En cours au Siège de l'ONU

9537e séance, après-midi
CS/15572

Ukraine: le Conseil de sécurité se réunit après le crash, hier, d’un avion militaire russe IL-76

Réuni à la demande de la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité a entendu ce soir, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix faire le bilan provisoire du crash d’un avion militaire russe IL-76 dans la région de Belgorod, près de la frontière ukrainienne, qui a coûté la vie à tous ses passagers.

Mme Rosemary DiCarlo a indiqué que l’ONU n’est pas en mesure de confirmer les circonstances du crash, mais que selon les autorités russes, l’avion avait à son bord des prisonniers de guerre ukrainiens, des membres de l’équipage russe ainsi que du personnel militaire russe.  Selon les autorités ukrainiennes, a-t-elle ajouté, l’appareil transportait peut-être des missiles destinés au système militaire russe. 

Évoquant l’éventuel lien de l’incident de Belgorod avec un projet d’échange de prisonniers de guerre, la haute fonctionnaire a par ailleurs exhorté la Fédération de Russie à permettre un accès sans entrave aux observateurs internationaux indépendants pour les prisonniers de guerre, précisant que 90% des prisonniers ukrainiens qui ont pu être interviewés par l’ONU affirment avoir été torturés. 

Pour la Fédération de Russie, cela ne fait aucun doute: l’Ukraine a délibérément ciblé son avion Il-76, dont elle connaissait très bien l’itinéraire et le moyen de transport des soldats jusqu’au lieu prévu pour un échange de prisonniers, mais pour des raisons « tout à fait inexplicables », elle a décidé de l’abattre.  Qualifiant cette attaque d’« acte terroriste », la Russie a précisé que les missiles utilisés, lancés depuis la province de Kharkiv, provenaient probablement du lot des armes occidentales comme les systèmes américains Patriot ou les Iris-T allemands. 

La délégation russe a également dénoncé la désinformation et les tentatives de l’Ukraine de se dédouaner, soulignant la contradiction entre les premiers aveux ayant suivi l’incident et la dénégation ultérieure. 

L’Ukraine s’est justifiée de devoir prendre des mesures de protection de ses infrastructures et de sa population civiles.  C’est pour cela que les forces ukrainiennes contrôlent l’espace aérien, y compris le transport de missiles, et prennent des mesures pour éliminer les menaces terroristes, a-t-elle expliqué, précisant que dans ce contexte, les aéronefs russes représentent une cible légitime.

Si un échange de prisonniers était bien prévu ce mois-ci, a souligné l’Ukraine, elle n’a pas été informée du nombre ou du type de véhicules, ni des routes empruntées par les détenus.  Accusant la Russie de vouloir faire des prisonniers de guerre des « boucliers humains » la délégation ukrainienne a demandé une enquête internationale, affirmant ne pas douter que la Russie sera tenue responsable de ce nouvel acte de « terrorisme ». 

« Cet incident tragique éloigne encore davantage les perspectives d’un règlement pacifique de la crise », a regretté l’Algérie, d’autres délégations, dont la République de Corée, s’inquiétant de ses répercussions sur de futurs échanges de prisonniers.  Le Royaume-Uni, appuyé par la France, a insisté pour sa part sur l’urgence d’établir les faits. 

« En tout état de cause, il est difficilement soutenable d’entendre la Russie se désoler du sort des prisonniers de guerre ukrainiens », a affirmé le délégué français, estimant qu’au lieu de convoquer des réunions pour chercher à inverser l’ordre des responsabilités, la Russie ferait mieux de cesser son agression.  Une injonction partagée par les États-Unis et plusieurs membres du Conseil de sécurité, qui ont reproché à la Russie de rejeter la responsabilité de cette guerre sur d’autres, et de faire comme si elle n’avait pas eu le choix. 

La Chine, enfin, a exhorté les parties concernées à respecter le droit international et les conventions internationales, afin de préserver la vie et les droits des prisonniers de guerre, et d’éviter de telles tragédies à l’avenir.

