Assemblée générale: plaidoyer des nations insulaires et vulnérables aux changements climatiques, alors qu’Israël défend sa guerre contre les « forces de la terreur »
Peu avant une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, le Premier Ministre israélien est venu dénoncer ce matin à l’Assemblée générale « les calomnies » proférées contre son pays au cours des derniers jours à la même tribune. Face aux appels entendus cette semaine à éviter un conflit régional au Moyen-Orient, M. Benjamin Netanyahu a expliqué qu’Israël a fait le choix de la paix tout en luttant contre les « forces de la terreur », avec un avertissement tranchant lancé à l’Iran. Les dirigeants participant au débat général ont également soulevé des questions « existentielles » qui appellent des réponses décisives et urgentes, à savoir les changements climatiques qui menacent tout particulièrement les petites nations insulaires.
Près d’un an après le début de la guerre à Gaza, le dirigeant israélien a été clair: son pays se battra jusqu’à « la victoire totale ». De plus, il ne tolèrera pas « qu’une armée terroriste » à sa frontière mène une nouvelle attaque du type de celle du 7 octobre, a-t-il dit en référence au Hezbollah. Le Premier Ministre a rappelé la « malédiction du 7 octobre » pour expliquer qu’Israël n’avait d’autre choix que de se défendre, sur tous les fronts « organisés » par l’Iran. « Si vous nous frappez, nous vous frapperons », a-t-il lancé à l’adresse des « tyrans de Téhéran », précisant pouvoir atteindre l’Iran comme tout le Moyen-Orient avec ses missiles à longue portée.
Dans le même temps, le Premier Ministre israélien a affirmé que la guerre à Gaza peut se terminer. « Tout ce que le Hamas a à faire, c’est de se rendre, de déposer les armes et de libérer tous les otages. » Quant à l’après-guerre, il a estimé que le « Hamas doit disparaître » et exigé la démilitarisation de l’enclave en se disant prêt à appuyer une « administration civile locale à Gaza engagée en faveur d’une cohabitation pacifique ».
S’il a dénoncé, cartes à la main, les pays de la région qui constituent « la malédiction », il y a opposé ceux qui sont « une bénédiction ». À cet égard, M. Netanyahu s’est dit déterminé à poursuivre sur le chemin des Accords d’Abraham pour parvenir à un accord de paix entre Israël et l’Arabie saoudite, y voyant l’occasion d’une « réconciliation entre le monde arabe et Israël, entre l’islam et le judaïsme ».
En ce quatrième jour de débat, l’Arabie saoudite faisait partie des nombreuses délégations à avoir quitté la salle de l’Assemblée générale au moment de la prise de parole d’Israël. Mais cette réunion annuelle de chefs d’État et de gouvernement a été également l’occasion de célébrer l’esprit du Pacte pour l’avenir adopté ce dimanche, 22 septembre, et de la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité sur le leadership pour la paix du 25 septembre. Comme l’a relevé le Premier Ministre de la Slovénie, qui préside ce mois-ci le Conseil, « dans un monde polarisé, marqué par les guerres, les catastrophes naturelles et les inégalités croissantes, c’est un bon début pour redynamiser notre travail collectif en faveur d’un monde meilleur, plus pacifique et plus humain ».
Abondant en ce sens, la Première Ministre de la Barbade, Mme Mia Amor Mottley, a appelé, en raison de toutes les discriminations actuelles, à marquer une pause et à « réinitialiser ». Elle a donc prôné un ordre international « plus inclusif et réceptif », en commençant par donner des sièges aux pays en développement aux tables de décision des institutions mondiales. C’est bien une réforme institutionnelle -de l’ONU et de l’architecture financière mondiale, avant tout- qui a été réclamée par la majorité des orateurs de la journée, avec, comme les jours précédents, en première ligne, les représentants de petits États insulaires en développement (PEID).
Ce qu’il nous faut, c’est « un nouveau programme commun », a recommandé Mme Mottley, un programme qui se fonde sur le principe africain d’Ubuntu: « Je suis parce que vous êtes; je suis parce que nous sommes ». En attendant, la Première Ministre et d’autres dirigeants à sa suite ont appelé à travailler ensemble pour garantir que la promesse faite à Bridgetown en 1994 se concrétise par la mise en œuvre du Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID adopté en mai 2024.
Les nombreux pays insulaires représentés aujourd’hui ont, sans surprise, attiré l’attention sur la menace existentielle que posent les changements climatiques pour leurs nations, tel Vanuatu. « Pendant que les nations industrialisées continuent de faire prospérer leur économie, les PEID subissent de plein fouet les effets de la crise climatique », s’est impatienté le Premier Ministre vanuatuan en prévenant que si la tendance actuelle des émissions de carbone se poursuit, Vanuatu et d’autres archipels n’auront aucune chance de maintenir leurs acquis en termes de développement.
Fustigeant la cupidité qui a poussé l’homme à piller les ressources de la Terre au-delà du seuil de durabilité, le Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a tiré la sonnette d’alarme sur l’élévation du niveau de la mer et plaidé pour un meilleur accès au financement climatique. Il a expliqué avoir sollicité un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) pour obtenir des éclaircissements sur les obligations juridiques des États en matière de changements climatiques. Autre initiative présentée par son homologue des Tuvalu, la création d’un « traité de non-prolifération des combustibles fossiles », qui serait un instrument juridique contraignant.
Les PEID n’ont pas été les seuls à s’inquiéter des effets gravissimes de la crise du climat. Le Premier Ministre du Pakistan a donné un exemple concret alors que son pays a subi des inondations il y a deux ans, les dégâts ayant coûté 30 milliards de dollars. Des enjeux qui ont poussé le dirigeant du Bangladesh, le lauréat du « prix Nobel de la paix », M. Muhammad Yunus, à prier la communauté internationale de canaliser des ressources solides en faveur des mesures d’adaptation dans les pays vulnérables au climat comme le sien. Il a appelé à opérationnaliser sans tarder le fonds pour les pertes et les préjudices tout en facilitant un accès équitable aux technologies.
La philosophie du « bonheur national brut » du Bhoutan est venue éclaircir cette journée, le Roi ayant annoncé la création de la « Ville de la pleine conscience de Gelephu », une vaste étendue de forêts vierges et de terres agricoles fertiles qui permettra à l’innovation humaine et aux écosystèmes naturels de prospérer ensemble.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
Pour M. ROBERT GOLOB, Premier Ministre de la Slovénie, l’adoption du Pacte pour l’avenir et l’adoption, par le Conseil de sécurité, sous la houlette de la présidence slovène, d’une déclaration présidentielle sur le leadership pour la paix ont été une lueur d’unité et d’espoir cette semaine dans un monde polarisé, marqué par les guerres, les catastrophes naturelles et les inégalités croissantes. Il y a vu « un bon début pour redynamiser notre travail collectif en faveur d’un monde meilleur, plus pacifique et plus humain ».
Depuis son entrée au Conseil en janvier, la Slovénie a constaté une érosion progressive mais constante du pouvoir des règles. Le Conseil est de moins en moins capable de réagir efficacement aux conflits majeurs, tels que ceux de Gaza, de l’Ukraine et du Soudan, a regretté M. Golob, qui a aussi jugé le Conseil « guère plus performant » dans la gestion de nombre d’autres crises.
Pourquoi le Conseil de sécurité a-t-il manqué à son devoir envers l’humanité? s’est interrogé le Premier Ministre en pointant sans ambages les cinq membres permanents du Conseil, qui en portent à ses yeux la plus grande responsabilité. En abusant de leur droit de veto et en privilégiant leurs intérêts nationaux, ils ont effectivement bloqué le fonctionnement du Conseil de sécurité, leur a-t-il reproché. Pourtant, les préoccupations et la douleur que nous ressentons pour les civils, la condamnation des violations de la Charte et du droit humanitaire international ne devraient pas dépendre de notre proximité géographique ou politique avec le conflit, a martelé M. Golob pour lequel il est impératif pour tous de donner la priorité à nos intérêts communs: « Le monde s’en porterait mieux. »
L’expérience de la Slovénie au sein du Conseil de sécurité lui a également permis de mieux prendre la mesure de la nécessité de le réformer, a poursuivi le Premier Ministre, qui a plaidé pour un Conseil véritablement représentatif de la communauté internationale et adapté au monde d’aujourd’hui. M. Golob a appelé à veiller à ce que la répartition des sièges soit équitable, arguant que le Conseil a besoin de voix plus fortes de la part des régions sous-représentées, comme le continent africain. Pour la Slovénie, la réforme de la composition du Conseil doit s’accompagner d’une réforme du droit de veto qui, à défaut de pouvoir le supprimer, devra voir son utilisation être définie et encadrée avec plus de précision.
Mais ne perdons pas de vue que l’ONU est tellement plus que le Conseil de sécurité, a insisté le ministre, en citant notamment le travail des acteurs humanitaires, et en s’indignant de l’impunité pour les crimes qui mettent les organisations humanitaires à rude épreuve, à Gaza et ailleurs. Le Premier Ministre slovène a par ailleurs rappelé que son pays s’était joint aux partisans de l’initiative Rotation pour l’égalité, qui réclame une rotation entre hommes et femmes au poste de président de l’Assemblée générale, et a relevé qu’il n’y avait encore jamais eu de femme secrétaire générale de l’ONU.
Quant à la crise climatique, M. Golob a exigé une réponse globale et collaborative à ce défi mondial. Des solutions existent, a-t-il souligné, mais elles ne sont pas accessibles à tous de la même manière. En Slovénie, à la suite des inondations catastrophiques de l’année dernière, une solution numérique a été élaborée qui associe l’observation de la Terre à des supercalculateurs et à l’intelligence artificielle. Saluant l’initiative « Alertes précoces pour tous » du Secrétaire général, M. Golob a appelé à une alliance mondiale pour préserver l’eau des conflits armés.
Mettant enfin en exergue le sort des enfants dans les conflits, le Premier Ministre a cité Gaza comme « un exemple de souffrance extrême des enfants », il a dit remplir une promesse en racontant à la tribune de l’Assemblée générale l’histoire de deux jeunes palestiniennes avant de conclure en adressant un « message clair » au Premier Ministre israélien: « Arrêtez l’effusion de sang, arrêtez la guerre, arrêtez les souffrances, mettez fin à l’occupation de la Palestine! »
M. MUHAMMAD SHEHBAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a exprimé la douleur et l’angoisse fulgurantes du peuple pakistanais face au sort du peuple de Gaza. « Nos cœurs saignent alors que nous sommes témoins de la tragédie qui se déroule en Terre sainte, une tragédie qui ébranle la conscience même de l’humanité », a-t-il dénoncé. Il a appelé à agir maintenant et exigé la fin immédiate de ce bain de sang, avant de plaider pour une paix durable à travers la solution des deux États, qui verra un État de Palestine viable, sûr, contigu et souverain, basé sur les frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est (El-Qods el-Charif) comme capitale éternelle.
En l’espace de quelques jours, les bombardements incessants d’Israël sur le Liban ont tué plus de 500 personnes, dont des femmes et même des jeunes enfants, a dénoncé le Premier Ministre. Selon lui, l’échec de la mise en œuvre des résolutions de l’ONU a enhardi Israël, lequel menace d’entraîner tout le Moyen-Orient dans une guerre dont les conséquences pourraient être graves et inimaginables.
Comme c’est le cas du peuple de Palestine, le peuple du Jammu-et-Cachemire lutte depuis un siècle pour sa liberté et son droit à l’autodétermination, a ensuite fait valoir le Premier Ministre. Il a longuement accusé l’Inde d’avoir délaissé la voie de la paix et renié ses engagements à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité sur le Jammu-et-Cachemire. Des résolutions qui, a-t-il rappelé, ordonnent un plébiscite pour permettre au peuple du Jammu-et-Cachemire d’exercer son droit fondamental à l’autodétermination. Depuis le 5 août 2019, a-t-il expliqué, l’Inde a pris des mesures unilatérales et illégales en imposant ce que ses dirigeants appellent de manière inquiétante une « solution finale » pour le Jammu-et-Cachemire. Dans le cadre d’un projet colonial classique, l’Inde saisit les terres et les propriétés du Cachemire et installe des étrangers dans le Jammu-et-Cachemire occupé, a-t-il argué, en suggérant que le but était de transformer la majorité musulmane en minorité. Le peuple cachemiri est résolu à rejeter la fausse identité indienne que New Delhi cherche à lui imposer, a-t-il assuré.
M. Sharif a ensuite dénoncé comme inquiétante une expansion massive des capacités militaires de l’Inde, essentiellement déployées contre le Pakistan. L’Inde a rejeté sans réfléchir les propositions du Pakistan pour un « régime de retenue stratégique » mutuel, a-t-il déclaré, tout en notant que ses dirigeants ont souvent menacé de traverser la ligne de contrôle et de « prendre le contrôle » de l’Azad Cachemire.
« Je tiens à dire sans équivoque que le Pakistan répondra de la manière la plus décisive à toute agression indienne », a averti le Premier Ministre pakistanais. Pour garantir une paix durable, il a demandé que l’Inde annule les mesures unilatérales et illégales prises depuis le 5 août 2019 et engage un dialogue pour une résolution pacifique du conflit du Jammu-et-Cachemire, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et aux souhaites du peuple cachemiri.
Par ailleurs, M. Sharif a rappelé que les inondations qui ont dévasté le Pakistan il y a deux ans ont causé 30 milliards de dollars de dégâts. Le Pakistan espère que les engagements pris par ses partenaires de développement pour soutenir la réalisation des objectifs de développement durable seront tenus, y compris dans le domaine de l’action climatique. De même, il a souligné que l’économie pakistanaise a subi une perte de 150 milliards de dollars du fait du terrorisme.
