En cours au Siège de l'ONU

9386e séance - matin
CS/15367

En l’absence de la Russie, le Conseil de sécurité condamne quasi unanimement les frappes sur Odessa et l’atteinte au patrimoine historique de l’Ukraine

À l’occasion de la seconde séance d’information sur l’Ukraine organisée ce matin, cette fois à la demande de la mission ukrainienne, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont relevé la coïncidence entre la non-reconduction de l’Initiative de la mer Noire par la Fédération de Russie, qui a brillé par son absence lors de cette réunion, et la campagne de frappes sur les infrastructures portuaires d’Odessa et de Mykolaiv, dénonçant une atteinte au patrimoine culturel de ce pays et de l’humanité toute entière, mais aussi la volonté implicite de Moscou d’utiliser la « faim comme arme ». 

Qualifiant de « choquante » l’attaque au missile qui a frappé dimanche dernier la cathédrale de la Transfiguration et d’autres bâtiments du centre historique d’Odessa classé au patrimoine mondial, le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique a rappelé que l’édifice religieux est protégé par la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé.  « L’attaque russe constitue par conséquent une violation de ce texte », a souligné M. Khaled Khiari, déplorant en outre les pertes en vies humaines provoquées par ces frappes sur le sud de l’Ukraine.   

Après avoir réitéré la condamnation vigoureuse de ces attaques par le Secrétaire général, le haut fonctionnaire a relevé que, malheureusement, l’attaque de dimanche n’est pas la première à cibler l’héritage et la culture ukrainiens.  Depuis février 2022, a-t-il précisé, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a listé des dommages causés à 274 édifices historiques ukrainiens, dont plus d’une centaine de sites religieux. 

C’est bien un missile russe qui a en partie détruit la cathédrale de la Transfiguration à Odessa, ont confirmé les États-Unis, indignés par l’ampleur des dommages infligés au patrimoine culturel ukrainien dans le cadre de ce conflit.  Fustigeant un « acte de vandalisme culturel et religieux », le Royaume-Uni a quant à lui relevé que la plus grande église orthodoxe d’Odessa a été bombardée à deux reprises dans l’histoire: « en 1936, sur ordre de Staline, et maintenant sur ordre de Putin ». 

Pourtant, la Russie continue d’affirmer qu’elle n’attaque jamais de cibles non militaires, a ironisé l’Albanie, estimant le temps venu pour le Conseil d’agir.  Un point de vue partagé par le Ghana, la Suisse et l’Équateur, pour qui aucun de ces actes ne devrait être laissé sans explication et sans réparation.  En visant le centre historique d’Odessa, la Russie cherche à détruire le patrimoine et la culture ukrainiens, a résumé la France, pour qui frapper à la fois des infrastructures civiles et des biens protégés revient à commettre un « double crime de guerre ». 

Le Brésil, pour sa part, a regretté que le conflit ait « contaminé » les liens entre les communautés orthodoxes en Russie et en Ukraine, faisant état à cet égard de la détention récente de membres de l’Église orthodoxe ukrainienne. Rappelant que Russes et Ukrainiens partagent la foi orthodoxe en tant qu’élément commun de leurs identités nationales, il a souhaité que cette pratique religieuse commune puisse servir de plateforme de dialogue en vue de créer les conditions d’une coexistence pacifique et durable. 

Mais pour une majorité de délégations, États-Unis en tête, la récente pluie de missiles et de drones russes sur la région d’Odessa visait en premier lieu le « grenier à grain du monde », faisant peser une grave menace sur certaines régions du monde qui ne peuvent se passer des céréales ukrainiennes.  La Russie aurait déjà détruit 60 000 tonnes de céréales, a signalé la France, avant d’accuser Moscou de bloquer sciemment les exportations depuis les ports ukrainiens afin de provoquer une hausse des prix agricoles et de gonfler le bénéfice de ses propres exportations. Pour le Royaume-Uni, la Russie demande ainsi au monde d’accepter la destruction de l’État ukrainien « comme le prix de la sécurité alimentaire ». 

