En cours au Siège de l'ONU

9459e séance – matin 
CS/15470

Syrie: l’Envoyé spécial Geir Pedersen met en garde le Conseil de sécurité du « risque de dérive » dans le contexte de la situation actuelle au Moyen-Orient

Alors que le Conseil de sécurité examinait ce matin la situation politique et humanitaire en Syrie, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour ce pays a clairement tiré « la sonnette d’alarme » car « la situation est désormais plus dangereuse que jamais ».  Déplorant que la violence soit à son niveau le plus fort depuis mars 2020, M. Geir Pedersen a estimé que le conflit syrien se trouve dans une « impasse stratégique », qui expose la Syrie au risque de dérive vers une fragmentation plus profonde et prolongée.  Il a également affirmé que le risque de débordement en Syrie des « développements alarmants en Israël, dans le territoire palestinien occupé et dans la région » n’est plus un risque, mais une réalité, en référence aux frappes aériennes attribuées à Israël sur les aéroports d’Alep et de Damas, qui ont interrompu temporairement le service aérien humanitaire de l’ONU.

La Directrice des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) s’est aussi adressée aux membres du Conseil, depuis Le Caire, en décrivant une situation humanitaire qui va en se détériorant dans pratiquement tout le pays.  Mme Edem Wosornu a noté que l’attention du monde s’est focalisée sur la crise à Gaza ces derniers jours, « à juste titre », mais recommandé de ne pas négliger pour autant les autres crises humanitaires, y compris au Moyen-Orient. Elle s’est alarmée en particulier de la « grave escalade » des hostilités dans le nord de la Syrie, le nord-ouest en particulier, avec « la plus sérieuse escalade de violence depuis 2019 ».  Des hostilités qui ont, au début du mois, endommagé une série d’infrastructures civiles de base. Le Brésil a relevé cette détérioration du fait de frappes aériennes à Edleb et des attaques du groupe terroriste Hayat Tahrir al-Sham.

Sur le plan humanitaire, le Gouvernement syrien a été encouragé, par le Japon notamment, à renouveler l’autorisation d’utilisation des trois postes frontière avant leur expiration.  Une autorisation qui avait été donnée pour six mois le 7 août selon un accord avec l’ONU et qui concernait les points de passage de Bab el-Haoua, Bab el-Salam et Raaï.  Le mécanisme d’acheminement de l’aide par Bab al-Haoua, qui fonctionnait précédemment, n’avait pas été renouvelé le 11 juillet du fait du rejet de deux résolutions concurrentes, dont un veto russe.  Plusieurs membres du Conseil ont demandé de maintenir le passage de l’aide « par tous les moyens »: accès transfrontière et à travers les lignes de front.

Replaçant la situation de la Syrie dans le contexte du Moyen-Orient, la France a relevé la mobilisation des groupes armés à la frontière avec Israël et craint l’ouverture d’un nouveau front en Syrie, qui aggraverait la déstabilisation du pays. Les États-Unis ont redouté également « les risques d’attaques terroristes » dans la région, « qui se sont révélées exactes le 7 octobre », prévenant que certains groupes soutenus par l’Iran et la Syrie menacent d’élargir le conflit.  Leur représentante s’en est prise au « régime syrien » qui, selon elle, laisse l’Iran et le Hezbollah utiliser ses aéroports civils à des fins militaires.

Son homologue syrien a rétorqué que les forces américaines sont présentes sur le territoire de la Syrie de « manière illégale », faisant observer que les États-Unis utilisent comme justification une guerre contre Daech, « organisation créée par ce pays même ».  La Fédération de Russie a renchéri en faisant valoir que les frappes américaines dans le nord-est de la Syrie, présentées comme des actes de légitime défense, sont menées à des milliers de kilomètres des frontières américaines et violent la souveraineté de la Syrie et le droit international.

Dans ce contexte instable, le processus politique a été au cœur de toutes les interventions. Les membres du Conseil ont appelé de leurs vœux sa relance en demandant qu’il soit « crédible et inclusif », selon les mots de la France, conformément à la résolution 2254 (2015).  Or, du propre aveu de l’Envoyé spécial, des mois d’efforts intenses n’ont toujours pas abouti à un consensus sur le lieu de reprise des travaux de la Commission constitutionnelle ni sur son contenu.  M. Pedersen a néanmoins mentionné des propositions qui sont « sur la table » et qui visent à faire progresser les mesures de confiance, « étape par étape ».  Des mesures que la Suisse a recommandées, telles que la libération des détenus et les éclaircissements quant au sort des personnes disparues.

Pour créer un environnement propice au processus politique et à une réunion de la Commission constitutionnelle, les A3 (Gabon, Ghana et Mozambique) ont réclamé « un cessez-le-feu immédiat » à l’échelle nationale.  Les appels à la protection des civils est revenue également dans tous les discours.  Les États-Unis se sont inquiétés en particulier du personnel américain sur le terrain, en avertissant que toute attaque à leur encontre entraînera une réponse basée sur la légitime défense, en vertu du principe de proportionnalité, comme ce fut le cas avec les frappes menées par l’armée américaine contre des sites militaires iraniens le 27 octobre.  La République islamique d’Iran a réfuté des affirmations jugées « fallacieuses » et appelé Washington à se retirer du nord-est de la Syrie. 

