Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
Table ronde thématique de haut niveau #2 - matin
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LDC5: la deuxième table ronde de la Conférence met en avant les promesses de la technologie numérique pour accélérer le développement des pays les moins avancés

DOHA, 6 mars -- « La science, la technologie et l’innovation au service du développement durable des pays les moins avancés » était le thème de la deuxième table ronde organisée ce matin dans le cadre de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), qui se tient à Doha du 5 au 9 mars.  Une discussion qui a mis à l’honneur la technologie et la science comme outils particulièrement efficaces pour accélérer le développement durable de ces pays, à condition de mieux financer leur divulgation, d’optimiser leur utilisation et de former leurs populations dès le plus jeune âge.

Le Prince héritier du Royaume du Bhoutan vient de recevoir la première carte d’identité numérique émise par le pays, a informé en guise d’introduction le Premier Ministre de Bhoutan, M. Lotay Tshering, qui coprésidait la séance, pour illustrer l’importance de la technologie pour le développement des PMA.  L’autre mesure phare dans ce domaine au Bhoutan consiste en la numérisation des grossesses, depuis 2022, qui entraîne la délivrance d’un acte de naissance numérique aux enfants, a ajouté le Chef du Gouvernement.  Son homologue du Rwanda, Coprésident de la table ronde, M. Édouard Ngirente, a pour sa part rappelé aux participants la nécessité de créer des centres régionaux de technologie proches des PMA.

Pour tirer parti de la science, de la technologie et de l’innovation, M. Maikel Wilms, Directeur de Boston Consulting Group (BCG), a prévenu qu’il ne faut pas s’attendre à des miracles.  Il faut plutôt mettre l’accent sur l’utilisation efficace de la technologie, a-t-il préconisé, citant l’imagerie satellitaire qui permet de prévoir la météo au niveau local et ainsi de prendre des mesures de prévention.  Il a dès lors conseillé d’investir dans les compétences humaines numériques et d’élaborer des lois qui favorisent les « petits systèmes numériques » déjà en place dans les PMA.  À cet effet, a souligné le Directeur de BCG, il y a 30 milliards de dollars de dons promis, de nombreuses technologies prêtes à l’emploi et quelque 200 partenariats en place.  « Les solutions existent. »  Et elles peuvent être obtenues rapidement et adaptées aux différents contextes, a-t-il précisé. 

Intervenante principale de ce débat, Mme Mariin Ratnik, Vice-Ministre de la coopération économique et du développement de l’Estonie, a insisté sur l’importance de la volonté politique pour réaliser ces objectifs, donnant l’exemple de son pays où plus de 80% des services publics sont offerts en ligne.  L’Estonie a copié la Finlande et l’Ukraine pour développer les codes numériques du Gouvernement, a-t-elle confié avant de dire vouloir partager son expérience à son tour.  La Vice-Ministre a précisé que ces services doivent être transparents, inclusifs et centrés sur l’humain, avec les gouvernements en première ligne dans ce domaine.  Le représentant d’Israël a fait une offre similaire, vantant l’excellence de son centre de l’innovation qui œuvre dans les domaines de l’agriculture, de la pêche, des télécommunications et du tourisme.  « Venez au centre et prenez ce qui vous convient », a-t-il invité. 

M. Hasan Mandal, Président de TÜBITAK (Türkiye), a également annoncé la disponibilité de son pays à aider les PMA à réduire le fossé numérique grâce à l’éducation et au partenariat.  À cet égard, nous travaillons avec la Banque de technologies des Nations Unies basée à Istanbul, a déclaré le responsable.  Pour Mme Doreen Bogdan-Martin, Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT), dont l’un des objectifs est d’accompagner les gouvernements et le secteur privé des PMA en matière de numérisation, la volonté politique doit se matérialiser par la mise en place d’un cadre législatif idoine, qui encourage le financement et l’investissement dans le numérique.  L’intervenante a souligné l’importance du coût associé à la technologie, plaidant pour que celle-ci soit à la portée de toutes les bourses.  L’expérience de l’UIT a montré que la numérisation des services publics ne revient pas cher, de même que les infrastructures numériques ne sont pas chères à entretenir. 

Mme Bogdan-Martin a également fait part de l’objectif de l’UIT de connecter à Internet toutes les écoles du monde.  C’est aussi le souhait de la Sierra Leone, a dit le porte-parole du Président de ce pays qui concentre ses efforts dans ce domaine.  En outre, le Gouvernement sierra-léonais a décidé de financer l’éducation des filles qui choisissent la filière scientifique, a-t-il ajouté.  La Ministre de l’éducation des Bahamas a, elle, reconnu que c’est la pandémie de COVID-19 qui a obligé son gouvernement à introduire la connexion Internet dans les 150 écoles primaires du pays.  Également engagée dans cette direction, la Lettonie participe à un projet de l’UNESCO qui vise à faire entrer Internet dans les écoles du monde entier, a déclaré sa Secrétaire d’État aux affaires étrangères. 

