9522e séance – matin
CS/15549

Conseil de sécurité: inquiétudes croissantes face au risque « élevé » de débordement régional du conflit dans la bande de Gaza

Ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique a exprimé sa préoccupation face au risque « élevé » de débordement régional du conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour la stabilité régionale. Afin d’éviter la répétition d’un cycle sans fin de violence, M. Khaled Khiari a notamment prôné l’élaboration d’un plan visant à rétablir un horizon politique devant mener à la « seule possibilité viable d’un avenir pacifique », soit la solution des deux États.

M. Khiari a en effet fait état d’une situation « préoccupante » au Moyen-Orient, faite de nombreux théâtres d’opérations interconnectés.  Tandis qu’à Gaza, les opérations au sol demeurent intenses entre les forces armées israéliennes et les factions du Hamas, les échanges de tirs quotidiens à travers la Ligne bleue font planer le « spectre d’un conflit non maîtrisé ». 

Le haut fonctionnaire a également signalé que les attaques menées contre les bases américaines situées en Iraq et en Syrie sont désormais quotidiennes, s’inquiétant en outre des risques d’escalade en réponse aux menaces à la navigation maritime en mer Rouge. Qui plus est, en Cisjordanie occupée, les dernières semaines ont été marquées par certaines des opérations israéliennes les plus intensives depuis la seconde Intifada.  Ainsi, depuis le 7 octobre, 304 Palestiniens, dont 79 enfants, ont été tués en Cisjordanie occupée, a détaillé M. Khiari, tout en précisant qu’après une hausse consécutive aux attaques du 7 octobre, la violence des colons a diminué en novembre et décembre. 

Israël a fustigé la tenue d’une réunion du Conseil qui ne tient pas compte de la réalité sur le terrain, rappelant que 50 000 civils israéliens ont été déplacés de la frontière nord du fait des attaques du Hezbollah.  Le représentant a assuré qu’Israël se défendra et plaidé pour que le Liban soit tenu pour responsable des tirs provenant de son territoire.  Après avoir condamné cette intensification des combats de part et d’autre de la Ligne bleue, le Japon a prévenu que les « graves répercussions » du conflit étaient déjà en train de se propager.   

Après avoir reconnu que des attaques de colons ont été commises la semaine dernière en Judée et en Samarie, « attaques auxquelles sont opposées les autorités israéliennes », le délégué israélien a jugé qu’il s’agissait « d’une question marginale marquée par le déclin ».  Il a plutôt accusé l’ONU de complicité et d’antisémitisme, en faisant davantage confiance à des « terroristes génocidaires » qu’à un gouvernement démocratique.  Qui plus est, ont constaté les États-Unis, certains membres du Conseil n’arrivent toujours pas à condamner les attaques terroristes du 7 octobre, et rares sont ceux qui appellent le Hamas à se rendre. La délégation a souligné en outre que la mainmise du Hamas sur Gaza constitue une entrave à la solution des deux États tout autant que l’expansion des colonies en Cisjordanie, condamnant la rhétorique « déshumanisante » des deux côtés.

« Nul ne peut prédire le prochain chapitre de cette tragédie, mais tout le monde sait qu’il sera pire », a déclaré pour sa part l’Observateur permanent adjoint de l’État de Palestine qui a prévenu que l’impact des massacres israéliens à Gaza se fera sentir « pendant des décennies » dans la région et dans le monde entier.

Le meurtre de civils palestiniens n’est pas un effet collatéral de la guerre mais bien un « assaut délibéré » contre ceux-ci, tout comme la catastrophe humanitaire à Gaza est un « outil utilisé par Israël pour forcer la population à partir ».  Les arrestations massives, les disparitions forcées et les exécutions sommaires visent, selon la délégation, à « terroriser un peuple tout entier ».  « Les horreurs provoquées par cette impunité continueront de se produire jusqu’à ce qu’elle prenne fin », a-t-il averti. 

Les Émirats arabes unis ont vu dans la violence des colons en Cisjordanie la conséquence logique de « l’entreprise coloniale israélienne qui, petit à petit, morcèle le Territoire palestinien occupé ».  La délégation a appelé à « repartir de zéro », en plaidant pour une présence internationale chargée d’encadrer un cessez-le-feu durable ainsi qu’un plan de séparation élaboré sur la base de la création d’un État palestinien. 

Alertant que la solution des deux États sera bientôt impossible en raison des réalités politiques et démographiques, le Vice-Président chargé des études à la « Carnegie Endowment for International Peace », a appelé pour sa part à placer les États-Unis à la tête d’un processus menant à la fin de l’occupation israélienne.  Suivra ensuite l’adoption d’une résolution reconnaissant l’État de Palestine dans les limites des frontières de 1967 et l’organisation d’élections en Cisjordanie, à Gaza et en Israël sur ce plan de paix, a proposé M. Marwan Muasher selon qui la question de savoir qui gouvernera Gaza ne peut se poser qu’à la fin de ce processus politique. 

L’intervenant a toutefois constaté qu’aux États-Unis, en Israël et en Palestine, un contexte électoral trouble laisse à présager que les choses ne vont pas évoluer dans un avenir proche.  Alors que l’année électorale américaine bas son plein, tout laisse à penser que les dirigeants du pays ne vont pas bouger d’un pouce; les élections en Israël ne sont pas prévues avant un an, et les Palestiniens n’ont pas connu d’élections depuis fort longtemps, a-t-il regretté. 

