9383e séance – matin
CS/15364

Syrie: appels lancés au Conseil de sécurité en faveur d’une plus grande prévisibilité dans l’acheminement de l’aide humanitaire

Les appels se sont multipliés, aujourd’hui, au Conseil de sécurité pour une plus grande « prévisibilité » dans l’acheminement de l’aide humanitaire au profit de plus de 4 millions de Syriens vivant dans le nord-ouest du pays, deux semaines après l’échec de la reconduction du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière.  Il s’agit d’une « question de vie ou de mort », a plaidé M. Ramesh Rajasingham, Chef du Bureau de Genève de l’OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies), lors de la séance d’information consacrée à la situation humanitaire et politique dans ce pays, la quatrième du genre pour le mois de juillet.  L’occasion pour l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Geir Otto Pedersen, de mettre l’accent sur l’urgence de la relance du processus politique.

Même si le mécanisme de l’aide transfrontière est caduc, l’ONU et ses partenaires sont prêts à continuer de fournir une aide humanitaire transfrontière vitale par Bab el-Haoua, a assuré le représentant de l’OCHA en se basant sur l’autorisation donnée par le Gouvernement syrien pour aider les populations du nord-ouest de la Syrie.  C’est par une note verbale de la Mission permanente de la Syrie datant du 13 juillet que le Gouvernement a communiqué sa décision d’ouvrir ce poste frontière à l’usage de l’ONU pendant six mois, a rappelé le Brésil parlant également au nom de l’autre porte-plume sur ce dossier, la Suisse. 

La Fédération de Russie a souligné que cette autorisation, destinée à aider la ville d’Edleb, est calquée sur ce qui se fait déjà par les postes de Bab el-Salam et de Raaï dans le contexte d’Alep.  En effet, depuis le 10 juillet, 18 camions et 10  missions transfrontières ont emprunté ces deux points de passage pour reconstituer les stocks, contrôler les programmes et évaluer les besoins sur le terrain, selon l’OCHA.

M. Rajasingham a souhaité que l’autorisation accordée pour le point de passage de Bab el-Haoua soit prolongée avant qu’elle n’expire le 13 août, invoquant la nécessité d’une plus grande prévisibilité, « qu’une permission de trois ou six mois ne permet pas d’obtenir ».  Les deux pays porte-plumes ont insisté pour que, quelle que soit la solution trouvée pour continuer à soulager le sort des Syriens, elle respecte pleinement le droit international humanitaire et soit pleinement conforme aux principes humanitaires d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance. 

Mais la déléguée britannique a fait remarquer que, en dépit de cette prétendue autorisation, pas un seul camion n’a traversé le point de passage de Bab el-Haoua, alors que 85% de l’aide onusienne y transitait auparavant.  D’autres délégations se sont jointes à la colère du Royaume-Uni, en fustigeant, à l’instar des États-Unis, les exigences posées par le « régime syrien » s’agissant de l’acheminement par le point de passage de Bab el-Haoua. 

L’Albanie a, quant à elle, dénoncé la Russie qui, avec son veto sur la reconduction du mécanisme, a réussi à politiser tous les aspects de la question humanitaire en Syrie.  En s’opposant au renouvellement du mécanisme transfrontière, la Russie a pris en otage plus de 4 millions de Syriens, a ajouté la France.

Le représentant de la Fédération de Russie, lui, a appuyé la décision syrienne en disant se réjouir que, désormais, l’aide humanitaire internationale au peuple syrien soit fournie comme dans tout autre contexte national, c’est-à-dire avec la permission et en étroite coordination avec le gouvernement internationalement reconnu de ce pays.  Il s’agit d’une décision « souveraine », a ajouté le représentant iranien; une décision qui s’inscrit dans le respect des principes humanitaires et de la souveraineté de la Syrie, a approuvé le délégué syrien.

Inquiète comme d’autres du manque de prévisibilité de l’aide, la Türkiye a démontré que cela rend plus difficile le financement des activités humanitaires et la planification des étapes sans lesquelles le relèvement rapide du pays sera remis en question.  Il faut assurer la prévisibilité, la transparence et la responsabilité nécessaires requises par les donateurs, a soutenu, en écho, le Japon. 

La question du faible financement de la réponse humanitaire a, de fait, été au centre des préoccupations des intervenants, à l’image de l’Envoyé spécial qui a tiré la sonnette d’alarme sur le plan de réponse humanitaire de cette année. Ce plan n’est financé, a-t-il dit, qu’à environ 13%, tandis que le Fonds régional pour les réfugiés et la résilience est financé à moins de 6%. 

Sur le volet politique, M. Pedersen a mis en exergue les deux éléments nécessaires aujourd’hui « si nous voulons aller de l’avant », à savoir une piste syro-syrienne et un processus plus large de renforcement de la confiance dans le cadre de l’approche « étape par étape ».  L’occasion pour plusieurs délégations, l’Équateur ou encore la Türkiye, d’appeler à la relance d’un processus politique intra-syrien crédible à travers notamment la réunion de la Commission constitutionnelle. Car les travaux de celle-ci ont été « gelés » par le « régime syrien » et la Russie, a accusé la délégation américaine.

