Conseil de sécurité: inquiétudes face au risque d’une escalade de la crise syrienne
« Nous demeurons profondément préoccupés par la perspective d’une escalade potentiellement plus large en Syrie », a déclaré l’Envoyée spéciale adjointe du Secrétaire général pour la Syrie, Mme Najat Rochdi, ce matin au Conseil de sécurité, signalant que les effets de l’évolution de la situation dans le Territoire palestinien occupé, et en Israël, continuent de se faire ressentir en Syrie.
« Face à la persistance de la violence en Syrie, y compris les débordements de Gaza et d’Israël, une seule erreur de calcul –un obus d’artillerie égaré ou une frappe aérienne mal évaluée– pourrait mettre le feu à une douzaine de barils de poudre à l’intérieur des frontières syriennes », a mis en garde Mme Rochdi.
Face à ce statu quo « insoutenable », l’Envoyée spéciale adjointe a plaidé pour une approche crédible et globale en faveur d’une solution politique, qui mettrait sur la table toutes les questions préoccupant les parties prenantes. Elle a notamment insisté sur l’importance de relancer la Commission constitutionnelle et de lui permettre de progresser sur le fond, tout en déplorant qu’aucun progrès n’ait été réalisé pour parvenir au consensus sur un lieu. Les questions non syriennes, qui ont empêché la réunion de la Commission constitutionnelle syrienne à Genève, ne devraient pas avoir la priorité sur la reprise d’un processus facilité par l’ONU, dirigé par les Syriens et pris en charge par les Syriens, a-t-elle estimé.
À ce propos, la Fédération de Russie, qui s’était opposée à la tenue des réunions à Genève, a proposé de concentrer les efforts actuels sur la recherche d’un nouveau lieu où ces travaux pourraient être conduits dans l’intérêt des Syriens, au lieu de les éparpiller sur « le traitement de questions annexes ne les intéressant pas directement ».
À cet égard, le délégué syrien a accusé les États-Unis de se servir du dossier syrien « pour détourner l’attention de la communauté internationale de son appui honteux aux pratiques terroristes de l’entité israélienne au Moyen-Orient ». Il a exhorté le Conseil à mettre fin au soutien, par les États-Unis, de milices séparatistes évoluant en Syrie et à lever les sanctions qui continuent de toucher tous les secteurs de l’activité économique nationale. « Ce blocus, ce châtiment et cette politique de famine auront des conséquences catastrophiques » s’il n’y est pas mis fin rapidement, a-t-il averti.
Invitant à « œuvrer collectivement » pour éviter que le conflit à Gaza ne fasse tache d’huile en Syrie et dans la région, la Chine a engagé toutes les parties à assumer leur responsabilité pour éviter une telle escalade; et parvenir à un règlement politique de la situation en Syrie, avec des solutions acceptables par tous. L’ouverture d’un nouveau front contre Israël en Syrie aggraverait la déstabilisation du pays, a abondé la France, qui s’est dite « engagée » pour éviter que les conséquences de la crise à Gaza ne s’étendent dans la région.
Plusieurs membres du Conseil ont, par ailleurs, dénoncé les attaques du 26 novembre contre l’aéroport international civil de Damas, attribuées à Israël, qui ont perturbé les services aériens de l’ONU et eu un profond impact sur le transport de fret et de personnel humanitaire. Qualifiant ces bombardements israéliens de « crime d’agression », le représentant de la Syrie a déploré le fait que les Occidentaux siégeant au Conseil « ne veulent pas en entendre parler », et a appelé le Conseil de sécurité à stopper « la machine à tuer israélienne ».
La Directrice des opérations et du plaidoyer, au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme Edem Wosornu, a signalé, pour sa part, que la situation humanitaire en Syrie reste désastreuse et que l’ONU est confrontée à un déficit inquiétant de 70% des fonds nécessaires pour fournir un soutien vital à des millions de personnes à l’approche de l’hiver. À ce jour, le Plan de réponse humanitaire pour la Syrie n’est financé qu’à hauteur de 33%, et nous sommes obligés de supprimer des programmes d’aide essentiels, a-t-elle déploré.
Mme Wosornu a, par ailleurs, fait savoir que plus tôt ce mois-ci, le Gouvernement syrien a prolongé son accord pour que l’ONU puisse utiliser les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï pour acheminer l’aide depuis la Türkiye pour une durée de trois mois supplémentaires, jusqu’au 13 février 2024. Elle a précisé, en outre, que plus de 20% des camions et près de 50% des missions du personnel de l’ONU se rendant dans le nord-ouest de la Syrie depuis février ont emprunté ces deux points de passage, ajoutant que c’est l’itinéraire le plus rapide et le plus efficace pour atteindre les personnes dans le besoin dans le nord d’Alep, où se trouvent 20% des camps de personnes déplacées et des sites informels. Le Royaume-Uni a appelé à la poursuite de tels arrangements aussi longtemps que les besoins humanitaires l’exigent, y compris celui pour le point de passage de Bab el-Haoua, qui doit expirer au plus fort de l’hiver, le 13 janvier 2024.