Après avoir évoqué une nouvelle vague de terrorisme contre son pays, financé et parrainé de l’extérieur, en particulier par le TTP/Fitna al-Khawarij et ses associés, le Premier Ministre a souhaité que la situation en Afghanistan soit normalisée le plus tôt possible.
Enfin, le Premier Ministre a estimé que la manifestation la plus alarmante de l’islamophobie était le programme de suprématie hindoue en Inde, accusant son voisin de chercher agressivement à soumettre 200 millions de musulmans et à anéantir l’héritage islamique de l’Inde.
Prenant la parole sous la clameur de ses partisans tandis que de nombreuses délégations quittaient la salle de l’Assemblée générale, M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, a dit être venu au débat dénéral pour corriger les « mensonges » proférés au cours des derniers jours à l’encontre de son pays. « Voilà la vérité, a-t-il lancé: “Israël veut la paix”, bien qu’il soit confronté à des “ennemis sauvages” qui ne souhaitent que le détruire. »
Pour le Premier Ministre, ces « assassins sauvages » cherchent non seulement « à nous détruire, mais aussi à détruire notre civilisation commune, à nous renvoyer à l’âge sombre de la tyrannie de la terreur. » « Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, nous sommes confrontés à ce choix: réconciliation historique entre juifs et arabes; ou bien le sort que nous réserve l’Iran. » Il a assuré qu’Israël et l’Arabie saoudite étaient très proches d’un accord de normalisation lorsqu’est advenu le 7 octobre, quand des milliers de terroriste soutenus par le Hamas sont entrés sur le territoire israélien pour commettre des atrocités inimaginables, tuant, mutilant et violant 1 200 personnes, dans des « scènes dignes de l’Holocauste nazi ». Rappelant que le Hamas avait également kidnappé 251 personnes, dont 117 sont rentrées en vie, il a assuré, devant des membres de la famille des otages présents dans la salle: « Nous ne baisserons pas les bras ».
Face à cette « malédiction du 7 octobre », Israël n’a eu d’autre choix que de se défendre sur davantage de fronts « organisés » par l’Iran, a indiqué M. Netanyahu, qui a cité les attaques du Hezbollah et des houtistes, la dernière pas plus tard qu’hier à Tel Aviv. En « Judée et Samarie », des terroristes palestiniens ont perpétré des dizaines d’attaques, a-t-il ajouté, une situation qui a culminé par une attaque directe de l’Iran sur Israël en avril. Le Premier Ministre a alors averti les « tyrans de Téhéran »: « Vous nous frappez, nous vous frapperons ». Avant d’ajouter qu’en Iran comme partout au Moyen-Orient, il n’existe aucun endroit que l’État hébreu ne peut atteindre grâce à ses missiles de longue portée.
Exhibant une carte montrant la « bénédiction » que représente Israël et ses partenaires arabes faisant le pont entre l’Orient et l’Occident, le Premier Ministre a décrit les progrès que pourrait apporter la paix. Une seconde carte, décrite comme celle de la « malédiction », soit « l’arc de la terreur créée par l’Iran », coupe au contraire les voies maritimes et routières, « détruisant les nations de l’intérieur ».
Pour M. Netanyahu face à l’agression iranienne qui menace chaque pays du Moyen-Orient et au-delà, le monde ferme les yeux depuis bien trop longtemps, pratiquant une politique « d’apaisement » qui doit cesser immédiatement. Le Premier Ministre a appelé la communauté internationale à soutenir le peuple iranien, qui cherche à se libérer de ce « régime du mal », et à soutenir Israël dans sa lutte contre l’agression de l’Iran. Il a notamment demandé que le Conseil de sécurité renforce les sanctions contre Téhéran afin qu’il n’obtienne jamais d’arme nucléaire, le programme nucléaire iranien ayant été « retardé » mais pas détruit.
Réaffirmant qu’Israël a fait le choix de la paix tout en luttant contre les « forces de la terreur », le Premier Ministre s’est félicité que, depuis le 7 octobre, les Forces de défense israéliennes aient tué ou capturé plus de la moitié des terroristes du Hamas, détruit plus de 90% de son arsenal de roquettes ainsi que ses tunnels et éliminé 23 de ses 24 « bataillons de la terreur ». Après avoir accusé le Hamas de voler la nourriture que les autorités israéliennes ont « permis » d’acheminer à Gaza pour « la revendre à des prix exorbitants », M. Netanyahu a déclaré que le « Hamas doit disparaître », jugeant « inconcevable » toute possibilité de retour de cette organisation à Gaza après la guerre. Il a donc appelé à la démilitarisation de l’enclave afin que « ces combats soient les derniers ». Pour ce faire, le Premier Ministre israélien s’est dit prêt à appuyer une « administration civile locale à Gaza engagée en faveur d’une cohabitation pacifique ». Pour que la guerre prenne fin dès maintenant, le Hamas doit déposer les armes et libérer tous les otages, a-t-il répéter.
Qualifiant ensuite le Hezbollah de « groupe terroriste par excellence dans le monde », M. Netanyahu a noté que cette organisation a tué davantage de Français et d’Américains que toute autre, hormis Al-Qaida. Rappelant que, depuis un an, ses attaques ont contraint plus de 60 000 Israéliens à quitter leur foyer, M. Netanyahu a assuré avoir longtemps « toléré l’intolérable », avant de réaffirmer son intention d’agir jusqu’à ce les civils puissent rentrer chez eux. « Nous n’accepterons pas qu’une armée terroriste à notre frontière puisse mener une nouvelle attaque du type du 7 octobre. »
M. Netanyahu s’est dit déterminé à parvenir à un accord de paix historique avec l’Arabie saoudite, sur le modèle des Accords d’Abraham, y voyant la promesse d’une « réconciliation entre le monde arabe et Israël, entre l’islam et le judaïsme » au bénéfice de tout le Moyen-Orient.
Évoquant une « bataille entre le Bien et le Mal », M. Netanyahu a estimé qu’Israël défend aussi le monde contre un ennemi commun, qualifiant « d’absurdes » les accusations de génocide et de ciblage volontaire des civils palestiniens et affirmant qu’Israël mettait « tout en œuvre » pour réduire au minimum les victimes civils. Il a fustigé le Président de l’État de Palestine qui refuse de condamner le massacre du 7 octobre, l’accusant de « payer des terroristes pour tuer » et de mener une guerre diplomatique contre le droit d’Israël d’exister.
Le Premier Ministre s’en est enfin pris violemment à l’ONU, devenue une « organisation méprisable », une « maison des ténèbres », qui « dans un déferlement d’antisémitisme » cherche selon lui à « diaboliser » l’État juif. Depuis 2014, l’ONU a condamné Israël 174 fois, contre 73 fois pour tout le reste du monde, a-t-il dénoncé, ajoutant que, tant que le « seul État juif » ne sera traité comme les autres nations, « l’ONU sera considérée par les juifs partout comme ni plus ni moins qu’une farce ». Après des générations durant lesquelles nous avons été massacrés sans que personne ne lève le petit doigt, nous avons un État, une armée et nous nous défendons, a encore assuré le Premier Ministre, qui a conclu en affirmant: « Israël ne disparaîtra pas dans les ténèbres, le peuple d’Israël vit aujourd’hui et demain et vivra à jamais ».
« Nous devons marquer une pause et réinitialiser », a lancé Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, en s’adressant à ses pairs, leur demandant d’offrir de nouvelles opportunités et solutions aux crises qui freinent la croissance économique et limitent les ambitions. La réinitialisation nécessaire doit mettre fin à toutes les formes de discrimination, a-t-elle expliqué, car il y a aujourd’hui des règles et des institutions qui créent des citoyens de première et de deuxième classe en fonction de leur nation d’origine. « L’ordre international doit devenir inclusif et réceptif. »
Mme Mottley a demandé une réforme des structures néocolonialistes, appelant à veiller à ce que les institutions mondiales accordent aux pays en développement, en particulier aux petits pays vulnérables comme le sien, des sièges aux tables de décision pour qu’ils soient vus et entendus et pour qu’ils deviennent des agents actifs de leur propre cause. Ils doivent pouvoir diriger leurs propres paradigmes de développement.
Cette réinitialisation doit se caractériser par une réforme institutionnelle à commencer par les Nations Unies, a poursuivi Mme Mottley. Idem pour l’architecture financière mondiale, pour laquelle elle a dénoncé l’accès restreint aux capitaux, leur coût disproportionné, leur échelle inadéquate et le fardeau écrasant de la dette. Elle a déploré que ces facteurs combinés obligent les gouvernements des pays les plus pauvres et aussi les pays vulnérables à revenu intermédiaire à consacrer plus de ressources au service de la dette qu’à la santé, à l’éducation et à l’infrastructure réunies. Elle a demandé un nouveau programme commun, devant se fonder sur le principe africain d’Ubuntu: « Je suis parce que vous êtes; je suis parce que nous sommes ».
Appelant à « faire preuve de clarté et de volonté politique » pour venir à bout des pratiques discriminatoires du système financier international, elle a salué le lancement de la troisième itération de l’initiative de Bridgetown qui identifie trois principes clefs: modifier les règles du système financier international et réformer sa gouvernance et ses instruments ; mettre les économies vulnérables à l’abri des chocs en traitant la question de la dette et des liquidités d’une manière globale et axée sur le développement; et augmenter le financement en renforçant la capacité des pays à investir dans la résilience par plusieurs moyens, y compris la réorientation des droits de tirage spéciaux (DTS) par l’intermédiaire des partenaires de développement multilatéraux.
Passant au cas des petits États insulaires en développement (PEID), dont les vulnérabilités sont devenues plus prononcées, la Première Ministre a encouragé la communauté internationale et le système multilatéral à « nous laisser travailler ensemble » pour garantir que la promesse faite à Bridgetown en 1994 se concrétise par la mise en œuvre du Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID adopté en mai 2024.
Sur le sujet de la paix et de la sécurité, elle a estimé que les conflits qui embrasent le Soudan, l’Ukraine, le Myanmar, Israël, Gaza et maintenant le Liban ne sont que la partie émergée d’un « iceberg de mort, de violence et d’instabilité ». « Même si toutes les guerres de l’histoire ont pris fin, la véritable question aujourd’hui est à quel prix », a-t-elle observé en réitérant son appel à un engagement collectif pour la paix.
En ce qui concerne sa région, Mme Mottley a fait remarquer l’escalade sans précédent du nombre d’armes d’assaut, des armes fabriquées aux États-Unis qui font des ravages dans les systèmes juridiques et les sociétés, demandant là aussi une réinitialisation fondamentale. Elle a aussi souligné les problèmes de sécurité et de paix d’Haïti et demandé la levée de l’embargo contre Cuba.
Alors que le monde traverse « une saison de superlatifs », avec ses inondations et ses sécheresses, ses ouragans et ses incendies, qui vont coûter la vie et des moyens de subsistance à tant de personnes, Mme Mottley a asséné aux négationnistes des changements climatiques qu’eux aussi ont besoin d’une réinitialisation pour admettre l’absolue nécessité d’une action collective pour sauver notre mode de vie et notre planète. En conclusion, elle a misé sur le Pacte pour l’avenir et salué les termes dans lesquels ses collègues se sont exprimés ici cette semaine, y voyant une lueur d’espoir, une preuve que les dirigeants du monde comprennent et adhèrent à son concept de réinitialisation, même s’ils ne l’ont pas appelé ainsi.
Le Premier Ministre du Bhoutan, M. TSHERING TOBGAY, a dit être heureux d’annoncer que, « grâce à nos progrès globaux », en décembre dernier, 52 ans après avoir rejoint les Nations Unies, le Bhoutan est sorti de la catégorie des pays les moins avancés (PMA). Il a souligné que c’est le résultat d’un travail acharné, de la persévérance et de sacrifices, et surtout « que nous l’ayons fait à nos propres conditions ». Il a aussi expliqué que le Bhoutan a suivi une voie de développement fondée sur la philosophie du bonheur national brut, une approche qui place le bonheur et le bien-être du peuple au centre du programme de développement. Ainsi, dans le pays, les soins de santé et l’éducation sont gratuits pour tous.
Alors que le pays a quitté la catégorie des PMA, le Premier Ministre a reconnu qu’il est désormais de sa responsabilité de veiller à ce qu’il maintienne ses progrès durement gagnés. C’est dans cette perspective que le Roi du Bhoutan a annoncé la création de la Cité de la pleine conscience de Gelephu. S’étendant sur 2 600 kilomètres carrés de forêts vierges et de terres agricoles fertiles, elle permettra à l’innovation humaine et aux écosystèmes naturels de prospérer ensemble, tout en favorisant le bien-être humain, la durabilité environnementale et « une vie consciente ». Le Premier Ministre a invité les leaders d’opinion, les innovateurs et les investisseurs à rejoindre le Bhoutan pour construire cette ville révolutionnaire, contribuant à un modèle de paix, d’harmonie et de progrès que d’autres pourront suivre.
Après le succès du Sommet de l’avenir, M. Tobgay a estimé que transformer l’avenir exige que nous changions également les institutions qui la façonnent. De ce fait, l’ONU doit évoluer pour répondre aux réalités du monde d’aujourd’hui. Le Conseil de sécurité, tel qu’il est, est une relique du passé, a-t-il assené, appelant à ce qu’il reflète le paysage géopolitique et économique actuel. Pour cela, l’Inde, avec sa croissance économique importante et son leadership dans le Sud global, mérite à son avis un siège permanent au Conseil de sécurité, de même que le Japon, un donateur et un bâtisseur de paix de premier plan. Le Premier Ministre a enfin appelé à soutenir les autres PMA, en veillant à ce qu’ils puissent, eux aussi, arriver au reclassement. À cet égard, le rôle des Nations Unies est plus crucial que jamais, renforçant l’impératif du multilatéralisme pour relever les défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, a conclu le Premier Ministre.
