9439e séance – soir
CS/15445

Conseil de sécurité: rejet d’un projet de résolution russe sur la situation à Gaza

Réuni en début de soirée, le Conseil de sécurité a rejeté par 5 voix pour, 4 voix contre (États-Unis, France, Japon et Royaume-Uni) et 6 abstentions un projet de résolution présenté par la Fédération de Russie par lequel le Conseil aurait notamment exprimé sa profonde inquiétude face à l’aggravation de la crise humanitaire à Gaza et appelé à l’instauration d’un cessez-le-feu humanitaire durable.  La Chine, les Émirats arabes unis, le Gabon et le Mozambique ont voté en faveur du texte, de même que la Fédération de Russie.

« Une fois de plus, le Conseil demeure otage des velléités des délégations occidentales », a déploré la Fédération de Russie à l’issue du vote qui, a-t-elle ajouté, montre clairement qui est en faveur d’une trêve et de l’envoi d’une aide humanitaire à Gaza. 

La représentante des États-Unis a cependant indiqué n’avoir pas pu voter en faveur du projet en raison de l’absence de toute référence au Hamas.  C’est un affront aux victimes du pire massacre de Juifs depuis l’Holocauste, a dénoncé la représentante qui a également affirmé que la grande majorité des familles de Gaza souffrent des conséquences des actes du Hamas.  « Le Hamas doit être tenu pour responsable de ses actes.  Il ne représente pas le peuple palestinien et il n’a rien fait pour promouvoir la paix et la stabilité, préférant le chaos », a martelé la représentante. 

Même son de cloche du côté de la France et du Royaume-Uni qui a notamment jugé inacceptable que le Conseil de sécurité fasse fi de la pire attaque terroriste subie par Israël.  Le Japon a expliqué de son côté avoir voté contre le projet en raison de la façon dont le texte a été présenté.  « Pourquoi a-t-il fallu mettre aux voix ce projet alors que nous avions la possibilité de l’améliorer? »

L’Équateur a également déploré la présentation d’un projet de résolution n’ayant pas fait l’objet de larges consultations, relevant qu’un autre texte proposé par le Brésil, mais au sujet duquel le Conseil ne s’est pas prononcé ce soir, cherche, lui, à rassembler tous les points de vue.  De son côté, la Suisse a expliqué son abstention par le fait que le Conseil ne peut faire l’économie de se référer clairement au droit international et au droit international humanitaire dans ses résolutions parce que « même les conflits armés ont des règles ». 

La Chine a justifié son vote favorable eu égard à la gravité de la situation, soulignant que la sécurité des civils est une ligne rouge à ne pas dépasser et plaidant pour l’ouverture d’un couloir humanitaire.  Le Conseil doit parvenir à un consensus dans un contexte où le processus de paix a déraillé, a-t-elle insisté.  Affirmant lui aussi que son vote pour était en réponse à une crise extrêmement grave, le Gabon a appelé le Conseil à faire preuve de plus d’engagement pour éviter une catastrophe aux « conséquences irréparables ».  Le projet de résolution répondait pourtant à la nécessité d’un cessez-le-feu, ont regretté les Émirats arabes unis, alertant que le spectre d’un bain de sang se profile.

Pourquoi ce Conseil n’est-il pas en mesure d’obtenir un cessez-le-feu pour mettre fin aux massacres? s’est inquiété l’État de Palestine notant que depuis 10 jours, le monde regarde Israël agresser plus de 2 millions de Palestiniens.  Alertant qu’« Israël n’a pas épargné une seule famille palestinienne à Gaza », la délégation a notamment appelé à arrêter l’assaut; à permettre un accès humanitaire immédiat et sans entrave dans toute la bande de Gaza, et à mettre fin au déplacement forcé de son peuple.  Israël n’a pas le droit de forcer la population de Gaza à choisir entre la fuite forcée ou la mort.  Et personne ne devrait entretenir l’illusion que tuer le plus de Palestiniens possible rendra les Israéliens plus sûrs, a-t-elle tranché.

