Cinquième Commission: un budget de 5,38 milliards de dollars pour les opérations de paix mais pas d’accord sur les moyens d’améliorer la situation financière de l’ONU
Avec trois semaines et demie de retard, la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a clôturé sa deuxième et dernière reprise de session, en dotant 11 opérations de paix de l’ONU, le compte d’appui à ces opérations, le Centre de services régional d’Entebbe et la Base de soutien logistique de Brindisi d’un budget de 5,38 milliards de dollars, soit, se sont réjouis les États-Unis, environ 100 millions de moins que ce que le Secrétaire général demandait.
Parfois je vous ai poursuivis jusqu’aux petites heures de la nuit, a avoué la Présidente de la Commission, mais je voulais surtout vous soutenir malgré mes petites pressions. Tout sourire, le Contrôleur des Nations Unies s’est félicité d’une séance qui finisse si tôt dans la journée.
Mais la bonne humeur de Mme Egriselda Aracely González López, d’El Salvador, et de M. Chandramouli Ramantan n’a pas pu faire oublier la déception des délégations devant le manque d’accord sur les questions liées à l’amélioration de la situation financière de l’ONU, soumise aux versements tardifs des contributions et aux crises de trésorerie récurrentes depuis 80 ans, a affirmé le Contrôleur.
Amélioration de la situation financière de l’ONU
Cette question fait donc partie de celles qui ont été reportées à la future session du mois d’octobre (A/C.5/79/L.53), montrant par là que la Suisse n’a pas été suivie, au grand dam du Secrétariat de l’ONU qui attendait avec fébrilité une décision sur la règle financière « absurde » que ne cesse de décrier le Secrétaire général, selon laquelle l’ONU est tenue de restituer aux États Membres les fonds non utilisés même s’ils le sont parce qu’ils ont été versés trop tard dans l’année budgétaire.
La pratique « rigide » de restituer les fonds non inutilisés répond certes à une logique procédurale, mais elle nuit à la continuité opérationnelle, reconnaissait la Suisse, le 19 mai dernier. Elle proposait donc un mécanisme permettant de reporter temporairement le retour des crédits, s’indignant qu’à l’heure actuelle, d’importantes sommes soient restituées même quand cela compromet l’exécution du budget annuel.
Ledit mécanisme serait limité dans le temps et enclenché quand le taux d’exécution est inférieur à 90% et quand le manque de liquidités risque de compromettre les activités de l’année suivante. Un tel mécanisme, s’expliquait la Suisse, offrirait à l’ONU « juste assez d’oxygène » pour éviter une paralysie dès le mois de janvier, lorsque les contributions commencent à peine à être reçues.
Financement des opérations de paix (A/C.5/79/35 à 50)
C’est donc d’un budget de 5,38 milliards de dollars dont héritent les opérations à Abyei, en République centrafricaine, à Chypre, en République démocratique du Congo, au Kosovo, au Mali, entre la Syrie et Israël, au Liban, au Soudan du Sud, au Sahara occidental, au Darfour et en Somalie, sans oublier le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix, le Centre d’Entebbe et la Base de soutien logistique de Brindisi. Toutes les résolutions ont été adoptées sans vote, sauf celle sur la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).
Au nom du Groupe des 77 et la Chine, l’Iraq, qui a présenté le texte, a souligné qu’Israël ne s’est toujours pas acquitté du montant de 1 million de dollars dû après l’incident de Cana’a en avril 1996. Il a demandé au Secrétaire général de faire rapport sur la question à la prochaine session de l’Assemblée générale.
En réponse, Israël a proposé un amendement visant la suppression de l’alinéa 4 du préambule et des paragraphes 4, 5 et 14 du dispositif relatif à ces réparations. Après le vote demandé par le Groupe des 77 et la Chine, l’amendement a été rejeté par 79 voix contre, 5 voix pour (Argentine, Canada, États-Unis, Israël et Paraguay) et 53 abstentions. À la demande d’Israël, le vote sur la résolution dans son ensemble s’est conclu par 134 voix pour, 3 voix contre (Argentine, États-Unis et Israël) et l’abstention du Canada.
Au nom de l’Union européenne, la Pologne s’est dite préoccupée par la tendance à mettre aux voix des textes financiers. Notre Commission est chargée des questions administratives et budgétaires dont le mandat est d’assurer l’exécution des programmes. Elle ne saurait lancer des débats sur les aspects politiques du financement des missions.