Le monde risque de se voir privé d’un tiers des céréales en raison des bombardements contre Odessa et cela fait craindre une réelle crise alimentaire dans plusieurs pays du monde, s’est alarmé le Gabon.  Les attaques russes ont des répercussions mondiales, qui risquent d’affecter la vie quotidienne de millions de personnes, a renchéri Malte.  Une crainte partagée par le Japon et le Mozambique, ce dernier voyant dans les attaques contre les installations portuaires essentielles et les infrastructures d’exportation de céréales le signe d’une escalade significative de la guerre. 

Ces agressions, qui portent aussi atteinte à la liberté de navigation, méritent une réponse forte, « faute de quoi la Russie se sentira encouragée à saper davantage la situation », a plaidé l’Ukraine, selon laquelle Moscou préparerait de nouvelles attaques dans le but de décourager les navires d’autres pays d’entrer dans les eaux ukrainiennes et d’utiliser les ports ukrainiens.  La Suisse a également mis en garde contre les attaques visant des installations portuaires sur le Danube, à proximité de la frontière roumaine, estimant qu’elles présentent un « dangereux potentiel d’escalade ». 

Ne cachant pas sa crainte que la confrontation militaire en Ukraine mène à un « point de non-retour », la Chine a jugé essentiel de redonner vie à l’Initiative de la mer Noire.  Pour y parvenir, la communauté internationale doit donner suite aux préoccupations des uns et des autres à travers la diplomatie, a-t-elle préconisé, estimant que cela vaut aussi pour la recherche d’une solution politique à la crise dans son ensemble. 

Les attaques contre les installations céréalières sont « inacceptables » et constituent autant de violations du droit international humanitaire, a martelé M. Khiari, qui a assuré que le Secrétaire général ne ménagera aucun effort pour veiller à ce que les céréales ukrainiennes et russes ainsi que les engrais russes soient disponibles sur le marché international afin de garantir à tous les consommateurs une alimentation à prix abordable.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), a rappelé qu’un missile russe a frappé, dimanche dernier, la cathédrale de la Transfiguration et des bâtiments historiques dans le centre d’Odessa, site du patrimoine mondial.  « Il s’agit d’une attaque choquante », a-t-il dit, indiquant qu’une personne a été tuée et plusieurs autres blessées, dont des enfants.  De plus, cette attaque a causé des dommages importants à ce lieu d’importance religieuse pour l’Ukraine et au-delà, a ajouté le haut fonctionnaire, signalant que la cathédrale est protégée par la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé.  L’attaque russe constitue par conséquent une violation de ce texte de 1954, a-t-il souligné, avant de narrer plusieurs nuits de frappes par drones et missiles contre Odessa et des villes du sud de l’Ukraine, y compris Mykolaïv, qui ont tué au moins trois personnes et blessé une dizaine d’autres.  Réitérant la condamnation vigoureuse de ces frappes par le Secrétaire général, M. Khiari a relevé que, malheureusement, l’attaque de dimanche n’est pas la première ciblant l’héritage et la culture ukrainiennes.  Depuis février 2022, a-t-il précisé, l’UNESCO a listé des dommages causés à 274 édifices historiques, dont plus d’une centaine de sites religieux. 

Se disant gravement préoccupé par la menace que fait peser cette guerre sur le patrimoine culturel de l’Ukraine, le Sous-Secrétaire général a demandé à la Fédération de Russie de cesser ses attaques contre tout site civil.  Il a ajouté que les attaques contre les installations portuaires de la mer Noire sont lourdes de conséquences sur la sécurité alimentaire, notamment dans les pays en développement.  Le ciblage des infrastructures qui facilitent l’exportation de produits alimentaires dans le monde entier pourrait menacer la vie de millions de personnes qui ont besoin d’aliments à un prix abordable, a-t-il prévenu, qualifiant d’« inacceptables » les attaques contre les installations céréalières ukrainiennes, qui sont autant de violations du droit international humanitaire.  Dans ce contexte, M. Khiari a assuré que le Secrétaire général ne ménagera aucun effort pour veiller à ce que les céréales ukrainiennes et russes ainsi que les engrais russes soient disponibles sur le marché international afin de garantir une alimentation à prix abordable pour tous les consommateurs du monde entier. 

