Le Conseil de sécurité est toujours divisé après le cinquième tir par la RPDC d’un missile balistique intercontinental en 2023
Cet après-midi, au Conseil de sécurité, le Sous-Secrétaire général au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, M. Khaled Khiari, a confirmé que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a lancé hier un missile balistique intercontinental de type Hwasong-18, qui a parcouru une distance d’environ 1 000 kilomètres et atteint une altitude de 6 500 kilomètres avant de s’abîmer en mer.
Il s’agit du cinquième tir d’un tel missile en 2023, après le Hwasong-15 en février, le Hwasong-17 en mars et les missiles à combustible solide Hwasong-18 en avril et en juillet derniers, a relevé le haut fonctionnaire, en notant qu’ils sont désormais capables d’atteindre n’importe quelle cible sur Terre. Il a également rappelé qu’en novembre, la RPDC avait annoncé avoir procédé à deux essais réussis d’un nouveau moteur pour un missile balistique à combustible solide de portée intermédiaire.
Tout lancement effectué par la RPDC à l’aide de la technologie des missiles balistiques constitue une violation des résolutions pertinentes du Conseil, a réaffirmé le Sous-Secrétaire général, en demandant instamment à ce pays de s’abstenir de tels actes. En ce moment particulièrement difficile pour la paix et la sécurité mondiales, il a insisté sur l’impératif de désamorcer la crise dans la péninsule coréenne afin de créer un environnement propice à la coopération. Dans cette optique, M. Khiari a appelé les membres du Conseil de sécurité à s’unir et à utiliser pleinement les outils du dialogue et de la négociation à leur disposition.
S’adressant à la RPDC, il l’a encouragée à opter pour la diplomatie plutôt que de choisir l’isolement. Il a donc insisté sur l’importance de rétablir les canaux de communication, en particulier entre les entités militaires, et de faire preuve d’un maximum de retenue pour éviter une escalade involontaire.
Les membres du Conseil qui avaient demandé cette réunion –Albanie, Équateur, Émirats arabes unis, France, Japon, Royaume-Uni, États-Unis et Malte– ont unanimement condamné ces récents tirs, exigeant que la RPDC abandonne ses programmes nucléaire et de missiles balistiques et entame un dialogue sur la dénucléarisation.
À l’instar des États-Unis, ils ont insisté sur le fait que le Conseil ne peut rester silencieux face à ces violations flagrantes et répétées de ses résolutions. Il est inacceptable pour ses membres d’ignorer les conséquences d’une absence de condamnation unanime des actions illégales de la « Corée du Nord », a estimé la France. Si pour certains, cela revient à donner carte blanche à la RPDC pour la poursuite de ses provocations, pour d’autres, comme Malte, le silence du Conseil et son manque d’unité sur ce dossier ne font qu’enhardir cette dernière à poursuivre sa stratégie du fait accompli.
La République de Corée et le Japon, en première ligne des tirs de missiles balistiques de la RPDC, ont condamné ces « provocations irresponsables ». Ils ont déploré que le « régime de Pyongyang » gaspille ses maigres ressources pour développer son programme d’armes de destruction massive, aux dépens de son propre peuple. Or si rien n’est fait, a mis en garde la République de Corée, la RPDC continuera de menacer la communauté internationale. S’avouant déçue de l’impasse dans laquelle se trouve le Conseil, qui se trouve « ridiculisé par la RPDC », la délégation coréenne a prévenu que Pyongyang se dirige tout droit vers un « point de non-retour ».
Face aux réunions à répétition du Conseil de sécurité sur ce dossier, la Fédération de Russie a rappelé que son objectif principal est de résoudre les problèmes et les menaces à la paix et à la sécurité dans le monde. Se contenter de simplement évoquer ces problèmes au sein du Conseil est insuffisant, a tranché la déléguée, avant de demander aux États-Unis de changer d’approche et d’accorder la priorité au dialogue politique pour mettre fin aux « bruits des bottes » dans la région et entamer des pourparlers sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
Ce n’est pas faute d’avoir tenté de mener un dialogue sans conditions avec la RPDC, a rappelé la délégation américaine, mais que c’est cette dernière qui s’y oppose. Les États-Unis ne souhaitent pas simplement parler de cette question au sein du Conseil mais voudraient agir pour répondre au « comportement éhonté » de la RPDC à travers un « produit » du Conseil, a-t-elle précisé.