En début de séance, la délégation russe a présenté une motion d’ordre, s’indignant de la décision de la présidence française du Conseil de sécurité de reporter la réunion de 24 heures, alors qu’un créneau était disponible le jour même, fustigeant une partialité au profit des intérêts de l’OTAN.  La France a répondu qu’elle avait jugé important de maintenir la réunion prévue le 24 janvier sur Gaza, compte tenu de la gravité des événements.

 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Motion d’ordre

Dans une motion d’ordre, le représentant de la Fédération de Russie a exprimé son indignation face à la manière dont la présidence française du Conseil de sécurité gère les réunions d’urgence qu’elle a demandées, en particulier celle sur le crash de l’avion, le 24 janvier dernier, qui a entraîné la mort des 74 passagers, dont des prisonniers de guerre ukrainiens.  Il s’agit d’un acte « terroriste » commis par l’Ukraine, a-t-il accusé.  Le délégué a reproché à la France d’avoir reporté au lendemain des événements la réunion d’urgence, malgré un créneau disponible hier.  Une telle décision ne fait que refléter une partialité au profit des intérêts de l’OTAN et des alliés occidentaux, contraire aux obligations d’un président du Conseil de sécurité.  Le représentant a évoqué un autre incident, où une réunion demandée par son pays sur l’agression des États-Unis et de leurs alliés contre le Yémen a aussi été reportée.  La présidence française, a-t-il tranché, fait preuve d’une véritable partialité dans l’exercice de ses fonctions, dans l’intérêt de ses « camarades de l’OTAN ».  Le représentant a regretté que la diplomatie française ait ainsi abandonné son approche souveraine pour se plier au « rouleau compresseur » de l’OTAN.  Il a exhorté la France à réfléchir aux conséquences de ses actes sur sa réputation internationale et à se demander si « le jeu en vaut la chandelle ».

En réponse à la motion d’ordre de la Fédération de Russie, le représentant de la France, Président du Conseil pour le mois janvier, a dit avoir reçu hier matin une demande de réunion urgente émanant de la Fédération de Russie.  Cette demande, a-t-il précisé, était formulée pour que la réunion se tienne à 15 heures. La présidence a considéré que le débat du Conseil sur la situation à Gaza devait se poursuivre, compte tenu de la gravité des événements.  C’est pourquoi nous avons programmé la réunion d’urgence dès que possible, à savoir aujourd’hui, a-t-il expliqué.  Refusant de politiser le sujet, le Président du Conseil a dit avoir tenu compte de la nécessité pour les membres du Conseil, en particulier les membres élus qui ne disposent pas forcément de toutes les informations à l’instant T, d’avoir du temps supplémentaire pour s’informer par eux-mêmes de la situation, afin d’avoir aujourd’hui une réunion plus productive. 

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a commencé par rappeler le crash tragique d’un avion militaire russe IL-76 dans la région de Belgorod, près de la frontière ukrainienne, qui a coûté la vie à tous ses passagers, incluant des prisonniers de guerre ukrainiens et des membres de l’équipage russe.  Elle a indiqué que l’ONU n’est pas en mesure de confirmer les circonstances du crash, mais que selon les autorités russes, l’avion avait à son bord des prisonniers de guerre ukrainiens, des membres de l’équipage russe ainsi que du personnel militaire russe.  Selon les autorités ukrainienne, a-t-elle ajouté, l’appareil transportait peut-être des missiles destinés au système militaire russe.  Elle a appelé à la retenue pour éviter une escalade du conflit en Ukraine.

Rappelant la violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international par la Fédération de Russie depuis son invasion à grande échelle de l’Ukraine il y a deux ans, Mme DiCarlo a déploré l’intensification récente des attaques contre l’Ukraine, marquées par des frappes aériennes et des bombardements sur des zones civiles.  Depuis février 2022, le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a ainsi recensé 10 312 civils tués, dont 576 enfants, et 19 530 blessés, dont 1 277 enfants.  Elle a aussi évoqué les récents incidents meurtriers, comme les attaques à Kyïv, Kharkiv, Dniepr et Odessa, ainsi que les frappes transfrontalières s’étendant en Fédération de Russie.