Sur le plan humanitaire, le Sous-Secrétaire général s’est dit reconnaissant pour l’aide fournie aux Ukrainiens dont la vie a été bouleversée par cette guerre, appelant à d’autres financements pour soutenir ceux qui sont dans le besoin.  Il a ainsi indiqué que, durant les six premiers mois de 2023, environ 7,3 millions de personnes ont reçu une aide humanitaire en Ukraine.  Le haut fonctionnaire a toutefois averti que la non-reconduction de l’Initiative de la mer Noire aura des conséquences dans d’autres régions du monde.  Il a conclu son exposé en réitérant l’appel du Secrétaire général pour une paix juste et durable, conformément à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions idoines du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. 

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a commencé par indiquer qu’au 20 juillet, l’UNESCO avait vérifié les dommages causés à 116 sites religieux, 27 musées, 95 bâtiments d’intérêt historique et artistique, 19 monuments, 12 bibliothèques et une archive en Ukraine. La semaine dernière, des missiles russes ont détruit la cathédrale de la Transfiguration d’Odessa Spaso, construite en 1794, a poursuivi le représentant, rappelant que cet édifice religieux avait déjà été visé par le Kremlin, sous Staline, en 1936.  Quatre-vingt-sept ans plus tard, des drones iraniens, acquis illégalement et utilisés par l’armée russe, ont frappé cette cathédrale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO « avec la même intention de la détruire ».  Alors que la Russie continue d’affirmer qu’elle n’attaque jamais de cibles non militaires, il est temps que le Conseil agisse et travaille à régler cette question, a-t-il dit. 

Appelant d’autre part la Russie à cesser ses attaques contre les infrastructures civiles de l’Ukraine, le représentant a enjoint Moscou à éliminer les obstacles au flux des exportations de céréales par la mer Noire.  Les attaques délibérées contre des infrastructures essentielles constituent des crimes de guerre, a-t-il rappelé, demandant que les auteurs de tels actes rendent des comptes.  Cette politique de destruction délibérée ne fait que renforcer la nécessité de continuer à soutenir l’Ukraine militairement, politiquement et économiquement pour son autodéfense jusqu’à ce que des conditions appropriées pour la paix soient créées, a conclu le représentant.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a regretté que, ce matin, la Fédération de Russie ait fait perdre son temps au Conseil de sécurité, affirmant que « c’est bien un missile russe qui a détruit la cathédrale de la Transfiguration à Odessa ».  Elle s’est indignée de l’ampleur des pertes infligées au patrimoine culturel ukrainien dans le cadre de ce conflit, sans oublier les victimes civiles des drones et missiles russes.  Ces attaques russes visent le « grenier à grain du monde », ce qui pèse particulièrement sur certaines régions du monde qui ne peuvent se passer de ces céréales, a dénoncé la représentante, selon laquelle les frappes visant des installations portuaires, y compris sur le Danube, vont empêcher les productions ukrainiennes d’atteindre le marché mondial.  Dans ce contexte, elle a enjoint la Fédération de Russie à trouver un moyen pour renouer avec l’Initiative de la mer Noire, faisant valoir son caractère vital pour de nombreux pays en développement, « même si la Russie dit qu’elle bénéficie aux pays occidentaux ».  La suspension par la seule Russie de cette initiative a d’ores et déjà provoqué la hausse des prix alimentaire, a constaté la représentante, avant d’appeler le Conseil à ne pas rester silencieux sur cette question.  « Les Ukrainiens et le monde ont besoin de paix.  Président Putin, il est temps de faire taire les armes », a-t-elle exhorté en conclusion. 