Pour la sécurité de la population d’Israël et de son avenir, nous allons éradiquer le Hamas, a prévenu la délégation israélienne qui a rappelé que ce « groupe barbare » a massacré près de 1 800 Israéliens et pris en otage plus de 200 personnes.  Elle a également fustigé « l’idée absurde » selon laquelle un État démocratique peut coexister à côté d’un « monstre terroriste » qui tire des roquettes aveuglément contre des civils.  Rien ne changera une idéologie génocidaire, ni la réhabilitation de Gaza, ni des mesures économiques, ni la promesse d’un avenir meilleur.  Mais si le Hamas dépose les armes demain et libère les otages, la guerre pourrait cesser, a-t-elle signalé, tout en se demandant pourquoi un tel appel ne figurait pas dans le projet de résolution. 

Au nom du Groupe des États arabes, la Jordanie s’est interrogée quant à elle sur le « silence du monde » face aux meurtres, s’emportant contre les efforts de « déshumanisation » de la population palestinienne.  C’est un silence qui en dit long, a-t-elle déploré.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Présentation du projet de résolution S/2023/772 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que, dès le début des événements, son pays avait appelé, en vain, à une réunion du Conseil. Il a condamné la mort de citoyens israéliens et de citoyens pacifiques de Gaza.  Il a indiqué que, face à l’escalade, sa délégation a proposé, vendredi dernier, un projet de résolution à des fins humanitaires car sans un cessez-le-feu, il est impossible d’acheminer l’assistance humanitaire. Depuis, seule une délégation s’est exprimée sans pour autant faire de proposition, a-t-il constaté.  Il a ensuite remercié les délégations ayant coparrainé son projet, soulignant qu’il bénéficie de l’appui de nombreux pays arabes, ainsi que de celui de l’État de Palestine.  Il a invité les membres du Conseil à appuyer le texte. 

Le projet de résolution S/2023/772 a été rejeté par 5 voix pour, 4 voix contre (États-Unis, France, Japon et Royaume-Uni) et 6 abstentions. 

Déclarations après le vote 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déploré qu’une fois de plus, le Conseil demeure otage des velléités des délégations occidentales. C’est la seule raison pour laquelle le Conseil de sécurité n’est pas, aujourd’hui, en mesure d’envoyer un message clair pour la désescalade, alors qu’on parle d’un bain de sang.  Le monde entier attendait que le Conseil de sécurité réagisse.  Il n’en est rien, pour des raisons uniquement politiciennes, a-t-il regretté.  Le représentant a également déclaré que le vote de ce jour montre clairement qui est en faveur d’une trêve et de l’envoi d’une aide humanitaire à Gaza.  Il a ensuite affirmé que bien que n’ayant pas été adopté, le projet de résolution a atteint son but: lancer un débat.

Expliquant son vote contre le projet de résolution, Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis), a rappelé qu’il y a une semaine seulement que « le pire massacre de Juifs depuis l’Holocauste » a eu lieu.  Cela a fait ressortir les cicatrices douloureuses d’un antisémitisme vieux de plusieurs millénaires.  Le Hamas a pris des innocents en otage, y compris des Américains, et sa brutalité rappelle les atrocités les plus odieuses de Daech.  La représentante a accusé le Hamas d’être à l’origine de la crise humanitaire à Gaza.  Les civils ne devraient pas souffrir des atrocités commises par le Hamas. Ce Conseil, a insisté la représentante, a la responsabilité de régler la crise humanitaire, de condamner sans équivoque le Hamas et de réitérer le droit souverain à la légitime défense d’Israël. 