La Chine a elle aussi appelé à ce que cesse la présence illégale de troupes étrangères sur le territoire syrien et la spoliation de ses ressources naturelles. La Türkiye s’est clairement opposée à toute ingérence dans les affaires internes de la Syrie.  Et les A3 ont à leur tour exigé un retrait complet des forces étrangères du pays, en s’alarmant d’autre part des récents bombardements mutuels entre militants basés en Syrie et forces israéliennes, sur les hauteurs du Golan. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. GEIR OTTO PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a souligné que depuis mars 2020, le conflit syrien se trouve dans une sorte d’impasse stratégique, caractérisée par des lignes de front statiques, des violences persistantes et des escalades sporadiques.  De plus, les autorités de facto renforcent leur contrôle sur le territoire et cinq armées étrangères restent présentes et actives sur le terrain.  Il a ensuite rappelé que depuis longtemps, il met en garde contre ce statu quo, qui, selon lui, expose la Syrie au risque de dérive vers une fragmentation plus profonde et prolongée, avec des risques d’escalade des plus effrayants.  « Aujourd’hui, je tire la sonnette d’alarme: la situation est désormais plus dangereuse que jamais. » 

Développant les raisons de sa mise en garde, l’Envoyé spécial a expliqué qu’en plus de la violence émanant du conflit syrien lui-même, le peuple syrien est désormais confronté à la perspective d’une potentielle escalade plus large, compte tenu des développements alarmants en Israël, dans le territoire palestinien occupé et dans la région.  Le débordement en Syrie n’est pas seulement un risque, il a déjà commencé, a-t-il affirmé.  Des frappes aériennes, attribuées à Israël, se sont abattues sur les aéroports d’Alep et de Damas, à plusieurs reprises, interrompant même temporairement le service aérien humanitaire de l’ONU qui opère à partir de ces aéroports et dessert les programmes humanitaires de la Syrie. 

Le Gouvernement syrien affirme que certains de ses soldats ainsi que des civils ont été tués et blessés lors de ces frappes. Les États-Unis affirment, pour leur part, que leurs forces ont été confrontées à de multiples attaques de groupes qu’ils prétendent être soutenus par l’Iran, notamment sur le territoire syrien. La semaine dernière, les États-Unis ont mené des frappes contre des installations en Syrie qui, affirment-ils, sont utilisées par le Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne et les groupes qu’il soutient.  D’autres échanges ont encore été signalés ce matin, a encore précisé M. Pedersen. 

Poursuivant, il a signalé que les attaques contre les zones contrôlées par le Gouvernement syrien se sont considérablement intensifiées. Une attaque meurtrière a eu lieu durant une cérémonie de remise de diplômes dans l’académie militaire à Homs, que le Gouvernement attribue à des organisations terroristes.  Les bombardements progouvernementaux dans le nord-ouest ont, quant à eux, atteint des niveaux faisant écho à ceux du plus fort du conflit avant 2020.  Cela a provoqué le déplacement de plus de 120 000 civils et causé des dommages importants aux services et infrastructures essentiels, notamment aux établissements de santé, aux écoles et aux camps, a, entre autres, relaté M. Pedersen.

Il a alors estimé que la Syrie, le peuple syrien et la région dans son ensemble ne sont pas en mesure de supporter de nouvelles explosions de conflits violents, qu’elles soient causées par des dynamiques internes ou externes.  Face au « danger réel et croissant » en Syrie, il a recommandé « un seul antidote »: la désescalade immédiate.  Celle-ci permettrait d’endiguer la vague de violence et de se recentrer sur un processus politique crédible qui trace la voie à suivre dans un cadre respectant et rétablissant pleinement la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie.

Or, M. Pedersen a craint que la complaisance ne s’installe aujourd’hui face à l’absence d’un tel processus. Malheureusement, des mois d’efforts intenses n’ont toujours pas abouti à un consensus sur le lieu de reprise des travaux de la Commission constitutionnelle ni sur son contenu, a-t-il regretté.  Il a pourtant parlé de propositions visant à faire progresser les mesures de confiance, étape par étape, qui sont « sur la table ».  Les récents développements régionaux ont temporairement ralenti les consultations sur ces questions, mais nous devons y revenir sans tarder, a-t-il pressé, ajoutant continuer de travailler avec le même engagement que jamais pour faire progresser tous les aspects du processus politique. 

Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a déclaré, au nom de M. Martin Griffiths, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, que si l’attention du monde s’est focalisée sur la crise à Gaza ces dernières semaines, « à juste titre », il ne faudrait pas négliger les crises humanitaires qui persistent ailleurs, à grande échelle, y compris au Moyen-Orient.  Elle a expliqué qu’elle s’adressait au Conseil depuis Le Caire, après avoir passé la semaine dernière à visiter un certain nombre de pays de la région, dont la Syrie, où l’urgence humanitaire n’a fait que s’aggraver. Plusieurs régions du nord de la Syrie ont connu une grave escalade des hostilités, le nord-ouest en particulier, avec la plus sérieuse escalade de la violence depuis 2019.  Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, au moins 70 civils avaient été tués au 20 octobre, dont 36 femmes et 14 enfants.  Les victimes civiles ont été enregistrées dans les deux zones gouvernementales, notamment à cause d’une attaque de drones ayant eu lieu le 5 octobre au cours d’une cérémonie de remise des diplômes de l’académie militaire de Homs, ainsi que dans les zones non contrôlées par le Gouvernement. 