M. XAVIER ESPOT ZAMORA, Chef du Gouvernement d’Andorre, s’est d’abord félicité du renforcement du système multilatéral grâce à l’adoption du Pacte pour l’avenir, insistant sur l’importance des « mesures concrètes ». Puis il a mis en garde contre la montée des extrémismes politiques, reflétant le « sentiment d’avoir perdu un passé peu lointain et bien meilleur », sentiment exacerbé par des phénomènes tels que les changements climatiques, la mondialisation, et l’incertitude quant à l’avenir des jeunes générations. Dans ce contexte, il a exhorté à une action urgente pour réaffirmer les valeurs fondamentales de la démocratie, telles que la dignité, l’égalité, la tolérance et la liberté.
Le Chef du Gouvernement a ensuite souligné les efforts continus de son pays pour promouvoir la paix et la sécurité internationales, notamment en Ukraine, à Gaza ou au Soudan. Il a particulièrement insisté sur la protection des civils dans les zones de guerre, affirmant que rien ne justifie les attaques contre les hôpitaux et les écoles ou l’utilisation de la famine comme arme. Il a également rappelé l’engagement de l’Andorre à soutenir les initiatives visant à protéger les enfants en danger, telles que le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, ou encore l’étude sur l’impact des changements climatiques sur les enfants et les conflits armés.
Concernant la coopération régionale, le Chef du Gouvernement a mentionné les négociations en cours pour un accord d’association avec l’Union européenne, visant à diversifier l’économie andorrane et à intégrer le pays plus étroitement dans le marché européen. L’Andorre a fait de la lutte contre les changements climatiques une priorité nationale et internationale, a-t-il rappelé, et depuis sa ratification de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en 2011, le pays a respecté ses obligations. Il vise ainsi la neutralité carbone d’ici à 2050 et a déjà présenté un rapport biannuel sur la transparence, une première mondiale.
Sur le plan énergétique, le Chef du Gouvernement a détaillé les efforts du pays pour promouvoir les énergies renouvelables et réduire les émissions de gaz à effet de serre, avec une législation ambitieuse et des incitations financières. Cependant, il a averti que ces efforts ne seraient efficaces que si les autres pays suivaient la même voie. Il a également évoqué l’importance des objectifs de développement durable (ODD), soulignant que malgré des résultats décevants, des changements sont possibles si l’on fait preuve de persévérance et d’innovation. L’égalité des genres, la protection de l’enfance, et la durabilité doivent, selon lui, devenir des « principes inviolables ». Il a particulièrement mis en avant la parité respectée aux postes de décision dans les institutions andorranes.
Enfin, le Chef du Gouvernement a mis en avant les avancées technologiques de l’Andorre, notamment la connectivité Internet qui atteint 96% des foyers, et le cadre juridique mis en place pour protéger les droits numériques. Il a souligné que l’accès à l’information et au numérique était essentiel pour réduire les inégalités et garantir un avenir inclusif.
Pour M. MUHAMMAD YUNUS, Conseiller principal du Gouvernement du Bangladesh, le Pacte pour l’avenir doit servir de feuille de route pour repenser la coopération et servir « nos aspirations communes pour la postérité ». Évoquant la transformation historique que le Bangladesh a connue en juillet et en août, le dirigeant s’est engagé à promouvoir et à protéger les droits fondamentaux: celui de chacun de s’exprimer librement, de se réunir sans crainte ni inhibition, de voter pour qui il veut, de défendre l’indépendance du pouvoir judiciaire et la liberté de la presse, y compris dans le cyberespace.
« Notre peuple, et en particulier la jeunesse, nous a permis d’obtenir notre indépendance face à un régime autocratique et antidémocratique grâce à leur détermination et à leurs capacités exceptionnelles. » Rendant hommage à cette détermination collective des jeunes de son pays, il a estimé que cela devrait lui valoir le statut de nation responsable dans le concert des nations. La génération Z réimagine les valeurs qu’incarne le peuple du Bangladesh depuis 1971, a-t-il constaté, en appelant la communauté internationale à travailler main dans la main avec « le nouveau Bangladesh » pour réaliser la démocratie partout.
À la suite de cette « révolution des moussons », a relaté M. Yunus, le Conseil du Gouvernement a été chargé de la reconstruction d’un appareil d’État en décomposition, marqué par une corruption endémique. Il a fait savoir que les caisses de l’État étaient réduites à néant alors que quelques personnes avaient amassé des fortunes colossales. Dans ce contexte, M. Yunus s’est dit fier de contribuer à créer une société juste dans laquelle tous les partis politiques peuvent s’exprimer et où les droits fondamentaux sont défendus, y compris la liberté d’expression et de vote. Il a annoncé notamment des investissements massifs dans l’enseignement et la santé et a souligné la volonté d’une gouvernance responsable dans tous les secteurs.
Sur le plan international, le Bangladesh sera un fervent défenseur du multilatéralisme, a-t-il poursuivi. En l’espace de sept semaines seulement, s’est-il enorgueilli, le Gouvernement a pris plusieurs mesures dont une demande au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme de dépêcher une mission d’enquête sur les violations flagrantes des droits humains commises lors du mouvement populaire, mission qui a déjà commencé à travailler sur le terrain. Il a aussi mentionné les réformes lancées dans certains secteurs prioritaires dans le but de restaurer la confiance de la population, notamment la création de commissions indépendantes chargées de réformer le système électoral, la Constitution, le système judiciaire, l’administration civile et l’ordre public. D’autres commissions sont prévues pour réformer notamment la presse et les médias. Et pour créer un environnement propice aux affaires, de vastes réformes sont en cours dans les secteurs bancaire et financier.
M. Yunus a également mis en exergue la menace climatique en exhortant la communauté internationale à canaliser des ressources solides pour l’adaptation dans les pays vulnérables au climat comme le Bangladesh. Il a appelé à opérationnaliser sans tarder le fonds pour les pertes et les préjudices et à faciliter un accès équitable aux technologies. Pour celui qui est du « prix Nobel de la paix », la lutte climatique doit aller de pair avec la remise en ordre de l’économie mondiale. Notant que le monde se concentre de plus en plus sur la décarbonisation, il a estimé que la vision transformatrice d’un monde netZero doit également s’appliquer à des pays comme le Bangladesh. À défaut, « nous risquons de ne pas tenir notre promesse de “prospérité partagée” grâce à une responsabilité partagée », a-t-il mis en garde.
Il a donc appelé le monde à s’engager ensemble sur la voie des « trois zéros », en visant zéro pauvreté, zéro chômage et zéro émission nette de carbone. La paix et la sécurité ne peuvent être assurées sans la liberté politique et l’émancipation socioéconomique des peuples, a conclu M. Yunus, non sans oublier de plaider pour les personnes déplacées de force, en particulier les 1,2 million de Rohingya auquel son pays vient en aide. La communauté internationale doit appuyer ces efforts et permettre à ces déplacés de rentrer dans l’État rakhine et y jouir pleinement de leurs droits, a-t-il prié.
M. DORIN RECEAN, Premier Ministre de la République de Moldova, a affirmé que la paix, la sécurité, la prospérité et le libre choix sont les priorités de son pays. Des générations d’intellectuels, d’écrivains et d’activistes ont lutté pour l’indépendance et pour la liberté de poursuivre « notre identité et nos valeurs », a-t-il rappelé en se réjouissant qu’ils aient réussi à rendre la République de Moldova libre. Cependant, il s’est indigné que, tout près de son pays, la guerre d’agression injuste et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine menace le tissu de l’ordre international, ce qui rappelle l’époque de la politique des grandes puissances, lorsqu’un grand État poursuit des desseins géopolitiques cyniques et annexe des voisins plus petits.
« Pour la République de Moldova, il ne s’agit pas d’un simple souvenir lointain, mais d’une menace imminente. » La République de Moldova n’en connaît que trop bien les conséquences, a dit le Premier Ministre en assurant de sa détermination à ne jamais revenir à cette époque. « N’oubliez pas: le Kremlin ne veut pas de nous à la table des négociations. Le Kremlin veut que nous soyons sur la table ». Le Premier Ministre a dit que la République de Moldova avait réaffirmé sa solidarité avec l’Ukraine dans sa défense contre l’agression du Kremlin. Il a ainsi évoqué le soutien de son pays aux efforts humanitaires, avec l’accueil de plus d’un million de réfugiés ukrainiens, en toute sécurité.
La République de Moldova est également attachée à un règlement juste et pacifique du conflit en Transnistrie, a-t-il poursuivi, réclamant que la présence militaire illégale de la Russie cesse. Le destin de la République de Moldova appartient aux Moldoves, et non à des puissances extérieures, a-t-il martelé.
Le Premier Ministre s’est dit fier d’annoncer que son peuple est plus proche que jamais de réaliser ses aspirations. « Nous sommes pleins d’espoir et de détermination », a-t-il dit, en allusion à l’espoir d’un avenir démocratique et prospère au sein de la famille européenne des nations, « à laquelle son pays appartient légitimement ». En attendant, « nous sommes déterminés à travailler dur et sans relâche pour devenir un membre fier de la famille pacifique et prospère de l’UE », a-t-il promis. De fait, a fait valoir le Premier Ministre, la République de Moldova n’est plus une « zone grise », une entreprise de blanchiment d’argent rentable pour des oligarques sans scrupules et des puissances étrangères, qui ont pillé l’État et le peuple et manipulé les institutions à leur profit. Son gouvernement s’efforce de restituer l’argent volé, a-t-il assuré
En matière de développement, M. Recean s’est enorgueilli qu’au cours des dernières années, les investissements dans les infrastructures aient été plus importants qu’au cours des 10 années précédentes. « Notre indépendance énergétique est désormais une réalité. Le Premier Ministre a également vanté l’ouverture au monde de la République de Moldova. En reconnaissance des progrès réalisés par le pays, les dirigeants de l’UE ont décidé à l’unanimité, en décembre 2023, d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la République de Moldova, a-t-il rappelé.
Il s’agit de « notre réalisation la plus importante depuis l’indépendance, et nous nous engageons à être prêts à rejoindre l’UE d’ici à 2030 », a promis le Premier Ministre.
M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre de Vanuatu, a déploré les « manquements collectifs » dans la lutte contre les changements climatiques, le financement du développement et le maintien de la paix. Pendant que les nations industrialisées continuent de faire prospérer leur économie, les petits États insulaires en développement (PEID) subissent de plein fouet les effets de la crise climatique. Si la tendance actuelle des émissions de carbone se poursuit, Vanuatu n’a aucune chance de se maintenir à son statut récemment acquis de pays en développement. L’intensité et la fréquence des catastrophes climatiques menacent les moyens de subsistance de la population de l’archipel, lui faisant courir le risque d’effacer des années de progrès. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prédit d’ailleurs un avenir « désastreux », s’est alarmé le Premier Ministre, pour qui la « fenêtre d’opportunités » pour restaurer la santé de la planète se referme rapidement.
C’est pourquoi Vanuatu a sollicité un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) afin d’obtenir des éclaircissements sur les obligations juridiques des États en matière de changements climatiques. Les 91 soumissions écrites reçues par la Cour démontrent l’importance d’une clarté juridique sur cette question. M. Tabimasmas a lancé un appel aux États Membres, en particulier les nations vulnérables, pour qu’ils prennent part aux audiences « historiques » qui commenceront le 2 décembre prochain.
Si Vanuatu se portait bien lorsqu’il avait le statut de pays les moins avancés (PMA), ses défis structurels sont restés et ses coûts n’ont cessé d’augmenter. Les conditions financières plus strictes, combinées à la hausse du taux de crédit augmentent le risque du surendettement. Le Premier Ministre a appelé à une réforme profonde des institutions de Bretton Woods afin de restructurer le système monétaire et financier international, y compris la mise en place d’un mécanisme international de restructuration de la dette souveraine. Frappé par cinq cyclones violents au cours des trois dernières années, le Premier Ministre a noté que l’archipel perd chaque fois plus de la moitié de son PIB.
Dans cette optique, Vanuatu a décidé, avec l’appui des Fidji et de Samoa, de proposer à la Cour pénale internationale (CPI) de faire de l’écocide un crime relevant de sa compétence. En attendant, le Premier Ministre s’est dit impatient de voir l’application de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle qui devrait élargir l’accès aux financements concessionnelles. M. Tabimasmas a formé le vœu que ces questions fassent l’objet d’un soutien collectif lors de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, en 2025.
M. ANDREJ PLENKOVIĆ, Premier Ministre de la Croatie, a souligné que tous les États Membres des Nations Unies ont le droit d’être indépendants et libres, et de choisir leur propre voie. Ils n’ont pas à attendre la permission de leur voisin ni à se sentir seuls face à une agression militaire. Nous ne cesserons de soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et nous appelons le reste du monde à faire de même, a martelé le Premier Ministre. Les guerres en Ukraine et à Gaza, a-t-il reconnu, éclipsent l’immense catastrophe humanitaire et civile au Soudan.
Nous ne saurions laisser l’Afrique de côté, car c’est le continent où la moitié de la population a moins de 19 ans, qui devrait et doit être considéré comme une source d’espoir pour l’humanité tout entière et non comme une vague pensée. Le Premier Ministre a dit espérer que la révision de l’architecture de consolidation de la paix en 2025 sera l’occasion de renforcer la Commission de consolidation de la paix (CCP) et d’élargir son mandat pour lui donner un pouvoir décisionnel. En 2026, la Croatie sera de nouveau candidate à un siège à la CCP.
Les changements climatiques, a poursuivi le Premier Ministre, sont l’un des plus grands défis de l’humanité. La transition verte est essentielle et les solutions basées sur la nature sont l’un des principaux outils nationaux pour l’adaptation et l’atténuation. Nous devons redoubler d’efforts pour traiter le climat comme un multiplicateur de risques qui met en danger la sécurité et la stabilité de nombreuses régions du monde, en particulier en Afrique. Nous sommes fiers que nos réformes et nos investissements aient valu à la Croatie la huitième place, dans l’édition 2024 du Rapport sur le développement durable, s’est enorgueilli le Premier Ministre.
