En cours au Siège de l'ONU

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
3e et 4e séances plénières – matin & après-midi
DEV/3449

LDC5: les délégations dressent le bilan des obstacles structurels qui grèvent le reclassement des PMA et les empêchent de passer « du potentiel à la prospérité »

DOHA, 6 mars -- Afin que Doha ne soit pas « une conférence de plus », selon les mots du Premier Ministre du Mali, la quarantaine de délégations intervenues pendant la seconde journée de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) ont dressé le bilan des obstacles qui empêchent ces pays de prendre leur envol.  C’est justement parce qu’ils ne peuvent se permettre de « rester à jamais dans cette catégorie » que le Premier Ministre du Rwanda a souligné que leur reclassement est possible avec un engagement renforcé entre les PMA et leurs partenaires de développement.   

C’est aussi parce que ces partenariats ne sont pas toujours visibles que le Ministre des infrastructures physiques et des transports du Népal a souhaité que le Programme d’action de Doha soit le dernier, ou à la rigueur l’avant-dernier, car « on ne peut attendre un autre demi-siècle pour le reclassement des PMA ».  Il a rappelé que six pays seulement ont pu sortir du Groupe des PMA depuis sa création en 1971.  Pour sa part, le Népal vise l’année 2026 pour son reclassement. 

Il faut noter que l’ONU accorde une attention particulière aux PMA, les reconnaissant comme les pays les plus vulnérables de la communauté internationale et leur accordant certains avantages, notamment l’assistance au développement - subventions et prêts des bailleurs de fonds et d’institutions financières-, et des facilités commerciales -accès préférentiel aux marchés et assistance technique-.  Le Comité des politiques de développement (CPD) est chargé d’entreprendre, tous les trois ans, un examen de la liste des PMA, proposant au Conseil économique et social (ECOSOC) des pays qui devraient être rajoutés à la liste et d’autres qui mériteraient d’en être retirés. 

Pour quitter la catégorie des PMA, le Comité considère ainsi trois dimensions de l’état de développement du pays: le revenu national brut (RNB) par habitant; l’indice du capital humain; et l’indice de vulnérabilité économique.  Or ces critères sont de plus en plus décriés, notamment par le Premier Ministre des Tuvalu, qui, suivi par d’autres orateurs, a estimé que le RNB ne reflète pas pleinement la réalité des problèmes et des défis auxquels les PMA sont confrontés.  Au vu des nombreux défis que connaissent les Tuvalu, leur sortie du statut de PMA risque même d’entraver la réalisation de leurs objectifs de développement, a-t-il averti.  Il a également plaidé pour qu’un indice de vulnérabilité environnementale devienne l’un des deux indices obligatoires à considérer pour le reclassement et pour qu’un indice de vulnérabilité aux changements climatiques soit créé, étant donné la forte exposition de son pays et d’autres petits États insulaires en développement (PEID) aux phénomènes météorologiques extrêmes.

Dans cet esprit, le Premier Ministre des Tonga a souhaité que l’aide internationale se poursuive pour les sept PEID qui s’acheminent vers un reclassement, dans un contexte international marqué par les appels à l’établissement d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  En outre, la Ministre des affaires étrangères de Madagascar a souhaité que son pays bénéficie d’un accompagnement en tant que PMA « extrêmement vulnérable aux chocs climatiques ».  Elle l’a décrit comme « l’un des derniers paradis sur Terre » dont les richesses doivent être préservées pour les générations futures. 

Pour sa part, le Premier Ministre du Bhoutan a annoncé que son pays s’apprête à sortir de la catégorie des PMA cette année.  « C’est un moment de fierté et de joie, non seulement pour nous, mais aussi pour tous nos partenaires de développement et tous ceux qui ont travaillé avec nous au fil des décennies », s’est-il félicité.  Il est vrai que pour le Vice-Premier Ministre de la République démocratique populaire lao, quitter le statut de PMA nécessite des engagements et des actions non seulement de la part des gouvernements concernés mais aussi de la communauté internationale. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, le Ministre du commerce extérieur et de l’investissement étranger de Cuba a dénoncé « une crise des inégalités » dans laquelle 46 pays représentant 14% de la population mondiale risquent d’être laissés pour compte, alors qu’au cours des 10 dernières années, « les 1% les plus riches de l’humanité ont accaparé plus de la moitié de toutes les nouvelles richesses mondiales ».  Pour le G77 et la Chine, la mise en œuvre du Programme d’action de Doha, dont le calendrier coïncide avec les dernières années du Programme de développement durable à l’horizon 2030, nécessitera un partenariat mondial renouvelé à la hauteur des besoins des PMA.  Il a appelé à réduire le fardeau « insoutenable » de la dette de ces pays via des actions immédiates.  Il faut par ailleurs que les pays développés respectent leurs engagements en matière d’aide publique au développement et allouent entre 0,15% et 0,20% de leur produit intérieur brut aux PMA, a-t-il dit, avant de déplorer que les PMA, une fois reclassés, cessent de recevoir un traitement spécifique quand leur vulnérabilité est encore « évidente ». 

De même, le Ministre cubain a jugé essentiel d’accroître le transfert de technologies et le renforcement des capacités afin de mettre en œuvre le Programme 2030 dans son intégralité.  À ce propos, la science, la technologie et l’innovation au service du développement durable des PMA était le thème d’une table ronde tenue en matinée, tandis que dans l’après-midi, les délégations ont échangé sur la transformation structurelle, moteur de la prospérité dans les pays les moins avancés.

La Conférence se poursuivra demain, mardi 7 mars, avec la suite du débat général ainsi que deux tables rondes de haut niveau.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a constaté d’emblée que les PMA ont besoin de solutions pour relever les défis qui les accablent comme l’endettement, les effets des changements climatiques, l’insécurité, afin de renforcer leurs capacités et infrastructures, réduire la pauvreté et développer leurs systèmes de protection sociale, ce qui s’inscrit dans le droit fil du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La réalisation des objectifs de développement durable (ODD) a été mise à mal dans beaucoup de pays par la pandémie, le conflit en Ukraine et les changements climatiques, a poursuivi le Président Buhari en notant que c’est particulièrement le cas des PMA.  Il a encouragé la communauté internationale à adhérer au Programme d’action de Doha pour apporter l’assistance nécessaire aux PMA afin que ces derniers puissent relever ces défis et avancer vers la prospérité.  Pour cela, il a mis l’accent sur l’importance des partenariats, tant avec les secteurs public et privé qu’avec la société civile.  Le système financier actuel est injuste, a regretté M. Buhari, arguant qu’il entrave la restructuration de la dette et empêche parfois de mettre sur pied des mécanismes d’allègement de celle-ci.  Il a également encouragé le transfert de technologies et l’accès aux plateformes de technologies de l’information et des communications (TIC) pour les PMA.  Passant aux effets des changements climatiques sur les PMA qui y sont particulièrement vulnérables, il a appelé à tout faire pour faciliter la transition vers les énergies renouvelables dans ces pays, tout en appelant la communauté internationale à globalement respecter les engagements climatiques au nom des générations futures.

M. FAID MUJLI, Vice-Président du Conseil présidentiel du Yémen, a appelé la communauté internationale à accorder la priorité aux États connaissant des conflits.  Il a expliqué que le Yémen traverse une période trouble qui n’est pas due au manque de ressources mais qui est plutôt le fait d’actions de milices menées sous le joug de l’Iran, comme c’est le cas dans d’autres États de la région où ce pays soutient des activités de déstabilisation.  Il a indiqué que cette situation sécuritaire est née du coup d’État de 2014 mené par les milices houthistes.  Ces dernières mènent une guerre permanente et confisquent les biens des populations, en les privant de tous leurs droits dans les zones sous leur contrôle, a-t-il déploré.  Il a aussi dénoncé le fait qu’elles utilisent des enfants dans leur guerre.  De plus, a encore dénoncé le Vice-Président, ces milices ciblent des infrastructures économiques vitales, dont des installations pétrolières qui sont visées par des missiles balistiques.  Ces actions ont conduit à l’arrêt de l’exportation de pétrole brut dont les revenus constituent 70% des revenus de l’État et sont la source la plus importante pour le paiement des salaires et des retraites, a-t-il expliqué.  Le Vice-Président a, en conclusion, appelé les partenaires internationaux à soutenir le Yémen sur la voie de la reconstruction, saluant au passage le soutien fourni par l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes.