Cela n’a pas empêché la Chine et la Russie de maintenir que les États-Unis contribuent à aggraver la crise dans la péninsule coréenne, en pointant du doigt les manœuvres militaires américaines. Si la Chine a dénoncé le déploiement dans la région d’armes stratégiques et le renforcement d’alliances militaires, la Russie a même parlé de « signaux offensifs » compte tenu du déploiement de matériel militaire et de sous-marins américains dans la péninsule. La délégation américaine a rétorqué en soulignant la nature purement défensive de ces manœuvres.
Même son de cloche du côté de la RPDC, qui a invoqué sa « légitime défense » face aux menaces des États-Unis et d’autres « forces hostiles », le tir du missile balistique étant en réalité une contre-mesure, a justifié son représentant. Si Washington n’avait pas introduit des armes stratégiques, notamment six sous-marins nucléaires, dans les eaux de la péninsule, les membres du Conseil de sécurité ne seraient pas ici à discuter de manière hypocrite du droit à la légitime défense d’un État souverain, a encore argué la RPDC.
NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE
Déclarations
M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, a indiqué que selon l’agence de presse officielle de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et diverses sources gouvernementales, la RPDC a lancé un missile balistique intercontinental de type Hwasong-18 à 8 h 24, heure locale, le 18 décembre. Le missile a parcouru une distance d’environ 1 000 kilomètres et a atteint une altitude de 6 500 kilomètres avant de tomber en mer. Il s’agit du cinquième lancement d’un tel missile en 2023, après le Hwasong-15 en février, le Hwasong-17 en mars et les missiles à combustible solide Hwasong-18 en avril et en juillet, a-t-il souligné en notant que « ces systèmes seraient capables d’atteindre la plupart des points de la Terre ». En outre, en novembre, la RPDC a également annoncé qu’elle avait procédé à deux essais réussis d’un nouveau moteur pour un missile balistique à combustible solide de portée intermédiaire.
Rappelant que le 18 décembre, le Secrétaire général a fermement condamné le lancement d’un missile balistique à longue portée par la RPDC, M. Khiari a précisé qu’il l’a également exhortée à respecter pleinement ses obligations internationales en vertu de toutes les résolutions pertinentes du Conseil. Le Secrétaire général a en outre réitéré son appel à la RPDC pour qu’elle rouvre les canaux de communication et reprenne le dialogue sans condition préalable afin de parvenir à une paix durable et à la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne, a dit le haut fonctionnaire. Tout lancement d’un nouveau missile balistique intercontinental est très préoccupant. Malgré les nombreuses réunions du Conseil de sécurité sur cette question en 2023, la RPDC n’a pas tenu compte de l’appel pressant des membres du Conseil à s’abstenir de tout nouveau lancement, a-t-il constaté. Il est également regrettable qu’à nouveau la RPDC n’ait pas signalé ce lancement pour des raisons de sécurité de l’espace aérien ou maritime. M. Khiari a réaffirmé que tout lancement effectué par la RPDC à l’aide de la technologie des missiles balistiques constitue une violation des résolutions pertinentes du Conseil, et il lui a demandé instamment de s’abstenir de tels actes.
En ce moment particulièrement difficile pour la paix et la sécurité mondiales, il est impératif de désamorcer la situation dans la péninsule coréenne afin de créer un environnement propice à la coopération, a insisté le Sous-Secrétaire général avant d’appeler les membres du Conseil de sécurité à s’unir et à utiliser pleinement les outils du dialogue et de la négociation. Il a ensuite exhorté la RPDC à opter pour la diplomatie, plutôt que de choisir l’isolement, comme moyen d’aller de l’avant. À cet égard, M. Khiari a salué la participation des Représentants permanents de la RPDC et de la République de Corée à cette réunion, ce qui permet à toutes les parties de s’exprimer. L’absence de canaux de communication entrave la possibilité de progresser, a-t-il argué avant de souligner à nouveau l’importance de les rétablir, en particulier entre les entités militaires. Il est essentiel de faire preuve d’un maximum de retenue pour éviter une escalade involontaire, a-t-il conclu.