Sur ce point, tout en se félicitant de la convocation de ladite Commission, l’Envoyé spécial s’est dit déçu que les différends concernant le lieu de réunion, initialement prévu à Genève, aient jusqu’à présent empêché la réalisation de cet objectif.  La Suisse a néanmoins confirmé mettre à disposition la ville de Genève pour accueillir les réunions de la Commission, comme tout autre type de pourparlers et d’initiatives visant à promouvoir une paix durable en Syrie.  Mais selon la délégation russe, les travaux de la Commission reprendront après que les parties auront choisi, au lieu de la Suisse, un lieu pratique pour les réunions. 

Tous les autres efforts pour trouver une solution politique à la crise syrienne ont été salués, notamment ceux de la Ligue des États arabes, alors que la Syrie vient de revenir en son sein.  La Suisse a misé sur la première réunion du Groupe de contact créé en marge de la réunion de la Ligue, prévue le 16 août.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. GEIR OTTO PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, s’est dit convaincu qu’avec un engagement substantiel, la diplomatie pourrait permettre d’aborder progressivement des questions importantes et d’avancer sur la voie envisagée dans la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. 

M. Pedersen a dit avoir cherché à engager les parties syriennes, les acteurs arabes, les processus d’Astana et occidentaux, ainsi que le Conseil, pour agir de manière positive sur cette base, appelant l’ensemble à être prêt à offrir une véritable contribution.  Pour lui, les objectifs sont clairs: reprendre le processus politique intra-syrien facilité par l’ONU, plus particulièrement en convoquant à nouveau la Commission constitutionnelle, et obtenir de toutes les parties clefs des mesures de confiance dans le cadre de l’initiative « étape par étape ». 

Pour l’Envoyé spécial, le fait de s’attaquer à la situation humanitaire désastreuse n’est pas seulement une nécessité humanitaire, mais également un moyen de progresser sur les questions politiques.  Il en a voulu pour preuve les gestes humanitaires positifs manifestés après les tremblements de terre.  C’est pourquoi il a dit partager la déception du Secrétaire général face à l’incapacité du Conseil de sécurité de prolonger l’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière de l’ONU, qui est pourtant une bouée de sauvetage pour des millions de civils.  Dès lors, s’est-il interrogé, si le consensus sur les principes humanitaires de base entre les parties internationales est insaisissable, comment les Syriens peuvent-ils croire qu’un progrès plus large est possible?  Et comment peuvent-ils être encouragés à surmonter leurs profondes divergences?

En tant qu’Envoyé spécial, il a dit espérer vivement que toutes les portes resteront ouvertes pour résoudre ce problème.  Il a souhaité que le Conseil et toutes les parties prenantes accordent la priorité aux besoins des Syriens.  Le haut fonctionnaire a, en outre, tiré la sonnette d’alarme sur le plan de réponse humanitaire de cette année qui n’est financé qu’à environ 13%, tandis que le Fonds régional pour les réfugiés et la résilience est financé à moins de 6%.  Il a demandé instamment aux donateurs d’agir et de soutenir les millions de personnes vivant en Syrie et dans la région (dans les pays d’accueil) qui dépendent de l’aide humanitaire vitale, ainsi que du redressement rapide et du soutien aux moyens de subsistance, après des décennies de guerre.  Dans le même ordre d’idées, M. Pedersen a appelé les pays concernés à continuer d’atténuer les effets des sanctions qui pourraient aggraver les conditions de vie des civils syriens, se réjouissant que l’Union européenne et le Royaume-Uni aient prolongé les nouvelles exemptions humanitaires qu’ils ont accordées à la Syrie au lendemain du tremblement de terre.

Sur le volet politique, l’Envoyé spécial a regretté que « des mois de diplomatie » ne se soient pas traduits par des résultats concrets pour les Syriens sur le terrain -dans leur pays ou à l’étranger- ni par des avancées réelles dans le processus politique.  Il a averti des risques de toute nouvelle occasion manquée à trouver une issue négociée, à un moment où l’impact de la crise s’aggrave.  Pour lui, les deux éléments nécessaires aujourd’hui « si nous voulons aller de l’avant » sont une piste syro-syrienne et un processus plus large de renforcement de la confiance dans le cadre de l’approche « étape par étape ».  À cet égard, tout en se félicitant de la convocation de la Commission constitutionnelle, il s’est dit déçu que les différends concernant le lieu de réunion aient jusqu’à présent empêché la réalisation de cet objectif.  Il a prôné de la volonté politique pour surmonter les problèmes qui bloquent jusqu’à présent la Commission de se réunir à nouveau à Genève et pour veiller à ce qu’elle reprenne ses travaux et réalise des progrès crédibles.  À cet égard, il a rappelé que si toutes les questions ne sont pas du seul ressort des Syriens, il en est une qui peut et doit être de leur seul ressort, c’est la future constitution de leur pays.  Il s’agit, a-t-il martelé, du contrat social qui doit sous-tendre la réconciliation ultime des Syriens et fixer, pour le postconflit, les pouvoirs et les devoirs de l’État, ainsi que les droits et les obligations des citoyens.