M. MUHAMMAD SHEHBAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a rappelé que si les PMA représentent 14% de la population mondiale, ils ne contribuent qu’à hauteur de 1,3% au produit intérieur brut (PIB) mondial et de 1% aux échanges commerciaux mondiaux, leur croissance ayant eu tendance à chuter ces dernières années.  Le Pakistan continuera de plaider en faveur de mesures susceptibles de favoriser le développement durable dans les PMA, a-t-il assuré, notamment à travers le Programme d’action de Doha.  Le Premier Ministre a jugé urgent de remédier aux inégalités en matière de vaccins; de respecter les engagements sur l’aide publique au développement; d’alléger le fardeau de la dette des PMA qui sont souvent surendettés; de garantir l’accès universel à la protection sociale; et d’entreprendre une réforme de fond de l’architecture financière mondiale pour qu’elle puisse répondre aux vulnérabilités et aux besoins spécifiques des PMA.  Il a également insisté sur la nécessité de réduire la fracture numérique pour que ces pays puissent accéder à l’économie mondiale fondée sur les connaissances.  Pour sa part, le Pakistan salue les orientations et objectifs du Programme d’action de Doha pour la décennie 2022-2031 et M. Sharif s’est engagé à soutenir activement sa mise en œuvre, y compris à travers des projets de coopération Sud-Sud.

M. KAUSEA NATANO, Premier Ministre des Tuvalu, a indiqué qu’au-delà des retombées de la pandémie et des catastrophes naturelles, son pays insulaire souffre des effets de la géopolitique en Europe de l’Est, avec une flambée des prix du carburant et des perturbations dans le transport maritime et dans les investissements.  L’isolement géographique des Tuvalu par rapport au marché international crée un obstacle au commerce et à la prestation de services, a expliqué le dirigeant, pour qui les technologies émergentes et la croissance rapide des TIC sont porteuses de nouvelles opportunités pour son pays.  Il a d’autre part indiqué que, dans le cadre de ses efforts de lutte contre les changements climatiques, les Tuvalu élaborent un plan d’adaptation à long terme, qui prévoit notamment de couvrir à l’horizon 2100 l’ensemble de la population nationale face aux risques liés à la hausse du niveau de la mer.  Le Premier Ministre s’est d’autre part enorgueilli de l’incorporation des ODD dans le cadre de suivi national du Programme 2030.  Il a estimé à cet égard que le revenu national brut, qui est l’un des critères retenus pour le reclassement des PMA, ne reflète pas pleinement la réalité des problèmes et des défis auxquels son pays est confronté.  Il a averti que, compte tenu des nombreux défis de développement que connaissent les Tuvalu, leur sortie du statut de PMA risque d’entraver la réalisation de leurs objectifs de développement nationaux ainsi que des ODD.  Il a également plaidé pour qu’un indice de vulnérabilité environnementale devienne l’un des deux indices obligatoires à considérer pour le reclassement et qu’un indice de vulnérabilité aux changements climatiques soit créé, étant donné la forte exposition de son pays aux cyclones et autres sécheresses.  Enfin, le Chef du Gouvernement des Tuvalu a dit craindre que le reclassement de son pays n’entraîne le retrait du soutien international spécifique aux PMA, qui comprend l’accès à certains instruments de financement concessionnels. 

M. SIAOSI 'OFAKIVAHAFOLAU SOVALENI, Premier Ministre des Tonga, a appelé la communauté internationale à faire montre de détermination pour mettre en œuvre le nouveau Programme d’action en faveur des PMA.  Rappelant que la Conférence de Doha est aussi l’occasion de marquer le cinquantième anniversaire de la création du Groupe des PMA, il a invité les États Membres à regarder en arrière.  Il a ainsi constaté que « de nombreux engagements en faveur des PMA n’ont pas été tenus » et que ces derniers portent toujours des fardeaux disproportionnés.  Pour le Chef du Gouvernement, le moment est venu pour les PMA se « s’approprier le processus » et de passer de la promesse d’un développement humain aux actes tangibles.  Pour cela, toutes les parties prenantes doivent honorer leurs promesses, a-t-il insisté, avant de rappeler que son pays se situe dans une région particulièrement vulnérable aux effets des changements climatiques.  Les Tonga viennent encore d’être frappées par deux cyclones en l’espace de trois jours et les événements météorologiques de niveau 4 et 5 sont devenus courants, a-t-il indiqué.  Le Premier Ministre a appelé les pays développés à respecter leurs engagements en matière de financement climatique, en prévoyant un équilibre entre l’adaptation et l’atténuation.  Une partie de ces fonds doivent être dirigés vers les PMA et les petits États insulaires en développement (PEID), a-t-il ajouté, jugeant que cela donnerait aux pays comme le sien l’espace budgétaire dont ils ont besoin pour assurer la protection et le bien-être de leur population.  Enfin, après s’être félicité que sept PEID, également PMA, aient rempli les critères de reclassement, il a souhaité que l’aide internationale ne s’arrête pas à l’issue de ce processus. 

Le Premier Ministre du Bhoutan, M. LOTAY TSHERING, a expliqué que cette conférence arrive à un moment particulier pour son pays qui, après 50 ans, s’apprête à sortir de la catégorie des PMA cette année.  « C’est un moment de fierté et de joie, non seulement pour nous, mais aussi pour tous nos partenaires de développement et tous ceux qui ont travaillé avec nous au fil des décennies », a-t-il déclaré.  Guidé par la philosophie de développement primordiale du bonheur national brut, le Bhoutan a adopté un modèle de croissance équilibrée qui allie progrès économique et conservation réfléchie de ses valeurs environnementales et traditionnelles, a-t-il expliqué.  Il a fait valoir que le pays a déjà réussi à avoir un bilan carbone négatif.  Le Bhoutan a aussi enregistré l’un des meilleurs résultats en termes de lutte contre la pandémie et, depuis, s’est engagé sur la voie de la transformation nationale pour se projeter vers un reclassement durable et une stabilité économique.  Il reste cependant des défis à relever, a concédé le Premier Ministre, expliquant qu’ils sont essentiellement liés au fait que le Bhoutan est un pays sans littoral.  Il a dit que son pays compte sur le Programme d’action de Doha pour poursuivre sur sa lancée de développement durable et de bonheur national.  Notant que les changements climatiques sont la plus grande menace pour le développement durable, il a appelé la communauté internationale à soutenir les nouvelles opportunités, comme le Fonds pour l’action climatique, tout en faisant de cette lutte une priorité.  Quant à l’inflation galopante dans le monde, il s’est demandé combien de pays allaient replonger dans la pauvreté à cause de cela.  Le Premier Ministre a également argué que les investissements dans la défense auraient dû et devraient être réalloués au développement durable, en particulier celui des PMA, afin de relever collectivement ce défi.

M. MOHSEN MANSOURI, Vice-Président de la République islamique d’Iran, a prévenu que les crises actuelles ne peuvent être relevées sans des efforts conjoints, soulignant l’importance du système multilatéral pour y faire face.  Observant que la pandémie a exacerbé les inégalités en termes d’opportunités entre pays développés et en développement, il a exprimé la solidarité de l’Iran avec les PMA, non sans rappeler que pour eux, le développement passe par l’éradication de la pauvreté.  Dans ce contexte, il a demandé aux pays développés de respecter leurs engagements en matière d’aide au développement et de fourniture d’une assistance financière et technique, « sans politisation ».  Le Vice-Président a souhaité que l’ONU et ses agences spécialisées renforcent leur soutien aux PMA afin qu’ils puissent accéder plus aisément à un reclassement.  L’Iran entretient des relations solides avec de nombreux PMA et entend les maintenir dans le cadre de projets de coopération, a-t-il assuré, jugeant prioritaire de soutenir les PMA sans littoral compte tenu de leur grande vulnérabilité.  C’est pourquoi il a appuyé la création de « corridors de transit » pour ces pays fragiles.  Grâce à son emplacement géographique, l’Iran peut leur offrir un accès aux marchés mondiaux, a dit le Vice-Président, une telle assistance ayant déjà permis à l’Afghanistan d’accéder aux eaux internationales.  Il a par ailleurs dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui menacent le capital humain et industriel de nombreux pays en développement, avant de préciser que l’Iran est prêt à faire bénéficier les PMA de son expérience.  Il a conclu son intervention en rejetant les déclarations sans fondement du représentant du Yémen. 