Mme Wosornu a également indiqué qu’entre le 5 et le 18 octobre, plus de 120 000 personnes ont été déplacées à Edleb et dans l’est d’Alep.  Les hostilités ont en outre occasionné des dégâts dans les infrastructures et les services de base, notamment des centres de santé, une vingtaine d’établissements scolaires et plus de 20 systèmes d’eau, comme elles ont aussi affecté la principale centrale électrique à Edleb.  D’autre part, les attaques, y compris les frappes aériennes et les tirs d’artillerie, se sont poursuivies presque quotidiennement, et des informations font état de nouvelles personnes tuées et blessées au cours de la semaine écoulée, y compris, de manière alarmante, un nombre croissant d’enfants, a ajouté la Directrice des opérations et du plaidoyer de l’OCHA.  Elle a donné l’exemple de Sami, 15 ans, qui avait été déplacé dans la ville d’Edleb il y a quatre ans et dont le père, Nabil, est un chauffeur d’une ONG partenaire de l’ONU: il est mort le 26 octobre, ainsi que son ami d’enfance, Ali.

Alors qu’environ la moitié des personnes déplacées par les violences seraient retournées dans leur région d’origine, plusieurs dizaines de milliers d’entre elles craignent toujours d’y retourner, ce qui vient s’ajouter à la cohorte de 2,9 millions de personnes déjà déplacées dans le nord-ouest du pays, a poursuivi Mme Wosornu.  Elle a cité en outre des informations sur de nouveaux déplacements ces derniers jours, avant de préciser que les femmes et les filles, qui représentent 80% des personnes vivant dans des camps de déplacés et des sites informels, continuent d’en subir les conséquences les plus graves. 

Dans le nord-est, une recrudescence des hostilités au début du mois a endommagé une série d’infrastructures civiles de base, a informé Mme Wosornu en soulignant les impacts des perturbations de l’électricité sur les installations d’eau et de santé et l’augmentation de la demande de carburant pour les génératrices et le chauffage à l’approche de l’hiver.  Elle a expliqué que cette situation a encore gonflé les prix déjà élevés du carburant, des transports, des denrées alimentaires et d’autres produits de base. Elle a réitéré l’appel du Secrétaire général adressé aux parties pour qu’elles respectent leurs obligations en droit international, notamment en termes de protection des civils. L’escalade des hostilités a en outre eu un grave impact sur les opérations et les travailleurs humanitaires, dans le nord-ouest plus particulièrement, trois travailleurs humanitaires figurant parmi les morts et de nombreuses organisations se voyant forcées à suspendre leurs opérations, a-t-elle ajouté. 

Il n’empêche que l’ONU et ses partenaires humanitaires ont poursuivi leur assistance cruciale (eau potable, gestion des déchets, nourriture, tentes, services de protection et fournitures médicales d’urgence, y compris de santé sexuelle et reproductive) aux personnes déplacées.  Mme Wosornu a mis l’accent sur l’acheminement d’une aide à grande échelle de l’autre côté de la frontière avec la Türkiye, qui s’est avérée indispensable pour répondre aux besoins humanitaires « vastes et croissants ».  Au cours des six dernières semaines, 251 camions ont ainsi acheminé des fournitures essentielles par les points de passage de Bab el-Haoua ou de Bab el-Salam, a-t-elle chiffré avant d’indiquer avoir demandé au Gouvernement syrien de prolonger son autorisation d’utiliser les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï au-delà du 13 novembre, aussi longtemps que les besoins humanitaires se poursuivront, afin de pouvoir fournir une aide humanitaire essentielle de manière prévisible et durable.

Mme Wosornu a également fait état de l’aggravation de la crise économique, avec une forte dévaluation de la devise et des taux d’inflation très élevée et ce, alors même que le financement du Plan de réponse humanitaire pour la Syrie stagne à moins de 30%.  Le Fonds humanitaire des Nations Unies pour la Syrie et le Fonds humanitaire transfrontalier pour la Syrie allouent près de 50 millions de dollars pour atténuer l’impact des conditions hivernales difficiles sur les communautés vulnérables, a-t-elle signalé en détaillant les distributions faites et les soutiens apportés: tentes et abris, articles ménagers, eau et assainissement, aide en espèces, ainsi que d’efforts visant à stimuler le relèvement rapide et la résilience.  Mais cela reste insuffisant, a encore déclaré la Directrice des opérations de l’OCHA, qui a sollicité davantage de financement.  Notant que la région traverse une « période très préoccupante, même pour le monde », elle a argué qu’avec plus de 15 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire et d’une protection vitale dans des conditions de plus en plus difficiles, la situation en Syrie exige attention et action.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a d’abord souligné que les mises en garde de l’Envoyé spécial concernant les risques d’attaques terroristes dans la région se sont malheureusement révélées exactes le 7 octobre, ajoutant que certains groupes soutenus par l’Iran et la Syrie menacent désormais d’élargir le conflit.  Accusant le « régime syrien » de laisser l’Iran et le Hezbollah utiliser ses aéroports civils à des fins militaires, et ainsi de mettre en danger des voyageurs civils, la représentante a appelé ces derniers à cesser immédiatement cette pratique, ainsi qu’à endiguer les activités des milices armées sur le territoire syrien, y compris dans le Golan. 