M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a condamné le lancement par la RPDC d’un missile balistique intercontinental et d’un missile à courte portée cette semaine. « Nous ne sommes pas ici pour châtier la population nord-coréenne ou animés de mauvaises intentions, mais au contraire pour appeler au dialogue avec ce pays » sur quelque sujet que ce soit, sans condition préalable, a-t-il assuré. Nous sommes ici, a-t-il ajouté, parce que pour la cinquième fois cette année, la RPDC a lancé un missile intercontinental et un missile balistique à courte portée en violation directe des nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, en plus des 26 autres essais balistiques effectués cette année. Le représentant a jugé le comportement de la RPDC « irresponsable » et « ridicule ». Les États-Unis et leurs alliés s’efforcent de se protéger contre les mêmes vecteurs que teste la RPDC en vue de les attaquer, a-t-il dit. Il a reproché à ce pays de prendre non pas des mesures de défense mais des mesures offensives, alors que la République de Corée a réitéré, elle, son intention de ne pas acquérir d’armes nucléaires, d’où la réaffirmation de son alliance militaire avec les États-Unis.
Le représentant a rappelé que le Secrétaire général s’est exprimé à ce sujet à plusieurs reprises et qu’en 2021, un plan quinquennal a été établi. Au lieu de mettre en œuvre ce plan, la RPDC cherche toujours des justifications et préfère rejeter la faute sur les sanctions imposées par le Conseil, a-t-il déploré. La majorité des membres du Conseil étant selon lui disposée à mettre en œuvre les objectifs de dénucléarisation, il incombe maintenant à la Russie et à la Chine d’en faire de même et d’agir de « manière crédible », ce qui non seulement adresserait un message à tout acteur de la prolifération, mais permettrait aussi d’exiger des comptes de la RPDC. Le représentant s’est déclaré convaincu que la RPDC développe aussi ses armes de destruction massive pour contourner les sanctions. « Ce pays doit comprendre que la seule voie à suivre est la diplomatie et la dénucléarisation de la péninsule coréenne. »
Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a fermement condamné le tir de missile balistique par la RPDC, qui continue d’ignorer les résolutions du Conseil de sécurité, démontrant ainsi qu’elle constitue une menace pour la région et n’a pas l’intention de désamorcer les tensions, a déclaré la représentante. Elle a également affirmé que le développement du programme nucléaire de la RPDC entraîne des conséquences préoccupantes sur la crise des droits humains en RPDC. La déléguée a invité Pyongyang à adopter des mesures de désescalade, notamment le rétablissement du moratoire sur les tirs de missiles balistiques intercontinentaux, abrogé l’an dernier. La RPDC doit également mettre fin à ses actions dans la péninsule coréenne et renoncer à ses activités cybercriminelles, a affirmé la représentante. Elle devrait enfin rétablir des canaux de communication, notamment en vue de faciliter le retour dans ce pays des personnels de l’ONU, dont le Coordonnateur résident, a-t-elle exigé.
Mme CLARISSE PAOLINI (France) a condamné avec la plus grande fermeté le lancement par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), les 17 et 18 décembre, d’un missile balistique de courte portée et d’un missile balistique de portée intercontinentale. « Jamais la Corée du Nord n’avait lancé autant de missiles » qu’en 2023, s’est-elle inquiétée, notant également la poursuite d’activités illicites dans le domaine nucléaire. Face aux violations flagrantes et répétées de ses résolutions, le Conseil de sécurité ne doit pas rester silencieux, a lancé la représentante, soulignant que cela reviendrait à donner « carte blanche »à la RPDC pour la poursuite de ses provocations.
De l’avis de la France, l’avancée des programmes nord-coréens représente une menace pour la stabilité régionale et la sécurité internationale ainsi que pour l’architecture internationale de non-prolifération. Pour enrayer l’escalade, a argué la représentante, le Conseil doit respecter ses propres décisions et il faut appliquer pleinement toutes les sanctions internationales adoptées à l’unanimité. Enfin, la France a appelé la RPDC à une reprise du dialogue politique avec la communauté internationale et à se conformer à ses obligations internationales, demandant à tous les acteurs de la région de s’investir. « Notre objectif reste inchangé: la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la Corée du Nord », a-t-elle conclu.