La Fédération de Russie a souhaité, pour sa part, que l’équipe de pays évalue, « comme le lui a demandé le Conseil de sécurité », l’impact des sanctions visant Damas sur le règlement de la crise humanitaire et le relèvement de l’économie syrienne.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Déclarations
Mme NAJAT ROCHDI, Envoyée spéciale adjointe du Secrétaire général pour la Syrie, qui faisait son exposé par visioconférence, a fait état d’un besoin urgent de désescalade en Syrie. « Nous demeurons profondément préoccupés par la perspective d’une escalade potentiellement plus large en Syrie », a-t-elle indiqué, alertant que les effets de l’évolution tragique de la situation dans le Territoire palestinien occupé, et en Israël, continuent de se faire ressentir en Syrie. Elle en a voulu pour preuve les frappes aériennes israéliennes qui ont touché l’aéroport de Damas en fin de semaine, ainsi que plusieurs autres frappes aériennes, attribuées à Israël, sur Qouneïtra, Deraa, Damas, Soueïda et Homs, avec aussi des tirs d’artillerie israéliens signalés dans le sud de la Syrie. Ces frappes aériennes ont coïncidé avec des informations signalant des tirs de roquettes et de missiles depuis le sud de la Syrie au-dessus du Golan syrien occupé en direction d’Israël. L’armée israélienne affirme qu’une frappe de drone à Eilat, dans le sud d’Israël, a été menée par une organisation en Syrie, contre laquelle l’armée israélienne déclare avoir mené des frappes aériennes en réponse, a-t-elle indiqué.
En outre, des informations quasi quotidiennes font état d’attaques contre les forces américaines dans le nord-est de la Syrie, principalement revendiquées par la « Résistance islamique en Iraq », mais aucune n’a été signalée ces derniers jours. Les États-Unis ont mené deux séries de frappes de représailles contre des installations en Syrie qui, selon eux, sont utilisées par le Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran et les groupes qu’il soutient. L’Iran nie, pour sa part, les allégations selon lesquelles ces groupes lui seraient affiliés. Et parallèlement, le conflit syrien se poursuit dans toutes ses autres dimensions; la période à l’examen étant marquée par une activité militaire importante et de nouvelles victimes civiles.
Face à cette situation, Mme Rochdi a réaffirmé la nécessité d’une désescalade en vue d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale et d’une approche coopérative pour lutter contre les groupes terroristes inscrits sur la liste du Conseil de sécurité. Il faudrait aussi que « tous les acteurs, syriens et non syriens », fassent preuve de la plus grande retenue et agissent dans le respect du droit international humanitaire; et que la coopération internationale se recentre sur le « processus politique négligé ».
Elle a indiqué que l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Geir Otto Pedersen, a saisi toutes les occasions pour faire passer ces messages, déplorant l’absence « regrettable » d’un forum commun permettant à toutes les parties prenantes de s’exprimer franchement. Elle a également alerté que, face à la persistance de la violence en Syrie, y compris les débordements de Gaza et d’Israël, une seule erreur de calcul –un obus d’artillerie égaré ou une frappe aérienne mal évaluée– pourrait mettre le feu à une douzaine de barils de poudre à l’intérieur des frontières syriennes. Nous avons besoin de plus que de bonnes intentions: nous avons besoin d’une désescalade durable et mise en œuvre par des canaux solides entre toutes les parties prenantes, a-t-elle exhorté.
Selon l’Envoyée spéciale adjointe, la seule façon de remédier à ce statu quo insoutenable est d’adopter une approche crédible et globale en faveur d’une solution politique, qui mettrait sur la table toutes les questions préoccupant les parties prenantes. Elle a insisté sur l’importance de relancer la Commission constitutionnelle et lui permettre de progresser sur le fond, tout en signalant qu’aucun progrès n’a été réalisé pour parvenir au consensus sur un lieu. L’Envoyé spécial continue de s’entretenir avec toutes les parties concernées sur la manière dont des questions non syriennes, qui ont empêché la réunion de la Commission constitutionnelle syrienne à Genève, devraient être mises de côté dans l’intérêt du processus. Ces questions, a-t-elle insisté, ne devraient pas avoir la priorité sur la reprise d’un processus facilité par l’ONU, dirigé par les Syriens et pris en charge par les Syriens.
Mme Rochdi a ensuite demandé au Conseil et à toutes les parties prenantes « syriennes et non syriennes » de faire preuve de la plus grande retenue et de consentir des efforts urgents pour désamorcer la situation tendue et dangereuse en Syrie. Elle a aussi plaidé pour le soutien « total et unifié » du Conseil pour remettre en marche un processus politique, évoquant notamment la Commission constitutionnelle, les mesures de confiance progressives et le processus plus large sur toutes les questions de la résolution 2254 (2015). L’attention portée à la Syrie s’est quelque peu estompée en raison de la terrible crise dans la région, mais ce pays est aussi une pièce de ce puzzle, a-t-elle signalé, avant d’avertir que la situation en Syrie est trop dangereuse pour être ignorée.
Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et du plaidoyer, au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a déclaré que la situation humanitaire en Syrie reste désastreuse. La poursuite des combats et le déplacement de dizaines de milliers de personnes ont aggravé les besoins humanitaires et les souffrances des civils, alors qu’ils s’apprêtent à affronter un nouvel hiver. Au cours du week-end dernier, des bombardements dans le sud d’Edleb ont tué neuf civils, dont une femme et six enfants, alors qu’ils récoltaient des olives. Des dizaines de civils ont été tués et blessés dans les violences, et plus de 120 000 personnes ont été déplacées. Environ 5 000 d’entre elles sont hébergées dans des centres d’accueil, le reste vit dans des sites informels. De plus, l’impact sur les installations civiles et les infrastructures critiques a été important, avec 40 établissements de santé, 27 écoles et plus de 20 systèmes d’approvisionnement en eau touchés par la violence. Les attaques ont également endommagé des centrales électriques et la station d’eau d’Alouk ne fonctionne plus depuis le 5 octobre, privant un million de personnes d’accès à l’eau à Hassaké et dans les zones voisines, y compris le camp de Hol. Les passages sur la rive orientale de l’Euphrate restent fermés, ce qui entrave la capacité des personnes à accéder à l’assistance, notamment aux services de santé.
Elle a assuré que l’ONU reste déterminée à fournir une aide humanitaire aux personnes dans le besoin dans toute la Syrie, y compris dans le nord-ouest, où ses opérations transfrontalières restent une bouée de sauvetage pour plus de quatre millions de personnes. Plus tôt ce mois-ci, le Gouvernement syrien a prolongé son accord pour que l’ONU utilise les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï pour acheminer l’aide depuis la Türkiye pour une durée de trois mois, jusqu’au 13 février 2024. Elle a précisé que plus de 20% des camions et près de 50% des missions du personnel de l’ONU se rendant dans le nord-ouest depuis février ont emprunté ces deux points de passage. C’est l’itinéraire le plus rapide et le plus efficace pour atteindre les personnes dans le besoin dans le nord d’Alep, où se trouvent 20% des camps de personnes déplacées et des sites informels. Elle a également souligné que le maintien à la frontière d’un mécanisme de suivi robuste et indépendant demeure essentiel.
Poursuivant, Mme Wosornu a expliqué que l’hiver qui approche exacerbe les souffrances des personnes déplacées, dont environ 3,2 millions se trouvent dans les zones sous contrôle gouvernemental. Les équipes humanitaires sur le terrain estiment que 5,7 millions de personnes à travers la Syrie ont besoin d’une aide essentielle en matière d’hébergement pour traverser les mois froids de l’hiver. Un logement inadéquat, le manque de chauffage adéquat et le manque de vêtements et d’articles ménagers comptent parmi leurs besoins les plus urgents. Or, nous faisons ce que nous pouvons pour répondre et prioriser ces besoins, a‑t‑elle alerté, ajoutant être confrontée à un déficit inquiétant de 70% des fonds nécessaires pour fournir ce soutien vital. À ce jour, le Plan de réponse humanitaire pour la Syrie n’est financé qu’à hauteur de 33%, et nous sommes obligés de supprimer des programmes d’aide essentiels, a‑t‑elle déploré.
Elle a appelé au soutien urgent des donateurs pour sauver des vies et prévenir une nouvelle détérioration catastrophique de la situation humanitaire. Nous avons besoin d’un accès humanitaire durable par toutes les modalités. Plus que toute autre chose, nous avons besoin de véritables progrès vers la fin de ce conflit, sans quoi, il sera impossible d’endiguer la vague des vastes besoins humanitaires en Syrie, a‑t‑elle prévenu.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est prononcé en faveur de la reprise des travaux de la Commission constitutionnelle, un processus intégralement syrien devant être mené avec l’aide de l’ONU. Cette dernière, par le biais de l’Envoyé spécial, doit se consacrer à la recherche d’un nouveau lieu où ces travaux pourraient être conduits dans l’intérêt des Syriens, cela au lieu d’éparpiller ses efforts sur le traitement de questions annexes ne les intéressant pas directement, a-t-il estimé. Le représentant a ensuite reproché aux Occidentaux de couvrir Israël dans son prétendu droit à la légitime défense, et de fermer les yeux sur les bombardements de l’aviation israélienne sur l’aéroport de Damas, principal point d’entrée de l’aide humanitaire. Pour la Russie, ces frappes répétées constituent des violations du droit international et de la souveraineté, tant de la Syrie que du Liban.