Mme MONICA SOLEDAD SÁNCHEZ IZQUIERDO (Équateur) a regretté qu’après avoir retiré sa participation à l’Initiative de la mer Noire, la Fédération de Russie ait décidé d’accompagner cette décision d’attaques continues contre des villes et des installations portuaires.  La représentante s’est en outre alarmée des destructions causées par l’agression militaire à des centaines de sites religieux, dont la plupart ont été vérifiées par l’UNESCO dans le cadre d’une évaluation préliminaire des dommages subis par les sites culturels.  Condamnant les frappes aériennes sur Odessa, qui ont entraîné la destruction de la cathédrale orthodoxe de la Transfiguration, elle a rappelé qu’aucun de ces actes ne devrait être laissé sans explication et sans réparation.  Avant de conclure, la représentante a appelé à la cessation des attaques contre les infrastructures de production et d’exportation ainsi que contre les routes principales ou alternatives pour le commerce des céréales.  Il le faut, a-t-elle dit, parce qu’aucune disposition de la Charte des Nations Unies ne donne à un pays le droit d’envahir ou d’attaquer son voisin, et parce que de telles actions continuent d’aggraver l’insécurité alimentaire dans le monde.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que la pluie de missiles et de drones sur la région d’Odessa et les frappes meurtrières russes n’ont qu’un seul objectif: « punir l’Ukraine pour sa résistance à l’agression russe ».  Alors que plus de 700 millions de personnes souffrent de la faim, la Russie aurait déjà détruit plus de 60 000 tonnes de céréales, a-t-il ajouté, accusant Moscou d’utiliser la faim comme arme. Selon lui, la Russie bloque sciemment les exportations depuis les ports ukrainiens afin de provoquer une hausse des prix agricoles et gonfler le bénéfice de ses propres exportations.  Elle ajoute donc au cynisme l’irresponsabilité, car ce sont, à la fin, les pays vulnérables qui pâtissent de ces agissements, a dénoncé le représentant, qui a affirmé que la France continuera d’apporter son aide aux populations affectées par ce « chantage alimentaire », via ses livraisons de céréales et d’engrais et via les corridors de solidarité de l’Union européenne. 

En visant le centre historique d’Odessa, la Russie cherche à détruire le patrimoine et la culture ukrainiennes, a poursuivi le représentant.  Frapper à la fois des infrastructures civiles et des biens protégés revient à commettre un « double crime de guerre », a-t-il martelé, jugeant qu’en endommageant la cathédrale de la Transfiguration, la Russie « révèle son impuissance ». Toutefois, la Russie ne parviendra pas à briser l’Ukraine en s’attaquant à sa culture et en détruisant son héritage, a soutenu le délégué, avant d’exhorter Moscou à cesser cette « fuite en avant ».  La France, a-t-il encore assuré, continuera de soutenir, avec l’UNESCO, la préservation et la reconstruction de ce patrimoine ukrainien.  De même, pour qu’aucun crime ne reste impuni, la France apportera son soutien à la justice ukrainienne et à la justice pénale internationale.  À ses yeux, l’agression russe contre l’Ukraine est une impasse, « car la Russie est en train d’échouer et notre soutien à l’Ukraine ne faiblira pas ». 