Sur le plan humanitaire, la nomination de Mme Sigrid Kaag à titre de Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, conformément à la résolution 2720 (2023) du Conseil adoptée la semaine dernière, a été saluée par nombre de délégations.  Pour appuyer son action, la France a demandé l’ouverture de toutes les voies d’accès humanitaire à l’enclave, y compris le point de passage de Kerem Shalom, d’Erez, au nord, ainsi que du port israélien d’Ashdod et d’un couloir maritime direct entre Gaza et Chypre. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a fait état d’une situation préoccupante au Moyen-Orient faite de nombreux théâtres d’opérations interconnectés.  À Gaza, les opérations au sol demeurent intenses entre les forces israéliennes et les factions du Hamas qui continuent de tirer des roquettes sur Israël.  Les populations civiles des deux côtés, en particulier celles vivant dans l’enclave, sont les principales victimes de ces hostilités, tandis que la situation humanitaire continue de se détériorer.  M. Khiari a fait sien l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza.  Dans l’intervalle, la résolution 2720 (2023) fera l’objet d’un rapport au Conseil de sécurité la semaine prochaine. 

Le risque de débordement régional du conflit reste élevé, a constaté le haut fonctionnaire, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour la région et la multitude des acteurs concernés.  Les échanges de tirs quotidiens à travers la Ligne bleue constituent un risque grave pour la stabilité régionale.  Des incursions continuent d’être enregistrées le long de la Ligne bleue, avec un nombre accru de victimes parmi la population civile et les combattants, ce qui augmente le risque d’escalade.  Bien que ces échanges se limitent à quelques kilomètres de part et d’autre de la Ligne bleue, plusieurs frappes ont eu lieu plus profondément à l’intérieur des territoires du Liban et d’Israël, faisant planer le spectre d’un conflit non maîtrisé.  Dans ces conditions, il est essentiel que les parties cessent les hostilités et respectent la résolution 1701 (2006), a-t-il insisté. 

Les attaques contre les bases américaines en Iraq et en Syrie ont désormais lieu quotidiennement, a encore noté le Sous-Secrétaire général, les États-Unis menant des frappes aériennes contre des groupes soupçonnés de ces actions en Iraq et en Syrie.  Il s’est également inquiété des risques d’escalade en réponse aux menaces à la navigation maritime en mer Rouge, ainsi que des répercussions économiques et humanitaires au Yémen et au Moyen-Orient.  Ces menaces contre le transport maritime concernent également le monde entier puisqu’elles perturbent les chaînes régionales et mondiales d’approvisionnement, a-t-il noté.  M. Khiari a donc encouragé la désescalade et la cessation de ces attaques afin que le trafic traversant la mer Rouge puisse revenir à son état normal et d’éviter que le Yémen ne soit entraîné dans une conflagration régionale.  

Dans toute la Cisjordanie occupée, les tensions accrues entre les forces de sécurité israéliennes et les Palestiniens, les violences et les restrictions de mouvement généralisées se sont poursuivies.  M. Khiari a relevé que les dernières semaines ont été marquées par certaines des opérations israéliennes les plus intensives en Cisjordanie depuis la seconde Intifada, faisant de nombreuses victimes palestiniennes dans la zone A.  Ainsi, depuis le 7 octobre, 304 Palestiniens, dont 79 enfants, ont été tués en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.  Depuis cette date, 4 Israéliens, dont 3 membres des forces israéliennes, ont été tués dans des attaques menées par des Palestiniens en Cisjordanie, et 4 autres Israéliens ont été tués lors d’une attaque palestinienne à Jérusalem-Ouest.  Le 28 décembre, les forces de sécurité israéliennes ont tué un Palestinien au cours d’une opération à Ramallah, dans le contexte d’opérations généralisées ciblant des agences de change et de transfert d’argent qui seraient utilisées, selon Israël, pour financer le Hamas. 

La violence des colons reste une grave source de préoccupation et se maintient à des niveaux élevés.  Le haut fonctionnaire a toutefois noté une réduction des attaques menées par les colons en novembre et décembre, après la recrudescence des attaques violentes des colons contre les Palestiniens suite au 7 octobre.  Afin d’éviter la répétition de la guerre et un cycle sans fin de violence, M. Khiari a prôné l’élaboration d’un plan visant à faire avancer de manière significative les parties vers une solution négociée. Pour ce faire, il a appelé à rétablir un horizon politique devant mener à la « seule possibilité viable d’un avenir pacifique », soit la solution des deux États, avec Gaza faisant partie intégrante d’un État palestinien indépendant, vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité. 

M. MARWAN MUASHER, Vice-Président chargé des études à la « Carnegie Endowment for International Peace », a estimé que la question de savoir qui va gouverner Gaza après le Hamas n’est pas la bonne question à poser aujourd’hui. Voyant dans la création de 1,5 million de réfugiés la conséquence directe d’anciens paradigmes qui ne fonctionnent pas, il a appelé à des solutions globales capables d’aller au-delà de Gaza et de tenir compte du contexte général d’occupation.  Le fait qu’il n’y ait pas d’horizon politique pour les Palestiniens depuis 10 ans a contribué à la situation actuelle, a-t-il relevé.  Pour y remédier, il a appelé les trois composantes de la question à reprendre le processus de paix.  Il a constaté qu’aux États-Unis, en Israël et en Palestine, un contexte électoral trouble laisse à présager que les choses ne vont pas évoluer dans un avenir proche. Alors que l’année électorale américaine bas son plein, tout laisse à penser que les dirigeants du pays ne vont pas bouger d’un pouce; les élections en Israël ne sont pas prévues avant un an, et les Palestiniens n’ont pas connu d’élections depuis fort longtemps, a-t-il expliqué. 

