La Première Commission achève les travaux de sa soixante-dix-neuvième session
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La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a achevé, ce matin, les travaux de sa soixante-dix-neuvième session. Sa Présidente, l’Ambassadrice du Costa Rica, Mme Maritza Chan Valverde, a présenté un bilan impressionnant des travaux de la Commission, qui a fini aujourd’hui d’adopter les 77 projets de résolution et de décision qui lui avaient été soumis.
Les chiffres présentés par la Présidente témoignent aussi de l’âpreté des débats et des divisions de la communauté internationale. Ainsi, l’adoption durant les six dernières séances de 76 projets de texte -une décision portant sur la transparence des demandes de mises aux voix avait été adoptée quelques jours plus tôt- a nécessité un total de 200 votes: 50 sur les documents dans leur ensemble et 150 votes séparés, soit 48 de plus qu’en 2023.
Au cours de la session, 153 délégations ont fait des déclarations dans le cadre du débat général, soit deux de plus que l’année dernière, alors que 435 interventions ont été faites lors des discussions thématiques, contre 375 en 2023, a précisé la Présidente, qui jugé ces chiffres « remarquables ».
Très attachée à l’égalité de genres, la Présidente, qui n’était que la deuxième femme en 79 ans à diriger les travaux de la Première Commission, s’est en outre félicitée que 26 textes incorporent désormais cette perspective chère au Secrétaire général de l’ONU, un progrès par rapport à l’an dernier et qui présage, a-t-elle souhaité, d’une augmentation de la participation des femmes aux activités des mécanismes de désarmement et à leur prise de décision dans les instances spécialisées.
Dans ses remarques de clôture, Mme Chan Valverde, visiblement émue, a salué le haut degré d’implication des délégations au cours de la session et rendu hommage à leur esprit constructif, gage selon elle du succès de la Commission dans un contexte sécuritaire international éprouvant, marqué par des tensions accrues, qui se sont fait sentir pendant les débats, et la persistance de conflits au coût humain intolérable.
Dernier épisode de tension à l’occasion de l’adoption du programme de travail provisoire pour la quatre-vingtième session
Un dernier signe de tension s’est manifesté à l’occasion du dernier acte des travaux de cette soixante-dix-neuvième session de la Commission: l’adoption de son programme de travail provisoire pour la quatre-vingtième session, en 2025. Après quelques joutes verbales, le représentant russe s’est en effet détaché du consensus et a fait enregistrer le désaccord complet de sa délégation quant au contenu proposé au titre de ce programme.
S’il a pris acte de l’adoption du document, préparé conjointement par les secrétariats des Première et Quatrième commissions -qui se partagent les espaces de travail- le représentant russe a toutefois assuré la Présidente que sa délégation continuera de proposer une version modifiée du document, en vue, notamment, de répondre au besoin des « petites délégations » de disposer de davantage de temps et de moyens humains pour présenter leurs projets de résolution et de décision et participer aux consultations. Avant cette approbation, les Occidentaux avaient refusé en bloc la proposition de la Russie de remettre à une plénière ultérieure l’adoption du programme de travail pour 2025, une proposition que soutenait notamment la Chine.
Profondes divisions lors de l’adoption des trois derniers projets de résolution
La Commission a adopté les trois derniers projets de résolution qui lui étaient soumis. Comme chaque année, ces textes, examinés en dernier à la suite de demandes de reports de leurs coauteurs, ont été marqués par de très profondes divisions, de multiples explications de vote et de nombreuses mises aux voix sur des paragraphes séparés.
Ce fut le cas du nouveau projet de résolution sur « les armes de destruction massive dans l’espace extra-atmosphérique », dont il avait été largement question hier. Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale affirmerait l’obligation de tous les États parties de respecter le Traité sur l’espace extra-atmosphérique en s’abstenant de mettre sur orbite autour de la Terre tout type d’armes de destruction massive.
La Russie, qui avait proposé deux amendements qui ont été rejetés après avoir été mis aux voix, a expliqué avoir voté contre ce document, qu’elle s’est plu à qualifier de « déclaratif et dénué d’idées pratiques pour mettre en œuvre les mesures qui y figurent ». Le texte, porté par les États-Unis, a finalement été adopté, après un vote séparé, par 159 voix pour, 4 contre, celles également de l’Iran, de la République populaire démocratique de Corée et de la Syrie, et 6 abstentions, dont celle de la Chine.
De même, le projet de résolution intitulé « Le lourd héritage des armes nucléaires : assistance aux victimes et remise en état de l’environnement dans les États Membres touchés par l’emploi ou la mise à l’essai d’armes nucléaires », a été adopté, après sept votes séparés, par 169 voix pour, 4 voix contre -la France et le Royaume-Uni se retrouvant dans l’opposition aux côtés de la Fédération de Russie et de la République populaire démocratique de Corée- alors que les autres États dotés de l’arme nucléaire –Chine, États-Unis, Inde, Israël et Pakistan- préféraient s’abstenir.
Par ce texte, l’Assemblée générale demanderait instamment aux États Membres qui ont employé ou mis à l’essai des armes nucléaires de communiquer aux États Membres touchés des informations techniques et scientifiques concernant les conséquences humanitaires et environnementales qui en découlent. Elle prierait également le Secrétaire général d’organiser en 2026 une réunion internationale sur l’assistance aux victimes et la remise en état de l’environnement.
La France et le Royaume-Uni, qui ont rappelé avoir été les deux premiers États dotés à avoir signé et ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), ont expliqué leur opposition à ce texte du Kazakhstan et de Kiribati, assurant qu’ils ont assumé et assument encore pleinement leurs responsabilités en mettant tout en œuvre pour indemniser les victimes de leurs essais nucléaires.
Enfin, la Commission a adopté sans vote d’ensemble, mais après six votes séparés demandés par l’Iran, la Russie et la Syrie, un texte de la France, du Nigéria et de l’Australie sur la lutte contre la menace que représentent les engins explosifs improvisés. Aux termes du texte, l’Assemblée générale demanderait instamment aux États Membres d’appliquer pleinement toutes les résolutions des Nations Unies qui portent sur les moyens visant à empêcher des terroristes et autres groupes armés illégaux d’utiliser et d’acquérir des matériaux pouvant servir à fabriquer des engins explosifs improvisés.
Il est à noter qu’au cours de la séance, la Russie a de nouveau interpellé les États-Unis en tant que pays hôte de l’Organisation, pour l’exhorter à faire en sorte que, l’an prochain, la totalité des délégués russes se voient octroyer leur visa, comme leur en donne le droit l’Accord de Siège. Les États-Unis ont répondu une fois de plus que cette question doit être soulevée et traitée au sein du Comité des relations avec le pays hôte, et en aucun cas à la Première Commission. D’autre part, Israël et l’Iran ont exercé leur droit de réponse en se sommant mutuellement de ne jamais évoquer l’Holocauste dans une salle de conférence de l’ONU.
Les textes adoptés en Première Commission doivent désormais être soumis à la plénière de l’Assemblée générale à une date qui reste à déterminer.
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