Mme DiCarlo a ensuite abordé la situation alarmante des prisonniers de guerre. Plus de 280 prisonniers de guerre ukrainiens, récemment libérés, ont été interviewés par les Nations Unies, a-t-elle fait savoir en précisant que 90% d’entre eux ont déclaré avoir été torturés, beaucoup ayant en outre souffert d’un manque de nourriture et de soins médicaux adéquats.  Elle a ainsi exhorté la Fédération de Russie à permettre un accès sans entrave aux observateurs internationaux indépendants pour les prisonniers de guerre, tout en saluant les progrès réalisés par l’Ukraine dans ce domaine.  Elle a conclu en soulignant l’importance de poursuivre les échanges de prisonniers de guerre.  La guerre en Ukraine est un choix tragique aux conséquences dévastatrices, a-t-elle déclaré en conclusion.

Le représentant de la Fédération de Russie a accusé l’Ukraine d’avoir délibérément ciblé, dans la région de Belgorod, un avion de transport militaire russe Il-76, avec à son bord 65 prisonniers de guerre ukrainiens et 6 membres d’équipage russes, en route pour un échange de prisonniers. Il a affirmé que les dirigeants de l’Ukraine connaissaient l’itinéraire et le moyen de transport des soldats jusqu’au lieu d’échange, qui devait avoir lieu hier, le 24 janvier, dans l’après-midi.  Ce n’est pas la première opération de ce type, a-t-il ajouté, mais le régime de Kiev, pour des raisons tout à fait inexplicables, a décidé d’empêcher cette opération, et ce, de façon « très barbare ».  Qualifiant cette attaque « d’acte terroriste », il a précisé que les missiles utilisés, lancés depuis la province de Kharkiv, provenaient probablement du lot des armes occidentales comme les systèmes américains Patriot ou les Iris-T allemands.

Le délégué a ensuite critiqué la « clique de Zelenskyy » à Kiev.  Dénonçant la désinformation et les tentatives de l’Ukraine de se dédouaner de cet incident, il a souligné la contradiction entre les premiers aveux et la dénégation ultérieure.  Le délégué a largement condamné le soutien occidental à l’Ukraine, affirmant que les pays fournisseurs d’armes sont complices des crimes de l’Ukraine dont les actes révèlent une nature « inhumaine » et une incapacité de négocier.  Il a dénoncé la mobilisation forcée des citoyens ukrainiens et les attaques contre des civils russes à l’aide d’armes occidentales, avant de remettre en question la fiabilité des déclarations et des garanties du régime ukrainien et de ses parrains occidentaux concernant les négociations de paix.  Constatant l’incapacité de Kiev d’honorer l’accord d’échange de prisonniers et son refus de négocier la paix, le délégué a jugé que tout cela justifie la poursuite de l’opération militaire spéciale.

Le représentant du Mozambique a qualifié de tragique la destruction de l’avion de transport militaire, qui aurait entraîné la perte de 74 vies, dont des prisonniers de guerre.  Le décès de ces personnes protégées par le droit international soulève de sérieuses questions quant à l’adhésion des parties au conflit aux Conventions de Genève, a-t-il relevé, exhortant les deux parties à tirer les leçons de cet incident et à veiller à ce qu’il n’entrave pas les récents progrès réalisés dans l’échange de prisonniers.  Il a souhaité que cette tragédie soit plutôt un « catalyseur de désescalade et de dialogue ».  Il a ainsi appelé Russes et Ukrainiens à engager immédiatement des négociations de paix inconditionnelles et rapides.  Il les a également exhortés à maintenir la dynamique issue des récents échanges de prisonniers, à progresser vers un cessez-le-feu et à instaurer une confiance mutuelle.  Il a jugé crucial que les futurs échanges de prisonniers se déroulent en toute sécurité et dans des conditions humaines, dans le strict respect des Conventions de Genève. 

Le représentant des États-Unis a rappelé que la Fédération de Russie peut mettre un terme à la guerre qu’elle a commencé en retirant ses troupes des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine.  Il a relevé que la Fédération de Russie préfère rejeter sa responsabilité de cette guerre, comme si elle n’avait pas eu le choix.  Il a exhorté la communauté internationale à continuer de soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, précisant que cette dernière n’a pas à se soumettre à l’invasion russe. 