M. GENG SHUANG (Chine) a constaté la détérioration sur le terrain en Ukraine, et les conséquences sur les civils et les installations civiles. Aujourd’hui la priorité doit être d’éviter toute escalade, a-t-il martelé, arguant que la confrontation militaire risque de mener à un point de non-retour.  Il faut éviter d’agir de sorte à mettre en péril la situation dans les centrales nucléaires ukrainiennes et éviter une crise de la sécurité alimentaire, a exigé le représentant, en jugeant essentiel de redonner vie à l’Initiative de la mer Noire.  Pour y parvenir, la communauté internationale ne doit ménager aucun effort et donner suite aux préoccupations des uns et des autres à travers la diplomatie, a-t-il souhaité et cela vaut aussi pour trouver une solution politique à la crise plus large. Il a réaffirmé que pour la Chine, il est essentiel de régler cette crise à l’amiable. 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a déploré la trajectoire que prend ce conflit, qui accroît « nos inquiétudes », avant de regretter la persistance des violences malgré les appels à la désescalade.  Le monde est par ailleurs menacé d’être privé d’un tiers des céréales en raison des bombardements contre Odessa et fait craindre une réelle crise alimentaire dans plusieurs pays du monde, a-t-elle mis en garde.  Dans cette optique, le Gabon a réitéré son appel au Secrétaire général à continuer d’user de ses bons offices pour promouvoir l’ouverture de pourparlers entre les parties.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a regretté que le conflit ait contaminé les liens entre les communautés orthodoxes en Russie et en Ukraine prenant note de la détention récente de religieux de l’Église orthodoxe ukrainienne.  Il a réaffirmé sa confiance dans le discernement des autorités judiciaires ukrainiennes pour garantir les droits des détenus, y compris le respect de leur liberté religieuse.  Réitérant la primauté de la liberté de religion, le représentant a encouragé les initiatives visant à promouvoir un environnement de tolérance et de respect de la diversité religieuse.  Il a rappelé que la Russie et l’Ukraine partagent la foi orthodoxe en tant qu’élément commun de leurs identités nationales.  Cette pratique religieuse commune peut servir de plateforme de dialogue, créant les conditions d’une coexistence pacifique et durable, a espéré le délégué.  Il a appelé à la désescalade des hostilités et à la reprise du dialogue entre la Russie et l’Ukraine.  Les deux parties ont l’obligation de rechercher le règlement des différends par des moyens pacifiques.  Il a réaffirmé son attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et à la reconnaissance des préoccupations légitimes de sécurité de tous dans la région. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a souligné que les attaques contre les ponts, les installations portuaires essentielles et les infrastructures d’exportation de céréales en mer Noire sont le signe d’une escalade significative de la guerre.  Ces attaques pourraient conduire à une véritable guerre commerciale et à une extension involontaire du conflit dans les eaux internationales, a-t-il mis en garde. À mesure que le conflit s’intensifie et s’étend, les conséquences humanitaires s’aggravent: une crise des réfugiés menace la région et les chances de relancer l’Initiative de la mer Noire s’amenuisent, ce qui aggrave les pénuries alimentaires mondiales et ferme la porte aux options diplomatiques pour désamorcer le conflit.  Il a donc demandé à toutes les parties de respecter les principes de distinction, de proportionnalité, de précaution et de protection des civils et des infrastructures civiles en appelant à la plus grande retenue et au respect du droit international.  Le Mozambique a réitéré son appel à l’arrêt immédiat des hostilités et à la reprise des négociations directes entre les parties, a poursuivi le représentant, en soulignant également l’importance de prendre en considération les différentes initiatives de paix, y compris celles récemment proposées par certains pays africains, pour régler ce conflit. 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) s’est émue de la gravité de la situation créée par cette guerre non justifiée.  Elle a condamné l’escalade des attaques perpétrées par la Russie sur des villes portuaires telles qu’Odessa et leurs conséquences dramatiques sur la population civile.  « Cela est inacceptable d’un point de vue moral » et constitue une violation du droit international humanitaire, a-t-elle martelé.  À l’instar de l’UNESCO, la représentante a condamné les attaques perpétrées contre des sites culturels, notamment le centre historique d’Odessa, classé au patrimoine mondial.  Elle s’est par ailleurs alarmée des conséquences humanitaires de ce conflit ainsi que de son impact sur le prix des denrées alimentaires, qui précipite de nombreux pays dans des crises économiques et sociales, alors qu’ils tentent de se relever de la pandémie de COVID-19.  Pour finir, elle a exhorté la Fédération de Russie à cesser ses hostilités en Ukraine, estimant que « c’est le dialogue qu’il faut choisir et soutenir ».

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a déploré qu’après que la Russie a mis fin à l’Initiative de la mer Noire la semaine dernière, ses attaques contre l’Ukraine se poursuivent et s’intensifient même dans certains cas.  La Russie, s’est-elle indignée, a utilisé des armes lourdes pour cibler des infrastructures civiles, notamment des entrepôts de céréales à Odessa, lancé des attaques de drones contre des installations de stockage de céréales à Reni, et posé des mines près des ports ukrainiens.  Il est essentiel de désamorcer cette crise, a-t-elle insisté, en affirmant que le Japon condamne les actions de la Russie et sa prise en otage du reste du monde, tout en rejetant sur les autres la responsabilité des crises qu’elle a créées par son agression.  Elle lui a rappelé que la destruction d’infrastructures civiles peut constituer une violation du droit international humanitaire. 

