9513e séance – matin
CS/15539

Conseil de sécurité: les délégations pressent Israël de faciliter l’aide humanitaire à Gaza et de faire cesser la violence extrémiste en Cisjordanie

À Gaza, « le système de réponse humanitaire est au bord du gouffre », a alerté, ce matin, M. Tor Wennesland, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient.  Intervenant en vidéoconférence depuis Jérusalem aux côtés du général de division et Chef de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), M. Wennesland a fait un nouveau point particulièrement sombre sur la situation sécuritaire et humanitaire dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, deux mois après le début des hostilités.

Cette réunion d’information a été l’occasion pour les membres du Conseil d’emboiter le pas des responsables onusiens.  Ils ont en majorité demandé une trêve humanitaire durable et attiré l’attention sur l’intensification des violences en Cisjordanie, lesquelles, couplées aux tensions de plus en plus vives entre Israël et le Liban, comme l’a confirmé le Chef de l’ONUST, Patrick Gauchat, et aux attaques de navires par des houthistes en mer Rouge, menacent de faire basculer le Moyen-Orient tout entier dans la guerre.

M. Wennesland a indiqué que depuis son dernier exposé au Conseil le 7 décembre, les frappes aériennes israéliennes se sont intensifiées partout dans la bande de Gaza.  « Ce sont plus d’un millier de morts supplémentaires -en grande majorité palestiniens– qui sont à déplorer, le bilan des tués parmi les civils, notamment des femmes et des enfants, étant insupportable  », a-t-il déclaré.  Le Coordonnateur spécial a également décrit un contexte humanitaire à Gaza marqué par des défis insurmontables, cela « dans un contexte de déplacements d’une ampleur inimaginable et de combats intenses ».  S’il a salué les mesures « limitées » prises par Israël pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et améliorer les conditions de vie dans Gaza, il a répété que ces mesures sont « loin de suffire » pour faire face à la catastrophe humaine sur le terrain.

Surtout, M. Wennesland a exprimé sa profonde préoccupation devant la pression qui ne cesse d’augmenter en Cisjordanie en raison des activités israéliennes de colonisation qui, a-t-il indiqué, ont plus que doublé pour atteindre un nouveau record annuel depuis 2017.  Pour le Coordonnateur spécial, la violence des colons et des opérations des forces de sécurité israéliennes fait « craindre le pire » dans le territoire.

Les membres permanents du Conseil se sont exprimés sur la dégradation de la situation en Cisjordanie, tous condamnant les attaques des colons contre des Palestiniens.  Les États-Unis ont confirmé la prise de sanctions, y compris l’interdiction de visas, contre des « individus extrémistes » sapant la paix et la stabilité en Cisjordanie.  Pour la France, les autorités israéliennes devront traduire en justice les auteurs de violences contre des civils palestiniens dans le territoire.   « Israël doit redoubler d’efforts pour amener les auteurs de violences commises par les colons à rendre des comptes et pour mettre fin à la démolition et à la confiscation des biens palestiniens  », a ajouté le délégué britannique, appelant Israël à mettre « immédiatement et complètement fin » à toutes les activités de colonisation dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et son aqueduc inférieur.

Si le délégué russe a lui aussi déploré « les violences qui font rage » en Cisjordanie, rappelant que depuis le 7 octobre 293 personnes y ont été tuées par des colons extrémistes et les forces israéliennes, c’est aux États-Unis qu’il a adressé les propos les plus vifs. « Washington, en dépit de l’appel du Secrétaire général au Conseil de mettre fin au bain de sang à Gaza, continue de bloquer l’adoption de projets de résolution qui sauveraient des vies », a-t-il accusé.  Il a également estimé que les États-Unis préfèrent fournir des armes de tous types aux forces israéliennes, et qu’ils ne pensent qu’à la poursuite de leurs ambitions égoïstes « quand la communauté internationale parle d’une voix pour qu’un cessez-le-feu humanitaire durable soit instauré sans délai ».  La Chine, pour sa part, a exhorté Israël à respecter ses obligations internationales, à cesser les activités de peuplement et à lutter contre la violence des colons afin de mettre un terme à l’impunité.