La déléguée de Malte a fermement condamné l’agression russe en Ukraine et souligné que l’incident tragique impliquant un avion de transport militaire IL-76 n’aurait pas eu lieu si la Russie n’avait pas envahi l’Ukraine et avait respecté la Charte des Nations Unies.  Évoquant la campagne de frappes aériennes systématiques de la Russie contre les civils et les infrastructures civiles en Ukraine, elle a rapporté que, rien que dans la journée de mardi, les forces armées russes ont lancé 44 missiles sur des villes et des villages ukrainiens, y compris sur des établissements médicaux et scolaires, tuant 18 personnes et en blessant plus de 130.

Soulignant l’importance de la protection des civils et des prisonniers de guerre, conformément au droit international, la représentante a insisté sur la nécessité pour les parties impliquées de respecter leurs obligations internationales et d’éviter les pertes civiles.  Elle a enfin appelé la Russie à mettre fin à ses hostilités et a réaffirmé le soutien de Malte à l’Ukraine et à son peuple qui exercent leur droit de légitime défense et défendent leur intégrité territoriale et leur souveraineté.

La représentante du Guyana a déploré les perte en vies humaines.  Peu importe le camp auquel elles appartenaient, ces vies précieuses sont perdues à jamais, a-t-elle dit.  Elle a appelé à la fin de la guerre et au retrait des forces russes du territoire ukrainien.  Les morts et les destructions infligées aux civils doivent cesser, a poursuivi la déléguée, en exhortant les parties à se conformer au droit international humanitaire. Les parties doivent s’engager en faveur d’un processus politique et diplomatique crédible afin de mettre fin au conflit, a-t-elle conclu.

Le représentant de la République de Corée a insisté sur le principe de la protection internationale des prisonniers de guerre et des civils pendant un conflit.  Il a regretté les pertes en vies humaines dans le crash de l’avion militaire et estimé néanmoins qu’il faut plus d’informations pour déterminer les véritables causes de cette tragédie.  L’échange de prisonniers de guerre prévu n’a finalement pas eu lieu, a-t-il noté, espérant que ce nouvel incident n’aura pas de répercussions sur de futurs échanges. Il a exhorté la Fédération de Russie à retirer ses troupes du territoire ukrainien, au nom du respect de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

La représentante de la Suisse a pris note des informations concernant un avion militaire qui s’est écrasé hier dans la région de Belgorod, près de la frontière ukrainienne.  Jugeant crucial que les faits soient établis d’une manière approfondie, transparente et indépendante, elle a rappelé que la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine se tient à la disposition des parties en conflit pour clarifier les circonstances.  Après avoir invité chacun à éviter les spéculations, les accusations et conclusions hâtives, elle a souligné que si l’agression militaire russe n’avait pas eu lieu, le Conseil de sécurité ne serait pas en train de discuter d’incidents tels que celui-ci.  Elle a d’autre part rappelé qu’en vertu des Conventions de Genève, les prisonniers de guerre doivent être protégés contre les dangers découlant des opérations militaires.  La responsabilité première d’assurer leur sécurité, y compris pendant des transferts, incombe à la Puissance détentrice, a-t-elle rappelé.  Elle a enfin exhorté la Russie à cesser ses vagues d’attaques de missiles et de drones qui continuent de faire des victimes civiles et de causer des dommages importants à des infrastructures civiles, avant d’appeler à redoubler d’efforts pour parvenir à une paix globale, juste et durable en Ukraine. 

Le représentant de la Chine a regretté le crash tragique de l’avion militaire russe IL-76, qui a entraîné la mort de tous ses passagers, dont des prisonniers de guerre ukrainiens.  Il a exhorté les parties concernées à respecter le droit international et les conventions internationales pour préserver la vie et les droits des prisonniers de guerre, et à éviter de telles tragédies à l’avenir.  Selon lui, la crise en Ukraine a démontré que personne ne sort gagnant d’un conflit et que le dialogue et la négociation restent la seule option viable pour résoudre une crise. 

Critiquant l’envoi d’armes sur le champ de bataille, il a argué que cela ne fait qu’éloigner les perspectives de paix.  À cet égard, il a appelé au dialogue, à la reprise des négociations et au renforcement du consensus, tout en soulignant le rôle crucial de la communauté internationale dans les efforts de médiation pour une désescalade et une solution politique à la question ukrainienne.  Pour conclure, il a affirmé que la Chine maintiendra ses contacts avec toutes les parties et s’efforcera de contribuer à une solution politique à la crise.

