Face aux tentatives d’Israël de démanteler l’UNRWA, les délégations affirment que le mandat de l’Office sera rempli « lorsque les Palestiniens cesseront d’être des réfugiés »
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« L’UNRWA est en état de siège. » Tels sont les mots prononcés par l’Espagne, au dernier jour du débat général sur les activités de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, qui se tenait à la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation. Comme lors des deux jours précédents, la majorité des délégations ont apporté un soutien vigoureux à cette agence onusienne en première ligne des hostilités en cours dans la bande de Gaza.
L’Office, a relevé la délégation espagnole, fait l’objet d’allégations de collusion avec le Hamas de la part d’Israël et se heurte à des obstacles croissants dans l’accomplissement de son mandat de la part de Tel-Aviv. Pourtant, aucune des trois enquêtes ouvertes -celles du BSCI et du groupe indépendant sur la transparence et la neutralité dirigée par l’ancienne Ministre Catherine Colonna, ainsi qu’une enquête interne de l’UNRWA- n’a trouvé de preuves à l’appui de ces allégations, ont fait valoir la Ligue des États arabes aux côtés de l’Irlande, qui ont assuré l’Office de leur soutien sans faille face aux attaques incessantes de la « Puissance occupante ».
« L’UNRWA aura rempli son mandat lorsque les Palestiniens cesseront d’être des réfugiés », a tranché l’Espagne, un sentiment largement partagé dans la salle ce matin. Du Soudan à Sainte-Lucie, en passant par la Pologne et la Sierra Leone, il a été réaffirmé haut et fort que l’UNRWA est indispensable. Actuellement, aucune autre agence ne peut acheminer l’aide nécessaire à Gaza, ont argué ces délégations, pour lesquelles il est simplement impensable de modifier son mandat, qui est de prêter assistance aux réfugiés palestiniens, que ce soit à Gaza ou ailleurs au Proche-Orient. « Il n’y a pas de solution de rechange », a tranché le Soudan, précisément parce que l’Office est la colonne vertébrale de l’action humanitaire à Gaza.
Face à une situation « catastrophique et totalement inacceptable », voire « apocalyptique » dans le nord de la bande de Gaza, le Royaume-Uni a déclaré à son tour qu’il incombe à Israël de veiller à ce que l’aide parvienne aux populations civiles, de respecter ses obligations juridiques et de veiller à ce que l’UNRWA puisse poursuivre ses efforts de secours: « Il n’y a plus d’excuses possibles de la part d’Israël. L’UNRWA doit continuer à sauver des vies. »
Après l’adoption par le Parlement israélien, le 28 octobre, de deux lois décrites par l’Espagne comme une « attaque frontale contre la légalité internationale », dans la mesure où elles mettraient fin aux activités de l’Office, la plupart des intervenants ont repris à leur compte la position du Secrétaire général, qui a souligné qu’aucune juridiction nationale ne peut modifier ou annuler unilatéralement une obligation fondée sur le droit international. S’ils devaient être promulgués, ces textes sonneraient le glas de l’UNRWA et de ses services salutaires, s’est alarmée l’Irlande, en mettant en garde contre les conséquences catastrophiques de ce « châtiment collectif aux ramifications régionales ».
Une législation qui créerait un dangereux précédent pour l’ONU et le système multilatéral, ont prévenu plusieurs délégations, en appelant à présenter un front uni. « Il en va de notre responsabilité commune de prendre les mesures qui s’imposent afin de prévenir l’application de cette législation », a affirmé l’Irlande. Toute modification du mandat de l’UNRWA relève des prérogatives de l’Assemblée générale, a rappelé de son côté la Ligue des États arabes, dont les appels à un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza ont trouvé de nombreux échos.
La représentante de l’UNRWA à New York a remercié les délégations de leur soutien inébranlable à l’Office, à son personnel et à son Commissaire général. Elle a réitéré les demandes de M. Philippe Lazzarini à la communauté internationale afin qu’elle se mobilise pour empêcher la mise en œuvre de la législation évoquée par la Knesset, veiller à ce que tout plan de transition politique définisse le rôle de l’Office, et maintenir le financement de l’Office, alors que pas moins de 660 000 enfants sont actuellement déscolarisés à Gaza. Enfin, elle a encouragé les États Membres à se servir de tous les outils juridiques et politiques à leur disposition pour garantir le respect de l’ordre international fondé sur des règles.
Israël, l’Égypte, l’État de Palestine et le Koweït ont exercé leur droit de réponse.
La Commission entamera l’examen du point portant sur les pratiques israéliennes dans les territoires occupés le lundi 18 novembre, à 15 heures.
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