Les Émirats arabes unis, dont un projet de résolution devait être mis aux voix au cours d’une séance ultérieure du Conseil, ont réitéré leur demande que soient instaurées des pauses humanitaires pour venir en aide aux 2,2 millions de personnes « piégées dans l’enclave » où elles passent des journées entières sans eau ni nourriture.  « Les Gazaouites connaissent une famine et une soif sans précédent alors que les médecins n’ont même pas les articles médicaux de base pour soigner les blessés et faire face à la menace croissante d’infection », s’est insurgé le représentant.  S’il a pris note de l’ouverture du point de passage de Karam Abou Salem, il a insisté sur le fait que seul un cessez-le-feu humanitaire et durable permettrait de « mettre un terme au bain de sang à Gaza » et aux otages israéliens d’être libérés.  « Toute tentative d’exploiter la guerre à Gaza pour élargir les colonies et déplacer des Palestiniens de leurs terres est une grave violation de la résolution 2334 (2016) », a-t-il à son tour averti.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, intervenant en visioconférence depuis Jérusalem, a indiqué que depuis sa dernière intervention devant le Conseil le 7 décembre dernier, les hostilités se sont poursuivies à l’intérieur de Gaza, alors que les forces israéliennes progressaient plus loin dans Khan Younès, situé dans la partie sud du territoire, et intensifiaient leurs opérations dans les bastions du Hamas au nord, dans le camp de réfugiés de Jabaliya et dans le quartier de Shujaiya, ainsi qu’à l’hôpital de Kamal Adwan. 

Au cours de la période écoulée, a-t-il précisé, les frappes aériennes israéliennes se sont intensifiées partout dans la bande de Gaza, et ce sont plus d’un millier de morts supplémentaires –en grande majorité palestiniens– qui sont à déplorer, le bilan des tués parmi les civils, notamment des femmes et des enfants, étant « insupportable ».  M. Wennesland a noté que tandis que plus d’une centaine d’Israéliens sont toujours détenus par le Hamas, l’armée israélienne a annoncé avoir récupéré les corps de trois otages.  « Et, le 15 décembre, les forces armées israéliennes ont déclaré que des soldats israéliens avaient abattu par erreur trois otages à Shujaiya, alors que le Hamas et d’autres factions continuaient de lancer de manière incriminée des roquettes sur des zones du sud et du centre d’Israël, un tir de barrage ayant aussi visé Jérusalem le même jour. »

Le Coordonnateur spécial a ensuite décrit une situation humanitaire à Gaza qui continue, a-t-il insisté, à se heurter à des défis insurmontables, cela « dans un contexte de déplacements d’une ampleur inimaginable et de combats intenses ».  Le système de réponse humanitaire est au bord du gouffre, a-t-il constaté, relevant que les mesures « limitées » prises par Israël, comme l’autorisation de faire entrer plus de carburant, de nourriture, de gaz domestique et de fournitures humaines, pour positives qu’elles soient, « sont loin de suffire pour faire face à la catastrophe humaine sur le terrain ».  Le nord de la bande de Gaza reste pour l’essentiel inaccessible aux acteurs humanitaires en raison de l’insécurité qui y règne et des restrictions imposées par Israël. 

M. Wennesland a également attiré l’attention sur la situation en Cisjordanie, où la pression ne cesse d’augmenter en raison des activités israéliennes de colonisation, lesquelles ont plus que doublé pour atteindre un nouveau record annuel depuis 2017.  Pour le Coordonnateur spécial, la violence des colons, l’augmentation des attaques armées palestiniennes, les opérations des forces de sécurité israéliennes, une situation budgétaire et économique qui se détériore rapidement et une Autorité palestinienne qui lutte pour faire face à ces défis ne peuvent que « faire craindre le pire » dans le territoire.  À l’aune de ces tensions, il a mis en garde contre une escalade touchant toute la région du Moyen-Orient, à commencer par le Liban et la mer Rouge. 

