En cours au Siège de l'ONU

9588E SÉANCE - MATIN
CS/15643

Conseil de sécurité: appels à l’application de la résolution 2728 (2024) exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza, véritable « lueur d’espoir »

Une grande majorité de délégations a, ce matin, demandé l’application de la résolution 2728 (2024) adoptée hier par le Conseil de sécurité et qui exige notamment un cessez-le-feu immédiat à Gaza.  Ce texte est une véritable « lueur d’espoir », a déclaré le Japon, résumant le sentiment général.  Nombre d’orateurs ont par ailleurs réclamé l’arrêt des activités de colonisation israéliennes en Cisjordanie, illicites au regard du droit international. 

En début de séance, les membres du Conseil ont entendu une longue intervention du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient.  Venu présenter le dernier rapport quadriennal du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), M. Tor Wennesland a déploré la poursuite des activités de colonisation en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, où la violence est toujours à un niveau alarmant.  Il s’est également dit consterné par l’ampleur des pertes et destructions à Gaza causées par la campagne militaire israélienne. 

Rien ne peut justifier le châtiment collectif des Palestiniens, a-t-il tranché, tout en condamnant les atroces attaques commises le 7 octobre par le Hamas.  Il s’est dit extrêmement préoccupé par le déplacement de plus d’un million de personnes déjà déplacées à Gaza si Israël lançait les opérations militaires prévues à Rafah.  L’énormité des défis au Moyen-Orient, en particulier pour remédier à la situation catastrophique à Gaza, exige une réponse « collective, créative et immédiate », a-t-il souligné. 

À l’issue de cette intervention, les délégations se sont félicitées de l’adoption hier de la résolution 2728 (2024), par 14 voix pour, aucune voix contre et une abstention (États-Unis).  Ce texte, qui était le dixième soumis à un vote au Conseil depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, il y a près de six mois, « exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat pendant le mois du ramadan, qui soit respecté par toutes les parties et mène à un cessez-le-feu durable ».

Elle exige également « la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages », tout en insistant sur « la nécessité urgente d’étendre l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils et de renforcer la protection des civils dans l’ensemble de la bande de Gaza ».  Cette résolution doit être appliquée, a déclaré le délégué de la France, en rappelant que la situation humanitaire à Gaza est inacceptable.  « Il y a urgence à garantir une entrée massive d’aide humanitaire face au risque imminent de famine généralisée. »  Il a exhorté Israël à ouvrir sans délai et sans condition tous les points de passage terrestres existant vers la bande de Gaza.  Même son de cloche du côté du Japon ou de la République de Corée, qui a exhorté les parties à scrupuleusement respecter « les demandes justes » formulées par le Conseil dans cette résolution. 

« Hier, il était grand temps de restaurer la confiance de la communauté internationale en la capacité d’action de ce Conseil en matière de paix et de sécurité », a déclaré la Suisse.  « Aujourd’hui, il est temps de veiller à la mise en œuvre de cette résolution par les parties au conflit. »  Cette résolution est une « étape essentielle » vers l’atténuation de la « terrible situation » à Gaza, a appuyé Malte, tandis que la Sierra Leone a rappelé le caractère contraignant de ce texte. 

Expliquant leur abstention au cours du vote de la veille, les États-Unis ont regretté que la résolution ne condamne pas l’attaque du 7 octobre du Hamas et les violences sexuelles contre les otages.  La délégation a aussi appelé à faire pression sur le Hamas afin qu’il accepte l’accord évoqué par le texte.

Une note nettement dissonante est venue de la Fédération de Russie qui s’est étonnée que la déléguée des États-Unis ait, lors du vote d’hier, insisté sur le caractère « non contraignant » de la résolution.  « Cela veut-il dire que les États-Unis s’affranchissent de l’Article 25 de la Charte selon lequel les États Membres acceptent d’exécuter les décisions du Conseil de sécurité? » a demandé le délégué russe.  Ces propos prêtaient en effet à équivoque, a commenté la Chine, appuyée par l’Algérie qui a elle aussi rappelé le caractère contraignant des résolutions du Conseil de sécurité.  « Sinon, c’est la question même de l’existence de cet organe qui serait posée », a noté la délégation algérienne.

La délégation russe a également déploré que malgré cette résolution « historique », le Ministre des affaires étrangères israélien a indiqué que son pays continuerait à se battre pour neutraliser le Hamas et libérer les otages, en notant que les combats se poursuivent à Gaza. Nombre d’orateurs se sont aussi inquiétés d’une offensive israélienne à Rafah.  « Nous continuons de dissuader le Gouvernement israélien contre une telle intervention », ont répondu les États-Unis.