Elle a averti que toute attaque contre le personnel américain sur place fera l’objet d’une légitime défense, en accord avec le principe de proportionnalité, comme ce fut le cas avec les frappes menées par l’armée américaine contre des sites militaires iraniens le 27 octobre. Personne ne peut dire qu’elles ont été effectuées sans avertissement, a-t-elle souligné.  Elle s’est par ailleurs indignée des attaques menées par le Gouvernement syrien ou ses alliés, notamment la Russie, qui ont récemment visé un camp de déplacés dans le nord-ouest de la Syrie et tué des enfants, sans aucune explication plausible.  Au contraire de ces régimes qui n’agissent pas de façon responsable, les États-Unis font toujours en sorte de limiter le nombre de victimes civiles, a-t-elle insisté. 

La représentante a soutenu les récentes manifestations, dont beaucoup sont menées par des femmes, pour réclamer de meilleures conditions de vie, dans le sud de la Syrie.  Elle a enfin estimé qu’il fallait se concentrer sur une solution au conflit menée par les Syriens et a appelé au maintien de l’accès pour l’acheminement de l’aide humanitaire via la Türkiye.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a constaté que la situation est très tendue en Syrie du fait de l’escalade du conflit israélo-palestinien, de la présence militaire illégale des États-Unis dans le nord-ouest de la Syrie et des frappes aériennes israéliennes contre notamment l’aéroport de Damas.  Ces faits font peser des menaces sur les civils innocents et entravent l’acheminement de l’aide humanitaire de l’ONU, a dénoncé le représentant.  Réagissant à l’intervention de son homologue des États-Unis, il a démonté l’argument selon lequel les frappes des forces américaines dans le nord-est de la Syrie seraient des actes de légitime défense.  Ces frappes, menées à des milliers de kilomètres des frontières américaines, sont menées en violation de la souveraineté de la Syrie et du droit international, a jugé le délégué, en s’inquiétant en plus qu’elles puissent déclencher une escalade dans la région.  « Nous ne pouvons pas l’accepter. »  Le délégué a comparé avec les frappes russes, qui visent les groupes terroristes contrairement aux dernières frappes américaines dans la région de l’Euphrate qui ont causé la mort de plus de 100 personnes. 

Qui plus est, selon le délégué, les États-Unis trafiquent les carburants syriens dans le nord-est et arment les Kurdes pour qu’ils puissent attaquer des pays arabes voisins.  Ces frappes américaines sont épaulées par l’aviation israélienne, a avancé le représentant.  Il a ensuite salué la coopération entre Damas et les pays arabes.  Il a ajouté qu’il n’y a pas d’alternative au processus politique en Syrie et que l’ONU doit aider la Syrie à assurer sa souveraineté. Réitérant l’importance de la Commission constitutionnelle, le délégué a dit qu’il appartient aux Syriens de choisir le lieu de la reprise des consultations.

Sur le plan humanitaire, le représentant russe a déploré le fait qu’après le non-renouvellement de l’autorisation du mécanisme d’acheminement transfrontière, en juillet, les premiers convois n’aient commencé à revenir que le 19 septembre, avec 159 camions arrivés par le point de passage de Bab el-Haoua.  L’aide humanitaire ne peut être acheminée qu’avec l’autorisation expresse de Damas, a prévenu le représentant en conclusion.

Au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a condamné dans les termes les plus fermes l’attaque, le 5 octobre, d’une cérémonie de remise de diplômes de l’académie militaire à Homs, qui a coûté la vie à plus d’une centaine de personnes, dont des civils.  Ce genre de représailles a transformé la partie nord du pays en un foyer d’hostilités armées faisant de plus en plus de victimes civiles, a-t-il déploré, rappelant aux parties qu’il ne saurait y avoir de gagnant dans un contexte de violence aussi implacable: à mesure que la guerre se prolonge, la Syrie perd un peu plus chaque jour le rang lui revenant dans le concert des nations.  Pour ces raisons, les A3 ont appelé à un cessez-le-feu immédiat à l’échelle nationale, afin de créer un environnement propice au démarrage d’un processus politique calqué sur la résolution 2254 (2015). Sortir de l’impasse passe par l’organisation d’une réunion de la Commission constitutionnelle, a souligné le délégué. 

Dans un tel contexte de violence, le délégué des A3 a jugé profondément préoccupant que la Syrie continue de faire l’objet d’attaques répétées de forces étrangères ciblant parfois des infrastructures civiles et perturbant la distribution de l’aide humanitaire dans le pays, en violation du droit international humanitaire.  Il a donc renouvelé son appel au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie, ainsi qu’au retrait complet de ces forces étrangères du pays.  Un autre sujet de préoccupation majeur des A3 concerne les récents bombardements mutuels entre militants basés en Syrie et forces israéliennes, sur les hauteurs du Golan. Compte tenu de la dynamique actuelle dans la région du Moyen-Orient, de telles attaques, si elles ne sont pas maîtrisées, présagent une dangereuse escalade régionale, avec de graves conséquences pour la paix et la sécurité mondiales, a-t-il estimé. 

