Soixante-dix-neuvième session
28e & 29e séances – matin & après-midi
AG/12649

Assemblée générale: 62 ans d’embargo et un préjudice de 164 milliards de dollars, selon Cuba

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Avant de se prononcer, dans l’après-midi, sur le projet de résolution relatif au rapport annuel de la Cour pénale internationale (CPI), l’Assemblée générale a entamé, ce matin, son débat traditionnel sur la « nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique », dont le préjudice chiffré s’élève à plus de 164 milliards de dollars en 62 ans, dont près de 5 milliards l’année dernière, indique Cuba dans le rapport du Secrétaire général.

Sans le blocus, le produit intérieur brut (PIB), à prix courants, aurait pu augmenter d’environ 8% en 2023, dit encore Cuba dans un rapport qui regorge d’informations et de données démontrant les dégâts « colossaux » causés par les États-Unis, a dénoncé la Fédération de Russie devant une mesure « contreproductive » voire « une relique » de la guerre froide.

L’embargo n’a « aucun objectif constructif », a renchéri la Communauté des Caraïbes (CARICOM), par la voix de la Grenade, dans un avis partagé par la Chine pour qui, le blocus imposé au « camarade, ami et frère cubain » est « incompatible avec l’époque », surtout après les engagements pris dans le Pacte pour l’avenir, adopté par le Sommet de l’avenir, le 22 septembre dernier.

Cuba ne menace en aucun cas la sécurité des États-Unis, ont martelé plusieurs délégations, appelant, en outre, à radier ce pays de la liste des parrains du terrorisme établie par le Département d’État américain.  Ce n’est certainement pas le terrorisme qui caractériserait Cuba, a dénoncé l’Iraq, au nom du Groupe des 77 et la Chine.  Voir ce pays comme un parrain du terrorisme est « la plus grande calomnie » jamais utilisée pour compromettre la stabilité d’une nation.

C’est une « rhétorique absurde » et l’une des mesures les plus nocives pour multiplier les effets pervers du blocus, s’est indignée l’Érythrée.  Cuba est un partenaire actif du monde arabe et de l’Afrique, a fait valoir le Groupe des États d’Afrique.  C’est la solidarité qu’elle exporte et pas la violence et depuis 1963, elle ne cesse de montrer au monde le vrai sens du mot « coopération », a ajouté l’Érythrée, en citant le nombre incalculable de brigades médicales déployées dans le monde et la mise à disposition des vaccins contre le coronavirus, sans oublier la formation de centaines de jeunes du Sud.  Beaucoup de pays ont renforcé leur potentiel scientifique grâce à Cuba, a renchéri la Syrie.

De nombreuses délégations ont aussi condamné la dimension extraterritoriale du blocus, consacrée par la loi Helms-Burton et qualifiée par le Venezuela de « délire impérialiste ».  En plus de ses répercussions négatives sur les conditions de vie du peuple cubain, le blocus porte également préjudice à nos compatriotes qui multiplient relations commerciales et investissements « légitimes » avec Cuba, ont souligné le Canada et le Royaume-Uni.

Les seules sanctions légitimes sont celles du Conseil de sécurité, a tranché le Ministre des affaires étrangères du Brésil, en ouvrant le débat aux côtés de son homologue cubain, qui prendra la parole demain, et d’une trentaine de délégations.

Le blocus est « un crime planifié » qui participe d’une politique de « pression maximale » trouvant son origine dans la mentalité « suprémaciste » de la doctrine Monroe, a affirmé le Venezuela.  C’est un châtiment collectif contre 11 millions de Cubains, ont estimé plusieurs délégations.  Également frappé de sanctions, le Zimbabwe a remis en question l’argument selon lequel l’embargo est là pour appuyer les aspirations du peuple cubain dans le domaine des droits et libertés fondamentales.

Mais un blocus est par essence un frein à l’exercice de ces droits et libertés, a expliqué le Zimbabwe, car en imposant des restrictions strictes à l’accès de Cuba aux biens essentiels, aux fournitures médicales et aux services financiers, c’est la souffrance des Cubains que l’on exacerbe et c’est l’exercice de leurs droits économiques, sociaux et culturels que l’on restreint.

Les États-Unis sont isolés dans leur décision de maintenir l’embargo et, a poursuivi le Honduras, au nom de la Communauté des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, nous leur demandons de respecter les résolutions successives de l’Assemblée générale et de répondre favorablement aux appels répétés de la communauté internationale pour la levée du blocus, comme elle le fera encore demain avec le projet de résolution A/79/L.6 qui sera présenté par le Ministre cubain des affaires étrangères en personne.

Votons pour des actions concrètes contre l’embargo, votons pour l’indépendance de Cuba, votons pour la légalité internationale et le multilatéralisme et votons pour la fin de la domination néocoloniale servie par des sanctions unilatérales qui n’ont pas leur place au XXIe siècle.  Soutenons tout le peuple cubain dans sa juste revendication, a égrené le Venezuela.

Dans l’après-midi, l’Assemblée générale a adopté par 113 voix pour, 10 voix contre (Bélarus, Burkina Faso, Burundi, République populaire démocratique de Corée, Mali, Nicaragua, Niger, Fédération de Russie, Soudan et République arabe syrienne) et 30 abstentions sa résolution annuelle sur le rapport 2023-2024 de la Cour pénale internationale (CPI) qui souligne que la Cour, ses responsables et son personnel doivent pouvoir s’acquitter de leur mandat et de leurs obligations professionnelles « sans subir d’intimidation ».

Votant contre la résolution, le Nicaragua s’est expliqué: nous sommes préoccupés par « le précédent négatif » créé par la décision de la Cour d’entamer des procédures judiciaires contre des ressortissants d’États non parties au Statut de Rome.  Contré par la Lituanie, le Bélarus a dénoncé les « abus » de la CPI et la manipulation de ses compétences à des fins politiques.  L’Inde, qui s’est abstenue, a aussi constaté une politisation croissante de la Cour, dénonçant sa nature « arbitraire ».

Demain, mercredi 30 octobre à partir de 10 heures, l’Assemblée générale se prononcera sur le projet de résolution relatif à la nécessité de lever le blocus imposé à Cuba par les États-Unis.

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