Le représentant a souligné que le silence des Occidentaux est d’autant plus incompréhensible que la présence en Syrie des États-Unis depuis 2014 ne se justifie plus par leurs intentions affichées de lutter contre le terrorisme. En réalité, les États-Unis utilisent des groupes terroristes à leurs fins pour déstabiliser le régime de Damas, a avancé le délégué, qui a salué la bonne volonté des autorités syriennes, « qui ont autorisé l’utilisation des points de passage de Bab el-Salam et de Raaï pour acheminer une aide humanitaire jusqu’au 13 février prochain ». En outre, il a exhorté le Secrétariat de l’ONU de s’assurer que, sur le terrain, l’équipe de pays évalue, comme le lui a demandé le Conseil de sécurité, l’impact des sanctions visant Damas sur le règlement de la crise humanitaire et le relèvement de l’économie syrienne. Si ce mandat n’est pas exécuté, nous le dénoncerons, a-t-il averti.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a exprimé sa préoccupation concernant les différentes attaques menées par le « régime syrien », notamment à Alep dans le nord de la Syrie, qui ont été épaulées par la Fédération de Russie et qui ont fait « des dizaines et des dizaines de morts parmi les civils ». De plus, elle a condamné les attaques menées par des milices iraniennes contre le personnel américain en Iraq et en Syrie. En représailles, les États-Unis ont mené des frappes ciblées, conformément à l’Article 51 de le Charte des Nations Unies, a expliqué la déléguée. Elle a regretté « ce comportement » qui ne fait rien pour améliorer la situation économique dans la région. De plus, attirant l’attention sur les nombreux syriens qui ont exercé leur droit à la liberté de réunion et qui exigent la paix, la dignité et la justice, elle a dit appuyer les réunions pacifiques. Elle a regretté que le « régime syrien » fasse obstacle à toute tentative de progrès sur le volet politique, soulignant que les manifestants craignent l’oppression, les tortures, les disparitions forcées, le recrutement dans l’armée ainsi que les violences sexuelles fondées sur le genre.
La représentante s’est félicitée des mesures provisoires prises par la Cour internationale de Justice (CIJ) qui veut empêcher les actes de torture. Elle a appelé « le régime » à dire ce que sont devenues les 150 000 personnes détenues arbitrairement. Enfin, elle s’est félicitée de la prolongation des points de passage de Bab el-Salam et de Raaï et a demandé à la Syrie d’étendre celui de Bab el-Haoua avant qu’il n’expire en janvier 2024. Les crises humanitaires ne manquent pas à l’ordre jour du Conseil de sécurité, a-t-elle rappelé, et celle qui frappe le peuple syrien ne saurait être négligée. Elle a appelé le Conseil de sécurité à être solidaire du peuple syrien.
M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil), qui s’exprimait également au nom de la Suisse sur le dossier humanitaire syrien, a appelé à ne pas oublier le destin du peuple syrien qui connaît un déplacement de population sans précédent, une aggravation de la situation humanitaire et un déclin constant de la situation économique. Préoccupé par l’augmentation des attaques visant le personnel humanitaire, il a exigé sa protection, en condamnant également les frappes aériennes contre l’aéroport de Damas, entre autres. Le délégué a réclamé l’acheminement sans entraves de l’assistance humanitaire et la protection des civils. Il est essentiel de maintenir les modalités de l’aide, y compris transfrontière, a‑t‑il déclaré en saluant la prolongation des points de passage de Bab el-Haoua, de Bab el-Salam et de Raaï. Il s’est aussi inquiété du déficit de financement qui empêche l’ONU et ses partenaires de venir en aide aux communautés touchées. Appuyant le travail du OCHA dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes, il a appuyé les efforts onusiens pour veiller à l’égalité des genres en général.
S’exprimant à titre national concernant les aspects politiques du conflit, le délégué brésilien a dénoncé l’escalade de violence en Syrie et dans la région, condamnant les frappes aériennes contre l’aéroport de Damas qui ont bloqué la fourniture de l’assistance humanitaire aux Syriens. Il a aussi dénoncé les attaques du groupe Hay’at Tahrir el-Cham et la destruction d’infrastructures civiles qui sont pourtant vitales pour la population. Partant, il a insisté sur la nécessité d’un cessez-le-feu global et d’un engagement politique crédible notamment en convoquant à nouveau la Commission constitutionnelle et en appliquant la résolution 2254 (2015). Prévenant que le statu quo est fragile et risque de s’effondrer d’un jour à l’autre, le représentant a prôné une solution politique. « Le peuple syrien le mérite. »
M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a demandé de ne pas exploiter la « situation délicate » en Syrie, au risque de la voir dégénérer en crise régionale et d’aggraver les souffrances du peuple syrien, qui souffre déjà des conséquences d’une guerre sanglante. Il a aussi jugé plus urgent que jamais de redoubler d’efforts pour revitaliser le volet politique de la question syrienne, afin de revenir à la paix et à la stabilité de la région. Alors que la fin de l’année approche, il a espéré que la Commission constitutionnelle pourra tenir des réunions le plus vite possible, dans un processus pris en mains par les Syriens, sans ingérence extérieure. À cet égard, le délégué a salué le décret d’amnistie pris ce mois-ci par le Gouvernement syrien, estimant qu’il va dans le sens des mesures de confiance. Il a également estimé que la paix durable en Syrie passe par l’élimination des groupes terroristes comme Daech, groupe qui ne cesse de menacer la paix et la stabilité de la Syrie, mais aussi de la région.