De son côté, le Royaume-Uni a appelé Israël à faire davantage pour garantir qu’une aide significativement plus importante puisse parvenir aux populations dans le besoin à Gaza.  Cela inclut l’ouverture complète de Kerem Shalom et du port d’Ashdod et leur fonctionnement à leur capacité opérationnelle maximale, ainsi que la délivrance de visas aux travailleurs de l’ONU et aux agences humanitaires, a précisé la délégation.

À l’exception des États-Unis qui n’en ont pas parlé, comme l’a remarqué la Russie, les délégations ont condamné la poursuite des activités de colonisation israéliennes en Cisjordanie, en violation de la résolution 2334 (2016).  La France a notamment qualifié d’inacceptable la décision israélienne du 22 mars confisquant 800 hectares de terrain en Cisjordanie, notant qu’il s’agit de la plus importante appropriation de terres par Israël dans les Territoires palestiniens occupés depuis les Accords d’Oslo. 

« De tels actes ne doivent pas être autorisés à se produire en toute impunité », a appuyé Malte, en rappelant que les colonies de peuplement, illégales, menacent la viabilité d’une solution à deux États. Le Royaume-Uni s’est également dit alarmé par leur expansion continue, tandis que la Sierra Leone a exhorté Israël à y renoncer.  L’expansion des colonies constitue un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et à une paix juste, durable et globale du conflit israélo-palestinien, a tranché la Slovénie. 

Cette réunion s’est tenue après que la Fédération de Russie a demandé un vote sur l’adoption de l’ordre du jour du Conseil.  Les 15 membres ont approuvé son adoption. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposé

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a indiqué que 4 780 unités de logement ont été approuvées dans la zone C de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est sur la période allant du 8 décembre au 18 mars dernier, nonobstant la résolution 2334 (2016).  Les démolitions de propriétés palestiniennes se sont également poursuivies, causant le déplacement de 314 personnes, dont 137 enfants.  Évoquant la situation à Gaza, il a précisé qu’au moins 14 549 personnes ont été tuées durant la période précitée, dont 4 200 femmes et 6 000 enfants, et que depuis le 7 octobre, plus de 31 790 Palestiniens ont été tués, en majorité des femmes et des enfants.  Selon des sources israéliennes, 134 otages seraient toujours à Gaza, a-t-il dit, avant de rappeler le bilan des attaques du Hamas du 7 octobre: 1 461 Israéliens et ressortissants étrangers tués, dont au moins 338 femmes, 37 enfants et 633 membres des forces de sécurité. Il a déploré la poursuite des hostilités à Gaza, précisant que, sur la période, 39 membres de l’ONU ont été tués, portant à 171 le nombre de membres de l’ONU tués depuis le 7 octobre à Gaza.  La violence en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, est toujours d’un niveau alarmant, a-t-il ajouté, indiquant que 159 Palestiniens, dont 2 femmes et 43 enfants, y ont été tués par les forces israéliennes.  Selon des sources israéliennes, 10 Israéliens, dont 2 femmes et 1 enfant, ont été tués par des Palestiniens.  La plupart des Palestiniens ont été tués dans le cadre des opérations menées par Israël dans la zone A.

À Gaza, a poursuivi le Coordonnateur spécial, l’impact humanitaire des hostilités a été cataclysmique et s’aggrave de jour en jour. Près de 1,7 million de personnes ont été déplacées, dont près d’un million ont trouvé refuge à Rafah.  Plus d’un million de personnes à Gaza devraient être confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire catastrophiques d’ici à la fin mai, et des décès liés à la famine ont déjà été signalés.  Il s’est également inquiété des conditions extrêmement dangereuses dans lesquelles travaillent les humanitaires.

Le Coordonnateur a condamné les atroces attaques commises par le Hamas le 7 octobre.  « Rien ne peut justifier de tels actes de terreur. »  Les otages doivent être immédiatement libérés et, pendant leur captivité, doivent être traités avec humanité.  Il s’est dit « horrifié » par les actes de violence sexuelle commises le 7 octobre.  Il s’est dit consterné par l’ampleur des pertes et destructions à Gaza en raison de la campagne militaire israélienne à Gaza.  « Le nombre de civils tués est sans précédent. »  Rien ne peut justifier le châtiment collectif des Palestiniens, a-t-il tranché, en exhortant les parties à respecter le droit international humanitaire.  Il s’est dit extrêmement préoccupé par le déplacement de plus d’un million de personnes déjà déplacées à Gaza si Israël lançait les opérations militaires prévues à Rafah.  Enfin, il a estimé que l’énormité des défis politique, sécuritaire et humanitaire au Moyen-Orient exige une réponse « collective, créative et immédiate », en particulier pour remédier à la situation catastrophique à Gaza.  En fin de compte, toute solution pour Gaza, et plus largement au conflit israélo-palestinien, est politique, a conclu le Coordonnateur spécial, en demandant la fin des colonies de peuplement, dont il a déploré l’élargissement sans fin, et la mise en œuvre de la solution des deux États. 

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse 
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