L’intervenant a également déploré que les précédents processus ne visaient pas un objectif concret, et a appelé à placer les États-Unis à la tête d’un processus menant à la fin de l’occupation israélienne.  Ensuite, les Nations Unies adopteraient une résolution reconnaissant l’État de Palestine dans les limites des frontières de 1967.  Il faudra aussi organiser des élections en Cisjordanie, à Gaza et en Israël sur ce plan de paix.  La question de savoir qui gouvernera Gaza se posera donc à la fin, et non pas au début du processus politique, a-t-il argué. 

Et si la communauté internationale décide que ce plan est irréaliste, l’alternative, a-t-il indiqué, serait d’attendre que les parties se rendent à l’évidence qu’il vaut mieux partager la terre et séparer les communautés.  Mais le nombre de colons rend aujourd’hui la séparation des communautés difficile et la solution des deux États sera bientôt impossible en raison des réalités politiques et démographiques, s’est inquiété M. Muasher. 

Selon lui, une option serait qu’Israël se refuse à diriger une majorité de Palestiniens et d’Arabes.  Dans ce cas, il serait obligé de pousser les populations palestiniennes hors de Gaza vers l’Égypte et de la Cisjordanie vers la Jordanie.  Il a noté que des membres du Gouvernement israélien ont ouvertement milité en faveur de cette option, dénoncée par les États-Unis et d’autres pays. Il a appelé à tirer les leçons de 1948 quand 750 000 Palestiniens ont été chassés de leur terre pour ne jamais y revenir.  L’orateur a aussi constaté qu’avec un taux de natalité palestinien supérieur à celui des femmes israéliennes, il serait difficile pour Israël de gouverner à l’avenir une majorité non-israélienne.  De même, les nouvelles générations dans les pays occidentaux semblent de plus en plus sympathiser avec la cause palestinienne.  Enfin, il a estimé que la communauté internationale a sa part de responsabilité du fait de l’abandon de la cause palestinienne. Soit on vit avec la colonisation et l’apartheid, soit on privilégie la solution des deux États, voilà le choix qui nous incombe, a-t-il conclu. 

M. ITAY EPSHTAIN, Conseiller spécial et consultant principal en droit et politique humanitaires auprès du Conseil norvégien pour les réfugiés, a fait des remarques d’ordre juridique, à commencer par réaffirmer que les normes du droit international ont été bafouées dans ce conflit.  Il a appelé à la libération immédiate et sans conditions des otages détenus par le Hamas et au traitement humain des détenus palestiniens dans le respect du droit international par Israël.  Face aux destructions sans précédent à Gaza, l’intervenant a sommé le Conseil de sécurité et la communauté internationale de tout faire pour que le spectre de la famine s’éloigne en facilitant l’acheminement de l’aide humanitaire.  Il a mis en garde contre des transferts de masse de Gazaouites vers l’Égypte, ce qui est contraire au droit international humanitaire, ajoutant qu’en Égypte il n’y a ni hébergement qui les attend, ni de garantie de retour.  L’État qui lèse le droit international doit l’honorer, a-t-il martelé, en rappelant à tous les membres du Conseil de sécurité leur responsabilité à cet égard.

M. Epshtain s’est ensuite inquiété de l’intensification de la violence des colons israéliens en Cisjordanie et de l’absence de réaction de la part des autorités israéliennes.  Il a pointé la responsabilité du Gouvernement israélien qui permet à ces colons d’occuper illégalement des terres qui ne leur appartiennent pas.  Il a également dénoncé l’usage de la force par les forces de défense israéliennes en Cisjordanie et à Gaza, souvent de manière disproportionnée.  La violence des colons et des forces de défense israéliennes, l’occupation illégale des terres palestiniennes, les tentatives de transferts forcés de la population palestinienne sont toutes des pratiques illégales au regard du droit international, a insisté l’intervenant qui a exhorté à faire prévaloir l’état de droit.  Il a encouragé la communauté internationale à faire en sorte qu’Israël s’y conforme enfin, avant de souligner que, dans l’immédiat, un armistice est une première étape essentielle. 

M. MAJED BAMYA, Observateur permanent adjoint de l’État de Palestine, a déclaré que le meurtre de civils palestiniens n’est pas un effet collatéral de la guerre mais bien un « assaut délibéré » contre ceux-ci, tout comme la catastrophe humanitaire à Gaza est un « outil utilisé par Israël pour forcer la population à partir ».  Les arrestations massives, les humiliations, les disparitions forcées et les enlèvements de Palestiniens ainsi que les exécutions sommaires visent, selon lui, à « terroriser un peuple tout entier ».  Nous sommes face à des « atrocités », a-t-il martelé en dénonçant une attaque à grande échelle contre 2,3 millions de Palestiniens assiégés, bombardés, déplacés et affamés.  Il a ajouté qu’il existe des preuves indéniables du caractère criminel de cette attaque et de ses objectifs, à savoir la destruction d’un peuple pour forcer son déplacement. 