M. CHOGUEL KOKALLA MAÏGA, Premier Ministre du Mali, a espéré que le Programme d’action de Doha ne connaîtra pas le sort de ses prédécesseurs, dont l’impact pour les PMA est resté limité.  Si en un demi-siècle quelques pays ont vu une amélioration de leur situation, si certains ont réussi leur reclassement, l’écart entre les PMA, notamment les 33 pays africains de cette catégorie, et les autres pays continue de stagner, a-t-il déploré, appelant à ce que la Conférence de Doha ne soit pas « une conférence de plus ».  Selon le Chef du Gouvernement, « les PMA n’ont besoin ni d’aumône ni d’assistance ».  En revanche, ils ont besoin de partenariats robustes, de solidarité active et de justice, en particulier dans le domaine du commerce international.  Pour aider les PMA à progresser vers leur reclassement, le nouveau Programme d’action de Doha doit bénéficier d’un financement ambitieux à la hauteur des besoins, a-t-il fait valoir, avant de plaider pour un changement de paradigme dans la lutte contre les changements climatiques afin de prendre en compte l’extrême vulnérabilité de ces pays.  Après avoir appelé à des investissements accrus dans le capital humain et dans la relance post-COVID-19 des PMA, le Premier Ministre a mis l’accent sur la lutte contre le terrorisme, assurant qu’il s’agit d’une condition sine qua non pour garantir la paix et la stabilité, afin d’accélérer la réalisation des ODD. 

Pour Mme VICTOIRE TOMEGAH-DOGBE, Première Ministre du Togo, les six domaines d’action prioritaires du Programme d’action de Doha sont d’une pertinence avérée.  La grande interrogation reste de savoir comment concrétiser cette vision, parce que « la seule volonté des PMA ne suffira pour la mise en œuvre de ce programme ».  Si le diagnostic est posé, le remède est identifié et il faut maintenant l’administrer et c’est là que souvent l’on rencontre des difficultés, a constaté la Première Ministre.  Seuls quatre pays ont pu quitter la catégorie des PMA depuis 2011 et 46 en sont toujours membres dont 33 sont en Afrique, a-t-elle rappelé.  Selon elle, éradiquer la pauvreté et les inégalités, tout en stimulant la prospérité, est le défi le plus urgent pour les PMA à ce jour, or l’expérience mondiale montre que les inégalités se perpétuent et se reproduisent au fil des générations. 

Le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et le Programme 2030 trouvent dans le Programme d’action de Doha des signes d’espoir pour leur réalisation effective.  Mme Tomegah-Dogbe a appelé à un engagement ferme de toutes les parties afin d’allouer davantage de ressources et d’exploiter pleinement le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation.  Soulignant que les risques liés aux changements climatiques et à la sécheresse sont nombreux pour les PMA, notamment en termes de production alimentaire, elle a salué les innovations contenues dans le Programme de Doha parmi lesquelles la création d’un centre international de soutien à l’investissement et de stocks alimentaires.  Elle a soutenu la proposition du Secrétaire général pour que 50% des financements climatiques aillent vers les mesures d’adaptation, avec une réforme des systèmes d’éligibilité.  La Première Ministre a également mis l’accent sur la menace sécuritaire en Afrique de l’Ouest qui déstabilise les pays de la région et met à mal leurs ambitions de développement.  Pour sa part, a-t-elle expliqué, le Togo met en œuvre son plan national de développement 2020-2025, dans l’objectif de renforcer la paix et la sécurité, l’inclusion et l’harmonie sociales, de devenir un « hub logistique » et de développer des pôles de transformation agricole, manufacturiers et d’industries extractives.

Le Premier Ministre du Rwanda, M. ÉDOUARD NGIRENTE, a mis en exergue la richesse des PMA, qu’elle soit naturelle ou qu’elle réside dans la jeunesse de leur population.  Notant qu’il y a plus de pays, depuis 1971, qui sont tombés dans la catégorie des PMA que de pays qui en sont sortis, le Premier Ministre a appelé à se poser la question de savoir pourquoi.  Il a demandé à tout faire, collectivement, pour qu’il y ait de meilleures perspectives de reclassement « car on ne peut se permettre de rester à jamais dans cette catégorie ».  Ne pas arriver aux normes minimales de qualité de vie est dramatique, s’est-il impatienté, en affirmant que le reclassement est possible avec un engagement plus fort de tous et avec des partenariats.  Pour sa part, le Rwanda a réussi à réduire de moitié la pauvreté et à tripler le revenu par habitant, même s’il reste faible, s’est enorgueilli le Premier Ministre, ajoutant que l’espérance de vie a été allongée.  Il a transmis l’espoir du Rwanda de pouvoir passer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire d’ici à la fin de la décennie.  Rappelant que les programmes d’action pour les PMA adoptés par le passé n’ont pas donné les résultats escomptés, il a espéré que celui de Doha changera cette tendance en misant notamment sur l’urbanisation durable et les dividendes démographiques des PMA.  Le Premier Ministre a conclu par un vibrant appel à travailler de concert pour réaliser les objectifs du Programme d’action de Doha.

Mme TANZILA NARBAEVA, Présidente du Sénat de l’Ouzbékistan, a identifié la pauvreté comme le principal problème auquel sont confrontés les PMA à travers le monde.  C’est donc fort de ce constat que son pays a créé un ministère dédié qui cible les couches sociales les plus vulnérables de la société, a-t-elle indiqué, avant de souligner que les actions nationales ont permis de sortir un million de personnes de la pauvreté en Ouzbékistan l’an dernier.  L’intervenante a déploré que le manque d’infrastructures et les obstacles au commerce international entravent les efforts de développement des PMA.  Elle a regretté « l’isolement de l’Afghanistan », pays voisin, qui a besoin d’un soutien accru de la communauté internationale. 

M. SALEULMXAY KOMMASITH, Vice-Premier Ministre de la République démocratique populaire lao, a estimé que l’adoption du Programme d’action de Doha marque une étape importante pour permettre aux PMA de se remettre rapidement de la pandémie, de renforcer leur résilience face aux chocs futurs et d’éradiquer la pauvreté.  Il a cependant averti que les engagements contenus dans ce plan décennal doivent être honorés, les PMA ayant plus que jamais besoin d’un soutien international renforcé pour « passer du potentiel à la prospérité ».  Il a précisé que son pays poursuit depuis 2000 son objectif de reclassement en intégrant les programmes d’action successifs dans sa stratégie nationale de développement socioéconomique.  Après deux examens consécutifs en 2018 et 2021, et malgré les difficultés liées à la pandémie, la République démocratique populaire lao a été recommandée pour le reclassement, s’est-il enorgueilli, ajoutant toutefois que la période de transition a été étendue jusqu’en 2026 pour préparer cette sortie de la catégorie des PMA.  Quitter le statut de PMA nécessite des engagements et des actions non seulement de la part des gouvernements concernés mais aussi de la communauté internationale, a-t-il ajouté, appelant à la poursuite du partenariat, de la coopération et du soutien pendant ledit processus et au-delà.  Selon le Premier Ministre adjoint, la communauté internationale devrait en outre appuyer la diversification des exportations et la fourniture d’un accès au financement de l’atténuation et de l’adaptation aux changements climatiques sur une base concessionnelle.  