S’agissant du volet humanitaire, le représentant a jugé impératif de faire en sorte que l’aide humanitaire soit acheminée dans toutes les régions de la Syrie et par tous les moyens possibles, en particulier dans le contexte de l’hiver. Pour cette raison, il a salué la décision du Gouvernement syrien de maintenir ouverts les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï pour répondre aux besoins humanitaires. Dans le même temps, il a jugé essentiel de privilégier les mesures et projets de relèvement rapide qui peuvent améliorer les conditions de vie des Syriens, de manière concrète et durable.
Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a salué la prolongation, jusqu’au 13 février 2024, des points de passage de Bab el-Salam et de Raaï, ajoutant que l’utilisation durable de celui de Bab el-Haoua, dont l’autorisation expire en janvier, doit rester au centre des préoccupations du Conseil. Il est tout aussi important que le Plan de réponse humanitaire, actuellement financé à moins d’un quart, soit abondé sans délais, a‑t‑elle également souligné. La déléguée a ensuite répété que si l’aide humanitaire est une main tendue à ceux qui en ont besoin, le Conseil de sécurité « doit également être la voix qui parle au nom de ceux qui ne le peuvent pas, et dont les appels en faveur de réformes socioéconomiques et de changements politiques sont ignorés ». Nous ne devons pas tolérer le blocage, par le « régime syrien », de la tenue de la prochaine réunion de la Commission constitutionnelle, a‑t‑elle poursuivi, jugeant que l’application de la résolution 2254 (2015) devient encore plus urgent à l’heure où les risques d’escalade s’intensifient. Ainsi a‑t‑elle appelé toutes les parties à soutenir les efforts et les propositions de l’Envoyé spécial visant à accroître la confiance par des mesures progressives, y voyant « le seul moyen de mettre fin au cycle de violence ». Le peuple syrien mérite un gouvernement qui respecte ses droits et porte ses aspirations, un gouvernement capable de garantir le retour sûr et digne des réfugiés dans leur foyer et un gouvernement qui s’engage à ce que justice soit rendue aux personnes arbitrairement détenues ainsi qu’aux victimes de disparitions forcées, a‑t‑elle enfin dit.
M. YAMANAKA OSAMU (Japon) a appelé à empêcher la propagation de la crise de Gaza en République arabe syrienne. Il a également noté que la Syrie a désespérément besoin d’une solution politique, déplorant qu’il soit peu probable que la Commission constitutionnelle puisse se réunir avant la fin de cette année. Il a appelé les donateurs à consentir des efforts supplémentaires en faveur du plan d’intervention humanitaire, qui est actuellement gravement sous-financé. Alors que l’hiver approche, la prolongation des points de passage de Bab el-Salam et de Raaï constitue une avancée, a‑t‑il approuvé, mais il faut déployer beaucoup plus d’efforts.
Le représentant a également jugé essentiel que le Gouvernement syrien aborde de bonne foi la question des disparus, dont le nombre est estimé à plus de 130 000, rappelant la « décision importante » de l’Assemblée générale d’établir l’Institution indépendante chargée de la question des personnes disparues en République arabe syrienne. Il a en outre exhorté la Syrie à suivre la récente ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ) et à prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir les actes de torture et autres abus inhumains. Le coût de l’inaction dans la crise syrienne est extrêmement élevé, et sans perspective de solution politique, le pays restera instable et les besoins humanitaires ne diminueront pas, a prévenu le délégué. Une action sincère et positive du Gouvernement syrien sur la voie politique est le seul moyen de renforcer la confiance de la communauté internationale.
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), intervenant au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a relevé que des attaques récentes contre l’aéroport international de Damas, attribuées à Israël, ont perturbé les services aériens de l’ONU et eu un impact sur le transport de fret humanitaire léger et de personnel. Il a demandé la cessation de telles attaques et renouvelé l’appel des A3 au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie et au retrait complet de toutes les forces étrangères du pays. Cette violence « sans fin » crée un terrain fertile pour l’enracinement du terrorisme. C’est ainsi que des groupes tels que Daech et Hay’at Tahrir el-Cham continuent de s’en prendre à des civils innocents, s’est-il inquiété.
Face à la crise actuelle dans la bande de Gaza, il a exhorté tous les pays de la région et « les amis au-delà » à travailler de concert pour se prémunir contre tout débordement potentiel du conflit en Syrie. Les conséquences seraient catastrophiques non seulement pour la paix internationale, mais surtout pour les nombreux civils syriens déjà durement touchés par une guerre qui n’a que trop duré, a-t-il mis en garde. Le représentant a par ailleurs salué la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) exigeant de la République arabe syrienne qu’elle fasse tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et qu’elle veille à ce que ses fonctionnaires respectent ces normes.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a affirmé que son pays est engagé pour éviter que les conséquences de la crise à Gaza ne s’étendent dans la région. Les acteurs régionaux doivent faire preuve de responsabilité et de retenue, a‑t‑il dit, ajoutant que l’ouverture d’un nouveau front contre Israël en Syrie aggraverait la déstabilisation du pays et la population syrienne en serait, une nouvelle fois, la première victime. Nous devons collectivement redoubler d’efforts pour éviter cela, a plaidé le représentant.