M. KAZUYUKI YAMAZAKI (Japon) a vivement condamné, à son tour, la provocation « inacceptable » de la Corée du Nord, en violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, rappelant que le dernier missile balistique intercontinental en date s’est écrasé dans les eaux au large du Japon, à seulement 250 kilomètres d’Hokkaido. Le délégué a indiqué que plusieurs bateaux de pêche étaient en mer et qu’un certain nombre d’aéronefs volaient au moment du lancement. Une fois de plus, ce lancement irresponsable a mis en danger les navires, exposé les vols dans les environs à de grands risques et terrifié les citoyens japonais, a dénoncé le délégué. Il a rappelé que la RPDC s’obstine à nier ses obligations internationales en poursuivant ses ambitions militaires aux dépens du bien-être de sa population. Le représentant a aussi invité à ne pas ignorer les violations et les abus des droits humains commis par Pyongyang, notamment s’agissant des personnes enlevées dans des pays comme le Japon et la République de Corée. Il est grand temps d’empêcher la RPDC de faire de fausses déclarations, a-t-il tancé, en rappelant au Conseil sa lourde responsabilité, le sommant notamment de restaurer « l’unité affichée en 2017 ». Le délégué a fait remarquer qu’à l’occasion de plusieurs réunions du Conseil, cette année et l’an dernier, il a été constaté que certains membres du Conseil ont exprimé leurs points de vue tout en empêchant le Conseil d’agir. Il a rappelé qu’en revanche, la résolution 2397 du Conseil de sécurité et d’autres avaient été adoptées à l’unanimité.
Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a constaté que « la RPDC a violé plusieurs résolutions du Conseil de sécurité à deux reprises en moins de 12 heures ». C’est la raison pour laquelle Malte s’est jointe à d’autres pays pour demander une réunion du Conseil, a expliqué la déléguée avant de condamner ce lancement avec la plus grande fermeté et de dire qu’il est grand temps que le Conseil fasse de même. La menace posée par la RPDC va bien au-delà de la stabilité de la région, a-t-elle souligné, puisque ses programmes nucléaire et de missiles balistiques menacent la paix et la sécurité internationales et compromettent gravement le régime de non-prolifération. Depuis plus d’un an, la RPDC continue de faire progresser lesdits programmes à un rythme sans précédent, et opère des transferts de technologie et d’armes avec un autre pays. « Voilà ce qui se passe lorsque le Conseil n’assume pas ses responsabilités », s’est impatientée la déléguée pour laquelle le silence collectif et l’inaction du Conseil ont enhardi la RPDC. « Nous ne pouvons plus nous le permettre », a-t-elle tranché en appelant, une fois de plus, le Conseil à parler d’une seule voix pour condamner ces actes de la RPDC et pour appeler ses dirigeants à revenir à la diplomatie. Elle a demandé à la RPDC de cesser toute confrontation et d’engager un dialogue constructif en vue de la dénucléarisation. La RPDC doit abandonner complètement, de manière vérifiable et irréversible ses programmes nucléaire et de missiles balistiques, revenir au Traité sur la non-prolifération et aux garanties de l’AIEA, et signer et ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.
M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a fermement condamné le dernier tir de missile balistique intercontinental de la RPDC le 18 décembre. Il a remarqué que cette dernière est de plus en plus menaçante vis-à-vis de ses voisins et de la communauté internationale et qu’elle met en danger la paix et la sécurité internationales sans oublier qu’elle sape le régime de non-prolifération. Ces tirs de missiles s’inscrivent directement dans le cadre de son plan militaire quinquennal et ses ambitions nucléaires, a argué le représentant, en notant que ce dernier tir n’est pas un incident isolé, puisqu’en 2023 seulement, il y en a eu 28. Ces essais mettent en danger le trafic maritime et aérien, a-t-il souligné, avant d’appeler le Conseil de sécurité à s’unir pour exhorter la RPDC à mettre fin à ces agissements, à revenir à la table des négociations, à s’engager à mettre en œuvre les différents instruments internationaux comme le TNP et à poursuivre la dénucléarisation de la péninsule coréenne. En guise de conclusion, le représentant a insisté sur l’urgence, pour le Conseil de sécurité, d’agir.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a condamné sans équivoque le lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC le 18 décembre, et le lancement d’un missile balistique de courte portée la veille. C’était le trente et unième tir de l’année, et le cinquième d’un missile intercontinental, a compté la délégation, dénonçant des actes flagrants de mépris envers les décisions du Conseil et une inquiétante escalade depuis le début de l’année. La communauté internationale doit faire preuve de fermeté et d’unité pour répondre à ces violations, a plaidé le représentant, avant de faire observer que la RPDC reste protégée par deux membres du Conseil.