La Vice-Première Ministre du Lesotho, Mme JUSTICE NTHOMENG MAJARA, a expliqué que l’économie de son pays reste vulnérable en raison de la faiblesse de sa structure intérieure, de sa surconcentration sur les exportations de textiles et de sa dépendance à l’égard des investissements directs étrangers et de l’aide publique au développement, qui ont été considérablement affectés par la pandémie de COVID- 19.  Le Lesotho a toutefois entrepris des efforts pour satisfaire aux critères de reclassement, a-t-elle précisé en soulignant que le revenu national brut par habitant a connu une augmentation de 4,96% par rapport à 2020, mais qu’il reste bien inférieur au seuil de reclassement et à la moyenne des PMA.  Pour y remédier et atteindre une croissance économique durable, le Gouvernement a entrepris de stimuler la création d’emplois par le secteur privé, a-t-elle informé.  La Vice-Première Ministre a salué les six domaines d’intervention clefs du Programme d’action de Doha qui vise à accélérer les progrès vers les ODD et le redressement durable, tout en cherchant à renforcer la résilience des pays aux chocs futurs.  Les résultats concrets attendus, tels qu’une université en ligne pour les PMA, un centre international de soutien à l’investissement et un système de stockage des denrées alimentaires, sont tout à fait louables, a-t-elle estimé.  Elle a annoncé que le Lesotho a commencé une révision de son plan de développement stratégique national afin d’y inclure la mise en œuvre des dispositions du Programme de Doha et des ODD.  Elle a aussi parlé de la « position politique proactive » du Gouvernement nouvellement élu qui vise au reclassement du pays et qui est intégrée dans le plan de développement à long terme comme prémisse d’une réponse efficace pour propulser le Lesotho vers le statut de pays à revenu intermédiaire.  Le Lesotho dispose d’un énorme potentiel d’augmentation de la productivité et d’amélioration de la croissance économique grâce au développement prioritaire de secteurs tels que les ressources naturelles, le tourisme, l’agriculture, la technologie, les infrastructures et l’hydroélectricité, a-t-elle indiqué ajoutant que les principaux obstacles au développement de ces secteurs sont le manque d’investissements, le déficit d’infrastructures, la faible gouvernance et les capacités de production limitées.

M. SHRESTA, Ministre des infrastructures physiques et des transports du Népal, a rappelé que six pays seulement ont pu sortir du Groupe des PMA depuis sa création en 1971.  La moitié des PMA font partie des pays les plus pauvres au monde.  Le Programme d’action de Doha devrait être le dernier, ou à la rigueur l’avant-dernier, a-t-il plaidé, car « on ne peut attendre un autre demi-siècle pour le reclassement des PMA ».  Pour sa part, le Népal est déterminé à sortir de cette catégorie, par le biais d’un développement inclusif et total.  Récemment, a noté le Ministre, le pays est passé d’une monarchie à une république démocratique et fédérale consacrée par la Constitution de 2015.  Aujourd’hui, nous ouvrons un nouveau chapitre dans l’histoire du pays, s’est-il félicité, en ciblant l’année 2026 comme l’échéance pour le reclassement du Népal.  Pour y parvenir, il a parié sur le renforcement des partenariats du développement et les réformes structurelles.  Il a notamment appelé les pays développés à respecter leur promesse de fournir 100 milliards de dollars par an pour l’action climatique.  En tant que futur président du Groupe des PMA, il a promis que son pays entendait défendre les droits de ces pays. 

M. HOJAMYRAT GELDIMYRADOV, Vice-Président au Cabinet des ministres du Turkménistan, a déclaré que son pays s’efforce d’assurer sa stabilité économique malgré les perturbations mondiales actuelles, qui frappent tout particulièrement les pays en développement, à commencer par ceux qui ne disposent pas de littoral.  Les pays enclavés sont en effet confrontés à des graves problèmes de transport, a-t-il signalé, souhaitant que cette question devienne un axe distinct des travaux de la Conférence de Doha.  L’intervenant a précisé que le Turkménistan a accueilli cette année une conférence des ministres des transports des pays en développement sans littoral, après avoir proposé la création d’un groupe spécial au sein de l’ONU pour défendre leurs intérêts en la matière.  Il a également évoqué la participation de son pays à des efforts d’intégration régionale, faisant état de la construction d’un gazoduc transnational et de la mise en service d’un système d’approvisionnement en énergie commun à plusieurs pays voisins. 

M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ, Ministre du commerce extérieur et de l’investissement étranger de Cuba, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a jugé inacceptable que les plus vulnérables des pays en développement continuent d’avoir la capacité de production la plus limitée, une marge de manœuvre budgétaire insuffisante, d’importants déséquilibres macroéconomiques, un niveau d’endettement extérieur en hausse et un faible accès aux technologies.  Depuis 1981, a-t-il relevé, la moitié des PMA ont connu une urgence alimentaire pendant plusieurs années consécutives, avec de graves répercussions sur le bien-être de leurs populations.  Pour le Ministre, il est également inconcevable que, bien qu’ils représentent moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les PMA soient en première ligne de la crise climatique.  Au cours des 50 dernières années, 69% des décès mondiaux dus à des catastrophes liées au climat se sont produits dans les PMA, a-t-il souligné.  « Nous faisons face à une crise des inégalités dans laquelle 46 pays représentant 14% de la population mondiale risquent d’être laissés pour compte, alors qu’au cours des 10 dernières années, les 1% les plus riches de l’humanité ont accaparé plus de la moitié de toutes les nouvelles richesses mondiales. »  Pour le Groupe des 77 et la Chine, la mise en œuvre du Programme d’action de Doha, dont le calendrier coïncide avec les dernières années d’action du Programme 2030, nécessitera un partenariat mondial renouvelé à la hauteur des besoins des PMA. 

Pour ce faire, a plaidé le Ministre, il importe tout d’abord que l’accès aux vaccins et aux traitements pour les PMA soit garanti de manière adéquate.  Il convient aussi de réduire le fardeau insoutenable de la dette de ces pays via des actions immédiates telles que l’allégement et la restructuration de la dette ou la réorientation des droits de tirage spéciaux (DTS) non utilisés et leur nouvelle allocation.  Il faut par ailleurs que les pays développés respectent leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et allouent entre 0,15% et 0,20% de leur produit intérieur brut (PIB) aux PMA, a-t-il dit, avant de dénoncer le fait que les PMA, une fois reclassés, cessent de recevoir un traitement spécifique « alors que leur vulnérabilité est encore évidente ».  Appelant à « mesurer le développement durable au-delà du PIB », il a estimé que les PMA reclassés ne seraient pas confrontés à cette dure réalité si les pays développés respectaient leur engagement de contribuer à l’APD à hauteur de 0,7% de leur PIB.  De même, il a jugé essentiel d’accroître le transfert de technologies et le renforcement des capacités afin de mettre en œuvre le Programme 2030 dans son intégralité. 

Mme RANIA EL-MASHAT, Ministre de la coopération internationale de l’Égypte, a appelé à la complémentarité et à la solidarité au sein de la communauté internationale afin d’accompagner les PMA.  L’Égypte, a-t-elle assuré, entend apporter sa contribution à l’essor des PMA d’Afrique, notamment par des projets spécifiques placés sous la férule du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  L’Égypte prend par exemple part à la construction d’un barrage hydroélectrique en République-Unie de Tanzanie et contribue à la mise en place d’une route allant du Caire au Cap en Afrique du Sud.  La Ministre a appelé à associer le secteur privé à ces efforts d’assistance aux PMA. 

M. EDUARDO ENRIQUE REINA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Honduras, a expliqué que depuis le coup d’État de 2009, le Honduras, qui était sur la voie du reclassement, est désormais criblé de dettes.  Il a dépeint une situation socioéconomique déplorable au Honduras.  Selon lui, parler des PMA oblige à parler de l’ordre international injuste.  Il a argué que le système capitaliste est un véritable problème pour les 46 PMA engagés dans un labyrinthe sans issue.  On nous indique la voie à suivre, mais, a-t-il dit, le système actuel est injuste et donc peu viable.  Et dans ces conditions, il serait illusoire de parier sur la réalisation des ODD, a-t-il dit en évoquant un « mur » fait de financements insuffisants, de guerres et d’autres obstacles.  Nous ne sommes pas responsables de problèmes géopolitiques ou de la pollution qui a conduit aux changements climatiques, a-t-il dit.  À ceux qui veulent aider les PMA, il a demandé de respecter leur souveraineté et d’aller vers eux sans essayer d’imposer leurs conditions.