Le Ministre du plan des Maldives a prévenu que l’on ne peut faire avancer tout le monde au même rythme, car la technologie ne marche pas de la même manière pour tous les pays.  Elle n’est pas toujours adaptée aux besoins nationaux, notamment dans les secteurs de la pêche et de la finance, selon lui.  La technologie cache de nombreux pièges, a prévenu le Ministre disant que le monde numérique est plein de dangers et appelant à faire preuve de prudence.  Le représentant des jeunes des PMA a lui aussi dénoncé certains risques, comme lorsque les gouvernements bloquent l’accès à Internet pour diverses raisons, y compris pour les jeunes chercheurs qui sont obligés de quitter leurs pays pour développer leurs talents ailleurs.  Ces gouvernements ont en outre coupé les bourses des jeunes chercheurs qui sont ainsi privés de financements et doivent d’autant plus changer de lieux de résidence pour poursuivre leur passion pour la technologie, a regretté le délégué de la jeunesse.  La représentante des organisations non gouvernementales a prévenu pour sa part que la technologie ne fera pas disparaître d’un coup de baguette magique les inégalités systémiques et les problèmes structurels.  Il faut des cadres politiques qui mettent l’humain au centre des préoccupations, a-t-elle recommandé.

M. Omran Hamad AlKuwari, Président-Directeur général de la Fondation internationale du Qatar, a rappelé que son organisation offre des bourses aux étudiants des pays en développement, y compris pour l’éducation numérique des filles.  M. Vellamvelly Muraleedharan, Ministre d’État des affaires extérieures et parlementaires de l’Inde, a également insisté sur l’importance de développer des plateformes numériques dans le secteur de l’éducation.  L’Inde offre plus de 30 000 bourses numériques à des étudiants issus des pays en développement africains, a-t-il témoigné.  Présidente du G20, l’Inde a milité pour faire entendre la voix des pays en développement en matière de technologie du numérique et de besoin en financement dans ce domaine, a indiqué le Ministre en expliquant contribuer au comblement rapide du fossé numérique.  À moins de 10 ans de l’échéance des ODD, le Ministre a espéré que la technologie numérique pourrait ainsi aider à rattraper le retard, en travaillant ensemble et en misant sur ce qui fonctionne.

Ce qui fonctionne, selon M. Mohamed H.A. Hassan, Président de l’Académie nationale des sciences du Soudan et Président du Conseil de la Banque de technologies des Nations Unies, ce sont la recherche scientifique, l’investissement dans la technologie et l’innovation, et une éducation numérique de qualité.  Selon lui, les PMA doivent d’urgence remédier au fait que seules trois de leurs universités sont classées parmi les 1 000 premières meilleures universités du monde.  Ils doivent aussi retenir aux pays le personnel compétent dans le numérique et allouer 10% du budget national dans l’éducation, dont 1% dans la technologie, a conseillé M. Hassan en invitant aussi à consacrer 20% de l’aide publique pour le développement (APD) à la technologie.  Il a rappelé à cet égard que Banque de technologies de l’ONU contribue au déploiement des technologies appropriées vers les PMA y compris pour la gestion des propriétés intellectuelles.  La Banque peut aider à la mise en place d’académies de sciences dans les PMA par le biais notamment du renforcement de capacités et de partenariats. 

Le Premier Ministre de Sao Tomé-et-Principe, M. Patrice Trovoada, qui s’est enorgueilli d’une numérisation avancée de son pays où 100% des 200 000 habitants de l’île ont une ligne téléphonique, a reconnu que cela n’empêche pas les jeunes de vouloir quitter le pays en masse.  C’est pourquoi il a estimé important le développement de la plateforme numérique existante afin de garder au pays les jeunes et de répondre plus généralement aux défis nationaux.  Son homologue du Togo, Mme Victoire Sidémého Tomegah-Dogbe, a dit que la technologie numérique a aidé le pays à surmonter les effets de la pandémie parce que, 10 jours seulement après les premiers cas de COVID-19, le Gouvernement a lancé le programme d’urgence de transfert d’argent pour venir en aide aux familles togolaises.  Le Gouvernement a tiré parti de cette expérience pour la numérisation des services publics, a-t-elle expliqué en appelant la communauté internationale à soutenir ce programme numérique par des investissements et des transferts de technologies.  La Ministre de la coopération internationale de la Slovénie a acquiescé en disant que la technologie numérique nécessite d’importants investissements que n’ont pas les PMA. 

À ce propos, la Secrétaire d’État à la coopération d’Espagne a annoncé l’initiative GIGA pour financer le développement numérique notamment en Amérique latine.  Une nouvelle loi sera promulguée pour consacrer 0,7% du PIB de l’Espagne à l’APD, dont 10% seront alloués à la coopération numérique, a-t-elle fait part.  Dans le même esprit, la Lettonie apporte son aide aux PMA dans l’élaboration de lois sur la technologie numérique, dans la gouvernance numérique ainsi que dans la banque numérique, a fait savoir la Secrétaire d’État aux affaires étrangères de ce pays.  La Ministre d’État des affaires étrangères de Singapour a suggéré pour sa part que les PMA construisent des réseaux à large bande, créent des universités numériques et renforcent l’accès au numérique du public, des domaines où Singapour peut apporter son aide.  La Ministre de la coopération internationale de la Suède a, elle, insisté sur l’importance de la transformation verte pour faire face aux changements climatiques dans les PMA en utilisant, comme le fait son pays, la technologie de fabrication de batteries vertes mise au point en Suède. 

L’avenir sera numérique, a conclu la Grèce insistant sur l’importance de la volonté politique pour accompagner la numérisation dans les PMA.  Il reste à ces pays à créer des plateformes adaptées et investir de façon intelligente.  Grâce à la technologie, le concept de PMA peut désormais appartenir à l’histoire, a prophétisé Israël. 

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