À la suite de la récente frappe de missiles russes sur Odessa, la déléguée a déploré les victimes civiles et le nombre de sites culturels endommagés, dont la cathédrale de la Transfiguration, en soulignant qu’ils sont protégés par la Convention du patrimoine mondial.  Selon l’UNESCO, pas moins de 270 sites culturels ukrainiens ont été endommagés depuis le début des hostilités par la Russie, notamment des sites religieux, des musées, des bâtiments d’importance historique, des monuments, des bibliothèques, a-t-elle relevé en affirmant que le patrimoine culturel incarne non seulement l’identité et l’histoire uniques d’une nation, mais aussi celles de l’humanité dans son ensemble.  Par conséquent, ces dommages équivalent à des agressions contre les identités distinctives des personnes, a fait valoir la représentante.  Elle a annoncé que le Japon a versé plus de 4,5 millions de dollars à l’UNESCO pour l’aider dans ses activités en Ukraine, notamment pour permettre la surveillance par satellite des sites prioritaires et la réparation des lieux endommagés.  Elle a conclu en exigeant le retrait inconditionnel des troupes russes de l’ensemble du territoire ukrainien. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déclaré que la destruction et les dommages causés à Odessa sont un rappel supplémentaire des coûts matériels et immatériels de la guerre menée contre les civils, les biens civils et le patrimoine culturel.  Depuis février 2022, près de 25 000 victimes civiles ont été enregistrées en Ukraine, dont plus de 9 000 tués et près de 16 000 blessés.  En dépit des exhortations de la communauté internationale, la destruction d’infrastructures civiles essentielles en Ukraine se poursuit avec des dégâts estimés à plusieurs milliards de dollars, a regretté le représentant, en ajoutant que l’UNESCO a vérifié les dommages causés à 270 sites culturels en Ukraine depuis le début de la guerre.  Les dommages et la destruction des lieux d’échanges culturels sont une perte pour tous.  Le représentant a donc appelé les parties pour qu’elles respectent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire afin d’assurer la protection des civils et des infrastructures civiles.  Les biens de caractère civil ne doivent jamais être la cible d’attaques, a-t-il insisté, et il faut redoubler d’efforts pour faire advenir une paix juste et durable qui respecte la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a relevé que depuis la décision de la Russie, la semaine dernière, de ne pas prolonger l’Initiative de la mer Noire, la population d’Odessa « traverse des nuits que personne ne devrait avoir à vivre ».  Elle s’est déclarée consternée par la forte augmentation des attaques russes sur la côte de la mer Noire, qui ont causé des victimes civiles et détruit des habitations, des infrastructures portuaires et des silos à grain.  La non-reconduction de l’Initiative et les frappes ciblant des villes portuaires ukrainiennes ont un impact au-delà de l’Ukraine, a averti la représentante, exprimant son « profond désarroi » face aux conséquences potentiellement désastreuses pour la sécurité alimentaire mondiale.  Elle a exhorté la Russie à revenir sur sa décision.  Enfin, elle a mis en garde contre les attaques visant des installations portuaires, y compris sur le Danube, à proximité de la frontière roumaine, ainsi que contre les menaces à l’encontre de la navigation civile, estimant qu’elles présentent un « dangereux potentiel d’escalade ».

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a rappelé que, pas plus tard que la semaine dernière, la Russie a décidé de se retirer de l’Initiative de la mer Noire, cette décision cruelle ayant été prise en pleine connaissance du fait qu’elle risquait de défaire tout ce qui a été réalisé au cours de l’année écoulée en matière de sécurité alimentaire.  Nous devons maintenant explorer toutes les options pour assurer, dans ces conditions, l’approvisionnement alimentaire, à commencer par celui des pays en développement, a-t-il déclaré.  Le représentant a condamné les attaques délibérées et irresponsables de la Russie contre le port ukrainien d’Odessa, « une plaque tournante de l’exportation de céréales ».  Ces attaques ont des répercussions mondiales et risquent d’affecter la vie quotidienne de millions de personnes, a-t-il averti.  Après avoir de nouveau condamné les attaques contre les édifices religieux ukrainiens, il a regretté le mépris total de la Russie pour les principes de la Charte des Nations Unies, le droit international « et la vie humaine elle-même ».  Les auteurs russes des crimes de guerre contre l’Ukraine et son peuple devront être tenus pour responsables de leurs actes, a-t-il souligné.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a déclaré que depuis qu’elle a mis fin à l’Initiative de la mer Noire la semaine dernière, la Russie a provoqué un nouveau déluge de frappes contre les villes ukrainiennes. Dimanche, la Russie a ainsi attaqué le centre-ville d’Odessa, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, blessant des dizaines de personnes, dont quatre enfants, a-t-elle ajouté.  La représentante a condamné la destruction partielle de la cathédrale de la Transfiguration, « la plus grande église orthodoxe d’Odessa ».  La cathédrale a été bombardée deux fois, a-t-elle rappelé: « en 1936 sur ordre de Staline, et maintenant sur ordre de Putin ».  La représentante a qualifié cette attaque d’acte de vandalisme culturel et religieux ayant touché en plein cœur toute une communauté.  Ce crime a été condamné par la Directrice générale de l’UNESCO, cette dernière estimant qu’en un an plus de 270 sites culturels ou historiques ukrainiens ont été pris pour cible par la Russie, a-t-elle indiqué. 