Sur le plan humanitaire, le délégué a qualifié le renouvellement de l’accord pour l’acheminement de l’aide humanitaire à travers les deux points de passage de Bab el-Salam et de Raaï, mi-novembre, de « bonne nouvelle », compte tenu de l’ampleur des besoins humanitaires dans le nord-ouest syrien. Il n’est néanmoins pas acceptable que le renouvellement de ces points de passage soit soumis à conditions et soit temporaire, a‑t‑il tancé, plaidant pour un accès humanitaire, y compris transfrontalier, permanent, sûr, sans entrave et transparent. Nous attendons que le renouvellement du point de passage de Bab el-Haoua, en janvier, réponde à ces critères, a‑t‑il dit.
Le représentant a ensuite appelé l’ensemble des bailleurs à contribuer au Plan de réponse humanitaire pour la Syrie, afin de répondre aux « besoins immenses ». Avec plus de 30 milliards d’euros en soutien de la population syrienne en Syrie et dans la région depuis 2011, l’Union européenne et ses États membres sont le premier contributeur à la réponse humanitaire en Syrie, a‑t‑il rappelé.
Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) s’est dite profondément préoccupée par les informations faisant état d’une augmentation du nombre d’enfants tués et mutilés en Syrie, ainsi que des attaques contre des écoles et des hôpitaux. Elle a « de nouveau » exhorté toutes les parties à respecter leurs obligations en termes de droit international, avant de noter que, dans le nord-ouest de la Syrie, quelque 4,1 millions de personnes ont toujours besoin d’une aide humanitaire plus vitale que jamais au moment où l’hiver approche. La déléguée a mis l’accent sur la situation des femmes et des filles dans ce contexte pour elles « intenable ». Sans lieux sûrs pour les déplacées, nombre d’entre elles sont contraintes au mariage précoce et forcé. Outre les menaces omniprésentes de violence sexiste, elles ont le plus grand mal à accéder aux soins maternels et pédiatriques, a‑t‑elle dit.
Toutes les voies d’accès permettant l’acheminement de l’aide humanitaire doivent rester en place tant que les besoins persistent, a‑t‑elle demandé, appelant à financer sans délais la totalité des plans d’aide agréés sur le plan international. Elle a ensuite rappelé que ce dont la Syrie a plus que jamais besoin, c’est de véritables progrès politiques, conformément à la résolution 2254 (2015). Ainsi a‑t‑elle exhorté toutes les parties à œuvrer pour assurer une désescalade des violences dans l’ensemble de la Syrie afin de progresser vers l’instauration d’un indispensable cessez-le-feu national. Malte, a‑t‑elle conclu, demande une nouvelle fois que la Commission constitutionnelle se réunisse à nouveau dans les plus brefs délais pour entreprendre ses travaux, en privilégiant l’approche étape par étape proposée par l’Envoyé spécial Pedersen, auprès des acteurs de la région.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a estimé qu’après plus de 13 ans de conflit, une désescalade urgente est nécessaire en Syrie où la violence en est à son plus haut niveau depuis plus de trois ans. Il a condamné les attaques du « régime syrien » dans le nord-ouest du pays ainsi que les attaques menées dans le nord-est par des milices affiliées à l’Iran contre la Coalition mondiale contre Daech. Le délégué a également jugé alarmantes les informations selon lesquelles la Fédération de Russie a autorisé l’Iran à utiliser sa base aérienne de Lattaquié pour des livraisons d’armes. Il a demandé instamment à l’Iran de faire reculer ses milices et a appelé le « régime russe » à donner la priorité à la stabilité en Syrie. Par ailleurs, il a souligné sa détermination à garantir des flux d’aide en Syrie, notamment par l’opération transfrontière qui permet d’aider 4,1 millions de personnes.
Le délégué a jugé positif que les accords ayant permis l’ouverture des points de passage de Bab el-Salam et de Raaï aient été prolongés en novembre. Toutefois, vu la situation sur le terrain, les accords de dernière minute ne conviennent pas, a-t-il estimé. Il a souhaité que ces arrangements se poursuivent aussi longtemps que les besoins humanitaires l’exigent, y compris celui pour le point de passage de Bab el-Haoua, qui doit expirer au plus fort de l’hiver, le 13 janvier 2024. En outre, le délégué a affirmé que tant que « le régime et ceux qui le soutiennent » ne s’engageront pas sérieusement dans un processus politique, le Royaume-Uni ne s’engagera pas auprès du « régime ». Enfin, il a réitéré son soutien inconditionnel à un règlement facilité par les Nations Unies, conformément à la résolution 2254 (2015), comme moyen de mettre fin au conflit.
