9269e séance – matin & après-midi
CS/15211

Devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général demande qu’on « donne une bonne fois pour toutes une chance à la paix » en Ukraine

Le Conseil de sécurité a marqué, ce matin, l’anniversaire de l’invasion russe de l’Ukraine, intervenue le 24 février 2022, en organisant un débat lors duquel le Secrétaire général de l’ONU a insisté sur le « besoin de paix, une paix conforme à la Charte des Nations Unies et au droit international » et a appelé à « encourager chaque effort significatif qui vise à mettre fin à l’effusion de sang et donner une bonne fois pour toutes une chance à la paix ». 

Pour M. António Guterres, l’invasion russe de l’Ukraine, « violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international », a fait de la vie du peuple ukrainien « un véritable enfer ».  Il a rappelé que quelque 17,6 millions de personnes avaient besoin d’aide, que plus de 8 millions d’Ukrainiens sont enregistrés comme des réfugiés à travers l’Europe et que 5,4 millions ont été déplacés à l’intérieur du pays, que la moitié des enfants ont été contraints de quitter leur foyer, et décrit les destructions et exactions commises.  « Et ne nous méprenons pas, la Fédération de Russie subit également les conséquences mortifères » du conflit, a ajouté le Secrétaire général. 

Mettant en exergue sa priorité absolue qui est la protection des civils et des infrastructures civiles, le Secrétaire général a demandé que cessent les attaques qui les visent et l’utilisation des armes explosives dans les zones peuplées.  Il a aussi réclamé un accès sûr et sans entrave pour l’aide humanitaire.  Recensant les mesures prises au sein du système de Nations Unies pour atténuer les effets du conflit, il a appelé à la prolongation de l’Initiative céréalière de la mer Noire au-delà de l’échéance actuelle de mars et dit « œuvrer à l’élimination des derniers obstacles aux exportations des produits alimentaires et d’engrais russes ». 

« C’est la voix des armes que l’on entend en ce moment, mais, au bout du compte, nous savons tous que la voie de la diplomatie et de la responsabilité est le chemin vers une paix juste et durable », a souligné M. Guterres, qui a appelé à une paix dans le respect de la Charte, du droit international et de la résolution adoptée hier par l’Assemblée générale. 

Ce texte, portant sur les principes de la Charte des Nations Unies « sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine »  et adopté par 141 voix pour, 7 contre –dont la Fédération de Russie– et 32 abstentions, dont celles de trois membres du Conseil de sécurité -la Chine, le Gabon et le Mozambique- « exige de nouveau que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays, et appelle à une cessation des hostilités ». 

Pour le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, M. Dmytro Kuleba, cette résolution suit la logique du plan de paix en 10 points du Président Volodymyr Zelenskyy, dont l’objectif est de rétablir le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Toute nouvelle proposition de paix devrait être alignée sur les exigences de la résolution de l’Assemblée générale, a prévenu M. Kuleba. 

Tour à tour, plusieurs délégations ont proposé des plans divers pour que la guerre s’arrête.  Le Haut-Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a réaffirmé l’appui de l’UE au plan du Président ukrainien, tout comme les membre occidentaux du Conseil et les 14 chefs de la diplomatie de pays européens non membres du Conseil –membres de l’UE, voisins de l’Ukraine ou Président en exercice de l’OSCE– qui sont également intervenus. 

Cette longue liste a été l’une des causes d’une protestation du représentant de la Fédération de Russie, qui a estimé que cette présence massive ne représentait « pas de valeur ajoutée » et au contraire « dévaluait l’intérêt de ces interventions ».  Le représentant a plus encore reproché au Président de séance d’avoir placé le chef de la diplomatie de l’Ukraine juste après le Secrétaire général dans la liste des intervenants, soit avant les membres du Conseil, en violation du règlement de celui-ci. 

Tel qu’il est « sournoisement utilisé » par l’Ukraine et les pays occidentaux, le mot « paix » signifie « la capitulation de la Russie et sa défaite stratégique », qui sont les véritables objectifs de l’ingérence occidentale dans les affaires ukrainiennes a ensuite dénoncé le représentant russe.  « Pour nous, il est absolument évident que l’Ukraine n’est nullement une victime », a-t-il affirmé, ajoutant que si l’Ukraine arrêtait les hostilités, elle aurait une chance de se reconstruire en tant qu’État indépendant normal et pacifique et de sauver des milliers de vies humaines.  Il a aussi dénoncé « l’extermination des habitants russophones » du Donbass par « le régime de Kiev ».  Un peu plus tôt, alors que le Ministre ukrainien demandait aux membres du Conseil de se lever pour observer une minute de silence « à la mémoire des victimes de l’agression russe », il avait répliqué que ceux-ci devaient se lever pour rendre hommage à « toutes les victimes » du conflit « depuis 2014 ». 

Les autres membres du Conseil ont tenté d’apporter leur contribution.  Le représentant de la Chine a cité le plan de paix de son pays, présenté comme impartial, et appelé Russie et Ukraine à reprendre directement les pourparlers sans condition préalable, tout en demandant à la communauté internationale de rétablir les infrastructures civiles ukrainiennes et d’assurer le retour des réfugiés et personnes déplacées.  Rejeter sans ambiguïté les tentatives d’annexion de territoires basées sur la force et la violence comme outil de domination entre États n’est pas seulement une vision de « l’Occident », mais un principe sacré pour les pays en développement, dont le seul arsenal est le droit international et dont les munitions sont les dispositifs de la Charte, a commenté l’Équateur. 

Les Émirats arabes unis ont appelé à renforcer le rôle de médiateur du Secrétaire général.  Préconisant la construction d’une paix qui ne soit ni vindicative ni hostile, ils ont suggéré de petites avancées, comme la préservation du régime de non-prolifération, le renforcement de l’aide humanitaire, la poursuite des échanges de prisonniers et la reconduction de l’Initiative céréalière de la mer Noire, une mesure sur laquelle plusieurs autres membres du Conseil, en particulier les pays africains, ont également insisté.  Le représentant du Brésil s’est dit convaincu qu’un pays comme le sien, qui n’est pas directement impliqué dans le conflit, a un rôle constructif à jouer dans la promotion du dialogue.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Question de procédure

Avant que le débat ne commence, le représentant de la Fédération de Russie a exprimé son désaccord face à la longue liste de pays non membres du Conseil invités à participer à la présente réunion et avec l’ordre des interventions.

M. Vassily A. Nebenzia a demandé au Président de séance, le Ministre des affaires étrangères de Malte, pour quelle raison il avait décidé de donner la parole au Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine avant que ne s’expriment les membres du Conseil, contrairement aux règles établies au sein de cet organe, qui doivent être respectées.  Le Président de séance ayant répondu qu’en ce jour anniversaire du déclenchement de la guerre en Ukraine, il était utile de donner la parole au Ministre des affaires étrangères de ce pays, le représentant russe a rétorqué qu’en donnant la parole au Ministre ukrainien avant les membres du Conseil, il créerait un précédent en faveur de ce pays.  Citant plusieurs exemples de pays à l’ordre du jour du Conseil dont les chefs de la diplomatie n’ont pas bénéficié de ce privilège, le représentant s’est interrogé sur l’image que le Conseil donnerait alors au monde.  Le représentant russe a souligné qu’il était prêt à entendre le Ministre ukrainien, mais dans le respect de la pratique établie.  Il a aussi dénoncé le nombre sans précédent de délégations invitées au titre de l’article 37 et les représentants de pays européens qui présentent la position commune de l’Union européenne.  Cela ne représente pas de valeur ajoutée, au contraire, cela dévalue l’intérêt de ces interventions, a-t-il estimé, avant de regretter que la présidence maltaise du Conseil méprise le règlement de cet organe en plaçant la position de l’Union européenne au-dessus de son fonctionnement.  Il a rappelé le Règlement du Conseil indiquant que la position de la présidence doit être impartiale, jugeant que Malte ne parvient pas à tenir cette position et a dénoncé dans la décision de la présidence une tentative de défendre les intérêts mesquins de l’Europe. 

Après avoir fait à son tour observer qu’à l’occasion d’autres débats du Conseil, le Ministre des affaires étrangères de la Serbie s’était lui aussi exprimé devant le Conseil avant les membres de ce dernier, et que les autres intervenants du jour étaient venus à New York en personne pour démontrer qu’ils étaient eux aussi touchés par la guerre en Ukraine, le Président de séance a dit prendre note des remarques et maintenu la liste d’intervenants et l’ordre des interventions. 

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que les principes et les valeurs de la Charte des Nations Unies « ne sont pas une question de commodité » ni de vains mots sur du papier, mais « sont au cœur de ce que nous sommes; ils reflètent la mission essentielle de nos Nations Unies », qui existent « précisément pour répondre à tout grief - quel qu’il soit ». 

Le Secrétaire général a rappelé que, voici un an, il avait, « au nom de l’humanité », demandé de ne pas permettre que « commence en Europe ce qui pourrait être la pire guerre depuis le début du siècle », avec des conséquences « dévastatrices pour l’Ukraine, tragiques pour la Fédération de Russie » et des conséquences pas même prévisibles alors pour l’économie mondiale.  Rappelant qu’il avait alors dit qu’il fallait donner une chance à la paix, il a déploré qu’elle n’ait « eu aucune chance » et que la guerre ait « pris le dessus ».

L’invasion russe de l’Ukraine est une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international, a assené le Secrétaire général, qui en a dressé le bilan: la mort, la destruction, les déplacements de population à grande échelle, des attaques aveugles contre les civils et les infrastructures civiles et d’indicibles souffrances, des dizaines de cas de violences sexuelles liées au conflit, de graves violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme à l’encontre de prisonniers de guerre, des disparitions forcées et des détentions arbitraires de civils.