M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH, Ministre des affaires étrangères du Libéria, qui s’exprimait au nom du Président du Libéria, M. George Manneh Weah, a espéré que la Conférence LDC5 ouvrira la voie à la mise en œuvre complète des engagements contenus dans le Programme d’action de Doha en faveur des PMA (2022-2031) et dans la Déclaration politique de Doha, en vue de réaliser le Programme 2030 et de ne marginaliser personne.  Si le Programme d’action de Doha est, selon lui, un instrument qui peut conduire les PMA vers la prospérité, les aspirations de ces pays en termes de développement continuent d’être étouffées par des défis multiformes, notamment pour traduire dans la réalité le Programme d’action d’Istanbul.  Les efforts déployés par les PMA pour mettre en œuvre leurs plans et programmes nationaux de développement restent entravés par le manque de financement adéquat, tant au niveau interne qu’externe, a souligné le représentant.  Pourtant, la reprise mondiale dépend de l’obtention par les PMA du soutien dont ils ont besoin, notamment des investissements audacieux dans des programmes de santé, d’éducation et de protection sociale, ainsi que des ressources nécessaires à la mise en œuvre intégrale du Programme 2030, a-t-il fait valoir.  Dans ce contexte, la voie de la prospérité doit commencer par des actions concrètes dans le cadre de la coopération internationale et des partenariats stratégiques, y compris l’augmentation de l’aide publique au développement et l’accès au financement du développement. 

Sur le plan national, en tant que PMA depuis plus de 30 ans, le Libéria a connu des défis majeurs, a souligné le représentant.  Néanmoins, le pays a continué à avancer à grands pas vers le développement et la prospérité, a-t-il expliqué.  Sous la houlette du Président Weah, le dernier plan quinquennal de développement national, intitulé « Programme en faveur des pauvres pour la prospérité et le développement », représente l’expression la plus complète de la détermination commune à instaurer la paix, la stabilité, le développement, la démocratie et la prospérité, et à réduire l’extrême pauvreté, à combattre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement, et à s’attaquer aux obstacles structurels à la croissance économique et au développement national. 

M. MAMADOU TANGARA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et des Gambiens à l’étranger de la Gambie, a indiqué que le Programme d’action d’Istanbul pour les PMA a servi à son pays de stratégie de réduction de la pauvreté et de cadre de coopération avec les partenaires de développement.  Le prédécesseur du Programme d’action de Doha, a-t-il témoigné, a aussi permis à la Gambie de mettre sur pied des politiques de croissance économique, de commencer à reconstruire en mieux et de « retrouver une place honorable dans le concert des nations ».  Le Ministre a espéré que son pays parviendra à relever les défis liés à la pandémie, au conflit en Europe et au fardeau de la dette, ainsi que ceux dus à son accès limité aux marchés internationaux, à son incapacité d’attirer des investissements directs étrangers et à sa vulnérabilité face aux changements climatiques.  Il a précisé que le Gouvernement gambien vient de lancer son plan de développement national 2023-2027 pour « passer du potentiel à la prospérité ».  Selon lui, « le processus de reclassement passe par une priorisation des urgences », à commencer par la crise climatique à laquelle le pays est très exposé, avec une fréquence accrue d’événements météorologiques extrêmes et une élévation continue du niveau de la mer.  Autant de menaces dont la Gambie est incapable de couvrir les coûts, a-t-il prévenu, avant d’appeler à l’aide bailleurs et partenaires via de nouvelles ressources pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques. 

Mme OLIVIA RAGNAGHNEWENDÉ ROUAMBA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur du Burkina Faso, a expliqué que son pays a enregistré des progrès importants dans les huit domaines retenus au Burkina Faso du Programme d’actions d’Istanbul en citant une série de statistiques et de chiffres, notamment l’accroissement du taux net de scolarisation passé de 57,4% en 2010 à 69,9% en 2020, du taux d’accès à l’électricité passé de 15,6% en 2011 à 24,5% en 2020, et du taux d’accès à l’eau potable passé de 68,5% en 2012 à 76,4% en 2020.  Ces acquis ont été réalisés dans un contexte national marqué par des défis persistants dans le domaine de la sécurité ainsi que dans les secteurs sociaux de base, la création d’emplois décents, l’égalité de genre et la lutte contre la pauvreté, a tenu à préciser la Ministre.  Elle a insisté sur la mise en cohérence des actions humanitaires, de sécurité et de développement, ce qui a conduit le pays à adopter l’approche fondée sur le lien entre l’humanitaire, le développement et la sécurité par le renforcement de la résilience, de la stabilité et de la sécurité ainsi que pour l’établissement de cycles de planification conjoints.  Au 1er janvier 2023, la crise sécuritaire a entraîné le déplacement de 1 850 293 personnes dont 61,29% d’enfants et 22,12% de femmes ainsi que la fermeture de 6 253 établissements scolaires et plus de 200 centres de santé, a-t-elle précisé, faisant remarquer que cela a fragilisé davantage le pays et limité la mise en œuvre des ODD.  Malgré cela, le Burkina Faso a adopté le Plan d’action pour la stabilisation et le développement 2023-2025 qui est en phase avec le Programme d’action de Doha et qui devrait permettre, à terme, de restaurer l’intégrité du territoire, d’apporter des réponses urgentes à la crise humanitaire, d’améliorer la gouvernance et de refonder l’État ainsi que de mener à la réconciliation nationale.  La bonne mise en œuvre du Plan d’action implique un partenariat mondial favorable, une plus grande solidarité et une coopération Sud-Sud plus renforcée, a-t-elle conclu. 

M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre fédéral des affaires européennes et internationales de l’Autriche, évoquant l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, a déclaré que « si nous laissons prévaloir la loi du plus fort, la sécurité du monde entier sera en danger, à commencer par la sécurité des petits pays ».  Le Ministre a en outre rappelé que des décennies de développement ont été balayées par la pandémie de COVID-19, les crises financières et les catastrophes naturelles.  Dans ce contexte, les pénuries, la flambée des prix de l’énergie et des produits alimentaires ont frappé tout particulièrement les PMA.  Exprimant sa solidarité avec ces pays fragiles, il a indiqué que l’Autriche leur prête assistance via l’aide publique au développement et l’aide humanitaire.  Après avoir jugé essentiel que l’ONU reste au centre des efforts de coopération internationale, il a rappelé que deux agences onusiennes basées à Vienne, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), jouent un rôle important pour les PMA.  Il s’est enfin félicité que le Bhoutan, PMA prioritaire pour la coopération de l’Autriche, soit reclassé cette année, se disant convaincu que beaucoup d’autres pays de cette catégorie suivront cet exemple en appliquant les recommandations du Programme d’action de Doha. 

Mme ROSE POLA PRICEMOU, Ministre du plan et de la coopération internationale de la Guinée, a expliqué que son pays est « en chantier » en matière de lutte contre la corruption, d’assainissement des finances publiques, de lutte contre le terrorisme, et pour ce qui est du retour à l’ordre constitutionnel.  Le Gouvernement a intégré le Programme 2030 dans son plan national de développement et s’attèle à l’amélioration du niveau de vie de la population, a-t-elle indiqué.  La Guinée, qui défend depuis l’indépendance la coopération Sud-Sud, a proposé la création de l’Institut international de développement et de coopération Sud-Sud qui devrait avoir son siège à Conakry et sera opérationnel cette année, a en outre annoncé la Ministre. 

M. SERGEY VERSHININ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a estimé que la situation de retard des PMA est largement due au colonialisme.  L’objectif final est d’éliminer la pauvreté, a-t-il relevé en constatant la diminution progressive de l’aide publique au développement (APD) qui reste pourtant la principale source de financement du développement des PMA.  Il a indiqué que le volume total des dépenses de la Russie en matière d’APD s’élève à 1 milliard de dollars par an, dont une part importante est consacrée aux PMA.  Il a rejeté les tentatives de « politiser » le débat par ceux qui rendent la Russie responsable de la dégradation de la situation économique mondiale.  Selon lui, il ne faut pas mélanger les causes et les conséquences.

M. FREDERICK MAKAMURA SHAVA, Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, a estimé que les PMA sont « le champ de bataille sur lequel le Programme 2030 sera gagné ou perdu ».  En tant que pays en développement sans littoral, a-t-il dit, son pays comprend parfaitement le sort des PMA car il partage des défis similaires.  Si les conflits, les tensions commerciales, la pauvreté structurelle, les inégalités et le chômage continuent d’entraver le rythme des progrès dans les PMA, ceux d’entre eux qui n’ont pas de littoral ou font partie des petits États insulaires en développement (PEID) sont encore plus vulnérables, a constaté le Ministre, d’autant plus qu’ils font face à des coûts de production et de transport plus élevés et au faible avantage comparatif de leurs exportations.  Selon lui, la communauté internationale devrait garantir l’accès des PMA aux marchés, éliminer les barrières tarifaires et non tarifaires et renforcer les capacités et le transfert de technologies vers ces pays qui ont besoin de surmonter la médiocrité de leurs infrastructures et leur faible productivité.  Il est donc grand temps selon lui que toutes les parties prenantes, dirigées par les pays développés, les institutions financières internationales, les banques multilatérales de développement et le secteur privé, tiennent leurs engagements, faute de quoi les opportunités du Programme d’action de Doha seront manquées.  Il a enfin rappelé que les PMA sont en première ligne de la crise climatique, même si leurs populations ont à peine contribué aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. 

