En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-huitième session,
27e séance plénière – après-midi
CPSD/826

Quatrième Commission: pour mettre fin au « génocide » à Gaza, les délégations demandent un cessez-le-feu immédiat et la fin de l’impunité

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Confrontées à l’urgence de mettre un terme immédiat au « génocide » de la population gazaouite, les délégations ont exigé l’instauration d’un cessez-le-feu et la fin de l’impunité pour les crimes commis par Israël, cet après-midi, au premier jour du débat général de la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, consacré aux pratiques et activités d’implantation israéliennes affectant les droits du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés.

« Notre rapport ne fait aucun doute: c’est bel et bien un génocide qui a lieu sous nos yeux.  Ne pas agir maintenant pour mettre un terme à ce crime atroce réduira à néant le socle même de la primauté internationale », a déclaré le Président du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés.

Venu présenter le rapport du Comité spécial, M. Mohan Pieris, de Sri Lanka, a dénoncé le ciblage systématique des femmes et des enfants, les restrictions humanitaires « abominables », le muselage des médias, la désinformation, la déformation du droit international, ainsi que les attaques répétées contre l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et les travailleurs humanitaires, qui montrent la stratégie employée afin de saper l’action vitale de l’ONU sur le terrain, selon le Président.

La Sous-Secrétaire générale aux droits humains s’est pour sa part émue des effets « atroces et cumulatifs de la guerre, une « spirale sans fin de mort, de famine, de déplacement et de destruction » dans une région en proie à une insécurité croissante.  Depuis le 7 octobre 2023, au moins 43 000 personnes ont été tuées à Gaza, dont 70% de femmes et d’enfants, 101 000 ont été blessées et près de 1,9 million de personnes déplacées, a énuméré Mme Ilze Brands Kehris, des chiffres « effarants » qui sous-estiment sans doute l’ampleur réelle de la tragédie.

Il s’agit là, selon elle, de la conséquence directe des méthodes de guerre choisies par l’armée israélienne pour la conduite des hostilités à Gaza et du non-respect systématique par Israël de ses obligations en tant que Puissance occupante, dont son obligation d’assurer l’approvisionnement en nourriture et en médicaments de la population.  Nulle part ces violations ne sont plus profondément ressenties que dans le nord de Gaza, a poursuivi la Sous-Secrétaire générale, où l’état de siège, la privation de fournitures vitales et les bombardements incessants ont mené à une situation « apocalyptique ».

Ces crises exigent que tous les efforts soient faits pour les désamorcer et établir une voie viable vers une paix et une sécurité durables, a ajouté la haute fonctionnaire.  Elle a insisté sur l’importance d’un cessez-le-feu immédiat, de libérer les otages détenus à Gaza par le Hamas ainsi que les personnes détenues arbitrairement par Israël, en plus d’un afflux immédiat d’aide humanitaire dans l’enclave.  Or, a-t-elle noté, le rétablissement complet et urgent des services essentiels est impossible sans l’UNRWA.

Depuis plus d’un an, Israël commet un génocide contre le peuple palestinien, ses actions odieuses, en particulier dans la bande de Gaza, violant tous les principes du droit international et toutes les mesures de la décence humaine, s’est alarmé l’État de Palestine.  « La Nakba contre le peuple palestinien n’a jamais pris fin; Israël n’a jamais cessé d’essayer d’effacer notre peuple et notre nation ».  L’observatrice palestinienne a accusé Israël d’exploiter les attaques du 7 octobre pour « finir le travail », sous le prétexte de la légitime défense et de la lutte contre le terrorisme.

Comme plusieurs délégations, le Président du Comité spécial a appelé à mettre un terme immédiat aux transferts d’armes vers Israël ainsi qu’à toute activité économique susceptible d’aider ce pays à maintenir sa présence illicite dans les territoires palestiniens occupés.  « L’histoire n’oubliera pas notre inaction, notre complicité, et elle ne nous le pardonnera pas », a-t-il prévenu.

Tout en condamnant les attaques terroristes brutales du Hamas, l’Union européenne a rappelé qu’en exerçant son droit de se défendre, Israël doit respecter pleinement les obligations qui lui incombent en vertu du droit international.  Elle a demandé, à son tour, l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza ainsi que l’amélioration urgente de l’accès et à la distribution de l’aide humanitaire à grande échelle dans l’ensemble de l’enclave.

Dans l’ombre des souffrances de Gaza, la Cisjordanie est victime d’une tendance tout aussi alarmante, a déploré le Président du Comité spécial, faite d’une intensification des opérations militaires, de la violence des colons, de l’extension illicite des colonies de peuplement, de la démolition de maisons, de déplacements forcés et d’un étranglement économique, le tout soutenu par un « système d’impunité chronique ».

En Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, la situation se détériore rapidement en raison de l’aggravation de l’oppression, de la ségrégation et de la violence israéliennes, a également constaté Mme Kehris.  Les forces de sécurité israéliennes poursuivent une campagne d’assassinats ciblés contre les Palestiniens et de raids dans les camps de réfugiés et les villes de Cisjordanie.  Les attaques violentes des colons, les arrestations massives et les détentions arbitraires persistent en toute impunité, appuyées par une série de mesures politiques et juridiques, en particulier le transfert de l’autorité administrative sur les terres et les colonies des responsables militaires aux responsables civils, ce qui facilite encore davantage le processus d’annexion par Israël.  Aujourd’hui, a-t-elle ajouté, « Israël administre la Cisjordanie comme son propre territoire et d’une manière qui discrimine la population protégée ».

Ces changements structurels ont été associés à une augmentation des activités de colonisation après le 7 octobre 2023, activités qui atteignent aujourd’hui des niveaux record, a noté Mme Kehris.  Le rapport du Secrétaire général sur la question note en outre que 30 nouveaux avant-postes ont été créés, lesquels viennent s’ajouter à l’accélération de l’attribution de titres fonciers à Jérusalem-Est.  Une expansion s’accompagne d’une nette augmentation de la violence des colons et des déplacements de Palestiniens qui en découlent depuis le 7 octobre.

Opposée à la colonisation et aux mesures adoptées en Cisjordanie, l’Union européenne a rappelé qu’elle ne reconnaîtra aucune modification des frontières d’avant 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, à moins que les parties n’en conviennent.  À cet égard, elle a considéré que le Gouvernement israélien doit revenir sur ses décisions d’étendre les colonies illégales en Cisjordanie occupée.

C’est pourtant un manque généralisé de responsabilité qui a créé les conditions favorables aux violations graves du droit international dont nous sommes témoins, selon Mme Kehris.  « L’impunité dont jouit Israël l’a encouragé à intensifier encore davantage sa belligérance, comme le montrent clairement son agression contre Gaza et l’escalade de la guerre au Moyen-Orient », a constaté la Malaisie, en mettant en garde contre la complicité avec les pratiques illégales d’Israël à l’encontre des Palestiniens, en particulier dans la « guerre génocidaire » à Gaza.

L’État de Palestine a dénoncé « ceux qui protègent Israël de toute responsabilité », par le biais notamment du veto des États-Unis au Conseil de sécurité, tout comme ceux qui lui fournissent des armes sans fin, et ceux encore qui justifient ses crimes en lui permettant d’invoquer le droit à la légitime défense.  Or, a-t-il relevé, la Cour internationale de Justice (CIJ) a établi qu’Israël ne peut invoquer la légitime défense contre le peuple qu’il occupe depuis plus de 57 ans.

Au nom du Groupe arabe, l’Arabie saoudite a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à prendre des mesures sérieuses pour mettre un terme à ces pratiques qui vont à l’encontre du droit international.  Elle a dénoncé les crimes commis par Israël contre le peuple palestinien à Gaza, en ayant recours à des armes internationalement prohibées contre des femmes et des enfants ainsi que des installations civiles, un siège qui constitue à ses yeux une punition de la population civile contraire à tous les instruments internationaux.

Nous devons mettre un terme à l’impunité et exiger que les crimes de guerre et le génocide commis par Israël contre le peuple palestinien soient punis, a renchéri l’Indonésie, en s’opposant aux doubles standards qui permettent à de telles violations du droit international de perdurer.  Les institutions multilatérales, dont le mandat vital de l’UNRWA et les décisions de la CIJ, doivent être défendues.

Si ces politiques ont réellement pour objectif de parvenir à la stabilité, quel est donc l’apport de telles actions qui augmentent le ressentiment, au détriment de la vision d’un Moyen-Orient pacifique et intégré? ont demandé les Maldives.  « Nous ne pouvons ignorer que certaines pratiques contribuent aux tensions actuelles, en priorisant les revendications territoriales sur les droits humains et à la domination sur la coexistence ».

À cet égard, le Sénégal a fait écho à la proposition d’ouvrir une enquête internationale indépendante afin de documenter les crimes commis au Moyen-Orient, en particulier contre la population gazaouite et le personnel de l’UNRWA et de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et de déterminer les responsabilités de leurs auteurs.

S’agissant du rapport du Secrétaire général concernant le Golan occupé, la Sous-Secrétaire générale aux droits humains a indiqué qu’avant même l’escalade des hostilités entre Israël et le Hezbollah en septembre, 13 civils avaient été tués dans le Golan syrien occupé au cours des hostilités qui se poursuivaient entre ces parties, dont la mort de 12 enfants lors d’un seul incident en juillet dernier.

« Plus que jamais, nous devons éviter la menace d’une guerre plus vaste et horrible qui risque d’engloutir les vies, les espoirs et les droits des populations de toute la région », a-t-elle conclu.

En fin de séance, Israël et le Koweït ont exercé leur droit de réponse.

La Quatrième Commission conclura son débat général sur les pratiques et activités d’implantation israéliennes affectant les droits du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés demain, mardi 19 novembre 2024, à compter de 15 heures.

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