Or, le projet de texte de la Fédération de Russie ne mentionne pas le Hamas, ce qui est inacceptable parce qu’il fait fi du terrorisme.  C’est un affront aux victimes, tout en insistant sur le fait que la grande majorité des familles de Gaza souffrent des conséquences des actes du Hamas.  On ne peut rejeter la faute sur Israël et pardonner des décennies de cruauté commises par le Hamas.  La déléguée a fait savoir qu’en ce moment même, le Secrétaire d’État américain, M. Antony Blinken, et la Maison Blanche œuvrent à des négociations intenses avec Israël et d’autres pays de la région pour garantir la libération immédiate et sans condition des otages mais aussi pour l’acheminement et l’accès humanitaire. 

C’est indispensable, a martelé la représentante, en soulignant les efforts de la diplomatie américaine pour que les pays de la région facilitent un accès humanitaire sûr et sans entrave à Gaza.  Mon pays, a-t-elle dit, a nommé hier un envoyé spécial qui sera à la tête des efforts diplomatiques américains pour promouvoir la sécurité des civils et régler de façon urgente cette crise humanitaire en coordination avec les Nations Unies.  Les États-Unis travaillent également avec Israël pour qu’il ait ce dont il a besoin pour protéger sa population et libérer les otages.  Le Hamas, a martelé la représentante, doit être tenu pour responsable de ses actes.  Il ne représente pas le peuple palestinien et il n’a rien fait pour promouvoir la paix et la stabilité, préférant le chaos.  Après avoir appelé la communauté internationale à tout faire pour éviter que le conflit ne s’étende à la région, elle a exigé que le Hamas soit jugé pour les attentats terroristes qu’il a perpétrés.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a indiqué avoir voté contre le projet de résolution non pas en raison de son contenu, mais parce qu’il estimait qu’il aurait pu être amélioré si on avait tenu compte d’un contexte plus vaste.  Le représentant a dit être conscient de la situation sur le terrain ainsi que du nécessaire respect des droits des Palestiniens et des Israéliens.  Le Japon a voté contre également en raison de la façon dont le texte a été présenté, a-t-il ajouté, se demandant pourquoi il avait fallu mettre aux voix ce projet alors que « nous avions la possibilité de l’améliorer ».  Une résolution n’est pas une fin en soi, a-t-il conclu.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a dit que son gouvernement travaille avec acharnement pour répondre à la situation humanitaire qui se détériore à Gaza. Elle a dit avoir voté contre le projet de résolution présenté par la Fédération de Russie car elle ne peut pas soutenir un texte qui ne condamne pas les attaques terroristes du Hamas.  Les actes du Hamas sont une menace existentielle à l’existence même d’Israël.  Il est inacceptable et inimaginable que le Conseil de sécurité fasse fi de la pire attaque terroriste subie par Israël.  Toutes les mesures prises sur place doivent minimiser le nombre des victimes civiles et faciliter l’assistance humanitaire.  La gravité de la situation nécessite d’autres discussions approfondies au Conseil parce que le projet de résolution présenté par la Fédération de Russie et le processus qu’il l’a entouré ne constituent pas une véritable tentative de parvenir au consensus.  C’est la raison pour laquelle nous voulons la poursuite des consultations sur la base de la proposition de la présidence brésilienne. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a indiqué que son pays s’était abstenu car le texte laissait de côté des éléments essentiels qu’il fallait prendre en compte, des éléments qui influencent la situation sur le terrain. Elle a condamné dans les termes les plus forts les attaques du Hamas contre Israël.  La représentante a soutenu le droit de ce pays à la légitime défense, conformément au droit international humanitaire et dans le respect du principe de proportionnalité. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a dit déplorer que la Fédération de Russie ait soumis au Conseil de sécurité un projet de résolution qui n’a pas fait l’objet de larges consultations et qui ne représente que le point de vue de sa délégation.  Alors qu’il y a de véritables préoccupations, le texte russe ne condamne pas le terrorisme du Hamas, pas plus qu’il ne tient compte du droit international.  On ne peut jouer avec la souffrance des gens pour des raisons politiques, a souligné le représentant, avant de souligner qu’à l’inverse, le texte proposé par la délégation du Brésil cherche, lui, à rassembler tous les points de vue.  C’est pour cela que nous nous sommes abstenus, s’est expliqué le représentant. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé que dès le 7 octobre dernier, la Suisse a fermement condamné les actes de terreur, les attaques indiscriminées et les prises d’otages perpétrées par le Hamas contre la population israélienne.  Elle a déploré la mort de milliers de civils, dont des centaines d’enfants en Israël et dans le Territoire palestinien occupé, notamment à Gaza.  Elle a dit partager le sens d’urgence pour le Conseil d’agir uni face à la situation au Moyen-Orient, en soulignant que la désescalade, la protection des civils, la libération des otages et l’acheminement de l’aide humanitaire doivent être la priorité de la communauté internationale. Elle a expliqué l’abstention de la Suisse par le fait que le Conseil ne peut faire l’économie de se référer clairement au droit international et au droit international humanitaire dans ses résolutions parce que « même les conflits armés ont des règles ». Les appels au respect du droit international humanitaire doivent aussi permettre de freiner une spirale de la violence qui pourrait enflammer la région tout entière, a argué la représentante qui a assuré qu’elle restera engagée en ce sens pour trouver un consensus au sein du Conseil sur la résolution soumise par le Brésil. 

