ECOSOC: le débat annuel sur les activités opérationnelles de développement de l’ONU s’ouvre sur des appels insistants à une réforme du financement
Le débat du Conseil économique et social (ECOSOC) sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies s’est ouvert aujourd’hui sur des appels pressants à réformer le financement du système des coordonnateurs résidents, qui est le « pilier » de ces activités, selon l’expression du Secrétaire général, M. António Guterres.
Ce dernier a joint sa voix à celles de nombreux pays pour demander que ce système soit financé par le biais de contributions mises en recouvrement dans le cadre du budget ordinaire de l’ONU. « C’est la seule solution », a tranché le Secrétaire général. « Le modèle de contributions volontaires ne fonctionne plus », a appuyé l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des États d’Afrique.
Même son de cloche du côté du Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, M. Frederick Musiiwa Makamure Shava, qui a demandé que les quelque 281 millions de dollars nécessaires pour financer ledit système soient débloqués. Le système des coordonnateurs résidents est chroniquement sous-financé, a argué le Secrétaire général, en pointant le manque de 85 millions de dollars.
L’Union européenne a répondu qu’elle était consciente des besoins de financement pour le bon fonctionnement du système de coordonnateurs résidents, tout en notant que ce système fonctionne bien. Elle s’est surtout dite prête à discuter d’un financement par le biais de contributions du budget ordinaire, ce qu’on appelle souvent les « ressources de base ».
Les pays récipiendaires ont tressé des lauriers à ce système de coordonnateurs résidents qui a été récemment réformé par le Secrétaire général afin de le mettre davantage au service des objectifs de développement durable (ODD). « Près de 95% des pays africains considèrent que l’appui technique fourni par l’ONU est conforme à leurs priorités nationales », a déclaré l’Afrique du Sud.
Le représentant du Sénégal a salué le « travail remarquable » abattu par la Coordonnatrice résidente dans son pays et s’est prononcé lui aussi en faveur d’une réforme du financement par le biais de contributions mises en recouvrement. Une note dissonante est néanmoins venue de l’Australie qui, au nom du groupe CANZ, a demandé une clarification du rôle des coordonnateurs résidents.
La délégation australienne a aussi demandé que les normes de comportement les plus élevées s’appliquent à eux, en dénonçant certains comportements inacceptables. « Les meilleurs doivent être envoyés sur le terrain », a-t-elle recommandé. C’est précisément ce qu’a assuré la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, avant de préciser que les coordonnateurs résidents viennent à 30% de l’extérieur du système des Nations Unies.
La défense la plus vigoureuse de ce système est venue du Secrétaire général lui-même qui a indiqué que la coordination que ces derniers assurent est préférable au « chaos ». « Les fonds sont rares, c’est pourquoi ils doivent être utilisés de manière efficace, par le biais d’une coopération renforcée », a-t-il déclaré, en dénonçant la logique de silo qui prévalait avant la réforme.
Ce débat se déroule alors que, de l’aveu même de tous les intervenants qui se sont exprimés aujourd’hui, les ODD ne seront pas réalisés d’ici à 2030 en l’état actuel des efforts. « Il faut sauver les ODD », a déclaré le Ministre zimbabwéen, appuyé par le Népal, qui parlait au nom des pays des moins avancés (PMA). Le Ministre a en effet rappelé que seules 12% des cibles des ODD sont actuellement en passe d’être atteintes.
« Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur notre interdépendance », a-t-il dit. Nous sommes très loin du compte, même s’il est encore possible de changer la donne, a conclu le Secrétaire général, alors que les yeux sont déjà braqués sur le Sommet sur les ODD prévu en septembre, dont l’importance a été soulignée par tous les intervenants.
Les discussions de l’après-midi ont été consacrées tout d’abord au rapport du Président du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le Bureau de la coordination des activités de développement, pour examiner les résultats de la fonction de coordination telle que revisitée, puis sur la question du financement des ODD, sous l’angle du partenariat avec les institutions financières pour tirer parti au mieux de leur appui.