M. Pedersen a déploré qu’au cours des huit sessions qui se sont tenues jusqu’à présent, les progrès aient été très lents, tout en se disant convaincu, comme la plupart des parties prenantes, qu’il est préférable pour l’ensemble du peuple syrien que ce processus reprenne, se poursuive, s’approfondisse, établisse progressivement un climat de confiance et progresse sur le fond. Il a évoqué, par ailleurs, la question des réfugiés et des personnes déplacées, estimant qu’à l’heure actuelle, les conditions ne sont tout simplement pas réunies pour un retour sûr, digne et volontaire des réfugiés.  C’est pourquoi il a appelé le Gouvernement syrien à faire davantage pour répondre aux préoccupations très réelles et persistantes en matière de protection.  Il a enfin appelé le Gouvernement à travailler de manière proactive avec les Nations Unies pour trouver une issue politique à ce conflit, indiquant qu’il compte, pour sa part, travailler avec la Commission syrienne de négociations, que son adjointe Najat Rochdi a rencontrée ce mois-ci à Genève. 

M. RAMESH RAJASINGHAM, Chef et représentant du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) à Genève et Directeur de la Division de la coordination, a commencé par exprimer sa préoccupation sur l’avenir du mécanisme d’acheminement de l’aide transfrontière, une question de « vie ou de mort » pour des millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie, qui ne devrait pas être une décision politique, mais une décision humanitaire, a-t-il martelé.  Il est donc « profondément décevant », pour lui, que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de parvenir à un accord sur l’extension de son autorisation.  L’ONU et ses partenaires sont prêts à continuer de fournir une aide humanitaire transfrontière vitale par Bab el-Haoua, selon l’ampleur et la portée nécessaires, a assuré le représentant de l’OCHA, soulignant avoir pris note de la lettre du Gouvernement syrien autorisant les Nations Unies à utiliser ce point de passage pour acheminer l’aide humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie. Il a rappelé, à cet égard, que plusieurs membres du Conseil ont encouragé le Coordonnateur des secours d’urgence et le Gouvernement syrien à entamer des discussions bilatérales sur les modalités des opérations humanitaires dans le nord-ouest de la Syrie. 

Entre-temps, a-t-il poursuivi, le personnel de l’ONU ainsi que les fournitures de secours et l’aide à la protection continuent d’entrer dans le nord-ouest de la Syrie par les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï.  Depuis le 10 juillet, 18 camions et 10 missions transfrontières ont emprunté ces deux points de passage pour reconstituer les stocks, contrôler les programmes et évaluer les besoins sur le terrain.  « Nos opérations essentielles se déroulent, pour l’instant, par ces deux points de passage », a-t-il précisé.  Parallèlement, la plupart des agences des Nations Unies utilisent actuellement les articles d’aide humanitaire qui avaient été stratégiquement prépositionnés à l’intérieur du nord-ouest de la Syrie avant le 10 juillet afin d’assurer la continuité de l’aide humanitaire. 

M. Rajasingham a tenu à souligner que l’opération transfrontière des Nations Unies est l’une des opérations humanitaires les plus surveillées au monde, insistant sur le contrôle rigoureux de l’acheminement de l’aide, une fois entrée en Syrie.  C’est pourquoi, le haut fonctionnaire espère que l’autorisation accordée par le Gouvernement syrien d’utiliser les deux points de passage supplémentaires de Bab al-Salam et Raaï sera prolongée avant qu’elle n’expire le 13 août.  Et cela d’autant plus que les populations vivant dans le nord-ouest du pays figurent parmi celles qui sont les plus vulnérables de Syrie. En effet, a-t-il précisé, sur les 4,6 millions de personnes qui y vivent, 4,1 millions ont besoin d’une aide humanitaire pour répondre à leurs besoins les plus élémentaires.  Près de 80% de ces personnes sont des femmes et des enfants, a-t-il détaillé, plaidant la nécessité de disposer d’une plus grande prévisibilité qu’une permission de trois ou six mois ne permet pas d’obtenir. 

De fait, une durée aussi courte « pose de sérieux problèmes » à nos opérations, à notre financement, à notre logistique et à nos achats, a prévenu le haut responsable.  Et, selon toute vraisemblance, elle pourrait entraîner des perturbations dans la réponse humanitaire, a-t-il fait valoir.  En outre, des délais aussi courts ne permettent pas de disposer du temps minimum nécessaire pour mettre en place des programmes efficaces de relèvement rapide, notamment pour soutenir les moyens de subsistance et la remise en état des infrastructures endommagées par les tremblements de terre. 

M. Rajasingham s’est, par ailleurs, dit profondément alarmé par la forte augmentation des hostilités dans le nord-ouest de la Syrie au cours des dernières semaines, avec des frappes aériennes et des bombardements qui ont fait, depuis le début de l’année, 26 morts parmi les civils, dont 5 femmes et 6 enfants, et au moins 74 blessés.  Ces hostilités ont également laissé les gens dans la crainte de nouvelles attaques et pourraient alimenter de nouveaux déplacements. 

Sur le volet socioéconomique, les conditions continuent de se détériorer, a informé M. Rajasingham, précisant que le prix des produits alimentaires de base a augmenté de plus de 90% au cours de cette année.  Quelque 12 millions de personnes, soit plus de 50% de la population, sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire et 2,9 millions d’autres risquent de sombrer dans la faim, s’est-il alarmé.  Or, a déploré le représentant de l’OCHA, malgré ces graves vulnérabilités, le plan d’intervention humanitaire 2023 pour la Syrie n’est financé qu’à hauteur de 12,4%.  Les conséquences d’un tel sous-financement obligent à établir des priorités dans notre réponse et à faire des choix difficiles cette année encore.  Dans la pratique, a-t-il révélé, les bénéficiaires de l’aide alimentaire ne reçoivent actuellement que 50% de la ration standard. En outre, l’assistance à 40% d’entre eux, soit 2,5 millions de personnes, a été interrompue ce mois-ci en raison justement d’un manque de financement.  Un mois après la Conférence de Bruxelles, il est désormais essentiel que les généreuses promesses annoncées se traduisent par des décaissements rapides de fonds, a-t-il lancé. 