« Les tueurs exigent des excuses de ceux qui les critiquent pour leurs crimes, ils exigent un soutien politique, financier et militaire de la part de leurs alliés qu’ils humilient et rejettent », s’est indigné l’Observateur.  À ses yeux, Israël considère que le problème provient de ceux qui dénoncent les crimes et non de ceux qui les commettent.  Il a dénoncé « l’abus honteux de la mémoire des 6 millions de victimes innocentes » de l’Holocauste pour justifier le massacre de civils innocents.  Afin que l’appel du Conseil de sécurité à la protection des civils, à un accès humanitaire immédiat sûr et sans entrave et à l’acheminement de l’aide humanitaire dans toute la bande de Gaza soit entendu, M. Bamya a exigé un cessez-le-feu immédiat.  Déplorant que l’organe onusien n’ait toujours pas été en mesure de le réclamer, il a noté qu’Israël a réagi à cette demande avec mépris, étant donné qu’il n’a jamais été tenu pour responsable de ses crimes.  « Les horreurs provoquées par cette impunité continueront de se produire jusqu’à ce qu’elle prenne fin », a-t-il averti. 

L’Observateur s’est ensuite inquiété de l’intensité de la violence et de la répression des trois derniers mois en Cisjordanie, les plus meurtriers que ce territoire occupé ait connu depuis des décennies.  Pendant que le Premier Ministre israélien se vante d’avoir « contribué à empêcher la paix », sa survie politique nécessite une guerre sans fin et de plus en plus étendue, a constaté M. Bamya.  Or, a-t-il ajouté, la reconnaissance de notre existence et de nos droits et leur respect est la seule voie vers une paix et une sécurité partagées.  « Nos souffrances ne sont pas inévitables, elles sont une création humaine, celle de l’occupation. »  De même, l’impuissance de certaines puissances mondiales n’est pas une fatalité, comme l’indique le droit international, a-t-il encore soutenu.  Se disant convaincu que l’impact des massacres israéliens à Gaza se fera sentir « pendant des décennies » dans la région et dans le monde entier, il a ajouté que « nul ne peut prédire le prochain chapitre de cette tragédie, mais tout le monde sait qu’il sera pire ». 

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a dénoncé une réunion du Conseil qui ne tient pas compte de la réalité sur le terrain.  Il a déploré le fait que le Conseil ne se réunit pas quand des tirs ciblent des civils israéliens, alors que, selon lui, aucune semaine ne passe sans une réunion sur la protection des civils de Gaza.  Pourquoi n’avez-vous pas condamné les tirs de missiles depuis le Yémen et le Liban? a-t-il lancé.  Il a rappelé que 50 000 civils israéliens ont été déplacés depuis la frontière nord du fait des attaques du Hezbollah qui est soutenu par l’Iran.  Il a assuré qu’Israël se défendra et a plaidé pour que le Liban soit tenu pour responsable de tirs partant de son territoire. 

Israël mène une guerre pour son avenir et contre des terroristes génocidaires, a déclaré le représentant.  Le Conseil, qui n’a jamais condamné les attaques du Hamas du 7 octobre, préfère se focaliser sur les conséquences au lieu de regarder la cause profonde du conflit, a-t-il dénoncé.  Il a reconnu que la semaine dernière, quatre attaques de colons ont eu lieu en Judée et en Samarie, affirmant que les autorités israéliennes condamnent ces violences et s’y opposent.  Mais « il s’agit d’une question marginale marquée par le déclin », a-t-il déclaré.  En moins de trois mois, plus de 3 000 attaques palestiniennes ont ciblé Israël, a-t-il décompté, soit 15 fois plus que les attaques israéliennes.  Il a accusé l’Organisation d’être complice de ces faits et d’être antisémite « car pour elle, la vie des Israéliens n’a pas d’importance ».  Pourquoi les chiffres transmis par le Ministère de la santé de Gaza sont pris pour argent comptant alors que les données transmises par Israël sont passées au crible? a-t-il lancé, accusant l’ONU de faire plus confiance à des terroristes génocidaires qu’à un gouvernement démocratique. 

Plutôt que de proposer de réelles solutions pour lutter contre les terroristes, le Conseil se focalise sur les opérations militaires israéliennes en Judée et Samarie, a-t-il dit, affirmant que 80% des morts sont des terroristes et que le conflit perdure depuis 1947 du fait de la terreur palestinienne et le refus arabe de vivre en paix avec leur voisin Israël.  Il a également regretté les discussions « stériles » du Conseil, l’accusant en outre d’auditionner des intervenants qui ne mentionnent jamais la terreur palestinienne.  La libération des otages n’est même pas la priorité, a déploré le représentant qui a terminé son propos en faisant la lecture des noms des otages israéliens aux mains du Hamas. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a commencé par rappeler qu’il n’y a pas eu une seule réunion du Conseil de sécurité consacrée à ce sujet sans que ses membres n’appellent à la libération immédiate de tous les otages détenus par le Hamas.  Ce conflit perdure depuis des décennies et nous nous trouvons aujourd’hui à la croisée des chemins, ce qui exige des membres du Conseil de prendre des décisions difficiles, parfois inconfortables, a-t-elle concédé.  La situation à Gaza montre à quel point les humains sont capables d’infliger des souffrances à d’autres humains, a constaté la représentante, déplorant que les promesses israéliennes de respecter les règles de la guerre soient restées lettre morte et que 21 000 Palestiniens soient morts. Évoquant les témoignages « dystopiques » des humanitaires sur le terrain, elle a fait état de 1 000 tonnes de bombes larguées sur Gaza, ce qui menace à la fois la population civile et les 130 otages sur place. 