M. ZHANG JUN (Chine) s’est alarmé du nouveau cycle de violence qui continue et s’est inquiété des nombreuses victimes, dans un conflit qui alimente l’instabilité régionale.  Il s’est dit opposé à toute violation du droit international et a soutenu tous les efforts pour l’atténuation des tensions et le rétablissement de la paix. Partant de ce principe, s’est-il expliqué, nous avons voté en faveur du projet de résolution présenté par la Fédération de Russie, compte tenu de la grave situation.  Il faut arrêter les hostilités le plus vite possible, a-t-il exhorté, craignant une détérioration de la situation.  La sécurité des civils est la ligne rouge à ne pas dépasser, a-t-il martelé, appelant également à la protection du personnel humanitaire et des Nations Unies.

Le représentant a dit appuyer les efforts diplomatiques pour la libération des otages et a appelé à l’ouverture d’un couloir humanitaire.  Il s’est dit inquiet du siège total de Gaza et de l’évacuation des civils.  Il faut, a-t-il martelé, mettre un terme au châtiment collectif des populations.  Il a salué les efforts de l’Égypte et d’autres pays pour mettre fin à l’escalade.  La Chine, a-t-il promis, continuera de fournir une aide d’urgence par le biais de l’ONU et des canaux bilatéraux.  En attendant, le Conseil doit parvenir à un consensus, dans un contexte où le processus de paix a déraillé.  Nous devons aller au-delà de l’approche « au cas par cas » et nous diriger vers la solution des deux États.  Notre ministre des affaires étrangères, a annoncé le représentant, est en contact avec les parties et notre envoyé spécial se rendra dans la région pour entamer une médiation.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a dit avoir voté en faveur d’un projet de résolution qui appelle à un cessez-le-feu et qui condamne fermement les violences et les hostilités contre les civils ainsi que les actes de terrorisme. Ce texte appelle à la libération sans condition d’otages et à laisser un accès sans entrave pour que l’aide humanitaire arrive aux civils, a-t-il ajouté.  Il a justifié cette « action » en réponse à une crise extrêmement grave qui, en quelques jours, a fait des milliers de morts et cause une détresse humaine sans mesure.  Le représentant a réitéré sa condamnation ferme des attaques barbares contre Israël le 7 octobre dernier et regretté que le Conseil n’ait pas pu parvenir à un consensus.  Il a appelé à plus d’engagement pour une réponse juste « à la mesure de notre mandat », à faire taire les armes et à établir les responsabilités. Il a invité le Conseil à faire preuve de plus d’engagement pour trouver une solution durable à la situation humanitaire et à éviter une catastrophe aux conséquences irréparables. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a déclaré qu’avant l’attaque injustifiable du Hamas le 7 octobre, Gaza se trouvait déjà dans une situation lamentable.  Or le Hamas ne représente ni les Palestiniens, ni le peuple de Gaza, a-t-elle souligné.  Elle a alerté que la moitié des personnes tuées depuis le 7 octobre sont des enfants, tout en relevant que le cauchemar avait commencé il y a déjà plusieurs années, faisant perdre tout espoir.  