Au nom des deux porte-plumes humanitaires sur la Syrie, le Brésil et la Suisse, M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a rappelé que, le 13 juillet, la Mission permanente de la Syrie a fait part de la décision de son gouvernement d’ouvrir le poste frontière de Bab el-Haoua à l’usage de l’ONU pendant six mois.  Saluant la coopération croissante entre le Gouvernement syrien et l’OCHA pour la fourniture d’une aide humanitaire vitale au peuple syrien, il a indiqué que les porte-plumes ont pris note des préoccupations de l’OCHA concernant la note verbale du 13 juillet, tout en entendant également d’autres parties prenantes, tant gouvernementales que non gouvernementales.  Sur cette base, a-t-il ajouté, nous réaffirmons que, quelle que soit la solution trouvée pour continuer à soulager le sort des Syriens, elle doit respecter pleinement le droit international humanitaire et être pleinement conforme aux principes humanitaires d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance.  Cela signifie que l’aide doit parvenir à tous ceux qui en ont besoin sans aucune discrimination, a précisé le représentant, pour qui toutes les modalités d’accès, y compris les livraisons d’aide par-delà les lignes de front, restent un élément crucial de l’approche globale de la Syrie. 

Notant à cet égard que Bab el-Haoua a été la principale plaque tournante des opérations humanitaires de l’ONU dans le nord-ouest de la Syrie, assurant 85% des livraisons, le représentant s’est alarmé qu’aucune aide onusienne ne soit entrée par ce point de passage depuis l’expiration du mécanisme transfrontalière il y a près de deux semaines.  Cela ne fait qu’ajouter de l’anxiété à des millions de personnes dans le besoin qui ne savent pas si elles recevront une aide vitale, a-t-il souligné, affirmant garder espoir qu’un accord pourra être conclu pour reprendre son utilisation par l’ONU.  Il a d’autre part exprimé l’inquiétude des porte-plumes quant au très faible financement du plan de réponse humanitaire.  L’ONU et ses partenaires ont besoin d’un soutien accru pour répondre aux besoins croissants en Syrie, en particulier après les tremblements de terre de février, a-t-il plaidé, avant de reconnaître que les pays donateurs ont besoin de prévisibilité pour les activités humanitaires et de confiance dans la mise en œuvre et la poursuite des accords.  Le suivi et l’établissement de rapports sur l’acheminement de l’aide humanitaire jouent un rôle crucial dans la construction de cette assurance, a-t-il fait valoir, assurant qu’en tant que co-porte-plumes, son pays et la Suisse restent déterminés à travailler avec les membres du Conseil, OCHA, la Syrie et d’autres parties prenantes intéressées, ainsi qu’avec les acteurs humanitaires. 

S’exprimant ensuite à titre national, le représentant du Brésil a réaffirmé que la résolution 2254 (2015) du Conseil fournit une feuille de route claire pour un règlement pacifique du conflit, dans le respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’unité, de l’intégrité territoriale et de la dignité de la Syrie.  Il est donc crucial, selon lui, que toutes les parties concernées adhèrent à ces principes et agissent conformément à ceux-ci.  Il est également impératif que toutes les parties fassent preuve d’un maximum de retenue, évitent une nouvelle escalade et respectent pleinement leurs obligations en droit international humanitaire, a-t-il poursuivi, condamnant toute action unilatérale qui favorise davantage la violence et l’instabilité dans la région, ainsi que toute forme de terrorisme.  Appelant à un cessez-le-feu global, il a jugé illusoire de croire qu’une solution militaire apporterait une véritable paix aux Syriens ou constituerait une base solide pour la reconstruction et le développement du pays. Enfin, après s’être félicité de développements positifs récents, tels que le retour de la Syrie dans le giron de la Ligue des États arabes, il a jugé crucial de relancer un processus politique intra-syrien crédible, via une nouvelle convocation de la Commission constitutionnelle. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a dénoncé le récent exercice du droit de veto par la Russie sur le dossier humanitaire syrien.  Elle a aussi accusé la Russie de continuer à livrer une guerre contre le système d’approvisionnement alimentaire mondial en bombardant les infrastructures ukrainiennes.  La déléguée a fustigé les exigences posées par le « régime syrien » s’agissant de l’acheminement par le point de passage de Bab el-Haoua.  Elle a souligné la nécessité d’assurer l’indépendance des organisations humanitaires, ajoutant que l’ONU doit pouvoir parler à tous les acteurs sur le terrain.  Le « régime syrien » ne doit pas s’ingérer dans les accords passés avec les autorités locales dans les zones qui ne sont pas sous son contrôle, a-t-elle estimé.  La représentante a rappelé que toute aide doit respecter les grands principes humanitaires de neutralité et d’impartialité. Elle a dit que son pays est prêt à examiner tout projet de résolution qui prendrait en compte ces éléments, avant d’insister sur l’acuité de la crise humanitaire en Syrie.