Après avoir condamné les attaques armées « odieuses » du Hamas le 7 octobre, marquées en outre par la commission de violences sexuelles effarantes sur lesquelles toute la lumière devra être faite, et après avoir salué la libération récente de 110 otages israéliens et d’autres nationalités, M. Wennesland s’est arrêté sur l’ampleur des hostilités et des destructions à Gaza depuis deux mois.  « Ce qui se passe à Gaza est sans précédent et insupportable, et je condamne sans équivoque le meurtre de civils à Gaza – notamment de femmes et d’enfants. »  « Je pleure également la perte de tous les civils, dont 131 collègues des Nations Unies, ce qui représente la plus grande perte en vies humaines dans l’histoire de l’Organisation. »

M. Wennesland a insisté sur le fait que tous les auteurs de violences devront être tenus pour responsables de leurs actes et rapidement traduits en justice.  Après avoir exhorté Israël à faire cesser les activités de peuplement en Cisjordanie, illégales au regard du droit international, il a conclu avec gravité que « cette guerre rappelle de manière dévastatrice et tragique que rien ne peut remplacer un processus politique légitime pour résoudre les problèmes fondamentaux qui en sont à l’origine ».  Ainsi a-t-il rappelé que l’ONU se tient toujours aux côtés des Palestiniens et des Israéliens pour les accompagner sur la voie de la réalisation de la solution des deux États.

Intervenant par vidéoconférence depuis Jérusalem, M. PATRICK GAUCHAT, général de division et Chef de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), a signalé qu’étant donné que l’ONUST n’est présent ni à Gaza ou dans le sud d’Israël ni dans les environs, son personnel n’a pas été en mesure d’observer directement les événements du 7 octobre ni l’évolution de la situation depuis.  « Ces événements ont assurément eu un impact sur nos opérations et les dynamiques régionales », a-t-il reconnu.

Dressant l’historique de l’ONUST, il a déclaré que sa création remonte à 75 ans, le Conseil ayant demandé, le 29 mai 1948, la cessation des hostilités en Palestine, en vertu de la résolution 50.  Cette trêve devait être supervisée par un médiateur de l’ONU, assisté d’un groupe d’observateurs militaires, qui allait devenir l’ONUST, première mission de maintien de la paix de l’histoire des Nations Unies, a-t-il expliqué.  M. Gauchat a souligné qu’en 1949, avec la signature des quatre accords d’armistice entre Israël et chacun de ses voisins arabes –Égypte, Jordanie, Liban et République arabe syrienne–, le Conseil a déclaré que le rôle de médiateur était complet et a été transféré au chef d’état-major de l’ONUST le rôle de supervision de l’application des accords d’armistice.  D’autre part, l’ONUST était mandaté pour appuyer les parties dans l’application des accords jusqu’à la résolution pacifique de la situation en Palestine. M. Gauchat a confirmé que ce double mandat est assumé par le truchement d’observateurs militaires experts pour le maintien de cessez-le-feu inconditionnels et d’une liaison régionale solide avec les pays hôtes.

Au niveau des opérations, a-t-il poursuivi, depuis le 8 octobre, de nombreuses violations du cessez-le-feu ont été perpétrées le long de la Ligne bleue entre Israël et le Liban, et sur le Golan entre Israël et la République arabe syrienne.  Les observateurs militaires de l’ONUST, qui incluent le Groupe d’observateurs au Liban (OGL) et le Groupe d’observateurs au Golan (OGG), placés sous le contrôle opérationnel de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), ont pris des mesures de sécurité appropriées et adaptées. 

Ces observateurs continuent d’enquêter sur les violations du cessez-le-feu, d’inspecter le Golan et de rédiger des rapports pour assurer la liaison avec les parties, y compris dans le but de désamorcer les tensions.  S’agissant du Golan, M. Gauchat a indiqué que depuis le 8  octobre, les points de passage militaires utilisés par l’ONUST entre Israël et le Liban, ainsi qu’entre le Golan occupé par Israël et le Golan contrôlé par la Syrie, ont été fermés.  Cela est également vrai pour les points d’accès aux postes d’observation qui ont été scellés, ce qui a entravé les rotations et le soutien logistique.  Grâce au dialogue avec les parties, l’ONUST a été en mesure de mettre en place le minimum de soutien et de sécurité requis pour le déploiement des observateurs militaires.  Une nette escalade a été observée d’autre part dans le sud du Liban, a-t-il indiqué, ajoutant que les observateurs militaires de l’ONUST continuent d’effectuer des patrouilles le long de la Ligne bleue en prenant « des risques calculés ».  Il a notamment mis en exergue la fonction de liaison quotidienne des observateurs tant avec la population locale, y compris les femmes et les enfants, qu’avec les dirigeants et commandants militaires.  Il a indiqué à cet égard que le personnel féminin de l’ONUST est composé à 22% de femmes. 