L’incident de Cana’a, a rappelé la Pologne, a fait l’objet, en 1996, d’un débat et d’une résolution de l’Assemblée générale. Les États-Unis ont, à leur tour, réitéré leur opposition à l’idée de demander à Israël de verser le montant de 1 million de dollars qui devrait être à la charge des États Membres. Exploiter un texte financier à des fins politiques est tout simplement inapproprié, ont tancé les États-Unis.
Nous réitérons, a acquiescé Israël, l’importance de préserver le caractère technique de la Cinquième Commission qui ne peut devenir une plateforme pour promouvoir des objectifs politiques, au risque de mettre à mal la crédibilité des Nations Unies. Nous rejetons toute idée d’utiliser les résolutions de cette Commission pour nous pointer du doigt. Ces deux poids, deux mesures n’ont pas leur place ici, a martelé Israël.
Résolution sur le rapport du Comité des commissaires aux comptes (A/C.5/79/L.51)
La Fédération de Russie a tenu à souligner que les recommandations du Comité visent avant tout à prévenir les dépenses superflues, notamment pour des biens qui représentent un danger environnemental. La mise en œuvre de ces recommandations peut permettre de renforcer l’efficacité de la gestion des stocks. Elles ne doivent en aucun cas faire l’objet d’un réexamen et d’une interprétation erronée.
Déclaration de clôture et déception sur le manque d’accord sur l’amélioration de la situation financière de l’ONU
La Commission, qui a également adopté une résolution sur le plan de réhabilitation de l’Office des Nations Unies à Genève (A/C.5/79/L.52), a entendu sa Présidente saluer le dévouement et le dur labeur de tous les coordonnateurs des négociations, avant que l’Iraq, au nom du Groupe des 77 et la Chine, ne se montre préoccupé par l’absence d’accord sur les moyens d’améliorer la situation financière de l’ONU.
Tous les efforts possibles ont été faits pour parvenir au consensus, dans un véritable esprit de compromis pour trouver des solutions aux problèmes de liquidités récurrents qui secouent l’ONU, a affirmé l’Iraq. Au nom du Conseil de coopération du Golfe, le Koweït a réclamé des discussions plus approfondies au cours de la prochaine session et davantage de clarté sur le montant des contributions versées, tout comme l’Union européenne qui a dit: « l’accord sur le financement des opérations de paix n’a de sens que si les sommes décidées sont effectivement mises à la disposition de l’ONU ».
Poursuivant, le Mexique, appuyé par le Japon, a relevé que le grand défi est désormais de se mettre d’accord sur la manière de sortir l’Organisation de l’asphyxie budgétaire. En attendant, le Royaume-Uni s’est félicité de ce que la Commission ait réussi à réduire le budget des opérations de paix. Ce budget est de 5,38 milliards de dollars, soit à peu près 100 millions de dollars de moins que ce que demandait le Secrétaire général, se sont réjouis les États-Unis.
En tant que deuxième contributeur au budget des opérations de paix, la Chine a appelé à la discipline budgétaire et à des économies plus substantielles, mettant en garde contre tout gaspillage des ressources. Elle n’a pas pour autant oublié d’imputer les crises de liquidités aux agissements du « principal contributeur ».
L’Iraq a aussi regretté l’absence d’accord sur les questions transversales et les opérations de paix clôturées. L’Union européenne n’a pas dit autre chose en dénonçant l’obstination de certaines délégations à faire obstacle à tout compromis. Il est temps de changer nos méthodes de travail, a-t-elle estimé. Comme elle, le Groupe des États d’Afrique a, par la voix, de l’Égypte, déploré le manque de progrès sur la composante « appui » des opérations de maintien de la paix, dont le compte d’appui, le Centre d’Entebbe et la Base de soutien logistique de Brindisi.
Sourire aux lèvres, le Contrôleur des Nations Unies s’est dit heureux que la Commission ait fini si tôt dans la journée même s’il a prévenu, à son tour, qu’un budget sans moyen d’exécution ne sert à rien. Nous vivons depuis 80 ans des turbulences financières dues au versement tardif des contributions, a-t-il dit en espérant que la Commission trouve un terrain d’entente. Le Contrôleur a aussi dénoncé le fait qu’après l’adoption des budgets, les délégations reviennent trop souvent avec des demandes de réduction.
Le personnel de l’ONU perd confiance en vous, a-t-il prévenu. Ce que nous faisons ici, a embrayé la Présidente de la Commission, c’est de permettre à l’Organisation et à ses fonctionnaires d’honorer nos engagements à l’égard des peuples du monde. Nous devons nous lancer dans une introspection pour identifier ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, a-t-elle estimé.
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