Il a par ailleurs souligné que la stabilité de la Bosnie-Herzégovine voisine, avec laquelle son pays partage une frontière de plus de 1 000 kilomètres est d’une importance capitale. Pour assurer la sécurité et la stabilité, il a prôné une pleine égalité constitutionnelle des trois peuples constitutifs et le respect des accords de Dayton-Paris et des traités qui ont mis fin à la guerre et consacré une Bosnie-Herzégovine multinationale, multiconfessionnelle et multiculturelle.
M. JAMES MARAPE, Premier Ministre et Ministre des finances de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a exprimé sa préoccupation face aux trois principales menaces auxquelles est confrontée l’humanité, à savoir l’intolérance religieuse, la pauvreté causée par les changements climatiques et les conflits de souveraineté. « Nation aux 1 000 tribus », la plus diversifiée culturellement et linguistiquement au monde, la Papouasie-Nouvelle-Guinée compte plus de 830 langues et une myriade de groupes ethniques et de cultures qui sont toujours « authentiquement autochtones ». Elle abrite en outre jusqu’à 7% de la biodiversité mondiale, ainsi qu’un vaste écosystème marin. À sa « petite échelle », la Papouasie-Nouvelle-Guinée enseigne au monde à vivre en équilibre avec la nature, à tolérer la différence culturelle et à pratiquer la gestion environnementale, a affirmé le Premier Ministre. Or, malgré son expérience et sa contribution au débat mondial sur ces questions, le pays n’a vu que peu de résultats.
Au cours de ses 49 années d’histoire en tant que pays indépendant, l’État insulaire est passé du statut de pays le moins avancé à celui de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, avec l’objectif de devenir un pays à revenu élevé d’ici à 2045, en passant d’une économie primaire à une économie manufacturière. Port Moresby compte présenter à l’ONU un rapport complet sur ces questions au forum politique de haut niveau pour le développement durable.
M. Marape s’est attardé sur les changements climatiques découlant d’une cupidité qui a poussé l’homme à piller les ressources de la Terre au-delà du seuil de durabilité. Pour les nations océaniques comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’élévation du niveau de la mer qui en résulte constitue désormais une menace existentielle. Or, l’accès au financement climatique continue d’être un défi. À cet égard, le Premier Ministre s’est félicité de l’aide qu’a apportée la France pour mobiliser les fonds de l’Union européenne afin d’assurer la préservation de la zone de conservation forestière Managalas. Pendant ce temps, les conflits et les tensions géopolitiques croissantes continuent d’alimenter la fragmentation et le protectionnisme dans le monde, a déploré M. Marape. « Tous les conflits peuvent être résolus si nous laissons le règlement unique de l’ONU prendre le pas sur nos propres intérêts particuliers. »
M. ROBERT ABELA, Premier Ministre de Malte, a rappelé le statut politique et la localisation géographique uniques de son pays, qui est une passerelle entre l’Europe et l’Afrique du Nord, et l’Europe et le Moyen-Orient. Membre à part entière de l’Union européenne (UE), l’île se distingue aussi par une neutralité inscrite dans sa Constitution. « Un intermédiaire honnête », voici ce que Malte peut être, a déclaré le Premier Ministre, en parlant d’accueillir des pourparlers de paix ou de servir de médiateur dans des dialogues difficiles. C’est exactement l’approche que nous avons privilégiée au Conseil de sécurité au cours de ces deux dernières années, une approche similaire qui prévaut avec la présidence maltaise de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), depuis le mois de janvier.
M. Abela a souligné deux priorités chères à son gouvernement, à savoir le désarmement et l’aide humanitaire. Il a annoncé son intention de continuer de faire pression pour que toutes les nations respectent le Traité sur le commerce des armes et il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2712 par le Conseil de sécurité, un texte qui exigeait des pauses humanitaires urgentes et prolongées et la mise en place de couloirs dans la bande de Gaza pour y acheminer des biens de première nécessité. Le Premier Ministre s’est dit fier que ce texte, qu’il a négocié avec d’autres, ait conduit à la libération de 105 otages. Quant à la résolution 2728, qui exigeait un cessez-le-feu immédiat à Gaza pendant le mois de ramadan, il a fait observer qu’il s’agissait de la première motion conjointe des membres non permanents, dans toute l’histoire du Conseil de sécurité.
S’attardant sur la Libye, M. Abela a souligné que ce n’est qu’avec un gouvernement unifié et fonctionnel, soutenu par les citoyens de tout le pays, que cette voisine méditerranéenne pourra jouer pleinement son rôle pour juguler la crise des migrants qui met tant de vies en danger. Le Premier Ministre a appelé au retrait immédiat de tous les combattants et mercenaires étrangers du sol libyen. Malte, a-t-il ajouté, réaffirme la nécessité d’une mise en œuvre complète de l’embargo sur les armes en Libye, conformément à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. À cet égard, il a appelé à un régime de sanctions efficace avec une liste des violateurs juste et transparente. Malte est fière d’avoir été, aux côtés des États-Unis, porte-plume de la résolution 2744, qui appelle, pour la première fois depuis près de deux décennies, à la révision du processus de radiation des listes.
M. PHILIP EDWARD DAVIS, Premier Ministre et Ministre des finances des Bahamas, a regretté que le monde soit obligé de vivre avec la réalité d’une crise climatique qui a poussé la planète au-delà du seuil critique de 1,5°Celsius pendant une année entière. Les États sont capables de mobiliser rapidement des sommes astronomiques pour des balles et des bombes, mais ils ont du mal à mettre la main à la poche quand il s’agit de financer l’adaptation aux changements climatiques. Cette passivité est due à des choix et priorités à court terme et malavisés.
Alors que les dépenses militaires mondiales ont grimpé à un montant sans précédent de 2 400 milliards de dollars l’année dernière, le fonds pour les pertes et les préjudices, minutieusement établi à la COP28, n’a obtenu que 800 millions de dollars de promesses de dons. C’est une goutte d’eau dans l’océan, par rapport aux milliers de milliards nécessaires pour faire face aux coûts croissants de l’impact de la crise climatiques. Ce n’est pas seulement une question de financement, c’est fondamentalement une question de durabilité et de survie sans lesquelles la paix et la sécurité ne veulent rien dire.
Alors que les Bahamas célèbrent le cinquante-et-unième anniversaire de leur entrée aux Nations Unies, le Premier Ministre a annoncé la candidature de son pays à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2032-2033. Nous le faisons parce que la crise actuelle, celle qui se profile à l’horizon, exige un certain degré d’ingéniosité, d’effort, de coopération multilatérale et de sacrifice encore plus grand que celui dont le monde avait besoin au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le Conseil de sécurité du futur ne pourra répondre à la plus grande crise de notre époque sans des voix comme la nôtre.
Le lien entre changements climatiques et sécurité internationale est indéniable, s’est expliqué le Premier Ministre. Par conséquent, les Bahamas sont prêtes à soutenir toutes les réformes nécessaires pour maximiser l’efficacité du Conseil de sécurité. Nous n’attendons pas les solutions, nous les trouvons, a souligné M. Davis, en évoquant la création, chez lui, d’une Garde nationale de la jeunesse qui permet aux jeunes de devenir des champions de l’environnement, dans un pays où plus de 40% de la dette publique résulte directement de l’impact des changements climatiques.
M. KASSIM MAJALIWA MAJALIWA, Premier Ministre de la République-Unie de Tanzanie, a appelé à des actions urgentes et à une solidarité mondiale accrue afin de surmonter les obstacles tels que les déséquilibres économiques, les changements climatiques, les conflits et l’inégalité des sexes, qui continuent d’entraver la réalisation des ODD dans plusieurs pays. Afin d’améliorer la sécurité alimentaire et de réduire la pauvreté, la République-Unie de Tanzanie mise sur des investissements stratégiques dans l’agriculture, l’aquaculture, le développement des infrastructures, l’énergie et la technologie numérique. Elle a également mis en œuvre des politiques destinées à assurer l’accès de tous aux soins de santé et à l’éducation.
Or, malgré leur libération du colonialisme, de nombreux pays demeurent confrontés à des sanctions économiques punitives ainsi qu’à des conditions inhumaines, a relevé le Premier Ministre. Les crises humanitaires dues aux conflits et aux catastrophes naturelles nécessitent par ailleurs un accès sans restriction à l’aide humanitaire et la responsabilisation des responsables d’atrocités. « L’ONU ne doit pas rester indifférentes à ces situations, a-t-il prévenu, sous peine de porter atteinte à sa légitimité. »
Poursuivant, M. Majaliwa s’est félicité de l’adoption de la résolution 78/312 de l’Assemblée générale, qui proclame le 7 juillet Journée mondiale de la langue kiswahili, langue parlée par plus de 200 millions de personnes et facteur de progrès de la diversité culturelle. Il a demandé à l’ONU de faire du kiswahili la septième langue officielle de l’Organisation.
Vulnérable aux sécheresses, aux inondations, à la désertification et à l’élévation du niveau de la mer, la République-Unie Tanzanie a adopté des mesures d’adaptation et d’atténuation, telles que la plantation de mangroves ou l’amélioration des infrastructures côtières, a ensuite expliqué le Premier Ministre. Il est toutefois impératif d’investir davantage dans le financement de la lutte contre les changements climatiques. M. Majaliwa s’est également prononcé en faveur d’un accès universel de la population africaine à une cuisine sans combustibles polluants d’ici à 2030. À cet effet, son pays accueillera le sommet africain de l’énergie en 2025, organisé conjointement avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, dans l’objectif d’accélérer la mise en œuvre de l’engagement à fournir un accès à l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique d’ici à 2030.
Alors que la République-Unie de Tanzanie s’apprête à tenir des élections cette année, M. Majaliwa a fait sienne la vision de la démocratie des « 4R » mise de l’avant par la Présidente du pays, à savoir la réconciliation, la résilience, les réformes et la reconstruction. Dans cette veine, le Gouvernement tanzanien a entrepris plusieurs réformes « monumentales », notamment dans le domaine de la justice pénale et des droits humains. Enfin, le Premier Ministre a exhorté les dirigeants du monde à s’unir contre les menaces internationales qui sapent l’unité, la paix et la dignité humaine, en s’appuyant sur l’innovation, la coopération internationale et les partenariats qui transcendent les frontières.
M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre et Ministre de la sécurité nationale, des affaires juridiques et de l’information de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a déploré que les difficultés des PEID perdurent dans l’indifférence d’une communauté mondiale motivée par les « instincts les plus bas » du pouvoir sans entraves, de l’argent, de l’idéologie, des armes et de la domination. En fait, « beaucoup de puissants souhaiteraient que les PEID n’existent pas », a-t-il lancé. Il revient pourtant de plein droit aux PEID un soutien particulier de la part de la communauté internationale, pour répondre efficacement à leurs vulnérabilités sociale, économique et environnementale uniques. Il en va de l’intérêt des quelque 70 millions d’habitants des PEID, mais aussi de celui des 8 milliards de Terriens, a-t-il ajouté. Du point de vue du Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, l’exceptionnalisme des PEID devrait être une catégorie formellement inscrite dans le droit international, et bénéficier du traitement le plus favorable. À l’ère de l’Anthropocène, « pourquoi la Banque mondiale persiste-t-elle avec le seul instrument de mesure anachronique et mal conçu du revenu moyen par habitant pour les PEID vulnérables, au lieu de celle, plus complète et plus raisonnable, d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle? » a-t-il demandé.
Les pays développés, principaux émetteurs historiques et contemporains de gaz à effet de serre, ont refusé de tenir leurs engagements solennels de limiter la température mondiale à moins de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels. À moins de changements drastiques dans les modes de consommation, de production, de vie et d’habitat dans les économies développées et émergentes, « notre planète se destine à un enfer », a prévenu M. Gonsalves, qui a reproché un « cynisme » et un « double langage à couper le souffle » de plusieurs grands pays développés. Pour agir, il a renvoyé vers le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, adopté plus tôt cette année, qui comprend un cadre d’action, ainsi qu’au Pacte pour l’avenir, à l’appui plus large et prometteur.
Le 1er juillet 2024, l’ouragan Beryl, de catégorie 4, a frappé Saint-Vincent-et-les Grenadines, causant des dommages économiques s’élevant à un tiers du produit intérieur brut (PIB) du pays. C’est la douzième catastrophe naturelle importante à frapper mon pays, sans compter les éruptions volcaniques de 2021, a commenté le Premier Ministre. S’il a remercié l’ONU et d’autres acteurs pour leur aide rapide, il a décrit la difficulté des processus de relèvement et de reconstruction. « Nous sommes essentiellement livrés à nous-mêmes », a-t-il déploré, lançant un appel à l’aide à la communauté internationale. Non pas en accordant de nouveaux prêts onéreux, mais de véritables subventions. « Devons-nous choisir entre la mort et la dette? » s’est-il emporté.
Le Premier Ministre a enfin évoqué le défi croissant de la criminalité violente dans les Caraïbes, « un mélange combustible d’armes et de balles importées, de marijuana exportée illégalement et de trafic de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud ». Il a jugé évident que ce défi exigeait une coopération opérationnelle beaucoup plus étroite entre tous les pays concernés des Caraïbes, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et d’Europe.
M. RUSSELL MMISO DLAMINI, Premier Ministre de l’Eswatini, a exprimé son plein soutien au Sommet de l’avenir dont les résultats, correspondent à l’esprit d’un monde plus juste et plus inclusif. De fait, il a estimé nécessaire de reconsidérer le fonctionnement des institutions multilatérales telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, et en particulier le Conseil de sécurité.
