En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-neuvième session,
4e & 5e séances plénières – matin & après-midi
AG/EF/3601

Deuxième Commission: pour financer l’action climatique, les pays en situation particulière réclament leur dû mais se montrent constructifs et innovateurs

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Serait-il imaginable de faire baisser le niveau de sa dette –une dette dont tant de pays se plaignent devant la Deuxième Commission (questions économiques et financières)- en la convertissant dans des projets concrets pour préserver les écosystèmes et lutter contre les changements climatiques?  Cette idée est l’une des nombreuses suggérées par les pays en situation particulière au second jour de débat général. 

S’ils ont réclamé en premier lieu aux pays développés de tenir leurs engagements de 100 milliards de dollars par an pour financer l’action climatique, les pays en situation particulière ont en même temps proposé un éventail d’outils innovants et présenté des suggestions pour les financer.

Avec en toile de fond une économie mondiale qui subit de plus en plus violemment les coups de boutoir des changements climatiques, il a été rappelé tout aujourd’hui que la santé de l’économie mondiale est désormais indissociable du climat, tant les dommages multiples (tempêtes, sécheresses, inondations, élévation du niveau de la mer) entravent la bonne marche de l’économie des pays, du Nord comme du Sud. 

Le Burundi, pays d’Afrique enclavé appartenant à la catégorie des pays les moins avancés (PMA), a parfaitement illustré les enjeux du jour et des décennies qui suivront. Dans ce pays, l’augmentation des températures et la brusque montée des eaux ont des effets dévastateurs sur l’économie, aboutissant à une perte des gains en matière de développement.  Ces conséquences s’ajoutent aux dégâts causés par la pandémie tels que les a décrits le Timor-Leste, un autre PMA.  Le pays a ainsi parlé d’importantes pertes d’emplois et de revenus pour les ménages, de scolarisation perturbée ou encore d’infrastructures endommagées. 

Le Kirghizistan montagneux a, lui, évoqué une diminution alarmante des ressources hydriques, menaçant les conditions de vie, endommageant les infrastructures et faisant augmenter la pauvreté.  Les changements climatiques vont s’accentuer et frapper des populations déjà marginalisées, s’est-il alarmé.

Ceci dit, les délégations ne se sont pas contentées de s’apitoyer en décrivant le mal climatique qui les ronge.  Elles ont montré la direction et présenté une marche à suivre pour financer l’action climatique.  Alors que le Kenya a brandi des chiffres alarmants -quelque 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays qui dépensent davantage dans le service de la dette que dans la fourniture des services essentiels-, le Costa Rica et la Colombie ont proposé un outil capable de faire d’une pierre deux coups: financer l’action climatique en réduisant la dette, cette dette dont les délégations peinent tant à s’extraire et qui sape leur capacité d’investissement.

Le Costa Rica a présenté une boîte à outils des plus fournies, plaidant pour une capitalisation urgente des banques multilatérales de développement, et pour une plus grande utilisation de mécanismes innovants comme les obligations verte et bleue.  Le Costa Rica, qui coorganisera en juin 2025 avec la France la Conférence sur l’océan, a en outre annoncé préparer une « déclaration de paix pour les océans » dans l’objectif de protéger les ressources marines.

Pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, le Cameroun a plaidé pour sa part pour la création d’un Fonds vert mondial dédié au financement de projets d’énergie renouvelable.  Il a aussi salué l’annonce de la Banque mondiale d’une allocation de crédits supplémentaires en vue de financer l’accès à l’électricité, l’action climatique et la fourniture de soins de santé de qualité sur le continent africain. 

Les investissements dans des systèmes d'adaptation et de résilience ont également été mis en avant. Ils rendent les pays plus stables et favorisent les investissements extérieurs, a souligné la Thaïlande, qui a plaidé pour la pleine mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  En mal de partenariats pour financer sa résilience face à la montée des eaux, les Maldives ont appelé à s’engager de bonne foi dans la prochaine COP 29 de Bakou avec de nouveaux objectifs quantifiables et accessibles à ceux qui en ont le plus besoin.  Le Bangladesh a, lui, souligné l’importance de respecter les engagements pour le Fonds pour les pertes et les préjudices, tout en comblant les lacunes de financement pour garantir l’adaptation aux changements climatiques.

D’ambitieux objectifs en termes de décarbonation ont été mis en avant par le Cambodge, qui compte atteindre une neutralité carbone d’ici à 2050 et veut planter au moins un million d’arbres par an.  Le Royaume-Uni s’est lui aussi engagé à atteindre le « zéro émission nette » d’ici à 2050, ce qui signifie que ses émissions totales de gaz à effet de serre seraient égales aux émissions éliminées de l’atmosphère.  Même objectif de la part du Kirghizistan, dont la moitié de l’énergie produite provient de l’hydroélectricité.  Le Maroc compte de son côté investir pour parvenir à 52% de capacité électrique basée sur les énergies renouvelables dès 2040. 

Les pays à revenu intermédiaire comme le Pérou ont une fois encore réclamé des critères d’évaluation économique allant au-delà du produit intérieur brut (PIB), ou le complétant.  Enfin, le Costa Rica a fait valoir qu’un pays à revenu intermédiaire de la tranche élevée comme le sien a besoin de financements « flexibles et adaptés aux circonstances fiscales et structurelles ».  Les pays à revenu intermédiaire « doivent faire partie de la solution et non du problème », a lancé après lui le Pérou.  Pays en développement sans littoral (PDSL), l’Arménie a souligné que la troisième Conférence des Nations Unies pour les PDSL, à Gaborone (Botswana) en décembre 2024, sera un moment clef pour apporter des réponses à leurs vulnérabilités particulières.

Le débat général de la Deuxième Commission reprendra demain, à 10 heures.

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