« La vie est un véritable enfer pour le peuple ukrainien », a poursuivi le Secrétaire général, qui a rappelé qu’on estimait à 17,6 millions -près de 40% de la population ukrainienne- le nombre des personnes qui ont besoin d’aide humanitaire ou protection.  Plus de 8 millions d’Ukrainiens ont été enregistrés comme réfugiés à travers l’Europe et 5,4 millions ont été déplacés à l’intérieur du pays, tandis que la moitié des enfants du pays ont été contraints de quitter leur foyer, a-t-il notamment détaillé.  Il a aussi mentionné les destructions d’infrastructures vitales, les attaques contre des établissements de santé, les écoles et collèges endommagés ou détruits.  Il a aussi fait état l’impact moins mesurable mais dévastateur des mois de déplacements et de bombardements sur la santé mentale de la population.  « Et ne nous méprenons pas, la Fédération de Russie subit également les conséquences mortifères » du conflit, a-t-il ajouté.

« Nous avons besoin de paix - une paix conforme à la Charte des Nations Unies et au droit international », a martelé le Secrétaire général.  En attendant celle-ci, il a cité comme la « priorité absolue » la protection des civils et a donc demandé l’arrêt des attaques qui les visent, ainsi que les infrastructures civiles.  Il a également demandé que cesse l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées et qu’un accès humanitaire sûr et sans entrave à l’aide vitale soit garanti. 

Le Secrétaire général a cité plusieurs actions en cours du système de Nations Unies.  Pour aider à investir dans la reconstruction de l’Ukraine, il a expliqué que le Programme des Nations unies pour le développement a codirigé, avec la Banque mondiale, une évaluation des dommages causés aux infrastructures énergétiques.  Il a rappelé les efforts de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour assurer la sûreté et la sécurité de ses 15 réacteurs en fonctionnement dans le pays, et en particulier ceux de la centrale nucléaire de Zaporijia, demandant de nouveau à toutes les parties à s’accorder pour établir une zone de sûreté et de sécurité nucléaires autour de cette dernière. 

M. Guterres a en outre jugé inacceptables les « menaces à peine voilées » d’utiliser des armes nucléaires dans le cadre du conflit, lesquelles ont « fait grimper le risque nucléaire à un niveau jamais atteint depuis les jours les plus sombres de la guerre froide ».

Le Secrétaire général a affirmé que des progrès continuaient d’être réalisés dans le cadre de l’Initiative céréalière de la mer Noire, rappelant que l’accord avait été négocié avec les parties par les Nations Unies et la Türkiye et permis de faire baisser les prix dans le monde entier.  Il a réitéré son appel à la prolongation de l’accord au-delà de l’échéance actuelle de mars et affirmé que l’ONU était « fermement résolue à œuvrer à l’élimination des derniers obstacles aux exportations de produits alimentaires et d’engrais russes ».  Ces efforts démontrent que la coopération internationale est « essentielle, précieuse et possible, même en plein conflit », a-t-il ajouté. 

Enfin, le Secrétaire général a rappelé que le Conseil de sécurité avait, lors de l’année écoulée, consacré plus de 40 débats à l’Ukraine.  « C’est la voix des armes que l’on entend en ce moment, mais, au bout du compte, nous savons tous que la voie de la diplomatie et de la responsabilité est le chemin vers une paix juste et durable », a-t-il affirmé.  Appelant à empêcher toute nouvelle escalade, M. Guterres a conclu en appelant à « encourager chaque effort significatif qui vise à mettre fin à l’effusion de sang et donner une bonne fois pour toutes une chance à la paix ».

M. DMYTRO KULEBA, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a rappelé que 141 États Membres de l’Assemblée générale ont adopté, hier, une résolution sur les principes d’une paix globale, juste et durable en Ukraine en prenant fait et cause pour la Charte des Nations Unies.  Sept autres membres ont pris le parti de la Russie.  Aucune explication supplémentaire n’est requise, a estimé le Ministre, pour qui la résolution suit la logique de la formule de paix du Président Volodymyr Zelenskyy.  L’objectif de ce plan en 10 points est de rétablir le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Le but du plan est de sortir la Russie de l’Ukraine et de faire du monde un endroit plus sûr, a martelé le Ministre.  Pour lui, toute nouvelle proposition de paix devrait être alignée sur les exigences énoncées dans la résolution. 

M. Kuleba a souligné la nécessité d’agir rapidement pour assurer la sûreté et la sécurité nucléaires en forçant la Russie à se retirer de la centrale nucléaire de Zaporijia; pour éviter la menace de la faim, en faisant avancer l’Initiative céréalière de la mer Noire et en contrant les efforts russes pour la saper; ainsi qu’en développant l’initiative Grain From Ukraine.  Il faut prévenir une crise énergétique, ce qui nécessitera l’arrêt de la terreur des missiles russes contre les infrastructures critiques de l’Ukraine.  Il faut protéger l’environnement, car les bombardements russes ont brûlé des millions d’hectares de forêts ukrainiennes.  Mais avant tout, a prié le Ministre, il faut sauver les gens, leur vie et leur droit et lutter pour la paix.

Soulignant l’ampleur de la crise humanitaire provoquée par l’agression de la Russie contre l’Ukraine, le Ministre a promis que l’Ukraine résistera, comme elle l’a fait jusqu’à présent.  L’Ukraine gagnera et Putin va perdre beaucoup plus tôt qu’il ne le pense, a-t-il lancé.  Il a aussi mis en garde les responsables et militaires russes, qui finiront en procès.  Plus vous continuerez à attaquer l’Ukraine et plus longtemps, plus nous serons déterminés et plus votre défaite sera humiliante, a encore promis le Ministre, dénonçant dans la foulée la propagande russe selon laquelle l’approvisionnement en armes de l’Ukraine alimente la guerre.  L’Ukraine a en effet besoin d’armes, tout comme un pompier a besoin d’eau pour éteindre un incendie.  Plus tôt les armes arriveront, plus tôt le feu sera éteint. 

Selon le Ministre, armer un pays qui se défend contre l’agression est absolument légitime et c’est un acte de défense de la Charte des Nations Unies.  Au contraire, a-t-il averti, aider un agresseur est illégitime et défie la Charte.  Toute fourniture d’armes ou d’équipements militaires à la Russie signifie une complicité dans l’attaque contre la Charte des Nations Unies.  « Si vous donnez des armes à la Russie, vous commettez un crime ».

À court terme, l’Ukraine doit restaurer sa souveraineté et son intégrité territoriale.  À long terme, la justice doit être rendue et la Russie doit changer.  Le Ministre a appelé à la création d’un tribunal spécial ayant une compétence spécifique sur le crime d’agression contre l’Ukraine et la capacité de traiter des immunités personnelles des principaux auteurs, « à commencer par Putin ».  La Russie incite aux conflits et entrave systématiquement les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU nécessaires pour résoudre les crises dans les autres endroits du monde, a encore affirmé M. Kuleba.

Le Ministre a estimé que l’avenir de la Russie aux Nations Unies devrait être déterminé dans le contexte du transfert selon lui illégitime du siège occupé par l’URSS à la Russie en 1991 et de la responsabilité des crimes commis sur le territoire de l’Ukraine. 

La paix signifie justice; toutes les nations éprises de paix gagneront la paix sur le champ de bataille et à la table diplomatique, a conclu le Ministre, qui a demandé que soit observée une minute de silence à la mémoire des victimes de l’agression russe, ce à quoi le représentant de la Fédération de Russie a répondu qu’il se levait à la mémoire aussi des victimes du conflit depuis 2014. 

M. IAN BORG, Ministre des affaires étrangères et européennes et du commerce de Malte, a dénoncé une guerre brutale qui a entraîné d’immenses souffrances, destructions et misères pour l’Ukraine et sa population, saluant le courage et la résilience dont ont fait preuve les Ukrainiens au cours des 12 derniers mois.  D’ailleurs, a-t-il fait observer, divers mécanismes onusiens et internationaux ont fourni des preuves de meurtres de civils, d’attaques contre des infrastructures civiles, de torture et d’autres formes de traitements cruels, inhumains et dégradants, de violences sexuelles et sexistes, d’enlèvements et de déportations forcées d’enfants. 

Nous devons redoubler d’efforts pour que les auteurs de violations de la Charte des Nations Unies et du droit international, y compris le droit humanitaire international et le droit relatif aux droits de l’homme, rendent des comptes, a lancé le Ministre, se félicitant, à cet égard, de l’important travail réalisé par la Commission internationale indépendante d’enquête sur l’Ukraine.  Le Ministre s’est dit, en outre, aux côtés du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) dans ses enquêtes et réitéré son appel à la Fédération de Russie à respecter la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) ordonnant la suspension immédiate des opérations militaires.

Enfin, l’orateur a exprimé sa profonde préoccupation au sujet de la sûreté nucléaire en Ukraine, s’inquiétant des tirs à l’intérieur et autour des centrales, y compris celle de Zaporijia.  Dans le contexte de la détérioration de l’architecture mondiale de non-prolifération, toute déclaration de la Russie suggérant que l’utilisation éventuelle d’armes nucléaires est justifiée d’une quelconque manière est inacceptable, s’est indigné le Ministre.  Pour lui, une telle rhétorique ne fait qu’engendrer de l’incertitude, saper davantage la confiance entre les parties et à exacerber les tensions.