M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a réitéré le soutien de son pays aux efforts de l’Envoyé spécial Pedersen visant à assurer que la Syrie ne soit « ni menacée, ni éclipsée par les répercussions régionales du conflit au Proche-Orient ». Le délégué a déploré que les actions visant à relancer le processus politique et les travaux de la Commission constitutionnelle, sur la base de la résolution 2254 (2015), soient au point mort, invitant toutes les parties concernées à pleinement s’engager et à collaborer avec l’Envoyé spécial en vue d’une relance d’un tel processus. En outre, la situation sécuritaire continuant de nettement se dégrader, en particulier dans le nord du pays, le délégué a rappelé que le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme, notamment la protection des civils, est et doit rester une priorité du Conseil. Le représentant a ajouté que, dans le nord-est, les violences armées se poursuivent, faisant craindre un vide sécuritaire qui profiterait au « groupe État islamique » alors qu’il multiplie les attaques ces derniers temps. Cette nouvelle vague d’hostilités dans le nord du pays affectent les femmes et les filles de manière disproportionnée, a-t-il également déploré.
Le représentant a noté qu’en cette période de fortes tensions régionales, une paix durable ne peut être envisagée sans justice, « en Syrie comme ailleurs ». La Suisse, a-t-il ajouté, réitère son soutien aux organisations de la société civile, « qui jouent un rôle crucial dans la documentation des crimes internationaux ». « Leur travail, tout comme celui du Mécanisme international, impartial et indépendant, est fondamental pour lutter contre l’impunité. » Enfin, il a insisté sur l’importance de mettre en œuvre des mesures de confiance pragmatiques, telles que la récente déclaration d’amnistie et la prolongation de l’ouverture des passages frontaliers de Bab el-Salam et de Raaï. Ces mesures, a-t-il dit, sont essentielles pour ouvrir la voie au dialogue; à l’intérieur de la Syrie, mais aussi au niveau international.
M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a réaffirmé sa position sur la nécessité d’épuiser tous les mécanismes diplomatiques et politiques en vue de réactiver la Commission constitutionnelle, l’initiative étape par étape et toute autre initiative favorisant l’application de la résolution 2254 (2015). Il a exhorté tous les acteurs concernés à renouveler leur engagement et leur volonté politique afin de remettre « sur les rails », sans délais, un processus de négociations constructives. Le représentant s’est par ailleurs alarmé du nombre croissant de personnes dépendant de l’assistance humanitaire et des menaces pesant sur la population civile à cause de la recrudescence de la violence et de l’arrivée de l’hiver. Il a salué, dans ce contexte, le travail des équipes de l’ONU et de leurs partenaires sur le terrain, chaque fois plus exposés à des conditions d’instabilité et de risques élevés.
Il a d’autre part exprimé sa préoccupation face aux répercussions du conflit entre Israël et la Palestine sur l’escalade de la violence en Syrie ces dernières années. Il a craint, selon les prévisions, une détérioration des conditions tant humanitaires que sécuritaires. Le représentant a enfin formé le vœu que les parties s’engagent pour que les points de passage des lignes de front et le passage transfrontière de Bab el-Haoua, dont les accords expirent en février 2024, soient renouvelés sans conditions, pour mieux prévoir l’assistance humanitaire.
M. GENG SHUANG (Chine) a appelé à œuvrer collectivement pour éviter que le conflit à Gaza ne fasse tache d’huile en Syrie et dans la région. Toutes les parties en Syrie et en Israël doivent donc exercer leur responsabilité pour éviter une telle escalade, a-t-il lancé. Les parties exerçant une influence doivent également agir en ce sens, a prié le délégué. Il a également appelé à « travailler ensemble » pour parvenir à un règlement politique de la situation en Syrie, avec des solutions acceptables par tous. Il a salué les efforts fournis à cet égard par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie et par les pays arabes. Le délégué a aussi insisté sur la nécessité de lutter contre le terrorisme, par une politique de tolérance zéro en la matière.
S’agissant de la situation humanitaire, il a observé que le Plan de réponse humanitaire pour la Syrie est largement sous financé, appelant dès lors la communauté internationale et les donateurs à le renforcer. Il a aussi dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui frappent la Syrie, faisant valoir qu’elles entravent la capacité du Gouvernement à répondre à l’urgence humanitaire. Enfin, le délégué a appelé les forces étrangères illégalement présentes en Syrie à quitter le territoire et à cesser de piller les ressources naturelles de la Syrie.
M. ALHAKAM DANDY (République arabe syrienne) a d’abord appelé le Conseil de sécurité à stopper la machine à tuer israélienne de sorte qu’il soit mis fin à ses crimes de guerre et ses crimes contre l’humanité. Justifier la commission de ces crimes au nom du droit à la légitime défense et de la lutte contre le terrorisme ne peut plus être toléré, a-t-il fustigé. Les bombardements, par l’aviation israélienne, de l’aéroport de Damas, sont un crime d’agression dont les Occidentaux siégeant au Conseil « ne veulent pas entendre parler », s’est-il indigné. Pourquoi ces mêmes pays ne saluent-ils pas les mesures constructives prises par le Gouvernement syrien, à commencer par l’autorisation de l’utilisation, jusqu’au 13 février 2024, des points de passage de Bab el-Salam et de Raaï pour que l’aide humanitaire soit acheminée partout, y compris dans le nord-ouest du pays?