En ce qui concerne la situation politique du pays, la déléguée a estimé qu’elle demeure « bien sombre ».  Elle a accusé le « régime syrien » et la Russie d’avoir gelé les travaux de la Commission constitutionnelle.  Enfin, elle a déclaré que le Conseil de sécurité ne pouvait faire confiance au « régime syrien » sur la question humanitaire et devait donc en rester saisie.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a noté que la situation reste tendue dans « notre Syrie amie ».  Outre la présence militaire illégale dans le nord du pays, y compris la présence des États-Unis et de leurs alliés sur la rive orientale de l’Euphrate, les frappes aériennes arbitraires de l’armée de l’air israélienne sur Damas et ses environs restent des facteurs dangereux, a-t-il relevé, se disant également inquiet par les activités de terroristes dans le sud du pays, sous couvert de la soi-disant « zone de sécurité » établie arbitrairement par Washington près d’At-Tanf.  Il s’est par ailleurs réjoui du retour de la Syrie au sein de la « famille arabe » et du rétablissement des relations avec la Türkiye, avant d’affirmer que les tentatives des pays occidentaux d’interférer avec ces « processus naturels » et de politiser des questions purement humanitaires sont contre-productives. 

La Russie, a souligné le représentant, défend invariablement le processus de règlement politique en Syrie, dirigé et mené par les Syriens eux-mêmes avec le soutien de l’ONU, dans le strict respect de la résolution 2254 (2015).  Les modalités de la médiation internationale doivent être fondées sur le respect des principes de souveraineté, d’indépendance, d’unité et d’intégrité territoriale de la Syrie, a-t-il poursuivi, souhaitant que les Syriens eux-mêmes, sans pression extérieure, parviennent à un accord sur toutes les questions restantes de la structure future de leur pays, par le biais de la Commission constitutionnelle.  Toute tentative visant à imposer d’autres cadres, formules et schémas aux Syriens ne fera que mener la situation à une impasse, a averti le représentant, selon lequel les travaux de la Commission reprendront après que les parties auront choisi un lieu pratique pour les réunions au lieu de la Suisse. 

Quant aux aspects humanitaires du règlement syrien, le représentant a déclaré n’avoir rien à ajouter à ce qui a été dit mercredi dernier.  Il s’est cependant réjoui que, désormais, l’aide humanitaire internationale au peuple syrien soit fournie comme dans tout autre contexte national, c’est-à-dire avec la permission et en étroite coordination avec le gouvernement internationalement reconnu de ce pays.  Il a également espéré que l’équipe humanitaire de l’ONU prendra au sérieux la mise en place d’un approvisionnement humanitaire transfrontalier d’Edleb dans les nouvelles conditions, via le poste-frontière de Bab el-Haoua, comme cela se fait déjà par les postes de Bab el-Salam et de Raaï dans le contexte d’Alep.  Les humanitaires ont maintenant une bonne occasion de mettre au premier plan les intérêts de ceux qui ont besoin d’aide humanitaire « et non les terroristes internationalement reconnus qui se sont installés à Edleb avec le soutien de leurs parrains occidentaux », a-t-il ajouté, avant d’appeler les donateurs qui placent les intérêts des nécessiteux au-dessus des considérations géopolitiques à répondre à l’appel de l’ONU pour aider à financer des projets de relèvement rapide.  Avant de conclure, le représentant a souhaité connaître le sort du rapport de l’équipe de pays des Nations Unies en Syrie sur l’impact des sanctions unilatérales sur la situation humanitaire dans ce pays, qualifiant ces mesures de « punition collective pour des millions de Syriens ordinaires ». 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a dit compter sur la détermination des Nations Unies et de ce Conseil à faire tout ce qui est possible pour stabiliser et améliorer les conditions humanitaires et de vie du peuple syrien, et à poursuivre les efforts pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, par toutes les modalités, à ceux qui en ont besoin dans l’ensemble des territoires syriens.  La représentante a souligné pour ce faire l’importance des opérations transfrontières.  Elle a plaidé pour qu’elles se poursuivent sans interruption, arguant que la couverture des besoins les plus élémentaires et la survie de millions de personnes, dont 80% sont des femmes et des enfants, en dépendent.  Face à l’ampleur des défis auxquels fait face la Syrie, les A3, a dit la représentante, exhortent la communauté internationale à agir d’urgence pour apporter une réponse efficace et coordonnée. La déléguée a conclu en martelant que la situation humanitaire du pays ne doit pas être instrumentalisée.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a insisté sur l’acuité de la crise humanitaire en Syrie et dénoncé le récent exercice du droit de veto par la Russie qui a empêché le renouvellement du point de passage transfrontière pour l’acheminement de l’aide humanitaire.  Il a fustigé les exigences posées par le « régime syrien » s’agissant de l’accès humanitaire de l’ONU.  La Russie a réussi à politiser tous les aspects de la question humanitaire en Syrie, a-t-il déploré.  « La situation sur le terrain doit nous pousser à trouver une solution au sein de ce Conseil », a-t-il considéré.  Sur le plan politique, le délégué a déploré le peu de progrès accomplis en ce qui concerne la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, ainsi que la mise à l’arrêt de la Commission constitutionnelle.  Les causes de la crise syrienne sont politiques, a conclu le délégué.  « Nous devons prouver au peuple syrien que nous ne l’avons pas oublié. »

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que le conflit syrien a entraîné le déplacement de 12 millions de personnes et la disparition de 130 000 autres. À ce sujet, il s’est félicité de l’adoption par l’Assemblée générale, le 29 juin dernier, d’une résolution établissant une institution internationale indépendante humanitaire pour aider les familles de personnes disparues en Syrie.  Il s’est par ailleurs déclaré préoccupé par la déstabilisation au niveau régional provoquée par le réseau de production et d’exportation de Captagon, qui est aujourd’hui l’une des principales ressources financières du régime syrien, désormais devenu un « narco-État ». 