M. ANTONY BLINKEN, Secrétaire d’État des États-Unis, a rappelé que le 17 février 2022, il avait averti le Conseil que la Fédération de Russie prévoyait d’envahir l’Ukraine après avoir inventé un prétexte pour renverser son gouvernement démocratiquement élu, accusations niées à l’époque par le représentant russe.  La Russie a par la suite « ressorti son manuel de la Crimée de 2014 », en occupant des territoires, en déportant des populations et en manipulant des résultats électoraux pour prétendre que ces territoires voulaient rejoindre la Fédération de Russie.  Or, a poursuivi M. Blinken, « le Président Putin n’a pas su l’emporter sur l’Ukraine », et a donc voulu briser la résistance ukrainienne d’un point de vue psychologique en s’attaquant aux civils, aux infrastructures essentielles, et en enlevant des jeunes enfants.  « Et pourtant, les Ukrainiens semblent plus forts que jamais. »  Lors de la contre-offensive menée par l’Ukraine, il a décrété la conscription de 300 000 jeunes hommes qu’il a envoyés « au hachoir ».  Toutefois, les Ukrainiens se sont battus vaillamment pour défendre leur nation et leur droit à déterminer leur propre avenir, a déclaré le Secrétaire d’État.  Pendant ce temps, « la communauté internationale s’est rassemblée », la vaste majorité des États Membres des Nations Unies ayant voté encore et encore pour condamner les violations de la Charte et l’agression de la Fédération de Russie.  Hier encore, 141 d’entre eux ont voté en faveur d’une résolution qui réaffirme les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale des États, condamne la tentative de s’emparer du territoire ukrainien et appuie une paix juste durable. 

Lorsque le Président Putin a tenté d’exploiter militairement la pire crise alimentaire mondiale de longue date, l’ONU a rapidement répondu avec l’Initiative céréalière de la mer Noire, a poursuivi M. Blinken.  La Fédération de Russie a également tenté de transformer l’énergie en arme, mais les pays ont plutôt pris des mesures extraordinaires pour mettre fin à leur dépendance envers l’énergie russe.  « Et pourtant, les pays du monde entier continuent de se tenir aux côtés de l’Ukraine, car nous reconnaissons tous que si nous abandonnons l’Ukraine, nous abandonnerons la Charte des Nations Unies elle-même et les règles et principes qui font que les pays peuvent vivre en paix et en sécurité », a-t-il ajouté.  « Si nous ne défendons pas ces principes, nous vivrons dans un monde où les plus forts domineront les plus faibles. » 

Pour éviter un tel scénario, M. Blinken a appelé à lutter pour une paix juste et pérenne par des moyens diplomatiques.  Il a mis en garde contre tout cessez-le-feu qui permettrait à la Russie de consolider son contrôle des territoires saisis et de lancer de nouvelles attaques comme ce fut le cas en 2015.  « Dans cette guerre, il y a un agresseur, il y a une victime; la Russie mène une guerre de conquête, l’Ukraine se bat pour sa liberté », a martelé le Secrétaire d’État.  « Un homme, Vladimir Putin, a lancé cette guerre; un homme peut l’arrêter. »  À ceux qui croient que cette guerre accapare trop de ressources et d’attention, le Secrétaire d’État a rappelé les contributions de son pays à la lutte contre la faim dans le monde, au maintien de la paix ou encore aux réfugiés. 

Afin que des comptes soient rendus à la suite des atrocités commises par la Fédération de Russie à Marioupol, à Irpin et ailleurs, il a invité la communauté internationale à collaborer aux enquêtes nationales et internationales.  « Nous ne devons pas laisser l’indifférence de M. Putin face à la vie humaine devenir notre indifférence », a-t-il insisté, en demandant aux membres du Conseil de tenir leur promesse de préserver les générations futures du fléau de la guerre, comme le souhaite le peuple de l’Ukraine. 

Mme OLTA XHAÇKA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, a estimé qu’en cet « anniversaire tragique » de l’invasion russe de l’Ukraine, « il n’y a rien à célébrer mais plutôt des regrets à avoir ».  Au-delà de ses conséquences délétères, cette guerre a néanmoins permis de voir le monde s’unir pour la défense de la Charte des Nations Unies, a-t-elle nuancé, saluant l’adoption à une écrasante majorité, hier à l’Assemblée générale, d’une résolution appelant au retrait immédiat et sans conditions des forces russes du territoire ukrainien.  Il y a un an, a rappelé la Ministre, ces mêmes troupes ont traversé la frontière et les missiles russes ont envahi le ciel de l’Ukraine et continuent de le faire.  Ce cataclysme pour l’Ukraine a secoué l’Europe et fait également souffrir des millions de personnes dans le monde, a-t-elle ajouté, dénonçant une guerre d’agression injuste et non provoquée, menée par un membre permanent du Conseil de sécurité qui se comporte comme un « État voyou ».  Face à cette agression, l’Ukraine résiste pour défendre sa population, sa terre et son avenir, a salué la Ministre, pour qui ce combat est celui de toutes les personnes qui aspirent à la paix et à la justice.  Selon elle, si la Russie a raison d’être « fière de son histoire », elle n’a aucune raison de l’être pour ses agissements actuels.  De fait, la Russie s’est isolée et « ne le doit qu’à elle-même », a-t-elle constaté, avant de se dire convaincue que cette guerre prendra fin avec la fin de la présence russe en Ukraine, ouvrant la voie à la reconstruction du pays. 

M. JUAN CARLOS HOLGUÍN, Ministre des affaires étrangères de l’Équateur, a indiqué que parmi les centaines de milliers de personnes qui avaient fui le conflit se trouvaient près d’un millier d’Équatoriens, dont beaucoup ont dû être évacués.  Il a évoqué les conséquences humaines et matérielles de la guerre, arguant qu’à tout cela s’ajoutent la destruction du tissu social et la détérioration de la santé mentale des victimes.  La terre fertile de l’Ukraine qui, pendant des siècles, a servi de base pour nourrir des millions de personnes dans le monde, est soumise à la pollution par les bombardements et les mines, a-t-il déploré.

Pour le Ministre, la guerre a également affecté la dynamique de travail de ce Conseil et la confiance dans le système des Nations Unies.  Il a rappelé qu’au cours de ces 12 mois, le système des Nations Unies s’était mobilisé, le Conseil de sécurité s’était réuni au moins 50 fois pour examiner la situation en Ukraine, y compris parfois avec la participation du Président ukrainien par visioconférence. 

Le Ministre a appelé le Conseil à rejeter sans ambiguïté les tentatives d’annexion de territoires basées sur la force, ainsi que la violence comme outil de domination entre États.  Ce n’est pas seulement une vision de « l’Occident », a-t-il relevé, mais un principe sacré pour les pays en développement, dont le seul arsenal est le droit international et dont les munitions sont les dispositifs de la Charte.  Il a appelé les membres du Conseil de sécurité, collectivement ou individuellement, à redoubler d’appui aux efforts et aux bons offices du Secrétaire général. 

Enfin, M. Holguín a estimé que la meilleure façon d’honorer la vie des victimes de ce conflit est d’assurer des mécanismes d’enquête indépendants, la responsabilité et la réparation, qui seront utilisés comme outils d’indemnisation, mais aussi de dissuasion.

« L’agression russe contre l’Ukraine est un énorme choc pour mon pays, dépositaire et partie aux Conventions de Genève », a déclaré M. IGNAZIO CASSIS, Ministre des affaires étrangères de la Suisse, qui s’est dit prêt à réunir toutes les parties autour d’une table pour œuvrer à un meilleur respect du droit international humanitaire et, finalement, à l’avènement de la paix.  Après avoir salué la résolution adoptée hier par l’Assemblée générale, le chef de la diplomatie suisse a appelé la Russie à cesser ses hostilités et à retirer sans délai la totalité de ses troupes du territoire ukrainien.  Il a ensuite plaidé pour un multilatéralisme fort et efficace.  « En tant qu’État neutre permanent, la Suisse respecte pleinement ses obligations découlant du droit de la neutralité.  Elle ne privilégie aucun des belligérants sur le plan militaire.  Mais neutralité ne signifie pas indifférence!  On ne peut pas être indifférents face aux violations de nos droits fondamentaux! » a argué M. Cassis, qui a rappelé que la Suisse, aux côtés de 40 autres États, a déféré la situation en Ukraine à la Cour pénale internationale.  Il a d’ailleurs appelé tous les États à coopérer avec la Cour.  Face à des informations faisant état de crimes de guerre, de violences sexuelles et d’autres violations graves du droit international humanitaire et des droits humains, nous ne pouvons pas rester les bras croisés, a-t-il insisté en conclusion.

M. YOSHIMASA HAYASHI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a qualifié d’insulte au Conseil de sécurité et à l’ensemble des Nations Unies, l’agression lancée, il y a un an aujourd’hui, par la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Cela a démontré le peu de cas que la Russie fait de l’ONU, a-t-il déploré, rappelant l’appel du Secrétaire général de l’ONU au Président Putin pour lui demander d’arrêter l’opération militaire et de ramener les troupes en Russie. 

Cet appel qui « résonne encore dans ses oreilles », représente, à ses yeux, la volonté collective des États Membres, peut-être à l’exception d’une minorité, et il est reflété dans les résolutions de l’Assemblée générale ainsi que dans l’ordonnance de la Cour internationale de Justice sur les mesures conservatoires du 16 mars 2022.  « Il est regrettable qu’un an plus tard, nous devions encore répéter le même appel », a déploré le Ministre, condamnant, dans les termes les plus forts possibles, l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Il s’agit d’une violation manifeste du droit international, notamment de la Charte des Nations Unies, par un membre permanent du Conseil de sécurité, qui est censé assumer la plus lourde responsabilité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il affirmé, ajoutant qu’aucun pays n’était autorisé à réécrire des frontières par la force ou la coercition.