M. DANIYAR AMANGELDIEV, Ministre de l’économie et du commerce du Kirghizistan, a souligné le succès de certains pays à sortir de la catégorie des PMA.  Il faut les accompagner dans le processus de reclassement, a-t-il dit, en exhortant à ne pas diminuer l’aide internationale, en particulier l’aide publique au développement (APD).  Ces PMA ont besoin d’appui dans la lutte contre les changements climatiques, l’éducation et le financement.  Pour sa part, a informé le Ministre, le Gouvernement du Kirghizistan leur apporte une contribution en matière de préparation aux futurs chocs et dans le processus de reclassement.  Il a souligné l’importance de la libéralisation de l’économie, d’un système foncier stable, de la promotion de l’investissement, d’un système fiscal moderne, du respect des droits humains, et de la réforme juridique et judiciaire.  Le Gouvernement s’efforce en outre d’améliorer la compétitivité dans le secteur de l’exportation. 

Mme GUNDA REIRE, Secrétaire parlementaire du Ministère des affaires étrangères de la Lettonie, a rappelé que la Russie a entamé une guerre d’agression contre son paisible voisin l’Ukraine, portant atteinte au droit international et aux principes de la Charte des Nations Unies.  L’impact de cette agression s’étend bien au-delà de l’Europe.  « L’accès à la nourriture est le plus élémentaire des droits de l’homme, et nous ne devons pas permettre à la Russie de militariser ce droit », a-t-elle lancé.  L’intervenante a indiqué que la Lettonie est également prête à offrir son savoir-faire et des solutions intelligentes pour promouvoir une agriculture durable, la gestion de l’eau, ainsi que l’accompagnement et le renforcement des petites et moyennes entreprises.  En tant que pays avec l’un des pourcentages les plus élevés de professionnels de l’informatique, la Lettonie entend en outre encourager les plus jeunes à devenir des innovateurs. 

Mme YVETTE SYLLA, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a plaidé pour que la sortie de la catégorie des PMA soit considérée comme un problème global nécessitant l’appui de toute la communauté internationale.  Pour s’y préparer, a-t-elle précisé, Madagascar s’est dotée d’un « plan d’émergence » qui vise à améliorer les conditions de vie du peuple malgache.  Fondé sur l’idée d’une « territorialisation du développement », ce plan prend en compte les critères économiques, politiques et de coopération internationale dans le but de réduire la pauvreté et les inégalités, a expliqué la Ministre, qui s’est félicitée qu’en cette période de ruptures majeures, le Programme d’action de Doha ait choisi de « privilégier la continuité » en reconduisant les six domaines prioritaires pour les PMA.  Dans ce cadre, « Madagascar souhaite bénéficier d’un accompagnement en tant que pays en développement extrêmement vulnérable aux chocs climatiques ».  Décrivant son pays comme « l’un des derniers paradis sur Terre », la Ministre a assuré que son gouvernement entend préserver l’île pour les générations futures.  Elle a également jugé essentiel de revitaliser les programmes d’investissement et de commerce pour les PMA et de tenir les promesses d’accès aux marchés.  Madagascar ambitionne de devenir le « grenier de l’océan Indien », a informé Mme Sylla, et s’est engagée à cette fin dans un pacte national pour l’alimentation et l’agriculture.  Elle s’est prononcée pour la création d’une banque alimentaire mondiale et a appelé à ne pas utiliser le commerce alimentaire comme outil de guerre.  Enfin, elle a exhorté les partenaires techniques et financiers des PMA à contribuer de manière qualitative et quantitative au développement de ces pays, avant de conclure sur un avertissement: « soit nous progressons ensemble, soit nous périssons ensemble ». 

Mme SIM ANN, Ministre d’État, Ministre des affaires étrangères et du développement national de Singapour, a demandé à redoubler d’efforts pour aider les PMA qui sont confrontés de manière disproportionnée aux pires difficultés.  Ces pays ont besoin d’un accompagnement dans la résilience climatique, a précisé la Ministre qui a aussi souligné les demandes d’assistance technique et financière dans ce domaine.  Elle a appelé à régler le fardeau de la dette et préconisé la réforme du système financier international.  La Ministre a également plaidé pour combler le fossé numérique en investissant dans les infrastructures numériques et l’éducation.  Singapour s’associe à l’appel lancé pour renforcer les partenariats, notamment la coopération Sud-Sud, et le Gouvernement travaille avec les Nations Unies dans la région Asie-Pacifique.  La Ministre a précisé que quelque 150 000 représentants gouvernementaux des PMA reçoivent des formations sur différents aspects du développement à Singapour.  L’accent est mis sur la résilience et le développement du marché du carbone, a-t-elle fait savoir.  Travaillons ensemble pour que les PMA puissent atteindre leurs objectifs de développement, a-t-elle exhorté en conclusion.

M. JEREMIAH MANELE, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon, a appelé à réduire les inégalités entre nations.  Au sujet du reclassement de son pays prévu en fin 2024, il a souligné que le processus pour y parvenir a été entaché d’obstacles tels que la pandémie de COVID-19 et l’insécurité alimentaire.  Au vu de ce contexte, le Ministre a demandé un report de son reclassement de trois ans, qui devrait donc intervenir en décembre 2027.  Ainsi, le pays a déjà établi une feuille de route qui arrive à échéance fin 2027 et qui prépare sa transition en douceur, a-t-il expliqué.  Il a enfin appelé à modifier la méthodologie de désignation des PMA qui utilise encore exclusivement le critère du PIB par habitant.

M. JEAN VICTOR GENEUS, Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti, a rappelé que la LDC5 a lieu pendant que son pays connaît une situation difficile marquée par l’instabilité politique, l’insécurité, la faillite du modèle économique et de multiplies défis qui rendent le pays extrêmement fragile et vulnérable.  Combinées à tout cela, l’insécurité galopante et la violence des gangs armés mettent à mal les gains réalisés au cours de la dernière décennie en matière de lutte pour la réduction de la pauvreté et le développement socioéconomique.  Le Ministre a déploré en conséquence une augmentation de l’insécurité alimentaire et l’affaiblissement des systèmes de santé déjà fragiles.  Pour accompagner les PMA, il a appelé à l’avènement d’un système multilatéral plus robuste et inclusif, fondé sur la coopération, la solidarité et la confiance mutuelle.  Ce qui demande un changement à la fois des modèles de gestion et des comportements, et un financement adéquat pour produire des résultats de qualité, a-t-il argué.  Il est donc important d’éviter la fragmentation des efforts et de mettre en commun les ressources entre les secteurs et les acteurs de manière efficace. 

M. JEYHUN AZIZ OGLU BAYRAMOV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a estimé que cette conférence, organisée tous les 10 ans, est une bonne occasion d’évaluer les réalités postpandémiques et l’efficacité du partenariat mondial au regard des difficultés générales de 1,1 milliard de personnes vivant dans 46 PMA.  Il s’agit non seulement de montrer notre solidarité avec la partie la plus vulnérable du monde, mais aussi de renouveler notre engagement envers le pacte mondial entre les PMA et leurs partenaires de développement, a-t-il déclaré, rappelant au passage que la grande majorité de ces pays sont membres du Mouvement des pays non alignés présidé depuis 2019 par l’Azerbaïdjan.  En s’impliquant étroitement dans le processus de développement mondial, l’Azerbaïdjan s’acquitte avec succès de sa mission de donateur en apportant une aide aux personnes touchées par des catastrophes naturelles ou causées par l’homme à travers le monde, ainsi qu’aux pays confrontés à des difficultés économiques, y compris les PMA, a poursuivi le Ministre.  Il a précisé à ce sujet que son pays a fourni une aide à plus de 130 pays, notamment à 43 des 46 PMA qui ont reçu une assistance éducative, technique, financière, sanitaire et humanitaire.  Pour soutenir la lutte de ces pays contre la COVID-19, l’Azerbaïdjan a également fourni une aide financière et humanitaire à plus de 80 pays, dont 25 PMA, a encore relevé le Ministre, qui a réitéré l’engagement de son pays à renforcer la résilience des PMA et à contribuer à leur développement en vue de relever les défis permanents auxquels ils sont confrontés. 