Le débat de l’ECOSOC sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, qui se tient sur trois jours, reprendra demain, mercredi 24 mai, à partir de 10 heures.
ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT
Déclarations d’ouverture
M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI (Zimbabwe), Vice-Président du Conseil économique et social et responsable du débat sur les activités opérationnelles pour le développement, a indiqué que cette rencontre permettra aux délégations de faire le bilan de la mise en œuvre de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies et de soutenir les efforts des États Membres en vue de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable (ODD). Ce débat intervient alors que nous traversons l’une des périodes les plus turbulentes de l’histoire, a fait remarquer le Vice-Président, en soulignant qu’elle se caractérise par des conflits, la pandémie de COVID-19 et la montée de l’inflation, sur fond de crise climatique. À ses yeux, la seule solution à ces problèmes consiste à établir des politiques intégrées innovantes ayant des effets multiplicateurs dans tous les pays. L’accumulation des crises a également pour effet d’inverser les progrès accomplis dans la réalisation des ODD, a regretté M. Chimbindi, pour qui le système des Nations Unies pour le développement est seul à même de surmonter ces défis complexes. Il a espéré que les dialogues interactifs qui se tiendront cette semaine permettront un partage de pratiques optimales et d’expériences. Un débat sera ainsi consacré à chacun des mandats présentés dans l’examen quadriennal 2020 et dans les autres résolutions de l’Assemblée générale. À mi-chemin du Programme 2030, M. Chimbindi a estimé que le système onusien de développement traverse des épreuves. Toutefois, les réformes entreprises, notamment le système des coordonnateurs résidents, ont permis selon lui de jeter les bases de nouveaux cadres de coopération et d’amplification permanente du système des Nations Unies pour le développement, notamment dans les pays en développement.
M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque), Vice-Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, a souligné la gravité de la crise actuelle et plaidé pour un système des Nations Unies pour le développement cohérent et efficace, doté d’un financement adéquat. Cette réunion est une occasion en or de renforcer la coordination au sein de ce système, a-t-il dit, en préconisant un meilleur ciblage des financements. « Ne voyons pas trop grand », a-t-il recommandé tout en soulignant les besoins considérables en matière de développement. Il a appelé ce système à s’unir derrière des objectifs, au sein d’un cadre robuste de redevabilité. Le système des coordonnateurs résidents doit demeurer notre priorité, a-t-il conclu.
M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déploré que parvenus à mi-chemin du délai prévu pour réaliser le Programme 2030, nous n’avons pas honoré nos promesses d’actions communes pour libérer le monde de la faim et de la pauvreté. Il a noté que seulement le tiers des pays seront en mesure de réaliser les objectifs du Programme 2030, notamment en matière d’éducation, d’égalité des sexes et de lutte contre les changements climatiques. Les données contenues dans les rapports du Secrétaire général qui seront examinés cette semaine par les délégations prouvent, selon lui, que le système des Nations Unies pour le développement permet d’obtenir des résultats concrets pour combattre ces crises interconnectées. Les mesures conjointes ont ainsi permis d’aider des personnes supplémentaires dans 39 pays et territoires, s’est-il félicité en ajoutant que, de même, le système des coordonnateurs résidents permet de traduire des priorités mondiales en actions locales. Selon le Secrétaire général adjoint, les équipes de pays travaillent aujourd’hui de façon plus collaborative grâce au nouveau cadre de collaboration. Le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement a en outre généré des gains en termes d’efficacité chiffrés à 135 millions de dollars. Nous devons cependant assurer le financement adéquat du système pour continuer d’aider ceux qui en ont le plus besoin, a prévenu M. Li.
Dialogue de haut niveau entre le Secrétaire général et les États Membres sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies
Ce dialogue a été marqué par des appels pressants, dont celui du Secrétaire général, pour remédier au sous-financement chronique du système des coordonnateurs résidents, qui est le pilier de l’appui au développement fourni par l’ONU.