Sur le plan humanitaire, l’orateur a déploré un sous-financement des agences humanitaires qui leur pose un dilemme: quel affamé faut-il nourrir?  Le délégué a donc exhorté les parties à travailler avec l’ONU pour créer un environnement sécurisé pour l’acheminement de l’aide, par tous les moyens.  Il a également souhaité que le Gouvernement syrien renouvelle l’autorisation d’utilisation des trois postes frontière avant leur expiration.  Enfin, la fourniture de l’aide à travers les lignes de front, tout aussi essentielle, doit être augmentée pour compléter les livraisons transfrontalières, ont conclu les A3. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a déclaré que les répercussions des tensions actuelles en Israël et à Gaza ne peuvent qu’exacerber encore davantage une situation sécuritaire déjà instable en Syrie, où la crise humanitaire reste par ailleurs périlleuse.  La protection des civils doit donc rester au cœur de cette crise, a plaidé la représentante, en appelant à une augmentation des ressources du Plan de réponse humanitaire syrien, qui reste gravement sous-financé. Elle aussi estimé qu’alors que les points de passage humanitaires de Bab el-Haoua et Bab el-Salam restent une bouée de sauvetage essentielle pour des millions de civils dans le nord-ouest, les autorisations de chacun de ces points de passage doivent être renouvelées aussi longtemps que les besoins persisteront.

La représentante a aussi estimé que seule une solution politique, conforme à la résolution 2254 (2015) peut répondre aux causes profondes de cette crise et garantir la sécurité, la dignité et la justice que les Syriens méritent depuis longtemps.  Pour cette raison, la dynamique créée en faveur de la reprise de la Commission constitutionnelle syrienne doit être maintenue.  L’organisme doit reprendre son travail sans tarder et tous les acteurs, y compris le processus d’Astana et le Groupe de contact arabe, doivent s’unir pour poursuivre le travail vital visant à trouver des solutions à ce conflit, a encore plaidé la représentante. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a appelé toutes les parties à l’instauration d’un cessez-le-feu au niveau national et à assurer la protection des civils.  Elle a rappelé que le respect du droit international humanitaire ainsi que la protection des civils constituent une priorité pour son pays. Elle a aussi jugé essentiel que les parties respectent et fassent respecter le droit international humanitaire ainsi que les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans la conduite des hostilités.  La population civile et les biens civils, y compris les infrastructures indispensables à la survie des civils telles que celles qui assurent l’approvisionnement en eau, doivent eux aussi être impérativement protégés. 

En cette période de fortes tensions régionales et internationales, il est primordial de rester à l’écoute de la société civile, a-t-elle ajouté.  Elle est en effet la seule à même de prendre le pouls de la situation sur le terrain, de capter les aspirations, les griefs et les attentes des populations, notamment des femmes.  Aussi la représentante a-t-elle réitéré son soutien aux organisations de la société civile actives à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie, qui jouent un rôle crucial pour atténuer les tensions et conflits encore à l’œuvre. 

Enfin, la déléguée suisse a misé sur la mise en œuvre par toutes les parties de mesures de confiance, au sens de la résolution 2254 (2015), y compris la libération des détenus et la clarification du sort des personnes disparues.  Ces mesures sont essentielles pour ouvrir la voie à la réconciliation dans le pays, a-t-elle argué.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a mis l’accent sur la nécessité de relancer le processus politique en Syrie et de tenir la réunion de la Commission constitutionnelle.  Elle a souligné qu’une solution politique peut fournir les conditions nécessaires au retour des réfugiés dans la dignité et en toute sécurité, et permettre à la justice d’effectuer son travail pour les crimes de guerre, les déplacements forcés et les actes de torture commis pendant le conflit qui a secoué la Syrie, un pays passé de « berceau de la civilisation », à celui de « cimetière d’espoirs ». 

L’hypothèse d’une aide transfrontalière dans le nord-ouest de la Syrie à partir de Bab el-Haoua, bien que positive, est insuffisante, a ensuite estimé la représentante, en plaidant pour l’ouverture des autres points de passage de Bab el-Salam et Raaï, et la poursuite d’un flux d’assistance humanitaire prévisible.  Elle s’est dite profondément inquiète des tirs systématiques d’artillerie et de missiles par le « régime syrien » dans le nord-ouest du pays, exhortant au respect d’un cessez-le-feu national.  La déléguée a conclu que la situation au Moyen-Orient fait planer « des nuages sombres sur la paix régionale », invitant toutes les parties prenantes à s’abstenir de verser de l’huile sur le feu. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a d’abord souligné le risque de débordement régional que présente la situation en Israël et en Palestine, notant des échanges de tirs transfrontaliers sur le plateau du Golan et des frappes sur les aéroports internationaux de Damas et d’Alep.  Elle s’est ensuite réjouie que se soient poursuivies, ce mois-ci, les livraisons d’aide de l’ONU provenant de la Türkiye et entrant dans le nord-ouest de la Syrie.  La représentante a encouragé la poursuite de l’aide vitale « par tous les moyens », y compris par l’acheminement transfrontière et le passage à travers les lignes de front.  Elle a regretté, à ce titre, que le Conseil n’ait pas pu se mettre d’accord en juillet sur la prolongation du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière dans le nord-ouest de la Syrie.  Alors que l’autorisation du Gouvernement syrien pour l’utilisation des postes frontières de Bab el-Salam et de Raaï expire en novembre, elle a vivement espéré qu’elle soit prolongée.  La vie de millions de personnes est en jeu, a appuyé la déléguée.