Le représentant de l’Équateur a déploré cette nouvelle tragédie, qui constitue un rappel catastrophique des conséquences de la guerre.  Il a demandé une enquête pour faire la lumière sur cet incident et souligné la nécessité de respecter le droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne le traitement des prisonniers.  Il a demandé la cessation de toutes les attaques contre les civils et infrastructures civiles, s’avouant inquiet de voir la logique militaire s’installer, au détriment du dialogue.  Cette guerre doit cesser, a-t-il martelé.

Le représentant de la Sierra Leone a déploré cet incident tragique et tenté d’imaginer l’état émotionnel des familles touchées.  Nous ne sommes néanmoins pas là pour imaginer, a-t-il dit, mais pour mettre en œuvre le mandat de ce Conseil.  Il a réclamé le plein respect de la souveraineté de l’Ukraine, ainsi que la cessation des hostilités.  Il a souligné la nécessité de prendre en compte les préoccupations sécuritaires de toutes les parties.  Notant dûment les positions divergentes de la Russie et de l’Ukraine autour de l’incident, il a appelé à la poursuite de l’échange de prisonniers.  Les responsables de violations auront des comptes à rendre à la justice, a conclu le délégué, en demandant une enquête sur l’incident.

Le représentant de la Slovénie a jugé difficile de tenir un débat de fond sur la base d’informations non vérifiées.  Cette réunion semble être l’occasion de désinformer et de politiser la situation.  Nous n’avons actuellement qu’un seul fait vérifié: un avion militaire a été abattu ou s’est écrasé, dans le contexte d’un conflit armé, a-t-il dit.  Nous attendons donc des informations vérifiées de manière indépendante.  En revanche, nous avons assez d’informations vérifiées sur les violations du droit international et des droits humains perpétrées par la Russie en Ukraine.  Espérant que cet incident ne compromettra pas l’échange de prisonniers de guerre entre les deux pays, il a regretté les pertes de vies humaines dans cette guerre d’agression inutile contre l’Ukraine.  

Le représentant du Japon a dit avoir connaissance d’informations selon lesquelles un avion militaire russe s’est écrasé sur le territoire russe.  Selon lui, la partie ukrainienne a déclaré, à juste titre, qu’il faudrait du temps pour évaluer cet incident.  Si le Conseil de sécurité a la responsabilité de traiter les questions affectant la paix et la sécurité internationales, il doit disposer de faits pour remplir cette fonction, a-t-il ajouté, invitant à éviter les spéculations en l’absence d’informations objectives.  Pour le représentant, il est toutefois évident que si la Russie n’avait pas violé la Charte des Nations Unies en lançant son agression contre l’Ukraine, une telle situation ne se serait pas produite.  C’est pourquoi, a-t-il dit, le Japon exhorte une fois de plus la Russie à mettre un terme à son agression et à se retirer immédiatement et sans condition de l’ensemble du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine.  Le Japon restera aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra, a-t-il déclaré.

Le représentant du Royaume-Uni a dit soutenir pleinement la réponse « calme et mesurée » de l’Ukraine à l’incident de l’avion Ilyushin IL-76, tout en reconnaissant qu’il est urgent d’établir les faits.  Pour le représentant, il est trop tôt pour tirer des conclusions mais une chose est claire: de tels incidents ne se produiraient pas s’il n’y avait pas eu l’invasion illégale à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022.  Affirmant que les Ukrainiens veulent et méritent de vivre en paix et en sécurité, sans ingérence de leur plus grand voisin, il a rappelé que des centaines de milliers de vies ont déjà été perdues dans cette guerre, dont plus de 300 000 soldats russes morts et blessés et des dizaines de milliers de civils ukrainiens tués.  À l’approche du deuxième anniversaire de ce « conflit inutile », il a estimé que la Russie pouvait choisir de mettre fin à l’effusion de sang en retirant tout son personnel militaire des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine.  Et, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, elle se doit défendre les buts et principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il recommandé.

