléguée, pour qui rompre le cycle de violence dans la région nécessite une solution politique. Les initiatives régionales à cette fin devraient être guidées par une stratégie commune et coordonnées jusqu’au niveau des opérations sur le terrain, notamment la MONUSCO et la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIDRC). 

De l’avis de la représentante, la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC rend plus difficile la conduite d’un retrait progressif, responsable et durable de la MONUSCO.  Appelant à la mise en place simultanée d’une présence efficace des autorités étatiques et de forces de sécurité suffisantes pour éviter tout vide sécuritaire, elle a estimé que la réforme de la police nationale reste une priorité absolue.

Le représentant de la République démocratique du Congo (RDC) a indiqué que, ces trois derniers mois, la situation de son pays a été principalement dominée par la tenue des élections générales et par la poursuite des efforts régionaux et internationaux visant à inverser la spirale d’insécurité dans l’est de la RDC.  S’agissant des élections, il a remercié le Conseil de sécurité, la MONUSCO et les pays partenaires pour leur appui logistique et matériel, avant de rappeler que le scrutin s’est déroulé dans le calme et dans les délais constitutionnels. Le Président réélu, M. Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a été investi le 20 janvier dernier et l’installation des « institutions restantes » est dans sa phase de finalisation, a-t-il précisé, avant d’aborder la situation sécuritaire. Reprenant à son compte la condamnation par le Secrétaire général des attaques récemment perpétrées contre les positions de la MONUSCO à Goma et à Sake, il a estimé que ce « blâme » s’adresse exclusivement aux forces armées du Gouvernement rwandais et aux terroristes du M23 qui leur sont associés.  En effet, a-t-il relevé, le rapport du Secrétaire général établit que le Rwanda ne nie plus la présence de son armée sur le territoire de la RDC et constate que les troupes rwandaises participent activement aux combats. L’armée rwandaise a ainsi testé la performance de ses nouveaux missiles sol-air sur des hélicoptères de la MONUSCO et sur des avions civils garés sur le parking de l’aéroport de Goma, a-t-il affirmé. 

Pour le représentant, le Conseil de sécurité doit franchir le « Rubicon de l’impunité » et imposer au Rwanda des sanctions à la hauteur de son « récidivisme criminel ».  Face à cette situation, a-t-il ajouté, les Forces armées de la République démocratiques du Congo (FARDC) et les jeunes patriotes résistants Wazalendo restent mobilisés pour défendre l’intégrité territoriale du pays jusqu’à la restauration totale de l’autorité de l’État.  Il a ensuite fait le point sur les efforts politiques et diplomatiques menés sous la médiation du Président angolais, évoquant notamment le mini-sommet d’Addis-Abeba en février dernier, en marge du trente-septième sommet de l’Union africaine, et la tenue, le 21 mars, d’une réunion ministérielle tripartite à Luanda entre les Ministres des affaires étrangères de l’Angola, de la RDC et du Rwanda.  Une deuxième réunion ministérielle se tiendra prochainement pour préparer la rencontre des chefs des trois États en avril, a-t-il indiqué, avertissant que son pays n’acceptera pas des « arrangements de façade » destinés à perpétuer l’insécurité et la confusion qui encouragent la coalition entre le Rwanda et le M23 à poursuivre l’exploitation de ses minerais stratégiques.  À court terme, la réaffirmation des processus de Luanda et de Nairobi reste selon lui la seule voie de sortie, ce qui implique la cessation des hostilités, le retrait sans conditions des troupes rwandaises du territoire de la RDC et le retrait du M23 des positions occupées. 

Au chapitre des efforts régionaux, le représentant a évoqué le déploiement de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIDRC).  Il a rappelé qu’à la suite de la création de cette mission lors du sommet de la SADC en mai 2023, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a approuvé son déploiement dans l’est de la RDC le 4 mars dernier.  À ses yeux, cette démarche s’inscrit dans la droite ligne du principe de subsidiarité et de celui prônant « des solutions africaines aux problèmes africains ».  Enfin, concernant le plan de désengagement de la MONUSCO prévu par la résolution 2717 (2023), il a assuré que son gouvernement est pleinement engagé dans la mise en œuvre de la première phase de ce retrait au Sud-Kivu et qu’il assumera ses responsabilités dans l’exécution de la feuille de route arrêtée de commun accord avec l’ONU. 

Le représentant du Rwanda a rappelé que l’ONU, en juin 2023, a consacré 24,3 milliards de dollars à sa mission de maintien de la paix en RDC. Malgré ces ressources importantes, la situation dans l’est de la RDC s’est détériorée.  Le chaos provoqué par les groupes armés illégaux a aggravé la situation des droits humains, a poursuivi le délégué.  « Les discours de haine, les persécutions et le nettoyage ethnique visant la communauté tutsie congolaise ont atteint des niveaux sans précédent sous les yeux de la communauté internationale », a-t-il déploré.  La communauté internationale continue d’échouer à répondre aux causes profondes du conflit et ne saisit pas la complexité de la région, a-t-il tranché. Il a estimé que tout progrès de la MONUSCO est rendu caduc par le manque de courage politique des autorités congolaises. « Nous ne pouvons pas continuer d’appliquer la même mauvaise recette et espérer un résultat différent. »  Il a exhorté le Conseil à rejeter tout appui à une solution militaire de nature à galvaniser le Gouvernement congolais et sa coalition de groupes armés illégaux, certains d’ailleurs étant frappés de sanctions de la part de ce même Conseil. Le départ de la MONUSCO ne doit pas justifier un appui aux forces partisanes qui préfèrent continuer le combat, indépendamment de la coopération entre les forces armées congolaises et les forces génocidaires des FDLR, a assené le délégué.