Concernant la situation politique, la déléguée japonaise s’est dite déçue que la Commission constitutionnelle n’ait pas pu se réunir à nouveau à Genève ou ailleurs et a espéré qu’un lieu de réunion pourra être choisi dans les plus brefs délais.  Elle a en outre encouragé les efforts diplomatiques intensifs déployés par l’Envoyé spécial Pedersen pour faciliter les progrès dans l’approche étape par étape et relancer un processus politique dirigé et pris en charge par les Syriens, conformément à la résolution 2254 (2015).  Créer les conditions d’un retour sûr, digne et volontaire des réfugiés et des déplacés est également déterminant, a-t-elle ajouté. Enfin, selon la déléguée, le retour de la Syrie à la Ligue des États arabes a fait naître l’espoir d’une voie réaliste vers la paix et la stabilité en Syrie et au-delà.  Toutefois, elle a souligné la nécessité pour le Gouvernement syrien de participer de manière significative et de bonne foi à ces efforts visant à faire avancer le processus politique.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a d’abord appelé à garantir des flux d’aide durables, prévisibles et efficaces dans l’ensemble de la Syrie, rien ne pouvant remplacer l’accès transfrontière pour les habitants du nord-ouest.  Les accords à court terme et de dernière minute sont inappropriés, a-t-elle jugé, insistant pour que l’accès transfrontière soit accordé pendant au moins douze mois aux trois points de passage de l’ONU: le Conseil a le devoir d’y veiller, conformément aux principes humanitaires.  Le financement humanitaire reste insuffisant, a ajouté la représentante en soulignant que le Royaume-Uni continue d’être l’un des principaux donateurs pour les Syriens dans le besoin humanitaire, ayant promis 180 millions de dollars pour cette année seulement.  Elle a dit cependant sa crainte que 17% de chaque dollar d’aide envoyé aux agences des Nations Unies basées à Damas soit détourné au profit du « régime », que la déléguée a accusé de « manipuler les taux de change à son profit ».

À un moment fragile pour la région, toutes les parties doivent s’efforcer d’éviter que le conflit déborde, a recommandé Mme Woodward.  Préoccupée par les informations faisant état d’une activité accrue des milices affiliées à l’Iran et de l’intensification des hostilités entre Israël et ces milices dans le sud de la Syrie, la déléguée a appelé « le régime » à donner la priorité à la désescalade et à se concentrer sur la promotion de la stabilité et de la prospérité.  De plus, ce contexte de violence dans la région souligne de manière encore plus urgente, selon elle, la nécessité d’un processus politique viable en Syrie. Elle a demandé au « régime » d’agir de bonne foi et de s’engager, faisant valoir que jusqu’à présent, les tentatives de normalisation n’ont pas porté leurs fruits. L’insécurité persiste, le commerce du captagon se poursuit et le retour sûr, digne et volontaire des réfugiés reste hors d’atteinte.  Inchangée, la position du Royaume-Uni est de ne pas engager de dialogue avec Damas sans la preuve d’un changement de comportement véritable et cohérent de sa part, a rappelé la représentante.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a condamné la violence affectant la population civile en Syrie, appelant à la fin immédiate des hostilités qui aggravent la crise politique et humanitaire dans le pays et la région.  Préoccupé par la récente perturbation du processus politique, le délégué a également cité des données alarmantes fournies par la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie, qui indiquent que le pays subit la pire escalade de violence armée depuis quatre ans.  Dans ce contexte, il convient d’impliquer pleinement les femmes et les jeunes dans le processus de négociation politique, a-t-il préconisé, en rappelant le débat, qui s’est tenu la semaine dernière au Conseil de sécurité, sur les femmes, la paix et la sécurité.

Également préoccupé par les données fournies par l’OCHA, selon lesquelles 15 millions de Syriens dépendent de l’aide humanitaire pour leur survie, le représentant a souligné le besoin urgent de ressources, indiquant que le plan de réponse humanitaire pour la Syrie, en 2023, n’a été financé qu’à hauteur de 30%.  Enfin, le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire via Bab el-Salam et Raaï arrivant prochainement à expiration, il a plaidé pour son maintien.

M. GENG SHUANG (Chine) a souligné la nécessité de tout mettre en œuvre pour éviter un débordement et une escalade. Le processus politique en Syrie ne pourra progresser sans un environnement politique régional propice, a-t-il assuré, faisant référence aux bombardements par Israël des aéroports de Damas et Alep, et plaidant pour la retenue.  Il a espéré que les pays de la région feront preuve d’objectivité et d’impartialité et joueront un rôle constructif.  Le délégué a aussi exprimé sa préférence pour un règlement politique de la crise, via un processus dirigé par les Syriens eux-mêmes.  Il a dit appuyer l’approche étape par étape de l’Envoyé spécial pour la reprise des travaux de la Commission constitutionnelle. 