Décrivant la situation qui prévaut actuellement sur place, elle a rappelé qu’il n’y a accès ni à l’eau ni à l’électricité ou au carburant et à la nourriture dans la bande de Gaza.  Elle a également jugé absolument injustifiable que l’on exige que plus d’1,1 million de personnes évacuent une zone.  Le projet de résolution de la Fédération de Russie répondait à la nécessité d’un cessez-le-feu, a-t-elle indiqué, regrettant qu’il n’ait pas été adopté. Le droit international humanitaire doit être respecté et le cycle de la violence cesser, a-t-elle martelé, car sans cela, le spectre du bain de sang se profile.  Les Palestiniens ont le droit de prospérer dans un État indépendant, a-t-elle insisté. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que le 7 octobre 2023 restera « un jour noir dans l’histoire de l’humanité » avec les attaques du Hamas, « ce groupe terroriste qui ne représente personne ».  L’Albanie s’est abstenue, a-t-il dit, car le texte présenté ne représentait pas la réalité.  Le délégué a espéré que le Conseil aurait l’occasion de se réunir à nouveau, pour répondre de la meilleure manière possible à tous les impératifs du terrain.  Cette situation ne méritait pas deux textes, a regretté le représentant. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que l’attaque terroriste commis par le Hamas, le 7 octobre dernier, est sans doute la pire subie par Israël depuis sa création.  La sécurité d’Israël n’est pas négociable ni son droit à la légitime défense, a martelé le représentant.  Face à la crise actuelle, une aide humanitaire d’urgence à Gaza est indispensable et la protection des civils est un impératif tout comme le respect des Conventions de Genève.  Soulignant que la population civile de Gaza est aussi victime du Hamas, le représentant a expliqué son opposition au vote du projet de résolution de la Fédération de Russie par le fait que plusieurs éléments essentiels font défaut.  À ce stade, a-t-il dit, la France souhaite l’unité du Conseil autour du projet de texte proposé par la présidence brésilienne. Il doit se mettre d’accord pour condamner l’attaque terroriste, encadrer l’aide humanitaire et protéger la population civile de Gaza. 

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a déclaré que depuis 10 jours, le monde regarde Israël agresser plus de 2 millions de Palestiniens dans la bande de Gaza et compte les gens tués, blessés, déplacés et terrorisés.  Israël n’a épargné une seule famille palestinienne à Gaza, a-t-il dénoncé, ajoutant que personne ne devrait oublier qu’il s’agit de vies humaines, que les vies palestiniennes ont aussi une importance et personne ne devrait entretenir l’illusion que tuer le plus de Palestiniens possible rendra les Israéliens plus sûrs.  Israël, a-t-il poursuivi, a assiégé la bande de Gaza pendant 17 ans, lançant des agressions répétées.  Cela l’a-t-il rendu plus sûr?  Peut-il convaincre qui que ce soit que tuer plus de Palestiniens innocents, à savoir des enfants, des femmes, des hommes, des vieux et des jeunes, est la réponse?  Je suis venu à ce Conseil à plusieurs reprises pour vous dire: le peuple palestinien ne croit plus que l’aide est en route.  Prouvez-leur qu’ils ont tort.  Redonnez-leur l’espoir dans votre action collective.