Face au drame syrien, a poursuivi le représentant, la France et l’Union européenne ont financé depuis 2011 les agences de l’ONU et les acteurs de la société civile en Syrie et dans les pays voisins, à hauteur de 30 milliards d’euros.  La septième Conférence de Bruxelles, organisée les 14 et 15 juin derniers, a permis de mobiliser une aide internationale d’un montant total de 5,6 milliards d’euros pour 2023 et au-delà, a-t-il encore relevé, avant de saluer les pays de la région, qui, malgré le défi que cela représente, accueillent des réfugiés.  « À l’inverse, la Russie ne montre aucune solidarité », a-t-il dénoncé, accusant ce pays de prendre plus de 4 millions de Syriens en otages en s’opposant au renouvellement du mécanisme de l’aide humanitaire transfrontière.  « Nous soutenons les efforts du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires pour permettre un accès durable, sûr, rapide et sans entrave de l’aide, alors que les besoins n’ont jamais été aussi élevés. » 

Pour le représentant, la réponse humanitaire ne doit pas et ne peut pas se substituer à un règlement politique.  Le retour à la stabilité, en Syrie et dans la région, ne sera possible que par une solution politique répondant aux aspirations de tous les Syriens, a-t-il fait valoir, jugeant que la résolution 2254 (2015) constitue une feuille de route, avec des paramètres clairs.  Appelant le « régime syrien » à s’engager dans un processus politique tel que défini par cette résolution, adoptée à l’unanimité du Conseil, il a averti qu’aucune normalisation, ni reconstruction, ni levée des sanctions ne seront envisageables en l’absence de transition politique. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a axé son propos sur la situation politique en Syrie, se félicitant de la convocation, fixée au 16 août 2023, de la première réunion du Groupe de contact créé en marge de la réunion de la Ligue des États arabes du 7 mai dernier.  La représentante a rappelé que les États parties au Groupe de contact ont exprimé la volonté de soutenir une approche « étape par étape » en vue d’une solution politique, en coordination avec les efforts de l’Envoyé spécial.  Tout en soulignant la pertinence de la résolution 2254 (2015) du Conseil pour parvenir à une solution juste et globale qui assure la paix et la sécurité de la Syrie et de la région, la déléguée est d’avis que la relance des travaux de la Commission constitutionnelle donnerait un signal important de soutien à la recherche d’une approche concertée en vue de la paix.  À cet égard, la Suisse reste prête à mettre à disposition Genève, pour accueillir les réunions de la Commission constitutionnelle, comme tout autre type de pourparlers et d’initiatives visant à promouvoir une paix durable en Syrie, a conclu la représentante. 

Mme MONICA SOLEDAD SÁNCHEZ IZQUIERDO (Équateur) a déploré le manque d’unité au sein du Conseil de sécurité sur le dossier humanitaire syrien, alors que la crise ne cesse de s’aggraver.  Elle a réclamé un accès humanitaire sans entrave et prévisible en Syrie.  À cet égard, la déléguée a dénoncé le récent exercice du droit de veto sur un projet de résolution au Conseil, avant d’exhorter les délégations porte-plumes à redoubler d’efforts pour progresser sur ce dossier.  Sur le plan politique, elle a souhaité que la Commission constitutionnelle se réunisse à nouveau et exhorté la Syrie à coopérer avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie.  Enfin, la représentante a souhaité qu’un accord soit trouvé sur la prorogation du mécanisme permettant l’aide humanitaire transfrontière.

M. XING JISHENG (Chine) a réitéré le soutien de son pays à un processus pour les Syriens et piloté par eux-mêmes, comme prévu par la résolution 2254 (2015).  Il s’est par ailleurs félicité du retour de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes, saluant au passage le rôle joué par cette organisation pour trouver une solution politique à la crise syrienne.  Le représentant s’est dit préoccupé par la situation humanitaire dans le pays, avant d’appeler la communauté internationale à faire preuve d’une « tolérance zéro » vis-à-vis du terrorisme.  Il a également souhaité que la présence illégale de forces étrangères en Syrie prenne fin immédiatement et a réitéré l’appui de la Chine à toute assistance internationale au pays tant que son intégrité territoriale et sa souveraineté sont respectées.  À cet égard, il s’est félicité de la décision souveraine de la Syrie d’ouvrir le point de passage de Bab el-Haoua, y voyant la base d’une aide humanitaire légale.  Il a cependant réaffirmé que le mécanisme transfrontière était une mesure « adaptée à son contexte » et qu’il fallait à présent s’adapter pour que ce processus « s’éteigne progressivement ».  En vue d’un relèvement rapide, il importe d’inclure tous les acteurs et d’appuyer des processus de développement durables dans des domaines clefs, a ajouté le représentant, qui, en, conclusion, a appelé à la levée sans délai et sans condition des sanctions unilatérales contre la Syrie. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a qualifié la « fin rapide et imprévisible » du mécanisme d’acheminement de l’aide transfrontière vers la Syrie de « choc » à la fois pour la communauté internationale et pour le peuple syrien.  Certes, a admis le représentant, la fin de ce mécanisme était inévitable, étant donné qu’il s’agissait d’une solution exceptionnelle et temporaire, mais, a-t-il nuancé, sa conclusion devait se faire en coordination avec les Nations Unies, afin que les travailleurs humanitaires disposent du temps nécessaire pour planifier les opérations humanitaires de manière graduelle.  Toutefois, le délégué s’est félicité de la décision du Gouvernement syrien d’autoriser les Nations Unies à acheminer l’aide humanitaire par le point de passage de Bab el-Haoua pour une période de six mois.