Face à ce « carnage », la représentante s’est déclarée persuadée que la seule solution est celle des deux États.  À cet égard, elle a dénoncé la violence des colons en Cisjordanie, y voyant la conséquence logique de « l’entreprise coloniale israélienne qui, petit à petit, morcèle le Territoire palestinien occupé ». Forte de ce constat, elle a appelé à reconnaître ici la nécessité de « repartir de zéro ».  Elle a notamment plaidé pour une présence internationale en vue d’encadrer le cessez-le-feu et de le faire durer, ainsi que pour un plan de séparation qui commence avec un État palestinien. « Il faudra que nous fassions tous preuve de courage et d’audace », a-t-elle lancé à ses collègues dans la salle.  « Sinon comment pouvons-nous attendre des Palestiniens soumis à ce massacre de tendre la main aux Israéliens pour faire la paix? » 

Nous devons faire les sacrifices qui sont nécessaires à la paix et à la sécurité, a renchéri la représentante, estimant que le Conseil peut choisir d’imposer un coût financier, juridique et politique aux colons israéliens qui ravagent la Cisjordanie.  « Nous pouvons choisir que la terre juive accueille le peuple juif sans pour autant que cela n’entraîne une occupation.  Nous pouvons choisir de comprendre que le 7 octobre a provoqué chez les Israéliens et les juifs dans le monde un réel sentiment de vulnérabilité.  Nous pouvons réaffirmer la promesse du “plus jamais ça” et refuser qu’une nouvelle génération ne grandisse dans la haine et les griefs », a-t-elle scandé.  À ses yeux, rien n’est inévitable, puisqu’à chaque moment, il y a eu un choix à faire.  Elle a donc souhaité qu’à l’intérieur de la salle du Conseil comme à l’extérieur, un courage collectif se manifeste pour proposer une vision alternative porteuse d’espoir et contrecarrer « l’extrémisme nihiliste que nous voyons des deux côtés ». 

M. JOHN KELLEY (États-Unis) a dit partager les préoccupations exprimées face à l’augmentation « notable » des actes de violence perpétrés par les colons en Cisjordanie depuis trois mois. Considérant que toute mort d’un civil est une tragédie, il a rappelé au Gouvernement israélien qu’il est fondamental de prévenir la violence extrémiste des colons et de traduire en justice les auteurs présumés.  C’est pourquoi les États-Unis ont mis en place, le 5 décembre, une politique restrictive en matière de visas ciblant les auteurs, a fait savoir le représentant qui s’est dit convaincu que l’expansion des colonies en Cisjordanie menace la solution des deux États.  Néanmoins, a-t-il ajouté, la mainmise du Hamas sur Gaza constitue également une entrave à cette solution.  Le représentant a condamné la rhétorique « déshumanisante » des deux côtés, estimant que rien ne saurait justifier le terrorisme ou les attaques ciblant les populations civiles. 

Pourtant, a-t-il constaté, certains membres du Conseil n’arrivent pas à condamner les attaques terroristes brutales du 7 octobre, et rares sont ceux qui appellent le Hamas à se rendre.  Comme le prévoit la résolution 2720 (2023) du Conseil, adoptée la semaine dernière, l’aide humanitaire doit s’accroître sur le terrain.  Le représentant a salué à cette fin la nomination Mme Sigrid Kaag à titre de Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza.  Israël doit toutefois permettre aux travailleurs humanitaires de distribuer l’aide, dans le respect du droit international humanitaire.  Il faut maintenant que le conflit passe à une phase d’intensité réduite, a noté le représentant, en espérant que les opérations israéliennes seront désormais plus ciblées et concentrées sur le leadership du Hamas.  À cette fin, il a appelé à une nouvelle pause humanitaire afin de permettre la libération de nouveaux otages. 

Le représentant a par ailleurs condamné les attaques menées par les houthistes contre le transport maritime, estimant que le Conseil de sécurité doit agir sans plus attendre.  S’agissant de la recrudescence de la violence à la frontière avec le Liban, il a appelé les deux pays à privilégier la diplomatie plutôt que la force. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a relevé que 2023 est devenue l’année la plus mortelle pour les habitants de Cisjordanie, notant que de nombreuses opérations de sécurité israéliennes y avaient commencé bien avant l’attaque terroriste du 7 octobre.  Une attaque qui, de son avis, n’a aucun lien avec les opérations de « nettoyage » de Gaza, déplorant plus de 21 000 victimes, dont 144 personnels de l’ONU. Pour le représentant, la priorité est de cesser l’effusion de sang.  Mais, a-t-il déploré, les nombreuses tentatives pour parvenir à l’adoption par le Conseil de sécurité d’une résolution exigeant une cessation immédiate des hostilités pour des raisons humanitaires, se heurtent à l’opposition des États-Unis.  En conséquence, depuis le début de la crise, le Conseil n’a adopté que deux résolutions « édentées » (2712 et 2720) par Washington dans lesquelles ne figure aucune exigence directe pour les parties de cesser le feu.  Il a fustigé le deux poids, deux mesures flagrant des États-Unis en ce qui concerne la crise à Gaza et dans d’autres régions du monde. La Fédération de Russie s’est abstenue lors du vote sur ces deux résolutions, répondant aux appels pertinents des Palestiniens et des représentants arabes, a-t-il justifié.

Le délégué a appelé à la reprise du processus de résolution du conflit sur le plan politico-diplomatique.  Il a rappelé que ce processus prévoit la création d’un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, et coexistant en paix et en sécurité avec Israël.  Dans toutes nos interventions au Conseil, nous avons appelé à la libération des otages israéliens, a-t-il aussi lancé en direction du délégué d’Israël. Il lui a d’ailleurs demandé combien d’otages Israël avait tué, notant qu’il est difficile de libérer des otages alors que des bombardements aveugles se poursuivent à Gaza.