M. Gauchat a également indiqué que l’ONUST dispose de bureaux de liaison au Caire, à Beyrouth et à Damas, ainsi qu’à Jérusalem pour la Jordanie et Israël, ce qui permet à la Mission d’analyser et de traiter des questions complexes, en particulier celles qui ne sont pas couvertes par d’autres missions opérant dans la région, qu’il s’agisse de missions de maintien de la paix ou de missions politiques spéciales.  Il a aussi mis l’accent, dans ce contexte, sur le contact direct avec les cinq parties par la transmission de messages et l’établissement de « mesures tactiques de confiance ». 

Commentant ses visites dans les capitales des cinq pays hôtes de l’ONUST, le général de division a signalé que dans la zone de la Ligne bleue, des représentants d’Israël et du Liban lui ont fait part de leur volonté d’améliorer la sécurité et la mise en œuvre de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité.  En ce qui concerne le Golan, Israël et la Syrie ont manifesté leur ferme volonté de maintenir l’armistice, tout en exprimant leurs inquiétudes et attentes respectives.  M. Gauchat a tenu à préciser que lors de ces échanges, il a systématiquement tenté de désamorcer les situations potentiellement dangereuses, de clarifier les positions et d’assurer ses interlocuteurs qu’il transmettra leurs messages, ce qui a toujours été bien accueilli. 

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a rappelé qu’avant les attaques du 7 octobre, 2023 était déjà l’année la plus mortelle pour les Palestiniens de Cisjordanie.  Condamnant la violence préoccupante des colons extrémistes, il a estimé que leurs auteurs doivent rendre des comptes.  Il a aussi évoqué les mesures d’interdiction de visas pour des individus extrémistes ayant sapé la paix et la stabilité en Cisjordanie.  « Nous avons également indiqué au Gouvernement israélien qu’il doit enquêter et faire en sorte que les colons extrémistes rendent des comptes », a précisé le représentant.  En outre, il a appelé les représentants israéliens à « ne pas mettre de l’huile sur le feu avec des discours incendiaires », déplorant notamment une recrudescence de l’antisémitisme et de l’islamophobie. 

Après voir appelé à faire davantage pour protéger les journalistes, le représentant a abordé la question des otages.  Indiquant que la Mission permanente des États-Unis auprès des Nations Unies a rencontré cette semaine de jeunes Israéliens proches de certains otages, il a évoqué le sort de la jeune Naama Levy, militante de la paix ayant établi des liens avec les Palestiniens et qui rêvait de devenir diplomate avant d’être kidnappée par le Hamas.  « Nous continuerons de transmettre l’histoire de tous les otages jusqu’à ce qu’ils soient libérés », a promis le représentant, avant d’indiquer que le Hamas pourrait faire cesser ce conflit en libérant tous les otages.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a exprimé sa vive préoccupation face à l’aggravation de la crise humanitaire à Gaza.  Israël doit respecter le droit international et le droit international humanitaire, afin d’éviter de nuire aux civils innocents et aux infrastructures civiles de base, a exhorté la représentante, en appelant les parties à agir sur la base de la résolution 2712 (2023).  Notant que la quantité d’aide à l’entrée du point de passage de Rafah est insuffisante, elle a salué l’ouverture de celui de Kerem Shalom, qui devrait permettre l’acheminement direct de cette aide à Gaza.  La déléguée a dit craindre une régionalisation du conflit, avant de s’inquiéter des tirs de missiles et des attaques lancées contre des navires par les houthistes en mer Rouge, qui perturbent considérablement le transport maritime mondial et menacent la sécurité maritime. 