Tous les États Membres de l’ONU doivent respecter et appliquer les résolutions du Conseil de sécurité, y compris en ce qui concerne le transfert de technologies vers et depuis la RPDC, a insisté le représentant. Il a appelé ce pays à abandonner ses programmes illégaux d’armes nucléaires et balistiques, qui ne font qu’appauvrir son propre peuple et déstabiliser toute la région, à s’abstenir de toute nouvelle provocation et à respecter le Traité sur la non-prolifération nucléaire. Il l’a aussi invitée à saisir les offres de dialogue, soulignant que la diplomatie est la seule option viable pour parvenir à une paix durable dans la péninsule coréenne.
M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a condamné le dernier lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC, le cinquième cette année, en violation des résolutions du Conseil de sécurité, en se disant particulièrement préoccupé par les indications selon lesquelles la RPDC pourrait utiliser de plus en plus de tels lancements comme un « signal politique », notamment pour manifester son mécontentement face aux exercices militaires dans la région. L’absence de préavis, a-t-il averti, fait peser des risques inacceptables sur le trafic aérien et maritime commercial ainsi que sur les populations civiles. Le représentant a déclaré qu’il revient aux principaux acteurs de la région de « modérer leur rhétorique et leurs actions », et aux membres du Conseil d’explorer de nouvelles méthodes d’instauration de la confiance et de promotion de la désescalade. Enfin, les membres extérieurs au Conseil pourraient de leur côté jouer un rôle actif en soutenant ces efforts et en exprimant l’intérêt de la communauté internationale pour une péninsule coréenne pacifique, stable et exempte d’armes nucléaires.
Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a condamné les tirs de missiles balistiques et appelé la RPDC à respecter ses obligations internationales au regard des résolutions du Conseil de sécurité. Elle a également exprimé des inquiétudes quant à la possibilité d’un accident lié à un « mauvais calcul », appelant à une désescalade des tensions dans la région. Compte tenu des risques que posent de telles armes dans un contexte de tensions régionales élevées, la représentante a souligné la nécessité de trouver « des solutions régionales aux tensions régionales ». Le Conseil de sécurité, pour sa part, doit chercher l’unité et jouer son rôle pour éviter une catastrophe.
M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a souligné l’importance de rétablir la communication dans le contexte actuel, en particulier entre les entités militaires, afin d’éviter une escalade involontaire. Il faut une plus grande prudence et des actions responsables de la part de toutes les parties prenantes impliquées. Pour cette raison, le représentant a exhorté les parties à s’abstenir de toute action unilatérale qui pourrait mettre davantage à rude épreuve l’état délicat de détente dans la région. Il a appelé Pyongyang à respecter pleinement ses obligations internationales en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Il faut, a-t-il plaidé, œuvrer collectivement pour garantir une péninsule coréenne pacifique et sûre, où le dialogue prévaut sur la confrontation et la coopération sur le conflit. Nous pensons qu’avec un engagement suffisant, il est possible d’inverser l’accumulation excessive d’armes de destruction massive et de rendre le monde plus sûr, a-t-il conclu.
Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a condamné ces « énièmes » lancements de missiles et s’est dite préoccupée par leur fréquence et leur montée en puissance, qui vont de pair avec une escalade inquiétante de la « rhétorique guerrière et provocatrice » de part et d’autre. Ce cycle d’invectives et de menaces interposées doit cesser, a lancé la représentante, plaidant pour une solution réaliste et pérenne, qui doit être trouvée au moyen du dialogue et de la diplomatie. Elle a ajouté que le « langage des tirs » n’est pas un mode d’expression dont le Conseil de sécurité peut se satisfaire. Selon elle, il doit jouer pleinement son rôle de garant de la paix et de la sécurité internationales, ce qui nécessite de faire respecter ses propres résolutions. Le Gabon déplore que, malgré les déclarations d’intention des parties pour reprendre les pourparlers sur le dossier nucléaire nord-coréen, aucune proposition concrète n’ait jusqu’ici été adressée au Conseil à cette fin.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a condamné le cinquième lancement d’un missile balistique de portée intercontinentale cette année par la RPDC, qui s’inscrit dans une situation sécuritaire tendue. La Suisse se préoccupe du risque d’escalade inhérent à un tel acte. L’emploi d’armes nucléaires n’est que difficilement envisageable dans le respect des règles pertinentes du droit international en général, et du droit international humanitaire en particulier, a tranché la déléguée en encourageant les États Membres à renforcer leurs efforts en faveur de la non-prolifération, du désarmement et du maintien du tabou nucléaire. « Face à ces défis répétés, nous ne saurions fléchir dans notre devoir collectif. » Ces tirs sont une violation de résolutions juridiquement contraignantes du Conseil de sécurité et donc du droit international, a réitéré la déléguée. Il est ainsi du devoir collectif de ses membres de condamner les essais de missiles balistiques de la RPDC, qui est tenue de prendre des mesures concrètes en vue d’abandonner ses armes nucléaires, ses missiles balistiques et ses programmes connexes de manière complète, vérifiable et irréversible. Estimant que la population de la RPDC ne doit pas être laissée pour compte, elle a souligné « le lien qui existe entre le programme nucléaire nord-coréen et les violations des droits humains dans le pays », encourageant le Conseil à examiner davantage ce lien. Enfin, la déléguée a salué l’appel aux bons offices du Secrétaire général et a encouragé la RPDC à engager un dialogue constructif avec le Conseil et le système onusien.
Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a fait part de son inquiétude face à une nouvelle escalade « dangereuse » dans la péninsule coréenne. Elle a signalé qu’un groupe de délégations, dirigé par les États-Unis, a demandé au Conseil de se réunir sur cette question deux semaines à peine depuis la dernière réunion sur le même sujet. Or, a-t-elle estimé, ni le contenu des discours des initiateurs de la discussion, ni leurs approches n’ont changé. La déléguée a notamment attiré l’attention du Conseil sur « les graves distorsions » dans les remarques formulées par certains membres du Conseil et représentants du Secrétariat lors de l’examen de la situation dans la région, qui ne visent qu’à condamner Pyongyang. « De telles approches unilatérales » sont en fait à l’origine du problème de l’incapacité du Conseil à choisir la bonne optique pour discuter des menaces croissantes, a commenté la représentante.
Tout en reconnaissant les positions de la République de Corée et de la RPDC par le droit souverain à la légitime défense, elle a dit son incompréhension face au fait que les États-Unis, dont les frontières se trouvent à des milliers de kilomètres de la péninsule coréenne, aient rejoint les rangs des soi-disant « victimes des provocations nord-coréennes ». Parallèlement, elle a dénoncé la façon dont la « machine militaire américaine » s’est mise en branle dans la région depuis le milieu de l’année écoulée. Les exercices Bouclier de la liberté et Ssangen de Washington n’étaient rien d’autre qu’une démonstration de force et, par définition, ils ne peuvent avoir d’effet positif sur la situation, s’est élevée la déléguée, qui a en outre signalé que deux bombardiers stratégiques américains B-52H étaient impliqués. Qu’il suffise de rappeler que cet avion a été conçu pour transporter des ogives thermonucléaires et qu’il a brutalement nettoyé la population civile de ce pays pendant la guerre du Viet Nam, a-t-elle encore dénoncé, précisant qu’il y a un mois, le port de Busan a reçu la visite d’un groupe d’attaque américain dirigé par les porte-avions Carl Vinson et Ronald Reagan.