Sur le plan politique, le représentant a espéré que les récentes visites de pays arabes en Syrie, en particulier de pays voisins, contribueront à renforcer la coordination et la coopération dans le traitement de plusieurs questions d’intérêt commun pour les pays de la région, évoquant en particulier la question du retour des réfugiés et de la lutte contre le terrorisme et la drogue.  Pour finir, il a souhaité que les efforts diplomatiques arabes dans le cadre des résultats du Sommet de Djedda, et en étroite coordination avec l’Envoyé spécial pour la Syrie, puissent ouvrir la voie au règlement de la crise syrienne, qui n’a pas connu d’issue tangible depuis de trop nombreuses années.

Mme FRANCESCA GATT (Malte) a dénoncé le récent exercice du droit de veto par la Russie sur le dossier humanitaire syrien et fustigé les exigences posées par le « régime syrien » s’agissant de l’accès de l’ONU sur le terrain. Elle a estimé que ces décisions rajoutent de l’incertitude à un contexte déjà très volatile.  Les travailleurs humanitaires ont besoin de prévisibilité et de stabilité, non pas des arrangements irréalistes conclus à la dernière minute, a-t-elle tranché.  Elle a loué le compromis du projet de résolution présenté par la Suisse et le Brésil.  La représentante a insisté sur la nécessité pour ce Conseil de retrouver son unité et de renouveler le mécanisme de l’aide humanitaire transfrontière.  Enfin, abordant le dossier politique, la déléguée a déploré le peu de progrès accomplis en ce qui concerne la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).  Elle a souhaité que la Commission constitutionnelle soit de nouveau convoquée.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a commencé par regretter le veto opposé voilà près de deux semaines par la Russie à la prorogation du mécanisme d’acheminement de l’aide transfrontière en Syrie, jugeant que cet acte « scandaleux » politise l’aide humanitaire et constitue une trahison douloureuse du peuple syrien.  L’assistance transfrontière fournie en vertu d’une résolution du Conseil de sécurité est le meilleur moyen d’assurer la prévisibilité, la transparence et la responsabilité nécessaires requises par les donateurs et les acteurs humanitaires, y compris l’ONU et les ONG, tout en facilitant l’aide au relèvement rapide dont le peuple syrien a tant besoin, a-t-il fait valoir.  Selon le représentant, les membres du Conseil maintiennent leurs efforts pour que soit adoptée une nouvelle résolution prolongeant le mécanisme sous la coordination des co-porte-plumes humanitaires, la Suisse et le Brésil, mais cela reste vain jusqu’à présent. 

Pendant ce temps, alors que la situation sur le terrain s’aggrave de jour en jour, les opérations de l’ONU sur place restent suspendues et l’assistance par-delà les lignes de front n’a pas donné de résultats suffisants, a-t-il observé, avant de réitérer le soutien du Japon aux efforts que déploie le Secrétaire général adjoint pour explorer, avec le Gouvernement syrien, les modalités d’une reprise rapide de l’assistance via Bab el-Haoua, en attendant une nouvelle résolution du Conseil.  Estimant à cet égard que la récente décision du Gouvernement syrien d’autoriser l’aide transfrontière de l’ONU via Bab el-Haoua comprend des restrictions peu pratiques pour les acteurs humanitaires, le représentant a demandé à Damas de faire preuve d’un maximum de flexibilité dans le traitement de cette question « purement humanitaire ».  Enfin, s’agissant de l’avenir à long terme du pays, il a salué les efforts régionaux arabes destinés à faire avancer le processus politique sur la base de la résolution 2254 (2015), une piste fondamentale qui reste pour l’heure dans l’impasse. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a constaté que, deux semaines après le veto opposé par la Russie, 4,1 millions de personnes vivant dans le nord-ouest de la Syrie se retrouvent livrées à elles-mêmes, sans savoir si la nourriture et les médicaments pourront arriver dans les semaines et mois à venir.  Bien que la Syrie prétende avoir donné l’autorisation à l’ONU, pas un seul camion n’a traversé le point de passage de Bab el-Haoua, où 85% de l’aide onusienne transitait auparavant, a-t-elle déploré, estimant que « les conditions posées par Assad rendent ces opérations dangereuses et sapent la neutralité, l’impartialité et l’indépendance de l’OCHA ».  Alors que l’ONU a clairement indiqué que les conditions imposées par la Syrie sont inopérantes et irréalisables, les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï, qu’elle doit maintenant utiliser à la place, ne sont ouverts que pendant vingt et un jours supplémentaires, a-t-elle dénoncé. Pour la représentante, nul ne doit croire la Russie et la Syrie quand elles affirment être motivées par des considérations humanitaires.  « C’est de la pure politique », a-t-elle asséné, avant de relever que le nord-ouest de la Syrie est une zone de conflit actif où toutes les parties, y compris « le régime et la Russie », continuent de se combattre, avec des civils pris entre les feux. 