Il a aussi dit soutenir le Gouvernement syrien dans sa lutte contre le terrorisme, contre lequel il a affirmé une tolérance zéro. La Chine est en outre opposée à toute ingérence dans les affaires internes de la Syrie et, pour cette raison, son représentant a appelé à ce que cessent la présence illégale de troupes étrangères sur le territoire syrien et la spoliation de ses ressources naturelles. Il a aussi appelé à la levée des sanctions qui pèsent sur la Syrie et qui, selon lui, entravent la capacité de son gouvernement à lever des fonds pour la reconstruction et la réponse humanitaire. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a prévenu d’emblée que la « guerre du Hamas contre Israël » fait peser un risque d’embrasement régional, mais que l’engrenage n’est pas inévitable. Elle a exhorté tous les membres du Conseil à redoubler d’efforts diplomatiques pour éviter ce scénario catastrophique.  Les récents accrochages en Syrie et la mobilisation des groupes armés à la frontière avec Israël font planer le risque d’une extension du conflit au théâtre syrien, a constaté la représentante, soulignant que l’ouverture d’un nouveau front contre Israël depuis la Syrie aggraverait la situation du pays, dont la population serait la première victime.  Elle a jugé injustifiables les bombardements du « régime » dans la région d’Edleb, plaidant pour une cessation des hostilités dans l’ensemble du pays.  Cet objectif doit aller de pair avec un processus politique crédible et inclusif, conforme à la résolution 2254 (2015).  Elle a en outre appelé le Gouvernement syrien à présenter des engagements « concrets et vérifiables » sur les conditions d’un retour volontaire, sûr et digne des réfugiés dans leur pays.

Se félicitant de la reprise de l’acheminement de l’aide humanitaire dans le nord-ouest syrien, elle a toutefois déclaré qu’elle reste insuffisante et inférieure à celle qui transitait auparavant dans le cadre du mécanisme transfrontalier, surtout avant l’arrivée de la saison hivernale.  Elle a aussi jugé nécessaire que le « régime syrien » renouvelle sans condition, en novembre, son autorisation pour les deux points de passage de Bab el-Salam et Raaï: l’accès humanitaire doit être permanent, sûr et sans entrave, a-t-elle insisté.  Pour la France enfin, il est essentiel que le Conseil reste saisi du dossier et que le Secrétariat rende compte par écrit au Conseil de la réponse humanitaire en Syrie, a conclu la déléguée.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a mis en contexte la réunion d’aujourd’hui avec la « guerre dévastatrice » en cours à Gaza, où les civils souffrent terriblement.  Les inquiétudes grandissent chaque jour quant à la possibilité que la région entière sombre dans une guerre dont les dégâts seraient énormes pour le monde entier, a-t-il souligné, évoquant les tensions croissantes dans le Golan syrien occupé, ainsi que dans d’autres régions voisines au cours des dernières semaines, qui confirment la nécessité urgente d’une réponse.  Qualifiant la crise syrienne d’un des dossiers parmi les plus complexes, « en raison des ingérences étrangères », le délégué émirien a souligné l’importance d’assurer un cessez-le-feu dans toutes les régions syriennes et de s’abstenir de cibler des installations vitales, en particulier les aéroports d’Alep et de Damas, afin d’éviter d’entraver la livraison de l’aide humanitaire.  Il a aussi souligné l’importance de lutter contre Daech, dont les attaques visant à déstabiliser la sécurité et la stabilité en Syrie se poursuivent, comme en témoigne celle ayant visé l’Académie militaire de Homs, qu’il a condamnée.

Chaque année, la situation économique continue de se détériorer en raison de multiples facteurs: hausse des prix du carburant, des matières premières et des denrées alimentaires, dévaluation de la livre syrienne à des niveaux jamais vus.  La situation exige que la communauté internationale explore les moyens de stimuler l’économie en Syrie pour améliorer les conditions humanitaires et de vie du peuple syrien, a-t-il exhorté, soulignant également l’importance de restaurer les réseaux d’eau et d’électricité, essentiels à la fourniture des services humanitaires.  À cet égard, il a dit apprécier les efforts continus de l’OCHA et du Gouvernement syrien pour acheminer de manière transparente l’aide humanitaire via les trois points de passage de la frontière syro-turque.  Il a espéré que leur ouverture sera de nouveau prolongée, réitérant la nécessité d’utiliser toutes les modalités pour acheminer l’aide, notamment via des convois passant à travers les lignes de front.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a exprimé sa vive inquiétude concernant les récents développements en Syrie, notamment à la suite de l’attaque terroriste survenue le 5 octobre à l’Académie militaire de Homs.  Déplorant la détérioration de la situation dans le nord du pays, du fait de frappes aériennes à Idlib qui ont entraîné des pertes civiles et des dommages importants aux infrastructures, et des attaques du groupe terroriste Hayat Tahrir al-Sham, le délégué s’est par ailleurs vivement inquiété du risque d’un débordement régional du conflit Israël-Hamas.

Dans ce contexte d’instabilité croissante, il a renouvelé ses appels à la retenue, au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil.  Le peuple syrien ne peut se permettre d’autres pertes, a-t-il insisté, en appelant à un cessez-le-feu immédiat et complet.  Le délégué a conclu en s’accordant avec l’Envoyé spécial sur le fait que « le statu quo en Syrie est intenable » et qu’il convient de mettre en œuvre la résolution 2254 du Conseil de sécurité, au risque de voir la situation se détériorer davantage encore, avec des effets néfastes pour toute la région.

M. ALHAKAM DANDY (République arabe syrienne) a dénoncé les bombardements israéliens à Gaza et ceux qui ont visé l’aéroport de Damas, appelant le Conseil de sécurité à condamner ces agressions.  Il a décrié les garanties de sécurité américaines fournies à Israël, qui font des Américains les complices des agissements de ce pays, selon lui.  Le représentant a fait savoir que le Gouvernement syrien poursuit sa lutte contre les « groupes terroristes qui sont soutenus par des États bien connus », condamnant la présence militaire américaine dans le nord-est de la Syrie et le soutien de Washington à des groupes de terroristes.  Il a rappelé que le Secrétaire à la défense américain s’était rendu en Syrie, y voyant la preuve du rôle destructeur des États-Unis en Syrie.  Il a également dénoncé les sanctions illégales américaines et européennes infligées à son pays, qui provoquent des souffrances humaines sans précédent.  Il a par ailleurs déploré le pillage du pétrole et du blé syriens par les États-Unis.