M. GENG SHUANG (Chine) a déclaré que la situation dans la péninsule de Corée, devenue un théâtre d’affrontement, n’est dans l’intérêt de personne et que son pays ne voudrait pas voir cette situation se développer. La Chine observe le déploiement dans la région d’armes stratégiques, des exercices entre alliés et le renforcement d’alliances militaires. « Si ce cycle qui cherche à établir une puissance et un pouvoir étendu n’est pas brisé, une nouvelle escalade est à craindre », a mis en garde le représentant. Il a estimé que la priorité actuelle est que toutes les parties gardent leur calme, fassent preuve de retenue et créent les conditions d’une reprise du dialogue. Selon lui, « un certain pays en particulier » doit mettre en avant des plans de dialogue concrets et traduire son discours dans les faits. Le représentant a appelé le Conseil à créer les conditions de ce dialogue, au lieu « d’exercer des pressions ou de chercher à se faire entendre ». Un projet de résolution proposé par son pays et la Fédération de Russie met l’accent sur l’aspect humanitaire qui fait consensus, a-t-il noté. Tous ceux qui veulent la paix dans la péninsule devraient donc soutenir ce texte, a-t-il conclu.
M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a condamné le lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC le 17 décembre, « un acte de provocation » qui viole les résolutions du Conseil de sécurité et menace l’architecture internationale de désarmement et de non-prolifération. Le représentant a exprimé sa solidarité avec la République de Corée et le Japon, dont les populations sont soumises aux risques de tels essais. Face au nombre élevé de missiles lancés enregistrés en 2022 et en 2023, l’Équateur s’est alarmé que le Conseil n’ait pu prendre de mesures concrètes, se demandant « si son inaction se poursuivra en 2024 ». Le Conseil doit contribuer efficacement à la prévention de la prolifération d’armes nucléaires sous tous ses aspects en RPDC, a insisté le représentant. Il a apporté son soutien à tous les efforts visant à établir le dialogue et à trouver une solution diplomatique et pacifique pour faire baisser la tension et parvenir à une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.
M. WOOD (États-Unis) a réagi à l’intervention de la Fédération de Russie, en expliquant que la raison pour laquelle ils continuent de demander des réunions du Conseil de sécurité sur ce dossier, ce sont les violations répétées par la RPDC des résolutions du Conseil de sécurité. Il a ajouté que c’est une question de menace à la paix et à la sécurité et les membres du Conseil ont le devoir de s’en saisir.
Il a reproché à sa collègue russe d’avoir opté pour une approche suggestive, avant de lui rappeler que c’est la RPDC qui fait l’objet de sanctions du Conseil de sécurité et non pas les États-Unis. Il a réitéré que les exercices militaires menés par Washington dans la région ont une vocation purement défensive. Pour ce qui est de l’allègement des sanctions visant la RPDC, demandé par un projet de résolution diffusé par la Chine en octobre 2021, le représentant américain y a vu une façon de récompenser ce pays pour ces actes, une ligne de conduite que les États-Unis ne soutiennent pas. Affirmant que son pays continuera à demander des réunions du Conseil à chaque tir de missile de la RPDC, il a dit avoir bon espoir de voir la délégation russe changer de cap et soutenir les autres membres du Conseil dans leurs efforts pour encourager la RPDC à mettre un terme à son comportement provocateur.
Mme EVSTIGNEEVA(Fédération de Russie) lui a répondu que l’objectif principal du Conseil de sécurité est de résoudre les problèmes et les menaces à la paix et à la sécurité dans le monde, y compris dans la péninsule coréenne. Se contenter d’évoquer ces problèmes au sein du Conseil ne suffit pas, a-t-elle souligné, avant de demander aux États-Unis de changer d’approche et d’accorder la priorité au dialogue politique et de s’efforcer de mettre fin aux « bruits des bottes » dans la région.
LesÉtats-Unis se sont efforcés à de nombreuses reprises de mener un dialogue avec la RPDC, lui a retorqué M. WOOD, or cette dernière a refusé le dialogue sans conditions. Il a affirmé que son pays ne souhaite pas simplement parler de cette question au sein du Conseil mais agir. Après avoir demandé à tous les membres de prendre au sérieux la menace que représentent ces agissements, il a appelé à répondre à ce « comportement éhonté » à travers un « produit » du Conseil.