Il a rappelé que son pays avait accueilli, en 2005, la réunion de l’Union africaine qui a débouché sur le consensus d’Ezulwini, lequel appelle à une plus grande représentation africaine au sein du Conseil de sécurité. Il a ensuite exhorté la communauté mondiale à mettre en œuvre ces engagements de longue date et à veiller à ce que toutes les régions et tous les peuples aient leur mot à dire dans l’élaboration de notre avenir collectif.
En matière de développement, a poursuivi le Premier Ministre, l’Eswatini a adopté l’esprit « Nkwe », qui signifie « courir ». En somme, le cri de ralliement pour courir plus vite, travailler plus dur et ne laisser personne de côté, a-t-il expliqué.
Il a mis en avant le potentiel des jeunes en Afrique, soulignant l’engagement de son pays à exploiter ce dividende démographique. « Nous devons agir maintenant pour que nos jeunes puissent participer pleinement à la construction de l’Afrique que nous voulons, une Afrique de paix, de prospérité et de dignité », a-t-il exhorté.
L’Eswatini est également déterminé à éradiquer la pauvreté grâce à une croissance inclusive et à des programmes de protection sociale solides, en donnant la priorité aux politiques qui fournissent des filets de sécurité aux plus vulnérable de la société, notamment les femmes, les enfants et les personnes handicapées. Plus généralement, la stratégie nationale de développement durable se concentre sur la diversification économique, la réduction de la pauvreté et le développement du capital humain.
Cependant, a-t-il nuancé, en tant que petit pays à revenu intermédiaire, l’Eswatini est confronté à des défis uniques, notamment un accès limité au financement international, et une vulnérabilité aux changements climatiques et aux chocs économiques. C’est pourquoi, M. Dlamini a appelé la communauté internationale à veiller à ce que le chemin vers le développement durable ne soit pas entravé par les inégalités structurelles du système mondial.
En réponse à ces défis, l’Eswatini a présenté un plan complet de relance et d’accélération des ODD, évalué à environ 1,6 milliard de dollars, couvrant notamment la transformation numérique, les énergies renouvelables, l’agriculture, l’expansion industrielle, la protection sociale, et la création d’emplois. Notant que la mise en œuvre des ODD nécessite des ressources financières considérables, qui font défaut à de nombreux pays en développement, y compris ceux d’Afrique, le Premier Ministre a appelé à la mise en œuvre du Plan d’action d’Addis-Abeba, et à une réforme des mécanismes financiers mondiaux.
Mme ROBINAH NABBANJA, Première Ministre et Cheffe des affaires gouvernementales au Parlement de l’Ouganda, a déclaré qu’il est temps de s’interroger sur l’échec à renforcer la coopération internationale en réponse aux défis mondiaux collectifs. Elle a estimé que les avantages de ce monde doivent être partagés entre tous et que toutes les formes d’exclusion par les quelques nations riches sont détestables. Elle a appelé à une réforme urgente et globale du Conseil de sécurité, pour que l’Afrique obtienne deux sièges de membres permanents, avec droit de veto, ainsi que deux sièges supplémentaires dans la catégorie des non-permanents.
De même, elle a appelé à la mise en œuvre du droit au développement, ainsi qu’à un accès équitable aux moyens de production, à la technologie et au capital pour assurer la transformation économique et sociale des économies des pays en développement. L’Ouganda, en tant que Président du Mouvement des non-alignés, travaillera sur les processus intergouvernementaux qui conduiront à l’adoption du pacte des Nations Unies sur le droit au développement, a indiqué l’oratrice.
Toujours sur les questions de développement, la Première Ministre a noté que le financement reste l’un des plus grands défis qui sapent les efforts des pays en développement pour mettre pleinement en œuvre le Programme 2030. Dans ce contexte, elle a exigé que les prêts aux pays en développement à faible revenu soient concessionnels et à taux d’intérêt nul.
Alors que l’Ouganda, comme d’autres pays en développement, est confronté à des contraintes de mobilisation des ressources nationales en raison d’une assiette fiscale limitée, il faut renforcer la coopération internationale en matière fiscale, afin de garantir son efficacité et inclusivité, notamment en obligeant les entreprises multinationales à payer des impôts dans les pays où elles opèrent, y compris sur les recettes générées par le commerce électronique dans les transactions transfrontalières, a plaidé la Première Ministre.
Elle a par ailleurs appelé à mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé aux « pays frères » sous sanctions, qui constitue, selon elle, un obstacle majeur à leur développement durable. Elle a dit son ferme rejet de l’imposition de lois et de réglementations à impact extraterritorial et de toutes autres formes de mesures coercitives, y compris les sanctions unilatérales, contre les pays en développement et réitéré la nécessité urgente de les éliminer immédiatement.
M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre et Ministre des finances, de la gouvernance d’entreprise et des partenariats public-privé d’Antigua-et-Barbuda, a déclaré que, face aux guerres, à la pauvreté, aux changements climatiques, à l’endettement, l’inertie n’est pas envisageable. L’heure est venue d’agir concrètement en soutenant le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les petits États insulaires en développement (PEID) ainsi que le Centre d’excellence pour le développement durable des PEID et sa base de données de référence pour les PEID, son mécanisme pour la technologie et l’innovation et le forum d’investissement insulaire. Ce Centre d’excellence peut transformer la manière dont nous faisons face à nos vulnérabilités et tracer la voie vers une prospérité résiliente, a-t-il assuré.
Sans cette coopération mondiale, notre avenir sera anéanti sous le poids de l’inaction, a prévenu le Chef de gouvernement, qui a dénoncé les subventions accordées aux industries pétrolières, « architectes de notre extinction ». Il a demandé l’élaboration d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles parce qu’il faut faire cesser la destruction irresponsable de notre environnement, mettre un terme aux subventions des combustibles fossiles et tracer la voie vers un avenir durable. Nous n’avons pas le luxe d’attendre, a ajouté le Premier Ministre. Ces entreprises doivent payer une taxe pour financer les efforts d’atténuation et compenser les dégâts qu’elles continuent d’infliger. Il s’agit de justice climatique, d’une responsabilité morale et juridique. Le pollueur doit payer.
Le Premier Ministre a également encouragé une action urgente contre la pollution plastique qui asphyxie les océans et anéantit la biodiversité. Il a proposé à cet égard un traité contraignant afin de mettre un terme à la pollution plastique et de préserver les écosystèmes fragiles de la planète. Par ailleurs, le Chef de gouvernement a regretté le fait que le monde ne soit pas à la hauteur de l’ambition de limiter à 1,5 °C le réchauffement planétaire. Le monde s’achemine plutôt vers une hausse de 2,8 °C, ce qui est catastrophique, a-t-il alerté, ajoutant qu’il s’agissait là d’une condamnation à mort des PEID et présageait d’un avenir bien sombre pour le reste de la planète. Les grands pollueurs doivent honorer leurs obligations et verser des compensations pour les pertes et préjudices, a-t-il insisté.
En matière de justice financière, de justice réparatrice et d’autres injustices, le Premier Ministre a jugé qu’il est temps de créer un mécanisme capable de fournir des solutions sur mesure en utilisant notamment des conversions de dette, des mesures d’allégement de la dette, une réforme des droits de tirage spéciaux ou encore la tarification du carbone. Ceci permettrait de sortir du cycle infernal de la dette. Il faut également une architecture financière internationale qui donne accès à des fonds à faible taux d’intérêt.
Après avoir demandé la levée du blocus économique contre Cuba, le Premier Ministre a appelé les États-Unis et d’autres pays fabricant des armes légères et de petit calibre à freiner leur exportation. Il a aussi demandé d’organiser une réunion de haut niveau lors de la quatre-vingtième session de l’Assemblée générale afin de débattre des menaces que font planer ces armes sur la paix et la sécurité et de trouver des solutions. Antigua-et-Barbuda ne restera pas muette alors que des vies innocentes sont détruites et des générations entières sont condamnées, a-t-il affirmé.
En conclusion, le Premier Ministre a lancé un appel à organiser partout dans le monde des concerts internationaux de musique en faveur de la paix et pour lever des fonds pour aider les personnes déplacées.
M. EDI RAMA, Premier Ministre de l’Albanie, a rappelé l’esprit de tolérance dont ses ancêtres albanais musulmans et chrétiens avaient fait preuve durant la Seconde Guerre mondiale en recueillant des juifs au péril de leur vie. Avec cette confiance en l’humanité, les Albanais ont recueilli des réfugiés fuyant Kaboul désormais aux mains des Taliban. L’Albanie a aussi hébergé plusieurs milliers de réfugiés iraniens, dont la vie était quotidiennement en danger dans le camp Liberty en Iraq, où ils étaient attaqués et tués « par des assassins de Téhéran ». L’Albanie l’a payé cher, a poursuivi M. Rama, puisque Téhéran a lancé une cyberattaque à grande échelle contre le pays, qui a d’ailleurs échoué. Pourtant l’hospitalité albanaise n’était pas liée à une quelconque position politique contre l’Iran, mais uniquement à une conviction humanitaire, a ajouté le Premier Ministre.
M. Rama a ensuite insisté sur le caractère irréversible de l’existence de la « République fraternelle » du Kosovo parmi les six pays des Balkans occidentaux. Il l’a décrite comme un État avec une « perspective européenne claire » appartenant à la grande communauté démocratique des nations. Tout parallèle artificiel établi entre le Kosovo et des zones occupées de l’Ukraine, a prévenu M. Rama, vise à distraire et à embrouiller l’opinion publique internationale. Les auteurs de ces mensonges ne pourront jamais parvenir à diluer la vérité, à savoir que le Kosovo appartient à la communauté des nations. Ce pays ne doit pas être pris en otage par quiconque –à commencer par le groupe des États membres de l’UE qui ne reconnaissent toujours pas la place légitime du Kosovo dans toutes les organisations internationales.
En cette troisième année de guerre d’agression non provoquée et injustifiée de la Russie contre l’Ukraine, le Premier Ministre a de nouveau appelé la Russie à mette fin à cette guerre et à se retirer des territoires ukrainiens qu’elle occupe. Récompenser un agresseur qui annexe les territoires d’un pays souverain en désarmant la victime de l’agression n’apporte pas la paix, mais ouvre la voie à davantage de guerres, a prévenu M. Rama. L’Albanie, quant à elle, « recherche la paix, mais une paix ne portant pas atteinte à l’Ukraine et à ses droits ».
Devant la multiplication des catastrophes naturelles partout dans le monde, Mme FIAMĒ NAOMI MATA’AFA, Première Ministre de Samoa, a rappelé que les changements climatiques sont l’une des préoccupations les plus graves qui soient, en particulier pour les petits États insulaires en développement (PEID). Aussi a-t-elle plaidé vigoureusement pour des investissements substantiels en faveur des mesures d’atténuation et d’adaptation, plaçant ses espoirs dans la COP29 qui se tiendra en Azerbaïdjan cet automne pour tenter de trouver un accord sur un nouvel objectif collectif quantifié en matière de financement climatique.
En cette ère d’élévation inexorable et sans précédent du niveau de la mer, a poursuivi la Cheffe de gouvernement, le droit international doit évoluer pour faire face à la crise climatique et à ses effets disproportionnés sur les PEID. Elle a rappelé que, cette semaine, les chefs d’État et de gouvernement de l’Alliance des petits États insulaires ont adopté une déclaration sur l’élévation du niveau de la mer, qui affirme que le droit international repose sur le principe fondamental de la continuité des États et que notre souveraineté ne peut être remise en cause. « Quels que soient les changements physiques provoqués par la crise climatique, nous resterons des États souverains à moins que nous n’en décidions autrement », a insisté Mme Mata’afa.
Elle a également annoncé avoir lancé la Samoa Ocean Strategy (SOS) en 2020, un cadre politique national qui vise à gérer de manière durable les vastes ressources océaniques et marines du Samoa. La stratégie propose des solutions audacieuses et exhaustives de gestion intégrée des océans, s’est-elle enorgueillie. Parallèlement, le Samoa continue de participer aux travaux du comité intergouvernemental de négociation chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, notamment dans le milieu marin, a indiqué la Première Ministre.
Abordant le sujet des maladies non transmissibles, une préoccupation prioritaire pour son pays, elle a fait remarquer que ces maladies chroniques dépassent les maladies transmissibles en tant que problème de santé dominant. Elle a ajouté que ces maladies sont les principales causes de mortalité, de morbidité et d’invalidité dans son pays: elles sont responsables de près de la moitié des décès et des décès prématurés, raison pour laquelle son pays continue à insister pour que son peuple devienne plus actif physiquement. Si le Samoa promeut des modes de vie et une alimentation plus sains, ces efforts doivent être complétés par l’accessibilité des sources alimentaires nutritionnelles et locales, a observé la Première Ministre.
Or, notre capacité à cultiver nos propres aliments est affectée par les changements climatiques, car chaque événement météorologique extrême tel que les cyclones ou la sécheresse cause des dommages catastrophiques aux cultures et au bétail, a-t-elle mis en garde. Raison pour laquelle la Première Ministre a dit attendre avec impatience la mise en œuvre rapide et efficace de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle par les institutions financières internationales.
M. SONEXAY SIPHANDONE, Premier Ministre de la République démocratique populaire lao, a demandé pour le Moyen-Orient un cessez-le-feu permanent, une cessation des violences à Gaza et un accès humanitaire sûr et sans entrave pour la population ainsi qu’une négociation rapide d’un accord de paix. Appuyant la solution des deux États, il a appelé au respect des droits inaliénables et légitimes du peuple palestinien.
Le Premier Ministre a ensuite appelé à concrétiser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que le Pacte pour l’avenir, afin de répondre aux besoins de toute la communauté internationale. Opposé aux mesures coercitives unilatérales, le Premier Ministre a appelé à la levée du blocus économique contre Cuba et à son retrait de la liste des États soutenant le terrorisme.