De l’avis de la représentante, l’absence de mandat du Conseil affecte également le travail de relèvement rapide à plus long terme, que l’organe onusien a reconnu comme essentiel dans toute la Syrie.  Dans ce contexte, le Royaume-Uni soutient les discussions en cours entre l’ONU et la Syrie pour que cette dernière lève ses conditions et permette l’acheminement de l’aide, a-t-elle ajouté, saluant le travail des équipes de l’OCHA sur le terrain. Nous continuons de croire que l’action de ce Conseil, sans politisation, est le meilleur moyen de garantir l’accès continu à ceux qui en ont besoin, a-t-elle conclu, appelant la Syrie à respecter ses obligations les plus fondamentales en vertu du droit international et à coopérer de bonne foi avec l’ONU. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a commencé par dénoncer l’agression israélienne contre son pays en disant que « les forces d’occupation israéliennes ont mené le 19 juillet une nouvelle attaque ciblée dans les alentours de Damas ».  Il a exhorté le Conseil de sécurité à condamner de telles attaques, avant de dénoncer sa paralysie en raison de l’appui aveugle des États-Unis à Israël.  Les États-Unis sont complices des violations du droit commises par ce pays, a-t-il affirmé.  Le représentant a aussi fustigé l’entretien qu’a récemment eu une délégation française, entrée illicitement en Syrie, avec des milices séparatistes.  Il a rappelé l’autorisation donnée par son pays à l’ONU pour utiliser le point de passage Bab el-Haoua, dans le respect des principes humanitaires et de la souveraineté de la Syrie.  Il a aussi indiqué que les opérations humanitaires au travers des lignes de front permettent de répondre aux besoins pour autant que pression soit faite sur les milices pour qu’elles facilitent leur déroulement.  Les ressources financières de ces opérations doivent aussi être réunies, a-t-il réclamé. Le délégué a dénoncé les sanctions prises contre son pays, les qualifiant d’« inhumaines » et de « totalitaires », en particulier la loi César adoptée par les États-Unis en 2019.  Enfin, il a demandé le retrait des forces étrangères illicitement présentes sur le territoire syrien, en particulier les forces américaines, ainsi que la levée des sanctions.

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a fait observer qu’alors que le Conseil se réunit pour la quatrième fois ce mois-ci pour traiter de la situation humanitaire en Syrie, 4,1 millions de personnes dépendant de l’aide pour survivre continuent d’attendre pour savoir si cette assistance leur parviendra ou non. Elle a ajouté qu’en tant que voisin immédiat de la Syrie et principal partenaire pour l’aide transfrontière, son pays considère ce mécanisme humanitaire ayant mandat du Conseil comme la méthode la plus viable pour l’acheminement de l’aide dans le nord-ouest de la Syrie. C’est pourquoi, a-t-elle souligné, nous regrettons que ce mandat ait expiré il y a deux semaines et que le Conseil n’ait pas été capable de s’entendre sur son renouvellement, d’autant plus que les besoins, aggravés par les tremblements de terre de février, sont à leur niveau le plus élevé depuis le début du conflit.  Estimant que ce mécanisme est plus essentiel que jamais pour répondre à la situation humanitaire syrienne et préserver la stabilité de la région, elle a averti que son absence risque de créer un vide pour la prévisibilité de l’aide, rendant en outre plus difficile le financement des activités humanitaires et la planification des étapes sans lesquelles le relèvement rapide du pays sera remis en question. 

Renouvelant son appel au Conseil pour qu’il trouve un consensus garantissant la prorogation du mécanisme transfrontière, la représentante a mis l’accent sur le lourd tribut de ce conflit pour la population syrienne. Dans ce contexte, la communauté internationale, en particulier les pays qui jouissent d’une influence sur les acteurs, doivent exhorter le « régime » à prendre des mesures concrètes concernant le processus politique, a-t-elle plaidé, jugeant essentiel que l’opposition syrienne soit associée à ce processus.  Après avoir appelé à la reprise des travaux de la Commission constitutionnelle, elle a souhaité que les pays de la région n’oublient pas le processus politique dans leurs contacts avec le « régime syrien ». Enfin, considérant que le terrorisme provenant de la Syrie nécessite une solution de toute urgence, elle a assuré que la Türkiye, comme elle l’a fait avec Daech, poursuivra sa lutte contre le PKK-YPG avec la même détermination.  Comme tout pays dont les frontières sont attaquées, la Türkiye ne restera pas les bras croisés et se réserve le droit de prendre des mesures de légitime défense, a-t-elle conclu. 

M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a souligné l’autorisation donnée par la Syrie à l’ONU pour utiliser le point de passage Bab el-Haoua, « une décision souveraine ».  Le respect de la souveraineté de la Syrie est crucial pour répondre à la crise humanitaire de manière efficace, a déclaré le délégué.  Il a aussi souligné la nécessité d’éviter que l’aide ne tombe entre les mains des organisations terroristes dans le nord-ouest.  Le délégué a demandé que le retour des réfugiés syriens dans leur pays ne soit pas politisé et utilisé comme un moyen de pression sur le Gouvernement syrien.  Enfin, il a appelé à la levée des sanctions « illicites » et « cruelles » prises contre la Syrie, avant d’appuyer la reprise des travaux de la Commission constitutionnelle.

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