Le navire Galaxy Leader, exploité par une société japonaise, a ainsi été saisi et son équipage multinational est retenu en otage par les houthistes depuis près d’un mois, s’est alarmée la déléguée, qui a demandé aux houthistes de les remettre immédiatement en liberté et sans condition.  Elle a aussi noté qu’en Cisjordanie, la flambée de violence imputable aux colons et les attaques contre les Israéliens par des Palestiniens aggravent la situation.  Aussi a-t-elle demandé à Israël de s’abstenir de poursuivre ses activités de colonisation et à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour atténuer les souffrances des Gazaouites et mettre fin à la tragédie.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a regretté que la résolution 2334 (2023) continue d’être ignorée, « comme presque toutes les résolutions adoptées par ce Conseil concernant le conflit israélo-palestinien ».  Il a dénoncé la poursuite et l’extension des activités de colonisation dans l’ensemble du territoire palestinien, qui ont empiré après les attaques terroristes du 7 octobre contre Israël et entraînent l’augmentation des déplacements de Palestiniens.  Face à des niveaux de violence et de destruction sans précédent et au bilan le plus meurtrier du conflit pour les Israéliens comme pour les Palestiniens, le délégué a déploré l’incapacité d’obtenir un cessez-le-feu et d’augmenter l’aide humanitaire.  Il a critiqué la « lenteur » du Conseil qui cautionne depuis bien trop longtemps ce cycle sans fin de violence et d’anarchie.  Cette situation encourage le mépris du droit et l’incrédulité quant à la capacité de la communauté internationale à œuvrer en faveur d’une solution à deux états, a-t-il alerté.  À cet égard, il a insisté sur la nécessité de faire respecter le droit international par toutes les parties au conflit, notamment en mettant fin à l’occupation israélienne qui a commencé en 1967 et en respectant les résolutions pertinentes du Conseil. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a évoqué un risque de régionalisation du conflit, avant d’appeler Israël à respecter ses obligations au regard du droit international, particulièrement concernant l’usage de la force qui doit répondre aux critères de nécessité et de proportionnalité et protéger les droits de tout individu à la vie et à la sécurité de sa personne.  En outre, elle a condamné les actes violents commis par des colons contre les civils palestiniens, qui renforcent l’environnement coercitif en Cisjordanie.  En tant que Puissance occupante, Israël doit s’abstenir de prendre des mesures qui introduiraient des changements permanents dans le territoire palestinien, a exhorté la représentante.  Elle a salué l’ouverture de Kerem Shalom qui doit permettre l’entrée de biens humanitaires et commerciaux par une diversité de voies d’accès.  Face à la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza, la représentante a espéré que ce Conseil saura se prononcer pour soutenir la population civile gazaouite dans le besoin.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a déclaré que, compte tenu de la situation désastreuse à Gaza, son pays appelle plus que jamais à la pleine mise en œuvre de la résolution humanitaire 2712 (2023) du Conseil de sécurité, pour garantir la fourniture humanitaire en temps et en heure et assurer la protection des civils, en particulier les enfants et les femmes.  Il est urgent d’intensifier et d’améliorer l’accès humanitaire à Gaza, a-t-il insisté, car des vies sont en jeu et nous avons le devoir d’aider les plus vulnérables, notamment les enfants et les femmes.  Par ailleurs, le représentant a appuyé la proposition du Secrétaire général de l’ONU d’établir un mécanisme de sécurisation des envois d’aide à Gaza, pensant que cela permettra d’accélérer la fourniture de l’aide humanitaire dans la zone.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a rappelé que le Premier Ministre britannique avait mis l’accent sur la nécessité d’un « cessez-le-feu durable qui brise le cycle de la violence ».  Il a demandé que le Hamas cesse de tirer des roquettes sur Israël, que tous les otages soient libérés et qu’une assistance humanitaire afflue à Gaza.  « C’est le seul moyen de parvenir à une paix durable fondée sur une solution à deux États, dans laquelle Israéliens et Palestiniens peuvent vivre en paix et en sécurité. »  Le représentant a invité à se concentrer sur trois aspects. Trop de civils ayant été tués, Israël doit se montrer « ciblé et précis » dans ses efforts pour faire face à la menace posée par le Hamas, et faire davantage pour distinguer suffisamment les terroristes des civils.  Il faut également protéger les infrastructures civiles, conformément au droit international humanitaire.  Ensuite, il faut œuvrer à l’accroissement de l’aide humanitaire à Gaza en utilisant « autant de routes directes que possible », a-t-il dit en demandant à Israël d’augmenter immédiatement la liste d’articles humanitaires autorisés à entrer à Gaza, et saluant la mise en œuvre urgente de l’accord sur l’ouverture de Kerem Shalom.  Enfin, après avoir relevé que la violence des colons extrémistes en Cisjordanie a considérablement augmenté ces derniers mois, le représentant a condamné les actes haineux qui compromettent les perspectives de paix.