M. Mansour a énuméré une longue liste de violations répétées des droits des Palestiniens, tués par des soldats ou des colons israéliens, depuis des années maintenant.  Vous nous demandez de faire preuve de retenue et vous nous dites que la violence n’est pas la solution, alors même qu’Israël continue de coloniser et d’annexer notre terre et de mutiler et de tuer notre peuple.  Pourquoi ce Conseil n’est-il pas en mesure d’obtenir un cessez-le-feu pour mettre fin aux massacres?  Il faut, a martelé l’Observateur permanent, arrêter les tueries et les destructions.  Sur le terrain, a-t-il décrit, le système humanitaire et sanitaire de Gaza s’est effondré.  Plus d’un million de personnes ont fui et les gens ne peuvent même pas enterrer leurs proches et les pleurer.  Il faut, a-t-il poursuivi, lever le siège et assurer un accès humanitaire immédiat et sans entrave pour sauver des vies.  Il y a quelques mois, a rappelé M. Mansour, j’avais déjà déclaré devant ce Conseil: « Aussi difficile que puisse paraître la prise des décisions nécessaires, les conséquences de l’inaction sont infiniment plus élevées. » 

À ce stade, a estimé l’Observateur permanent, il faut faire trois choses, du point de vue juridique, moral et politique.  Il faut d’abord arrêter l’assaut contre notre peuple, maintenant, permettre un accès humanitaire immédiat et sans entrave dans toute la bande de Gaza et mettre fin au déplacement forcé de notre peuple.  Israël n’a pas le droit de les forcer à choisir entre la fuite forcée ou la mort.  Il faut ensuite reconnaître la nécessité de protéger les civils et de respecter le droit international.  Pensez au fossé qui se creuse entre l’Occident et le monde arabo-musulman, entre le Nord et le Sud, entre les communautés.  Notre conflit est un conflit politique, pas religieux.  C’est ce qui le rend soluble.  Mais il a un impact, compte tenu de son importance, dans la région et le monde.  Si vous ne voulez pas d’un débordement régional et international, a prévenu l’Observateur permanent, arrêtez les massacres. 

Il s’est dit reconnaissant pour les efforts de tous ceux qui se mobilisent pour mettre fin au carnage, permettre l’accès humanitaire et mettre fin au déplacement forcé des populations.  Nous continuerons à travailler avec eux, en sachant que chaque minute compte car le peuple palestinien de Gaza n’a pas de temps à perdre.  Il a enfin adressé un message, en arabe, au peuple palestinien et à la population de Gaza, en l’assurant que des millions de personnes à travers le monde les voient, les appuient et défendent leur liberté, leur dignité et leur cause juste.  Peu importe le nombre de victimes, l’occupation prendra fin et l’État de Palestine sera créé. Nous allons survivre car la raison et le droit sont de notre côté, a-t-il assuré.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a voulu paraphraser le Président Mahmoud Abbas, en disant que le Hamas ne représente pas la population palestinienne. Il y a près d’une semaine, a-t-il rappelé, nous avons été de nouveau les témoins d’une nouvelle tentative de génocide. Les membres du Hamas, tels des nazis, s’en sont pris à notre population car le Hamas n’est pas un mouvement de résistance mais une organisation terroriste comme Al-Qaida.  Quand nous nous somme retirés de Gaza, il y a 18 ans, a affirmé le représentant, le Hamas n’a cessé de chercher à exterminer notre pays, comme en attestent les horreurs que l’on a vues il y a une semaine.  Si le Hamas a la possibilité de perpétrer de nouveau ces atrocités, il le fera. 