Le Ministre a condamné les attaques aveugles contre des civils innocents, qui constituent un crime de guerre.  De même, il a dénoncé la rhétorique nucléaire « irresponsable » de la Russie ainsi que la saisie et la militarisation de la centrale nucléaire de Zaporijia.  À cet égard, il a salué le travail de l’AIEA pour assurer la sûreté et la sécurité nucléaires de la centrale et a apporté son plein soutien à l’agence. 

Enfin, le Japon, qui se tient fermement aux côtés de l’Ukraine, salue les efforts sincères du Président ukrainien Volodymyr Zelenskyy pour démontrer les principes fondamentaux de sa formule de paix et pour promouvoir une paix globale, juste et durable, conformément aux principes inscrits dans la Charte des Nations Unies. 

Répétant que toute tentative de modifier le statut d’un territoire par la force ou la coercition devait être rejetée partout dans le monde, le Ministre a appelé le Conseil de sécurité à ne pas perdre de vue les autres nombreux défis auxquels nous faisons face et a appelé l’ensemble des pays à s’unir pour l’état de droit et pour la paix.

Mme CATHERINE COLONNA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a rappelé que le 24 février 2022, la Fédération de Russie a déclenché une « guerre d’agression » contre l’Ukraine, dont elle occupait déjà depuis huit ans une partie du territoire, « sans autre justification que son désir obsessionnel de faire revivre un passé pourtant condamné par l’histoire ».  Cela fait donc aujourd’hui un an « qu’elle sème la mort, la destruction, un an qu’elle viole de façon flagrante les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies », bien qu’elle soit un membre permanent du Conseil de sécurité.  La Cour pénale internationale (CPI) enquête sur les crimes commis et établira le moment venu les responsabilités, « celles des exécutants comme celle des commanditaires ».  Elle a réitéré sa demande d’ouverture d’une enquête sur les transferts de drones de l’Iran à la Russie ainsi que de missiles et de munitions par la République populaire démocratique de Corée. 

Mme Colonna a dénoncé la « rhétorique nucléaire irresponsable » de la part d’un État doté, qui met en péril la sûreté des centrales ukrainiennes qu’elle occupe, saluant au passage les efforts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour assurer la sécurité de la centrale de Zaporijia.

  « Les faits sont là: il y a un agresseur, la Russie, qui nie ses responsabilités, et un agressé, l’Ukraine, qui se défend mais parle aussi de paix », a encore dit la Ministre, en se félicitant de la condamnation de l’agression russe contre l’Ukraine, hier, à l’Assemblée générale.  « Voilà pourquoi, avec nos partenaires, nous continuerons à lui apporter le soutien dont elle a besoin, aussi longtemps qu’il le faudra », a martelé la Ministre.  Elle a demandé en terminant à la Fédération de Russie de se montrer « digne » des responsabilités qui lui incombent en tant que membre permanent du Conseil et de mettre un terme immédiat à sa guerre d’agression. 

M. JAMES CLEVERLY, Secrétaire d’État en charge des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a expliqué s’être rendu à Kiev voilà trois mois et y avoir rencontré le Ministre ukrainien des affaires étrangères peu après qu’un tir de missile russe eut coupé l’eau et l’électricité dans la ville.  « Dmytro (Kuleba) n’a pas laissé la bombe de Putin l’empêcher de faire son travail », a-t-il relaté, précisant avoir déjeuné avec lui dans un restaurant qui, lui aussi, continuait de travailler après avoir installé un générateur.  Pour M. Cleverly, ce genre d’« hospitalité diplomatique » est une démonstration claire que même si les Ukrainiens ont été durement frappés, « leur esprit ne sera pas brisé ».  Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, nous devons tenir la promesse que nous avons faite à l’Ukraine, « la promesse de protéger la Charte des Nations Unies ».  Observant que le Président Putin a montré au cours de l’année écoulée qu’il était prêt à mener une « guerre d’usure », le Secrétaire d’État a averti que cela pourrait renvoyer aux horreurs des deux guerres mondiales du XXème siècle.  Mais « Putin ne peut pas gagner en Ukraine », a-t-il martelé, ajoutant que ce qui est en jeu sur le champ de bataille, « c’est l’ordre international lui-même, au cœur duquel se trouve l’ONU ». 

Saluant le fait que les trois quarts des États Membres de l’ONU ont voté à plusieurs reprises pour condamner cette invasion à l’Assemblée générale, le Secrétaire d’État a constaté que le Président Putin ne se soucie pas de la Charte des Nations Unies.  Ses accaparements de terres dans l’est et le sud de l’Ukraine nous montrent que son cœur est tourné vers l’expansion impériale, a-t-il souligné, avant d’affirmer que ces ambitions coûtent la vie à 800 soldats russes chaque jour.  Mais alors qu’il se voit perdre cette guerre, le Président Putin pourrait recourir à des coupes dans les expéditions de céréales et d’énergie, à des menaces d’escalade, à des campagnes de désinformation toxique et à des cyberattaques, a estimé M. Cleverly.  « Nous devrions y être prêts et y voir des signes de faiblesse », a-t-il dit, avant de prévenir que les aides militaire et humanitaire à l’Ukraine ne suffisent pas.  Il convient de mobiliser des financements à la fois publics et privés pour garantir que l’Ukraine obtiendra les investissements de reconstruction dont elle a besoin, a-t-il préconisé, en rappelant que le Royaume-Uni accueillera en juin à Londres la conférence internationale sur la relance de l’Ukraine.  Un an après le début de cette guerre, « envoyons le message clair que notre soutien à l’Ukraine n’est pas et ne sera jamais limité dans le temps », a conclu le Secrétaire d’État. 

M. KWAKU AMPRATWUM-SARPONG, Vice-Ministre des affaires étrangères et de lintégration régionale du Ghana, a expliqué que l’agression en cours contre l’Ukraine est, à tous égards, illégale, injustifiée et inacceptable.  Selon lui, il n’est pas justifiable qu’un membre permanent du Conseil de sécurité, investi de la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales, choisisse la voie de la guerre en excluant la diplomatie.  Il a rappelé que le veto de la Fédération de Russie, le 25 février 2022 au Conseil de sécurité, l’a malheureusement empêché de prendre des mesures décisives.  Et cette situation renforce les arguments de longue date en faveur d’une réforme urgente du Conseil de sécurité, et de l’interdiction de recourir au veto, et plus encore là où un membre permanent du Conseil enfreint la Charte des Nations Unies et le droit international. 

M. Ampratwum-Sarpong a ensuite déclaré que c’est le moment d’un dévouement renouvelé à la coopération mutuellement bénéfique et au multilatéralisme, et non à la concurrence pour un avantage hégémonique.  Il en a appelé à notre système de justice internationale, y compris l’universalisation du Statut de Rome et de la Cour pénale internationale (CPI), afin de garantir que les auteurs d’atrocités en Ukraine, comme ailleurs, ne restent pas impunis.  Le Ministre a souligné que le reste du monde n’a pas été épargné par les contrecoups de la guerre, avec des impacts paralysants et systémiques sur l’alimentation mondiale, les systèmes énergétiques et financiers.  Les pays en développement, déjà durement touchés par l’impact de la pandémie de COVID-19, de la dette et de l’inflation, ont peu de capacités pour faire face à la détérioration des conditions économiques, a-t-il dit.  Compte tenu du rôle central de la Fédération de Russie et de l’Ukraine dans les marchés des céréales et des engrais, nous soutenons la poursuite du renouvellement de l’Initiative céréalière de la mer Noire, a-t-il souhaité.  Nous sommes fermement convaincus que les canaux de la diplomatie et du dialogue offrent de meilleures chances pour une paix juste, globale et durable, a-t-il dit, avant d’exhorter les membres du Conseil à intensifier leurs efforts en faveur de négociations entre les parties.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH, Vice-Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a présenté ses condoléances pour les vies brisées et emportées par la guerre en Ukraine.  Elle a regretté qu’en ce jour anniversaire, la guerre se poursuive, tout en notant les appels incessants à la paix lancés à la tribune de l’Assemblée générale.  La majorité des membres ont envoyé un message clair que ça suffit, a-t-elle ajouté.  Cette majorité n’est unie ni par l’allégeance à une partie ni par l’affinité à l’autre.  Son objectif n’est pas géopolitique.  Elle n’est ni motivée par de grandes ambitions ni par des intérêts à avancer vers un conflit.  Il faut entendre la voix de cette majorité pour défendre la Charte des Nations Unies, dont les principes sont remis en cause.  La Vice-Ministre a déploré que l’appel à la diplomatie et à la paix lancé il y a un an n’ait pas reçu de réponse alors que la guerre éclatait.  Hier, a-telle poursuivi, les États Membres ont renouvelé leur appel urgent et sincère à mettre fin à cette guerre.  Les dirigeants du monde appellent à des efforts de médiation, des plans de paix, à investir dans une diplomatie inclusive et créative. 

En s’appuyant sur cette majorité favorable à la paix, il faut renforcer le rôle de médiateur du Secrétaire général, a déclaré Mme Nusseibeh, pour qui notre vision pour l’après-guerre doit encourager le retour de la Russie et de l’Ukraine à la table des négociations et non sur le champ de bataille.  Cette guerre ne prendra pas fin si une partie ou l’autre se sent menacée.  En s’appuyant sur la Charte des Nations Unies et sur l’histoire, nous devons nous attacher à la construction d’une paix qui ne soit ni vindicative ni hostile. 