M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA, Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, a ouvert ce dialogue en rappelant la réforme d’ampleur du système des Nations Unies pour le développement menée par le Secrétaire général. L’ONU a un rôle capital à jouer dans la réponse aux défis qui se posent aujourd’hui, a dit le Ministre, en parlant d’une « polycrise » mondiale, à la fois sécuritaire, économique ou bien encore climatique. Ladite réforme vise à offrir une aide pour le développement qui soit plus efficace et à arriver à un meilleur alignement des priorités de développement et des partenariats disponibles, a-t-il dit. Il a rappelé que seules 12% des cibles des ODD sont en passe d’être atteintes avant d’appeler à « sauver les ODD ». Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur notre interdépendance, a déclaré le Ministre. Le Ministre a en effet rappelé que lors de la pandémie, les pays développés ont pu relancer leurs économies mais en abandonnant les pays en développement à leur sort. Certains pays africains risquent d’ailleurs de n’atteindre aucun ODD, a-t-il craint en soulignant l’importance du Sommet sur les ODD qui doit se tenir en septembre prochain.
Le Ministre a ensuite passé en revue les efforts de son pays en vue d’atteindre lesdits objectifs, avant de demander que le système des coordonnateurs résidents ait pour priorité le développement économique. Il a abordé la question cruciale du financement en rappelant que les ressources financières pour réaliser les ODD sont, dans leur majorité, mobilisées au niveau national. Les sanctions frappant les pays doivent être levées, a-t-il aussi plaidé. Au système des Nations Unies pour le développement, il a demandé un appui aux pays concernés qui déploient des efforts en vue de forger des partenariats. Les engagements pris dans le cadre du Pacte de financement doivent être honorés, a conclu le Ministre, en demandant que les 281 millions de dollars nécessaires pour financer le système soient débloqués. « Remettons le monde sur la voie des ODD. »
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a présenté le rapport sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. Nous sommes très loin du compte pour atteindre les ODD, même s’il est encore possible de changer la donne, a-t-il dit. Il s’est félicité que la réforme engagée, notamment du système des coordonnateurs résidents, ait été couronnée de succès. Le leadership de ces coordonnateurs est salué par nombre de pays, a-t-il remarqué, en se félicitant du meilleur alignement de l’aide apportée sur les priorités nationales de développement. Il a ainsi pris le cas de l’Égypte et celui du Pakistan où le système a montré son efficacité. Il a cependant souligné les difficultés qui demeurent, telles que la restructuration des dettes souveraines ou l’accès inégal aux prêts concessionnels.
Le Secrétaire général a plaidé pour un financement adéquat du système des Nations Unies pour le développement. Le système des coordonnateurs résidents, qui est le pilier de l’appui de l’ONU, est chroniquement sous-financé, s’est inquiété le Secrétaire général, en pointant le manque de 85 millions de dollars. Il a souligné la modicité de cette somme au regard des dépenses militaires consenties par les pays. Il a enfin préconisé un financement du système des coordonnateurs résidents par le biais de contributions mises en recouvrement dans le cadre du budget ordinaire de l’ONU. « C’est la seule solution. »
Lors du débat interactif, Cuba, au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a pointé le retard pris dans la réalisation des ODD, avant d’appeler à remédier aux lacunes dans le financement du système des coordonnateurs résidents. « Ce financement doit être pérenne et prévisible. »
Même son de cloche du côté de l’Afrique du Sud, qui, au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que le système des coordonnateurs résidents compte 53 bureaux sur le continent. Près de 95% des pays africains considèrent que l’appui technique fourni par l’ONU est conforme à leurs priorités nationales, s’est-elle aussi félicitée, en appelant à combler les besoins de financement pour faire fonctionner ce système au mieux. Elle s’est à ce titre prononcée en faveur d’un financement par le biais de contributions mises en recouvrement dans le cadre du budget ordinaire de l’ONU, car selon elle, le modèle de contributions volontaires ne fonctionne plus. Au nom des pays en développement sans littoral (PDSL), la Mongolie n’a pas dit autre chose, en louant l’appui sur mesure apporté par le système des coordonnateurs résidents depuis son repositionnement. « Il nous faut désormais un modèle de financement pérenne et prévisible », a affirmé la Mongolie, appuyée par le Népal, au nom des pays les moins avancés (PMA). Ce dernier a demandé le décaissement des quelque 280 millions de dollars pour le financement dudit système. « Il faut sauver les ODD. ». Le Samoa, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a souhaité que l’idée d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle soit incluse dans les réflexions. Le délégué du Sénégal a salué le travail remarquable accompli par la Coordonnatrice résidente dans son pays, en jugeant plus urgent que jamais un financement pérenne et en écartant un financement par le biais de contributions volontaires.
