SOIXANTE-DIX-HUITIÈME SESSION, 59E SÉANCE PLÉNIÈRE –
MATIN
AG/12585

Après le veto des États-Unis du 20 février, l’Assemblée générale résonne de nouveaux appels pressants pour un cessez-le-feu à Gaza

La séance de l’Assemblée générale tenue ce matin en conséquence de l’exercice du droit de veto par les États-Unis au Conseil de sécurité le 20 février 2024 a été marquée par de nouveaux appels insistants à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où la situation est « honteuse et catastrophique », selon les mots du Président de l’Assemblée générale.  Sous le feu des critiques, les États-Unis ont défendu leur exercice du droit de veto, tandis qu’Israël a estimé qu’un cessez-le-feu ferait le jeu du Hamas. 

Premier orateur, le Président, comme une majorité de délégations, a dit son « effarement » devant des « générations entières détruites par la guerre à Gaza ». Il a rappelé que cette semaine marquera un bien sinistre anniversaire: « les 150 jours de violence et de déshumanisation » depuis les attaques du Hamas du 7 octobre.  Rappelant que la volonté de la communauté internationale est sans « équivoque », il a demandé un cessez-le-feu immédiat, un accès humanitaire sans entrave et la libération des otages.  « Les membres permanents du Conseil doivent parvenir à un consensus. »  

Pour rappel, le texte rejeté par le Conseil exigeait un cessez-le-feu humanitaire immédiat et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, rejetait le déplacement forcé de la population civile palestinienne et demandait à nouveau que soit ménagé un plein accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave dans l’ensemble de la bande de Gaza.  « Ce projet risquait d’entraver les efforts de libération des otages », a expliqué la délégation des États-Unis, en rappelant qu’elle avait demandé que le projet ne soit pas mis aux voix. 

La délégation américaine a également dit travailler à un projet de résolution condamnant les attaques du Hamas et appelant à un cessez le feu temporaire, à la libération des otages et à la cessation des souffrances des Palestiniens, assurant que Washington est déterminé à ce qu’une aide humanitaire parvienne au plus grand nombre à Gaza.

Nombre de délégations ont néanmoins regretté ce veto sur un texte qualifié « d’équilibré » par le Qatar, qui s’exprimait au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG).  Le Liechtenstein a rappelé en outre qu’il s’agit du troisième veto des États-Unis depuis le 7 octobre.

« Notre action collective est une fois de plus entravée par le recours au veto par un membre permanent », a tonné le Venezuela, au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies.  Il a rappelé que le projet de résolution, proposé par l’Algérie, ne visait qu’à exiger un cessez-le-feu humanitaire immédiat, « comme le réclame l’humanité tout entière en défilant dans les rues des capitales du monde ».  Au nom des membres élus du Conseil (E10), Malte a fait observer que tous les membres du groupe avaient voté en sa faveur. 

« Cela fait cinq mois qu’Israël commet des atrocités contre le peuple palestinien », a tranché l’Observateur permanent de l’État de Palestine, en exigeant « la fin du génocide à Gaza ».  Il a notamment dénoncé l’utilisation de l’affamement comme méthode de guerre par Israël, en brandissant la photographie d’un enfant mort de faim.  « Regardez leur agonie! »  L’Observateur permanent a en outre salué le récent appel lancé depuis Selma, dans l’Alabama, par la Vice-Présidente des États-Unis pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza, parce que, comme elle l’a dit, « notre humanité nous oblige à agir ». 

De son côté, le délégué d’Israël a rejeté avec force un cessez-le-feu à Gaza, qui ne ferait, selon lui, qu’encourager le Hamas à commettre des violences contre les otages.  Alors que sera fêtée la Journée internationale des femmes ce 8 mars, le délégué s’est étonné du « silence assourdissant » de l’ONU devant les violences sexuelles perpétrées par le Hamas contre des Israéliennes.  Il a montré à la tribune une vidéo de témoignages de victimes, l’une d’entre elles ayant eu le bassin brisé en raison de viols répétés.  Cette Assemblée fait comme si le massacre du 7 octobre n’avait pas eu lieu et que des otages n’étaient toujours pas aux mains du Hamas, a accusé le délégué. 

« Si Roosevelt pouvait voir ce que l’ONU est devenue, il se retournerait dans sa tombe », a encore lancé la délégation israélienne selon qui au lieu d’exiger un cessez-le-feu sans conditions préalables, l’Assemblée devrait demander que les terroristes se rendent et que les otages soient libérés, a martelé le délégué. 

De son côté, le Ministre des affaires étrangères de la Hongrie a insisté sur la nécessité absolue de vaincre le Hamas, tandis que l’Australie, au nom du Canada, de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie (CANZ), a estimé que les Palestiniens ne peuvent pas payer le prix de la défaite du Hamas. 

Certaines délégations, à l’instar du Qatar ou encore du Yémen, qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes, ont volé au secours de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qualifié « d’organisation terroriste » par le délégué israélien, en raison des allégations d’implication de certains de ses employés dans les attaques du 7 octobre.  L’Office joue un rôle humanitaire crucial, a déclaré le Qatar, en exhortant les pays donateurs à revenir sur leur décision de suspendre leurs financements.  « L’UNRWA demeure la pierre angulaire de la réponse humanitaire à Gaza », a appuyé l’Irlande. 

Enfin, plusieurs délégations, dont celles de Malte ou encore de l’Union européenne, ont exprimé leur vive préoccupation face aux conséquences humanitaires d’une opération terrestre israélienne à Rafah, où plus d’un million de Palestiniens sont réfugiés.  « L’ordonnance du 26 janvier de la Cour internationale de Justice est juridiquement contraignante pour les parties et doit être respectée », a rappelé l’Union européenne, avant de préciser que 50 millions d’euros seront prochainement versés à l’UNRWA.  Le Président de l’Assemblée a noté pour sa part que 1,5 million de personnes vivent à Rafah, soit « six fois plus » que la population qui y vivait avant le 7 octobre. 

La séance de ce matin a été convoquée conformément à la résolution (A/RES/76/262).

L’Assemblée poursuivra l’examen de cette question demain, mardi 5 mars, à partir de 10 heures.

 

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