Il a ensuite souligné que le retour sûr, digne et volontaire des réfugiés dans leur foyer doit découler d’un dialogue constructif et accru avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), lequel doit permettre de répondre au plus près aux préoccupations de ces personnes. Il a notamment estimé que le HCR doit assurer une présence plus souple dans les régions de retour et qu’il soit permis aux réfugiés de prendre des décisions libres et éclairées, ces personnes ne devant en aucun cas subir des discriminations pour avoir cherché asile à l’étranger. Sur ce dernier point, il a insisté sur l’importance que les réfugiés bénéficient des décrets d’amnistie, y compris celui pris le plus récemment et qui concerne tout crime commis avant le 16 novembre 2023, et qu’ils puissent aussi jouir, comme toutes autres personnes, des protections garanties par la Constitution syrienne.
Le représentant s’en est ensuite pris aux États-Unis, qui, en continuant de soutenir des groupes terroristes internationaux, sapent les efforts du Gouvernement syrien pour améliorer les conditions de vie en Syrie, qu’il s’agisse d’opérations de déminage ou de plans de redressement de l’économie. Les sanctions visant la Syrie, ainsi que la présence sur son territoire de forces armées américaines et turques déterminées à déstabiliser le pays, entravent jusqu’au financement et à la mise en œuvre des activités humanitaires de l’ONU elle-même, a-t-il dit. Voilà ce qu’il en coûte de politiser le dossier syrien comme le font sans relâche les Occidentaux, a encore accusé le délégué.
Il a exhorté le Conseil à mettre fin au soutien, par les États-Unis, de milices séparatistes évoluant en Syrie et à lever les sanctions qui continuent de toucher tous les secteurs de l’activité économique nationale. Il a averti que « ce blocus, ce châtiment et cette politique de famine auront des conséquences catastrophiques » s’il n’y est pas mis fin rapidement. Les Occidentaux doivent respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de la Syrie en se retirant du pays, a-t-il déclaré, accusant les États-Unis de se servir du dossier syrien « pour détourner l’attention de la communauté internationale de son appui honteux aux pratiques terroristes de l’entité israélienne au Moyen-Orient ».
M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a déploré qu’en dépit des efforts de l’ONU pour fournir une aide à ceux qui en ont besoin, les sanctions unilatérales illégales des États-Unis pèsent de façon disproportionnée sur le peuple syrien. De plus, l’insuffisance des fonds alloués à la réponse humanitaire pour la Syrie est un sujet de préoccupation majeur, a‑t‑il dit, avant de souligner que les initiatives de reconstruction ne doivent pas être utilisées pour exercer une pression politique. Il s’est félicité de la décision prise par le Gouvernement syrien le 10 novembre de renouveler l’autorisation accordée d’utiliser les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï pour une durée de trois mois supplémentaires.
Fustigeant ensuite les actes de terrorisme « odieux » du régime israélien, en particulier les dernières attaques aériennes contre l’aéroport civil de Damas le 26 novembre, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à condamner la violation flagrante par Israël de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie. En outre, la présence illégale des forces militaires américaines en Syrie est source d’insécurité qui fournit un terrain fertile pour les organisations terroristes en leur offrant une immunité, s’est-il inquiété.
Après avoir appelé à la reprise des réunions de la Commission constitutionnelle, le délégué a rejeté les allégations infondées formulées par les États-Unis à l’encontre de son pays dans cette enceinte. Il a affirmé que l’Iran n’a jamais été impliquée dans des attaques contre les forces militaires américaines en Syrie ou ailleurs. Les États-Unis doivent cesser leurs actions illégales en Syrie, mettre fin à leur occupation illégale et respecter leurs obligations juridiques internationales, y compris les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui exigent de tous les États Membres qu’ils soutiennent et respectent la souveraineté nationale, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie, a‑t‑il scandé. Ces actions sont essentielles pour promouvoir la paix et la sécurité régionales et internationales, a‑t‑il souligné.
Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a déclaré que près de 13 ans après le début du conflit en Syrie, une solution politique reste à trouver et, dans l’intervalle, le statu quo est intenable d’où l’impératif de trouver une issue. La Türkiye continue ses discussions avec les garants du processus d’Astana et avec les parties au conflit, a-t-elle indiqué, jugeant qu’il est absolument essentiel de garantir un retour volontaire et digne des Syriens dans leur pays. La déléguée a ensuite dénoncé les attaques terroristes des Unités de protection du peuple et Parti des travailleurs du Kurdistan (YPG/PKK), qui constituent une très grave menace directe et imminente contre la Türkiye, laquelle se prévaut de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.
La représentante s’est par ailleurs inquiétée de l’augmentation d’attaques dans la zone d’Edleb depuis octobre, et a appelé au respect du cessez-le-feu alors que l’hiver approche, notant que l’acheminement de l’assistance humanitaire à travers le point de passage de Bab el-Haoua sera imprévisible à partir de la mi-janvier 2024.