La Russie impose ses lois et son système éducatif en Ukraine, a poursuivi la déléguée, elle y restreint la liberté d’expression dans la langue nationale et elle tente d’endoctriner les enfants ukrainiens, qu’elles déportent à l’occasion vers la Russie.  La Russie cherche à détruire l’histoire, l’identité et le patrimoine culturel de l’Ukraine, a-t-elle encore martelé, jugeant de plus qu’en ciblant les ports ukrainiens de la mer Noire et du Danube, « la Russie ne tente rien moins qu’empêcher l’Ukraine d’exporter de la nourriture vers des populations en situation d’insécurité alimentaire ».  Selon elle, la Russie demande au monde d’accepter la destruction de l’État ukrainien comme le prix de la sécurité alimentaire. Or, ce que la Russie doit faire, c’est mettre fin à cette guerre qu’elle a déclenchée en retirant immédiatement et sans condition ses troupes d’Ukraine, a conclu la déléguée britannique. 

M. SERGIY KYLYSTSYA (Ukraine) a informé le Conseil des attaques russes opérées dans la région d’Odessa immédiatement après le retrait de la Russie de l’Initiative de la mer Noire, faisant état de frappes aériennes et de bombardements, avec de lourds dégâts infligés notamment au patrimoine historique de l’Ukraine, y compris des musées et des bâtiments religieux et résidentiels.  Le représentant a cité une déclaration de l’UNESCO indiquant que « cette attaque est la deuxième à ce jour dans une zone protégée par la Convention du patrimoine mondial, en violation de la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé ».  Au total, près de 50 bâtiments ont été endommagés ou détruits à la suite de l’attaque, dont 4 écoles, 5 jardins d’enfants et 2 autres établissements scolaires.  Les bâtiments des consulats grec et chinois ont également été endommagés, a-t-il précisé. 

Le délégué a repris à son compte les préoccupations du Secrétaire général concernant la menace croissante qui pèse sur la culture et le patrimoine ukrainiens.  Les céréales ukrainiennes sont aussi ciblées, ce qui aggrave l’insécurité alimentaire mondiale, a renchéri le représentant, qui a signalé des attaques contre les infrastructures portuaires et les installations de stockage de céréales dans le sud de l’Ukraine.  Ces agressions méritent une réponse forte, faute de quoi la Russie se sentira encouragée à saper davantage la situation, a-t-il averti, estimant que Moscou prépare d’autres attaques dans le but de décourager les navires d’autres pays d’entrer dans les eaux ukrainiennes et d’utiliser les ports ukrainiens.  Les menaces et le blocus des ports ukrainiens doivent selon lui être considérés comme une atteinte à la liberté de navigation. 

Le représentant a par ailleurs dénoncé le transfert de 3 000 enfants ukrainiens depuis les régions temporairement occupées de Donetsk et de Luhansk, pour soi-disant recevoir des soins médicaux.  Il a également estimé, sur la foi des déclarations d’un ancien responsable militaire russe de haut rang, que l’adoption de la loi sur l’augmentation de l’âge de la conscription par la Douma d’État russe prépare une mobilisation générale.  « Au lieu de rechercher la paix, la Russie rêve d’une grande guerre où l’Ukraine ne serait pas la seule cible », a averti le délégué, selon lequel les menaces du Président bélarusse Lukashenko sur les intentions du groupe Wagner « d’aller à Varsovie » sont un autre exemple du refus opposé par Moscou à toute désescalade.  À cet égard, il a rappelé la « formule de paix » soumise en 2022 par le Président Zelenskyy, qui, à ses yeux, est aujourd’hui « le seul outil tendant vers le rétablissement d’une paix et d’une stabilité justes et durables dans la région ainsi que d’un ordre mondial fondé sur l’état de droit ».  Il a invité les États Membres à s’y joindre et à participer à sa mise en œuvre.

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