Israël doit redoubler d’efforts pour amener les auteurs de violences commises par les colons à rendre des comptes et pour mettre fin à la démolition et à la confiscation des biens palestiniens, a poursuivi le représentant.  Il a réitéré son appel à Israël pour qu’il mette « immédiatement et complètement fin » à toutes les activités de colonisation dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et son aqueduc inférieur. Ces colonies sont illégales au regard du droit international, constituent un obstacle à la paix et menacent la viabilité physique et la mise en œuvre d’une solution à deux États qui doit devenir une réalité pour garantir la justice et la paix aux Palestiniens et aux Israéliens, a-t-il conclu.

M. ZHANG JUN (Chine) a dénoncé la violence des colons et de l’armée israélienne en Cisjordanie estimant qu’elle s’est intensifiée.  Après avoir indiqué que les activités de peuplement violent la résolution 2334 (2016) du Conseil et sapent la solution des deux États, il a exhorté Israël à respecter ses obligations internationales, à cesser les activités de peuplement et à lutter contre la violence des colons afin de mettre un terme à l’impunité.  Critiquant certains dirigeants politiques qui ont récemment et publiquement « rejeté » la solution des deux États, le délégué a insisté sur la nécessité de reprendre les négociations directes entre Israël et la Palestine.  Toute solution à la question palestinienne devra respecter les préoccupations des Palestiniens et les préoccupations légitimes des pays de la région, a-t-il insisté.  Enfin, il a demandé la convocation d’une conférence internationale, ainsi que l’établissement d’une feuille de route pour réaliser la solution des deux États.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a indiqué que la semaine dernière, de nombreux membres du Conseil de sécurité ont vu que le système humanitaire à Gaza est au bord de l’effondrement.  Près de 2,2 millions de personnes demeurent piégées et 9 personnes sur 10 passent des jours entiers sans avoir accès à des denrées.  Les Gazaouites connaissent une famine et une soif sans précédent alors que les médecins n’ont même pas les articles médicaux de base pour soigner les blessés et faire face à la menace croissante d’infection.  Nous avons besoin d’accès, a souligné le représentant, qui a précisé que la résolution qui doit être mise aux voix aujourd’hui vise à répondre à cette demande en utilisant toutes les voies terrestres, maritimes et aériennes pour acheminer l’aide humanitaire.  Il a appelé Israël à cesser de bloquer l’acheminement de cette aide, tout en prenant note de l’ouverture du point de passage Karam Abou Salem.  Un cessez-le-feu humanitaire permettrait de mettre un terme au bain de sang à Gaza et d’assurer un accès sûr de l’aide humanitaire qui permettrait aux otages d’être libérés. 

Le représentant s’est également inquiété de la montée de la violence et du nombre de personnes tuées en Cisjordanie depuis le 7 octobre, dénonçant la violence sans précédent des colons qui ne connaît pas de répit.  Les extrémistes ne devraient pas décider du sort de la région, a lancé le délégué qui a dit être gravement préoccupé par les informations indiquant qu’Israël aurait approuvé de nouvelles colonies illégales à Jérusalem-Est.  Toute tentative d’exploiter la guerre à Gaza pour élargir les colonies et déplacer des Palestiniens de leurs terres est une grave violation de la résolution 2334 (2016), a souligné le délégué selon qui l’absence de réel processus politique effectif ces deux derniers mois a montré clairement l’urgence de trouver une solution à la question palestinienne.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dénoncé le massacre « sans précédent par son ampleur » de Gaza.  Il a cité le bilan de 19 000 tués depuis deux mois, dont 70% de femmes et enfants, ajoutant que désormais « même les otages israéliens sont les victimes des actes brutaux et aveugles des forces armées israéliennes ».  L’ordre public est au bord de l’effondrement et nul n’est en sécurité à Gaza, les huit derniers hôpitaux encore debout fonctionnent sans eau et électricité, a-t-il dit, déplorant aussi que de nombreux membres du personnel de l’ONU aient perdu la vie, « avec leur famille, y compris des nourrissons ».

