Reprise de la 9547e séance - après-midi
CS/15591

Le Conseil de sécurité poursuit son débat sur le « cercle vicieux » des changements climatiques, de l’insécurité alimentaire et des conflits

Les répercussions interconnectées des problèmes climatiques, des conflits et des menaces à la sécurité alimentaire ont continué de mobiliser l’attention des États Membres venus participer, cet après-midi, à la suite du débat public lancé hier au Conseil de sécurité, en la présence du Président du Guyana et du Secrétaire général de l’ONU. 

Aujourd’hui, les discussions ont été marquées par l’intervention de l’Observatrice permanente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui a déploré une action climatique « particulièrement faible » dans les situations de conflit, rappelant en outre que le droit international humanitaire interdit d’exploiter la famine des civils comme méthode de guerre. 

Se faisant l’écho de ces mêmes préoccupations au nom du Groupe des Amis de l’action sur les conflits et la faim, qu’elle copréside avec l’Équateur, l’Irlande a appelé tous les États Membres et parties à un conflit à prévenir la faim provoquée par les conflits. 

Les Émirats arabes unis ont relevé que les problématiques sécuritaires, alimentaires et climatiques se chevauchent fréquemment.  « Ce sont souvent les mêmes personnes qui se heurtent à la faim et aux conflits et qui font face à la crise climatique », a souligné la délégation émirienne.  Relevant que les conflits durent communément plusieurs années, elle a considéré qu’on ne pouvait pas attendre leur résolution avant de prendre à bras-le-corps les problèmes liés au climat ou à la sécurité alimentaire. 

Pour répondre efficacement à ces trois problématiques connexes, les délégués ont été nombreux à souhaiter davantage d’intégration entre les agences de l’ONU.  Soulignant le rôle déstabilisateur des changements climatiques, le Panama a exhorté le Conseil de sécurité à agir en collaboration avec le Conseil économique et social (ECOSOC).  Un appel relayé par le Suriname et Maurice, qui a préconisé une approche « holistique ».  Quant au Vietnam, il a espéré voir se renforcer la coopération entre les divers organes de l’ONU et ceux plus spécifiquement responsables de la sécurité alimentaire, dont le Programme alimentaire mondial (PAM) ou l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). 

Toujours en vue d’une meilleure intégration de ces problématiques connexes, de nombreuses délégations, dont la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’Irlande, les Palaos, les Tonga et Nauru, ont demandé la création d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général pour le climat et la sécurité.  Nauru, qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis du climat et de la sécurité, a considéré qu’une telle mesure serait à même d’améliorer la coordination entre les entités pertinentes de l’ONU.  Sa délégation a en outre estimé nécessaire d’intégrer systématiquement les risques climatiques et de catastrophe naturelle dans toutes les opérations de maintien de la paix et missions politiques spéciales. Dans le même esprit, le Paraguay a préconisé l’intégration d’indicateurs sur la sécurité alimentaire au sein des opérations de paix. 

Le Brésil a en revanche estimé que le Conseil de sécurité n’avait ni le mandat ni les outils pour traiter la question des changements climatiques, qualifiant de « fragile » leur corrélation avec la question des conflits. Par contre, a-t-il relevé, le lien entre les changements climatiques et la faim est établi.  À ce titre, il a demandé au Conseil de sécurité de renoncer à l’usage de sanctions et d’intégrer la question de la sécurité alimentaire. 

D’autres délégations ont insisté sur l’importance des systèmes d’alerte précoce en matière climatique, notant que leur déploiement mondial peut efficacement appuyer les efforts de consolidation de la paix.  Dans le même esprit, le Panama a appelé de ses vœux une meilleure coordination entre systèmes d’alerte et opérations de maintien de la paix, estimant ce point crucial pour pouvoir travailler de manière préventive avec les communautés concernées.  

Les petits États insulaires en développement (PEID) ont attiré l’attention sur leur vulnérabilité particulière, les Maldives alertant des répercussions « catastrophiques » des changements climatiques pour ces États. Outre le déplacement de populations côtières, la montée des eaux contamine les nappes phréatiques et compromet l’irrigation des cultures traditionnelles, tandis que le réchauffement des eaux éloigne de la région de nombreuses espèces de poissons essentielles à la subsistance des populations, ont expliqué les Palaos. 

« Nos terres seront inhabitables avant d’être submergées », ont averti les Tonga.  Préoccupée par le risque de troubles sociaux, de tensions entre communautés et de déplacements de population, la délégation a appelé à mettre à disposition des financements abordables et accessibles pour renforcer la résilience des PEID en termes halieutiques, d’agriculture et d’énergies renouvelables. 

Alertant de son côté que 4,9 millions d’Haïtiens, soit près de la moitié de la population du pays, ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence, la délégation haïtienne a indiqué qu’il est clairement établi que l’insécurité alimentaire est la cause de la violence armée qui frappe l’île, qui a son tour entraîne l’insécurité alimentaire.  Pour contrer cette situation, elle a appelé à une action urgente et coordonnée de la communauté internationale pour agir sur les causes structurelles de la crise alimentaire et continuer à fournir le soutien nécessaire aux agriculteurs. 

 

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