L’Union européenne a dit qu’elle était consciente des besoins de financement du système des coordonnateurs résidents, tout en notant que ce système fonctionne bien. Elle a dit qu’elle était prête à discuter d’un financement de ce système par le biais de contributions mises en recouvrement dans le cadre du budget ordinaire de l’ONU, appelées encore ressources de base. De son côté, l’Australie, au nom du groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle)Zélande), a demandé une clarification du rôle des coordonnateurs résidents, qu’il est parfois difficile de distinguer de l’équipe de pays des Nations Unies. Elle a aussi demandé que les normes de comportement les plus élevées s’appliquent à eux, en dénonçant certains comportements inacceptables. « Les meilleurs doivent être envoyés sur le terrain. » De son côté, le Ministre d’État du Royaume-Uni a promis l’engagement cette année de 6 millions de dollars pour le financement de ce système, comme cela a déjà été fait l’an dernier. Les États-Unis ont plaidé pour une amélioration globale du système des coordonnateurs résidents.
« Les fonds sont rares, c’est pourquoi ils doivent être utilisés de manière efficace, par le biais d’une coopération renforcée », a déclaré le Secrétaire général dans une reprise de parole, en dénonçant la logique de silo qui prévalait avant. « Nous avons besoin de coordonnateurs résidents qui ont la main et disposent de ressources financières minimales. » Il a indiqué qu’il n’avait aucun doute sur leur utilité, tant la coordination que ces derniers assurent est préférable au « chaos ». Il a enfin tiré les leçons à propos du financement du G5 Sahel, qu’il avait souhaité voir financer par le biais de contributions mises en recouvrement: cette piste n’a pas été retenue et c’est le chaos qui l’a emporté, a-t-il reconnu. Enfin, Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a précisé que les meilleurs candidats étaient sélectionnés aux postes de coordonnateur résident et que les candidatures venaient à 30% de l’extérieur de l’ONU.
Rapport du Président du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le Bureau de la coordination des activités de développement
La Vice-Secrétaire générale de l’ONU et Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, Mme AMINA J. MOHAMMED, a lancé la discussion interactive en notant que les efforts du système des Nations Unies pour le développement portent leurs fruits, tout en précisant que les résultats concrets se mesureront sur le terrain. Les coordonnateurs résidents contribuent selon elle à la cohérence et la redevabilité du système onusien en transmettant leur expertise à l’ensemble du système de l’ONU pour la réalisation des ODD. « Les coordonnateurs résidents sont notre épine dorsale; ils nous permettent de joindre le geste à la parole sur le terrain », a dit Mme Mohammed en soulignant qu’ils sont en première ligne en cas de crise et qu’ils contribuent à une transition en douceur et à la promotion du développement durable. Des évaluations indépendantes et des enquêtes menées auprès des bailleurs de fonds et des États Membres montrent que les changements opérés dans le système ont un impact positif qui appelle davantage d’investissements. Parmi les principales réalisations, la Vice-Secrétaire générale a souligné le leadership renforcé des coordonnateurs résidents. Ainsi, 92% des pays hôtes considèrent que ceux-ci contribuent à la création de partenariats efficaces et à l’atteinte des ODD.