Mme FRANCESCA GATT (Malte) a estimé que la situation humanitaire catastrophique et la poursuite des hostilités à Gaza sont intenables. Qualifiant de particulièrement inquiétants les bombardements continus sur la bande de Gaza centrale, notamment sur trois camps de réfugiés, dont celui de Maghazi, elle a rappelé que son pays a condamné sans réserve les actes de terreur du Hamas, y compris les attaques odieuses du 7 octobre.  « La terreur n’a pas de justification et ce Conseil doit également être clair dans son rejet », a souligné la représentante, avant d’appeler à nouveau à la libération de tous les otages restants, en toute sécurité et sans condition. Elle a également réitéré le droit d’Israël à protéger ses citoyens, à condition que cela soit fait dans le respect du droit international humanitaire et des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.  Toutes les parties sont tenues de veiller à ce que toutes les mesures nécessaires à la protection des civils soient prises, a-t-elle insisté. 

Alors que 40% des habitants de Gaza sont aujourd’hui menacés de famine et que la poursuite des hostilités continue d’entraver l’acheminement de l’aide, la mise en œuvre intégrale des dispositions des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) et l’instauration d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat sont les seuls moyens d’éviter d’autres morts et destructions, a plaidé la représentante.  Elle a également fait part de sa préoccupation face à la détérioration rapide de la situation en Cisjordanie, exhortant Israël à faire preuve de la plus grande retenue, à respecter le droit international humanitaire et à donner la priorité à la protection des civils.  En Cisjordanie, le recours à une force disproportionnée et l’imposition de restrictions de mouvement, tels que rapportés dans le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, continuent de nous éloigner d’un horizon politique au conflit, a regretté la déléguée, avant de réaffirmer l’engagement inébranlable de Malte en faveur d’une solution à deux États. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a mis l’accent sur l’aggravation de la crise humanitaire à Gaza.  Réitérant l’appel du Président Emmanuel Macron en faveur d’un cessez-le-feu durable, avec l’aide de tous les partenaires régionaux et internationaux, il a estimé urgent d’acheminer davantage d’aide humanitaire aux populations civiles de Gaza et de garantir un accès complet, sûr et sans entraves des acteurs humanitaires aux populations civiles de l’enclave.  Pour le représentant, le recours à l’ensemble des voies d’accès et de circulation doit être facilité, y compris à travers la mise en service intégrale et urgente du point de passage de Kerem Shalom.  La France, a-t-il dit, soutient l’appel des Nations Unies à ouvrir les points de passage utiles, dont celui d’Erez au nord, le port israélien d’Ashdod et un couloir maritime direct entre Gaza et Chypre.  Il a également plaidé pour la mise en œuvre des deux résolutions adoptées par le Conseil de sécurité ces dernières semaines, avant de saluer la nomination de la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, Mme Sigrid Kaag.  Il a par ailleurs indiqué que des enfants gazaouites blessés sont actuellement soignés dans des hôpitaux français et qu’à la suite de la visite du Président Macron en Jordanie, la France et la Jordanie renforcent leurs efforts communs en matière de fourniture d’aide humanitaire d’urgence. 

Le représentant a ensuite appelé à la libération immédiate et sans conditions de tous les otages retenus à Gaza, comme le demandent les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023).  Il a également souhaité que le Conseil condamne dans les termes les plus forts les attaques commises par le Hamas et d’autres groupes terroristes le 7 octobre dernier, y compris les violences sexuelles qu’ils ont utilisées pour déshumaniser et terroriser leurs victimes.  « Il est incompréhensible que ce Conseil n’ait toujours pas pu le faire », a-t-il déploré, ajoutant que la France poursuivra son action pour établir des sanctions contre le Hamas au niveau européen.  Il a d’autre part assuré que son pays continuera de s’engager dans la voie d’une sortie de crise rapide, fondée sur la solution des deux États, considérant à cet égard que l’Autorité palestinienne a un rôle central à jouer dans ce processus, en Cisjordanie comme à Gaza.  Le représentant a enfin jugé capital d’éviter un embrasement régional, avant de condamner les attaques houthistes contre les navires commerciaux en mer Rouge. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a estimé qu’alors que la situation continue de s’aggraver à Gaza, le temps presse pour éviter une catastrophe humanitaire. Il s’est félicité à ce sujet de la nomination rapide par le Secrétaire général de Mme Sigrid Kaag au poste de Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, jugeant que le succès de son mandat est essentiel pour les objectifs de paix au Moyen-Orient.  Il a également réitéré les exigences des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) pour que toutes les parties au conflit se conforment au droit international, notamment pour la conduite des hostilités et la protection des civils et des biens de caractère civil. 

Le représentant s’est dit particulièrement préoccupé par le déplacement forcé de civils dans les territoires palestiniens occupés, y compris en Cisjordanie, qui résulte des activités des colons nationalistes et des opérations de sécurité israéliennes.  Selon lui, la création d’avant-postes illégaux ainsi que la démolition et la saisie de structures appartenant à des Palestiniens non seulement attisent les tensions mais diminuent également les perspectives d’une paix durable au Moyen-Orient.  Exhortant Israël à enquêter sur ces « crimes nationalistes » et à prendre les ordonnances administratives nécessaires pour réduire l’accès des colons, il a aussi appelé à ce que cessent les actions des groupes armés palestiniens qui menacent la sécurité d’Israël.  Il a en outre exigé l’arrêt des incidents transfrontaliers avec le Liban, demandant que des efforts urgents soient déployés par les deux parties, soutenus par la communauté internationale, pour mettre fin à la guerre actuelle, s’attaquer aux causes profondes du conflit, promouvoir le dialogue et trouver une solution pacifique garantissant la sécurité, la justice et l’autodétermination. Plaidant enfin pour un engagement plus profond en faveur d’une solution négociée à deux États, il a souhaité que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), en tant que représentante reconnue de l’ensemble du peuple palestinien, active son autorité institutionnelle pour revigorer une gouvernance inclusive et responsable dans l’ensemble des territoires occupés de Palestine. 