M. ODONGO JEJE ABUBAKHAR, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a dit que son gouvernement met l’accent sur la réalisation du Programme 2030 à travers son troisième plan national de développement visant à améliorer les conditions de vie et le pouvoir d’achat des populations.  Rappelant les principales priorités du Programme d’action de Doha, le Ministre a déclaré que l’Ouganda mise aussi sur l’éducation, la science, la technologie et l’innovation.  Il a dénoncé le nationalisme vaccinal durant la pandémie auquel il a conseillé de répondre par le développement d’industries pharmaceutiques dans les PMA.  Le commerce international doit donner une marge de manœuvre pour le développement de la science, de la technologie et de l’innovation en levant les restrictions liées aux propriétés intellectuelles, a-t-il recommandé.  Le Ministre a aussi demandé d’accompagner les efforts des PMA pour faciliter les échanges régionaux dans le cadre des zones de libre-échange comme celle de l’Afrique.  S’agissant de la lutte contre les changements climatiques, il a parlé du projet lancé par le Gouvernement ougandais pour arrêter la dégradation environnementale et pour favoriser la reforestation.  Le Ministre a également plaidé pour une coopération internationale renforcée et pour le renouvellement des partenariats afin de surmonter les défis auxquels sont confrontés les PMA.   

M. ALEXANDER PULEV, Ministre de l’innovation et de la croissance de la Bulgarie, a décrit son pays comme une nation bâtie sur le principe de la solidarité.  Malgré ses ressources financières limitées, la Bulgarie n’a jamais cessé de soutenir les PMA via des aides, des allègements de dette et des formations, a-t-il affirmé, faisant également état de dons de vaccins au Bangladesh et au Bhoutan, ainsi que de partenariats économiques avec plusieurs pays de cette catégorie.  Se disant convaincu que la façon la plus efficace d’accompagner les PMA n’est pas de leur fournir des biens et des services mais de les soutenir dans leur capacité d’exportations et de les aider à mettre en place des sites de production locale, il a indiqué que la Bulgarie a investi dans de tels projets en Afrique et en Asie du Sud en employant des talents locaux.  De même, a-t-il ajouté, les entreprises bulgares de technologie financière développent des services mobiles dans plusieurs PMA pour aider à la création d’entreprises.  Il s’agit, a-t-il conclu, d’une politique d’investissements conjoints et de transfert de technologies au service du développement durable. 

Mme GLENYS HANNA-MARTIN, Ministre de l’éducation et de l’enseignement technique et professionnel des Bahamas, a rappelé que même si son pays est classé « pays à revenu intermédiaire », il fait face aux mêmes défis que les PMA tels que le poids de l’endettement, les difficultés à obtenir des prêts concessionnels pour le financement du développement, les critères difficiles du reclassement, les vulnérabilités aux chocs externes, la rupture des chaînes d’approvisionnement et les conséquences de la guerre en Ukraine.  Ces crises combinées ont inversé les progrès réalisés, a regretté la Ministre qui a appuyé l’attention portée par le Programme d’action de Doha sur le financement climatique.  Elle a aussi souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et triangulaire et des partenariats au niveau mondial dans le cadre de l’appui aux PMA.

M. BARNABA MARIAL BENJAMIN, Ministre des affaires présidentielles du Soudan du Sud, a rappelé que son pays est le dernier né de la communauté internationale, avant de se féliciter de la tenue de cette conférence qui met en lumière les difficultés des PMA.  Il a toutefois relevé que les conférences précédentes avaient des objectifs dont la plupart n’ont pas été tenus.  À Istanbul, en 2011, les États Membres avaient ainsi pour ambition de faire sortir la moitié des PMA de leur statut d’ici à 2022.  « La leçon à tirer est que c’est à nous, pays en développement, de jouer un rôle de premier plan pour atteindre nos propres objectifs de développement », a-t-il commenté, estimant qu’il n’existe pas de modèle universel en la matière.  De plus, les plans et les politiques visant à faire sortir les PMA de leur catégorie sont souvent entravés par des catastrophes naturelles qui s’ajoutent à tous les problèmes structurels.  Rappelant à cet égard que six PMA ont connu des crues dévastatrices ces dernières années, il a souligné le fait que surmonter ces aléas climatiques exige des investissements colossaux.  Nous devons trouver des solutions techniques permettant d’atténuer les conséquences de ces crues, ce qui implique un soutien accru de nos partenaires internationaux, a-t-il plaidé, avant de constater que les programmes d’aide humanitaire seuls ne suffisent pas.  À cette aune, le Ministre a appelé l’ONU et les partenaires internationaux à assurer la transition des PMA de l’humanitaire au développement.  Il a enfin jugé que les sanctions ciblées contre son pays n’ont eu pour conséquences que de l’affaiblir.  « Notre crédibilité est menacée et les investisseurs nous fuient », a-t-il déploré, affirmant que la sécurité et la prospérité économique sont les deux faces d’une même médaille.  Il a en conclusion invité la communauté internationale à soutenir la levée de l’embargo sur les armes au Soudan du Sud.

M. RABIOU ABDOU, Ministre du Plan du Niger, a souligné que depuis la création en 1971 de la catégorie des PMA, dont le Niger fait partie, seulement sept pays ont pu se reclasser et qu’au lieu de diminuer en nombre, la catégorie est passée de 21 à 46 États aujourd’hui.  Après cinq conférences diplomatiques majeures assorties de mesures spécifiques pour répondre aux besoins de ces pays, a-t-il constaté, les défis originaux semblent restés entiers, voire aggravés par de nouveaux facteurs, comme les conflits, les changements climatiques et les pandémies.  Il en résulte que 40% des pauvres du monde vivent dans les PMA ainsi que 76% des 2,9 milliards de personnes non encore connectées à Internet.  Aujourd’hui, a noté le Ministre, le monde est entré dans une nouvelle ère qui appelle à des modes de production et de consommation durables, au moyen de technologies respectueuses de l’environnement, en mettant au centre de toutes les innovations la numérisation et la connectivité.  À l’évidence, une telle situation est porteuse de nouveaux défis pour les PMA, puisque les nouvelles technologies et la croissance verte ne sont pas encore totalement à leur portée.  Dans son rapport 2022 sur les PMA, la CNUCED a exposé les conséquences redoutables que la transition vers une économie sobre en carbone peut avoir sur la transformation structurelle des PMA, s’est inquiété le Ministre en rappelant qu’ils sont majoritairement producteurs de produits de base fossiles et monoproducteurs.  Il a donc jugé nécessaire de leur accorder un traitement spécial et différencié en matière de transition énergétique.  Il a salué le Programme d’action de Doha qui aborde cette problématique en intégrant pleinement les questions de science, de technologie, d’innovation, de changements climatiques, de résilience et de renforcement des capacités dans ses axes prioritaires. 

M. YVAN GIL PINTO, Ministre du pouvoir populaire pour les relations extérieures du Venezuela, qui a constaté le recul dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, a souhaité que le Programme d’action de Doha ne connaisse pas le même sort.  Nous sommes victimes du modèle capitaliste qui crée faim et pauvreté dans le monde, a dénoncé le Ministre.  Selon lui, il faut exiger un accès équitable aux vaccins, aux médicaments et aux financements, et garantir la sécurité alimentaire dans les PMA qui ont besoin d’un accompagnement immédiat.  En outre, les pays développés doivent respecter leurs engagements dans le cadre de l’aide publique au développement (APD) et lever les mesures coercitives unilatérales ainsi que les embargos qui frappent de nombreux pays.  Il a suggéré des mesures d’annulation ou d’allègement des dettes qui ne sont plus soutenables, et la réforme des droits de tirage spéciaux pour qu’ils deviennent des sources de financement pour le développement.  Enfin, il a plaidé pour les transferts de technologie et les partenariats Sud-Sud. 