Il a déclaré qu’il n’a pas encore été remédié aux deux préoccupations du Rwanda, à savoir la présence de forces génocidaires et les récentes déclarations publiques de responsables de la région.  Il a en effet dénoncé l’appui des forces armées congolaises aux FDLR. Ce soutien doit cesser et les éléments des FDLR doivent être désarmés, démobilisés et renvoyés au Rwanda.  Il a aussi dénoncé les déclarations des Présidents de la RDC et du Burundi qui ont menacé le Rwanda d’un « changement de régime ».  Selon le Groupe d’experts sur la RDC, ces deux pays combattraient aux côtés de la milice génocidaire des FDLR contre le M23, a affirmé le délégué.  « Le Rwanda prend ces menaces très au sérieux et demande que ces questions sécuritaires soient tranchées politiquement par les Congolais », a-t-il dit.  Enfin, il a exhorté le Conseil à faire cesser les discours de haine contre les Congolais tutsis en raison des risques d’un nouveau génocide 30 ans après celui commis au Rwanda.

Le représentant du Burundi s’est félicité de la bonne coopération de son pays avec la RDC, à travers le cadre de coopération bilatérale en matière de défense pour lutter contre les groupes armés et terroristes locaux et étrangers qui pullulent dans l’est de la RDC.  Il a salué le déploiement de la force régionale de la SADC (SAMIDRC) qui devrait tout faire pour réoccuper toutes les anciennes positions de la force régionale de la communauté est-africaine tombées entre les mains du M23.  Devant la gravité de la situation humanitaire, le représentant a fait siennes les observations du Secrétaire général, en particulier celles relative à l’engagement d’apporter un soutien logistique et opérationnel à la force régionale de la SADC présente en RDC. Les relations de bon voisinage occupent une place de choix dans le document de politique étrangère du Burundi, a-t-il expliqué en précisant que les relations entre son pays et les autres pays de la région sont au bon fixe à l’exception du Rwanda, son voisin du nord, à qui le Burundi réclame toujours la remise des putschistes de 2015 qui sont aujourd’hui le cerveau pensant du groupe criminel et terroriste RED Tabara. Le Rwanda a le choix entre les bonnes relations avec le Burundi ou le maintien de ce groupe de criminels sans avenir politique sur son territoire, a expliqué le délégué pour lequel « ce choix devrait être clair et facile ».  Il a exhorté le Rwanda à opter pour un choix qui le placera du bon côté de l’histoire.  Pour le Burundi, le respect des engagements pris par le leadership rwandais de livrer ce groupe de criminels en cavale hébergés à Kigali contribuerait sensiblement à la lutte contre l’impunité dans la région et au respect des instruments juridiques régionaux en matière de paix et de sécurité, a-t-il fait valoir.  Pour ce qui est des efforts régionaux de restauration de la paix en RDC et dans la région, il s’est dit profondément préoccupé par la résurgence des attaques du M23 dans l’est de la RDC avant d’exhorter ce mouvement à se conformer aux décisions prises par les chefs d’État de la région dans le cadre de la feuille de route de Luanda et le processus de Nairobi afin de donner la chance à la paix dans cette partie de la RDC qui a tant souffert.  Dans le même ordre d’idées, il s’est dit préoccupé par l’expansion du terrorisme dans la région au risque de voir des liens avec d’autres groupes terroristes au Sahel, du Moyen-Orient et au nord du Mozambique.  Des efforts supplémentaires sur ce front sont plus que nécessaires pour étouffer dans l’œuf toute expansion du terrorisme sur le continent avant qu’il ne soit trop tard, a insisté le représentant, pour lequel les conflits en cours dans d’autres régions du monde ne devraient pas éclipser ceux du continent africain. 

Le représentant de la République démocratique du Congo (RDC) a repris la parole pour relever que « l’ambiance dans la salle du Conseil prévaut aussi sur le terrain ».  Dans la sous-région, un seul pays « nargue tous ses voisins », a-t-il accusé, estimant que la déclaration du Burundi en apporte une claire illustration.  « Le Rwanda affirme être en RDC pour assurer la sécurité des Tutsis, mais n’y a-t-il pas des Tutsis au Burundi? » a-t-il demandé, s’interrogeant par ailleurs sur la volonté affichée par le Rwanda de ne pas externaliser le conflit congolais.  « Alors que venez-vous faire en RDC? » a lancé le délégué au Rwanda. Il a d’autre part rappelé que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont des Rwandais qui ont commis le génocide de 1994 et ont ensuite fui en RDC.  Mais ce groupe armé a fait l’objet d’une « éradication » de la part des troupes congolaises et rwandaises dans le passé, a-t-il assuré, ajoutant que, dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, l’ancien ambassadeur du Rwanda en RDC déclarait en 2018 que les FDLR ne constituaient plus une menace pour le Rwanda.  « Cela a été dit. »  Le Rwanda n’est là que pour exploiter les richesses minières de la RDC, a-t-il poursuivi, avant de relever que, selon le dernier rapport du Groupe d’experts, il y a des membres du FDLR dans le contingent rwandais présent en RDC. Ces individus ont été rapatriés au Rwanda, qui les a ensuite recyclés pour les envoyer se battre contre la RDC, a-t-il expliqué.  « Je ne voudrais pas que le Conseil de sécurité soit dupe de ce jeu », a conclu le représentant.

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