Alors que son pays assume cette année la présidence de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. Siphandone a annoncé que la région voulait s’interconnecter davantage, devenir plus intégrée et résiliente, afin d’être capable de répondre efficacement aux défis émergents. Timor-Leste rejoindra l’ASEAN dans un avenir proche, a-t-il ajouté. Concernant la situation au Myanmar, l’Association aide le pays à trouver une solution pacifique et durable grâce à la mise en œuvre du consensus en cinq points mené et dirigé par le Myanmar. La République démocratique populaire lao continuera de collaborer avec les parties prenantes concernées, y compris en ce qui concerne le dialogue national inclusif et l’aide humanitaire.
Selon le Chef de gouvernement, l’un des principaux obstacles à la mise en œuvre des objectifs de développement durable est le manque de financement. À ce titre, il est donc urgent de réformer l’architecture financière internationale, afin de promouvoir la participation des pays en développement à la prise de décisions économiques internationales, à l’établissement de normes et à la gouvernance économique mondiale.
M. Siphandone a lancé un appel pour renforcer le rôle du système des Nations Unies pour le développement, en particulier avec les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, afin de les aider à répondre à leurs besoins et à relever leurs défis particuliers. Il a jugé essentiel d’accélérer le rôle de l’intelligence artificielle dans la promotion de la croissance verte et de la numérisation respectueuse de l’environnement. Le Premier Ministre a ainsi appelé à faciliter l’accès et le transfert de technologies et d’innovations. Enfin, il a estimé que son pays devrait quitter la catégorie des PMA en 2026.
M. FELETI PENITALA TEO, Premier Ministre des Tuvalu, s’est réjoui que le Pacte pour l’avenir fasse référence à la prochaine COP en Azerbaïdjan. Malgré leur contribution insignifiante aux changements climatiques, les PEID comme Tuvalu sont confrontés à leurs conséquences les plus graves, a-t-il fait remarquer. Le Chef du Gouvernement tuvaluan a donc exhorté tous les États Membres à honorer leurs engagements d’accroître le soutien au financement climatique et aux transferts de technologie pour aider des pays comme les Tuvalu à développer leur résilience.
Concernant les effets de la combustion d’énergies fossiles, les données scientifiques sont claires, a-t-il relevé: leur élimination progressive est essentielle pour réduire les émissions de carbone. C’est pourquoi les Tuvalu et plusieurs autres pays partageant les mêmes idées promeuvent une initiative pour un traité de non-prolifération des combustibles fossiles. Le but est d’obtenir un soutien international en faveur d’un accord de traité contraignant qui réglementerait et limiterait l’utilisation des combustibles fossiles avec, pour objectif ultime, leur élimination totale.
L’océan Pacifique, « qui nous définissait autrefois, engloutira les Tuvalu » si l’élévation du niveau de la mer n’est pas stoppée et si les côtes des Tuvalu ne sont pas convenablement fortifiées et renforcées, a encore prévenu le Chef de gouvernement. Il a alerté sur les prévisions pour 2050 -plus de la moitié du territoire terrestre des Tuvalu sera régulièrement inondé- et 2100 -ce sera alors plus de 90%. Le Premier Ministre a donc encouragé les États Membres à renforcer la coopération et les partenariats internationaux pour agir.
Les dirigeants du Pacifique, lors de leur réunion annuelle aux Îles Tonga le mois dernier, ont demandé que l’élévation du niveau de la mer devienne un point à part entière de l’ordre du jour de l’Assemblée générale et d’autres processus connexes de l’ONU, comme la COP, a relayé le Premier Ministre. Il a ajouté que ces pays ont aussi réussi à obtenir, en mai, un avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer, qui dit que les émissions de gaz à effet de serre polluent le milieu marin et que les États ont la responsabilité juridique de prendre toutes les mesures nécessaires pour les prévenir, les réduire et les contrôler. « Cet avis consultatif constitue une avancée significative, car il déplace le débat des engagements politiques vers des obligations juridiques contraignantes », a souligné le Premier Ministre tuvaluan.
M. TERRANCE MICHEAL DREW, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a exprimé sa préoccupation devant une saison des ouragans supérieure à la moyenne dans les Caraïbes et dans le Pacifique. « Au moment où je parle, la partie sud-est des États-Unis est frappée par l’ouragan Helene. » Alors que de nombreux pays des Caraïbes dépendent fortement des combustibles fossiles importés, Saint-Kitts-et-Nevis développe activement un projet d’exploitation de son potentiel géothermique en plus d’explorer les opportunités dans les domaines de l’énergie solaire et éolienne, a fait valoir le Chef de gouvernement. Il a dit étudier la possibilité d’étendre ce projet à d’autres îles des Caraïbes en engageant des discussions approfondies avec les parties prenantes régionales et internationales.
Sur la question du financement du développement, le Premier Ministre a dit que Saint-Kitts-et-Nevis s’aligne sur la position de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) au regard de la mise en œuvre de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle par les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement.
Il a abordé le sujet de la réforme du Conseil de sécurité en souhaitant qu’il reflète les réalités géopolitiques d’un monde en pleine mutation, plaidant pour que l’Amérique latine et les Caraïbes y soient représentées, de même que l’Afrique, le continent le plus peuplé du monde. Mais nulle part le changement n’est plus nécessaire qu’au sein de l’architecture financière internationale, a-t-il ajouté. C’est pourquoi Saint-Kitts-et-Nevis se joint également au Gouvernement de la Barbade dans sa lutte pour la justice financière et climatique et s’engage à soutenir pleinement l’Initiative de Bridgetown, a informé M. Drew.
Saint-Kitts-et-Nevis se tient devant vous aujourd’hui, « non pas en quête de pitié, mais de partenariats. » Le Premier Ministre a expliqué que le parcours transformateur pour que le pays devienne un État insulaire durable est guidé par sept piliers: la sécurité de l’eau, la transition énergétique, la sécurité alimentaire, l’industrie viable, les établissements durables, l’économie circulaire et la protection sociale. Le pays prend des mesures audacieuses et concrètes, qu’il s’agisse de construire des usines de dessalement à énergie renouvelable pour un approvisionnement constant en eau portable ou de promouvoir activement l’énergie géothermique « sur notre île sœur de Nevis », dans le but de mettre en place un réseau énergétique unifié et durable pour les deux îles.
Le Premier Ministre a également cité en exemple la construction d’un premier hôpital moderne « respectueux du climat » et de logements abordables pour garantir à la population un endroit sûr où vivre durablement. « Nous n’attendons pas que le monde nous sauve; nous nous sauvons nous-mêmes activement. » Toutefois, il a reconnu que les efforts de son pays ne peuvent aboutir sans soutien. Enfin, il a annoncé l’organisation par son pays en mai 2025, en partenariat avec Island Innovation, du Sommet mondial sur les îles durables, un événement auquel il a invité tous les dirigeants des nations insulaires réunis ici à se rendre.
M. KAY RALA XANANA GUSMÃO, Premier Ministre de Timor-Leste, a rappelé qu’il y a un quart de siècle, le peuple du Timor-Leste, sous l’égide de l’ONU, avait voté pour son indépendance, et qu’en 2002, le pays était devenu le cent quatre-vingt-onzième membre de l’ONU, avec une histoire d’espoir et de résilience. Alors que le pays s’attèle aujourd’hui à la réalisation des ODD, il a déploré le retard et le manque de financement. Confronté aux conséquences des changements climatiques, Timor-Leste a ratifié le Traité sur la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, appelé « BBNJ », a-t-il aussi informé. Par ailleurs, le fonds pour les pertes et préjudices approuvé lors de la Conférence des parties (COP28) de Dubaï doit recevoir les contributions promises par les pays riches et développés, a-t-il demandé.
Dans un monde qui est menacé par des guerres, le Premier Ministre a invité à s’appuyer sur les instruments du droit international, de la diplomatie et de la coopération multilatérale pour résoudre les différends de manière pacifique. Le Chef de gouvernement a cependant regretté que ces instruments ne soient pas appliqués de manière cohérente et trop souvent ignorés.
Au Sahara occidental, il a demandé la mise en œuvre des dizaines de résolutions du Conseil de sécurité qui devraient aboutir à un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui. Il a souhaité qu’une délégation sahraouie soit présente l’année prochaine à l’Assemblée générale comme celle de la Palestine aujourd’hui. Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat entre le Front POLISARIO et le Maroc, afin d’ouvrir la voie au dialogue. Le Secrétaire général de l’ONU doit soutenir la juste cause de ce peuple, comme l’ancien, Kofi Annan, l'avait fait pour la cause timoraise, a-t-il plaidé.
Préoccupé par le conflit entre Israël et la Palestine ainsi que par la guerre en Ukraine, M. Gusmão a encouragé à appliquer les principes de la Charte des Nations Unies, avec courage et leadership. Il faut davantage penser aux peuples et aux victimes et moins au statu quo, a-t-il recommandé. Il a jugé « inacceptable » le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba depuis des décennies.
En conclusion, le Premier Ministre a souligné la nécessité de réformer le Conseil de sécurité qui doit devenir plus représentatif et refléter la volonté de la communauté internationale. « Les voix des petites nations ne doivent pas être éclipsées par les intérêts des États les plus puissants. » L'Assemblée générale elle-même devrait avoir plus de pouvoir en matière de sécurité afin d’éviter la paralysie dans des situations de crise, a-t-il souhaité.
M. SIAOSI ’OFAKIVAHAFOLAU SOVALENI, Premier Ministre des Tonga, a dit que le mois dernier, son pays assumait la présidence de la cinquante-troisième réunion des dirigeants du Forum des îles du Pacifique sur le thème de la résilience et de la reconstruction en mieux. Cette réunion tombait à point car au premier jour, des pluies torrentielles, des inondations soudaines et un tremblement de terre de magnitude 6,5 sur l’échelle de Richter ont frappé la capitale, dans ce qui était un autre rappel brutal, s’il en fallait un, de la vulnérabilité des Tonga aux catastrophes naturelles.
Le Premier Ministre a, une fois de plus, exhorté la communauté internationale à agir rapidement et drastiquement pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C et les pays industrialisés, à respecter leur engagement de réduire leurs émissions ». Il faut aussi que les pays insulaires du Pacifique aient rapidement et facilement accès au financement climatique.
Citant un rapport sur l’état du climat dans le Pacifique du Sud-Ouest de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le Premier Ministre a confirmé que 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Le consensus de la communauté scientifique est « irréfutable »: notre climat change à un rythme sans précédent, avec des conséquences dévastatrices. Les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents et plus intenses. Les cyclones et les typhons font des ravages, laissant derrière eux des destructions qui prennent des années à réparer. Le coût économique est immense mais le coût humain est bien plus élevé: des vies perdues, des communautés brisées, des espoirs anéantis et un avenir incertain.
Le rapport de l’OMM confirme que l’élévation du niveau de la mer dans le Pacifique représente le double de la moyenne mondiale. Sans une action mondiale audacieuse et coordonnée, les Tonga et d’autres pays du Pacifique peuvent s’attendre à ce que le niveau de la mer double d’ici le milieu du siècle. Les petits États insulaires en développement (PEID) ont besoin de toute urgence d’un accès rapide, prévisible et à grande échelle au financement climatique. La réforme de l’architecture financière internationale sera essentielle pour des pays qui entendent, comme le Programme d’action d’Antigua-et-Barbuda le dit, redéfinir les critères d’éligibilité aux ressources, améliorer l’accès au financement climatique et créer une dette soutenable à long terme.
M. HAMZA ABDI BARRE, Premier Ministre de Somalie, a dit que c’est dans un esprit d’unité et de responsabilité partagée qu’il faut faire face aux conflits qui continuent de causer d’immenses souffrances humaines et
déstabilisent des régions entières. Il a parlé, en particulier, du Soudan, de Gaza, de l’Ukraine, avant d’en venir à sa région. La Somalie, a-t-il dit, est actuellement confrontée à une grave menace de l’Éthiopie, pointant les tentatives d’annexion de certaines parties de son territoire sous prétexte fallacieux de sécuriser l’accès à la mer. Les ports somaliens ont toujours été accessibles aux Éthiopiens, a souligné le Premier Ministre. Les manœuvres agressives de l’Éthiopie, y compris son protocole d’accord illégal avec un groupe séparatiste du nord, sapent la souveraineté nationale, encouragent les mouvements sécessionnistes et menacent l’unité nationale.
M. Barre a appelé l’Éthiopie à cesser ses provocations et à respecter le droit international. Il a exhorté la communauté internationale à se tenir aux côtés de la Somalie. La stabilité régionale dépend du respect mutuel et l’Éthiopie doit être tenue responsable des actes qui menacent de déstabiliser la Corne de l’Afrique. Représentant un pays confronté aux conséquences des changements climatiques, le Premier Ministre a voulu que l’on simplifie l’accès aux financements pour renforcer la résilience. Il est également temps de réformer le Conseil de sécurité et les institutions financières internationales pour la mise en place d’une économie mondiale plus juste qui favorise une croissance inclusive et le développement. Le Premier Ministre a salué l’adhésion de son pays à la Communauté de l’Afrique de l’Est ainsi que la levée de l’embargo sur les armes qui permettra à son pays de protéger sa souveraineté et sa sécurité.
M. CHRISTIAN NTSAY, Premier Ministre de Madagascar, a indiqué que conscient des enjeux planétaires et de l’urgence d’y apporter des solutions concertées et pérennes, Madagascar s’engage avec détermination aux côtés de l’ONU pour construire un monde plus juste, solidaire et durable. Le « Fihavanana », art de vivre ensemble profondément ancré dans la culture malgache, oriente notre action, a indiqué le Chef de gouvernement, en rappelant que cet idéal traduit une aspiration profonde à vivre en harmonie, dans le respect mutuel et la solidarité, et à ne jamais oublier les plus vulnérables en œuvrant ainsi pour une société plus juste.