Le délégué a attiré l’attention sur les violences qui font rage en Cisjordanie, résultant à la fois des opérations des forces armées israéliennes et des attaques de colons contre les Palestiniens.  Il a ainsi rappelé que depuis le 7 octobre, 293 personnes ont été tuées en Cisjordanie par des colons extrémistes et dans le cadre d’opérations israéliennes.  Par ailleurs, il a regretté qu’en dépit de l’appel du Secrétaire général au Conseil de mettre fin au bain de sang à Gaza, « Washington continue de bloquer l’adoption de projets de résolution qui sauveraient des vies ».  Les États-Unis préfèrent fournir des armes de tous types aux forces israéliennes, a-t-il lancé, accusant ce pays de ne penser qu’à la poursuite de ses ambitions égoïstes « quand la communauté internationale parle d’une voix pour qu’un cessez-le-feu humanitaire durable soit instauré sans délai ».  Washington est dans une impasse stratégique, a ajouté le délégué, avant de condamner une démarche qui, depuis des décennies, fait fi des aspirations des Palestiniens et empêche la réalisation de la solution des deux États.  Il a conclu en réitérant l’attachement de son pays à la concrétisation de cette solution dans le droit fil des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a regretté que les aspirations collectives à la solution des deux États continuent d’être mises à mal, réitérant que la violence ne parviendra jamais à régler un conflit.  Elle a appelé au respect du droit international et humanitaire, avant de saluer l’ouverture du point de passage de Karam Abou Salem.  Le Conseil doit donner une chance à la paix et accepter l’importance de relancer le processus de paix, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU.  Il faut veiller au respect du droit et des aspirations tant des Israéliens que des Palestiniens, a ajouté la représentante.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a estimé que « la situation humanitaire catastrophique à Gaza ne doit pas faire oublier la colonisation israélienne qui s’accélère en Cisjordanie ».  Assurant que la France ne reconnaîtra jamais l’annexion illégale de territoires, ni la légalisation de colonies sauvages, elle a réitéré la condamnation de la décision israélienne d’autoriser la construction de 1 800 nouvelles unités de logement dans les colonies à Jérusalem-Est, ainsi que les mesures d’expropriation notifiées le 10 décembre à certaines familles.  Après avoir condamné fermement les violences commises par les colons extrémistes en Cisjordanie, elle a appelé les autorités israéliennes à traduire les auteurs de violences en justice.

La représentante a par ailleurs exigé que « toute la lumière soit faite » par les autorités israéliennes sur les circonstances du bombardement d’un bâtiment d’habitation ayant notamment causé la mort d’un agent du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères à Rafah.  Face au risque d’un embasement régional, elle a appelé toutes les parties à faire preuve de responsabilité, estimant que la stabilité du Sud-Liban nécessite le plein respect de la résolution 1701 (2006) par toutes les parties.  De plus, la France condamne fermement les attaques houthistes contre des navires commerciaux en mer Rouge et continuera de se mobiliser pour contribuer à la sécurité maritime dans la région. 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a déclaré: « Ce bain de sang doit cesser. »  Elle a pris note de la déclaration commune de l’Union européenne et de 13 autres pays, publiée le 15 décembre, condamnant les attaques contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée, et appelant Israël à prendre des mesures concrètes et urgentes pour freiner les violences des colons.  Après la mort récente de trois otages israéliens abattus par erreur par les Forces de défense israéliennes, la représentante a appelé les autorités israéliennes à la plus grande retenue et à la responsabilité dans la conduite de leurs opérations militaires, conformément au droit international humanitaire.  Elle a également appelé à la libération immédiate et sans condition de tous les otages.

La représentante a jugé « humainement incompréhensibles » les divisions au sein du Conseil de sécurité alors même que la situation sur le terrain ne cesse de se détériorer.  Elle a renvoyé à l’adoption le 12 décembre, à une large majorité, d’une résolution de l’Assemblée générale réclamant un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza.  Elle a pointé l’incapacité du Conseil à agir et à apporter des réponses adéquates aux problèmes urgents qui se posent avec acuité à Gaza, notamment concernant l’augmentation et le suivi de l’aide à Gaza.  Notant l’annonce par Israël d’une autorisation temporaire d’une nouvelle entrée d’aide humanitaire dans la bande de Gaza par le point de passage de Kerem Shalom, elle a relevé que seule l’aide en provenance de ce pays sera livrée par cette voie.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de demeurer dans l’impasse et l’immobilisme », a-t-elle martelé.  Alors que le mandat du Gabon touche à sa fin, celui-ci « entend jeter ses dernières forces » afin de faire taire les armes entre Israël et le Hamas et d’éviter un embrasement dans l’ensemble de la région. La solution au conflit israélo-palestinien doit être politique et diplomatique, a-t-elle conclu.