Également au nom également de la Suisse, en tant que points focaux informels « conflit et faim », M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a rappelé que 90% de la population de Gaza est en insécurité alimentaire, 500 000 personnes étant au bord de la famine.  Ce niveau d’insécurité alimentaire aussi aiguë est sans précédent dans l’histoire récente.  Le représentant a salué le dernier acheminement d’un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) à partir de la Jordanie, ce qui pourrait ouvrir la voie à un couloir humanitaire pérenne.  Il est capital que les secteurs privé et public puissent reprendre leurs activités à Gaza, notamment la production agricole.  Le représentant a appelé à la mise en œuvre des résolutions 2720 (2023) et 2712 (2023) et exhorté les membres du Conseil à user de leur influence à cette fin. 

S’exprimant en sa capacité nationale, il a dénoncé la poursuite de la guerre à Gaza et la détérioration constante de la situation en Cisjordanie. Il a réclamé un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire à Gaza, avant d’exprimer sa solidarité avec celles et ceux qui pleurent leurs morts en Israël et en Palestine.  Il s’est dit extrêmement préoccupé par la situation en Cisjordanie, qui est au bord de l’escalade.  Il a jugé « consternante » la poursuite de la colonisation en violation de l’autorité de ce Conseil.  Ces activités sont illicites au regard du droit international, a-t-il martelé, avant de souligner l’engagement indéfectible du Brésil en faveur de la solution des deux États.

M. GENG SHUANG (Chine) a appelé à la cessation de la violence contre les civils à Gaza et en Cisjordanie.  La communauté internationale, a-t-il pressé, doit agir et les agences humanitaires, se déployer à Gaza.  Le représentant a aussi appelé à l’arrêt de la colonisation israélienne en Cisjordanie et ailleurs.  Il a rappelé Israël à ses responsabilités de Puissance occupante et son obligation de traduire en justice les auteurs de violence.  La conférence sur la paix qui sera bientôt organisée pourrait faire avancer le processus de paix, a-t-il espéré, tout en insistant sur des pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens. 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a noté qu’à peine une semaine après l’adoption de la résolution 2720 (2023) sur l’augmentation et le suivi de l’aide humanitaire à Gaza, la situation demeure alarmante non seulement dans la bande de Gaza mais également en Cisjordanie, avec un regain d’intensité de la violence des colons extrémistes et des raids des forces israéliennes.  Elle s’est dite très préoccupée par les derniers développements sur le terrain qui mettent en péril la viabilité de la solution des deux États et font peser le risque d’un embrassement de la violence dans toute la région.  Pour la représentante, la résolution 2720 (2023) offre à l’ensemble des parties l’occasion de réaffirmer que la bande de Gaza fait partie intégrante du territoire palestinien occupé en 1967 et qu’elle doit faire partie de l’État palestinien.  Ce texte, a-t-elle ajouté, appelle aussi à une cessation urgente et durable des hostilités afin de permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave à la bande de Gaza et à l’établissement d’un mécanisme de surveillance de tous les envois de secours humanitaires à Gaza fournis par des États qui ne sont pas parties au conflit.  Cette résolution exige en outre la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, ainsi que la garantie d’un accès humanitaire et la fourniture de carburant à Gaza à des niveaux permettant de répondre aux besoins requis, a-t-elle rappelé, appelant à la mise en œuvre effective de ce texte ainsi que de la résolution 2712 (2023).  Enfin, après avoir répété que le règlement du conflit israélo-palestinien doit se faire sur le plan politique et diplomatique, en s’assurant du respect des légitimes préoccupations de chacune des parties, la représentante a plaidé pour une intensification des efforts en faveur de la solution des deux États. 

M. KAZUYUKI YAMAZAKI (Japon) a constaté que l’adoption, la semaine dernière, de la résolution 2720 pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza n’a eu que peu d’impact jusqu’à présent.  Selon l’ONU, 40% de la population de l’enclave est menacée de famine. Or, pendant que les troupes israéliennes étendent leurs opérations terrestres dans la majeure partie de la bande de Gaza, le Hamas continue de multiplier les tirs de roquettes contre Israël. Dans ce contexte, le représentant a exhorté les parties à agir de bonne foi sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Si l’ouverture du poste frontière de Kerem Shalom est un pas en avant, la poursuite des frappes aériennes constitue l’un des principaux obstacles aux opérations humanitaires.  Le représentant a salué à cet égard la nomination de Mme Sigrid Kaag au poste de coordonnatrice de l’aide humanitaire et de la reconstruction à Gaza.