La politique générale de l’État de Madagascar fait ainsi du capital humain le premier pilier du développement. Le Premier Ministre s’est enorgueilli de l’édition 2024 du classement de Global Peace Index, qui place Madagascar en seconde position des pays les plus « paisibles » en Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, Madagascar est le troisième pays producteur de riz en Afrique et il ambitionne de devenir le premier, avec la nouvelle orientation politique de développement rural du Gouvernement. Nous comptons également, a-t-il dit, améliorer le réseau routier de l’île en bâtissant en particulier la Route du Soleil, qui relie toutes les régions de la face orientale de la « Grande Île ». L’objectif est de doper la croissance des investissements publics et privés, de fluidifier les flux commerciaux, de promouvoir le tourisme régional, d’accélérer la transformation des économies régionales, entre autres.
L’énergie renouvelable figure ainsi parmi les priorités. À cet effet, a dit le Premier Ministre, nous accélérons la mise en œuvre du Parc solaire dans 47 districts à travers le pays, et la construction de plusieurs centrales hydroélectriques et centrales solaires avec des investisseurs privés et des partenaires au développement, pouvant ainsi faire atteindre une production supplémentaire de près de 500 mégawatts sur un horizon de 4 à 5 ans à venir. L’objectif recherché est de parvenir à doubler à la fois les parts des secteurs agricole et industriel dans le PIB national afin de créer des emplois et des revenus durables pour les jeunes et les populations rurales.
De l’avis de M. FILIP IVANOVIĆ, Vice-Premier Ministre des affaires étrangères et européennes du Monténégro, bâtir un avenir pacifique et durable exige de la communauté internationale une vigilance et une prise de conscience face aux actes unilatéraux, arbitraires et autoritaires d’une minorité d’acteurs qui mettent en péril la paix et le bien-être de la majorité. Si l’évolution géopolitique démontre clairement que les efforts de la communauté internationale sont insuffisants et qu’il faut faire plus et mieux, la solution et l’alternative sont là: le multilatéralisme, sous l’égide d’une Organisation des Nations Unies plus puissante.
L’environnement international est toujours dominé par des approches étroites qui se focalisant sur les intérêts nationaux, a déploré le Vice-Premier Ministre, y voyant un recul au profit de l’autoritarisme et de l’unilatéralisme.
La mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 n’est pas sur la bonne voie alors que c’est la meilleure manière possible de parvenir à une paix et à une prospérité durables. Il faut donc soutenir la réforme de l’architecture financière mondiale pour la rendre plus inclusive et représentative. Le Vice-Premier Ministre s’est dit préoccupé par l’escalade de la violence et de la situation humanitaire à Gaza. Il a, une nouvelle fois, condamné les attaques terroristes du Hamas contre Israël et les actes de violence contre la population palestinienne. Toute riposte à une attaque terroriste doit respecter le droit international humanitaire, a-t-il insisté. Il a appelé à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, durant lequel des négociations doivent être menées sur la solution des deux États.
Après avoir réclamé la libération de tous les otages, le Vice-Premier Ministre a condamné l’agression russe de l’Ukraine. Le Monténégro continuera de soutenir cette dernière et de lui fournir une aide financière, humanitaire, militaire et diplomatique. Plus que jamais auparavant, a souligné le Vice-Premier Ministre, le monde doit s’unir pour défendre la démocratie, les droits humains, la liberté de choix, l’état de droit, la paix et la prospérité.
M. RASHID MEREDOV, Vice-Président du Cabinet des ministres et Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, a rappelé que sera célébré, en 2025, le trentième anniversaire de la résolution de l’Assemblée générale portant reconnaissance internationale du statut de neutralité du Turkménistan. Il est temps, a-t-il estimé, de réfléchir à l’importance de la neutralité dans la politique internationale. Le Turkménistan propose d’accorder aux pays neutres le statut de partenaire prioritaire des Nations Unies dans le cadre du maintien de la paix. M. Meredov s’est dit convaincu que cette initiative incitera la communauté internationale à utiliser plus activement les outils de la neutralité et de la diplomatie préventive.
Les Nations Unies doivent aussi mettre en œuvre concrètement la résolution de l’Assemblée générale proclamant 2025 « Année internationale de la paix et de la confiance » qui avait été proposée par le Turkménistan. Le Vice-Président a espéré qu’elle se traduira par une manifestation de bonne volonté, un désir de paix et d’harmonie, le règlement des différends et des conflits et le rejet des lignes de division.
En matière de sécurité régionale, le Turkménistan plaide pour une coopération avec l’Afghanistan. À cet égard, il a lancé des projets d’infrastructures, comme la construction du gazoduc stratégique Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde, ou celle d’une ligne de chemin de fer vers l’Afghanistan. En outre, le Turkménistan continuera de fournir une aide humanitaire au peuple afghan, y compris en accueillant des étudiants afghans.
Le Vice-Président a ensuite appelé les Nations Unies à s’impliquer plus activement dans le sauvetage de la mer d’Aral. L’Asie centrale, a-t-il expliqué, est confrontée à la désertification et à la diminution des ressources hydriques, ce qui exige une coopération plus active avec les Nations Unies et la présence permanente de leurs coordonnateurs résidents. Le Turkménistan propose également de mettre en place une structure spécialisée, à savoir un centre régional pour les technologies liées au climat.
Quant aux questions liées à la mer Caspienne, le Vice-Président a estimé qu’elles vont bien au-delà des frontières régionales. Les Nations Unies, les agences concernées, le Fonds vert pour le climat et d’autres structures doivent s’engager dans une coopération systématique avec les États de la mer Caspienne pour stopper son assèchement, la destruction de son équilibre écologique et la perte de sa biodiversité.
M. TAE-YUL CHO, Ministre des affaires étrangères de la Corée, a déclaré qu’alors que la guerre d’agression contre l’Ukraine dure depuis trois ans et que des défis apparemment insurmontables s’accumulent sans qu’on en voie la fin, le cynisme et l’impuissance se renforcent dans certains milieux où l’on croit de plus en plus que le multilatéralisme est inefficace et que les Nations Unies ne sont plus pertinentes. Or, a-t-il affirmé, la République de Corée est la preuve que l’ONU fonctionne. Son existence même, en tant nation libre, démocratique et prospère en est la preuve. La République de Corée a bénéficié de la toute première coalition dirigée par l’ONU pour défendre la liberté et la démocratie, après la guerre des années 50. C’est la preuve de ce que le monde peut accomplir lorsque des hommes et des femmes de bien choisissent d’agir ensemble.
Le Ministre a voulu davantage d’efforts sur le multilatéralisme et salué l’initiative opportune et proactive de convoquer le Sommet de l’avenir cette année. Il incombe désormais à chacun des États Membres de l’ONU de remplir les engagements pris et pour garantir la paix, il faut aller au-delà des initiatives individuelles, car il est de plus en plus difficile de justifier la structure actuelle qui laisse un membre permanent du Conseil de sécurité poursuivre sa guerre d’agression contre son voisin, en violation des principes fondamentaux de la Charte qu’il est pourtant chargé de faire respecter.
Le Ministre s’est ensuite attaché à lister les actions humanitaires et de coopération internationale que finance son pays. Il a notamment signalé qu’au Sommet Corée-Afrique de juin dernier, son pays s’est engagé à augmenter son aide publique au développement (APD) à 10 milliards de dollars d’ici à 2030 et à relever les défis mondiaux tels que les changements climatiques, l’insécurité alimentaire et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement. L’année prochaine, se tiendra le premier Sommet Corée-Asie centrale où le développement durable occupera le devant de la scène.
La Déclaration de Séoul pour une intelligence artificielle (IA) sûre, innovante et inclusive, adoptée lors du Sommet de Séoul, au mois de mai dernier, a marqué une étape importante dans l’élaboration des normes pour l’IA civile, s’est enorgueilli le Ministre qui a dit qu’à l’approche du quatre-vingtième anniversaire des Nations Unies, l’année prochaine, il faut s’engager en faveur du respect des principes qui ont réuni la communauté internationale. Le multilatéralisme n’est pas un concept dépassé. C’est la seule voie à suivre. Rester les bras croisés face aux défis actuels reviendrait à abandonner à la fois les vulnérables d’aujourd’hui et les générations de demain.
Mme PENNY WONG, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a déploré que le monde compte aujourd’hui plus de conflits que jamais depuis la Seconde Guerre mondiale. Appelant les États Membres à se rappeler pourquoi l’ONU a été créée, elle a soutenu que les règles communes sur lesquelles est fondée l’Organisation nous aident à sortir des ténèbres et à revenir vers la lumière. Évoquant le conflit au Moyen-Orient, elle a estimé que les civils palestiniens ne peuvent payer le prix de la défaite du Hamas.
Israël doit se conformer aux ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ), notamment pour permettre la fourniture d’une aide humanitaire à grande échelle, a-t-elle souligné, avant de regretter que, 77 ans après l’adoption de la résolution 181 de l’Assemblée générale, un État palestinien n’existe toujours pas. Une solution à deux États est le seul espoir de briser le cycle sans fin de violence et de voir un avenir sûr et prospère pour les deux peuples », a assuré la Ministre, plaidant aussi pour la libération des otages et la réforme de l’Autorité palestinienne. Dans le même esprit, elle a réitéré l’appel de son pays à un cessez-le-feu au Liban.
Après avoir dénoncé l’invasion de l’Ukraine par la Russie, elle s’est alarmée des transferts illégaux d’armes de la RPDC vers ce pays agresseur, ainsi que du partage de technologies nucléaires entre la Russie et l’Iran. Face à ces violations des règles qui sous-tendent le droit international, elle a appelé de ses vœux une réforme du système des Nations Unies, à condition toutefois que celle-ci ne permette pas aux « perturbateurs » de démanteler les protections des petits pays.
Rappelant que son pays est candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2029-2030, elle a souhaité que cet organe offre une plus grande représentation à l’Afrique, à l’Amérique latine et aux Caraïbes, ainsi qu’à l’Asie-Pacifique. Selon elle, il faut aussi réformer l’architecture de consolidation de la paix et de prévention des conflits, ce qu’appuiera l’Australie lors de son prochain mandat à la Commission de consolidation de la paix, à l’image de son action pour la paix et la sécurité dans sa région.
Alors que plus d’un tiers des objectifs de développement durable sont au point mort ou en régression, la Ministre a appelé à renforcer l’architecture financière internationale afin que « chaque dollar de développement compte ». Après avoir réaffirmé son soutien à l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et à l’initiative de Bridgetown, elle a rappelé que les changements climatiques sont le principal frein au développement. Pour les combattre, l’Australie prévoit de réduire ses émissions de 43% d’ici à 2030 pour parvenir à zéro émission nette d’ici à 2050. Elle a indiqué que les pays de la région proposent d’accueillir la COP31, notamment pour amplifier la voix des petits États insulaires en développement, « gardiens de nos océans ». La Ministre a ensuite indiqué que l’Australie s’emploie aussi à protéger les connaissances des peuples des Premières Nations, en particulier les aborigènes et les insulaires du détroit de Torres. Travaillons ensemble pour le bien des peuples du monde entier, a-t-elle conclu.
M. ALVA ROMANUS BAPTISTE, Ministre des affaires extérieures, du commerce international, de l’aviation civile et des affaires de la diaspora de Sainte-Lucie, a critiqué un système financier mondial injuste qui a augmenté les inégalités avec les mesures et les normes qu’il utilise pour évaluer le développement des pays. Pour autant, a rassuré le Ministre, nous n’avons pas abandonné notre foi dans la force et les avantages du multilatéralisme. Il a applaudi deux récentes décisions de la communauté internationale qui laissent penser que les vulnérabilités uniques et les situations spéciales de Sainte-Lucie et des PEID recevront l’attention qu’ils méritent. Il s’agit d’une part du nouveau plan d’action décennal adopté à l’issue de la quatrième Conférence internationale sur les PEID, qui s’est tenue récemment à Antigua-et-Barbuda, et, d’autre part, de l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.
M. Baptiste a appelé tous les États Membres à utiliser rapidement cet indice, rappelant qu’il avait déjà fallu 32 ans pour le mettre au point. C’est urgent, a-t-il martelé, car les défis auxquels ces économies petites, ouvertes et vulnérables sont confrontées sont assez complexes. À cet égard, il a également recommandé d’agir immédiatement pour accélérer les progrès sur la question des changements climatiques et de la justice climatique. Sainte-Lucie est en particulier très déçue que le fonds pour les pertes et les préjudices, décidé lors de la COP28, ne soit toujours pas opérationnel.
Le monde doit dédommager les PEID pour l’injustice de la crise climatique dont ils souffrent, a réclamé le Ministre. De la même manière, il a demandé que les pays qui ont assuré leur développement économique grâce à l’inhumaine traite transatlantique des esclaves payent des réparations pour ce crime contre l’humanité qu’ils ont infligé aux personnes amenées d’Afrique aux Caraïbes et aux Amériques, ainsi qu’aux peuples autochtones de ces régions.
Par ailleurs, le Ministre s’est longuement attardé sur la situation à Gaza et en Cisjordanie. Selon lui, la seule manière d’assurer un avenir juste et pacifique au Moyen-Orient et des frontières sûres à Israël est que les Palestiniens puissent vivre sur leur terre internationalement reconnue. Le droit à l’autodétermination est universel et celui des Palestiniens ne peut plus attendre, s’est-il exclamé. Et c’est selon ce même droit que le peuple de l’Ukraine doit pouvoir choisir sa propre destinée et que la Russie doit mettre un terme à cette guerre. C’est le même droit qui donne le choix au peuple de Cuba de déterminer sa propre voie vers le développement et qui implique de lever l’embargo « illégal, injuste et inhumain » qui lui est imposé depuis 64 ans par les États-Unis. C’est en vertu de ce même droit que Taïwan doit pouvoir être membre des Nations Unies, a encore plaidé le Ministre avant de parler aussi du même droit dont doit jouir le peuple et le Gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela pour conduire leurs affaires internes sans être soumis à des sanctions.