Cet effort ne sera guère simple, a reconnu la Vice-Ministre, qui a préconisé une série de petites avancées, notamment la reconduction de l’Initiative céréalière de la mer Noire, la préservation du régime de non-prolifération, le renforcement de l’aide humanitaire, la poursuite des échanges de prisonniers et le fait de ne pas transformer les institutions multilatérales en un champ de bataille.  Pour y parvenir, il faut coordonner tous les efforts en s’appuyant sur un désir sincère de résoudre cette guerre pacifiquement et en soutenant les canaux de communication, a préconisé Mme Nusseibeh, pour qui il ne faut pas non plus critiquer la voie que nous choisissons pour préserver la Charte des Nations Unies pour une paix globale juste et pérenne en Ukraine.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a redit l’opposition de son pays à la guerre en Ukraine et à toute guerre dans le monde, notamment à celles si nombreuses, chroniques et cycliques, qui se déroulent en Afrique.  Rejeter le logiciel de la guerre n’est, pour lui, ni une forme de neutralité, ni de lâcheté, encore moins une posture opportuniste.  Ce n’est surtout pas une rhétorique d’impuissance ou d’indifférence, a-t-il insisté.  C’est plutôt retenir les leçons indélébiles de l’histoire des guerres injustes qui nous enseigne que ceux qui causent, entretiennent ou déclenchent ces guerres en sont rarement les vainqueurs, a-t-il fait remarquer.  S’extraire donc du logiciel de la guerre, c’est demeurer selon lui en phase avec les idéaux qui sédimentent et font la noblesse des Nations Unies.  Parce que la guerre est contraire aux valeurs qui fondent cette Organisation des Nations Unies et ce Conseil de sécurité, chaque jour de guerre met en cause notre vocation, notre mandat et notre crédibilité, a-t-il averti.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que cette semaine « difficile » pour l’ONU restera dans les mémoires pour le « battage médiatique » fait par l’Ukraine et ses « parrains occidentaux » à l’occasion de l’anniversaire du lancement par son pays d’une « opération militaire spéciale » en Ukraine.  À ses yeux, les expressions comportant le mot « paix », qui sont aujourd’hui utilisées « sournoisement » par des représentants de l’Ukraine et des pays occidentaux impliquent tout autre chose, à savoir « la capitulation de la Russie, sa défaite stratégique ».  Ce sont là les véritables objectifs de « l’ingérence occidentale dans les affaires ukrainiennes », qui se sont manifestés le plus clairement selon lui lors du « coup d’État anticonstitutionnel de Maidan du 21 février 2014 ».  Le représentant a dénoncé « l’extermination des habitants russophones » du Donbass par « le régime de Kiev », dressant un parallèle avec l’intervention de l’OTAN en Yougoslavie en 1999. 

S’agissant des accords de Minsk, M. Nebenzia a déclaré que la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni les ont utilisés pour donner à l’Ukraine le temps de se préparer à la guerre avec la Russie.  « Pour nous il est absolument évident que l’Ukraine n’est nullement une victime », a-t-il ajouté.  Il a dénoncé comme « absolument faux » le « cliché » voulant que « si la Russie arrête les hostilités, il n’y aura pas de guerre, et que si l’Ukraine fait de même, il n’y aura pas d’Ukraine ».  Cela n’a jamais été l’objectif de l’opération militaire spéciale, a-t-il affirmé.  « Si l’Ukraine arrête les hostilités, elle aura une chance de se reconstruire en tant qu’État indépendant normal et pacifique et de sauver des milliers de vies humaines », a-t-il argué. 

Pendant que Russes et Ukrainiens s’entretuent, les entreprises de défense occidentales réalisent des bénéfices faramineux et testent de nouvelles armes, tout en affaiblissant les rivaux européens des États-Unis, a déclaré M. Nebenzia.  Le représentant a incité les pays en développement à ne pas se faire d’illusions sur la véritable nature de ce conflit.  Les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN continuent en effet de s’immiscer dans toutes les questions internationales et dans les affaires intérieures d’autres États, en violation des accords qui ont mis un terme à la guerre froide, a-t-il affirmé. 

« L’Occident collectif doit accepter le fait qu’il existe d’autres acteurs sur notre planète qui ont leurs propres intérêts, et avec lesquels il est nécessaire de coexister », a affirmé M. Nebenzia.  « Le monde unipolaire est une chose du passé », a-t-il poursuivi, estimant que la crise ukrainienne constitue la « phase chaude » de la transition vers un monde multipolaire. 

Pour le représentant, les événements de la dernière année font que « nos relations ne seront plus les mêmes ».  En continuant à alimenter le Gouvernement ukrainien en armes et à l’aider sur le champ de bataille, l’Occident ne laisse pas d’autre choix que « d’éliminer militairement les menaces qui pèsent sur la Russie depuis le territoire de l’Ukraine », a-t-il conclu.

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a constaté que, un an après le début des combats en Ukraine, les conséquences tragiques de cette guerre et ses ramifications continuent de se faire sentir aux niveaux local, national et international.  Alors qu’il n’y a pas d’issue en vue, ce conflit fait payer aux civils le prix le plus fort et affecte négativement le commerce mondial, a souligné le représentant, insistant sur les effets graves enregistrés en Afrique.  Selon le FMI, a-t-il indiqué, le conflit menace le relèvement du continent qui commençait tout juste à se remettre de la pandémie.  Nombre de pays africains font aujourd’hui face à une flambée des prix des denrées alimentaires, à une chute du tourisme et à des difficultés d’accès au marché des capitaux, a-t-il fait observer, avant de rappeler que l’Afrique ne connaît que trop bien les effets dévastateurs des conflits.  Faisant valoir que la communauté internationale a la responsabilité commune d’œuvrer au règlement des différends via des solutions pacifiques et négociées, il a invité les États Membres à respecter le principe fondamental de sécurité collective consacré par la Charte des Nations Unies.  Par le passé, a-t-il dit, la communauté internationale a démontré qu’il était possible de surmonter la haine et les soupçons mutuels et de trouver un chemin vers la table des négociations.  Il est donc impératif, à ses yeux, qu’elle appuie tous les efforts diplomatiques pour mettre un terme à la guerre en Ukraine.  Cela passe par une action de tous les pays, à commencer par ceux qui siègent au Conseil de sécurité, a souligné le représentant, pour qui il importe en particulier de tirer parti de l’Initiative céréalière de la mer Noire, des échanges de prisonniers de part et d’autre et des bons offices du Secrétaire général.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a indiqué que le Président Lula avait précisé la position du Brésil, qui est de condamner l’invasion russe et la violation territoriale d’un État souverain, l’Ukraine.  Un an après cette invasion, le représentant a jugé que le moment était venu de donner aussi la parole à ceux qui veulent parler de manière à construire la paix.  Il s’est dit convaincu que des pays comme le Brésil, qui ne sont pas directement impliqués dans le conflit, ont un rôle constructif à jouer dans la promotion du dialogue.  Il a demandé de ne pas perdre de vue le drame humain dû à cette guerre, ou d’ignorer l’impact économique de la guerre dans le monde, notamment en ce qui concerne l’augmentation les coûts de la production agricole et alimentaire. 

M. DAI BING (Chine) a demandé de réfléchir à tête reposée aux manières de faire cesser le conflit et de réaliser la paix et la stabilité à long terme en Ukraine et en Europe, avant de présenter un document sur le règlement politique de la crise ukrainienne, document dont les objectifs, a-t-il fait valoir, sont impartiaux.  La Chine, a dit le représentant, veut jouer un rôle constructif pour résoudre et contribuer à la résolution de la crise. 

Pour le représentant, le règlement du différend repose sur le respect de la Charte des Nations Unies, dont les principes doivent être appliqués de manière harmonieuse.  Pour faciliter une solution politique à la question ukrainienne, il faut assurer une sécurité commune, qui ne doit pas être recherchée aux dépens d’autres acteurs.  Pour garantir la paix et la stabilité en Europe, la logique de confrontation de blocs et de guerre froide doit être abandonnée et les préoccupations légitimes en matière de sécurité de tous les pays doivent être prises en compte pour qu’on ait une architecture de sécurité régionale équilibrée et juste. 

Seule la négociation pourra permettre de sortir de la crise économique internationale, a affirmé le représentant.  À cette fin, il faut promouvoir les pourparlers de paix urgemment et travailler en vue de créer les conditions d’une reprise des négociations.  Ramener les parties à la table des négociations ne sera pas facile, a averti le représentant, mais il s’agira d’une première étape vers une solution politique. 

La Chine appelle la Fédération de Russie et l’Ukraine à reprendre les pourparlers sans condition préalable.  Le représentant a rappelé qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée.  La communauté internationale doit conjointement lutter contre les attaques armées contre les installations nucléaires ou les centrales nucléaires.  Par ailleurs, le droit international humanitaire doit être appliqué.  Les parties doivent s’abstenir d’attaquer les civils et les infrastructures civiles, les femmes et les enfants doivent être protégés et un accès humanitaire, garanti, tout en respectant les droits fondamentaux des prisonniers de guerre.  La communauté internationale doit accroître son assistance et rétablir les infrastructures civiles et assurer le retour des réfugiés, des personnes déplacées pour éviter que la crise humanitaire ne prenne de l’ampleur.  Les opérations humanitaires doivent être conformes aux principes de neutralité et d’impartialité et éviter la politisation. 

Pour la Chine, les pays en développement, qui ne sont pas parties à ce conflit, ne devraient pas payer un prix excessif à cause de lui.  Les parties doivent cesser d’abuser de sanctions unilatérales. 

Le chemin vers la paix ne sera pas facile, a reconnu le représentant, mais quelle que soit la complexité de la situation, il ne faut jamais abandonner nos espoirs de paix et déployer nos efforts pour y arriver.  La Chine sera toujours dans le camp de la paix et du dialogue, appelant les parties à trouver une solution politique à la crise en Ukraine le plus tôt possible, a-t-il conclu.