Le système des Nations Unies pour le développement joue par ailleurs un rôle essentiel pour faire émerger une nouvelle génération d’équipes pays, alors que 91% des États Membres considèrent que celles-ci disposent des capacités nécessaires pour contribuer aux efforts de développement national, a poursuivi Mme Mohammed. Elle a aussi souligné l’importance de tirer profit des technologies émergentes et de renforcer l’efficacité des entités du système afin de générer des économies d’échelle tout en évitant les doublons. Mme Mohammed a par ailleurs relevé qu’en dépit des efforts entrepris par les États Membres, le système des coordonnateurs résidents continue de souffrir d’un problème de sous-financement, notamment du fait de la réduction du fonds qui leur est destiné. Elle a craint que cela ne mette en péril les gains durement acquis et sape notre capacité à aider les pays à réaliser les ODD. Pour y remédier, un processus de consultation transparent sera lancé sous peu et un rapport sera remis à l’Assemblée générale d’ici à la fin de l’année, a annoncé la Vice-Secrétaire générale.
Les grands systèmes fragmentés comme celui des Nations Unies pour le développement sont difficiles à changer, a reconnu la Norvège, d’autant plus qu’en sa forme actuelle, ce système est trop dépendant des contributions volontaires et vulnérable face aux fluctuations des bailleurs de fonds. Pour l’Algérie, qui vient de signer un nouveau cadre de coopération 2023-2027, un financement efficace et pérenne est pourtant une condition essentielle pour que le coordonnateurs résidents puissent s’acquitter de leur mandat.
Au nom des pays les moins avancés (PMA), le Burkina Faso a estimé que le système des coordonnateurs résidents joue un rôle essentiel pour répondre aux besoins des PMA et des petits États insulaires en développement (PEID), et à ce titre, doit bénéficier d’un financement prévisible et adéquat. En écho à ces propos, le Cameroun et l’Égypte ont demandé que les ressources nécessaires soient prélevées sur le budget ordinaire de l’ONU.
L’aide aux pays en développement et le renforcement du système des coordonnateurs résidents demeurent tributaires d’un financement durable du développement, a renchéri l’Inde en appelant à travailler collectivement pour s’attaquer au déficit des contributions volontaires. À cette fin, l’Indonésie a proposé d’améliorer les relations des équipes de pays avec les institutions financières internationales.
L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a estimé pour sa part que les changements apportés aux bureaux multipays ont grandement amélioré le mode opératoire du système des Nations Unies sur le terrain. La mise en place du bureau du Pacifique-Nord, combinée à la présence de personnel de coordination dans l’ensemble des pays et territoires d’accueil, a ainsi permis une réponse rapide et efficace aux catastrophes naturelles qui ont récemment frappé le Vanuatu et Saint-Vincent-et-les Grenadines.
Toutefois, bien que l’éradication que la pauvreté soit un domaine prioritaire du système des Nations Unies pour le développement, seulement 8% des dépenses d’aide publique au développement (APD) y sont consacrées, a relevé la Fédération de Russie, en prônant une augmentation des contributions volontaires des pays développés.
Dans cette optique, le Mexique a favorisé la coordination entre les différentes entités de l’ONU afin d’éviter les chevauchements, tout en équipant les coordonnateurs résidents des outils nécessaires pour identifier les possibilités de coopération pour le développement ainsi que les transferts de technologie. De son côté, l’Argentine a réclamé un engagement concret des pays développés s’agissant des transferts de technologie et des infrastructures.
Nous devons renforcer le rôle de l’ONU en tant que chef de file pour la sélection et la formation des coordonnateurs résidents et des équipes de pays, tout en améliorant la coordination et la flexibilité des interventions lors des crises humanitaires, a fait valoir la Suède. Ce système possède une forte valeur a ajoutée, a estimé El Salvador, et permet de soutenir et de coordonner les initiatives des équipes de pays.