La Syrie, a poursuivi le délégué, continue de travailler avec l’ONU pour apaiser la souffrance des populations civiles.  Il s’est indigné du retard de deux mois dans l’acheminement de l’aide humanitaire traversant le passage de Bab el-Haoua. Il a appelé à exercer des pressions sur les groupes terroristes pour que l’aide arrive aux personnes dans le besoin. Déplorant aussi le manque de financement humanitaire qui fait obstacle à l’aide de l’ONU, le représentant a misé sur une réduction de la dépendance du pays à l’assistance humanitaire.  Le Gouvernement syrien encourage le retour volontaire et digne des réfugiés en coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, a-t-il poursuivi.

En conclusion, il a demandé la levée des sanctions unilatérales, la poursuite des opérations de déminage et des projets de développement à résultat rapide.  Le délégué a aussi exigé la fermeture du camp de Hol qui est, a-t-il averti, « un repaire des groupes terroristes ».  La crise syrienne exige que le Conseil décide de mettre un terme aux attaques israéliennes et à la présence étrangère dans le pays, a-t-il énoncé.  En réponse à son homologue des États-Unis sur la question du droit de légitime défense, il a dit que la présence américaine en Syrie est illégale et qu’elle ne recueille pas le consentement du pays.

M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a noté qu’après 12 ans de crise en Syrie, les activités terroristes et la présence sur le terrain des forces américaines restent les premières menaces.  Le représentant a fustigé par ailleurs plusieurs « opérations agressives d’Israël » contre les aéroports de Damas et d’Alep, qui ont non seulement perturbé le fonctionnement de ces infrastructures vitales, mais également entraîné des pertes de vies civiles.  Le délégué a aussi mis en cause les sanctions prises au titre de la loi « César », qui sont devenues des « instruments de terreur ».  Il s’est également inquiété de l’absence de financement qui empêche l’ONU de fournir l’assistance voulue aux personnes dans le besoin, avant de réclamer pour la fin du « deux poids, deux mesures ». 

La solution politique à la crise syrienne exige des efforts diplomatiques et politiques, d’où l’urgence de reprendre les réunions de la Commission constitutionnelle, peu importe le lieu où elles se tiendraient, a-t-il encore déclaré.  Répondant enfin aux États-Unis, il a réfuté des affirmations « fallacieuses ».  Ce pays tente de rejeter la faute sur la victime, a-t-il rétorqué, soulignant que la présence de l’Iran en Syrie répond à une demande officielle de ce pays.  En revanche, la présence américaine est en totale violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté syrienne, et relève de l’agression et de l’occupation.  Le représentant a donc appelé Washington à se retirer du nord-est de la Syrie et à cesser de contribuer à l’escalade de la violence sous couvert de lutter contre le terrorisme.  D’autre part, le soutien indéfectible américain à l’agression dans la bande de Gaza fait partie du problème, a-t-il ajouté, en demandant sa cessation immédiate.  Faute de quoi, l’Iran n’hésitera pas à réagir conformément au droit international, a mis en garde le délégué.

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a dit son espoir que la communauté internationale puisse continuer d’utiliser les trois points de passage pour l’acheminement de l’aide humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie, et ce, au-delà de novembre, en particulier dans la perspective de l’hiver prochain.  Les Nations Unies auront des décisions importantes à prendre, a-t-elle dit. Elle a ensuite parlé du conflit à Gaza qui fait peser de grands risques sur la région, faisant remarquer que la Syrie n’est pas à l’abri de sombrer dans l’instabilité.  S’agissant de la situation en Syrie, elle a estimé que la seule manière d’en sortir est de progresser simultanément sur trois fronts: revitaliser le processus politique, conformément à la résolution 2254 (2015); créer des conditions propices à un retour sûr et digne des réfugiés syriens; et combattre le terrorisme pour préserver l’intégrité territoriale du pays.

Partant de là, la représentante a estimé qu’il fallait tout faire pour que les travaux de la Commission constitutionnelle reprennent. C’est la seule plateforme capable de résoudre la crise, a-t-elle dit, en recommandant de ne pas en exclure l’opposition syrienne.  Elle a également affirmé que la plus grande menace contre l’intégrité territoriale et l’unité de la Syrie est la présence de groupes terroristes sur son sol, notamment les Forces démocratiques syriennes (FDS) et le groupe Unités de protection du peuple et Parti des travailleurs du Kurdistan (YPG/PKK).  Ce dernier représente une grave menace pour la sécurité nationale de la Türkiye, a-t-elle dit, affirmant que les terroristes qui ont perpétré un attentat à Ankara le 1er octobre avaient été formés en Syrie.  C’est la raison pour laquelle, la Türkiye mène des opérations antiterroristes en Syrie, conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La Türkiye est déterminée à ne pas laisser ce groupe terroriste et d’autres de trouver refuge à sa frontière, a assuré la représentante.

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