M. JOSEP BORRELL FONTELLES, Haut-Représentant de lUnion européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, s’est penché sur le point de savoir pourquoi le choix de faire la guerre de la Russie « nous concerne tous », avant d’examiner les moyens de parvenir à la paix. 

De fait, a rappelé le Haut-Représentant, le Président Putin a choisi la guerre et pendant un an, les horreurs ont défilé sous nos yeux avec 13 millions de personnes sans abri, 21 millions ayant besoin d’une aide humanitaire et des dizaines de milliers d’Ukrainiens contraints de quitter leur pays pour se réfugier ailleurs en Europe.  Cette guerre a déchiré des familles et été marquée par l’enlèvement et la déportation forcée de dizaines de milliers d’enfants ukrainiens innocents, le changement de leur statut personnel, y compris de leur nationalité, pour qu’ils soient adoptés par des familles russes.  Ces enfants doivent être renvoyés en Ukraine immédiatement, a-t-il ordonné.  M. Borrell a aussi détaillé les crimes contre l’humanité commis, disant les avoir lui-même constatés lorsqu’il s’est rendu à Boutcha.  Et qui peut oublier Marioupol? s’est-il remémoré, avant de rendre hommage aux Nations Unies pour les efforts qu’elles ont déployés afin d’assurer le passage en toute sécurité des civils piégés dans l’aciérie d’Azovstal. 

Un an après, le bilan de la guerre est catastrophique pour le peuple ukrainien, a déclaré le Haut-Représentant mais, a-t-il ajouté, ses effets sont aussi planétaires.  Il a rappelé l’insécurité alimentaire et énergétique ainsi que la hausse des prix provoquées par le conflit, dont les effets sont dramatiques pour les populations les plus vulnérables.  L’Union européenne et ses États membres ont contribué, depuis un an, à alléger ce fardeau et ces conséquences, a déclaré M. Borrell, qui a cité l’exemple des mesures prises en faveur de la sécurité alimentaire de pays parmi les plus touchés en Afrique. 

Au vu des enjeux et ondes de choc qu’elle a créés, cette guerre doit s’arrêter maintenant, a plaidé le Haut-Représentant, qui a encouragé à explorer les voies menant vers la paix, mais pas n’importe quelle paix.  Il a insisté sur la nécessité d’une paix juste, fondée sur le droit international et la Charte des Nations Unies.  Dès lors, a-t-il estimé, il est urgent que le Kremlin entende ce message - et agisse en conséquence. 

M. Borrell a préconisé de tirer parti de la résolution adoptée hier par l’Assemblée générale à une très large majorité et a rappelé l’appui de l’UE au plan de paix en 10 points du Président Zelenskyy.  L’Union européenne reste toutefois engagée à travailler avec tous les partenaires sincères, à prendre en compte toutes les idées qui appuient les efforts déployés par l’Ukraine pour réaliser une paix globale, juste et pérenne sur la base des décisions des Nations Unies, de sa Charte et du droit international.  En attendant, elle continuera à soutenir l’Ukraine dans sa capacité à se défendre et à protéger son peuple, a affirmé le Haut-Représentant, qui a répété que cet appui ne se faisait pas aux dépens des autres engagements de l’Union européenne ailleurs, bien au contraire. 

M. RASTISLAV KÁČER, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, a rappelé qu’il y a un an, le Président russe a déclaré la guerre malgré les nombreuses assurances données au Conseil par la Fédération de Russie qu’elle n’avait pas l’intention d’envahir son voisin.  Cette guerre, déclenchée par un membre permanent du Conseil, a, selon lui, ébranlé la foi dans le multilatéralisme.  « Je ne comprends pas dans quel univers parallèle priver des millions d’innocents d’électricité, de chaleur et d’eau, et plonger le pays dans l’obscurité peut être justifié sous le prétexte d’une soi-disant ‘opération militaire spéciale’ », a ajouté le représentant.  Il a réitéré son appel à la cessation immédiate des activités militaires de la Fédération de Russie en Ukraine et au retrait inconditionnel de ses troupes du territoire ukrainien, y compris la Crimée occupée.  Le représentant s’est inquiété du nombre de victimes civiles dénombrées depuis le début de l’invasion, soit plus de 7 199 morts et 11 756 blessés selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), en notant que les chiffres réels sont beaucoup plus élevés.  Il a réitéré en terminant l’engagement de son pays à soutenir l’Ukraine jusqu’à la fin de cette « guerre éhontée » et à faire en sorte que les responsables des crimes commis soient traduits en justice.

M. BODAN AURESCU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a observé que cette guerre aux multiples impacts représente une attaque directe non seulement contre l’intégrité des règles du système international, mais aussi contre notre sécurité, notre prospérité et nos valeurs fondamentales.  Malgré ces menaces, « nous resterons unis et forts aussi longtemps que nécessaire, pour que l’Ukraine gagne et que la Fédération de Russie porte la responsabilité de ce qu’elle a fait », a-t-il affirmé, avant d’appeler cette dernière à cesser inconditionnellement son usage de la force et à se retirer complètement et immédiatement du territoire de l’Ukraine.  À cet égard, le Ministre a salué la résolution adoptée à une écrasante majorité, hier à l’Assemblée générale, qui place les principes de la Charte des Nations Unies « au-dessus de tout, y compris des intérêts nationaux ou régionaux ».  Après avoir énuméré les aides fournies par son pays à l’Ukraine, il s’est dit favorable aux efforts visant à demander des comptes à la Fédération de Russie pour tous les crimes graves commis durant ce conflit, y compris le crime d’agression.  Il a indiqué que la Roumanie a rejoint le groupe restreint d’États qui travailleront aux côtés de l’Ukraine pour identifier la base juridique la plus appropriée pour établir un tribunal à cette fin.  Avant de conclure, le Ministre a exprimé sa grande préoccupation face aux projets russes visant à déstabiliser la République de Moldova voisine, « pays le plus touché par la guerre, à l’exception de l’Ukraine elle-même ».  Invitant le Conseil de sécurité à prendre conscience de cette menace qui pèse sur un autre pays souverain de la région, il a assuré que la Roumanie se tiendra aux côtés des citoyens de la République de Moldova, tout comme elle soutiendra l’Ukraine sans relâche.

M. ZBIGNIEW RAU, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a déclaré qu’avec cette guerre, la Russie « met à l’épreuve notre engagement envers les principes qui nous protègent tous ».  Il a rappelé que les coûts humanitaires de cette guerre sont horribles, précisant que cette agression a provoqué la plus grande crise humanitaire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  Les actions du Kremlin sont motivées par la volonté de détruire la nation ukrainienne, son héritage et son avenir, a-t-il assuré.  La Pologne plaide pour l’établissement des responsabilités pour toutes les violations et pour des réparations pour les torts et dommages infligés, a ajouté le Ministre.  Il a appelé les institutions internationales à se tenir du côté des victimes et à faire respecter le principe de responsabilité et de compensation par les agresseurs, quelles que soient leur force et leur puissance. 

Le chef de la diplomatie polonaise a ensuite assuré que le soutien de la Pologne envers l’Ukraine est et restera inébranlable.  Des millions d’Ukrainiens ont trouvé refuge dans notre pays, a-t-il souligné, relevant qu’en 2022, la Pologne a dépensé plus de neuf milliards de dollars, soit 1,5% de son PIB (produit intérieur brut) en assistance humanitaire pour les réfugiés en provenance d’Ukraine, selon une récente estimation de l’Organisation de coopération et développement économiques (OCDE).  Nous offrons un soutien et hébergeons plus d’une douzaine d’agences des Nations Unies et d’organisations internationales aidant l’Ukraine, a-t-il précisé.  Le Ministre a conclu en appelant la communauté internationale à soutenir l’Ukraine et défendre la Charte des Nations Unies, de sorte que la force de l’argument soit de mise, et non l’argument de la force. 

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de Hongrie, a dit que son pays accueille plus d’un million de réfugiés en provenance d’Ukraine.  La Hongrie, a promis le Ministre, continuera à apporter son aide humanitaire à ce peuple aussi longtemps que nécessaire.  Il a ajouté que le premier devoir de la communauté internationale est de sauver des vies et d’empêcher qu’il y ait davantage de victimes.  Comment y parvenir? s’est-il demandé.  La réponse, selon le Ministre, c’est que l’on ne peut sauver des vies grâce à des livraisons d’armes et aux jeux de sanctions.  Cette position place la Hongrie sous le feu des critiques, a reconnu le Ministre, en dénonçant les accusations insensées portées contre son pays.  Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à l’ouverture de pourparlers de paix, ainsi qu’à maintenir les canaux de communication. 

Il faut se concentrer sur la meilleure manière de mettre fin à cette guerre, pour éviter de nouvelles victimes et permettre de faire la paix, a encore prié le Ministre.  Dans cette perspective, il faut s’abstenir de déclarations susceptibles d’alimenter l’escalade.  Le chef de la diplomatie hongroise a prié pour qu’il n’y ait pas de confrontation directe entre l’OTAN et la Fédération de Russie.  « Nous en sommes à notre vingt-cinquième heure.  Nous sommes à court de temps.  Concentrons-nous sur la fin de cette guerre.  Demandons-nous comment l’arrêter.  Comment mettre en place un cessez-le-feu immédiat.  Comment lancer des négociations de paix qui permettront d’aboutir à une paix pérenne et juste », a plaidé en conclusion le Ministre.

Mme ANNALENA BAERBOCK, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a rappelé qu’hier, la voix de l’Assemblée générale a été unie, claire et inébranlable, avec 141 États Membres qui ont fait front commun pour la paix en Ukraine.  Une paix fondée sur les principes de la Charte.  Aujourd’hui, a-t-elle fait remarquer, les yeux du monde entier sont tournés vers le Conseil de sécurité auquel incombe le maintien de la paix et de la sécurité, avant de rappeler aux États Membres que loin d’être « un simple privilège, ceci est votre responsabilité », conformément à l’Article 24 de la Charte.