En venant à la situation en Haïti, qu’il a jugée instable et préoccupante, M. Baptiste a exhorté tous les pays qui ont promis leur aide dans le cadre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité de respecter leurs engagements de toute urgence.
Globalement, il semble que la communauté internationale a fini par comprendre qu’elle ne peut plus procrastiner et que les actions pour garantir un meilleur avenir à l’humanité doivent être menées maintenant, a conclu le Ministre. « Si nous agissons ensemble maintenant pour la paix, le développement durable et la justice, personne ne sera laissé de côté. »
Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a présenté son pays comme une petite île située dans la deuxième région la plus vulnérable au climat, sortie d’une histoire brutale d’esclavage et de colonisation, ayant acquis son indépendance, il y a à peine 62 ans, et caractérisée par le passé par des niveaux élevés de pauvreté, d’endettement, de chômage et de criminalité. La Jamaïque trace aujourd’hui sa voie vers une prospérité durable et est concentrée sur le renforcement de la résilience.
Au cours des 10 dernières années, malgré la pandémie, la Jamaïque a réduit de plus de la moitié son ratio dette/PIB, considérablement réduit son taux de pauvreté, ramené le chômage à des niveaux historiquement bas et augmenté le salaire minimum de plus de 100%. Sa prudence dans la gestion de l’économie a créé un espace budgétaire qui lui a permis d’investir davantage dans la protection sociale, la sécurité nationale, la santé et l’éducation. Grâce à son projet de réseau national à très large bande, la Jamaïque a aussi augmenté le taux de pénétration d’Internet à 77% et celui de ses utilisateurs à 85,1%.
Dans le même temps, a poursuivi la Ministre, et en tant que petit État insulaire en développement, la Jamaïque est gravement touchée par la hausse de la température terrestre et maritime et une fréquence accrue des catastrophes naturelles. L’ouragan Beryl, qui a touché les Caraïbes en juillet de cette année, a été le premier ouragan de catégorie 5 enregistré jusqu’ici, qui a provoqué la dislocation des familles et des communautés, ainsi que des dégâts importants.
Alors qu’aucun pays ne peut lutter seul contre les effets des changements climatiques, la Jamaïque, a dit la dignitaire, réaffirme donc son engagement indéfectible en faveur de la coopération internationale. Nous exhortons, a-t-elle lancé, les grands pollueurs à honorer leurs engagements au titre de l’Accord de Paris. Dans ce contexte, elle a salué le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID et salué les appels à l’accélération de l’atténuation et de l’adaptation. Tous les pays doivent adopter ou réaliser l’objectif du 1,5 °C, a-t-elle dit, réitérant le principe de responsabilités communes mais différenciées. Elle a, en conclusion, estimé que les trois documents adoptés au Sommet de l’avenir sont un regain d’espoir dans le multilatéralisme.
M. MOHAMED ALI NAFTI, Ministre des affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger de la Tunisie, a jugé urgent d’entreprendre les changements nécessaires pour bâtir un monde plus équitable, comme proposé dans le Pacte pour l’avenir. Cela doit passer par le règlement de la situation au Moyen-Orient. La seule façon de garantir un avenir sûr à toutes les populations commence par la conviction que tous les êtres humains sont égaux, sans deux poids, deux mesures, a-t-il fait valoir, avant d’appeler à des actions responsables pour mettre fin au massacre et à la faim à Gaza.
Le Conseil de sécurité doit tenir la Puissance occupante comptable de ses actes, comme l’a souligné la Cour internationale de Justice (CIJ) dans son avis consultatif. Il est temps que la Palestine devienne un membre de plein droit de l’ONU, a plaidé le Ministre, avant de condamner les attaques israéliennes visant le Liban. Notant le niveau sans précédent de la pauvreté, le nombre sans cesse croissant de réfugiés et la fracture qui se creuse entre le Nord et le Sud, le Chef de la diplomatie tunisienne a jugé que le système financier international n’est plus en mesure de répondre aux besoins en développement de la plupart des États.
Il est donc urgent d’entreprendre les réformes qui s’imposent, a-t-il dit, déplorant que les institutions internationales ne tiennent compte que des intérêts d’une minorité d’États au détriment des autres. Les défis actuels ne peuvent être relevés que sur la base d’une coopération équitable et de l’égalité, a-t-il affirmé, plaidant pour une réforme des organes de l’ONU, et notamment du Conseil de sécurité aujourd’hui dans l’impasse.
De l’avis du Ministre, une réforme structurelle de l’architecture financière internationale est indispensable pour atténuer le fardeau de la dette des pays en développement et faciliter leur accès aux financements. Enfin, évoquant la forte aggravation de l’émigration clandestine dans sa région, il y a vu l’illustration du problème de la gouvernance mondiale et du manque de volonté politique de s’attaquer aux crises de développement, des changements climatiques et des conflits. Cette question exige une réponse collective et un partage des responsabilités entre pays d’origine, d’accueil et de transit, a-t-il dit, précisant que la Tunisie ne ménage aucun effort pour sauver des vies et prendre en charge ceux qui sont dans le besoin, mais rejette tout projet d’établissement des migrants clandestins.
M. PETER SHANEL AGOVAKA, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon, a plaidé pour un ordre mondial multilatéral fondé sur des règles qui soit égalitaire, inclusif et exempt de tensions géopolitiques, ainsi que pour un système international qui respecte le droit international et reconnaisse la situation particulière des petits États insulaires en développement (PEID). Les milliers de milliards de dollars que les grandes puissances dépensent en armes devraient être investis dans le Programme 2030 et dans la lutte contre le pire ennemi de l’humanité, à savoir les changements climatiques, a lancé le Ministre. Nous devons assurer l’avenir de nos peuples et planter les graines de la paix, a-t-il ajouté. En ce sens, il a préconisé une réforme des institutions de Bretton Woods, afin de veiller à ce qu’elles soient justes et démocratiques, et qu’elles représentent le Sud global, notamment les problèmes multidimensionnels et complexes auxquels les PEID sont confrontés. À ce propos, le Ministre a réitéré l’appel à l’octroi d’un siège permanent pour les PEID dans la prise de décisions relevant de l’architecture financière internationale.
Les Îles Salomon sont un État exempt d’armes nucléaires en vertu du Traité de Rarotonga de 1985. Cette semaine, elles ont signé et ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, a fait savoir M. Agovaka. Il s’est par ailleurs dit préoccupé par le rejet par le Japon, dans l’océan Pacifique, d’eau contaminée par des substances radioactives et traitée, ainsi que par le manque de connaissances scientifiques sur leur effet à long terme.
Au sujet du commerce international, le Ministre a indiqué que la Chine est la première grande économie à ne pas imposer de barrières tarifaires aux pays les moins avancés et a invité tous les autres partenaires des Îles Salomon à en faire de même. En outre, la Chine est devenue le premier partenaire du pays pour ce qui concerne les infrastructures, notamment la transformation numérique en cours avec l’installation de 161 relais de communication. M. Agovaka a remercié tous les partenaires de développement et a fait savoir que son pays recherche des partenariats authentiques, judicieux, durables et exempts de conditions onéreuses pour l’aider à développer les infrastructures dans un pays géographiquement fragmenté.
Les Îles Salomon sont en outre très menacées par les changements climatiques, qui y ont des répercussions trois fois supérieures à la moyenne mondiale. Il a plaidé pour un cadre juridiquement contraignant beaucoup plus solide, estimant que l’approche volontaire en vertu de l’Accord de Paris a lamentablement échoué. Le G20 est responsable de 80% des émissions mondiales et doit jouer un rôle moteur dans la lutte contre les changements climatiques, a insisté M. Agovaka.
M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations extérieures du Cameroun, a souhaité voir renverser au plus vite la tendance actuelle faite de défis sécuritaires et climatiques. « Nous devons le faire pour nous affranchir de la guerre et de ses fléaux afin de préserver les générations futures. » Pour cela, il a prôné le recours au dialogue, à la concertation, au consensus et à la diplomatie préventive, avec l’instauration de mesures de confiance. Il a aussi demandé de réformer le Conseil de sécurité, pour s’assurer qu’il continue de remplir pleinement son mandat originel d’organe principal de maintien de la paix et de la sécurité internationales. L’Afrique demeure à ce jour le seul continent ne disposant pas d’un membre permanent au sein dudit Conseil, a-t-il constaté, soulignant ainsi l’impératif et l’urgence de corriger cette « injustice ».
Le Ministre a rappelé que lorsque le document intitulé le « futur que nous voulons », ainsi que les ODD, ont été adoptés, la communauté internationale a engagé une bataille décisive contre le sous-développement. Mais il a constaté que les résultats escomptés sont loin d’être atteints, comme l’attestent divers rapports. Dans ce contexte, il a appelé à faire preuve d’une « volonté politique renouvelée » et à mener une « action plus décisive » pour surmonter cette situation.
À ce titre, le nouveau Programme d'action de Doha en faveur des pays les moins avancés, celui d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, celui concernant les pays enclavés qui va être adopté à la Conférence de Gaborone en décembre prochain, de même que l’Agenda 2063 de l’Union africaine constituent tous des cadres d’orientation et d’incitation qu’il convient de mettre activement en œuvre, si on ne veut « laisser personne pour compte », a-t-il encouragé.
Le Ministre a aussi indiqué que son pays se joint à l’appel en faveur d’une réforme de l’architecture économique et financière internationale. Il a souhaité une mobilisation tous azimuts afin de mettre résolument en œuvre ces dispositions et de faire mentir les sceptiques qui ont perdu tout espoir en l’ONU. Au moment où l’Organisation s’apprête à célébrer son quatre-vingtième anniversaire, l’an prochain, il a proposé de lui donner les moyens de se moderniser afin qu’elle puisse répondre efficacement aux attentes placées en elle.
M. TAYE ATSKE-SELASSIE AMDE, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a rappelé l’attachement de son pays au multilatéralisme, tout en se disant préoccupé des difficultés rencontrées par l’ONU pour s’acquitter de son rôle en matière de paix et de sécurité internationales. L’ONU doit relever des défis qui dépassent ses pouvoirs et ses capacités, a-t-il constaté, estimant que la sécurité collective ne peut être réalisée que si les États sont capables d’exercer leur autorité et d’assumer leurs responsabilités pour sauvegarder leur sécurité nationale. « Nous devons donc préserver la souveraineté et l’indépendance politique des États », a insisté le Ministre, pour qui les lacunes de l’ONU reflètent la réticence de la communauté internationale à promouvoir les buts et principes de la Charte des Nations Unies.
Sans un rôle substantiel de l’ONU guidée par les principes de la Charte, nous risquons de faire de l’Assemblée générale une plateforme sans effet pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il averti, avant de souligner l’urgence d’une réforme du Conseil de sécurité et de ses méthodes de travail. Il y a vu un moyen de « réparer l’injustice faite à l’Afrique », mais aussi de restaurer la crédibilité du Conseil lui-même. Jugeant que l’exclusion de l’Afrique se manifeste par l’importance disproportionnée accordée aux affaires intérieures des pays africains, le Chef de la diplomatie éthiopienne a appelé les États Membres à donner la priorité à la représentation du continent dans les deux catégories de membres du Conseil.
Le Ministre s’est ensuite inquiété du retard pris dans la réalisation des ODD, principalement en raison du manque de financement, particulièrement en Afrique, soulignant que la crise croissante de la dette nécessite une solution urgente. Il a dit attendre des États Membres ayant un impact sur les institutions financières mondiales qu’ils mettent à disposition les ressources financières nécessaires. De son côté, l’Éthiopie a fait preuve de cohérence dans ses efforts pour atteindre les ODD, a-t-il assuré soulignant notamment les progrès enregistrés par son pays dans l’éradication de la pauvreté. Il a invité les acteurs du financement du développement à travailler avec l’Éthiopie dans un esprit de solidarité et de coopération et à l’aider à atteindre une croissance économique durable.
Après avoir annoncé la prochaine entrée en vigueur de l’Accord-cadre sur la coopération dans le bassin du fleuve du Nil, le Ministre a s’est dit fier que le Barrage de la Renaissance éthiopienne permette de répondre à la demande énergétique de toute l’Afrique de l’Est. Il a également fait état de l’initiative éthiopienne de plantation de 40 milliards d’arbres en cinq ans, qui augmentera la couverture forestière nationale de 24%, contribuant ainsi de manière significative à l’absorption des émissions de gaz à effet de serre. Il a ajouté que, grâce à sa politique de basses émissions, l’Éthiopie est sur la voie de la transformation énergétique durable, un effort nécessitant selon lui un financement climatique adéquat.
S’agissant de la situation en mer Rouge et dans l’océan Indien, le Ministre a exprimé son inquiétude face à la piraterie et aux autres activités illicites. Il a assuré que l’Éthiopie joue un rôle déterminant dans la lutte contre les causes de l’insécurité et travaille avec ses voisins pour protéger la navigation en haute mer. Il a néanmoins reconnu que le terrorisme constitue une grave menace à la paix et la sécurité de la Corne de l’Afrique, du fait notamment de la montée en puissance de groupes extrémistes comme les Chabab et ses affiliés. Face à ce fléau, qui frappe tous les pays de la région, il s’est félicité de l’autorisation donnée par le Conseil de sécurité au financement de l’opérations de soutien à la paix de l’Union africaine en Somalie, tout en dénonçant les récentes manœuvres d’acteurs extérieurs à la Corne de l’Afrique qui sapent ces efforts.
En fin de séance, ce soir, les délégations de l'Iran, de l'Indonésie, de l'Inde, du Pakistan et du Japon ont exercé leur droit de réponse.