Le représentant de l’Algérie a exprimé sa vive inquiétude face à l’escalade des tensions et à la perte en vies humaines dans le contexte du conflit ukrainien, notamment après le crash d’un avion de transport militaire russe qui a entraîné la mort de 74 personnes.  Il a présenté ses condoléances aux familles des victimes, soulignant que cet incident tragique éloigne encore davantage les perspectives d’un règlement pacifique de la crise.  Le délégué a regretté que cet incident ait empêché un échange de prisonniers potentiellement salutaire entre l’Ukraine et la Russie, accroissant encore davantage la polarisation, et éloignant la perspective d’un dialogue constructif et de négociations fructueuses.  Réitérant son appel à la retenue, au dialogue et à la diplomatie, le représentant a souligné la nécessité de prendre en compte les inquiétudes sécuritaires légitimes de toutes les parties impliquées.  Il a assuré que l’Algérie est prête à contribuer à la promotion d’un dialogue constructif et ouvert, en attendant que les parties concernées s’engagent dans de véritables négociations.

Le représentant de la France a rappelé que les conséquences négatives découlant de l’agression russe ne cessent de se multiplier.  Chaque jour amène l’annonce d’un nouveau drame et de ses victimes, a-t-il déploré.  « Nous avons appris hier qu’un avion militaire russe s’était écrasé dans la région de Belgorod, limitrophe de l’Ukraine », a dit le délégué, en jugeant important de faire toute la lumière sur ces événements.  « En tout état de cause, il est difficilement soutenable d’entendre la Russie se désoler du sort des prisonniers de guerre ukrainiens. »  Le délégué a estimé qu’au lieu de convoquer des réunions pour chercher à inverser l’ordre des responsabilités, la Russie devrait agir: cesser son agression, arrêter ses frappes contre les infrastructures civiles et retirer ses troupes du territoire ukrainien, comme le lui a demandé l’Assemblée générale à plusieurs reprises.

La représentante de l’Ukraine a rappelé que la cause de ces atrocités est la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Ce mois-ci, des infrastructures civiles ont encore été détruites à la suite de nombreux bombardements, a-t-elle déploré en expliquant pourquoi l’Ukraine prend des mesures pour protéger ses infrastructures et sa population civiles.  Ainsi, a-t-elle expliqué, les forces ukrainiennes contrôlent l’espace aérien, y compris le transport de missiles, et prennent des mesures pour éliminer les menaces terroristes.  Elle a fait valoir que selon les règles de la guerre, les aéronefs russes représentent une cible légitime.  Ce mois-ci, un échange de prisonniers de guerre devait avoir lieu mais l’Ukraine n’a pas été informée du nombre de véhicules et des routes empruntées par les détenus, a-t-elle indiqué, estimant que cela pourrait être interprété comme une volonté de la Russie de ne pas protéger les prisonniers. 

Concernant le crash de l’avion militaire hier, elle a trouvé que la « propagande russe » avait été rapide.  Si l’information selon laquelle des prisonniers ukrainiens étaient à bord était confirmée, nous aurons la preuve que la Russie utilise des boucliers humains pour le transport de missiles, a-t-elle fait remarquer.  Selon elle, la Russie pourrait être tenue responsable des circonstances de cet incident.  De plus, la Russie est « la principale source de terrorisme » et est responsable des pertes civiles de cette guerre, a-t-elle insisté.  La déléguée a signalé que les autorités ukrainiennes mènent une enquête pour tirer au clair les circonstances de cet incident. À ce stade, le personnel n’a pas pu explorer tout le site du crash mais n’a trouvé que cinq corps.  En conclusion, la déléguée a exhorté la Russie à retirer ses troupes du territoire ukrainien. 

Le représentant de la Fédération de Russie a repris la parole pour dénoncer les « mensonges » de son homologue ukrainien.  La liste des victimes de l’accident est connue, à la différence de celle des victimes de Boutcha, a-t-il rappelé.  Il est revenu sur le crash de l’avion MH17 en 2014 en rappelant que son pays avait demandé une enquête.  Nous avons épaulé les Pays-Bas pour obtenir la vérité, a fait valoir le délégué, en ne se disant néanmoins pas étonné par le jugement rendu dans cette affaire.  Il a indiqué que les éléments pour élucider cette affaire sont à chercher du côté de Kiev.

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