Pour la sécurité de la population d’Israël et de son avenir, nous allons éradiquer le Hamas, a affirmé le représentant.  Nous ne pouvons qu’éliminer les capacités de ce groupe barbare qui a massacré près de 1 800 Israéliens, blessé des milliers et pris en otage plus de 200 personnes. Ces atrocités sont 15 fois plus grave que celle du 11 septembre 2001.  C’est, a accusé le représentant, la communauté internationale et l’ONU qui ont permis le renforcement du Hamas, lequel a pu mettre en place sa machine de guerre.  L’on a accepté l’idée absurde selon laquelle un État démocratique peut coexister à côté d’un monstre terroriste qui tire des roquettes aveuglément contre des civils.  Rien ne changera l’idéologie du Hamas, ni la réhabilitation de Gaza, ni des mesures économiques, ni la promesse d’un avenir meilleur.  L’ONU a essayé, les États-Unis aussi, sans compter d’autres pays, mais tout le monde a échoué.  Rien ne pourra changer une idéologie génocidaire.

Pour le représentant, il n’existe qu’une seule solution pour guérir un cancer: l’ablation de toutes les cellules cancéreuses, d’autant que la communauté internationale a déjà déversé des milliards de dollars dans la bande de Gaza, des sommes qui ont servi à la machine de guerre du Hamas et à sa ville souterraine de la terreur.  Aujourd’hui la population de la bande de Gaza n’est rien d’autre que de la chair à canon et un bouclier humain.  Le Hamas la menace même, en l’empêchant de partir vers le sud, a-t-il déploré.  Le représentant a dit que si le Hamas dépose les armes demain et libère les otages, la guerre pourrait cesser.  Il a donc demandé aux coauteurs du projet de résolution pourquoi ils n’ont pas fait cet appel. 

Avant tout appel à l’assistance humanitaire ou à la retenue, le Hamas doit d’abord être inscrit sur la liste des organisations terroristes et le Conseil doit appuyer le droit d’Israël à la légitime défense et être solidaire de la mission visant à éradiquer les capacités du Hamas.  Israël, a insisté le représentant, respecte le droit international, contrairement au Hamas qui est un groupe terroriste génocidaire qui ne reconnaît pas le droit international.  Il revient au Conseil, a-t-il conclu, de demander des comptes au Hamas sur la situation à Gaza et d’exiger la libération immédiate et sans conditions de tous les otages car nous refusons d’avoir les mains liées pendant que nous luttons pour notre sécurité et l’avenir de nos enfants. 

Au nom du Groupe des États arabes, M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a noté que le Conseil de sécurité se réunit aujourd’hui alors que la guerre brutale d’Israël contre la bande de Gaza se poursuit, annonçant un nouveau cycle de violence.  Le représentant a appelé le Conseil à œuvrer pour éviter une propagation de ce conflit, notamment sur le plan humanitaire.  Il s’est inquiété de l’incapacité de faire valoir le droit international humanitaire et de protéger les civils confrontés à l’enfer de cette guerre, rappelant le manque d’électricité, de nourriture et de soins de santé.  Il s’est interrogé sur le « silence du monde » face aux meurtres, s’emportant contre cette agression et les efforts de « déshumanisation » de la population palestinienne.  C’est un silence qui en dit long, a-t-il répété, décriant les efforts visant à entraver l’acheminement de l’aide humanitaire, ce qui est « une violation grave du droit international ».

Le délégué a salué les efforts de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et appelé la communauté internationale à lui fournir un soutien financier adéquat.  Il a dénoncé toutes les tentatives de déplacement forcé vers l’Égypte ou un autre pays voisin.  Il s’agirait, a-t-il prévenu, d’un crime et d’une violation de la quatrième Convention de Genève.  Il a estimé qu’il est du devoir de la communauté internationale de régler le conflit jugeant regrettable qu’un certain nombre de pays consacre le droit de légitime défense d’Israël alors qu’il agit dans un territoire occupé, en violation des dispositions de la Cour internationale de Justice (CIJ) qui exhorte la Puissance occupante à respecter les principes de distinction entre cible militaire et infrastructure civiles.  Le représentant a réaffirmé l’importance d’une paix pérenne, conformément à la légalité internationale et à l’Initiative de paix arabe.

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