Or, la réalité,« amère », c’est que depuis le début de la guerre, il y un an, ce Conseil n’a pas été en mesure d’être à la « hauteur de cette responsabilité ».  C’est pourquoi la Ministre a pressé chaque État Membre de trouver le courage de faire ce que la majorité écrasante de l’Assemblée générale a fait: se dresser contre l’agresseur.  Le Président Putin spécule qu’à un moment donné, notre position claire contre sa guerre s’affaiblira.  Il pense qu’en maintenant le cap, il sera récompensé pour son agression impitoyable, a-t-elle poursuivi, énumérant les grandes souffrances que cette guerre cause également à son propre peuple: quelque 200 000 Russes déjà tués ou blessés; des centaines de milliers de Russes qui ont quitté leur pays parce qu’ils ne veulent pas faire partie de cette guerre; plus de 1 000 entreprises internationales qui se sont retirées de Russie, emportant avec elles une partie cruciale de la prospérité du pays.  Pour atteindre ses objectifs cyniques, le Président Putin risque l’avenir de son propre pays, s’est-elle emportée, estimant qu’une paix juste devrait également être dans l’intérêt de la population russe.

La Ministre s’est dite convaincue que ce n’est que lorsque le Président russe comprendra qu’il ne peut pas gagner cette guerre que la paix en Ukraine sera possible.  C’est pourquoi, a-t-elle assuré, « nous continuerons à soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra.  Politiquement.  Économiquement.  Avec des armes. »  À ceux qui ont des doutes sur le bien-fondé d’armer l’Ukraine, elle a répondu: où serait l’Ukraine aujourd’hui si nous n’avions pas soutenu son droit à se défendre, avec tant de partenaires internationaux?  Cela aurait signifié, plus de Boutcha, de Kharkiv, de Marioupol, de Bakhmout?  Quel message aurait été envoyé au monde? s’est-elle encore interrogée, refusant d’envisager une telle éventualité. 

Disant n’avoir aucune illusion quant à la possibilité de convaincre le représentant de la Fédération de Russie, ici présent, la Ministre s’est en revanche dite convaincue que ce Conseil pourra le forcer à transmettre à ses supérieurs que l’on « ne fermera pas les yeux sur Boutcha, Kharkiv, Marioupol et Bakhmout ».

M. EDGARS RINKĒVIČS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, qui s’exprimait aussi au nom du Danemark, de lEstonie, de la Finlande, de l’Islande, de la Lituanie, de la Norvège et de la Suède, a déclaré que l’annexion illégale de la Crimée par la Fédération de Russie et l’invasion de l’Ukraine ont « piétiné les normes internationales et l’ordre fondé sur des règles ».  La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, a ainsi cherché à modifier les frontières d’un pays souverain par la force, ce qui constitue à ses yeux une menace « sérieuse » pour la paix et la sécurité internationales.  Il a appelé la Fédération de Russie à se conformer à l’ordonnance de la CIJ du 16 mars 2022, qui lui intime de suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine.  Afin de veiller à ce que la Russie retire ses troupes du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine, nous devons fournir les moyens nécessaires à l’Ukraine, qui possède un droit inhérent à l’autodéfense en vertu de la Charte, a-t-il argué. 

Incapable de vaincre l’Ukraine sur le champ de bataille, la Fédération de Russie terrorise la population civile ukrainienne au moyen de massacres, de viols et de la déportation d’enfants, a dénoncé le Ministre.  Il a condamné dans les termes les plus forts les attaques délibérées contre les civils, les infrastructures critiques et les biens civils en Ukraine.  Selon lui, la Russie « doit être et sera tenue pour responsable de ses crimes », y compris le crime d’agression, afin de traduire en justice les dirigeants politiques et militaires qui ont déclenché cette guerre d’agression.  À cet égard, il a invité l’ONU à jouer un rôle significatif en faveur de la création d’un tribunal international chargé d’examiner cette question. 

Le Ministre a exprimé son appui à l’Initiative céréalière de la mer Noire et demandé à la Fédération de Russie de cesser de retarder le travail des équipes d’inspection.  Il a exhorté le Conseil à faire respecter la Charte des Nations Unies, fondement d’une paix juste et durable en Ukraine. 

M. RUSLAN BOLBOCEAN, Secrétaire d’État de la République de Moldova, a condamné l’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine et sa tentative d’annexion de territoires ukrainiens.  Exprimant sa tristesse face aux énormes pertes humaines, aux destructions d’infrastructures civiles et au déplacement d’innombrables Ukrainiens, il a indiqué que son pays a accueilli des centaines de milliers d’entre eux et poursuivra son soutien à l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire.  En défendant sa terre et sa liberté, l’Ukraine défend aussi notre liberté et notre démocratie, a-t-il fait valoir, saluant « l’incroyable résistance » de ce pays voisin.  Le Secrétaire d’État a signalé à cet égard que, tandis que l’Ukraine résiste à cette invasion militaire, la République de Moldova est en première ligne d’une guerre hybride qui comprend, entre autres, le chantage au gaz, les cyberattaques, la propagande et la désinformation.  À plusieurs reprises, notre espace aérien a été violé par des missiles et des débris de missiles russes qui sont tombés sur notre territoire, s’est-il indigné, avant d’indiquer que son pays continuera d’exhorter la Fédération de Russie à retirer ses forces militaires et ses dépôts de munitions illégalement présents dans la région sécessionniste de Transnistrie.  Malgré tous ces risques, la République de Moldova reste attachée à son intégration à l’Union européenne, qui représente le meilleur moyen d’assurer la paix, la stabilité et la prospérité du pays, a ajouté la Secrétaire d’État.  En conclusion, il a salué le large soutien apporté hier par l’Assemblée générale à la résolution énonçant les principes d’une paix globale, juste et durable en Ukraine et a réaffirmé le soutien indéfectible de son pays à l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de son voisin ukrainien, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.

M. WOPKE HOEKSTRA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, s’est exprimé au nom du Groupe des Amis de la responsabilité découlant de l’agression contre l’Ukraine, un ensemble de 49 États Membres qui, a-t-il dit, partagent la conviction que le pouvoir de la justice doit toujours prévaloir sur le pouvoir de la force.  La responsabilité et la justice pour l’Ukraine, pour les Ukrainiens et pour la communauté internationale dans son ensemble sont de la plus haute importance pour assurer une paix durable, a-t-il affirmé, saluant l’adoption, hier, par l’Assemblée générale d’une résolution qui souligne la nécessité d’assurer la responsabilité des crimes les plus graves au regard du droit international commis sur le territoire ukrainien.  L’Assemblée générale a une fois de plus démontré sa capacité d’agir, le Conseil de sécurité en ayant été empêché par l’un de ses membres permanents, a-t-il souligné. 

Le Ministre s’est ensuite félicité des initiatives déjà prises pour assurer la responsabilisation, parmi lesquelles le déploiement de missions médico-légales en Ukraine, l’ouverture d’une enquête par le Procureur de la CPI et la création d’un centre international pour la poursuite du crime d’agression, qui sera situé à La Haye.  Il a également applaudi la création de la Commission d’enquête indépendante des Nations Unies sur l’Ukraine et la mise en place du mécanisme de Moscou de l’OSCE, avant de saluer le travail en cours de la mission de surveillance des droits de l’homme, qui documente les violations depuis 2014, notamment les informations faisant état de violences liées au conflit.  Dans l’immédiat, le Ministre a appelé la Fédération de Russie à se conformer à l’ordonnance de la CIJ du 16 mars 2022, qui lui enjoint de mettre immédiatement fin aux opérations militaires qu’elle a commencées le 24 février 2022 sur le territoire de l’Ukraine.  « C’est la première étape pour mettre fin à la trop longue liste de crimes qui exigent justice », a déclaré le chef de la diplomatie néerlandaise, pour qui, au-delà de ce qui s’est déjà produit, il s’agit d’empêcher que de telles violations de la Charte des Nations Unies soient à nouveau commises, en Ukraine ou ailleurs. 

M. ANTONIO TAJANI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de lItalie, a dénoncé le comportement inacceptable de la Russie qui a profondément ébranlé et questionné les racines de l’ordre international.  Il a dénoncé les propos de la délégation russe qui parle de l’Europe comme étant « l’esclave des États-Unis ».  « Nous sommes esclaves de la liberté, de la démocratie et des droits de de l’homme », a-t-il objecté, jugeant « inacceptable » ce qu’il a entendu ce matin. 

Nous avons besoin de plus de diplomatie, a plaidé le Ministre, ajoutant que l’Initiative céréalière de la mer Noire est un signe d’espoir pour répondre aux préoccupations mondiales et pour démontrer que le dialogue est possible.  Il a appelé au renouvellement de l’Initiative et à l’établissement rapide d’une zone de sécurité nucléaire autour de la centrale nucléaire de Zaporijia. 

En ces temps d’incertitude et de défis mondiaux, M. Tajani a dit parier sur un renforcement du rôle des Nations Unies.  Il a appelé à une Organisation plus représentative, démocratique, efficace, transparente et responsable.  Il a salué les nouveaux efforts et propositions visant à la paix, y compris le récent effort chinois.  Notre succès ou notre échec dépendra de notre engagement collectif envers les principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il argué.  Avec ses partenaires et alliés, l’Italie est prête à soutenir la reconstruction de l’Ukraine et la restauration de son vaste patrimoine culturel intentionnellement ciblé par la Russie, a-t-il promis.