M. SAID BIN MOHAMMED AL SAQRI, Ministre de l’économie d’Oman, s’est réjoui de la tenue de cette conférence qui est l’occasion d’œuvrer ensemble et d’échanger des solutions communes sur des problèmes communs.  Rappelant que ce rendez-vous a lieu dans un contexte international volatile, il a noté que tous les pays, y compris les pays développés, souffrent des crises induites par ces perturbations.  Mais les PMA sont également affectés par des conflits, la pauvreté extrême et un faible niveau de développement, a-t-il ajouté.  Ces pays ne peuvent prétendre au développement durable en raison de l’accumulation de leur dette et d’une crise financière exacerbée par la pandémie de COVID-19.  Tous les États doivent donc redoubler d’efforts pour aider les PMA à surmonter ces problèmes et à changer de modèle de développement, a plaidé le Ministre, avant d’appeler la communauté internationale à soutenir leurs plans de reconstruction.  Se disant convaincu que la paix dans le monde est ce qu’il y a de plus important pour les peuples et leur prospérité, il a jugé essentiel que les participants à cette conférence intensifient leur coopération afin de contribuer à la paix dans les PMA et de renforcer leur trajectoire vers le développement durable. 

Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, a appelé à reconnaître les efforts des PMA qui sont illustrés par le fait que six pays ont pu se faire reclasser ces dernières années.  Ce succès ne cache pas les échecs, a en même temps mis en garde la Ministre pour qui les PMA ne reçoivent plus suffisamment d’aide et continuent de ployer sous le poids croissant de l’endettement.  Les PMA ont besoin d’aide pour sortir de ce cycle et pour assurer leur développement socioéconomique, a insisté la Ministre.  Elle a aussi souligné leur besoin d’infrastructures numériques pour tirer parti de la technologie numérique.  Il faut en outre soutenir les projets de reforestation des PMA, a recommandé la Ministre.  Elle a donc conclu que les pays développés peuvent faire davantage, insistant sur l’urgence de l’action climatique, notamment pour l’atténuation des effets des changements climatiques.  Les PMA nécessitent qu’on les aide à faire face aux chocs futurs, à l’endettement et au développement du numérique, a-t-elle demandé. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a observé que la LDC5 se tient alors que le contexte international est marqué par des crises multiples qui ont de graves répercussions sur les pays les plus pauvres.  Face à ces crises, la communauté internationale doit exprimer sa solidarité avec les PMA en s’efforçant de les accompagner vers le développement durable, a plaidé le représentant.  Pour ce faire, il importe d’alléger leur dette et d’appuyer la diversification de leur économie, mais aussi de leur donner accès aux marchés et aux technologies et de les aider à faire face aux catastrophes climatiques.  Le Maroc coopère avec les PMA, a-t-il affirmé, précisant qu’il s’agit là d’une priorité de sa politique étrangère.  Le Gouvernement marocain souhaite accompagner au mieux ces pays par le biais de programmes de développement et un meilleur accès aux vaccins et aux engrais.  M. Hilale a ainsi fait état de mesures destinées à favoriser les exportations vers les PMA et de bourses pour les étudiants africains.  Sur le plan climatique, il a rappelé que son pays a organisé en 2016 la COP22, au cours de laquelle un appel a été lancé pour soutenir la filière agricole face au dérèglement du climat.  Le Maroc a outre accompagné 20 pays africains sur le chemin de la résilience postpandémique, a-t-il ajouté, avant d’appeler les partenaires de développement à coordonner leurs efforts en faveur de ces pays vulnérables. 

Mme PILAR CANCELA RODRÍGUEZ, Secrétaire d’État chargée de la coopération de l’Espagne, a préconisé l’union pour affronter les défis auxquels sont confrontés les PMA.  Certains d’entre eux sont les premiers partenaires de la coopération de l’Espagne, a rappelé la Ministre annonçant l’adoption récente d’une loi qui oblige le Gouvernement espagnol à consacrer 0,7% du budget au développement, dont 10% à l’aide humanitaire.  Elle a informé que le cinquième Plan directeur de coopération de l’Espagne vise à développer des projets dans les communautés de base des pays aidés.  Le Gouvernement a aussi développé un cadre d’association avec cinq pays africains qui sera étendu à l’Éthiopie cette année, a-t-elle ajouté.  Face à l’aggravation des défis, il faut toujours garder le cap des ODD, a exhorté la Ministre annonçant la poursuite de l’aide financière espagnole dans le cadre des institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international.  À cet égard, elle a mis l’accent sur l’importance de l’allégement de la dette.  Elle a aussi souhaité voir rattraper le retard de développement accumulé à cause de la pandémie, depuis 2020.  Le Programme d’action de Doha est solide et doit être notre fil directeur pour la prochaine décennie, a-t-elle conclu. 

Mme MIRYAN VIEIRA, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération de Cabo Verde, a estimé qu’accélérer la marche des PMA vers la prospérité nécessite une meilleure coopération et davantage de solidarité avec ces pays, mais aussi de meilleurs outils de financement afin qu’ils puissent atteindre les objectifs inscrits dans le Programme d’action de Doha.  Rappelant à cet égard que Cabo Verde est passé de la catégorie des PMA à celle des pays à revenu intermédiaire inférieur en 2008, après avoir satisfait aux critères du PIB par habitant et de l’indice de capital humain, elle a reconnu que son pays reste confronté à de nombreux défis auxquels les PMA font face.  Bien que certains progrès aient été réalisés, les défis pour une transformation structurelle soutenue demeurent en raison de notre manque de ressources naturelles et de notre forte vulnérabilité aux changement climatiques et aux chocs externes, a-t-elle expliqué.  Alors que le Programme d’action d’Istanbul se fixait comme objectif de permettre à la moitié des PMA d’atteindre le seuil du reclassement, force est de reconnaître que la pauvreté, le manque de diversification économique et les barrières structurelles prévalent dans de nombreux PMA, principalement ceux du continent africain et ceux à haut niveau de vulnérabilités tels que les PEID, a poursuivi la Vice-Ministre, appelant à des partenariats mondiaux et inclusifs pour atteindre les objectifs révisés du nouveau programme d’action.  Sur la base de son expérience de pays reclassé, Cabo Verde est favorable à un mécanisme de suivi plus robuste, a-t-elle conclu. 

Mme PEPE LUTERU (Samoa), au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a dit que cette conférence vise à ce que dans 10 ans, on n’ait plus besoin d’organiser de nouvelles réunions sur les PMA.  D’ici là, lesdits pays devraient tous être sortis de cette catégorie.  La représentante s’est inquiétée de l’impact profond de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine sur la réalisation des ODD.  Le coût du relèvement dépasse largement les possibilités, a-t-elle regretté, avant de prier la communauté internationale d’aider les PMA, en particulier les pays membres de l’AOSIS.  Elle a déploré que les besoins spécifiques des petits États insulaires en développement (PEID) ne soient pas pris en compte, ce qui les éloigne de la perspective du reclassement.   Il ne faut pas oublier le milliard d’individus qui vivent toujours dans la pauvreté dans le monde et risquent d’être laissés de côté, a-t-elle conclu.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a réaffirmé l’engagement de son pays à renforcer sa coopération avec les PMA, dont la situation difficile est encore aggravée par les retombées de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  Nous vivons à une époque où le régime des Taliban foule aux pieds les droits des femmes afghanes et où plus de la moitié de la population yéménite a besoin d’une aide humanitaire, a-t-elle rappelé, avant de saluer l’adoption du Programme d’action de Doha en faveur des PMA et ses domaines prioritaires.  Observant que les effets de la pandémie de COVID-19 sont durables pour ces pays, la représentante a rappelé que l’effondrement du tourisme et la chute des transferts de fonds y ont provoqué une série de problèmes économiques et sociaux.  Dans ce contexte, l’engagement de Malte et son leadership pour les PMA reste sous-tendu par le rôle directeur des ODD, a précisé la représentante, qui a détaillé les contributions de son pays à diverses agences onusiennes ainsi qu’au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Malte s’est aussi efforcée, dans le cadre de sa présidence du Conseil de sécurité, de mettre en exergue les difficultés des petits États insulaires en développement (PEID) et des États côtiers à faible élévation, dont certains sont aussi des PMA. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.