Rappelant le massacre du 7 octobre, M. FERIT HOXHA (Albanie) a déploré la perte de chaque vie innocente, qu’elle soit israélienne ou palestinienne.  Estimant que le Hamas avait rompu la première trêve, il s’est dit préoccupé par la situation des otages qui demeurent entre ses « mains sanglantes ».  Il a réitéré l’appel de l’Albanie à leur libération immédiate et inconditionnelle et, dans l’intervalle, à la possibilité pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de leur rendre visite. Dénonçant une « guerre en 140 caractères » sur les réseaux sociaux, le délégué s’est inquiété de l’« immense souffrance des citoyens de Gaza », utilisée par le Hamas pour renforcer son discours.  Il a appelé à s’y opposer, car il constitue une « porte ouverte à toutes les tragédies ».  Il a également appelé à la mise en œuvre intégrale de la résolution 2712 (2023), plaidant en faveur de mesures urgentes pour qu’une aide humanitaire accrue parvienne aux civils le plus rapidement possible, et saluant l’ouverture du point de passage de Kerem Shalom.

Également préoccupé par la situation en Cisjordanie, le représentant a appelé à mettre fin à la violence « inacceptable » des colons à l’égard des civils palestiniens, et à enquêter pour punir les coupables.  Rappelant que l’établissement de colonies constituait une violation du droit international et un obstacle à la solution des deux États, il a appelé à leur démantèlement.

Constatant que la situation au Moyen-Orient s’est détériorée sur tous les fronts, Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a rappelé le nombre de morts et les destructions sans précédent dans les territoires palestiniens occupés et en Israël. « Ce cycle inexorable de violences nous a éloignés d’un horizon politique comme jamais auparavant », a-t-elle regretté.  Ajoutant qu’il est « douloureusement évident » que la crise à Gaza fait payer un « tribut inimaginable » à la population, elle a dénoncé « un nombre choquant de civils tués et déplacés ».  Soulignant que le respect du droit international humanitaire est primordial, elle a appelé toutes les parties à veiller à la protection des civils et des infrastructures civiles.  Elle a estimé qu’une augmentation significative de l’aide humanitaire à Gaza est absolument nécessaire, plaidant en faveur de l’ouverture de nouveaux points de passage et de garanties de sécurité pour les personnels humanitaires, qui paient un tribut « tout à fait inacceptable ».  Pour sa délégation, un cessez-le-feu humanitaire immédiat est désormais impératif pour garantir la protection nécessaire des civils et désamorcer ce conflit.

Elle a réitéré l’appel de Malte pour que le Hamas libère immédiatement et sans condition les otages restants.  Alarmée par le sort des enfants enlevés, tués et mutilés à un rythme effréné, la déléguée a félicité le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et ses partenaires pour l’aide apportée à tous les enfants, en particulier à l’intérieur de Gaza, dans des circonstances extrêmement difficiles.  Elle a condamné les « attaques inexcusables » des colons israéliens contre les Palestiniens de Cisjordanie, réitérant la ferme opposition de Malte à la politique de colonisation d’Israël.  La représentante a réaffirmé l’engagement de Malte en faveur de la solution des deux États, estimant qu’un retour au statu quo ante n’est pas une option.

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) a appuyé « l’action précieuse » de l’ONU et rappelé, que ce trimestre a été le plus meurtrier à Gaza.  Il s’est également inquiété de l’augmentation de la violence en Cisjordanie, d’actes terroristes, et d’une « glorification inacceptable » d’assassinats de civils, entre autres.  Témoignant de la gravité et de l’urgence de la situation humanitaire après sa visite au point de passage de Rafah, le représentant a déclaré qu’il est du devoir du Conseil d’agir.  La résolution 2712 (2023) et toutes les autres résolutions pertinentes doivent être appliquées de manière intégrale, a-t-il insisté, en pointant l’obligation des dirigeants à condamner, clairement et publiquement, toute incitation à la violence et à la haine, mais aussi à désamorcer les actes de violence.  Pour mettre fin à cette situation, il faut passer par un règlement pacifique pour parvenir à la solution des deux États, a-t-il préconisé.

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