M. BUJAR OSMANI, Ministre des affaires étrangères de Macédoine du Nord et Président en exercice de lOrganisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE), a insisté sur l’importance de renforcer la justice et la lutte contre l’impunité.  Racontant les horreurs des attaques des forces militaires de la Fédération de Russie en Ukraine, il a dit que les découvertes et les enquêtes menées jusqu’à présent dans les différentes villes attaquées en Ukraine conduisent à la conclusion que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis.  L’ampleur des abus sexuels commis et de la violence contre les femmes et les filles est également très préoccupante.  Les auteurs de ces crimes et violations des droits humains internationaux et du droit international humanitaire doivent être tenus pour responsables et traduits en justice, a insisté le Ministre.  Il a dans la foulée mis en exergue le Mécanisme de Moscou de l’OSCE pour établir les faits et les circonstances d’éventuels cas de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité afin de les présenter aux mécanismes de reddition de comptes ainsi qu’aux tribunaux internationaux. 

Par ailleurs, le Ministre a dit soutenir l’enquête lancée par le Procureur de la Cour pénale internationale à propos des crimes de guerre et de crimes contre l’humanité allégués sur le territoire de l’Ukraine.  Pour M. Osmani, il faut également utiliser et financer les mécanismes des droits de l’homme existants pour soutenir les processus de reddition de comptes.  Il a préconisé un meilleur usage du travail et des informations recueillis par les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, afin d’enquêter sur les violations des droits humains et les crimes connexes dans le contexte de la guerre d’agression contre l’Ukraine. 

Le Ministre a appelé à bloquer toute tentative politique susceptible de saper l’obligation de rendre des comptes pour les violations flagrantes commises.  Il a demandé que soit garanti l’accès à la justice aux victimes de violations des droits de l’homme dans cette « agression insensée » de la Fédération de Russie et que les responsables d’atrocités soient punis.  La Russie doit arrêter cette guerre et retirer ses forces et son équipement militaire du territoire ukrainien, a conclu le Ministre. 

M. JOSÉ MANUEL ALBARES BUENO, Ministre des affaires étrangères et de lUnion européenne et de la Coopération de l’Espagne, a estimé l’agression de l’Ukraine par la Fédération de Russie d’autant plus inacceptable qu’elle émane d’un membre permanent de ce Conseil de sécurité, un organe auquel la Charte des Nations Unies confère la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Dès lors, chaque jour où les troupes russes restent sur le territoire ukrainien souverain et indépendant porte atteinte à cette responsabilité, a déploré le Ministre.  L’Espagne se joint donc aux nombreuses voix qui exigent le retrait immédiat, complet et sans condition de toutes les forces militaires russes de tout le territoire ukrainien et le retour aux frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, a déclaré le Ministre arguant qu’aucune raison ne peut justifier cette agression. 

Poursuivant, il a exprimé, sa plus vive condamnation du bombardement aveugle par la Russie de cibles et infrastructures civiles essentielles, qui constitue, à ses yeux, une violation inacceptable du droit humanitaire international.  Plus de 8 000 civils ukrainiens ont été identifiés comme ayant été tués pendant la guerre et plus de 14 millions ont été déplacés, s’est-il indigné, évoquant des preuves alarmantes de violations massives des droits humains de la population ukrainienne.  Les responsables de ces actions très graves doivent rendre des comptes, ce que l’Espagne soutiendra sans réserve, a-t-il dit.  Le Ministre a, par ailleurs, décrié l’utilisation du droit de veto par la Fédération de Russie qui empêche le Conseil de sécurité d’exercer son rôle.  Il a dénié le droit à quiconque d’en abuser à ses propres fins, comme s’il s’agissait d’un chèque en blanc pour violer en toute impunité le droit international.  Cependant, a mis en garde le Ministre, ce veto n’empêchera pas la communauté internationale de réagir. 

M. JAN LIPAVSKÝ, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré que son pays était celui qui accueille le plus grand nombre de réfugiés de guerre ukrainiens par habitant -près d’un demi-million- et l’un de ceux qui sont les touchés par les conséquences directes de la guerre d’agression non provoquée et injustifiée de la Russie contre l’Ukraine. 

Le Ministre a rappelé que, si l’agression à grande échelle de la Russie avait commencé il y a un an, son annexion illégale de la Crimée date d’il y a neuf ans.  « La Russie considère que les autres pays, leur liberté, leur démocratie ou même leur statut d’État ne sont rien d’autre que du butin à saisir dans le cadre de son ambition colonialiste et impérialiste », a-t-il dénoncé, alors que l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues ne sont pas négociables. 

Le Ministre a mis l’accent sur les conséquences mondiales de l’agression, parlant des ondes de choc provoquées sur les marchés mondiaux des matières premières, qui menacent de « conduire 50 millions de personnes au bord de la famine en Afrique et sur d’autres continents ».  Il a rappelé les frappes aériennes massives et délibérées sur des zones densément peuplées, des destructions d’infrastructures civiles essentielles, de villes et villages entiers anéantis, des atrocités commises contre la population civile. 

Rappelant la décision récente du Président Putin de suspendre la participation de la Fédération de Russie au traité New Start, il y a vu le signe que, pour le Président russe, « l’escalade est à l’ordre du jour », et a appelé à « collectivement empêcher la Russie de nous entraîner dans des horreurs similaires à celles des guerres mondiales », à défendre la Charte des Nations Unies et à garantir la responsabilité de tous les crimes relevant du droit international. 

Après avoir fait référence à la très large adoption, hier, de la résolution de l’Assemblée générale sur les « principes qui sous-tendent une paix globale, juste et durable en Ukraine », M. Lipavský a affirmé que le plan de paix présenté par le Président Zelenskyy est celui sur lequel il faut s’appuyer. 

M. GORDAN GRLIĆ-RADMAN, Ministre des affaires étrangères de la Croatie, a estimé que le lancement, il y a un an, de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie était en fait une escalade dramatique de l’agression qui a commencé en 2014, avec l’occupation de la Crimée et de certaines parties du Donbass.  Les responsables des pertes en vies humaines, des destructions d’infrastructures civiles, des atrocités et des déplacements massifs de populations devront, selon lui, rendre des comptes pour leurs crimes.  La « misère » engendrée par l’agression russe ne s’est pas arrêtée aux frontières de l’Ukraine, a-t-il noté, elle s’est plutôt propagée dans le monde entier, exacerbant l’insécurité alimentaire et énergétique.  Cette guerre ne vise pas seulement à conquérir l’Ukraine, elle a également pour but « d’invalider » la Charte des Nations Unies et les principes mêmes du droit international pour laisser place à une « ère où la force brute et l’accaparement des terres sont la norme acceptée », a affirmé le Ministre. 

« L’armée russe a envahi l’Ukraine, et non l’inverse.  Rien ne peut cacher cette évidence », a encore relevé le Ministre.  Il y a peu, la Croatie a été victime d’une guerre similaire, « avec presque le même prétexte et la même justification cynique », a-t-il rappelé.  Dans cette situation difficile, chaque aide comptait.  « Nous n’acceptons pas la normalisation de cette guerre cruelle qui vise délibérément les civils.  La Russie a commencé cette guerre et elle est la seule à pouvoir l’arrêter en retirant ses troupes d’Ukraine », a-t-il conclu.

M. URMAS REINSALU, Ministre des affaires étrangères de lEstonie, a estimé que l’objectif du Kremlin –« rayer de la carte une Ukraine souveraine et démocratique »- n’avait pas changé.  Si, après une année de lutte courageuse, l’Ukraine mérite plus que jamais la paix, « il ne peut s’agir d’une paix à tout prix », a-t-il averti.  Ce qu’il faut, c’est une paix juste et durable, en pleine conformité avec la Charte des Nations Unies, qui maintient et renforce l’ordre international fondé sur des règles, avec l’ONU en son centre.  Une paix qui empêche le recours à la force pour redessiner les frontières internationales.  Ce sont exactement les mêmes paramètres que ceux pour lesquels l’écrasante majorité des États Membres des Nations Unies a voté hier en adoptant la résolution de l’Assemblée générale, a poursuivi le Ministre.  Et pour lui, « le plan de paix ukrainien est fondé sur les mêmes valeurs et principes universels ».  Il a donc appelé les membres des Nations Unies à soutenir le plan de paix en 10 points du Président Zelenskyy. 

Face aux critiques de certains à l’encontre de pays qui, comme l’Estonie, apportent un soutien militaire à l’Ukraine, le Ministre a rappelé que l’Article 51 de la Charte accorde à chaque pays le droit à l’autodéfense et ajouté que « nous devons collectivement veiller à ce que l’Ukraine puisse se défendre contre l’agresseur ».  Pour faire cesser les atrocités odieuses commises par la Russie, l’aide militaire de l’Estonie à l’Ukraine a atteint 1% de son PIB, a-t-il déclaré. 

Pour parvenir à une paix durable, il faut assurer une responsabilité totale, a déclaré M. Reinsalu, pour qui il faut « discréditer complètement l’agression en tant qu’instrument des relations internationales ».  Le Ministre a donc souhaité la création d’un tribunal international spécial pour le crime d’agression en Ukraine au sein du système des Nations Unies.  « Nous ne pouvons pas laisser M. Putin se cacher dans une faille judiciaire », a-t-il lancé, ajoutant qu’il fallait tirer les leçons du passé et que les horreurs de la guerre dont nous sommes témoins aujourd’hui sont la conséquence tragique de l’impunité dont ont bénéficié les crimes commis par l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale.  L’Ukraine ne défend pas seulement son pays, son peuple et son droit à l’existence, elle défend aussi nos valeurs communes, l’ordre juridique international et la Charte des Nations Unies, a conclu le Ministre.

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