M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que les États-Unis et d’autres « forces hostiles » ont commis, tout au long de cette année, des actes menaçants à l’encontre de son pays. Le tir du missile balistique en provenance de la RPDC est en réalité un cri d’alarme, une contre-mesure à ces menaces, a justifié le représentant, déplorant que les États-Unis et les autres pays qui le suivent aveuglement aient convoqué cette réunion, alors que la RPDC ne faisait qu’exercer légitimement son droit à la légitime défense, reconnu par l’ONU et le droit international. Si les États-Unis n’avaient pas introduit des armes stratégiques, notamment six sous-marins nucléaires, dont le Kentucky, dans les eaux de la péninsule, les membres du Conseil ne seraient pas ici à discuter de manière hypocrite du droit à la légitime défense d’un État souverain.
Le représentant a ensuite déclaré que pour une fois, le monde devrait se mettre à la place de la RPDC. Les États-Unis et la République de Corée ont déployé des armes et des bombardiers nucléaires pouvant raser des pays entiers, en plus de s’adonner à de grandes manœuvres mimant des attaques nucléaires. Si ce n’est pas une violation de l’intérêt sécuritaire de la RPDC, qu’est-ce donc? a demandé le représentant, affirmant qu’aucun pays n’accepterait de telles manœuvres à ses portes. Il a accusé le Conseil de sécurité d’être aujourd’hui réduit à un mécanisme d’injustice qui légitime ouvertement une logique de brigands et le deux poids, deux mesures.
Le délégué a également déclaré que tant que les actes illégaux des États-Unis et de leurs alliés sont autorisés, le Conseil de sécurité n’a plus aucune compétence juridique ou morale pour traiter des questions de paix et de sécurité internationales. Si les États-Unis et ses « laquais » s’efforcent de nouveau de priver la RPDC de sa souveraineté par leurs résolutions, la RPDC invoquerait inéluctablement son droit à la légitime défense, a-t-il mis en garde. Le représentant s’est voulu ferme dans ses avertissements: si les États-Unis et la République de Corée poursuivent leurs manœuvres militaires, « ces provocateurs » seront tenus pour responsables, a-t-il dit, ajoutant que son pays continuerait à développer ses mesures défensives.
M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a condamné le lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC le 18 décembre, ainsi que le lancement de missiles balistiques à courte portée le 17 décembre visant directement la République de Corée. Il a affirmé que la RPDC poursuit ses « provocations irresponsables » et le développement de ses programmes illégaux de missiles nucléaires et balistiques, en violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité. Il a déploré également que le « régime de Pyongyang » gaspille ses maigres ressources pour développer son programme d’armes de destruction massive, tout en fermant les yeux sur les souffrances de son propre peuple et en ne s’occupant que d’une poignée de membres de la classe dirigeante fidèles au régime. Or si rien n’est fait, a mis en garde le représentant, la RPDC continuera de menacer la communauté internationale. S’avouant déçu par l’impasse dans laquelle se trouve le Conseil, qui se trouve « ridiculisé par la RPDC », il a prévenu que Pyongyang se dirige tout droit vers un « point de non-retour ».
Le Conseil doit prendre des mesures sans délai, a-t-il insisté, car la question de la RPDC ne se limite plus à un problème régional puisqu’elle a élargi l’insécurité à d’autres parties du monde, menaçant les vies de citoyens ordinaires du fait que des armes et munitions nord-coréennes se retrouvent maintenant dans d’autres conflits. Le représentant a aussi indiqué que de nombreuses banques et entreprises à travers le monde ont été attaquées par des pirates informatiques nord-coréens, et que les revenus générés par des activités illicites comme le vol de cryptomonnaie sont ensuite détournés vers ses programmes d’armes de destruction massive. Dans ce contexte, il a exhorté « les deux membres permanents du Conseil qui hésitent encore à prendre des sanctions supplémentaires » à veiller à adresser au moins trois messages à la RPDC: condamner les provocations nord-coréennes et ses programmes nucléaire et balistique; réaffirmer l’objectif de dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de ce pays; et souligner l’importance de la mise en œuvre « intégrale » de toutes les résolutions du Conseil, en particulier les régimes de sanctions.