9577e séance – après-midi
CS/15628

Le Conseil de sécurité renouvelle pour une année supplémentaire le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, décidé de proroger de douze mois, jusqu’au 17 mars 2025, le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), tel qu’il a été défini dans sa résolution 2626 (2022). 

En adoptant à l’unanimité de ses 15 membres la résolution 2727 (2024), le Conseil prolonge le mandat de la MANUA sans modifier ses tâches et activités prioritaires. Le texte réaffirme le « soutien sans réserve » du Conseil aux activités de la MANUA et de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Afghanistan, Mme Roza Isakovna Otunbayeva. 

Par cette résolution, le Conseil souligne qu’il importe au plus haut point de pouvoir compter sur une présence constante de la MANUA et des autres organismes, fonds et programmes des Nations Unies dans tout l’Afghanistan.  Il demande d’autre part à tous les acteurs politiques et parties prenantes en Afghanistan, ainsi qu’aux acteurs internationaux, de se coordonner avec la Mission dans le cadre de l’exécution de son mandat et d’assurer la sûreté, la sécurité et la liberté de circulation dans tout le pays du personnel des Nations Unies et du personnel associé. 

En outre, la résolution prie le Secrétaire général de lui présenter tous les trois mois un rapport sur la situation en Afghanistan et sur l’exécution du mandat de la MANUA, y compris au niveau infranational. 

Délégation porte-plume de ce texte, le Japon s’est félicité du vote unanime des membres du Conseil, qu’il a remerciés pour leur engagement constructif tout au long du processus de négociation.  La résolution adoptée aujourd’hui garantit que la MANUA continuera d’être dotée d’un mandat « suffisant, robuste et souple » pour relever les défis multiformes auxquels est confronté l’Afghanistan, a-t-il assuré, évoquant à ce sujet la détérioration de la situation humanitaire et des droits humains, en particulier pour les femmes et les filles. 

Pour le Japon, la présence de la MANUA sur le terrain est indispensable au moment où la communauté internationale cherche à solidifier son engagement et à renforcer le rapport de confiance avec les Taliban, comme convenu lors de la réunion des envoyés spéciaux à Doha le mois dernier.  Un avis nuancé par l’Afghanistan, qui, tout en saluant le renouvellement du mandat de la MANUA, a souligné l’incapacité des Taliban à remédier à la situation, à s’engager de manière constructive et à établir un système de gouvernance juste, responsable, inclusif et représentatif, qui respecte les droits humains et garantisse l’inclusion des femmes. 

À cet égard, la Slovénie a regretté que la résolution adoptée par le Conseil ne reflète pas le fait que les politiques et pratiques des Talibans limitent la jouissance des droits humains et des liberté fondamentales par les femmes et les filles afghanes.  Dans le cadre de l’appui apporté au rétablissement de ces droits en Afghanistan, il importe de permettre aux femmes et aux filles de participer pleinement à tous les aspects de la vie de la société, ont renchéri les États-Unis, tandis que l’Équateur jugeait l’appui à la MANUA « incontournable » pour inverser cette situation.  À l’approche de la nouvelle année scolaire en Afghanistan, la République de Corée a quant à elle rappelé que 1,4 million de filles sont exclues de l’enseignement secondaire dans le pays. 

La Chine a insisté, pour sa part, sur l’amélioration de la situation interne de l’Afghanistan, deux ans et demi après le retrait des forces étrangères.  « La résolution donne l’impression que la situation est restée inchangée, ce qui n’est clairement pas le cas », a-t-elle regretté, faisant état d’un redressement de l’économie nationale et d’un renforcement de la coopération régionale, même si le pays reste confronté à des « défis de taille » en matière de développement et de réponse à la crise humanitaire et à la menace terroriste.  Elle a donc invité la communauté internationale à œuvrer de concert avec le gouvernement intérimaire afghan pour garantir l’acheminement de l’aide humanitaire, contribuer au déminage, rétablir le système bancaire et débloquer les avoirs gelés de la Banque centrale afghane. 

La délégation chinoise s’est par ailleurs prononcée pour une modification du cycle de présentation des rapports sur l’Afghanistan et la MANUA, indiquant avoir plaidé pour une fréquence moindre lors des négociations.  Selon elle, un tel ajustement, conforme à ceux qu’a déjà opérés la MANUA depuis sa création en 2002, n’empêcherait nullement le Conseil de se pencher sur la question de l’Afghanistan dès que nécessaire et permettrait de mieux tenir compte de l’évolution de la situation. 

De son côté, la Fédération de Russie a jugé impératif de maintenir une « interaction pragmatique » entre la MANUA et les autorités de facto sur toutes les questions relevant des tâches assignées à la Mission, en particulier la coordination de l’aide humanitaire internationale.  Qualifiant d’« immorales et inacceptables » les tentatives de politisation de l’action humanitaire sous divers prétextes, elle a dénoncé la volonté affichée par « certains membres » de discuter des défis humanitaires « uniquement en relation avec la situation des droits humains ». Ce reflet tronqué des « nouvelles réalités » ne contribue pas, selon elle, à la normalisation de la situation et à la réintégration de l’Afghanistan au sein de la communauté internationale. 

Quant à la question de la nomination d’un envoyé spécial pour l’Afghanistan, soulevée par le Conseil dans sa résolution 2721 (2023), les États-Unis ont appelé les membres de l’organe à entamer des consultations « pour, à terme, nommer quelqu’un qui travaillera avec la communauté internationale, les Taliban et les Afghans ». 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN (S/2024/196)

Texte du projet de résolution (S/2024/234)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures sur l’Afghanistan, en particulier sa résolution 2626 (2022) définissant le mandat actuel de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et la résolution 2678 (2023) portant prorogation jusqu’au 17 mars 2024 de ce mandat,

Insistant sur le rôle important que l’Organisation des Nations Unies continuera de jouer dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan, ainsi que son appui continu au peuple afghan,

1.    Salue la détermination à aider le peuple afghan dont l’Organisation des Nations Unies fait preuve depuis longtemps, réaffirme son soutien sans réserve aux activités de la MANUA et de la Représentante spéciale du Secrétaire général, et souligne qu’il importe que la Mission maintienne sa présence sur le terrain;

2.    Se félicite des efforts constants de la MANUA dans l’exécution des tâches et activités prioritaires qui lui ont été confiées;

3.    Décide de proroger jusqu’au 17 mars 2025 le mandat de la MANUA, tel qu’il a été défini dans sa résolution 2626 (2022);

4.    Souligne qu’il importe au plus haut point de pouvoir compter sur une présence constante de la MANUA et des autres organismes, fonds et programmes des Nations Unies dans tout l’Afghanistan, et demande à tous les acteurs politiques et parties prenantes en Afghanistan, notamment aux autorités compétentes, le cas échéant, ainsi qu’aux acteurs internationaux de se coordonner avec la MANUA dans le cadre de l’exécution de son mandat et d’assurer la sûreté, la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé dans tout le pays;

5.    Prie le Secrétaire général de lui présenter tous les trois mois un rapport sur la situation en Afghanistan et sur l’exécution du mandat de la MANUA, y compris au niveau infranational;

6.    Décide de rester activement saisi de la question.

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