L’Arménie a toutefois fustigé les tentatives d’instrumentalisation du système des coordonnateurs résidents pour légitimer l’usage de la force et les violations du droit international, notamment en ce qui concerne l’aide au développement pour les personnes touchées par des conflits.
La reconfiguration des équipes de pays représente un exercice difficile et de grande ampleur que nous entreprendrons l’an prochain, a précisé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, en réponse à des questions des délégations. Pour accélérer nos progrès, nous devons mobiliser les ressources et les moyens de mise en œuvre, avec la collaboration des institutions financières et à l’aide de droits de tirage spéciaux. Si le système des Nations Unies pour le développement fonctionne sur le terrain, il s’agit d’un mécanisme « qui manque de carburant », a diagnostiqué Mme Mohammed.
Financer les ODD: travailler avec les institutions financières et au-delà
Après la tenue, le mois dernier, du forum sur le suivi du financement du développement, le Vice-Président du Conseil économique et social et responsable du débat sur les activités opérationnelles pour le développement, M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI, a orienté le débat sur les efforts des équipes de pays de l’ONU visant à tirer parti du financement des ODD, notamment grâce aux partenariats avec les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement, ainsi que les mesures permettant de soutenir les États Membres dans la mise en œuvre de leurs cadres nationaux intégrés.
Le modérateur de la discussion, M. NAVID HANIF, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a vanté les mérites des cadres nationaux intégrés en ce qu’ils permettent aux États Membres de présenter leurs besoins et la stratégie de financement dont ils disposent pour y répondre, avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). D’ailleurs l’Administrateur du PNUD, M. ACHIM STEINER, qui est aussi Vice-Président du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, a noté qu’en 2019, 16 pays ont manifesté leur intérêt envers l’élaboration de cadres nationaux intégrés, chiffre qui est passé à 86 cette année. Ces cadres permettent aux pays d’articuler leurs priorités nationales sur la base d’une évaluation du potentiel de financement et d’identifier de nouvelles sources de financement, avec le soutien des équipes de pays et des coordonnateurs résidents. La coordination avec les organisations multilatérales internationales est donc essentielle pour appuyer les initiatives nationales, a jugé M. Steiner.
« Nous sommes à un moment critique de la lutte mondiale contre la crise climatique », s’est alarmé le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’action climatique, M. SELWIN HART, alors que tous les indicateurs pointent dans la « mauvaise direction ». Pour parvenir à l’objectif de réduction des températures de 1,5 degré Celsius, nous devons couper de moitié les émissions d’ici à 2030, moyennant des investissements de 4 trillions de dollars dans les énergies renouvelables et de 300 milliards par année dans les pays en développement. « Nous sommes confrontés à des problèmes d’urgence et d’échelle », a-t-il résumé, en expliquant que des investissements privés seront nécessaires pour atteindre ces objectifs.
Après l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba, la Coordonnatrice résidente en Colombie, Mme MIREIA VILLAR FORNER, a expliqué qu’elle dispose aujourd’hui de capacités spécialisées de financement, d’outils et de cadres de participation avec le secteur privé, ainsi que de meilleures analyses du panorama financier du pays. Selon elle, le Fonds conjoint pour les ODD a été un catalyseur pour la mise en place de partenariats innovants. Alors que nous nous tournons vers le Sommet des ODD, la Coordonnatrice résidente a espéré que les États Membres pourront s’engager en faveur du Programme 2030 à l’aide de propositions nationales.
En 2030, 575 millions de personnes vivront dans la pauvreté extrême, dont la moitié dans les PMA, a relevé le Bangladesh, en considérant essentiel le Fonds conjoint pour les ODD pour appuyer l’écosystème financier des ODD sur le terrain. Cependant, les pays en développement peinent trop souvent à accéder au financement des banques multilatérales et des fonds climatiques tels que le Fonds vert pour le climat, a déploré le Brésil, en dénonçant les mesures bureaucratiques et demandant que les conditions d’accès soient simplifiées.