Toutefois, les graves répercussions du conflit sont déjà en train de se produire, a prévenu le représentant, avant de condamner l’intensification des combats transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah de part et d’autre de la Ligne bleue, ce qui constitue un risque grave pour la stabilité régionale.  Les attaques incessantes des houthistes contre les navires commerciaux constituent une grave menace pour la sécurité maritime. S’agissant de la situation en Cisjordanie occupée, le représentant a condamné les arrestations arbitraires massives et la violence des colons, exhortant le Gouvernement israélien à prendre les mesures nécessaires pour empêcher ces actes qui compromettent encore davantage les perspectives d’une solution politique juste et durable. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a déploré le fait que 8 500 enfants soient morts à Gaza, alors que de nombreux autres devraient succomber aux maladies et à la famine si l’on ne met pas fin au conflit.  Elle a salué la nomination par le Secrétaire général de Mme Sigrid Kaag comme Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction de Gaza.  Elle a appelé Israël à respecter le droit international humanitaire et à distinguer, comme il se doit, civils et combattants.  Elle a aussi appelé ce dernier à mettre fin à la violence des colons et à mettre un terme à la colonisation.  Israël et l’Autorité palestinienne doivent démontrer leur engagement en faveur de la paix et à œuvrer pour la sécurité pour les deux peuples, a plaidé la représentante.  Elle a évoqué les risques de contagion de la crise dans toute la région, avec le danger d’un conflit entre Israël et le Hezbollah qui serait catastrophique pour le monde entier.  Elle a également condamné les attaques des houthistes contres des navires dans la mer Rouge, avant de demander la libération sans condition des otages retenus par le Hamas. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a fait observer que les chiffres vérifiés par les Nations Unies font de l’année 2023 la plus meurtrière en presque 20 ans tant en Israël qu’à Gaza, mais aussi en Cisjordanie, où les actes violents commis par les colons connaissent une intensité accrue.  Tout en rappelant que les colonies sont illégales au regard du droit international, le représentant a souligné qu’Israël est responsable du maintien de l’ordre en Cisjordanie et l’a appelé à tenir pour responsables les auteurs de ces actes.  De plus, dans le cadre d’opérations par les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie, l’usage de la force doit répondre au critère de proportionnalité et respecter les droits de tout individu à la vie et à la sécurité, a-t-il ajouté, souhaitant que le respect du droit international humanitaire et des droits humains reste une priorité du Conseil de sécurité. 

S’agissant du conflit à Gaza, le représentant a une nouvelle fois condamné les attaques terroristes perpétrées par le Hamas et appelé à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages encore détenus dans l’enclave. Si Israël a le droit d’assurer sa sécurité, il importe aussi que toutes les parties protègent les civils et respectent le droit international humanitaire, a-t-il affirmé, avant de plaider pour un acheminement sans entraves ni préconditions de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.  Saluant à cet égard la nomination de Mme Sigrid Kaag au poste de coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, il a estimé qu’une trêve humanitaire et des garanties sécuritaires sont nécessaires afin de garantir l’accès de l’aide et permettre au personnel d’organisations humanitaires impartiales de travailler de manière efficace et sans risquer leur vie. Enfin, face au risque de régionalisation du conflit, il a appelé le Conseil à prendre des mesures concrètes en vue de la solution des deux États. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a commencé par condamner à nouveau les attaques terroristes du 7 octobre qui, ne l’oublions pas, ont déclenché cette crise aiguë.  Il s’est dit horrifié par les histoires de violence sexuelle atroces commises par les membres du Hamas contre les femmes israéliennes et qui n’ont toujours pas été condamnées par ce Conseil.  Dans le même temps, le représentant a déploré la situation humanitaire catastrophique à Gaza où les civils subissent une double peine de la part du Hamas et d’Israël et sa très lourde riposte.  Il a enjoint Israël à respecter le droit international et le principe de précaution, de proportionnalité et de distinction, en arguant que les terroristes doivent être tués mais pas les civils.  Pour l’Albanie, il est primordial que la résolution 2720 soit appliquée rapidement.

Le représentant a constaté la détérioration de la situation et l’aggravation de la violence en Cisjordanie, avant d’appeler au démantèlement des colonies de peuplement illégales qui empêchent le processus de paix.  Il a mis en avant les risques de contagion bien réels de ce conflit, en pointant l’Iran et en exigeant que les houthistes mettent fin à leurs attaques en mer Rouge.  Dès que la guerre de Gaza sera terminée, il faudra déployer des efforts crédibles et pérennes pour faire en sorte que la violence ne soit plus une solution et rétablir une Autorité palestinienne saine pour que Gaza redevienne une zone vivable.  Enfin, il faudra plus que tout une compréhension commune du fait qu’il faut une égalité entre Palestiniens et Israéliens en vue de parvenir à un État palestinien viable aux côtés d’Israël. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a appelé à une action urgente du Conseil en réponse à une offensive militaire à Gaza qui engendre d’immenses souffrances et une augmentation exponentielle du nombre de victimes.  Les attaques aveugles des forces israéliennes attestent d’un mépris flagrant pour la vie humaine et pour le droit international, a tranché le délégué.  Il a souligné la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat afin de protéger les vies et de garantir un accès humanitaire vital.  Il a appelé à la mise en œuvre des résolutions 2720 (2023) et 2712 (2023), en soulignant le caractère « moralement intenable » de la crise humanitaire actuelle.  Enfin, il a appuyé la solution des deux États et estimé que les résolutions existantes du Conseil et de l’Assemblée générale constituent un cadre idoine pour la réalisation de cet objectif. 

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) a condamné les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre et exigé la libération immédiate et sans condition des otages.  Il a réclamé la traduction en justice des auteurs de violence contre les civils dans les colonies, en dénonçant la poursuite de la colonisation.  De même, les discours incendiaires et la glorification des assassinats de civils font s’éloigner les perspectives de paix, a-t-il prévenu.  Le représentant a estimé que la seule manière de mettre fin au conflit est la coexistence pacifique des deux États, Israël et la Palestine, dans les frontières de 1967.

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